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La plage, c’est chouette

Le père de Nicolas ayant pris sa décision, il ne restait plus qu’à ranger la maison, mettre les housses,
enlever les tapis, décrocher les rideaux, faire les bagages, sans oublier d’emporter les oeufs durs et les
bananes pour manger dans le compartiment.
Le voyage en train s’est très bien passé, même si la mère de Nicolas s’est entendu reprocher d’avoir mis le
sel pour les oeufs durs dans la malle marron qui est dans le fourgon. Et c’est l’arrivée à Bains-les-Mers, à
l’hô¬tel Beau-Rivage. La plage est là, et les vacances peuvent commencer...

A la plage, on rigole bien. Je me suis fait des tas de copains, il y a Blaise, et puis Fructueux, et Mamert;
qu’il est bête celui-là ! Et Irénée et Fabrice et Côme et puis Yves, qui n’est pas en vacances parce qu’il est
du pays et on joue ensemble, on se dispute, on ne se parle plus et c’est drôlement chouette.
Va jouer gentiment avec tes petits camara¬des, m’a dit papa ce matin, moi je vais me reposer et prendre
un bain de soleil. » Et puis, il a commencé à se mettre de l’huile partout et il rigolait en disant : «Ah ! quand
je pense aux copains qui sont restés au bureau! »
Nous, on a commencé à jouer avec le ballon d’Irénée. « Allez jouer plus loin », a dit papa, qui avait fini de
se huiler, et bing ! le ballon est tombé sur la tête de papa. Ça, ça ne lui a pas plu à papa. Il s’est fâché tout
plein et il a donné un gros coup de pied dans le ballon, qui est allé tomber dans l’eau, très loin. Un shoot
terrible. « C’est vrai ça, à la fin», a dit papa. Irénée est parti en courant et il est revenu avec son papa. Il est
drôlement grand et gros le papa d’Irénée, et il n’avait pas l’air content.
— C’est lui! a dit Irénée en montrant papa avec le doigt.
— C’est vous, a dit le papa d’Irénée à mon papa, qui avez jeté dans l’eau le ballon du petit?
— Ben oui, a répondu mon papa au papa d’Irénée, mais ce ballon, je l’avais reçu dans la figure.
— Les enfants, c’est sur la plage pour se détendre, a dit le papa d’Irénée, si ça ne vous plaît pas, restez
chez vous. En attendant, ce ballon, il faut aller le chercher.
Ne fais pas attention, a dit maman à papa. Mais papa a préféré faire attention.
— Bon, bon, il a dit, je vais aller le chercher, ce fameux ballon.
— Oui, a dit le papa d’Irénée, moi à votre place j’irais aussi.
Papa, ça lui a pris du temps de chercher le ballon, que le vent avait poussé très loin. Il avait l’air fatigué,
papa, quand il a rendu le ballon à Irénée et il nous a dit :
— Ecoutez, les enfants, je veux me reposer tranquille. Alors, au lieu de jouer au ballon, pourquoi ne jouez-
vous pas à autre chose?
— Ben, à quoi par exemple, hein, dites? a demandé Mamert. Qu’il est bête celui-là !
— Je ne sais pas, moi, a répondu papa, faites des trous, c’est amusant de faire des trous dans le sable.
Nous, on a trouvé que c’était une idée terrible et on a pris nos pelles pendant que papa a voulu
commencer à se rehuiler, mais il n’a pas pu, parce qu’il n’y avait plus d’huile dans la bouteille. «Je vais
aller en acheter au magasin, au bout de la promenade », a dit papa, et maman lui a demandé pourquoi il
ne restait pas un peu tranquille.
On a commencé à faire un trou. Un drôle de trou, gros et profond comme tout. Quand papa est revenu
avec sa bouteille d’huile, je l’ai appelé et je lui ai dit :
— T’as vu notre trou, papa?
Il est très joli, mon chéri, a dit papa, et il a essayé de déboucher sa bouteille d’huile avec ses dents. Et
puis, est venu un monsieur avec une casquette blanche et il nous a demandé qui nous avait permis de
faire ce trou dans sa plage. «C’est lui, m’sieur ! » ont dit tous mes copains en montrant papa. Moi j’étais
très fier, parce que je croyais que le monsieur à la casquette allait féliciter papa. Mais le monsieur n’avait
pas l’air content.
— Vous n’êtes pas un peu fou, non, de donner des idées comme ça aux gosses? a demandé le monsieur.
Papa, qui travaillait toujours à déboucher sa bouteille d’huile, a dit : « Et alors ? » Et alors, le monsieur à la
casquette s’est mis à crier que c’était incroyable ce que les gens étaient inconscients, qu’on pouvait se
casser une jambe en tombant dans le trou, et qu’à marée haute, les gens qui ne savaient pas nager
perdraient pied et se noieraient dans le trou, et que le sable pouvait s’écrouler et qu’un de nous risquait de
rester dans le trou, et qu’il pouvait se passer des tas de choses terribles dans le trou et qu’il fallait
absolument reboucher le trou.
— Bon, a dit papa, rebouchez le trou, les enfants. Mais les copains ne voulaient pas reboucher le trou.
— Un trou, a dit Côme, c’est amusant à creuser, mais c’est embêtant à reboucher.
— Allez, on va se baigner! a dit Fabrice. Et ils sont tous partis en courant. Moi je suis resté, parce que j’ai
vu que papa avait l’air d’avoir des ennuis.
— Les enfants ! Les enfants ! il a crié papa, mais le monsieur à la casquette a dit :
— Laissez les enfants tranquilles et rebouchez-moi ce trou en vitesse! Et il est parti.
Papa a poussé un gros soupir et il m’a aidé à reboucher le trou. Comme on n’avait qu’une seule petite
pelle, ça a pris du temps et on avait à peine fini que maman a dit qu’il était l’heure de rentrer à l’hôtel pour
déjeuner, et qu’il fallait se dépêcher, parce que, quand on est en retard, on ne vous sert pas, à l’hôtel. «
Ramas¬se tes affaires, ta pelle, ton seau et viens », m’a dit maman. Moi j’ai pris mes affaires, mais je n’ai
pas trouvé mon seau. « Ça ne fait rien, rentrons », a dit papa. Mais moi, je me suis mis à pleurer plus fort.
Un chouette seau, jaune et rouge, et qui faisait des pâtés terribles. « Ne nous énervons pas, a dit papa, où
l’as-tu mis, ce seau? » J’ai dit qu’il était peut-être au fond du trou, celui qu’on venait de boucher. Papa m’a
regardé comme s’il voulait me donner une fessée, alors je me suis mis à pleurer plus fort et papa a dit que
bon, qu’il allait le chercher le seau, mais que je ne lui casse plus les oreilles. Mon papa, c’est le plus gentil
de tous les papas ! Comme nous n’avions toujours que la petite pelle pour les deux, je n’ai pas pu aider
papa et je le regardais faire quand on a entendu une grosse voix derrière nous : « Est-ce que vous vous
fichez de moi ?» Papa a poussé un cri, nous nous sommes retournés et nous avons vu le monsieur à la
casquette blanche. « Je crois me souvenir que je vous avais interdit de faire des trous », a dit le monsieur.
Papa lui a expliqué qu’il cherchait mon seau. Alors, le monsieur lui a dit que d’accord, mais à condition qu’il
rebouche le trou après. Et il est resté là pour surveiller papa.
« Ecoute, a dit maman à papa, je rentre à l’hôtel avec Nicolas. Tu nous rejoindras dès
que tu auras retrouvé le seau. » Et nous sommes partis. Papa est arrivé très tard à l’hô¬tel, il était fatigué,
il n’avait pas faim et il est allé se coucher. Le seau, il ne l’avait pas trou¬vé, mais ce n’est pas grave, parce
que je me suis aperçu que je l’avais laissé dans ma chambre. L’après-midi, il a fallu appeler un docteur, à
cause des brûlures de papa. Le docteur a dit à papa qu’il devait rester couché pendant deux jours.
— On n’a pas idée de s’exposer comme ça au soleil, a dit le docteur, sans se mettre de l’huile sur le corps.
— Ah! a dit papa, quand je pense aux copains qui sont restés au bureau!
Mais il ne rigolait plus du tout en disant ça.

Malheureusement, il arrive parfois en Bretagne que le soleil aille faire un petit tour sur la Côte d’Azur. C’est
pour cela que le patron de l’hôtel Beau-Rivage surveille avec inquiétude son baromètre, qui mesure la
pres¬sion atmosphérique de ses pensionnaires...

Chapitre 2: Écoute

Questions
Pour vérifier que vous avez bien compris, une fois que vous aurez
bien lu et écouté ce chapitre, répondez aux questions suivantes.
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1. Pourquoi le père de Nicolas a-t-il dit à Nicolas d’aller jouer


avec ses camarades?

2. Comment le père d’Irénée a-t-il convaincu le père de Nicolas


d’aller chercher le ballon de son fils?
3. Pourquoi, selon le monsieur à la casquette blanche, était-il
dangereux d’avoir un trou dans le sable?

4. Pourquoi Papa doit-il déboucher le même trou qu’il vient de


déboucher avant le déjeuner?

5. Pourquoi Papa doit-il rester couché pendant deux jours?

6. "Ah! Quand je pense aux copains qui sont restés au bureau!"


Papa a dit la même phrase au début des vacances. Quelle est
l’ironie de cette phrase en comparant les sentiments de Papa au
début et à la fin du chapitre?
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