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Puis, à partir de 1812, Louis Vicat commença à caractériser les propriétés des différents ciments en
fonction de leur proportion calcaire / argile. En 1817, il découvrit et énonça les critères d’obtention
d’une chaux hydraulique (80% de calcaire et 20% d’argile). C’est le précurseur du ciment.
A partir de là, tout alla très vite. De nombreux scientifiques s'intéressèrent à ce nouveau matériau, ainsi
en 1824, l’Ecossais John Aspdin proposa la formule du « ciment Portland artificiel : CPA » sur la
base du mélange proposé par VICAT après une cuisson à 1450 °C.
C’est le même ciment qui est utilisé de nos jours mais avec une nette amélioration de ces propriétés
par rapport à la chaux hydraulique comme l’illustre le tableau ci-après.
La production industrielle du ciment fut rendue possible moins de 30 ans plus tard
notamment grâce à Demarle, Léopold et Augustin Pavin de Lafarge, Piquety et Vicat.
L’histoire de l’utilisation du « béton » est marquée par une succession d’inventions,
d’innovations et de brevets.
Invention du béton armé et béton précontraint
Joseph Louis LAMBOT (1814-1887) construit en 1848 une barque (en « Fil de
Fer » recouvert de ciment) baptisée le « bateau ciment », breveté en 1855.
L'invention du « ciment armé » revient à un jardinier nommé Joseph
MONIER (1823-1906). Il dépose, entre 1867 et 1891, des brevets relatifs à un
système à base de fer et de ciment pour fabriquer des bacs à fleurs, des tuyaux et
des réservoirs à eau. Il déposa également en 1873 un brevet pour la construction
de ponts (Pont de Chazelet (13,80 m de portée pour 4,25 m de large) en 1875. On
lui attribue l’invention du BA.
François Coignet (1841-1888) construit en 1852 le 1er immeuble en béton coulé
avec fers profilés enrobés, terrasse à St-Denis, publié en 1861;
En 1867 : immeuble en béton aggloméré (92, rue de Miromesnil, 75008), breveté
par François Hennebique (1842-1921) qui substitue le béton armé au ciment
armé en 1879 ; conçoit la 1re dalle en béton de ciment armé de fers ronds (brevet
1880) ; pour des poutres creuses en béton armé moulées d'avance (1892) ;
introduit l'emploi des armatures transversales ; invente la barre relevée ; crée en
1896 le pilote en béton armé (ligatures assez rapprochées). Il construit ainsi son
premier immeuble en béton armé pour y installer son entreprise.
En 1892, Hennebique mit en évidence le rôle et la nécessité des armatures
transversales.
En 1902, Charles Rabut énonça les lois de déformation du béton. Il édicta les 1ère
règle de calcul en Béton armé.
En 1904 Le premier règlement de calcul du béton armé paraît en Suisse ;
Le 20 Octobre 1906 parut la 1ère circulaire réglementant en France le calcul en
Béton armé.
En 1917, Eugène FREYSSINET (1879-1962) utilisa pour la première fois la
vibration pour la mise en place du béton.
En 1929, Eugène FREYSSINET (1879-1962) va révolutionner le monde de la
construction en inventant le « béton précontraint ».
Dés 1928, Toutes les techniques actuelles été connues.
À partir de 1945, l’usage du béton armé se généralisa pour la reconstruction
d’après-guerre.
La fin des années 80 (1981 – 1998) voit l'arrivée des nouveaux bétons :
des « Bétons Hautes Performances » (BHP), BTHP, BFUP,
Lors de la dernière décennie (depuis 2000) de nombreuses innovations ont
révolutionné les constructions en béton, parmi lesquelles les « Bétons Autoplaçants
(BAP) » et les « Bétons Fibrés à Ultra Hautes Performances (BFUHP) ».
Dans les années qui suivent, le besoin d’harmonisation des règles de calcul ne
pouvait se faire en raison des réglementations nationales existantes différentes les
unes des autres.
Dés 1975, la commission des communautés européennes décida d’harmoniser les
règles de calcul des structures de génie civil et lance la rédaction des Eurocodes.
En 1989, cette commission transfère la rédaction au CEN (Comité Européen de
Normalisation) créé le 23 mars 1961 par les associations nationales de normalisation
des pays de la CEE (la Communauté Économique Européenne) et de l'AELE (1960)
(Association Européenne de Libre-Échange ou European Free Trade Association (EFTA) en
Anglais).
En France c’est l’AFNOR (22/06/1926) qui représente la France auprès de l’ISO et
du CEN.
En 1990 une première version des Eurocodes ENV (Normes provisoires) furent
disponibles.
La rédaction d’une norme expérimentale (ENV), convertie en norme européenne
définitive (EN) a demandé beaucoup de temps de discussions et de négociations
entre spécialistes des états membres.
Au terme de 25 ans de parcours (1975-2000), l’Eurocode a fini par obtenir le statut
de norme européenne, dont l’application est devenue obligatoire depuis 2010 en
France.
Le règlement du Comité européen de Normalisation (CEN) impose que les normes européennes
adoptées par ses membres soient transformées en normes nationales au plus tard dans les 6 mois
après leur ratification et que les normes nationales en contradiction soient annulées
1) l'Allemagne, 1) la Lettonie,
2) l'Autriche, 2) la Lituanie,
3) la Belgique, 3) le Luxembourg,
4) la Bulgarie, 4) Malte,
5) Chypre, 5) La Norvège (AELE)
6) la Croatie, 6) les Pays-Bas,
7) le Danemark, 7) la Pologne,
8) l'Espagne, 8) le Portugal,
9) l'Estonie, 9) la République tchèque,
10) la Finlande, 10) Royaume-Uni
11) la France, 11) la Roumanie,
12) la Grèce, 12) la Slovaquie,
13) la Hongrie, 13) la Slovénie
14) l'Irlande, 14) la Suède.
15) l'Italie, 15) Suisse (AELE)
Le Royaume-Uni a quitté
l'Union européenne le 31
Janvier 2020.
Présentation des Eurocodes
Les Eurocodes forment dix (10) groupes de textes couvrant les aspects techniques du calcul
structural et du calcul au feu des bâtiments et des ouvrages de génie civil.
Eurocode 0 : NF EN 1990 (mars 2003) : Bases de calcul des structures
Eurocode 8 : NF EN 1998 (septembre 2005) : Calcul des structures pour leur résistance aux séismes.
Annexe F (informative) Expressions pour le calcul des armatures tendues dans les situations
de contraintes planes
Annexe G (informative) Interaction sol-structure
Annexe H (informative) Effets globaux du second ordre sur les structures
Annexe I (informative) Analyse des planchers-dalles et des voiles de contreventement
Principe n°1:
Tout élément doit être armé suivant trois directions non coplanaires, généralement
orthogonales, à l’exception des éléments de faible épaisseur comme les dalles armées suivant
deux directions, parallèles à leur feuillet moyen.
Principe n°2:
Seuls peuvent être considérés comme « éléments en béton armé » ceux qui sont encore aptes à
jouer leur rôle dans la structure dont ils font partie lorsque la résistance à la traction de leur
béton constitutif est supposée nulle.
Avantages du béton armé:
o Le béton peut grâce à divers adjuvants se décliner sur une gamme quasi infinie de couleurs,
et avoir le poli du granit ou la rugosité de l’écorce ou prendre l’aspect du bois, de l’ardoise ou
de la pierre naturelle, pour le plus grand bonheur d’architectes ou de décorateurs d’avant-
garde.
o Matériau vraiment inerte, le béton n’augmente pas la pollution de l’air ambiant, ne dégage
pas d’odeur, ni de composé organique volatil ; avec lui, pas de phénomène de condensation
qui faciliterait le développement de micro-organismes.
o Le béton constitue une première et efficace barrière contre les termites.
o Très peu consommateur d’énergie lors de sa fabrication.
o Etc.
Inconvénients du béton armé :
o Poids élevé et grandes sections ont une influence défavorable pour les grandes portée à
franchir;
o Fragilité du matériau lorsque sollicité en traction;
o Absence d’assemblages rend les interventions ultérieurs très difficiles (interventions après
coup) en vue d’une transformation ou d’une réhabilitation, restructuration-constuction;
o Démolition et déconstruction difficiles;
o Retraits (entrainant la fissuration)
o Fluage du matériau béton aux jeunes âges;
o Temps de durcissement long, ralentissant le chantier et augmente les coûts;
o Les adeptes d'architecture écologique apprécient moins, même si le béton est entièrement
recyclable.
Introduction Calcul des structures en béton armé
Le calcul du béton armé ne repose pas toujours sur des théories scientifiques. Les
formules de calcul et les nombreux coefficients utilisés ont souvent un caractère
empirique mais il est essentiel qu'ils aient été fixés à la suite de nombreux essais et
que les résultats de calcul soient conformes à l'expérience.
Jusqu'en 1980, le béton armé a été calculé par la méthode dite aux contraintes
admissibles (CCBA45, 60 et 68). Ces contraintes admissibles étaient définies sur la
base des contraintes de rupture ou de limite élastique des matériaux et ensuite on les
multipliait par un coefficient de sécurité.
Le coefficient de sécurité pris sur le béton est longtemps resté égal à 28% de la limite
de rupture à 90 jours, le coefficient de sécurité de l'acier à 60% de sa limite élastique
Il suffisait ensuite de calculer les contraintes dans l'acier et le béton sous l'effet le plus
défavorable des charges et de vérifier que l'on ne dépassait pas ces contraintes
admissibles.
Dans ce cours, nous calculerons les structures en béton armé à l'aide des
Eurocodes (EC0, EC1 et EC2) et nous ferons dans la mesure du possible,
quelques comparaisons avec les règles BAEL 91 mod99.
Résistances des bétons
La résistance du béton correspond à une valeur spécifiée de résistance
caractéristique en compression au 28ème jour d'âge sur cylindre.
L’EC2 permet d’utiliser des bétons de 12 à 90 MPa sur cylindres et de 15 à 105 MPa
sur cubes. Les bétons couramment utilisés en bâtiment ont une résistance de 25
MPa, rarement 40, voir 50 MPa ou plus pour certains éléments très sollicités tels que
les poteaux ou voiles de contreventement.
Dans la pratique, les essais de rupture ou d’écrasement du béton ont pour objet la
vérification de ses résistances maximales en compression et en traction, qui font
partie des critères de qualité et sur lesquelles sont basés les calculs des ouvrages
courants. Ces essais définis par les normes, sont conventionnels en raison du fait
que les valeurs des charges de rupture ne sont pas indépendantes du type
d’éprouvette choisi ni de la définition du processus d’essai.
Suivant les pays, l’essai de compression est effectué sur des éprouvettes de
différentes formes:
Clause 4.3.1 de la NF EN 206-1
Résistance caractéristique Résistance caractéristique
Classe de résistance
minimale sur cylindre (MPa) minimale sur cube (MPa)
en compression
fck,cyl fck,cub
C8/10 8 10
Résistance à la compression C12/15 12 15
au 28ème jour d’âge mesurée C16/20 16 20
sur éprouvette cubique 20 25
C20/25
C25/30 25 30
C30/37 30 37
Concrete C 25/30 C35/45 35 45
C40/50 40 50
C45/55 45 55
Résistance à la compression
au 28ème jour d’âge mesurée C50/60 50 60
sur éprouvette cylindrique C55/67 55 67
Résistances contractuelles C60/75 60 75
C70/85 70 85
C80/95 80 95
C fck,cyl/fck,cub
C90/105 90 105
C100/115 100 115
Catalogue Moules pour la préparation d'éprouvettes
Catalogue Moules pour la préparation d'éprouvettes
Presses à béton
Ecrasement jusqu’à :
Presse à béton automatique 1500 KN 74 MPa sur cylindre 16 cm x 32 cm
84 MPa sur cylindre 150 mm x 300 mm
Aspects des éprouvettes à la rupture
Béton idéal
Béton se rapprochant de la
courbe idéale.
Bonne formulation et
bonne plasticité
Jean-louis granju
fck,cyl 12 16 20 25 30 35 40 45 50 55 60 70 80 90
fck,cub 15 16 25 30 37 45 50 55 60 67 75 85 95 105
Dans le cas du béton précontraint, en règle générale, seules les classes C25/30 et supérieures
sont admises.
La valeur moyenne de la résistance en compression du béton
utile pour le calcul du module d’élasticité du béton.
f cm f ck 8 MPa
f ck
La résistance de calcul en compression f cd α cc
γc
γC est le coefficient partiel relatif au béton, qui dépend des situation de projet, définit pour les ELU.
αcc : est un coefficient tenant compte des effets à long terme sur la résistance en compression et des effets
défavorables résultant de la manière dont la charge est appliquée. La valeur recommandée est αcc = 1.
g g
Les valeurs de C et S à utiliser dans un pays donné pour la vérification à l'état-limite de service peuvent être
fournies par son Annexe Nationale. La valeur recommandée pour les situations non couvertes par des articles
spécifiques du présent Eurocode est g = g = 1,0.
C S
Si la résistance en compression du béton est déterminée à un âge t > 28 jours:
f ck t k t cc
f ck f ck
0,85
gc gc
Résistance de calcul pour fondations : cas des pieux coulés en place sans tubage définitif:
f ck f ck
f cd cc
k f g c 1,1 g c
Variation des résistances en compression dans le temps (t) (clause 3.1.2 EC2)
Il peut être nécessaire de spécifier la résistance en compression du béton, fck (t), à l'instant t,
pour un certain nombre de phases (décoffrage, transfert de précontrainte par exemple), où :
Il convient de fonder des valeurs plus précises sur des essais, notamment pour t ≤ 3 jours.
Tableau : Coefficients de durcissement (s) du béton en fonction de la classe de ciment & de la classe de béton
Les résistances caractéristiques fck et les caractéristiques mécaniques correspondantes, nécessaires pour
le calcul, sont données dans le Tableau 3.1.
Reprendre pour t = 7 jours à 1 ans
La résistance en traction
La mesure de la résistance à la traction par un essai de traction axiale est délicate, car
il faut assurer la transmission de l’effort et son centrage; un tel essai ne peut donc être
réalisé qu’en laboratoire. On évite l’apparition des efforts de flexion parasite. Ainsi la
rupture se fait avec l’apparition d’une fissure perpendiculaire à l’axe de l’éprouvette. En
pratique, on contourne cette difficulté du mode opératoire de l’essai par traction directe
en opérant :
soit par fendage diamétrale,
soit par flexion d’éprouvettes prismatiques non armées:
Résistance à la traction directe - Résistance à la traction en flexion
On opére sur des éprouvettes de section carrée (a x a) = 50 cm2 d’aire et de longueur L = 5xa
en cm. Les éprouvettes sont soumises à deux charges égales et symétriques entre lesquelles
elles sont sollicitées en flexion circulaire (M = constant et V = nul). Les éprouvettes se
rompent par traction du béton dans leur partie centrale.
En effet, la limite de la résistance est atteinte sur la face inférieure bien avant que les
possibilités de résistance de la partie supérieure comprimée ne soient épuisées, car le
résistance en compression du béton sont de l’ordre de 6 à 10 fois plus élevées que leurs
résistances en traction.
[Jean-louis Granju, 2014]
6 f ct , tr 0,6 f ct ,fl
3,6 M u
f ct,fl 3 M u et
a a3
(MPa, MN.m, m3)
2
M u Pu a avec a 7,07 cm
3
f ct,fl 800 Pu (MPa, MN)
f ctm
h : est la hauteur totale de l'élément, en mm
f ctm,fl max h
fctm : est la résistance moyenne en traction directe, telle qu'indiquée
1,6 f ctm
(en MPa) 1000 dans le Tableau 3.1
La résistance du béton en traction axiale est en général caractérisée, à défaut de données plus
précises, par trois (03) formules :
Résistance moyenne en traction: à utiliser pour le calcul des déformations de la structure ou la contreflèche à donner à une poutre
f ctm 0,3 f ck
2/3
(en MPa) Pour fck ≤ 50 MPa
f cm
f ctm 2,12 ln 1 (en MPa)
10 Pour fck > 50 MPa
Résistance à la traction minimale (fractile de 5%) : à utiliser pour le calcul du pourcentage minimal des armatures
pour la vérification de l'état-limite de formation des fissures
Résistance à la traction maximale (fractile de 95%) : à utiliser pour le calcul du moment de fissuration
pour le calcul des effets des actions indirectes (avant fissuration du
béton).
pour le calcul de l'armature minimale des éléments structuraux
f ck , 0, 05
f ctd ct avec f ctk , 0, 05 0,7 f ctm
gc
Évolution de la Résistance en traction avec le temps (clause 3.1.2 EC2)
L'évolution de la résistance en traction avec le temps dépend fortement des conditions de cure et de séchage
ainsi que des dimensions des éléments structuraux considérés. En première approximation, on peut admettre
que la résistance en traction
cc t
2/3
cc t
cc t
2/3
cc t
cc t
2/3
Module de déformation élastique
Les déformations élastiques du béton dépendent largement de la composition de celui-ci
(notamment des granulats). Il convient de considérer les valeurs données dans la présente Norme
comme des valeurs indicatives, valables pour des applications générales.
Le module d'élasticité du béton dépend du module d'élasticité de ses constituants. Des valeurs
approchées de Ecm, module sécant moyen entre c = 0 et 0,4fcm, sont données dans le Tableau 3.1 pour
des bétons contenant des granulats de quartzite.
f ck en MPa 8
0,3
E cm t 0
E c,eff
1 , t 0
BAEL91 mod99
f ck 8
0,3
E c 1,05 E cm avec E cm 22
0 ≤ c ≤ 0,4fcm 10
Valeur de calcul du module d’élasticité du béton
E cd
E cm avec g CE 1,2
g CE
ε cT α T ΔT
σ E ε
cT cm cT
Fluage et retrait (3.1.4 NF EN 1992-1-1)
Le retrait et le fluage sont des propriétés du béton dépendantes du temps. Il convient
généralement de tenir compte de leurs effets pour la vérification aux états-limites de
service.
Pour les états-limites ultimes, il convient de ne considérer les effets du retrait et du
fluage que lorsque ceux-ci sont significatifs - dans la vérification des états-limites
ultimes de stabilité, par exemple, lorsque les effets du second ordre ont leur
importance.
Lorsque le fluage est pris en compte, il convient d'en évaluer les effets, dans le
dimensionnement, sous la combinaison quasi-permanente des actions,
indépendamment de la situation de projet considérée - durable, transitoire ou
accidentelle.
Fluage (Creep)
Lorsqu’une contrainte de compression constante est appliquée pendant une longue durée à un élément de
béton, celui-ci subit d’abord une déformation instantanée, suivie d’un accroissement de cette dernière au
cours du temps. Ce phénomène, appelé fluage fut étudié pour la première fois par Eugène FREYSSINET
Le fluage est une déformation lente et irréversible du matériau sous l’effet d’une contrainte extérieure
constante. Pour le béton, les déformations du fluage ne sont pas négligeables, puisqu’elles peuvent
Fluage linéaire
σc
Si σ c 0,45 f ck t 0 ε cc t , t 0 t, t 0 Fluage linéaire
Ec
t0 : est l’âge du béton au moment d’application de la contrainte de compression constante (âge au moment du chargement)
Dans les cas où une grande précision n'est pas requise, la valeur obtenue à l'aide de la Figure 3.1
peut être considérée comme le coefficient de fluage.
Méthode valable si le fluage
est linéaire
Méthode de détermination de
Méthode valable si le fluage
est linéaire
Méthode de détermination de
Il convient d’associer les valeurs de (t,t0) données ci-dessus au module tangent Ec.
Lorsqu’une évaluation moins précise est jugée satisfaisante, les valeurs données dans la Figure 3.1
peuvent être adoptées pour le fluage du béton à 70 ans.
Fluage non-linéaire
c
Si c 0,45 f ck t 0 cc , t 0 k , t 0 Fluage non linéaire
Ec
σc
c σc
1,5 0,45
k ε cc , t 0 , t 0 e f cm t 0
f cm t 0 Ec
Fluage linéaire
Une contrainte aussi élevée peut résulter de la précontrainte par pré-tension ; ce peut être le cas au niveau
de l'armature de précontrainte dans les éléments préfabriqués en béton, par exemple.
Retrait (shrinkage en anglais)
Le retrait est une forme évolutive qui se traduit par une réduction dimensionnelle
en l’absence de chargement. Il est en grande partie consécutif à l’évaporation
d’une partie de l’eau du béton. Le retrait du béton à trois (03) origines principales :
le retrait de dessiccation ou retrait plastique,
le retrait endogène ou retrait d’auto-dessiccation et
le retrait thermique.
Retrait de dessiccation (à la fin de cure) : cas des éléments de grandes surfaces
Il est créer par la différence d’humidité relative entre la pâte de ciment et le milieu extérieur. Il apparait
très rapidement après la mise en œuvre du béton, pendant la phase de prise jusqu’à la phase de
durcissement.
Ces déformations de retrait engendrent des contraintes qui peuvent dépasser la résistance en traction
du béton et provoquer des fissurations.
La cure du béton (arrosage, film plastique) a pour objet de prévenir les effets de ce retrait, en
rétablissant l’équilibre d’humidité entre les deux milieux durant cette courte période.
Les fissures occasionnées ne mettent pas en péril la durabilité de l’ouvrage car elles sont peu
profondes (superficielles).
Le retrait de dessiccation se produit essentiellement sur des éléments de grandes surfaces (radiers,
dalles, voiles) par temps chaud, sec et venteux (essentiellement l’été).
Retrait endogène (ou retrait d’auto-dessication): cas des BHP ET BTHP
Ce retrait est provoqué par la pâte de ciment elle-même sans aucun échange avec
l’extérieur, lors de la prise et du durcissement du béton. En effet, le volume des
hydrates formés est inférieur au volume d’eau et de ciment anhydre initial. C’est la
contraction dite « Le Chatelier ».
Ce retrait concerne plus particulièrement les bétons à haute performance (BHP) ou
à très hautes performances (BTHP), pour lesquels le rapport E/C est très faible, ce
qui génère des déformations inférieures à 0,1 %0.
Retrait thermique (cas des pièces épaisses et massives):
Il est provoqué par le retour à la température ambiante du béton ayant subi une élévation de
température due aux réactions exothermiques d’hydratation du ciment, sachant que les températures
à cœur des pièces massives peuvent dépasser 50°C. il se manifeste quelques jours après bétonnage.
Cette diminution de la température est accompagnée d’une contraction qui génère des déformations
bloquées susceptibles de provoquer des fissurations. Ce type de retrait ne concerne que les pièces
très épaisses (épaisseurs supérieures à 60 cm) et se manifeste de quelques dizaines d’heures après
L’utilisation de ciment à faible chaleur d’hydratation est préconisée pour limiter ce retrait. Les
cs cd ca
cd , k h cd ,0
kh : est un coefficient dépendant du rayon moyen h0, conformément au Tableau 3.3
cd ,0 : Valeurs nominales du retrait de dessiccation non gêné, donné dans le tableau 3.2 ci-dessous
L'évolution du retrait de dessiccation avec le temps est donnée par :
cd t ds t , t s k h cd ,0 ds t , t s cd , avec: ds t , t s
t ts
t t s 0,04 h03
B.2 EC2-1-1
ca t as t ca
ca 2,5 f ck 1010 6
avec:
t : étant exprimé en jours
as t 1 e 0, 2 t
La déformation totale à l’instant t :
c t , t0 ci t0 , 0 cc t , t0 , 0 cs t , t s
0 t0
ci t0 , 0 ci t0 , 0
Ecm t0
: déformation instantanée
kη η 2
σ c f cm
1 k 2 η
εc
η ε
c1
avec
k 1,05 E c1 E c1
cm
f cm
c
f cm
c1 : est la déformation au pic de contrainte, telle qu'indiquée
dans le Tableau 3.1
cu1 : est la valeur nominale de la déformation ultime (Tableau 3).
fcm : est la résistance moyenne en compression du béton à 28
jours, conformément au Tableau 3.1
Relations contrainte-déformation pour le calcul des sections (3.1.7 NF EN 1992-1-1)
Diagramme parabole-rectangle
ε n
f ck 1 1
c
Pour 0 c ε c2
σ ck ε c2
f ck Pour ε c2 c ε cu2
f εc
n
f ck
ε c Pour 0 c ε c3
σ ck ε c3
f Pour ε c3 c ε cu3
ck
f cd
ε c Pour 0 c ε c3
σ cd ε c3
f Pour ε c3 c ε cu3
εc cd
σ c = f cd
ε
c3
Tableau 3.1:
(Suite et fin)
diagramme rectangulaire de compression dans le béton
σ2 5 f ck,c
2
(3)P Lorsque d'autres armatures, non conformes à l'EN 10080, sont utilisées, on
doit vérifier que leurs propriétés sont conformes selon 3.2.2 à 3.2.6 et à l'Annexe C
de l’Eurocode 2.
3.2.2 Propriétés 3.2.3 Résistance 3.2.4 Caractéristiques de ductilité 3.2.5 Soudage 3.2.6 Fatigue
LES RONDS LISSES (RL)
Ce sont des aciers bruts de laminage à 0,01% de carbone. Leur limite élastique est
de l’ordre de 235 MPa avec un allongement à rupture extrêmement élevé qui peut
atteindre 25%. Ils sont classés dans la catégorie C (plus ductile) et notés B235C.
De section circulaire, les barres sont parfaitement lisse en surface, sans aucune
engravure. Ces barres ne conviennent pas pour les éléments de structure en béton
armé à raison de :
leur médiocre adhérence,
de leur faible limite d’élasticité et ,
d’un allongement à la rupture très élevé.
Ce sont des aciers dont la teneur est plus forte en carbone (0,3 %) entraine :
une augmentation de la limite élastique : 500 MPa, au lieu de 235 MPa pour les
ronds lisses (RL),
une baisse de la ductilité (Agt = 10 %);
Une bonne adhérence à l’interface acier/béton en raison de la présence de
verrous (nervures transversales) en surface.
Ces barres conviennent pour les éléments de structure en béton armé : Poutres, dalles,
poteaux, semelles, planchers, etc. Elles barres sont livrés en barres de 6 m, 12 m ou 14
m.
Elles ne peuvent être utilisées même leur chutes pour le levage.
Au Sénégal, on en distingue deux types d’armatures:
Aciers de limite d’élasticité 400 MPa à section impaires et de mauvaise
adhérence; fabriqué au Sénégal ;
Et les aciers importés (Arcelor Mittal) de limite d’ élasticité 500 MPa, à section
normalisée et de bonne adhérence ;
En France, la limite élastique courante des aciers à haute adhérence (HA) est de
500 MPa avec un fractile de 5%.
Les aciers des armatures de béton armé utilisés avec l’EC2 sont dans la gamme de
400 – 600 MPA (voir annexe C (normative). Ils sont tous repérés par la lettre B
(béton stahl) suivie de leur limite d’élasticité et de leur classe de ductilité.
La norme NF EN 10080 et l’annexe C de l’EC2 définissent 3 classes de ductilité:
Classe A (moins ductile) : aciers laminés à froid ou tréfilés,
Classe B (ductilité normale) : aciers laminés à chaud
Classe C (la plus ductile) : les aciers à très haute ductilité C450
(utilisé aux USA) pour les constructions sismiques
Extrait de l’Annexe C (normative) :
Propriétés des armatures compatibles
avec l'utilisation du présent Eurocode
(1)P La limite d'élasticité maximale réelle fy,max ne doit pas dépasser 1,3 fyk.
Tableau 6 :
Diamètres nominaux préférentiels, sections et masses
linéiques nominales
Questions :
1) A reprendre sur Excel avec les formules r = 78,5 kN/m3
2) Donner le nombre de barres (12 m) par 100 kg d’acier
3) Comparer les valeurs à celles du commerce local
Diagrammes Contrainte-déformation
E s 200 GPa
f yd
avec : ε yd
Figure 3.8 : Diagramme contrainte-déformation simplifié et Es
diagramme de calcul pour les aciers de béton armé (tendus ou 842 MPa pour B500B
comprimés) E sh
1111 MPa pour B500A
Le diagramme à branche inclinée étant plus économique, dans la suite, on
utilisera que ce dernier gramme.
435 842 ε s ε yd 0,9958 f yd 842ε s pour B500B
σ s MPa
435 1111 ε s ε yd ,9944 f yd 1111ε s pour B500A
k 1,05 k 1,08
ε 0,217 % ε 0,217 %
yd yd
B500A : ε yk 0,250 % B500B : ε yk 0,250 %
ε ud 2,25 % ε ud 4,50 %
ε uk 2,50 % ε uk 5,00 %
s Es s
Questions :
1) Reprendre le diagramme sur Excel
pour B500B et B500A,
Façonnage des armatures BA
Application N°1
1) Déterminer le coefficient cc(t) : à t = 7 jours, 14j, 21, 28j, 90j, 180j, 365j, 2ans.
2) Tracer le graphe cc(t) en fonction du temps t et conclure.
3) En déduire les caractéristiques mécaniques (fck, fcm, fcd, fctm, fctk0,05; fctk0,95, fctd, Ecm, Ecd) du
béton au différents âges indiqués ci-dessus sachant qu’on dispose d’un béton C30/37;
4) Tracer les 03 diagrammes contrainte-déformation pour C30/37.
Classe Temps
de (t en jours)
28
s 1
ciment
cc t e t 7 14 21 28 90 180 365 2 ans
R
0,20 ciment de classe R
s 0,25 ciment de classe N
0,38 ciment de classe S cc(t) N
S
f cm t cc t f cm f ctm t cc t f ctm 1
pour t 28 jours
avec
2 / 3 pour t 28 jours
Temps t
(en jours)
Caractéristiques
mécaniques en 7 14 21 28 90 180 365 2 ans
MPa
fck (MPa) fck
fctm (MPa)
fctk0,05 (MPa)
fctk0,95 (MPa)
fctd (MPa)
Ecm (GPa)
Ecd (GPa)
Ec (GPa)
Application N°2:
Déterminer la déformation instantanée, la déformation due au fluage, aux retraits (dessiccation et endogène) et la
déformation totale d’un poteau de section : 600 mm x 600 mm, soumis à une contrainte de compression constante c
= 7,8 MPa; aux âges suivants : t = 365 jours et à t = 50 ans.
Déterminer les contraintes correspondantes sur : le diagramme pour l’analyse structurale non-linéaire, le
diagramme parabole-rectangle et le diagramme bilinéaire.
Données:
• fck = 30 MPa; t0 = 21 jours âge du béton au moment du chargement; ts = 7 jours âge du béton au début de
dessiccation (fin de cure); RH = 55 %; Ciment CEM II / B-LL 42,5R.
On tiendra compte de l’influence du type de ciment utilisé sur le coefficient de fluage (t0 = t0,T formule B.9 Annexe B1).
c t 0
Déformation instantanée ci Déformation de retrait total (dessication (d) et endogène (a))
E cm t 0
cs t , t s cd t , t s ca t , t s
Déformation de fluage
1 cc(365, 14) = 0,435 %0 raccourcissement à un an;
2 cc(∞, 14) = 0,606 %0 raccourcissement à l’infini; 7 cd(365, 2) + ca(365, 2) = -0,357 %0 retrait total à un an;
Déformation de retrait (dessication (d) et endogène (a)) 8 cd(∞, 2) + ca(∞, 2) = -0,541 %0 retrait total à à l’infini;
3 cd(365, 2) = -0,320 %0 retrait de dessication à un an;
4 cd(∞, 2) = -0,504 %0 retrait de dessication à l’infini; Déformation totale
5 ca(365, 2) = -0,0367 %0 retrait endogène à un an; c c t , t 0 ci t 0 , 0 cc t , t 0 , 0 cs t , t s
6 ca(∞, 2) = -0,0375 %0 retrait endogène à l’infini;
Application N°3:
Déterminer les caractéristiques mécaniques d’un béton de classe C30/37, en situation de projet durable,
aux différents âges suivants: T = 28 jours, T = 15 jours, T = 45 jours d’âge.
On suppose que le béton est réalisé avec du ciment CEM II / B-LL 42,5N.
Tracer les 4 diagrammes contrainte-déformation.
On donne : contraintes effectives de chargement latéral à l’ELU 2 = 1,5 MPa et 2,5 MPa.
2. Déduire les déformations dues au fluage à t = 365 jours, sachant que la date de chargement
est égale à 15 jours avec une contrainte constante c = 7,8 MPa.
Application N°5:
Déterminer les caractéristiques mécaniques (fyk; fyd et s) suivant les deux diagrammes (palier
horizontale et branche inclinée) d’une armature de poutre de classe B500B subissant une
déformation relative de 4% aux ELU.
END