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Nous sommes au 18e siècle, en Europe. À cette époque, les penseurs et philosophes ont commencé à
prendre du recul par rapport à la religion et au pouvoir politique. Ils osent se proclamer déistes (ils
croient en Dieu, mais ne se revendique d’aucune religion), protestants ou même athées. Plusieurs
commencent aussi à critiquer l’absolutisme du roi (le fait
qu’il ait tous les pouvoirs), les inégalités sociales et
l’esclavage. Certains proposent d’autres formes de pouvoir
(démocratie, parlement fort, despote éclairé, etc.)
Mais au 19e siècle, cette volonté de rendre la science omnipotente 1 (qui a tous les pouvoirs) impose à
l’individu et à la société une vision d’eux-mêmes peu rassurante. Cet individu devient un objet d’étude
scientifique et est alors vu comme l’élément d’un système (la société) dont il dépend entièrement.
L’Homme n’est plus libre car il est soumis à la société et à sa classe sociale (déterminisme), à son
hérédité génétique (Naturalisme), à son inconscient (psychanalyse).
3. Les Romantiques
Le romantisme est apparu dans ce contexte d’idées. Les auteurs romantiques ont voulu s’opposer à la
société prérévolutionnaire, au classicisme 2 et voyaient donc avec espoir l’apparition d’idées
révolutionnaires. Mais la Terreur et la vision scientifique de l’individu privé de liberté l’ont finalement
dégoûté et les auteurs romantiques ont fini par rejeter la société et ses valeurs. Leur mal-être fut appelé
mal du siècle3.
1 Au 19e siècle, le Positivisme est un courant de pensée à la mode qui affirme que tout peut être objet d’études
scientifiques.
2 Le classicisme est un courant artistique apparu au 17e siècle et toujours à la mode fin du 18e. Il prône le respect de
règles très strictes, la droiture, les lignes droites, la rigueur et la raison.
3 Siècle=monde
Fuir la société et la Raison (l’ordre, la science, la logique du monde) fut pour eux la seule façon de
supporter l’existence. Ils vont alors privilégier les passions à la raison (quand on aime passionnément,
on oublie toutes les règles et on agit sans logique), la Nature à la société, le passé au présent.
5. Les artistes
6. Quelques œuvres
Victor Hugo, « A une femme », dans Les feuilles d'automne
(1831).
Enfant ! si j'étais roi, je donnerais l'empire,
Et mon char, et mon sceptre, et mon peuple à genoux
Et ma couronne d'or, et mes bains de porphyre4,
Et mes flottes, à qui la mer ne peut suffire,
Pour un regard de vous !
À Venise, un grand seigneur Les étoiles, points d'or, percent les branches noires ;
À Sarah la marinière Le flot huileux et lourd décompose ses moires
Offrit, pour toucher son cœur, Sur l'océan blêmi ;
Une fortune princière ; Les nuages ont l'air d'oiseaux prenant la fuite ;
Mais en vain il soupira... Par moments le vent parle, et dit des mots sans suite,
J'aime mieux, lui dit la belle, Comme un homme endormi.
Mes filets et ma nacelle ;
Non, vous n'aurez pas Sarah. Tout s'en va. La nature est l'urne mal fermée.
La tempête est écume et la flamme est fumée.
D'Égypte, le vice roi Rien n'est, hors du moment,
En passant dans sa tartane L'homme n'a rien qu'il prenne, et qu'il tienne, et
Lui dit un jour : Sois à moi ! qu'il garde.
Je te ferai ma sultane ; Il tombe heure par heure, et, ruine, il regarde
Mais en vain il soupira... Le monde, écroulement.
Non, dit Sarah, je préfère
Rester simple marinière ; L'astre est-il le point fixe en ce mouvant problème ?
Non, vous n'aurez pas Sarah. Ce ciel que nous voyons fut-il toujours le même ?
Le sera-t-il toujours ?
Un jeune prélat romain L'homme a-t-il sur son front des clartés éternelles ?
Allant en pèlerinage, Et verra-t-il toujours les mêmes sentinelles
La trouva sur son chemin Monter aux mêmes tours ? [...]
Et la prit par le corsage ;
Mais en vain il soupira...
Non, Monseigneur, je suis sage,
Portez ailleurs votre hommage ;
Non, vous n'aurez pas Sarah.