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Le romantisme

1. La Révolution et le vent de liberté au 18e siècle

Nous sommes au 18e siècle, en Europe. À cette époque, les penseurs et philosophes ont commencé à
prendre du recul par rapport à la religion et au pouvoir politique. Ils osent se proclamer déistes (ils
croient en Dieu, mais ne se revendique d’aucune religion), protestants ou même athées. Plusieurs
commencent aussi à critiquer l’absolutisme du roi (le fait
qu’il ait tous les pouvoirs), les inégalités sociales et
l’esclavage. Certains proposent d’autres formes de pouvoir
(démocratie, parlement fort, despote éclairé, etc.)

Toutes ces idées conduiront à la Révolution française : le


peuple se révolte, on coupe la tête du roi et des gens du
pouvoir, on veut une nouvelle société plus égalitaire ou
plus ouverte. C’est un vent de liberté qui souffle sur la
France.

Mais la Révolution ne tiendra pas ses promesses : la


Terreur s’installe, les nouveaux dirigeants se disputent, on
guillotine tous les opposants, on interdit toute pensée
contraire à celles révolutionnaires. Bref, pour beaucoup, la
Révolution a amené pire que ce qu’elle combattait et
plusieurs penseurs et artistes sont déçus et ne croient plus à un avenir libre.

2. L’Homme n’est plus libre (18e/19e siècle)

À côté de ces bouleversements politiques et sociaux se joue un extraordinaire changement de la pensée


et de la connaissance. Les philosophes du Siècle des Lumières (18e) veulent que l’Homme ait accès aux
connaissances, les scientifiques osent penser le monde sans le poids de la religion. Ce siècle est alors
celui qui donne l’élan à l’extraordinaire essor des sciences et des connaissances qui continue encore
aujourd’hui.

Mais au 19e siècle, cette volonté de rendre la science omnipotente 1 (qui a tous les pouvoirs) impose à
l’individu et à la société une vision d’eux-mêmes peu rassurante. Cet individu devient un objet d’étude
scientifique et est alors vu comme l’élément d’un système (la société) dont il dépend entièrement.
L’Homme n’est plus libre car il est soumis à la société et à sa classe sociale (déterminisme), à son
hérédité génétique (Naturalisme), à son inconscient (psychanalyse).

3. Les Romantiques

Le romantisme est apparu dans ce contexte d’idées. Les auteurs romantiques ont voulu s’opposer à la
société prérévolutionnaire, au classicisme 2 et voyaient donc avec espoir l’apparition d’idées
révolutionnaires. Mais la Terreur et la vision scientifique de l’individu privé de liberté l’ont finalement
dégoûté et les auteurs romantiques ont fini par rejeter la société et ses valeurs. Leur mal-être fut appelé
mal du siècle3.

1 Au 19e siècle, le Positivisme est un courant de pensée à la mode qui affirme que tout peut être objet d’études
scientifiques.
2 Le classicisme est un courant artistique apparu au 17e siècle et toujours à la mode fin du 18e. Il prône le respect de
règles très strictes, la droiture, les lignes droites, la rigueur et la raison.
3 Siècle=monde
Fuir la société et la Raison (l’ordre, la science, la logique du monde) fut pour eux la seule façon de
supporter l’existence. Ils vont alors privilégier les passions à la raison (quand on aime passionnément,
on oublie toutes les règles et on agit sans logique), la Nature à la société, le passé au présent.

4. Les caractéristiques (cf. travail)

Le Romantisme se caractérise par

• la dominance de la sensibilité, de l'émotion et de l'imagination sur la raison et la morale ;


• la passion opposée à la raison (il n'y a ni règles ni limites quand on est passionné) ;
• le lyrisme (les artistes expriment leurs impressions et leurs sentiments personnels à travers leurs
œuvres) ;
• l'individualité (l'individu s'oppose à la société, le personnel et l'intime plutôt que la société et le
déterminisme) ;
• l'opposition aux règles classiques (en poésie par exemple, on renonce au sonnet d'alexandrins et
de rimes riches) ;
• l'engagement social (les artistes donnent leur opinion sur leur époque, sur les tragédies et les
événements de leur temps, prennent la défense du peuple) ;
• les paysages et la Nature à travers la suggestion d'ambiance ou d'atmosphère (et non plus des
descriptions purement réalistes) ;
• l'étrange, le mystère, le fantastique, le rêve ;
• la mélancolie ou la nostalgie du passé ;
• l'ailleurs géographique (le voyage et l’Orient en particulier);
• l'ailleurs temporel (fuite du présent dans le passé, le Moyen-Âge notamment, époque de
spiritualité, de repères, de courtoisie et de chevalerie) ;
• la souffrance et le mal-être (le mal du siècle) ;
• la solitude ;
• la spiritualité ;
• La nudité ;
• les ruines, la destruction (comme symbole du passé ou du présent) ;
• la révolte ou la rébellion.
• La Femme, noble maternelle, protectrice, rassurante, passionnée.

5. Les artistes

En peinture, les deux grands peintres français romantiques sont Delacroix


et Géricault. En littérature, je vous demande de retenir quelques grands
noms : Victor Hugo, Théophile Gautier, Alphonse de Lamartine, Alfred de
Vigny, Alfred Musset.

Parmi eux le plus célèbre est sans doute Victor Hugo.

Né en 1802, Victor Hugo est à la fois un poète, un dramaturge (un auteur


de théâtre) et un romancier. Il a également peint, mais il n'en a pas retiré
beaucoup de renommée.. Il est le chef du mouvement romantique en
France.
Il n'est pas tout de suite un auteur romantique et ses débuts littéraires sont
tiraillés entre romantisme et classicisme. Cependant, Hugo évolue et
devient le théoricien du romantisme en 1827 quand dans un texte, il développe ses idées anti-classiques
(il s'oppose aux grandes règles de ce théâtre / cf. Intro) sur le théâtre et définit ce qu'est le drame
romantique (pour lui l'avenir du théâtre). Le 25 février 1830, il arrive à faire jouer par la troupe de
la Comédie française Hernani, un drame, qui va déclencher le scandale. Les spectateurs se battent dans la
salle. Le camp de la Jeune France (favorable au romantisme), mené par Théophile Gautier, s'en prend
aux perruques (les défenseurs de l'art classique qui refusent le drame romantique). Cette bataille à coup
de cris, d'applaudissement, de huées sera remportée par les romantiques et cette bataille d'Hernani fera
de Victor Hugo le chef du mouvement romantique.
Victor Hugo continue son œuvre littéraire. En 1831, il publie le roman Notre-Dame de Paris, un de ses
romans les plus célèbres. En 1841, il est élu à l'Académie française. Le 4 septembre 1843, sa fille
Léopoldine se noie dans la Seine, à Villequier, près de Rouen. Hugo est inconsolable et arrête sa
production littéraire tout un temps. Il mourra en 1885 après avoir écrit de nombreux autres œuvres
dont le roman Les Misérables (1862) et le recueil de poésie Les Contemplations (1856).
On retiendra de lui son immense œuvre littéraire, sa poésie touchante et sa défense du peuple et des
individus marginaux dans ses romans.

6. Quelques œuvres
Victor Hugo, « A une femme », dans Les feuilles d'automne
(1831).
Enfant ! si j'étais roi, je donnerais l'empire,
Et mon char, et mon sceptre, et mon peuple à genoux
Et ma couronne d'or, et mes bains de porphyre4,
Et mes flottes, à qui la mer ne peut suffire,
Pour un regard de vous !

Si j'étais Dieu, la terre et l'air avec les ondes,


Les anges, les démons courbés devant ma loi,
Et le profond chaos aux entrailles fécondes,
L'éternité, l'espace, et les cieux, et les mondes,
Pour un baiser de toi !

4 Un type de pierre de roche dans laquelle on sculptait des baignoires.


François-Marie Robert-Dutertre , « Sarah la Victor Hugo, « À la fenêtre, pendant la nuit »
marinière », dans Les loisirs lyriques (1866). dans Les contemplations (1856).

À Venise, un grand seigneur Les étoiles, points d'or, percent les branches noires ;
À Sarah la marinière Le flot huileux et lourd décompose ses moires
Offrit, pour toucher son cœur, Sur l'océan blêmi ;
Une fortune princière ; Les nuages ont l'air d'oiseaux prenant la fuite ;
Mais en vain il soupira... Par moments le vent parle, et dit des mots sans suite,
J'aime mieux, lui dit la belle, Comme un homme endormi.
Mes filets et ma nacelle ;
Non, vous n'aurez pas Sarah. Tout s'en va. La nature est l'urne mal fermée.
La tempête est écume et la flamme est fumée.
D'Égypte, le vice roi Rien n'est, hors du moment,
En passant dans sa tartane L'homme n'a rien qu'il prenne, et qu'il tienne, et
Lui dit un jour : Sois à moi ! qu'il garde.
Je te ferai ma sultane ; Il tombe heure par heure, et, ruine, il regarde
Mais en vain il soupira... Le monde, écroulement.
Non, dit Sarah, je préfère
Rester simple marinière ; L'astre est-il le point fixe en ce mouvant problème ?
Non, vous n'aurez pas Sarah. Ce ciel que nous voyons fut-il toujours le même ?
Le sera-t-il toujours ?
Un jeune prélat romain L'homme a-t-il sur son front des clartés éternelles ?
Allant en pèlerinage, Et verra-t-il toujours les mêmes sentinelles
La trouva sur son chemin Monter aux mêmes tours ? [...]
Et la prit par le corsage ;
Mais en vain il soupira...
Non, Monseigneur, je suis sage,
Portez ailleurs votre hommage ;
Non, vous n'aurez pas Sarah.

Mais un jour, un gondolier


Prit une fleur printannière,
Puis en galant cavalier
L'offrit à la marinière ;
Elle à son tour soupira...
Et l'on vit au clair de lune
S'embarquer sur la lagune
Le gondolier et Sarah.

Relevons dans chacune des six œuvres les caractéristiques romantiques.


Dans le premier et dernier poème, trouvons dix figures de style.

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