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Dans cet épisode, Ingrid vous raconte sa

rentrée mouvementée, d'un accident à


un voyage.

Il s’en sont passées des choses pour moi ces derniers mois. J’ai été
victime d’un accident de la route qui a causé deux fractures et provoqué
une opération en urgence du tibia. J’ai ensuite été immobilisée pendant
plusieurs semaines puis j’ai dû réapprendre à marcher.

Aujourd’hui, j’avance encore lentement mais j’ai la grande chance


d’avoir pu partir à l’autre bout du monde. C’est donc depuis l’Inde que
j’enregistre ce nouvel épisode dans lequel je vous raconte toutes mes
mésaventures.

Transcription de l'épisode
[00:00:04] Episode 133, du métal dans la jambe.

[00:00:13] Bonjour à toutes et à tous, c’est moi, Ingrid, et je suis de


retour après de longs mois sans être présente sur le podcast. Et ça
me fait très, très, très plaisir de reprendre enfin le micro pour discuter
avec vous. Je sais qu’Hugo vous a donné des nouvelles récemment. Il
vous a expliqué pourquoi on avait fait une pause et surtout pourquoi
cette pause s’était prolongée, pourquoi elle avait duré plus
longtemps. Et notamment, il vous a raconté que j’avais eu un
accident. Donc aujourd’hui, je vais tout simplement vous en dire un
peu plus et vous raconter comment ça s’est passé pour moi ces
derniers mois. Contrairement à Hugo qui vous a dit qu’il était plutôt
pudique, moi, ça ne me dérange pas de raconter un peu ma vie, de
«raconter ma life» comme on dit en argot français.

[00:01:25] Alors, avant de commencer, je voulais déjà vous


remercier chaleureusement, vous dire vraiment merci du fond du
cœur pour tous vos messages, notamment dans les commentaires de
l’avant-dernier podcast, de l’épisode de rentrée. Vous avez été
nombreux à me souhaiter un bon rétablissement. Et vraiment, ça
me fait chaud au cœur. Surtout que je dois avouer que j’ai encore
bien besoin d’encouragement. Je vais vous en dire plus.

[00:02:03] Donc pour préparer cet épisode, j’ai pris beaucoup de


notes sur ce que j’avais envie de vous dire. J’ai commencé à rédiger
un script, à rédiger la transcription, en fait, que vous allez voir après.
Et puis, finalement, je me suis rappelée qu’on vous a promis d’être un
peu plus spontanés dans cette nouvelle saison. Donc, finalement, là,
j’ai pris le micro sans mes notes. Elles sont quelque part sur mon
ordinateur, mais je vais essayer de ne pas les toucher et de vous
raconter un peu tout ça sans forcément avoir de fil conducteur, sans
avoir de ligne directrice.

[00:02:57] Comme d’habitude, j’espère que la vitesse à laquelle je


parle vous conviendra. C’est vrai que ça fait longtemps que je n’ai pas
parlé pour vous. Et j’ai une petite anecdote à vous dire, c’est qu’il n’y a
pas longtemps, j’ai envoyé des messages vocaux à une copine pour
lui donner des nouvelles. Avec mes amis, on aime bien s’envoyer des
messages vocaux qui parfois sont très, très longs. Ça peut être cinq,
dix, vingt, voire j’ai déjà reçu des messages vocaux de 30 minutes. On
les appelle d’ailleurs des podcasts. On se dit «Tiens, je vais t’envoyer
un petit podcast.»

[00:03:40] Et cette amie m’a dit que d’habitude, elle écoute les
messages vocaux qu’elle reçoit à vitesse 1,5, mais qu’avec moi, ce
n’était pas la peine parce que je parlais très vite. Parce que je parlais
très vite. Alors, il faut que vous sachiez que ma vitesse naturelle pour
parler, elle est normalement plus rapide que les Français moyens.
C’est normal, c’est l’accent parisien et particulièrement l’accent du
milieu social dont je viens. Si vous pouviez entendre ma meilleure
amie ou ma sœur parler, vous vous diriez «Ouh là là ! Les Français
peuvent parler très vite parfois.» Donc voilà, fin de la petite anecdote,
mais j’espère que je vais réussir à reprendre le rythme et que ça va
vous plaire. Alors, tout de suite, sans plus attendre, on va commencer
par le début de mon histoire et on commence en septembre.
[00:04:54.30] Donc, le 13 septembre, je traversais la route à
Toulouse et, sorti de nulle part, un scooter m’a renversée. Un
scooter m’a percutée. Alors j’utilise souvent le mot « percutée »
quand je raconte ce qui m’est arrivé, parce que ça a été vraiment un
choc violent que je n’ai pas du tout vu arriver. En fait, j’avais la tête
tournée à droite parce que je voulais vérifier qu’il n’y avait pas de
voiture de l’autre côté de la route, puisque j’avais déjà vérifié du côté
gauche. Et du côté gauche, pourtant, un scooter est arrivé à très, très
grande vitesse et sans même que je le remarque, j’étais en train de
voler. Je dis bien «voler» parce que j’ai fait un bond de deux mètres.
Donc il m’a percutée et ça m’a propulsée à deux mètres plus loin. Et
là, en fait, j’ai vu tout d’un coup que le sol se rapprochait de ma tête,
plus exactement qu’une surface plane et blanche se rapprochait de
ma tête. Et donc, j’ai eu le réflexe de me mettre en position tortue.
Vous savez, j’ai rentré la tête dans les épaules et j’ai fait comme si je
donnais un coup de boule, comme si je donnais un coup. de tête

[00:06:29] «Coup de boule», c’est une expression familière pour dire


qu’on tape quelque chose avec sa tête. Par exemple, quand il y a eu
la finale de la Coupe du monde, je crois que c’était la finale entre la
France et l’Italie, Zinédine Zidane a donné un coup de tête dans le
torse de Materazzi. Et pendant longtemps, en France, il y a eu des
chansons et des blagues et notamment une chanson qui disait «Coup
de boule, coup de boule.» Vous pouvez l’écouter, c’est assez drôle.
Donc voilà. Donc bref, revenons à mon histoire.

[00:07:13] Donc j’ai donné un coup de tête, un coup de boule à une


surface plane sans savoir, en fait, ce qu’il se passait. Et en fait cette
surface plane, c’était, eh bien, tout simplement le sol. C’était le
passage piéton, la bande blanche du passage piéton. Et je me suis
retrouvée sur le sol, eh bien, avec la jambe cassée. Et là, je vais vous
éviter des détails trop importants parce que je sais que ça peut être un
peu difficile d’entendre ce genre de choses, mais en gros, quand on a
une jambe cassée, on le sait. Je m’en suis rendu compte tout de suite.
Et voilà, il y a des passants qui sont arrivés et qui m’ont porté
secours, qui m’ont aidée, qui ont appelé les pompiers. Puis les
pompiers sont arrivés. Ça a mis beaucoup de temps. Il y a la police
aussi qui est arrivée. La personne qui était sur le scooter a été
arrêtée. Et finalement, j’ai été emmenée à l’hôpital où les docteurs ont
pu faire des radios et ils ont pu constater que j’avais deux fractures
au tibia gauche. Donc mon tibia, la partie basse de la jambe, avait été
cassé deux fois à cause du choc contre le scooter.

[00:08:50] Donc résultat, j’ai été opérée dès le lendemain matin, parce
que ça s’était passé dans la soirée, et les chirurgiens orthopédiques
ont fait quelque chose d’un peu spécial, c’est-à-dire qu’ils m’ont mis
du métal dans la jambe. Plus exactement, ils m’ont mis un clou dans
le tibia et des vis au niveau du genou et de la cheville. Alors ça, c’est
du vocabulaire qu’on n’a peut-être pas l’habitude d’entendre dans ce
podcast. Un clou, des vis, c’est du vocabulaire qui est normalement
plutôt du vocabulaire du monde du bricolage. Donc c’est plutôt quand
on veut monter, construire un meuble ou poser des étagères qu’on
utilise ce mot. Mais ces mots sont aussi utilisés dans le vocabulaire de
la chirurgie orthopédique. Donc, en fait, ce qu’il se passe, c’est que
les chirurgiens ont légèrement ouvert, ils ont incisé au niveau du
genou et de la cheville et ils ont tout simplement glissé un énorme
clou tout le long du tibia, donc tout le long de la partie de la jambe qui
va du genou jusqu’à la cheville. Et pour que ce clou tienne bien et que
l’os puisse se former tout autour, ils ont mis des vis au niveau du
genou et de la cheville. Donc voilà, depuis mi-septembre, je vis avec
du métal dans mon corps. On peut dire que je suis un peu un robot. Et
cette pièce de métal, elle va rester là pendant un long moment. Peut-
être qu’il faudra l’enlever d’ici un an, peut-être un petit peu plus, mais
pour l’instant, l’os doit se reformer tout autour.

[00:11:03] Voilà, maintenant, vous savez tout sur l’accident qui m’est
arrivé et sur l’opération chirurgicale que j’ai subie. Après ça, j’ai eu
quelques semaines de grosses difficultés pendant lesquelles j’étais
immobilisée. Je pouvais me déplacer vraiment très peu et je devais le
faire en fauteuil roulant. Ensuite, j’ai pu commencer à marcher
avec des béquilles. Donc «les béquilles», il me semble qu’on en a
déjà parlé dans ce podcast, au sens figuré, donc cette fois-ci, c’est au
sens propre. C’est cet objet qu’on utilise pour pouvoir avancer quand
on ne peut pas complètement s’appuyer sur ses deux jambes. On
peut aussi dire une «une canne». Alors le terme officiel, moi, je l’ai
appris là avec l’accident… Le terme officiel médical pour les béquilles,
c’est «des cannes anglaises». Mais dans le langage courant, en
français, on utilise plutôt le mot «canne» pour parler du bâton
qu’utilisent plutôt les personnes âgées ou les personnes qui ont un
handicap permanent et qui s’appuient sur un bâton, souvent en bois,
pour pouvoir avancer, alors que les béquilles, c’est ces objets qui
ont une espèce de cale pour pouvoir mettre les mains et qu’on utilise
souvent par paire, en double, pour pouvoir un peu faire un saut quand
on ne peut pas du tout poser un des deux pieds.

[00:12:56] Donc moi, ça a été mon cas. Au début, je n’avais pas du


tout le droit de me mettre debout. Je devais toujours avoir la
jambe en l’air parce qu’il fallait que le sang… Je vous passe les
détails parce que même moi, je ne me rappelle plus très bien, mais en
gros, il faut toujours avoir la jambe en l’air pour que le sang circule
correctement. Et puis, ensuite, j’ai pu marcher avec les deux béquilles
en ne touchant absolument pas le pied par terre. Et
puis, progressivement, j’ai pu mettre le pied par terre et ensuite, j’ai
dû réapprendre à marcher. Je vous jure, j’avais oublié comment
marcher. Donc ça, c’était quelque chose d’assez bizarre pour moi. Je
mettais le pied, mais en fait, je boîtais bizarrement. «Boîter», c’est
quand on marche avec un mouvement qui n’est pas correct et que
donc il y a un petit saut qui se fait, il y a un petit mouvement qui se
voit de l’extérieur. Ça, ça veut dire qu’on boîte. Donc je boîtais. Et
puis, en fait, pour vous dire… Pour tout vous dire, je boîte encore. Là,
ça fait déjà plus de neuf semaines. Je pense que j’en suis dans la
dixième semaine et je boîte encore. Donc les gens voient très bien
que j’ai un problème et surtout, j’avance encore très, très, très
lentement.

[00:14:30.30] Mais ne vous inquiétez pas, je vais bien quand même


parce que je vais tellement bien que je suis partie en voyage. Et ça,
c’est autre chose que je voulais vous raconter, puisqu’on est sur un
podcast très personnel et dans la confidence. En fait, j’avais un
grand voyage prévu pour le mois de novembre, donc le 13 novembre
plus exactement, j’étais censée arriver à New Delhi, la capitale de
l’Inde, pour commencer un voyage de six mois à un an en Asie. Donc,
si je vous ai donné la date au début, je me souviens plus, mais en tout
cas, j’ai eu mon accident le 13 septembre, exactement deux mois
avant la date prévue de mon arrivée en Inde. Et quand j’étais sur la
route, allongée, avec la jambe cassée, la seule chose à laquelle je
pouvais penser, c’était «Mon voyage, mon voyage, mon voyage.» J’ai
même soulé les pompiers, je pense, avec ça, en leur demandant :
«Mais si c’est une fracture, est-ce que vous pensez que dans deux
mois, je pourrais partir en voyage ?» Et puis après, j’ai posé la même
question aux chirurgiens et j’étais vraiment obsédée par ce voyage
parce que je l’attendais depuis longtemps.

[00:16:01] Et finalement, eh bien, j’ai pu partir. Alors, pas du tout dans


les conditions dans lesquelles j’aurais voulu. J’aurais voulu
pouvoir déambuler, pouvoir marcher partout avec mon sac-à-dos, ou
avec mon «backpack», comme on dit. On s’appelle, nous, ceux qui
voyageons en sac-à-dos avec toutes nos affaires dans un sac qui tient
sur notre dos, on s’appelle les «backpackers». Donc c’est un terme
anglais, mais je suis même pas sûre qu’en anglais, on le dise
vraiment comme ça. En tout cas, en français, on le dit comme ça.
Donc voilà, j’avais prévu de faire un voyage en mode
«backpackeuse», de faire des treks. J’avais même commencé à
m’entraîner à la salle de sport pour être plus forte, pour pouvoir faire
des treks. Je voulais aller au Népal, aller dans l’Himalaya, etc.

[00:17:05] Bon finalement, maintenant, tout de suite, à l’heure où je


vous parle, je suis bien au pied de l’Himalaya, mais je suis à
Rishikesh, une ville du nord de l’Inde, dans laquelle il y a beaucoup de
lieux où on peut faire des retraites, des cures, du yoga, de la
méditation. Et donc c’est ce que je suis en train de faire. Là, je passe
une semaine à me faire chouchouter, c’est-à-dire… «Chouchouter»,
ça veut dire quand on prend soin de quelqu’un. Donc moi, je me fais
chouchouter, ça veut dire que ça veut dire qu’on prend soin de moi. Je
fais des soins, je fais un traitement de médecine traditionnelle qui
s’appelle l’ayurveda. Et puis je fais de la méditation, un peu de yoga,
etc. Je vais aller au Népal bientôt, mais je ne pourrai pas faire de trek.
Je vais continuer mon voyage ensuite dans toute l’Inde, mais je ne
pourrai pas être totalement en mode backpackeuse.

[00:18:16] Mais bon, voilà, c’est comme ça. C’est la vie. Le plus
important, c’est que maintenant, je suis en bonne santé, que j’ai la
grande chance d’avoir pu voyager malgré tout. Je vais pouvoir
découvrir ce beau pays qu’est l’Inde, même si pour l’instant, c’est vrai
qu’avec une jambe pas très en forme, c’est quand même un sacré
défi comme pays. S’il y a des Indiens et des Indiennes qui nous
écoutent, je pense que vous savez de quoi je parle quand je dis que
l’arrivée à New Delhi avec le sac à dos et en boîtant, c’était
assez éprouvant. Mais je suis très contente d’être ici. Je suis très
contente de pouvoir ensuite visiter les autres pays où j’ai prévu d’aller
et de pouvoir profiter de la chance que j’ai de tenir sur mes deux
jambes. Maintenant, je sais que ce n’est pas forcément quelque
chose qui est acquis, qu’à tout moment, on peut avoir les choses
qui basculent. Donc voilà, je suis plutôt reconnaissante et je suis
très heureuse aujourd’hui de pouvoir partager tout ça avec vous.

[00:19:39] Encore une fois, je vous remercie pour vos messages de


rétablissement. J’espère que cet épisode vous a plu. J’espère que
même si j’ai raconté ma vie, j’ai quand même pu vous partager du
vocabulaire intéressant et que ça a pu être un bon exercice pour vous,
pour apprendre le français, parce que je n’oublie pas que c’est
l’objectif premier de ce podcast. Et si jamais vous êtes en Inde ou
dans d’autres pays plus à l’Est, où je vais aller ensuite. Je n’ai pas
encore fait tout à fait mon programme. Donc, si vous voulez que je
passe vous faire un coucou, si vous voulez me faire découvrir votre
ville ou quoi, n’hésitez pas. Je pourrais peut-être pas passer voir tout
le monde, mais ça peut être sympa si je rencontre certains d’entre
vous. Voilà, c’est tout pour moi. Je vais vérifier juste après avoir mis
stop à l’enregistrement si j’ai tout dit. Et puis sinon, si j’ai oublié de
vous dire des choses qui étaient dans mes notes, ce sera pour la
prochaine fois.

[00:20:55.40] À très bientôt. Salut, salut. Salut.

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