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ISSN 1288 - 6939
NUMÉRO PHOTOS
UNE JOURNÉE AVEC BILLAL, UN BOXEUR FRANÇAIS VICE-CHAMPION DU MONDE
L. Pavan
Billal Bennama, 25 ans, lors d’un entraînement à l’Insep, dans le 12e arrondissement de Paris, le 7 novembre 2023.
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O
n le surnomme «la suite ébloui par ses longues
fabrique à cham- allées verdoyantes menant
pions». Dans le vers des installations spor-
12e arrondissement de Paris, tives dernier cri**. Laura
au cœur du bois de Flessel, Marie-Amélie Le
Vincennes, se cache l’Insti- Fur, Tony Estanguet, Cla-
tut national du sport, de risse Agbegnenou... Un peu
l’expertise et de la perfor- partout, des photos de
mance (Insep). Cette école champions olympiques
de sportifs de haut niveau sont affichées, comme pour
est le centre d’entraînement rappeler aux jeunes sportifs
olympique et paralympique que le chemin vers les
français. 780 athlètes y médailles olympiques est ici.
séjournent (dont une cen- Emma Roulin (textes) et
taine d’ados scolarisés sur Loriane Pavan (photos)
place, de la 3e à la termi-
nale). En novembre, 30 *1 hectare = la place
d’entre eux étaient qualifiés occupée par un carré de
pour les Jeux olympiques 100 m de côté.
de Paris de 2024. Lorsque **Ici, ce qu’il y a
l’on entre dans ce lieu de de plus récent,
28 hectares*, on est tout de de plus perfectionné.
L. Pavan
Une journée avec un espoir de médaille aux JO
I
l est 10 h au pôle boxe de l’Insep. En ce mardi
de novembre, dans la salle de musculation, les
cris de l’équipe de France masculine de boxe
anglaise* résonnent. Billal Bennama, 25 ans, vice-
champion du monde, fait des squats** avec une
barre en métal de 65 kilos sur le dos. À côté, ses
coéquipiers enchaînent eux aussi des exercices
pour renforcer leurs muscles. Billal est debout
depuis deux heures, mais il commence seulement
à soulever des haltères***. «On prend le temps,
explique-t-il. On commence toujours par des
étirements, un peu de vélo... On ne peut pas prendre
le risque de se blesser.» Parmi la vingtaine de
boxeurs de l’équipe de France, au moins sept sont
qualifiés pour les JO (trois garçons et quatre filles),
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V
ers midi, Billal se Pour les JO, Billal est aidé
dirige vers le self de par un nutritionniste**. Mais,
l’Insep. Ce matin, au parfois, l’athlète doit tout de
petit déjeuner, le champion même aller au sauna***
de boxe s’est fait plaisir : pour perdre du poids en
quatre œufs, du pain, du évacuant de l’eau ! «Le
fromage, de la salade de poids est un énorme sujet
fruits... À midi, le déjeuner en boxe, explique Soheb
est plus léger (des légumes, Bouafia, champion de
des crudités, des fruits et un France dans la catégorie
peu de protéines*). Ce soir, des moins de 92 kg et capi-
en revanche, Billal ne man- taine de l’équipe de France
gera pas. «Comme de nom- de boxe anglaise. J’ai déjà
breux boxeurs, je suis obsé- vu des athlètes retirer
dé par mon poids, constate- leur caleçon avant une com-
t-il. En boxe, on est pesé pétition pour perdre
avant chaque combat. Si tu 100 grammes.»
ne fais pas le poids de
ta catégorie, tu n’as pas le *Substance («matière»)
droit de combattre, quel contenue dans la viande,
que soit ton niveau.» Dans le poisson, les œufs...
la catégorie de Billal (les **Spécialiste de
moins de 51 kg), les kilos l’alimentation.
sont très difficiles à perdre. ***Bain de vapeur.
L. Pavan
DES SACRIFICES ET DES AMITIÉS
Une journée avec un espoir de médaille aux JO
À l’Insep, dans le 12e arrondissement de Paris,
le 7 novembre 2023
E
ntre 13h et 15h30, Billal reste dans sa
résidence pour se reposer. Sur place,
il dispose d’une chambre et d’une salle
commune avec baby-foot, salon, télévision... Le
boxeur a emménagé à l’Insep à 18 ans, après
trois années de lycée en sport-études. «J’ai
commencé la boxe à 4 ans et intégré le haut niveau
à 14 ans, se souvient-il. À 17 ans, j’étais champion
de France et, à 23 ans, je faisais mes premiers JO.»
Depuis deux ans, Billal partage sa chambre avec
Samuel Kistohurry, 28 ans, médaille de bronze de
boxe anglaise aux Championnats du monde 2021.
«On est comme des frères, confie Billal. On boxe
ensemble, on mange ensemble, on dort ensemble.
Ici, on s’entraîne six jours sur sept. On n’a pas de
vacances, sauf quelques jours à Noël et pendant
l’été. Je passe plus de temps avec Samuel et les
boxeurs de l’équipe de France qu’avec ma famille.
La vie de sportif de haut niveau, c’est des sacrifices,
mais cela crée aussi des amitiés fortes.»
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SUR LE RING
À l’Insep, dans le 12e arrondissement de Paris, le 7 novembre 2023
À
partir de 15h30, Billal poursuit son entraînement. l’équipe de France de boxe fait des stages à l’étranger.
La veille, ses coachs lui ont envoyé son programme Ce mois-ci, elle part 15 jours en Colombie (Amérique). Puis,
de la journée. Quand il arrive au pôle boxe, il sait en janvier, elle s’entraînera à 3000 mètres d’altitude, en
exactement comment l’entraînement va se dérouler et les Andalousie, dans le Sud de l’Espagne (Europe). Le but de
points sur lesquels il doit se concentrer. Après l’échauffe- ces voyages : combattre avec d’autres boxeurs et dans
ment et un travail technique, il monte sur le ring et enchaîne d’autres milieux. Lors de ces stages, Billal espère affronter
les combats avec Samuel (lire p. 5). «C’est le ring qui sera le champion du monde actuel de sa catégorie : l’Ouzbek
aux Jeux olympiques, explique-t-il. On s’entraîne dessus Hasanboy Dusmatov, l’ayant battu en mai en finale des
pour prendre nos marques.» Quand elle n’est pas à l’Insep, Championnats du monde.
L. Pavan
Une journée avec un espoir de médaille aux JO
L
’entraînement de Billal se termine par des
exercices sur un sac de frappe. «Cette
activité permet de gérer le stress et le
mental», explique Malik Bouziane, responsable de
l’équipe de France masculine de boxe à l’Insep. Le
mental, c’est le défi des JO de Paris. «On a davantage
de pression, davantage d’attentes, on n’a pas le droit
à l’erreur», confie Soheb Bouafia, le capitaine.
Pourtant, alors qu’il avait un coach mental aux JO
de Tokyo, Billal n’en a pas pris un pour ceux de Paris.
«Je suis bien dans ma tête, estime-t-il. Participer
aux JO dans mon pays, en étant soutenu par ma
famille et mes amis, c’est une force inimaginable.
Mais le mental reste un gros sujet. Certains boxeurs
sont des champions à l’entraînement et ils font
n’importe quoi en compétition.» À 18 h, une partie
de l’équipe part faire de la balnéothérapie* pour se
détendre les muscles : trois minutes dans un bain
à 6 °C, puis trois minutes dans un autre à 30 °C.
Billal, lui, a rendez-vous chez le kiné**. Après,
il regardera sans doute un film dans sa chambre.
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L. Pavan
08 INTERVIEW JAPON KARYN NISHIMURA (1/2)
DR
par craquer.
Les Japonais ont l’air si gentils... Comment ont-ils pu attaquer la Chine en 1894 et en 1937,
puis les États-Unis, en 1941 ?
C’est complexe à expliquer, mais ce furent des moments collectifs de fuite en avant dont les citoyens ne se sont pas eux-
mêmes rendu compte sur le moment. Les Japonais avaient aussi un côté grégaire qui les conduisit à ne pas s’opposer.
Ceux qui s’opposaient à la guerre étaient qualifiés d’anti-citoyens. De plus, il est important de comprendre que ces
glissements se sont faits alors que la population n’était pas bien informée des décisions politiques.