Vous êtes sur la page 1sur 115

The Big Four Part 3

Posted originally on the Archive of Our Own at http://archiveofourown.org/works/49195324.

Rating: Mature
Archive Warning: No Archive Warnings Apply
Category: Multi
Fandom: How to Train Your Dragon (Movies), Rise of the Guardians (2012),
Frozen (Disney Movies), Brave (2012), Tangled (2010)
Relationship: Hiccup Horrendous Haddock III/Jack Frost (Guardians of Childhood),
Merida/Rapunzel (Disney), Elsa (Disney)/Jack Frost (Guardians of
Childhood)
Character: Hiccup Horrendous Haddock III, Jack Frost (Guardians of Childhood),
Valka (How to Train Your Dragon), Sophie Bennett, Pitch Black
(Guardians of Childhood), E. Aster Bunnymund, Nicholas St. North,
Dagur - Character, Snotlout Jorgenson, Elsa (Disney), Anna (Disney),
Toothless (How to Train Your Dragon), Merida (Disney), Rapunzel
(Disney)
Additional Tags: Hijack, They see eachother after 5 years, Smut, like once, Jack Needs
a Hug, Hiccup is Alone, Dad Hiccup, Dagur is Dagur, Bunny is
protective, Valka came back from the dead again, Snotlout is a good
bro, The Big Four family, Originally Posted in 2015
Language: Français
Series: Part 3 of The Big Four
Stats: Published: 2023-08-08 Words: 38,739 Chapters: 18/18

The Big Four Part 3


by Evergade

Summary

Après cinq ans à lutter pour avoir un semblant de vie qui tient la route, Hiccup est satisfait.
Tout se passe bien. Il a un job qu'il aime, une fille adorable, un meilleur ami toujours prêt à
le soutenir. Mais ça, c'était avant qu'il ne revoie Jack.

Notes

Les personnages de cette histoire appartiennent à Dreamworks, Disney, Cressida Cowell et


Williams Joyce. Merci de ne pas reposter cette histoire ailleurs sans m'en informer. Tout vol
ou plagia sera signalé. Merci.
Chapter 1

- Bon, alors nous allons commencer... Savez-vous où nous sommes ?

- Oui.

- Dites-le-moi.

- À l'hôpital. On est à l'hôpital.

- Bien. Et pourquoi sommes-nous à l'hôpital ?

- À cause de mon accident.

- Expliquez-moi.

- Je... Je rentrais chez moi... Et il a plu... Je n'y voyais pas grand-chose, et...

- Calmez-vous, ça va aller. Continuez.

- J'ai percuté un arbre. J'ai... Je suis sortie de la voiture pour voir si je pouvais trouver de l'aide...
J'ai marché dans la forêt... Et …

- Et ?

- ...

- Vous devez accepter ce qui s'est passé. Vous devez accepter que rien n'est de votre faute.

- Oui. Je sais... Je veux dire, je me rends bien compte que ce n'est pas de ma faute... Oh, pourquoi
faut-il que ce soit si compliqué...

- La vie l'est parfois. Mais c'est ce qui la rend intéressante, n'est pas ?

- Vous avez sûrement raison.

- Allez, continuez.

- J'ai marché... Et j'ai glissé dans le fleuve... J'ai flotté sur plusieurs kilomètres.

- Bien.

- J'ai fini par atterrir ici, à Leadworth. On m'a emmené à l'hôpital, où j'ai passé 15 ans dans le coma
et cinq ans de rééducation.

- Bien. Que comptez-vous faire, maintenant ?

- Maintenant, je vais retrouver mon mari et mon petit garçon...

- Hum...

- Mon fils ! Mon fils. Mon fils qui n'a plus quatre ans, mais vingt-quatre... Vingt-quatre ans...

- Vous devez accepter que vous ayez passé vingt ans à l'écart du monde. Vous devez accepter que
le monde que vous avez connu autrefois n'est plus celui d'aujourd'hui. Tous les gens que vous avez
connus à l'époque ont des vies complètement différentes. Certains, même, ne sont probablement
plus.

- Je sais. Je sais... Ça me fait encore un peu bizarre. Il y a des jours où j'ai l'impression que je viens
juste de me réveiller.

- Cette impression disparaîtra avec le temps. Bon, alors vous êtes sûre de votre décision ?

- Non. Mais s'il y a une chose que je sais, c'est que je ne veux pas rester ici toute ma vie. Je veux
retrouver les gens que j'aime.

- Alors je ne peux que vous souhaiter de réussir.

- Merci, docteur.

- Ne me remerciez pas, tout votre travail, votre acharnement à retrouver une vie normale et vos
souvenirs, vous ne le devez qu'à vous-même. Je veux juste vous prévenir... Ce n'est pas à moi de
juger, mais votre mari n'est jamais venu en cinq ans. Alors peut-être...

- Il avait sûrement une bonne raison.

- Je l'espère. Mais dans le cas contraire, s'il a refait sa vie, ne soyez pas déçu, et refaites la vôtre.

- Je m'en sortirais, docteur.

- Je l'espère de tout cœur.


Chapter 2

S'il y avait une chose à dire sur Hiccup Horrendous Haddock, troisième du nom, c'est qu'en l'espace
de cinq ans, sa vie avait pris un tournant que personne n'avait imaginé, lui le premier. À cause du
bébé à venir, et du manque d'argent, il avait fait une croix sur ses études en fac. Ce qui, finalement,
ne le dérangeait pas plus que ça. Gueulfor lui avait donné un travail à son atelier, et il avait vite su
s’intégrer. Il démontait et remontait presque n'importe quoi en un temps-record. Et après la
première année, ça lui avait valu une sacrée réputation. Son oncle et son associé, Alvin, avaient
convenu de lui ouvrir une pièce à lui. Chacun des cinq employés avait leurs coins à eux dans
l'atelier, cachés par des étagères ou des pans de mur et le comptoir où venaient les clients était à
l'entrée de l'atelier. Le bureau de Gueulfor était situé derrière le comptoir et il y avait une pièce à
côté entre le bureau et le coin de Rustik (qui faisait la navette entre l'atelier et le garage accolé à
l'atelier) qui servait majoritairement de débarras. C'était là qu'on avait entreposé les choses que
personne n'avait réussi à réparer et que les clients refusaient de les prendre. Et quand Alvin, qui
jugeait que Gueulfor faisait du favoritisme par rapport à son neveu, avait mis au défi Hiccup de
vider la pièce, le jeune homme avait mis presque une semaine à réparer l'intégralité de ce qu'il y
avait alors que ça avait été jugé impossible. Quand Alvin vit ça, il fut obligé de lui accorder
l'espace. Et depuis, Hiccup avait sa pièce à lui. Il y entreposait tout ce qu'on venait lui apporter et
réparait absolument tout. Il avait même eu droit à une prime le jour où il avait réussi l'exploit de
reformer la guitare qu'une jeune demoiselle avait explosé contre un mur sous la colère. En millier
de morceaux (parce qu'elle s'était vraiment acharnée) il les avait collés un à un et la guitare avait de
nouveau eu l'aspect qu'elle avait le jour où elle était sortie du magasin.

Et si Hiccup aimait son travail, il n'y avait rien qu'il aimait plus que sa fille, Sophie. Avec Astrid,
ils avaient convenu que c'est lui qui s'en occuperait, et à la minute où qu'elle avait fini d'accoucher,
monsieur Hofferson, qui avait été présent tout le long, avait ordonné à la sage-femme d'emmener le
bébé loin d'eux. Hiccup avait ramené le bébé chez lui quelques jours plus tard, et Astrid s'éclipsait
souvent de la fac pour aller voir leur enfant. Il entretenait de bons rapports avec elle et elle était
même devenue sa meilleure amie. Et à force de la côtoyer, il avait fini par devenir ami avec Rustik,
Varek et les jumeaux, Kognedur et Kranedur et s'il avait toujours plus ou moins apprécié Varek, il
avait été plus que surpris quand il avait appris à connaître les trois autres.

Et aujourd'hui, un peu plus de cinq ans après le départ furieux de Jack, Hiccup avait une vie bien
rodée, entre sa fille adorée, son travail qu'il aimait et sa bande de copains. Tout était soigneusement
bien organisé. Et les quelques fois où il ne pouvait pas s'occuper de Sophie, il savait que Kozmotis
et sa baby-sitter étaient là pour prendre le relais. Tout dans sa vie allait correctement, et pour rien
au monde, il aurait voulu que ça change. Mais ce qu'il ignorait encore, c'est que d'ici quelques
mois, sa vie prendrait un sens complètement différent de celui qu'elle avait aujourd'hui, et ça
commença ce jour même.

Il était dans son atelier, à remonter l'horloge de la vieille madame Gothik, quand quinze heures
quarante-cinq sonna. Il partait toujours du travail à seize heure, pour attendre Sophie à l'école, mais
l'alarme sonnait un quart d'heure plus tôt, lui permettant de réaliser l'heure qu'il était et de mettre
tout ce qu'il avait fait dans la journée en ordre pour partir serein. Et c'est ce qu'il fit. L'horloge de
madame Gothik était remontée, et prête à partir. Alors il sortit de sa pièce et alla la poser sur le
comptoir où il invectiva son collègue qui tenait le comptoir, visiblement occupé avec un client.

- J'ai fini l'horloge de madame Gothik, tu pourras l'appeler pour lui dire de passer la prendre ?

- Oui, d'accord.
- Okay, alors j'y vais, Sophie va m'attendre.

- Euh, avant, tu pourrais prendre la télé de Monsieur ?

Hiccup regarda l'horloge. Quinze heures quarante-sept. Il avait encore huit minutes.

- Pas de soucis.

Il attrapa le téléviseur du client et l'amena dans son atelier. Il revint un instant plus tard et attrapa la
plaquette qui tenait le reçu de la télé.

- Je m'occuperais de votre télé aussi rapidement que possible, monsieur Overland, et je vous
appellerais dès qu'elle sera prête.

Il regarda le client pour la première fois pour lui sourire quand il se figea. Ce n'était...

- Jack ?

- Hiccup ?

- Mais qu'est-ce que tu fous là, d'abord ?

- Ma télé est en panne ? Et toi qu'est-ce que tu fous là ?

- Je travaille ici. Mais...

Il regarda le reçu.

- D'où tu t'appelles Overland, d'abord ?

- C'est ma mère qui a fait changer mon nom quand elle m'a repris.

Hiccup regarda son ancien amour. Depuis cinq ans, il n'avait pas vraiment changé. Il avait troqué
son éternel pull bleu contre un costume visiblement cher et il avait certainement un peu grandi,
mais il restait le même. Toujours aussi magnifique...

- Hey, intervint son collègue en coupant par la même dans ses pensées. Il est presque seize heures.

Immédiatement, Hiccup regarda la pendule. Quinze heures cinquante-trois.

- Et merde.

Hiccup planta sur place son collègue et Jack et sortit de l'atelier pour se diriger vers l'école
maternelle.

Sur le chemin qu'il faisait à pied, il se repassa la rencontre avec Jack. Il croyait qu'il avait
déménagé, pourtant. Alors qu'est-ce qu'il faisait là ? Pourquoi, parmi tous les ateliers, il avait fait
appel à eux ? Et aujourd'hui, plus personne ne faisait réparer sa télé. On appelait le service après-
vente ou on en rachetait une. Ou alors, il l'avait fait exprès ? Était-il venu exprès pour voir ce
qu'Hiccup devenait ?

Quoi qu'il en était, Hiccup se força à ne plus y penser. Il ne voulait pas retomber dedans. Plus
jamais. Il avait Sophie désormais, et c'est tout ce qu'il lui fallait. Et ça avait fait trop mal la
première fois, hors de question qu'il recommence.
Chapter 3

Une fois à l'école maternelle, Hiccup oublia la rencontre perturbante avec Jack dès qu'il aperçut sa
fille. Comme la plupart des autres enfants, elle était couverte de peinture et sa maîtresse, Anna, en
avait été aspergée, elle aussi. Comme d'habitude, Sophie sourit dès qu'elle le vit et se précipita dans
ses bras. Sans effort, il la souleva et elle s'accrocha à lui.

- Tu as été sage, à l'école ?

- Oui ! Avec la maîtresse, on a fait de la peinture.

- Oui, je vois ça.

Il se dirigea vers l'institutrice.

- Salut Anna.

- Hey ! Fit-elle en souriant. Bonjour Hiccup !

- Journée mouvementée ?

Elle soupira et lui fit un petit sourire désolé.

- Un peu. C'est la première fois qu'ils faisaient de la peinture alors ça a un peu dégénéré.

- C'est les parents qui vont être contents.

Elle grimaça.

- J'ai déjà eu deux mères qui sont venues me voir.

Hiccup rigola. Anna se mit à danser d'un pied sur l'autre.

- J'étais un peu distraite, aujourd'hui.

- Comparé aux autres jours où tu es attentive ?

Anna était une jeune femme charmante, selon lui. Agréable, le cœur sur la main, naturelle, c'était
le genre de fille dont tout le monde profitait (y compris son dernier fiancé) mais qui réussissait
toujours à se relever. Et, malgré toutes les qualités qu'elle avait, Anna avait tendance à avoir la tête
dans les nuages.

Elle lui tira la langue et lui expliqua :

- Aujourd'hui, j'avais une bonne raison.

Elle lui montra sa main gauche où trônait une bague en argent surmonté d'un petit diamant. Et il ne
s'occupait pas souvent de ses mains, mais il était quasiment sûr qu'il y a quelques jours encore, elle
ne l'avait pas.

- Il t'a demandé en mariage ?

Elle sourit.

- Hier soir !
Elle entreprit de lui expliquer comment Kristoff, son petit ami, était venu la chercher au travail,
pour ensuite l'emmener au cinéma, puis faire une balade romantique le long de la jetée, pour finir
par un repas qu'il avait préparé lui-même. Elle en était à la partie où il se mettait à genoux et où il
prenait sa main quand une mère furieuse vint les interrompre en lui demandant d'un ton méprisant
pourquoi son fils était couvert de peinture. À ce moment, Hiccup s'en alla.

Alors qu'ils étaient sur la route du retour (la joie d'habiter à cinq minutes de l'école), Sophie lui
demanda :

- Dis, papa, est-ce que ça veut dire que la maîtresse va se marier ?

- Oui, pourquoi ?

- Elle va se marier avec toi ?

Sans pouvoir s'en empêcher, Hiccup rigola.

- Non, mon poussin, pas avec moi.

- Mais avec qui, alors ?

- Avec son ami.

- Mais... C'est bien ton ami, à toi aussi, non ?

- Oui... Mais elle se marie avec quelqu'un d'autre. Un ami qu'elle aime vraiment beaucoup.

- Et est-ce que toi aussi, tu as un ami comme ça, que tu aimes vraiment beaucoup ?

Immédiatement, il se remémora la rencontre avec Jack à l'atelier.

- Non, mon cœur, il n'y a personne comme ça.

- Mais tu ne voudrais pas te marier, toi aussi ?

Il s'était arrêté et s'était penché vers elle.

- Pourquoi tu veux que je me marie ?

- Beh... La maîtresse, elle est heureuse. Et maman, elle est heureuse avec Eret. Alors si tu te
maries, tu seras aussi heureux.

Sa phrase le toucha en plein cœur. Il savait qu'il ne souriait pas forcément beaucoup, quand il ne
faisait pas attention. Il se concentrait uniquement sur son travail et sur sa fille, et ne sortait pas
souvent. De temps à autre, il sortait avec Rustik pour aller boire une bière, mais il était de retour
avant dix heures. Il ne réfléchissait pas souvent sur le fait de savoir s'il avait une belle vie ou pas,
mais il était heureux d'avoir sa fille et se disait que même s'il n'avait personne pour partager son lit,
plus de parents pour le conseiller, et très peu d'amis, ça lui convenait. Mais il semblait que Sophie
voyait les choses autrement. Et la question qui trottait dans son esprit, c'était est-ce qu'elle avait
vraiment tort ?

Mais peu importait la réponse, elle devait croire qu'il allait bien. Il avait vu l'effet qu'un parent
dépressif et malade faisait sur son enfant avec Raiponce et Gothel, et il était hors de question qu'il
reproduise la même chose avec sa fille.
- Mais je suis très heureux, Soph'.

- Mais tu souris pratiquement jamais.

- Je sais... Mais c'est comme ça. J'ai jamais beaucoup souri. Mais ça ne veut pas dire que je suis
malheureux, d'accord ? C'est juste que je ne souris pas.

- Mais pourquoi ?

Il lui sourit tendrement.

- Pourquoi est-ce que certaines personnes ont les cheveux blonds, et d'autres les cheveux noirs ?
C'est juste comme ça, mon cœur.

Il voyait bien que la réponse ne satisfaisait pas vraiment Sophie, mais c'était tout ce qu'elle devait
savoir.

Le lendemain, quand il arriva à l'atelier, Rustik fonça sur lui. Il l'attrapa par le bras et le traîna sans
plus de cérémonie dans la pièce réservée à Hiccup.

- Hé là, qu'est-ce qu'il se passe ?

- Il parait que t'as remis le couvert avec ton ex ?

- Hein ?

- Frost. Il paraît qu'il était là hier ?

Rustik lui sourit d'un air de requin affamé. Depuis qu'il fréquentait Astrid, il avait perçu Rustik, les
jumeaux et Varek sous un autre jour. Bien qu'il ait toujours plus ou moins apprécié Varek, parce
qu'il était une force tranquille, une personne qui ne cherchait pas d'embrouilles, il avait toujours eu
du mal avec les jumeaux. Et alors qu'il les avait pris pour deux crétins qui occupaient stupidement
leurs journées à se moquer des autres, il s'avérait qu'ils avaient en réalité beaucoup plus à offrir que
cela. Kranedur était doué pour la musique, bien qu'il ne le montrait jamais, et sur les
encouragements d'Hiccup et d'Astrid, il s'était lancé dans un groupe qui avait sorti leur premier
album ''The Dawn of the Dragons Racers'' il y avait quelques mois. Et étrangement, ça avait bien
marché. Kognedur, quant à elle, savait se comporter comme une véritable amie quand elle avait
suffisamment confiance pour se dévoiler. Il savait qu'il arrivait qu'Astrid l'appelle en plein milieu
de la nuit quand elle avait un souci, et Kogn répondait toujours présent. Et au fur et à mesure du
temps qui passait, Hiccup savait qu'il avait réussi à gagner sa confiance. Mais si elle était là pour
lui, lui était également là pour elle. Et Rustik, et bien... Rustik était devenu son meilleur ami, avec
Kozmotis, chose qu'il avait toujours considérée comme impossible. Ils étaient tellement différents,
tous les deux, que jamais il n'avait pensé qu'ils puissent devenir un jour amis. Mais Rustik avait
commencé à changer de comportement avec lui quand il avait appris pour son accident à la ''Mort
Verte'', pour son père et le fait qu'il prenait sur lui d'élever le bébé. Tout comme Hiccup avait
changé de comportement avec lui quand il avait appris que si Rustik se comportait comme le
dernier des abrutis depuis toujours, c'était pour échapper à l'ambiance familiale trop lourde à porter.
Son père était une figure industrielle importante et il arrivait que quand Rustik fasse des
débordements un peu trop importants, il lui faisait passer l'envie de recommencer à coup de
ceinture*. Avant la naissance de Sophie, ils avaient passé plusieurs soirées à discuter en se
découvrant mutuellement. Et bien qu'il ait toujours cru ça impossible, il avait fini par devenir ami
avec tout ce petit monde.
- Et alors ? Répondit Hiccup. Il a sa télé en panne, c'est tout.

- Genre. Ton gars, qui s'est barré en te brisant le cœur, au passage, réapparaît comme ça, ici, du
jour au lendemain, et tout ce que tu trouves à dire, c'est ''il a sa télé en panne''.

- Il y a juste rien d'autre à dire, c'est tout.

- C'est ça. Tu comptes le revoir ?

- Non.

Hiccup soupira.

- Ça c'est trop mal passé la première fois. Et j'ai Sophie, maintenant. Je ne veux personne d'autre.

- Hiccup ! Fit la voix de Gueulfor de l'autre bout du comptoir. Amènes-toi !

Hiccup le laissa et retrouva son oncle. Rustik soupira, triste pour son ami. Lui qui n'avait personne,
il trouvait ça débile que deux personnes qui s'aiment se séparent pour un truc aussi stupide. Mais
bon, qu'est-ce qu'il en savait ? Les relations, ce n'était pas son domaine de prédilection non plus...

- Qu'est-ce qu'il y a ? Demanda Hiccup en arrivant dans le bureau de Gueulfor.

- Assieds-toi.

Le neveu fronça les sourcils. Déjà que les convocations dans le bureau de son oncle étaient plutôt
rares, généralement, mais quand elles arrivaient, c'était rarement bon signe.

- T'as entendu parler de Dagur ?

- Dagur... Le milliardaire excentrique ?

- Celui-là même. Visiblement, tu lui as tapé dans l’œil, et il te veut sur un projet.

- Comment ?

- Tu te souviens de la gamine avec sa guitare explosée ? Celle que tu avais recollée comme neuve ?

- Oui.

- C'était sa nièce. Elle lui a parlé de toi, et il a visiblement... Un projet, et il voudrait que tu y
participes.

- J'ai pas mal de boulot, encore, et...

- C'est qu'il paye bien. Il paye extrêmement bien.

- Combien ?

- L'équivalent d'une année de bénéfice.

- Wow... C'est pas... C'est pas un peu trop ?

- C'est lui qui a décidé. La moitié pour toi si tu fais ce qu'il te dit, et l'autre moitié pour le magasin.
Gueulfor soupira.

- Écoute, je sais que tu as beaucoup de trucs à faire, dans ton atelier. Mais imagine ce que tu
pourras faire de cet argent, tu pourrais payer des études à Sophie, déménager, prendre une maison
plus grande, partir en vacances. C'est une somme énorme, et tu sauras toujours quoi faire de cet
argent.

Hiccup soupira. Il n'aimait pas trop laisser les objets qu'il avait en cours de réparation en plan, mais
c'est vrai que d'un côté, il y avait beaucoup d'argent. Et même si ce n'est pas un motif qui l'avait
intéressé, ça représentait quand même un argument de poids.

- Ce serait pour combien de temps ?

- Quelques semaines, d'après ce que je sais. Un mois. Deux, max.

Gueulfor le reconduisit à la porte de son bureau.

- Écoute, réfléchis-y, d'accord ? On a rendez-vous à son bureau dans trois jours.

- Okay.

Il ne mit pas plus d'une heure à se décider. Tout en continuant de réparer ce qu'il avait entreposé, il
songea que ça représentait une somme d'argent immense. Et que s'il se dépêchait, il pouvait réparer
tout ce qu'on lui avait amené avant de se consacrer totalement à ce projet. Tout en regardant la télé
que Jack avait amenée, il se dit qu'il allait commencer par là. Généralement, il réparait les objets
par ordre d'arrivée, mais il ferait une exception. Il allait la réparer immédiatement, il la poserait sur
le comptoir avec le reçu, et il ne reverrait ainsi jamais l'argenté. Il ne voulait plus le revoir.

Elle ne lui prit pas plus d'un quart d'heure. Un simple fil rebranché plus tard, et il l'amena sur le
comptoir avec le reçu. Son collègue, qui était avec une cliente, et l'invectiva.

- Hiccup, cette dame à sa télé en panne, et elle voudrait savoir quand ça serait réparé.

- Vous êtes ?

- Elsa. Elsa Lair.

Hiccup regarda la liste de ses clients relatifs aux téléviseurs.

- Je n'ai rien à votre nom.

- C'est mon fiancé qui a amené la télévision.

Elle désigna d'un léger coup de tête la télé qu'il venait d'amener, et Hiccup sentit une boule
s'installer dans son ventre.

- Et je crois que c'est celle-là.

- C'est quoi, le nom de votre fiancé ?

- Overland. Jack Overland.

Hiccup fit de son mieux pour rester calme. La fiancée de Jack. Évidemment, il savait que son
ancien amour n'allait pas rester seul et ne mènerait pas une vie de prêtre toute sa vie. Mais s'il
pouvait ne pas voir la fiancée et le couple heureux, ça le soulagerait vraiment. Du ton le plus
neutre dont il était capable, il sourit et déclara :

- La voici, en effet. Comme neuve.

''Et ça ma belle'', songea-t-il. ''Ça va te coûter cher''. Certes, ce n'était pas très professionnel de sa
part, mais il ne pouvait pas s'en empêcher.

- Je te laisse, fit son collègue avant de s'éclipser en prétextant qu'il avait du travail.

Il posa le reçu et réalisa quelque chose.

- Vous avez dit que votre nom de famille, c'est Lair. Vous connaissez Anna, la maîtresse de
maternelle ?

Le visage d'Elsa se fendit d'un doux sourire. Selon les critères de beaucoup de gens, elle était
magnifique. Grande, mince, gracile, les cheveux tellement blonds qu'ils en étaient presque trop
clairs, elle abordait un air constamment froid et distant qui ajoutait à son charme. Mais la manière
dont elle avait souri à la mention d'Anna, ça la rendait encore plus belle.

- C'est ma petite sœur.

Il se rappela que plusieurs fois, Anna lui avait parlé de sa sœur aînée, qui dirigeait la boite que sa
famille avait fondée, il y avait une cinquantaine d'années. Et même si sa fortune et son air distant
effrayaient un peu les gens, la maîtresse lui avait raconté que lorsqu'on la connaissait bien, Elsa
était douce et charmante.

- Vous la connaissez ? Reprit-elle.

- Oui, elle travaille à l'école maternelle d'à côté. De temps en temps, on se voit. Une femme
exceptionnelle et un cœur en or.

Elle fronça les sourcils, un peu sceptique.

- Vous ne seriez pas un peu amoureux d'elle, par hasard ?

Sans s'en empêcher, Hiccup explosa de rire.

- Oh non, j'ai bien assez d'une femme dans ma vie. Et de toute façon, j'ai appris qu'elle allait se
marier.

À la tête de la future mariée, il sut qu'il avait fait une boulette.

- Elle va se marier ?

- Aie... Elle ne vous a rien dit ?

- Pitiez, ne me dites pas qu'elle s'est remise avec Hans, parce que...

- Non. Non, c'est Kristoff qui lui a fait sa demande.

Elsa lâcha un soupir, soulagée.

- Tant mieux. Kristoff est... Enfin, il est toujours mieux que son dernier fiancé.

Hiccup grimaça. De ce qu'il savait d'Hans, le riche héritier à la recherche d'une riche héritière pour
faire fructifier sa fortune ; Kristoff, avec son job à l'animalerie et son énorme chien appelé Sven
qu'il trimbalait partout, était largement mieux pour la jeune femme.

- C'est certain. Et surtout, je ne vous ai rien dit.

Elle sourit compréhensive et sortit un porte-carte.

- Alors combien je vous dois ? Pour la télé ?

Hiccup soupira, en regardant le téléviseur. S'il voulait au départ lui faire payer un prix exorbitant, il
n'en était plus aussi sûr. Certes, elle allait se marier avec Jack. Mais en premier lieu, c'était de sa
faute à lui. S'il n'avait pas aussi mal fait les choses. S'il n'avait pas bu et mit Astrid enceinte. S'il
n'avait pas eu Sophie... Jack serait encore avec lui. Mais les choses avaient tourné différemment.
Même s'il ne connaissait plus le bonheur d'être aimé comme l'avait aimé Jack, il connaissait le
bonheur en tant que père, et ça valait selon lui, toutes les relations du monde. Et Elsa était une
femme charmante, et si elle était la personne qu'Anna lui avait décrite, elle ne méritait vraiment
pas sa colère. Ce n'était pas sa faute si Jack était tombé amoureux d'elle et voulait l'épouser. Hiccup
avait tout foiré et il se dit qu'il serait très hypocrite de sa part de faire payer son erreur à la blonde.

Il sourit à Elsa.

- Pour la sœur d'Anna, c'est la maison qui offre.

Elle sembla surprise.

- Vous êtes sûr ?

- Oui. Et vous aurez probablement plein de frais à payer avec le mariage qui arrive. Alors c'est
cadeau.

Il ignora ce qu'il avait pu dire pour la mettre de travers, mais le visage de la blonde se ferma et en
une demie seconde, elle eut l'air énervée. Mais aussi soudainement que c'était apparu, elle reprit un
visage neutre et se força à sourire.

- Je vous remercie.

Il lui sourit et l'aida à porter la télé dans la voiture. Elle le remercia une fois de plus et monta dans
la voiture. Il rentra dans l'atelier et elle sortit son téléphone.

- Jack, c'est moi. Oui. Tu peux oublier, ce n'est plus la peine.


Chapter 4

Trois jours plus tard, Hiccup, Gueulfor et Alvin étaient dans le bureau de Dagur, en train de
l'écouter parler tout seul.

L'atelier avait été acheté au départ par Gueulfor et Alvin. Puis, suite à un désaccord qui avait
également concerné Stoïk, Alvin avait cessé de venir à l'atelier. Il restait chez lui et débarquait dès
qu'il y avait un écart dans les livres de comptes ou qu'une décision prise ne lui plaisait pas. Selon
Hiccup, c'était un personnage antipathique, pas vraiment aimable et un peu effrayant. Son père lui
avait dit de toujours se méfier d'Alvin. Il savait qu'à l'époque du lycée, son père et lui avaient été
amis, et il ignorait ce qui avait pu les séparer, mais la parole de son père était suffisante pour
Hiccup. Il se méfiait d'Alvin comme de la peste et Alvin lui rendait bien.

Dagur, quant à lui, la réputation de milliardaire excentrique qu'il se traînait n'était absolument pas
exagérée. Pour faire bonne impression, Hiccup, Gueulfor et Alvin avaient décidé de venir une
demi-heure en avance. Et malheureusement pour eux, Dagur les avait fait venir dans son bureau
dès leur arrivée. Et pendant une demi-heure, ils l'écoutèrent raconter sa vie. Sa première fois avec
une prostituée colombienne, son chien mort qu'il avait fait empailler, la fois où il avait fait de la
moto sur le canapé de son ancienne amie... Et il parlait tout seul. Il avait fait asseoir les trois
hommes autour de la table immense et, se faisant les questions et les réponses tout seul, il
contemplait la ville depuis l'immense vitre qui faisait le long de son bureau. Il était en train de
raconter les raisons pour lesquelles il avait acheté sa maison actuelle quand sa secrétaire
l’interrompit en le prévenant que les représentants de Santoff Claussen étaient arrivés.

- Très bien, faites les entrer.

Dos à la porte, Hiccup sursauta et sortit de son état légèrement somnolant quand Gueulfor lui
donna un petit coup dans les côtes pour le réveiller. Il vit passer les trois représentants de l'industrie
qui allèrent successivement serrer la main de Dagur. Le premier était le plus grand des trois. Il
devait facilement atteindre les deux mètres quinze et était bâti comme une armoire à glace. Hiccup
se fit la réflexion que si jamais son entreprise coulait, il pourrait facilement se reconvertir en vigile.
Il avait attaché ses longs cheveux argentés en catogan, contrairement au deuxième qui avait les
cheveux nettement plus courts et un peu plus foncés. Ses mèches poivre et sel partaient en pique à
l'arrière sa tête et si c'était une coiffure peu formelle, ça se mariait néanmoins correctement avec le
costume presque noir qu'il portait. Le troisième était le plus petit des trois. Il avait un costume bleu
nuit, et ses cheveux blancs avaient été plaqués en arrière avec du gel. Chacun leurs tours, ils
serrèrent la main de Dagur qui les invita à s'asseoir à l'immense table. Et quand ils se retournèrent,
le cœur d'Hiccup manqua un battement. Pourquoi, parmi toutes les entreprises de jouets du monde,
il avait fallu qu'il tombe sur celle de North, Bunny et Jack ? Puis il réalisa qu'il avait déjà entendu
le nom de Santoff Claussen quelque part. C'était le nom du village d'origine de North, en Russie,
qui s'était fait détruire par la guerre, et North avait toujours dit que s'il montait une entreprise un
jour, elle porterait ce nom.

- J'y crois pas, grogna Bunny. Mais qu'est-ce que tu fous là, Haddock ?

- Probablement la même chose que toi, Bunnymund.

- Oh, vous vous connaissez ? Demanda Dagur.

- On s'est connus au lycée, expliqua North.

Il mit sa main sur l'épaule de son ami pour le calmer. Bunny se détourna d'Hiccup et s'installa en ne
cessant de le fusiller du regard. Dagur s'installa au bout de la table et ouvrit son ordinateur.

Il entreprit de leur expliquer son projet de jouet. Il expliqua qu'il avait six neveux qu'il adorait et à
qui il voulait offrir le plus beau cadeau de tous les temps. Son entreprise à lui était dans
l'alimentaire, il avait fait appel à Santoff Claussen qui, en cinq ans était devenu une multinationale
reconnue. Les jouets Santoff Claussen se vendaient partout à travers le monde. Conformément à la
demande de Dagur, North avait amené plusieurs croquis de jouets pas encore à paraître pour qu'il
fasse son choix parmi les différents modèles.

Puis le milliardaire expliqua qu'il voulait que ce soit Hiccup, malgré tous les ingénieurs de sa
compagnie de jouet, qui les assemble.

- Si je puis me permettre, intervint Bunny. Pourquoi lui ? Pourquoi spécialement lui ?

- Si vous aviez vu la guitare de ma nièce qu'il a remontée, répondit Dagur en embrassant le bout de
ses doigts joints. Un chef-d’œuvre !

- Et qu'est-ce qui vous dit qu'il n'a pas acheté la même ?

- Il y avait un autographe de Georges Harrison dessus, contra Hiccup.

- Et alors ?

- Étant donné que ça doit faire près de quinze ans qu'il est mort, j'aurais eu du mal à avoir son
autographe...

- J'ai toute confiance dans le travail de monsieur Haddock. Pas dans celui de mes ingénieurs, parce
que je ne peux pas décemment croire quelqu'un qui travaille pour moi contre de l'argent. Qu'est-ce
qui me dit que certains de mes employés ne sont pas là pour m'espionner ? Je veux que ces jouets
soient uniques. Je ne veux que personne d'autre que mes neveux ne les voient. C'est pour ça que je
veux que ce soit monsieur Haddock qui les monte.

Hiccup toussa.

- Vous avez compris que je travaille aussi pour vous à cause de l'argent, du coup ?

Dagur eut un rire un peu terrifiant et Hiccup regretta d'avoir posé sa question.

- Votre réputation vous précède, vous savez, commenta Dagur. Je sais que vous faites votre travail
parce que vous aimez ça, pas à cause de l'argent. Et c'est vraiment une façon de faire remarquable.
Et je sais que votre travail est impressionnant en plus d'être exemplaire. J'ai toute confiance en
vous.

Hiccup trouvait encore beaucoup d'incohérences dans son raisonnement, mais s'abstint de tout
commentaire.

- Vous pouvez, poursuivit Alvin. Haccup a souvent montré ses talents de mécanicien, et si
quelqu'un peut vous les monter, c'est bien lui.

Hiccup se pencha légèrement vers Alvin et chuchota.

- Tu sais que je m'appelle Hiccup et pas Haccup ?

- J'm'en fous.

- Visiblement, sourit Bunny, t'es toujours aussi incapable de te faire apprécier. Ça fait plaisir de
voir que certaines choses ne changent pas.

- Et si tu t'enfonçais une carotte là où je pense, hum ?

Bunny se leva et Hiccup en fit de même. Dagur fut le premier à réagir. Il appuya sur l'interphone :

- Janine ? Vous pouvez monter du pop corn ? On va avoir droit à une baston en direct.

Alors qu'ils allaient en venir aux poings, North et Gueulfor se levèrent à leur tour et éloignèrent les
deux hommes.

- Je crois qu'on va y aller, déclara North.

- Ouais, fit Gueulfor, nous aussi.

Bunny se dégagea de la poigne de son ami, et après un dernier regard noir envers Hiccup, il sortit
de la pièce, suivi par North et Jack, qui serrèrent la main de Dagur en disant qu'ils attendaient son
appel. Hiccup, Alvin et Gueulfor sortirent à leur suite, et dès qu'ils franchirent la porte, Hiccup vit
que Bunny l'attendait. Il dit à son oncle et à Alvin de descendre et qu'il les rejoindrait un peu plus
tard. Ils se dirigèrent vers l'ascenseur et Hiccup alla voir Bunny.

- Je peux savoir ce que c'est, ton problème ?

- Mon problème, c'est toi !

Bunny le poussa.

- Si jamais je te revois, je te bute !

- Genre. Arrête, j'ai trop peur.

- Si jamais je te revois trop près de Jack, je te jure que je te fais la peau !

- C'est marrant, je croyais que c'est avec Elsa qu'il allait se marier, pas avec toi...

- Fermes là, Haddock !

- Eh, je te rappelle que c'est lui qui est parti !

- Évidemment, qui ne partirait pas après qu'il prenne son mec sur le fait avec une autre ?

Hiccup soupira. Surtout ne pas le frapper. Il devait faire bonne figure et éviter un scandale.

- Et si tu te mêlais de ce qui te regarde, hein ?

- Ça me regarde puisque c'est mon meilleur ami que tu as blessé !

- Ouais, et c'est mon cœur qu'il a brisé. Et je m'en suis remis. Et visiblement lui aussi, puisqu'il se
marie. Alors viens pas me jouer le couplet du pauvre gars qui a arrêté de vivre depuis cinq ans.

Bunny voulut répliquer mais le téléphone d'Hiccup se fit entendre. Le concerné décrocha.

- Allô ?

- "Hiccup ?"

- Oui ?
- "Tu as vu l'heure ?"

- Non ?

- "Sophie t'a attendu pendant un quart d'heure."

Hiccup soupira.

- J'ai pas fait attention. Je suis en réunion, celle dont je t'ai parlé. Tu peux t'en occuper s'il te plaît ?

- "Je la ramène et je la fais goûter ?"

- Oui. Merci, Kozmotis.

- "Pas de quoi. Mais tu me dois une faveur."

- Comme toujours.

Hiccup raccrocha et se tourna vers l'ascenseur, prêt à s'en aller quand Bunny l'attrapa par le bras.

- Dis-moi que j'ai mal entendu. Kozmotis ? Comme dans Kozmotis Pitch connard Black ? T'es pote
avec lui ? Après ce qu'il t'a fait ? Mais qu'est-ce qui ne va pas bien chez toi ?

Hiccup fronça les sourcils.

- Occupe-toi de ton cul. Salut.

Sans répondre aux insultes, Hiccup prit l'ascenseur et rejoignit son oncle et Alvin.
Chapter 5

Quand Hiccup rentra après la rencontre houleuse chez Dagur, il s’affala sur le canapé. Il soupira,
comme s'il portait le monde sur lui et Pitch vint le voir.

- Ça a été dur ?

- Tu devineras jamais avec qui je vais travailler.

- Qui ça ?

- Santoff Claussen.

- Qui-est-ce ?

- L'entreprise qu'a fondée North. Avec Bunny et Jack.

- Oh.

- Comme tu dis. Je comprends mieux pourquoi c'est aussi bien payé.

- Tu crois que Dagur a fait exprès de te payer aussi bien ?

- Il ne savait pas qu'on se connaissait... Il a vraiment une case en moins, ce type. Tu sais pourquoi il
a acheté sa maison ? Parce qu'il y a eu un triple meurtre à l'intérieur. Quand son chien est mort, il
l'a fait empailler, et uniquement parce que ses parents ne voulaient pas qu'il l'empaille quand il était
encore vivant...

- Charmant.

- Il a passé une demi-heure à nous raconter sa vie...

- On devrait le présenter aux jumeaux, ils seraient ravis.

- Autant éviter la catastrophe. Ils seraient capables de se faire une partie de Resident Evil en pleine
rue.

- Et alors ? Il n'y a aucun zombie.

- Ouais, et s'il n'y a pas de zombie, ils vont prendre qui pour cible, à ton avis ?

Pitch grimaça en imaginant le massacre.

- Aie...

- Comme tu dis.

Il soupira et se passa la main sur le visage.

- Ça a été si éprouvant ?

- Une catastrophe. On a failli s'arracher la tête avec Bunny. J'avais oublié à quel point il pouvait
être une tête de con...

- Et Frost ? Il a dit quelque chose ?


- Pas un mot. Il ne m'a même pas regardé...

- Et... C'est une bonne chose ?

Hiccup soupira, songeur.

- Honnêtement, je ne sais pas. J'aurais aimé qu'il dise quelque chose.

- Comme quoi ?

- Je n'en sais rien. Juste quelque chose. Mais c'était à peine s'il faisait attention à moi...

Il souffla, essayant de sortir ce rendez-vous surréaliste de la tête.

- Et Sophie ? Finit-il par demander.

- Un amour, comme d'habitude.

Pitch sourit doucement et Hiccup l'imita. Sophie avait l'art et la manière de faire sourire son ami
d'une manière dont personne, pas même Hiccup, n'était arrivé jusque-là. Il adorait sa fille, c'était
une évidence. Et depuis cinq ans, maintenant, Hiccup savait parfaitement ce que cachait
l’apparence froide et inquiétante de son ami et il était plus que content de lui confier sa fille. Il
savait qu'il pourrait toujours compter sur lui.

Une semaine plus tard, Dagur avait rappelé en disant qu'il avait fait un choix et ils les avaient
convoqués trois jours plus tard. S'attendant certainement à un autre débordement, Dagur avait
directement fait monter le pop-corn mais Hiccup, et visiblement Bunny aussi, avaient pris sur eux
de se retenir. L'entrevue se passa dans la plus grande cordialité et Dagur leur expliqua qu'il avait
porté son choix sur des prototypes de dragons que North n'avait pas encore l'intention de
commercialiser. Il y avait en tout cinq dragons et le matériel nécessaire pour les monter serait livré
à Hiccup dans les prochains jours.

- Et je ne veux pas qu'un de mes concurrents tombe dessus, donc je vous serai gré de bien vouloir
les garder loin de la vue de tous.

- Ils seront sous clé dans mon garage.

- Fort bien. Et un de ces messieurs ici présents va vous assister.

Son regard se porta sur Santoff Claussen. North et les deux autres se regardèrent.

- J'y vais pas ou je vais le buter, déclara Bunny à voix basse.

- J'ai beaucoup trop de travail pour me permettre de rester toute la journée là-bas, continua North.

Les deux regardèrent l'argenté.

- Sérieux, les gars, fit Jack, vous allez pas me faire ça ?

- Jack, fit North, tu connais ces prototypes mieux que personne, c'est toi-même qui as lancé l'idée.

- Oui... Mais je peux pas travailler avec lui !

- C'est juste l'affaire de quelques semaines.


- Et s'il t’ennuie, ajouta Bunny, appelle-moi, et je lui règle son compte.

Hiccup ne put s’empêcher d’émettre un petit ricanement, ce qui lui attira un regard noir de la part
des membres de Santoff Claussen.

- Désolé, s'excusa-t-il sans en penser un mot.

- Jack assistera Hiccup, déclara North, neutre.

- C'est parfait. Eh bien, messieurs, continua Dagur, je pense qu'on en a fini. À moins que l'un
d'entre vous veuille se battre ? On ne va quand même pas gâcher le pop-corn ?

Trois jours plus tard, le matériel avec en bonus Jack lui fut livré sur le pas de sa porte. À deux, ils
transportèrent le tout dans le garage et Jack commença à lui expliquer les plans. Hiccup passa sous
silence le fait que les dragons ressemblaient étrangement à ceux qu'il avait peints durant sa période
de rééducation et qui trônaient sur les murs de son salon. Mais même s'il ne disait rien, ça lui
faisait plaisir que des professionnels comme eux utilisent des croquis d'un amateur comme lui,
même si c'était probablement Bunny qui les avait dessinés. Sur les coups de midi, ils firent une
pause et déjeunèrent. Là encore, aucun mot plus haut que l'autre ne fut échangé et ils reprirent la
conception des jouets.

Puis ça avait dérapé.

- Au fait, demanda Jack sur le ton le plus neutre possible. Comment va Astrid ?

- Bien. Elle a presque fini ses études. L'année prochaine, elle part faire le tour du monde.

- Ah. Et tu vas partir avec elle ?

- Non, elle part avec Eret, son copain.

- Ah. Alors si ce n'est pas avec elle que tu es, ça doit être avec Sophie ?

Hiccup posa calmement ce qu'il tenait.

- Laisse-la en dehors de ça, tu veux ?

- Pourquoi ? Cracha Jack, visiblement énervé. Parce que tu t'es enfin trouvé une nana qui te
supporte ?

Sans s'en empêcher, Hiccup lui décrocha un coup de poing. Quoi qu'il se soit passé avec Jack
autrefois, il ne le laisserait pas parler de son bébé comme ça. Mais Jack ne perdit pas de temps, et il
lui rendit son coup. Puis un autre. Et encore un autre. Ils se mirent à se battre avec férocité. Et dans
la mêlée, un baiser partit. Puis un autre. Bientôt, au lieu de se battre, ils s'embrassaient comme s'il
n'y avait pas de lendemain. Sur le sol du garage d'Hiccup, ils s'enlaçaient comme s'ils ne s'étaient
jamais quittés.

Puis finalement, quand Jack se frotta un peu trop à lui, Hiccup s'écarta. D'une part, parce que ce
qu'ils faisaient n'était pas forcément la plus brillante des idées, mais d'autre part parce qu'il n'était
pas sûr de se contenir davantage si l'érection dans son pantalon grandissait.

Brutalement, il se releva, stoppant tout contact avec Jack.

- Dégage, déclara-t-il. Je ne veux plus te voir.


Il l'attrapa par le bras et le souleva sans difficulté. Durant cinq ans de travail à l'atelier, Hiccup
s'était bien développé. Il dépassait maintenant Jack d'une tête et il avait un tour d'épaule deux fois
plus large que le sien. Sans compter les nombreuses heures à soulever du matériel dans l'atelier.
Jack, probablement assis derrière un bureau depuis cinq ans, ne faisait pas le poids.

- Mais Dagur...

- Je me débrouillerais.

Il l'amena sur le pas de sa porte et l'ouvrit. Et alors qu'il s’appétait à jeter son ex dehors, une femme
se tenait sur le palier. D'un certain âge, elle avait les cheveux qui partaient dans tous les sens et des
vêtements qui avaient certainement connu des jours meilleurs. Tenant toujours Jack par le bras, il
demanda :

- Je peux vous aider ?

- Peut-être, lui répondit-elle d'une voix douce. Je cherche la maison de quelqu'un, mais j'ai... J'ai
quelques petits trous de mémoire, et je ne me souviens plus trop laquelle c'est.

- Qui est-ce que vous cherchez ?

- Stoïk. Haddock.

Hiccup relâcha un peu la prise sur le bras de l'argenté, perturbé. Ça faisait presque six ans que son
père était mort. Tout le monde était au courant.

- Il... Je suis désolé de vous l'annoncer, mais il est mort. Il y a un peu plus de cinq ans.

- Oh.

La nouvelle sembla éteindre la femme devant lui. Ses épaules se relâchèrent, son visage perdit le
peu d'éclat qu'il avait, et Hiccup avait l'impression que cette nouvelle était l’équivalent de la fin du
monde à ses yeux. Sans compter qu'elle lui disait vaguement quelque chose.

- Excusez-moi, mais... Qui êtes-vous ?

- Je suis...

Puis elle se stoppa. Elle fixa la fine cicatrice qu'il avait sur le menton. Blessure de guerre. Contre
un toboggan. Et c'était le toboggan qui avait gagné.

- Hiccup ?

- Euh... Oui ?

Soudain, le visage de la femme s'illumina, comme si on venait de lui annoncer que Noël avait été
avancé cette année. Elle mit ses mains sur les joues du brun en soufflant de bonheur.

- Mon Dieu, ce que tu as grandi !

Hiccup s'écarta.

- Euh... Excusez-moi, on se connaît ?

La femme sourit tristement.


- Bien sûr, tu étais très jeune quand ça s'est produit...

- Qui êtes-vous ?

Elle sourit tristement.

- Tu n'étais qu'un enfant, et j'avais espéré que tu ne m'oublies pas. Parce qu'une mère, elle, n'oublie
jamais.

Les yeux d'Hiccup s’écarquillèrent. Les cheveux roux, les yeux verts. Ce visage, qui malgré les
années lui disait indéniablement quelque chose. Il jeta un coup d’œil à la photo qu'il avait laissée à
côté de la porte d’entrée, sur laquelle il y avait ses parents et lui. Puis, il regarda le visage de la
femme et sut. Sut que quelque chose d'impossible s'était produit.

Devant lui se tenait Valhallarama ''Valka'' Haddock. Sa mère déclarée morte il y avait vingt ans.
Chapter 6

Hiccup resta peut-être une ou deux minutes à essayer d'enregistrer la nouvelle. Comment sa mère,
déclarée morte, il y avait si longtemps, pouvait se tenir sur le pas de sa porte ? Et pourquoi n'avait-
elle jamais donné de nouvelles ?

- Que... Comment...

Valhallarama eut l'air un peu égarée.

- C'est une longue histoire. Est-ce que je peux entrer ?

Sans pouvoir dire un mot, Hiccup s'écarta et laissa sa mère entrer. Il referma la porte derrière elle,
oubliant complètement Jack qui était encore là.

- Mais... Ils ont dit que tu étais morte ! Que tu avais eu un accident et que ta voiture... Je croyais
que tu étais morte !

Valhallarama soupira tristement.

- J'ai eu un accident, c'est vrai. Il avait plu et j'ai... J'ai perdu le contrôle de la voiture. Je suis rentré
dans un arbre. Et...

Elle soupira. Elle avait beau avoir répété ça des dizaines de fois avec son psychiatre, elle avait
toujours autant de mal à le dire.

- J'étais sonné, je m'étais cogné la tête, et j'étais un peu perdue, j'ai... J'ai pas fait attention. Il n'y
avait rien aux alentours de l'endroit où j'étais. Et je me suis dit que si je traversais la forêt, je
pourrais arriver de l'autre côté, pour essayer de trouver quelqu'un.

- Comment tu as fait pour traverser le fleuve ?

- J'ai... Je l'avais oublié. C'est quand je l'ai vu que je me suis rappelé qu'il y avait ce maudit fleuve
dans cette satanée forêt. J'ai voulu faire demi-tour, mais j'ai glissé... Il pleuvait tellement... J'ai
glissé dans l'eau, et j'ai flotté sur plusieurs kilomètres... J'ai fini par échouer à Leadworth.

- Mais... C'est la ville d'à côté ! Comment est-ce que personne n'a pu...

- Si on m'a déclarée morte, ce n'est pas étonnant. Personne ne met d'avis de recherche pour les
personnes décédées.

Hiccup soupira. Ça faisait beaucoup trop d'informations pour lui. Sa mère, qu'il avait perdue quand
il avait quatre ans, revenait soudainement à la vie et ça chamboulait tout ce qu'il avait cru jusque-
là.

- Mon dieu, mais qu'est-ce que Papa aurait dit s'il avait su...

Le regard de Valhallarama devint infiniment triste.

- Comment est-ce que ton père... Comment est-ce arrivé ?

- Un accident de voiture. Il... Il a eu... Un accident de voiture... Il est mort sur le coup.

Comme si elle avait soudainement froid, sa mère se passa la main sur les épaules pour les frotter.
- Ça va ?

- Oui... Les médecins m'avaient dit... Que la vie que j'avais ne pourrait jamais être retrouvée, que
certaines personnes que j'avais connues ne pourraient peut-être plus être là. J'avais imaginé tout le
monde sauf Stoïk...

Il la prit dans ses bras, incapable de savoir quoi dire. Elle renifla un peu, refoulant ses larmes et
soupira un bon coup.

- Enfin bref. Qui est ton ami ?

Hiccup fronça les sourcils. Avec ça, il avait complètement oublié Jack.

- Jack. Un gars avec qui je bosse pour l'instant.

- Qu'est-ce que tu fais pour gagner ta vie ?

- Je travaille avec Gueulfor, dans son atelier. Je répare des trucs toute la journée.

- Et tu aimes ça ?

- Ce n'était pas vraiment ce que je voulais faire, au départ, mais ça me plaît. J'ai des horaires
stables, et ça me permet de...

Instinctivement, il regarda l'heure. Quinze heures quarante-sept.

- Et merde !

Il se leva et attrapa sa veste.

- Un problème ?

- Je dois aller chercher Sophie à l'école ! Avec... J'ai complètement oublié !

- Qui est Sophie ? Demanda sa mère.

- Err... Ma fille.

- Tu... Tu as une fille ? Tu as quelqu'un dans ta vie ?

- Non, répondit-il en attrapant les clés de sa voiture. Il y a juste Sophie et moi.

- Où est sa mère ?

- J'ai pas vraiment le temps de t'en parler maintenant, mais je te promets de tout te raconter dès que
je reviens. Reste ici, fais comme chez toi, la chambre de Papa est toujours prête.

Il enlaça sa mère.

- Je suis tellement content que tu sois là.

Il l'embrassa sur la joue et elle sourit.

- À tout de suite.

Il attrapa le bras de Jack et sortit de la maison.


- On se voit demain, pour le début du montage, okay ?

- Euh, ouais...

Hiccup commença à partir quand Jack lui attrapa le bras.

- Quoi ?

- Tu as une fille ?

- Quoi ? C'est pas pour ça que tu m'as quitté ?

- Non, je t'ai quitté parce que je pensais que tu te tapais Astrid dans mon dos.

Hiccup fut choqué. C'était quoi cette histoire ?

- J'ai jamais couché avec Astrid ! Mis à part... La seule fois où je l'ai fait...

Jack soupira et se passa la main dans les cheveux.

- Pourquoi t'as fait ça ? Pourquoi tu nous as fait ça ?

C'était pas vraiment le genre de discussion qu'il voulait avoir maintenant. Mais c'était une
discussion qu'ils auraient dû avoir il y avait cinq ans, alors mieux valait tard que jamais.

- J'étais trop bourré, voilà pourquoi.

- Pourquoi t'as autant bu ?

- C'est quand... Quand je venais de perdre mon père...

Il soupira.

- J'ai pas pensé... J'ai juste pris une cuite, et je me suis réveillé au pieu avec Astrid. Je ne pensais
pas que ça irait plus loin, mais elle était enceinte... Alors j'ai assumé.

- C'est juste arrivé parce que tu étais bourré...

- Tu crois vraiment que j'aurais perdu l'homme de ma vie en étant sobre ?

Il sut que ses mots frappèrent Jack en plein cœur quand il vit sa réaction.

- Écoute, reprit-il, il faut vraiment que j'y aille. On parlera de ça une prochaine fois, okay ?

- Okay, juste...

Jack soupira et Hiccup vit qu'il était en plein débat avec lui-même.

- Quoi ?

- Okay, je sais que tu vas me détester, mais...

L'argenté l'attrapa par le col de sa veste et l'attira à lui pour l'embrasser. Hiccup, bien que surpris au
début, se retrouva à y répondre sans y réfléchir.

- On devrait arrêter... Murmura Hiccup contre ses lèvres.


- Mouais, répondit Jack en continuant de l'embrasser. Dans une seconde...

Hiccup glissa sa main contre sa joue et après de longues secondes, il se força à arrêter le baiser.

- Faut vraiment que j'y aille. Mais ça aussi, on en parlera demain.

Jack hocha la tête puis l'embrassa une dernière fois. Et quand il allait s'écarter, Hiccup l'attira à lui
pour l'embrasser encore une fois.

- Tu devais pas y aller ?

- Si... Dans une seconde, murmura Hiccup en continuant de l'embrasser.

Puis, prenant sur lui, il s'écarta.

- Cette fois-ci, j'y vais vraiment.

Jack lui sourit et caressa sa joue avec son pouce.

- À demain.

Il posa un baiser sur sa joue et s'écarta. Hiccup le regarda s'éloigner avec un pincement au cœur,
puis se rappela de pourquoi il était l'allée de sa maison. Il monta dans la voiture et alla chercher sa
fille à l'école en essayant d'oublier l'effet que Jack avait sur lui, même cinq ans après.

Hiccup ne pensait pas que sa journée aurait pu être plus étrange que ça. Mais oh combien il avait
tort.

Il avait été chercher Sophie à l'école, puis il entreprit de lui raconter que sa grand-mère, dont il ne
lui avait jamais parlé avant, était revenue. Ils étaient rentrés tranquillement pour découvrir que
Valhallarama avait préparé un quatre-heures pour Sophie. Jusque-là, ça allait, vraiment. Hiccup les
observait se découvrir avec un sourire. Puis on avait frappé à la porte, et c'est là que ça devint
encore plus bizarre.

- Oui... Rustik ?

- Mec, faut vraiment que je te parle, dit son ami en rentrant dans la maison.

- Mais, fait comme chez toi, marmonna Hiccup en le voyant entrer sans demander la permission.

Il referma la porte et se retourna vers son ami.

- Qu'est-ce qu'il se passe ?

- J'ai rencontré une meuf... Tu le croirais pas.

- Je les connais, tes nanas, d'habitude... Attends, ça veut dire que tu ne vois plus Kognedur ?

- Nah, elle a choisi Varek. T'façon je m'en fous, je comptais pas passer ma vie avec. Mais elle...
Elle !

- Et ben ?

- Un ange. Elle est...


Il s'affala sur le canapé en soufflant.

- Elle est magnifique... Tellement belle est... Au départ, je ne pensais pas que... Je veux dire, les
meufs comme ça, ça s'intéresse pas aux mecs comme moi. C'est plus... Les meufs comme Kogn qui
s'intéressent à moi... Mais elle... Elle est venue au garage, il y a deux semaines, elle avait sa
bagnole en panne. C'était rien, juste un truc à resserrer. Mais elle... J'pensais qu'elle m'aurait juste
dit merci et qu'elle se serait barrée, mais elle a vu l'affiche des 'Dragons' Riders' que j'ai affiché à
mon poste, et on a commencé à en parler. Elle m'a dit qu'elle adorait leur musique, et je lui ai dit
que je connaissais Kranedur, et que si elle voulait, je pouvais lui obtenir des places gratos. Bon, sur
le coup, j'ai un peu foiré, parce qu'elle a fait la gueule en disant qu'elle pouvait se les payer. Alors
je lui ai dit ''Moi, j'dis ça, c'est pour vous, je peux vous y faire entrer gratos. Après si vous voulez
vraiment les payer, les places, vous avez qu'à revenir dès que votre voiture a encore un blème, et
on sera quitte''. Et, je sais pas pourquoi, mais ça l'a fait rire. Et elle a accepté. J'ai appelé Krane en
lui disant de la faire rentrer à son concert. Et aujourd'hui, la voilà pas qui se repointe au garage, et
qui me remercie. Elle y a été avec une copine à elle, je crois, je sais plus. Et elle a trouvé ça
génial ! Vu que c'était presque l'heure de la pause, on a mangé ensemble, et... Franchement, je ne
pensais pas que je lui plaisais. Mais franchement, c'est forcé que je lui plais, elle a rigolé pour
l'histoire du sixième orteil de Krane ! Qui rigole pour ce genre de truc, hein ?

Il s’affala sur le canapé heureux et Hiccup ne savait pas vraiment quoi dire. Il aimait Rustik
comme son frère, et il savait que le narcissisme du garagiste cachait un profond mal-être. Mais là,
il semblait avoir eu vraiment l'impression de lui plaire. Et franchement, si cette fille était aussi belle
et aussi extraordinaire que ça, il voyait mal ce qu'elle pouvait trouver à un gars comme Rustik.
C'était pas vraiment le genre à sortir avec des tops modèles. Généralement, il sortait davantage
avec des filles un peu garçon manqué sur les bords, du genre de Kognedur. Pas avec des femmes
classes qui rigolaient pour des histoires de sixièmes orteils.
Chapter 7

Finalement, le travail forcé avec Jack se passa plutôt bien. Ils restaient professionnels, et faisaient
en sorte de ne jamais se toucher. Et même si parfois Hiccup le regrettait un peu, il se disait que
c'était pour le mieux. Qu'ils devaient rester loin de l'un de l'autre. ''Qu'importe ce que je peux
ressentir'', se disait Hiccup, ''J'ai Sophie et je ne dois pas penser à autre chose. La première fois, ça
lui avait fait trop mal. Et vu le dérapage du premier jour, c'était préférable que Jack et lui se
tiennent aussi loin que possible l'un de l'autre. Mais voilà, Hiccup ne pouvait s'empêcher de le
regretter. De regretter le contact de la peau glacée sur la sienne. Il faisait ce qu'il pouvait pour
garder l'esprit clair, mais ça faisait tellement longtemps qu'il ne l'avait pas touché. Qu'il n'avait
touché personne. Et même s'il voulait le contraire, ça lui pesait. Et depuis presque deux semaines,
il était déchiré entre son envie d'en vouloir plus, et sa raison qui lui hurlait de ne pas s'en
approcher.

Puis un jour, ils finirent un prototype. Un grand dragon rouge et noir, assez long, conçu pour
supporter l'un des neveux les plus larges de Dagur. Et lorsque Hiccup resserra le dernier boulon, il
soupira.

- Et d'un.

- Plus que quatre, ajouta Jack.

- Ouais.

- On fait lequel, derrière ?

- Si ça t'ennuie pas, on verra ça demain. Là, j'en ai marre.

- Pas de problème.

Jack lui tendit la main et Hiccup l'attrapa pour se lever. Une fois sur ses pieds, il posa sa clé à
molette et alla se laver les mains.

- T'es couvert de saloperies, commenta Jack.

- Ouais, faut que j'aille prendre une douche.

Hiccup s’essuya les mains et il tendit une main à Jack.

- On se voit demain, alors ?

- Ouais, ou...

Jack regarda sa main et ne la serra pas.

- Quoi ? Fit Hiccup en haussant un sourcil.

- Disons que je me disais... Vu qu'on en a fini un...

- Oui ?

- On pourrait aller fêter ça ?

- Tu fais encore la fête dès que tu fais un truc ?


- Non, bien sûr. Ce serait immature de ma part, répondit Jack.

Mais le faux air sérieux de Jack ne trompait pas Hiccup. Il eut un sourire en coin, amusé.

- Mais on pourrait aller boire une bière, reprit Jack.

- Quoi, tous les deux ?

- Pourquoi pas ?

Hiccup haussa les épaules. Il n'y avait rien de mal à prendre une bière. Juste une et il rentrerait
derrière.

- Okay. Laisse-moi prendre une douche, et j'arrive.

- Je t'attends dans le salon.

Hiccup remonta dans sa chambre et se déshabilla. Il prit une douche rapide, et se sécha
sommairement avant de se rhabiller. Il entreprit de se coiffer, et alors qu'il se regardait dans le
miroir, il soupira.

Il avait l'impression de se retrouver cinq ans en arrière, quand il se préparait à passer la soirée avec
son petit ami. Après sa fugue de chez sa mère, Jack avait vécu chez les Bunnymund. Et souvent, il
était venu chez lui le week-end pour qu'ils le passent ensemble. Et à ce moment, alors Hiccup se
préparait à sortir boire une bière, il ressentait la même excitation qu'il ressentait à ce moment-là, le
vendredi soir, quand il sortait avec son amoureux. Hiccup savait qu'il ne devait pas se laisser aller
et garder les pieds sur terre, mais il ne pouvait pas s'en empêcher de sentir son cœur se serrer
agréablement.

Il redescendit et trouva Jack dans son salon, à regarder ses peintures. Il s'approcha de lui et Jack
soupira.

- Qu'est-ce que je peux aimer tes dessins...

- Oui, j'imagine, sinon, tu ne me les aurais pas piqués pour les proposer à Dagur.

Jack rougit.

- C'est pas... C'est pas ce que tu crois ?

Hiccup croisa les bras, l'air faussement courroucé, et Jack le regarda.

- Alors c'est quoi ?

- Quand on venait ici, Bunny... Il adore la peinture, et il aimait bien certaines de tes œuvres. Et
quand... On a arrêté de venir, il a recopié certaines de tes peintures, en croquis, pour ne pas oublier.
Je sais que ça lui arrive de s'inspirer des autres pour ses dessins, des fois. Et il conserve tous ces
dessins dans un grand dossier, qui traîne souvent sur le bureau de North parce qu'il s'en sert pour
créer les jouets. Mais quand Dagur nous a contactés pour avoir un carnet de croquis de jouets à
paraître, North a donné le mauvais.

Hiccup haussa les épaules et sourit.

- C'est pour ça que les plans sont aussi bancals ?

- Quand on a réalisé qu'on avait donné le mauvais, on a vite fait une série de plans pour les dessins.
Mais North n'a pas eu le temps d'en faire la moitié. Heureusement que les dragons en faisaient
partie.

- Dagur a vu les plans ?

- Oui. Mais j'ai pas l'impression qu'il y comprenne quelque chose. Ou il aurait vu que les plans
étaient vite faits.

- Quoi qu'il en soit, ça fait plaisir de savoir que mon travail d'amateur est apprécié.

Jack lui sourit à son tour.

- On va la boire, cette bière ?

Jack ne connaissait pas le Winchester, le pub ou Hiccup et Rustik passaient leurs soirées, mais il
fut visiblement ravi de le découvrir. Hiccup commanda une bière et Jack une vodka, et une fois
qu'ils furent servis, ils s'assirent à une table.

- Au fait, félicitations.

- Pourquoi ?

- Pour ton mariage.

- Ah. Merci.

Jack avait dit ça sans un sourire.

- Comment tu l'as rencontré, Elsa, au fait ?

- J'ai pas... On peut parler d'autre chose.

- Oui. Si tu veux...

Hiccup but une gorgée.

- Je peux te poser une question ?

- Si c'est pas en rapport avec Elsa.

- Non, c'est... L'autre fois, tu m'as dit que tu pensais que je me tapais Astrid dans ton dos. Pourquoi
?

- C'est... La soirée de fin d'année, je te cherchais, j'étais un peu bourré, et je voulais qu'on rentre. Je
t'ai vu parler avec elle...

Jack sortit du bar, titubant un peu. Il avait battu son record personnel de buvage* de bière en dix
minutes. Et s'il était fier de son exploit, il planait un peu et se mit à chercher son petit ami pour
qu'il le ramène. Lui-même n'avait aucun problème à s'endormir dans un coin, dans le bar, mais il
était quasiment sûr que le propriétaire le jetterait dehors, et que de toute façon Hiccup le
ramènerait quand même. Alors autant le chercher tout de suite. Il le trouva dehors, en train de
parler avec Astrid.

- De... Ça date pas de l'autre fois ? Pitié, dis-moi que ça date pas de l'autre fois...
- ... Si...

Hiccup se passa une main sur le visage. Jack se demandait de quoi il parlait. Il s'approcha un peu.

- Jack va m'assassiner.

Jack fronça les sourcils et se cacha derrière une poubelle. Pourquoi il devrait assassiner Hiccup ?
Il n'avait aucune raison de faire ça ? Il l'aimait tellement ! Il aurait fallu qu'Hiccup le trompe, au
minimum pour qu'il puisse lui en vouloir...

Incompréhensif, il vit Hiccup la prendre gentiment par l'épaule. Jack n'arrivait pas à se concentrer
pour les entendre. Il planait tellement qu'il dût se mettre une claque discrètement pour revenir sur
Terre.

- ...M'en occuperai. Comme ça toi, tu continues tes études...

Jack fronça les sourcils et sentit sa gorge se coincer. Il ne comprenait pas grand-chose à ce qu'il
se passait, mais il était suffisamment lucide pour comprendre que quelque chose se tramait entre
eux.

- ... Et Jack ?

- Jack, c'est mon problème.

Jack pâlit. En quoi il serait un problème ?

- … La fille avec qui tu l'as trompé ?

- Bon dieu, il est même pas au courant de ça...

Jack écarquilla les yeux et tomba des nues. Alors Hiccup l'avait vraiment... Et avec Astrid ?

À sa grande horreur, il le vit la prendre dans ses bras. Jack se releva et s'en alla en titubant, mais
cette fois, ce n'était pas la faute de l'alcool. Il n'en revenait pas. Hiccup avait couché avec Astrid.
Pourquoi Hiccup avait fait ça ? Qu'est-ce qu'il avait fait de travers pour qu'Hiccup aille voir
ailleurs ? Après tout ce qu'ils avaient vécu, pourquoi il avait fait ça ?

Il était rentré dans le bar, et Bunny était venu le voir.

- Oh là, gars, ça va ?

- Faut... Faut que je rentre.

Bunny avait rigolé.

- Je t'avais dit que t'avais trop picolé !

- Je peux rester chez toi ?

Bunny arrêta immédiatement de rire.

- Et Hiccup ?

Jack avait baissé la tête.

- Jack, qu'est-ce qu'il se passe ?


- Je ne veux plus jamais le voir.

- Et je suis rentré prendre mes affaires.

- T'as entendu que la moitié de la conversation, tu sais.

Jack le regarda et Hiccup soupira.

- Quand je suis revenu de l'enterrement de mon père, j'allais pas bien. Je venais juste de
t'engueuler, je ne savais pas si tu voudrais me reparler, j'avais pas vraiment les idées claires. Je suis
entré dans le premier bar que j'ai vu et j'y ai croisé Astrid. Mon père a eu un accident de voiture. Il
est entré dans une autre voiture.

- Je sais, ça.

- Dans l'autre voiture, il y avait la mère d'Astrid, et elle est morte sur le coup. Elle aussi, elle était
venue pour oublier. On a bu tous les deux, en parlant de nos parents et après, c'est le trou noir. On
s'est réveillé le lendemain, dans le même lit, sans un souvenir de la veille. Et je ne voulais pas que
ça aille plus loin. Et elle non plus. Mais elle s'est retrouvée en enceinte et ce soir-là, à la fête de fin
d'année, elle me l'a dit. Elle ne savait pas quoi faire, parce que son père voulait qu'elle fasse des
études, et tout, alors je lui ai dit que je m'en occuperais.

- C'était ça... Je vous ai entendus parler d'un truc... Dont tu t'occuperas... Mais j'ai jamais su ce que
ça pouvait être.

Hiccup lui fit un sourire tendre en pensant à sa fille. D'après Kozmotis, il avait toujours cette tête-là
quand il parlait d'elle.

- C'était Sophie.

- Pourquoi ?

- Pourquoi quoi ?

- Pourquoi tu ne me l'as pas dit ? Pourquoi tu ne m'as pas dit que vous aviez couché ensemble ?

- Je n'en voyais pas l’intérêt. Je savais que tu étais jaloux et que tu avais peur que je parte un jour,
alors je me suis dit que si je t'annonçais que j'avais couché avec une fille quand j'étais saoul, tu
serais parti. Et c'est ce que tu as fait.

- J'pensais... Je n'avais pas pensé que ça pouvait être quand tu avais perdu ton père. J'aurais pu
comprendre si ça avait été à ce moment-là.

Hiccup grimaça.

- Crois-moi, il n'y a jamais eu d'autres fois.

- Même après ?

- Hein ?

- Oui, même quand... On s'est séparé ? Ce serait compréhensible, vous avez une fille ensemble.

- Jamais. J'aime bien Astrid, mais c'est plus ma meilleure amie qu'autre chose. Tu te verrais
coucher avec Bunny ?
Jack grimaça.

- Jamais. Et je pense que Tooth me tuerait.

Jack avala son verre d'un trait et Hiccup mit un certain temps avant de réaliser que ce n'était pas de
l'eau mais de la vodka.

- Arrête, t'es malade !

- Oh, ça va, ce ne sera pas la première fois que je fais...

Jack grimaça et se mit la main sur la tempe. Il cligna des yeux plusieurs fois.

- Aie... J'ai oublié que j'ai plus l'habitude.

- Crétin! Gronda Hiccup. Ça va ?

- Non, je crois que...

Il écarquilla les yeux et secoua la tête.

- J'crois que je viens de me bourrer la gueule en un temps-record.

- Abruti.

Hiccup se leva et posa un billet sur la table. Il attrapa Jack par la main.

- Viens, je te ramène chez toi.

Jack se leva et le suivit docilement. Il lui expliqua vaguement où il habitait avant de se mettre à
comater sur le siège passager. Hiccup conduisit en silence, jetant des coups d’œil de temps en
temps à Jack pour voir comment il allait, et se gara dans la grande allée. Il siffla d'admiration en
voyant la taille de la maison.

Il aida Jack à sortir de la voiture. Quand il vit qu'il ne tenait pas debout, il le souleva et le soutint
avec un bras autour de ses épaules et l'autre sous ses genoux. Avec Jack contre lui, et en essayant
de ne pas rougir, il avança dans la nuit jusqu'à la porte. Il sonna.

- C'pas la peine, murmura Jack. Elsa est pas là.

- Elle revient quand ?

- D'main. Elle est chez sa sœur.

Hiccup soupira en silence. À lui de mettre Jack au lit, donc.

- Où sont tes clés ?

- Y'en a sous le pot de fleurs.

Le tenant toujours, Hiccup se baissa avec attention, et souleva le pot de fleurs en question. Il attrapa
la petite clé qui se trouvait dessous et ouvrit la porte.

- Où est ta chambre ?

- En haut.
- Ou ça ?

- Chais plus. Je te le dirais quand j'y serais.

Hiccup monta alors les escaliers, Jack toujours dans ses bras et ouvrit chacune des portes jusqu'à ce
qu'il trouve la bonne. Il posa Jack sur le lit.

- Ça va aller?

- Reste avec moi, murmura Jack.

- Faut que je rentre.

- S'te plaît... Tu rentreras demain.

- Jack...

- S'te plaît...

Jack se colla à lui, et commença à lui enlever sa veste. Hiccup l'arrêta.

- Arrête, tu ne sais pas ce que tu fais.

- Si.

- Jack, tu as bu.

- On s'en fout. Reste. Passe la nuit avec moi.

Hiccup soupira et se maudit.

- Okay, mais juste cette nuit. Et demain, je repars.

Jack sourit et hocha la tête. Hiccup enleva sa veste et ses chaussures. Il retira son pantalon, mit une
alarme et s'installa dans le lit à côté de l'argenté. Il se colla à lui et Hiccup l'embrassa sur le crâne.
Il savait qu'il faisait une erreur, qu'il ne devait pas pousser la tentation aussi loin, mais c'était juste
une fois. Juste une fois et il reviendrait à sa vie de célibataire dès le lendemain.

Il pouvait bien profiter, non ?


Chapter 8

Le lendemain matin, quand l'alarme sonna, Hiccup se réveilla et Jack dormait encore. Il se dit que
connaissant le caractère de Jack, il ferait bien de partir maintenant, au risque de céder une fois de
plus quand il serait réveillé. Mais malheureusement pour lui, Jack se réveilla quand il mit sa
deuxième chaussure.

- Tu t'en vas ?

- Je dois rentrer avant que Sophie ne se lève.

Jack posa son menton sur l'épaule du brun.

- Tu peux pas rester un peu ?

Hiccup soupira.

- Écoutes, ce qui s'est passé hier... Plus jamais. J'ai accepté hier, parce que tu étais saoul, mais on
ne doit pas recommencer.

- T'as accepté de passer la nuit avec moi, juste parce que j'étais bourré ? Ce sera pas difficile à
recommencer.

- Tu ne vas pas boire exprès ?

Jack sourit.

- Tu sais, ça fait longtemps que la vodka, juste un verre, ça ne me fait plus trop d'effet.

Hiccup ferma les yeux et posa une question dont il venait de comprendre la réponse.

- T'as fait semblant d'être bourré ?

Jack sourit et Hiccup soupira.

- Mais pourquoi je ne l'ai pas vu venir...

- Je vais te dire pourquoi...

Jack le tourna vers lui.

- Tu as encore des sentiments pour moi. Essaye même pas de le nier, ajouta-t-il en voyant Hiccup
ouvrir la bouche.

Il lui caressa la joue en souriant tendrement.

- Eh, c'est bon...

- Non. Ma vie maintenant, c'est Sophie. Je ne veux pas m'engager dans une relation...

- Et moi, je vais me marier, contra Jack. Mais ça ne m'empêche pas de ressentir quelque chose pour
toi.

Il colla son front au sien.


- J'ai jamais arrêté de t'aimer, murmura l'argenté en l'embrassant doucement. Et je comprends que
tu veuilles te consacrer à ta fille. Mais rien ne nous empêche de prendre du bon temps de temps en
temps. Juste tous les deux.

Il l'embrassa une seconde fois et Hiccup réfléchit. Pouvait-il vraiment se le permettre ? De partager
sa vie entre Sophie le jour et Jack la nuit ? Et pouvait-il faire ça à Elsa, et à Anna ?

Jack cala sa tête contre son épaule et se mit à jouer avec son T-Shirt et sans qu'il ne puisse s'en
empêcher, Hiccup l'entoura de ses bras et renifla son odeur. Jack se pressa contre lui. Hiccup
réfléchit quelques secondes de plus et déclara :

- Si on fait ça, ça sera à ma manière.

Jack le regarda.

- Personne ne doit savoir. Surtout pas Elsa. Et ce sera uniquement le temps que je peux t'offrir. En
ce moment, j'ai beaucoup trop de boulot pour t'accorder du temps.

Jack sourit, compréhensif.

- Accorde-moi ce que tu peux, ça sera déjà bien.

Il l'embrassa et Hiccup ne put s'empêcher de se demander si ça pouvait marcher.

Il revint moins d'une heure après chez lui et fut accueilli par sa mère. Elle était enroulée dans son
peignoir, et venait visiblement de se lever. Elle sourit en le voyant.

- La nuit a été bonne ?

- Err... Compliqué, on va dire.

- Et comment va ton ami ?

- Plus sobre que cette nuit.

- Hum.

Mais au vu du regard que Valhallarama lui lança, il sut qu'elle savait.

- Écoute, ça ne me regarde pas, expliqua-t-elle. Mais je pense... Que ce garçon... Tu devrais arrêter
de mentir.

Hiccup soupira, comme pris en faute.

- Je ne voulais pas te mentir.

Mais sa mère rigola.

- Je t'en prie, tu as hérité du sens de la dissimulation de ton père. Ce qui est loin d'être un
compliment.

Elle posa ses mains sur ses joues.

- La personne à qui tu dois arrêter de mentir, c'est à toi-même. Il est évident que tu aimes ce
garçon. Et ça me va. Et je suis sûr que ça ira aussi à Sophie.

Il se passa une main dans les cheveux.

- C'est plus compliqué... Jack... Je lui ai fait du mal... Quand... Quand j'ai passé la nuit avec la mère
de Sophie, j'étais encore avec lui. Et il est parti... Mais aujourd'hui... Même s'il y a ce... Ce truc
entre nous, il est sur le point de se marier. Je ne veux pas renoncer à Sophie, et à la vie que j'ai
maintenant. Et je peux pas faire ça à sa fiancée. J'ai pas de place pour lui. Et même... Peu importe
ce que je ressens, je n'ai pas la place d'avoir quelqu'un d'autre dans ma vie. Surtout pas lui. Surtout
pas après le mal que je lui ai fait. Surtout pas quand je sais qu'il va s'unir à une femme, qui est de
surcroît charmante, belle et intelligente... Je ne peux pas.

- Hiccup... Tu ne peux pas t'empêcher toute ta vie d'être heureux ?

- J'ai renoncé au bonheur avec lui le jour où j'ai décidé de boire. Mais ça m'a fait connaître le
bonheur en tant que père, et ça me suffit.

Sa mère soupira. Visiblement, son têtu de fils avait hérité de beaucoup plus de son père qu'il ne le
pensait. Elle voulut lui dire une parole réconfortante quand on frappa à la porte. Soupirant, Hiccup
alla ouvrir.

- Hiccup, mon pote, faut vraiment que je te parle.

- Rustik ? Qu'est-ce qu'il y a ?

- La nana dont je t'ai parlé...

- Celle... Qui ressemble à un ange ?

- Elle... Je l'ai eu au téléphone et elle veut bien sortir avec moi ! Je l'ai invité au restaurant pour ce
soir ! J'arrive pas à croire qu'elle a accepté !

Pour être honnête, Hiccup aussi avait du mal à le croire. Il appréciait beaucoup Rustik, mais si la
femme était bien comme il l'avait décrite, il avait un peu de mal à voir ce qu'elle pouvait lui
trouver.

- J'arrive pas à le croire ! Reprit Rustik. Elle est... Je pensais qu'elle allait m'envoyer bouler, mais
même pas !

- Où est-ce que tu vas l'amener ?

- Je voulais un grand restaurant, mais quand je lui en ai parlé, elle avait pas l'air super-jouasse.
Ensuite, elle a proposé qu'on aille boire une bière au Winchester. Et tu sais comme j'adore ce pub,
mais c'est pas vraiment le genre d'endroit où je voudrais emmener ma nana.

- Ta nana ?

- Alors je vais l'emmener au ''Fleur d’Écosse''.

- C'est pas le resto qu'ont ouvert Raiponce et Merida ?

- Si. Si, et comme tu les connais, tu pourras m'arranger un prix. Parce que je voudrais payer, mais
j'ai pas de thune, en ce moment.

- Tu sais, je leur ai pas parlé depuis le lycée.


- S'te plaît, mec, fais ça pour moi.

Depuis la soirée où il avait appris qu'Astrid était enceinte et que Jack était parti, Hiccup n'avait
parlé qu'une seule fois aux deux filles, et ça n'avait pas été la plus aimable des conversations.
Merida était venue le voir et lui avait demandé si ce que l'argenté lui avait dit était vrai. À son
grand regret, il lui avait dit la vérité et elle était partie, dégoûtée, et lui avait dit qu'elle ne voulait
plus rien avoir à faire avec lui. Et Hiccup s'était tenu à l'écart depuis lors.

- Je vais voir ce que je peux faire.

''Bon sang, j'aurais jamais dû lui dire oui'', maugréa Hiccup, devant le restaurant. Il resta un bon
quart d'heure dans sa voiture en essayant de se donner du courage. Il souffla un bon coup et se dit
:''Tu es un Haddock, mec. Alors tu te lèves et tu y vas.'' Foncer tête baissée. Son père lui avait
toujours dit qu'il réfléchissait un peu trop. Mais cette fois-ci, il avait pris sur lui de foncer dans le
tas, et adviendra que pourra. Et au cas où, il gardait la clé de la voiture dans sa main, dans
l'éventualité où il devrait s'enfuir en courant. Et si ça ne marcherait pas, dans le pire des cas, il
passerait sa carte bancaire à Rustik et payerait à sa place s'il échouait.

Il sortit de sa voiture et se dirigea rapidement vers le restaurant. À l’intérieur, il fut subjugué par
l'endroit. Dans des tons vert et violet, choix de couleurs incongru mais néanmoins saillant, un
bouquet était disposé sur chaque table qui était élégamment dressée, et le bar dans le coin s’alliait
avec l'ambiance générale. Il se dirigea vers le bar et la barmaid l'accosta. Il déglutit.

- Bonjour, que puis-je faire pour... Oh, la vache, Hiccup ?

- Salut.

Merida fronça les sourcils.

- Qu'est-ce que tu fous là ?

- Je viens demander un service.

Elle jeta le chiffon qu'elle avait à la main sur le comptoir.

- T'en a un sacré culot de te pointer ici. Après ce que tu as fait à Jack.

- Oui, ça va, je suis au courant, soupira-t-il énervé.

- Et tu crois qu'on va rendre service à un saleAIE !

Raiponce, qui était arrivée d'on ne savait où, baissa sa main de la tête de Merida où elle avait mis
une légère claque derrière la tête.

- Je t'ai déjà dit que je ne voulais entendre aucun juron de ta part dans cet établissement.

- Owh... Tu m'as fait mal.

Raiponce lui sourit, comme si elle ne le croyait pas et le regarda. Contrairement à sa petite amie,
elle semblait moins encline à le tuer.

- Hiccup ? Ça fait plaisir de te voir. Ça fait longtemps, mais ça fait plaisir.

Il se gratta la nuque, soudainement gêné.


- Mouais... J'osais pas vraiment revenir depuis que... Enfin...

Elle eut un air légèrement contrarié.

- Je sais que ça ne me regarde pas, mais je ne comprends pas ce qui a pu te pousser à faire ça... Je
veux dire... Je croyais que tu aimais Jack.

- C'est le cas. Enfin, c'était le cas, se rattrapa-t-il. Mais ce soir-là, j'avais juste un peu trop picolé.

Merida fronça les sourcils et regarda la blonde, qui eut autant l'air surprise qu'elle.

- C'est pas vraiment ce qu'on avait cru comprendre, expliqua calmement la rousse.

- C'est-à-dire ?

- Il paraît que pendant que tu sortais avec Jack, tu te tapais Astrid.

Hiccup soupira.

- Pas exactement. Le jour où mon père est mort, j'ai... Je me suis pris une cuite. Et je me suis
réveillé au pieu avec Astrid. On comptait en rester là, mais à la fête de fin d'année, elle m'a
annoncé qu'elle était enceinte. Et Jack... Jack était complètement bourré, mais il nous a entendus
parler et il a compris que je couchais avec Astrid quand il avait le dos tourné.

- Astrid était enceinte. Mais alors... Tu as un enfant ?

Hiccup sortit son portefeuille, où il gardait constamment une photo de Sophie, qu'il avait prise pour
son troisième anniversaire, l'année précédente, et une de sa mère et la montra fièrement aux filles.

- Elle est adorable ! s'exclama Raiponce avec un sourire ravie.

- Et la nana d'à côté, demanda Merida. C'est ta nouvelle copine ? Elle est pas un peu vieille ?

- C'est ma mère.

- Ta mère ?

Elles se jetèrent un regard troublé.

- Mais... Elle est pas morte, ta mère ?

- C'est ce qu'on croyait quand on avait retrouvé sa voiture sur le bord de la route, mais elle est
tombée dans le fleuve, et elle est restée dans le coma pendant des années, dans la ville d'à côté. Et
tada, il y a deux semaines, elle était sur le pas de ma porte.

Merida soupira, lui jetant un regard blasé.

- Chérie, tu peux fermer, je sens qu'Hiccup à plein de choses à nous raconter.

- Ça dépend. Tu comptes m'assassiner ?

- Pendant des années, j'ai cru que tu étais devenu soudainement un connard et que tu avais brisé le
cœur d'un mec extra juste pour une histoire de cul...

- MERIDA !

- Une histoire de fesses. Ça te va ? Ajouta-t-elle en regardant sa petite amie qui leva les yeux aux
ciels, en une parfaite imitation d'Elinor.

Merida attrapa trois bières et un décapsuleur.

- Mais en fait, t'a certainement une bonne explication à donner.

Elle lui tendit une bière.

- Et je serais ravie de l'entendre.

Quand il rentra en fin d'après-midi, légèrement pompette, il envoya un message à Rustik en lui
disant qu'il avait pu lui arranger un prix. Il appela sa mère.

- Maman, ça t'ennuie d'aller chercher Sophie à l'école, je me sens pas vraiment dans mon assiette.

- Euh, Hiccup ? Ton ami est là.

Un peu étonné, Hiccup la rejoint dans la cuisine. Jack était là, assis à la table, une tasse de café
dans la main. Sa mère vint le voir, l'examinant.

- Ça va, tu as l'air...

Elle renifla et comprit immédiatement.

- Hiccup...

- Désolé.

Elle soupira.

- Je respecte tes choix, mon fils. Et je peux comprendre, que des fois, tu veuilles faire la fête. Mais
il est trois heures de l'après-midi !

- Désolé.

Hiccup se sentait un peu mal. Bien sûr, il n'était complètement soûl non plus, mais étant donné
qu'il ne buvait pas souvent, quand il enchaînait les bières comme il l'avait fait l'après-midi même, il
était un peu pompette. Pas assez pour ne pas marcher droit, mais suffisamment pour que sa mère
s'en rende compte.

- J'ai... J'ai pas fait exprès.

- Je peux savoir ce que tu faisais dans un bar à deux heures de l'après-midi ?

- Rustik voulait y emmener sa nouvelle copine. Et comme je connais les gérantes, je lui ai arrangé
un prix. Mais ça faisait longtemps que je ne les avais pas vus, alors on a pris un verre. Puis deux.
Puis trois. Puis j'ai arrêté de compter.

Elle soupira.

- Tu peux t'occuper de Sophie, s'il te plaît ?

- Si tu me promets de ne plus boire pendant la journée.

- Promis.
Elle attrapa son sac à main.

- Tu sais que tu as de la chance de m'avoir pour mère, quand même.

- Et tu sais ce que me disait Papa dans ce genre de situation ?

Elle le regarda, attendant la réponse.

- Avec ta mère, j'ai fait bien pire.

Et alors qu'il pensait qu'elle allait mal le prendre, elle se mit à rigoler et l'embrassa sur le front.

- Je te veux au lit quand je reviens, c'est clair ? Je dirais à Sophie que tu es malade.

- Merci, sourit-il.

Elle sourit et l'embrassa sur le front. Elle salua Jack et partit.

Quand la voiture fut loin, Jack se leva et Hiccup lui dit.

- Écoute... Pour les dragons, pas aujourd'hui, je suis pas vraiment dans mon assiette.

- Parce que tu es bourré, j'ai compris, sourit l'argenté.

- Non, je ne suis pas bourré. Juste... Un peu éméché.

- J'ai combien de doigts ?

- Cinq sur chaque main.

Jack rigola et enleva sa veste. Il la posa sur une chaise et prit la main d'Hiccup.

- Écoute, pas maintenant, soupira le brun. S'il te plaît.

Mais l'argenté sourit.

- Je vais juste te mettre au lit.

- Tu me promets que tu ne fais rien d'autre ?

Jack l'embrassa doucement et lui sourit.

- Sauf si tu veux.

Mais Hiccup secoua la tête.

- Pas ce soir, s'il te plaît. Pas maintenant. Pas quand je suis comme ça.

- Hum, pourtant, ce serait le moment idéal pour profiter de toi.

Hiccup secoua la tête, soudainement très fatigué et il manqua le petit sourire de Jack quand sa tête
tomba sur son torse. L'argenté essaya de le prendre dans ses bras, mais la taille imposante du
mécanicien rendait la chose un peu difficile.

- Mais ce soir, je te mets juste au lit.

Il l'attrapa par la nuque et glissa son autre bras sous ses jambes. Il le porta tant bien que mal dans
les escaliers, gardant les commentaires sur sa lourdeur pour lui. Enfin arrivé dans la chambre, il
l'allongea sur le lit et Hiccup somnolait déjà. Jack resta assis au bord du lit et le regarda, songeant
qu'il avait vraiment grandi depuis son statut de crevette qui parle. Il avait déjà pu constater qu'il
était devenu plus grand que lui, et que le travail à l'atelier l'avait bien développé. Il soupira et
caressa son front. Hiccup ouvrit les yeux.

- Tu vas rester ?

Jack sourit.

- Seulement si tu veux que je reste.

Hiccup hocha la tête et Jack enleva ses chaussures. Il s'allongea contre l'autre homme et ils se
regardèrent. Jack posa sa main sur sa joue et Hiccup l'appuya avec sa main. Il lui murmura :

- Tu me manques.

- Toi aussi, tu me manques, répondit l'argenté.

Hiccup ferma les yeux et se cala contre son torse. Jack attendit qu'il soit complètement endormi
pour se relever. Il l'observa dormir un certain temps avant de remettre ses chaussures et de lui
laisser un mot.
Chapter 9

Très tôt le lendemain matin, Hiccup se leva, avec un léger mal de crâne. Il descendit prendre son
petit-déjeuner sans un bruit, pour ne pas réveiller Sophie ou Valhalaramma et dès qu'il eut fini, il se
remit à travailler sur le deuxième prototype de jouet. Vers 10 heures, Jack arriva et lui expliqua les
plans, en ne faisant aucun commentaire sur ce qui s'était passé la veille.

C'est comme ça qu'ils se remirent à travailler, dans le seul bruit des outils rencontrant les matériaux
et les seules paroles qu'ils échangèrent concernaient le projet. Le soir Jack repartait après un salut
poli, et Hiccup commença à se poser des questions. Est-ce que l'argenté lui en voulait, pour ne
presque plus lui parler ? D'habitude, il laissait échapper des commentaires tendancieux, ou avait
des gestes quelque peu déplacés. Mais depuis ce jour-là, rien du tout. Comme s'il avait commis une
bêtise et que Jack lui en voulait.

Ou peut-être s'était-il rendu compte qu'Elsa valait mieux que lui. Après tout, elle avait tout pour
elle. Un physique avantageux, un cœur en or et une fortune astronomique. Alors que lui, qu'avait-il
à offrir ? Cinq minutes par-ci par-là ? Une relation qu'il tenait absolument à limiter à cause de sa
fille ? N'importe qui de sensé choisirait Elsa à sa place. Mais il avait stupidement espéré que Jack
le choisirait. Et si jamais Jack l'avait choisi, comment cela se serait fini ? Elsa aurait eu le cœur
brisé, et il ne voulait pas lui infliger ça, pas après ce que lui avait ressenti. Et Sophie... Sophie
comprendrait-elle ? Ou est-ce qu'on la détesterait à l'école parce que son père fréquentait un autre
homme ? Ça c'était produit tellement de fois... Sophie se mettrait alors à le détester lui, et il ne
pourrait pas le supporter. Si on voyait les choses objectivement, une relation avec Jack était
purement vouée à l'échec.

Environ une semaine après, il fut convoqué chez Dagur, où l'attendait son oncle, Alvin, North,
Bunny et Jack. Après un long monologue sur les joies de la collection de coléoptères, Dagur lui
demanda comment se déroulait la confection des jouets.

- Tout va bien, pour l'instant, répondit alors Hiccup. Aucun problème d'aucune sorte.

- Magnifique, mon ami, magnifique. Où en êtes-vous ?

- Au deuxième. On est sur la fin.

- Et votre collaboration se passe bien ?

Hiccup haussa les épaules.

- On fait aller.

- Quel dommage, soupira Dagur. Moi qui adore les carnages... Enfin, tant que mes jouets sont
prêts, c'est l'essentiel. Vous avez donc fini le premier prototype ?

- Oui, je l'ai mis sous clé, dans mon garage.

- Formidable. Je veux le voir. Vous êtes libre tout de suite ?

Hiccup haussa les sourcils.

- Euh... Pardon ?
- Je veux le voir. Est-ce qu'on peut aller chez vous pour le voir ?

- Euh... J'imagine, mais...

Dagur se leva, l’ignorant complètement.

- Parfait. Messieurs, vous êtes les bienvenus.

Bien qu'encore étonné, Hiccup se retrouva à conduire Dagur, Gueulfor, North, Bunny et Jack chez
lui. Quand ils arrivèrent, Dagur commenta l’aspect général des maisons en illustrant son propos
avec la maison qu'il avait acheté sur la côte dans laquelle s'était produit un triple meurtre.

- Je vous assure, il y avait tellement de sang, continuait-il. Le propriétaire m'a assuré que la tête de
la fille avait volé tellement haut qu'elle s'était encastrée dans le lustre.

Avant de passer la porte, Hiccup s'arrêta et les regarda :

- Par contre, je vous prierai de ne faire aucun commentaire dans ce style. Pas de sang, pas de
cadavres, pas de trucs interdits aux mineurs. J'ai une fille à l’intérieur et je ne veux pas l'emmener
chez le psy jusqu'à la fin de ses jours.

Il ouvrit la porte et salua sa mère qui était sur le canapé, un livre à la main.

- Oh, tu es rentré ?

- Oui. Sophie n'est pas là ?

- Non, Jamie l'a emmené au parc.

- Jamie, c'est votre épouse ? Demanda Dagur.

- Hein ?

Hiccup grimaça.

Jamie était l'adolescent de dix-sept ans qui gardait Sophie quand Hiccup travaillait trop tard.
Évidemment, depuis le retour de Valhallarama, Hiccup ne faisait plus tellement appel à lui, mais
Sophie s'était attachée à lui, alors il passait de temps en temps et l'emmenait faire un tour.

- Non, Jamie c'est ma baby-sitter.

- Bonjour Valka.

Hiccup fronça les sourcils. De ce qu'il savait, uniquement son père appelait sa mère ainsi. Il se
tourna vers Alvin, qui avait prononcé cette phrase.

- Qu'est-ce ce que tu fais là ?

Sa mère était clairement énervée, chose extrêmement rare en soi, et s'était levée.

- Aux dernières nouvelles, je suis toujours l'associé de ton beau-frère, qui a engagé ton fils. Ce qui
fait que par conséquent, il travaille pour moi.

Il avait prononcé cette dernière phrase sur un ton de défi, et souriait d'un air grognard.
- Espèce de sale...

- Magnifique, commenta Dagur. On va peut-être avoir droit à une mise à mort, finalement.

- Maman, calme-toi, fit Hiccup.

La dernière chose dont il avait besoin, c'était que sa mère s’énerve et le fasse renvoyer avant qu'il
ne puisse finir son projet.

- Sale enfant de... Commença-t-elle

Il la tira de force vers la cuisine.

- Eh, calme-toi, tu veux ? Qu'est-ce qui t’arrive ?

Valhallarama soupira, comme soudainement très fatiguée, et se passa la main sur le visage.

- Ton père ne t'a jamais raconté ? Ce qui s'était passé entre lui et Alvin ?

- Non. Il m'a toujours dit de ne pas lui faire confiance, mais c'est tout.

Elle soupira et se mit à tourner en rond, comme si elle cherchait ses mots.

- Écoute, ce n'est pas forcément le moment idéal pour te raconter ça...

- Va faire un tour. Va en ville, va rendre visite à Madame Aque. Mais s'il te plaît, calme-toi.

Elle soupira.

- Oui. Oui, tu as raison.

Elle lui mit la main sur l'épaule.

- Méfie-toi de lui.

Il sourit.

- Je l'ai toujours fait.

Elle sourit à son tour et attrapa son sac à main, puis, sans un regard pour les six autres, elle traversa
le salon et sortit de la maison. Hiccup les rejoint et s'excusa pour sa mère et leur montra le garage.

Dagur fut littéralement ravi de la conception des dragons. Il passa dix bonnes minutes à les
observer sous tous les angles, puis Hiccup lui fit une démonstration du premier prototype. Avec
l'assentiment de Jack, il avait pris la peine de modifier quelques options qui selon lui, pouvaient
être améliorées. Et visiblement, ses choix plaisaient énormément à Dagur.

- Vous voyez, si vous appuyez ici, les griffes des pattes avant sortent, comme si c'était des vraies.
Bien sûr, elles ne sont pas aussi coupantes...

- Je m'en fous, c'est ma sœur qui payera l’hôpital.

- Je pensais surtout aux autres enfants, si vous souhaitez commercialiser le modèle.

- Encore une fois, ce n'est pas moi qui vais payer l’hôpital, alors qu'importe.

Dagur observa encore un peu les deux prototypes et finit par partir après avoir tenu à embrasser
Hiccup sur les deux joues en le serrant contre lui. Gueulfor partit à son tour, après son associé, en
chuchotant à son neveu qu'il garderait un œil sur Alvin. North partit derrière, en voulant emmener
les deux autres, mais Bunny ne bougea pas en constatant que Jack restait immobile.

- Je vais rester, dit Jack. Tant qu'à être là, autant essayer de finir le prototype.

- Oublie pas de m'appeler, quand t'as fini.

- T'inquiète.

Bunny jeta un regard noir à Hiccup et suivit North dehors.

- Bon, si tu veux continuer, commença Hiccup, il me faudrait...

- Non, coupa Jack. Enfin, je veux bien continuer, mais j'ai surtout dit ça à Bunny pour qu'il parte.

Hiccup haussa un sourcil.

- Laisse tomber, dit Jack.

Il évitait de regarder et Hiccup en eut marre.

- Je peux savoir ce que je t'ai fait ?

- Comment ça ?

- T'évites de me regarder, de me toucher, de me parler. Je peux savoir ce que je t'ai fait pour que tu
m'évites ?

- Je ne t'évite pas.

- Si.

- Non, c'est...

Jack soupira.

- C'est pas pour t'éviter. Je veux juste qu'on se concentre sur le boulot. J'arrive pas... Je ne suis pas à
ce que je fais quand je te vois, à côté de moi, ou que je touche. Et je me suis dit que plus vite on
finira le prototype, plus vite on ira fêter ça. Et la dernière fois...

Jack sourit, comme perdu dans ses pensées.

- C'était cool.

Hiccup sourit.

- Je pensais que tu avais juste décidé de...

Il soupira, incapable de continuer. Il ne pouvait pas décemment lui dire qu'il était jaloux d'Elsa, si ?

- Je pensais que tu voulais mettre de la distance entre nous. Que j'avais fait un truc de travers.

- Non. Non, tu n'as rien fait, s'empressa de dire Jack. C'est moi, je pensais que si on se concentrait,
on finirait plus vite...

- Pour qu'on puisse se refaire une soirée tous les deux ?


Jack rougit un peu et détourna le regard.

- Alors finissons ce dragon rapidement, ajouta Hiccup en souriant.

Jack le regarda et sourit.

Deux heures plus tard, Hiccup vissait le dernier boulon. Jack l'aida à se relever et Hiccup alla se
laver les mains.

- Tu veux aller où, ce soir ?

- Je ne sais pas, répondit l'argenté. Le pub de l'autre fois, il était bien.

- Le Winchester ?

- Oui.

Hiccup s'essuya les mains.

- Ça marche. Je vais prévenir ma mère et j'arrive. Tu m'attends à la voiture ?

- Okay.

Hiccup alla sortir quand Jack lui attrapa la main. Le mécanicien se retourna, surpris, et sentit une
bouche se coller à la sienne. L'autre main de Jack se colla à sa nuque et il essaya d'approfondir le
baiser, ce qu'Hiccup lui accorda volontiers. Le mécanicien mit ses mains sur sa taille et le fit
reculer jusqu'à l'évier, sans cesser de l'embrasser. La température monta de quelques degrés quand
Jack entoura sa nuque et écarta les jambes pour permettre à Hiccup de s'y glisser. Le mécanicien
avait la tête qui tournait, et savait qu'il devait arrêter rapidement, avant de se retrouver à faire
quelque chose qu'il regretterait plus tard. Mais il n'y arrivait pas. Il glissa ses mains sur ses fesses
pour coller Jack davantage à lui et l'argenté stoppa le baiser. Mais immédiatement, Hiccup mit sa
tête dans son cou et couvrit sa gorge de baiser. Jack commença à lui retirer sa veste et se remit à
l'embrasser en lui murmurant combien il avait envie de lui. Et bien qu'Hiccup voulait par-dessus
tout céder, il s'écarta.

- On peut pas.

Jack avait l'air plus que désappointé.

- Hein ?

- On peut pas.

- Attends, quoi ? T'es sérieux ?

- Sophie ou ma mère peuvent débarquer n'importe quand. Je ne coucherais pas avec quelqu'un dans
mon garage quand ma fille peut ouvrir la porte n'importe quand.

Jack soupira et se passa une main sur le visage. Il était visiblement énervé et frustré, et
honnêtement, Hiccup l'était un peu aussi. Mais il avait réussi à rassembler le peu de raison qui lui
restait pour arrêter.

Il regarda l'heure.
- Il est presque sept heure. Elle est où, Elsa ?

- J'en sais rien, grogna Jack. Je crois qu'elle voulait sortir. Pourquoi ?

- Je te ramène chez toi.

Hiccup remit sa veste en place, et sortit du garage et Jack le suivit. Il avait l'air particulièrement
énervé et Hiccup ne pouvait pas lui en vouloir. Il était lui aussi frustré de la situation.

Il dit à sa mère qu'il rentrerait tard, il embrassa Sophie et ils montèrent dans la voiture. Sur la route,
Hiccup maudissait sa conscience de les avoir arrêtés. Il savait qu'il avait pris la bonne décision,
qu'il ne se serait jamais pardonné si Sophie était rentrée pendant qu'il s'envoyait en l'air avec Jack,
mais il avait tellement envie de lui. Ça faisait tellement longtemps qu'il n'avait pas senti une telle
passion le prendre aux tripes. Il savait que quand Jack l'avait embrassé, c'était juste un baiser qu'il
lui accordait parce qu'ils étaient tous les deux. Mais ça avait dégénéré, comme ça dégénérait
souvent quand ils étaient ensemble. La première fois qu'ils avaient travaillé ensemble, ça avait
aussi dérapé. Il avait l'impression que dès qu'il touchait Jack, un feu ardent se déclenchait en lui et
que rien ne pouvait l'éteindre. Sa morale l'arrêtait à chaque fois, lui rappelant que leur relation
n'était pas forcément des plus saines et un peu dévastatrice, que l'endroit où il le faisait n'était pas le
plus adéquat. À chaque fois, ils s'arrêtaient et repartaient aussi énervés et frustrés l'un que l'autre.

- Et merde.

Ils arrivaient dans une zone industrielle et Hiccup se gara derrière un bâtiment à l’abri d'un
quelconque réverbère.

- Pourquoi on s’arrête ? Demanda Jack.

- Parce que là, je sais que personne ne viendra nous emmerder.

Il détacha sa ceinture.

- Parce que j'ai envie de toi.

Il fit reculer son siège au maximum.

- Et que j'en peux plus.

Il n'en fallut pas plus à Jack pour réagir. Il détacha sa ceinture et retira sa veste. Il se leva de son
siège, et manœuvra pour se mettre sur les genoux d'Hiccup. Le faible espace que leur offrait la
voiture n'était pas vraiment l'idéal mais Hiccup voyait déjà plusieurs façons de résoudre le
problème.

- Si tu arrêtes encore une fois, je te tue, commenta Jack.

Hiccup sourit et l'embrassa. Immédiatement, la passion fiévreuse qui les avait saisis une demi-
heure plus tôt revint en force et sans qu'il ne le réalise, Hiccup se retrouva à glisser ses mains sur
ses fesses. Jack stoppa le baiser et embrassa sa mâchoire. Il se frottait à la faible ligne de poil
qu'Hiccup avait eu la faiblesse de ne pas raser.

- Je ne savais pas que tu te laissais pousser la barbe.

- C'est juste que j'ai la flemme de la raser tous les jours.

Jack frotta son érection contre celle d'Hiccup et sourit en l'entendant grogner. Les mains froides de
l'argenté glissèrent jusqu'à l’érection du brun et la massa légèrement.

- Prépare-moi, demanda Jack contre l'oreille d'Hiccup.

Le mécanicien ne se fit pas prier. Il détacha le pantalon de l'argenté d'une main et glissa les doigts
de la deuxième dans les fesses de son amant. Jack avait de plus en plus de mal à retenir ses
gémissements au fur et à mesure qu'Hiccup insérait des doigts et quand il se sentit sur le point de
venir, il enleva la main du mécanicien. Il se redressa un peu et baissa son pantalon. Il se réinstalla
sur les genoux d'Hiccup et détacha la fermeture du pantalon. Il sortit l’érection du brun qui le
voyait faire avec sourire. Quand il le remarqua, avec les joues rouges et les cheveux en pétards,
Jack le regarda incompréhensif.

- Hein ?

- Rien, continue.

Jack reprit son activité et posa une main sur l'épaule d'Hiccup. Il attrapa sa verge de l'autre main et
s’empala dessus. Jack gémit et Hiccup se mordit la lèvre. L’argenté était tellement beau, comme
ça. Quand il fut complètement à l'intérieur, Jack se colla à lui et Hiccup attendit un peu avant de
commencer à bouger.

- Si tu savais depuis combien de temps j'attendais ça, fit Jack.

- Ah oui ?

- Quand on s'est vu à ton atelier, la première fois, c'était le pire. Je t'ai vu, tout grandi, tout en
muscles. Avec toutes tes taches de rousseur et tes cheveux magnifiques. Je crois que je ne me suis
jamais autant masturbé qu'après ça.

Hiccup ricana.

- Je te fais autant d'effets que ça?

- T'imagine même pas.

Jack se redressa et l'embrassa.

- Tu n'imagines pas tout l'effet que tu peux me faire.

Hiccup ne dit rien, un peu perturbé. Il avait l'impression qu'il y avait beaucoup plus que l'attirance
physique que Jack sous-entendait. Mais il perdit vite le fil de ses pensées quand Jack se redressa et
qu'il se mit à bouger. Doucement au début pour détendre ses muscles. Mais quand l'argenté se mit à
gémir et à se coller à lui, Hiccup perdit la tête.

- Ça fait longtemps que t'as couché avec quelqu'un ? Demanda le mécanicien.

- Hein ?

- La dernière fois que t'as couché avec un gars ? Que t'étais en dessous. C'était quand ?

- Mais c'est quoi cette question ?

- Réponds juste.

- C'était avec toi, bien sûr. Mais pour qui tu me prends au juste ?
- Oh c'est pas pour ça. C'est juste que demain, tu vas me détester.

Sans lui laisser le temps de répondre, Hiccup lui attrapa les fesses et imposa un rythme plus
soutenu. Il savait que Jack aurait mal le lendemain, mais il n'en pouvait plus. Il savait que ça faisait
un peu bestial, mais il avait juste envie de se vider à l’intérieur de son amant. Cinq longues années
qu'il attendait ça. Et au vu des gémissements de l'argenté, il n'était pas le seul à le vouloir.

- Oh mon... Oh oui... Hiccup...

Hiccup enleva une de ses mains et remonta son visage pour l'embrasser alors qu'il accélérait
davantage. Il le tint contre lui pour éviter qu'il ne se prenne le plafond de la voiture dans la tête,
mais plus il accélérait, plus il avait du mal à se concentrer. Bien rapidement, il sentit son amant
venir et quand Jack jouit, il ne mit pas longtemps à le suivre. Jack s'écroula sur lui, complètement
épuisé. Par-dessus son épaule, Hiccup regarda l'horloge de la voiture. Il s'était écoulé sept minutes
depuis qu'il s'était garé et avait reculé son siège. C'était loin d'être sa meilleure performance, mais
circonstances obligent, il n'avait pas pu se retenir plus longtemps. Jack se redressa un peu et
l'embrassa tendrement.

Il sourit paresseusement contre ses lèvres.

- C'est l'une des meilleures soirées que j'ai passée depuis longtemps.

- Ah ouais ?

- Carrément.

On frappa à la fenêtre. Un peu paniqué, Hiccup avança son siège et ouvrit la vitre, et se pencha,
Jack toujours sur lui.

- Oui ?

C'était un vigile.

- Je peux savoir ce que vous faites ?

- Rien, on s'en va.

- Sortez, messieurs, s'il vous plaît.

Mais Hiccup ne sortit pas. Il enclencha le contact de la voiture et démarra en trombe. Il sortit de la
zone industrielle et conduisit encore trois minutes avant de se garer devant le manoir de l'argenté.
Jack regagna enfin son siège et ils se rhabillèrent décemment. Ils sortirent de la voiture et dès que
leurs regards se croisèrent, ils se mirent à ricaner.

- C'était chaud, fit l'argenté.

- Je me suis jamais senti aussi con, je crois.

- Pourquoi t'as démarré ?

- Il m'a foutu les jetons. Et tu nous voyais dire : 'attendez, on se rhabille avant ?'

- Il a tout de suite compris, il est pas con.

- Faut dire qu'on était pas vraiment discret.


Ils ricanèrent davantage. Jack vint se coller à Hiccup, et sourit en essayant de l'embrasser mais
Hiccup le repoussa.

- Quoi ? Demanda Jack d'une petite voix, visiblement surpris.

- On est chez toi.

- Et alors ?

- Et alors je ferais pas ça chez toi.

Jack s'écarta.

- Quoi ?

- Je sais pas si Elsa est là ou pas, et je ne veux pas faire ça chez toi.

- Attends, t'es sérieux ?

Hiccup lui tendit la main dans l'intention de lui la serrer, mais Jack lui donna un coup dedans d'un
revers de sa main.

- Je t'avais prévenu. Je t’accorde ...

- Ce que tu peux ? Tu viens, tu me sautes et tu ne veux même pas m'embrasser ? On est dehors, en
pleine nuit, et Elsa, elle a autre chose à faire que de m'espionner !

- Jack...

- Non, ça va, casse-toi, si t'as mieux à faire. Putain, je le crois pas...

Jack fit demi-tour et Hiccup lui attrapa le bras pour le retenir.

- Jack, s'te plaît...

- Lâche-moi !

Jack se dégagea violemment et le poussa. Il partit vers la maison sans un regard pour le mécanicien
et Hiccup soupira.

Il avait la désagréable impression d'avoir tout fait foirer.


Chapter 10

Les jours qui suivirent furent particulièrement longs pour Hiccup. Jack et lui n'avaient plus aucun
contact autre que professionnel. Si avant, l'argenté lui souriait, laissait sa main se balader dans son
dos de manière innocente, et lâchait des propos tendancieux qui faisaient sourire le brun, ce n'était
plus le cas. Jack lui disait à peine bonjour, et il se comportait le plus froidement du monde. Le
mécanicien avait un peu de mal à supporter cette situation, et avait par deux ou trois fois tenté
d'arranger les choses, sans succès. Jack s'écartait dès qu'il s'approchait un peu trop, ignorait toutes
les remarques qui n'avaient pas trait au travail, et ce soir-là, alors qu'ils avaient terminé le troisième
prototype, Jack était parti immédiatement après avoir souhaité une bonne soirée au brun. Et alors
qu'Hiccup pensait profiter de la sortie au bar qu'ils avaient fait pour fêter la fin des 2 premiers
dragons pour essayer de mettre les choses à plat, il se retrouvait à broyer du noir sur son canapé.
Déprimé, il envoya un message à Pitch qui arriva un quart d'heure plus tard et qui soupira en
voyant le mécanicien étalé dans le canapé.

- Qu'est-ce qui se passe, encore ?

- Jack ne veut pas de moi.

- Je croyais que c'était toi qui ne voulais pas de lui.

- Si. Mais il veut pas de moi ! Je voulais qu'on parle, mais lui, il s'est tiré !

- Tu voulais lui parler ? De quoi ?

- On a fini le numéro trois, et je voulais lui parler. D'habitude, on va boire un verre pour fêter ça, et
c'est comme ça qu'on a fini la dernière fois... Dans la voiture. Mais là, il s'est tiré !

- Mais, finalement, est-ce que ce n'est pas une bonne chose ?

- Non ! Je voulais lui parler ! Mais...

- Mais il s'est tiré. Oui, j'ai compris.

Pitch soupira, clairement énervé.

- Bon, debout.

- Non.

Hiccup attrapa un oreiller et se cacha le visage avec.

- Là, j'en ai marre.

Pitch attrapa le coussin et le jeta sur le fauteuil.

- Lève-toi, Haddock ou c'est moi qui le fais.

- Hein ?

- Je trouve que j'ai une réserve de patience relativement élevée, considérant ce que tu me fais
endurer depuis des semaines. Alors, d'accord, je suis ton meilleur ami, et ça fait partie de
l'ensemble, mais là, j'en ai marre. Des semaines que j'entends ''Jack et moi, c'est fini, j'ai Sophie,
j'ai besoin de rien d'autre'' et ''Pourquoi est-ce qu'il veut pas de moi ?'' Il faudrait vraiment que tu
songes à choisir entre l'avoir ou pas, et que tu t'y tiennes, parce que t'entendre geindre à longueur
de journées parce que tu ne l'as pas, ou que tu l'as mais que tu ne veux pas l'avoir, ça devient
irritant, même pour moi. Et je crois que c'est la chose la plus irritante qu'il m'ait été donné de vivre,
ce qui n'est pas peu dire, étant donné que j'ai eu droit à la série complète de Dora l'exploratrice pour
faire plaisir à Sophie.

- Eh, je te fais des réflexions, quand tu pleures parce que tu n'oses pas demander à Jamie de sortir
avec toi ?

- Je n'ai pleuré qu'une fois dans ma vie, et tu sais parfaitement que ce n'est pas à cause de lui. Et
qu'est-ce qu'il te dit que j'ai envie de...

- Oh je t'en prie, j'ai bien vu comment tu le regardais, ne me prends pas pour un idiot.

- Quoi qu'il en soit, Jamie, c'est différent, je gâcherai sa vie.

- Kozmotis...

- Mais toi, tu pourrais avoir une vie avec Jack, reprit Pitch d'une voix plus douce en s'asseyant à
côté de lui. Tu n'es pas le premier père célibataire qui sort avec quelqu'un. Tu pourrais revivre ça.

- Il va se marier...

- Certainement pas s'il sait que tu l'aimes encore. L'amour et les relations, ce n'est vraiment pas
mon domaine. Mais ça m'exaspère de voir à quel point vous êtes encore amoureux l'un de l'autre et
que tu ne le vois pas. Tu pourrais avoir tout ça, encore une fois. Ou alors, si tu ne veux pas
retraverser ce par quoi tu es déjà passé, ce que je comprends, renonce définitivement à lui. Mais ne
prends pas Sophie pour excuse, parce que ce n'est pas à cause d'elle. C'est à toi de choisir...

- Mais... J'ai tellement peur d'aller dans le mur... Je veux pas revivre ça. Pas encore une fois, la
première fois... S'il n'y avait pas eu Astrid enceinte, j'aurai pété un plomb...

- Je sais. Mais il faut que tu choisisses. Parce qu'à force, il va finir par en avoir marre et s'il part, tu
ne pourras jamais le récupérer.

Hiccup soupira, méditant sur ces paroles. Voulait-il récupérer Jack ? Certainement que oui. Mais
pouvait-il faire ça à Elsa ? Parce que si Jack l'aimait encore, et qu'il voulait de lui, leur mariage
serait annulé, ça briserait le cœur de la blonde, et il ne voulait infliger ça à personne. Et s'il
renonçait à Jack ? Il aurait un vide au fond de lui, le même vide qu'il avait eu pendant cinq longues
années, un vide que personne ne pourrait combler. Et il ne voulait pas revivre ça.

- Comme dirait ton cher ami Rustik, commenta Pitch en le voyant débattre avec lui-même, il n'y a
aucun problème qui ne se résout sans alcool.

- Alors selon toi, je devrais boire pour résoudre mes problèmes ?

- Hey, je ne fais que citer ton ami. Cependant...

Pitch se leva.

- Debout, Haddock, on va boire un coup.

- Tu détestes sortir.

- Mais toi non. Et tu n'as pas le moral.


Hiccup soupira et sourit devant l'effort. Il devait vraiment faire pitié pour que même Pitch décide
d'aller dans un bar. Il se leva et attrapa sa veste.

Ce soir-là, le Winchester était rempli. Vive le samedi soir. Il mit près de dix minutes pour pouvoir
passer sa commande et cinq de plus pour pouvoir trouver une place. Ils s'assirent à une table près
de la sortie et commencèrent à boire.

- D'après toi, je devrais faire quoi ? Demanda finalement Hiccup.

- Décider. Soit tu l'as, soit tu ne l'as pas. Mais décide.

- Tu ne comprends pas, c'est compliqué...

- C'est toujours compliqué. La vie est comme ça.

- Oui, mais si je décide de l'avoir, je briserais le cœur de sa fiancée. Anna me détestera pour avoir
fait un coup pareil à sa sœur. Et qui me dit que Sophie l'aimera ?

- Sophie est intelligente. Et depuis le temps qu'elle rêve de te voir avec quelqu'un, elle sera ravie,
même si c'est un homme. Et si Anna te déteste, tu n'auras qu'à changer Sophie d'école. Problème
réglé.

- Pour toi peut-être. Mais je ne pourrais pas continuer à me regarder en face si je sais que j'ai
infligé autant de peine à quelqu'un. J'ai déjà eu du mal à continuer quand Jack est parti...

- Et si tu décides de ne plus l'avoir ? De le laisser enfin partir ?

Hiccup sentit un immense froid l'envahir. Et à sa tête, Pitch eut sa réponse.

- Tu vois. Tu n'imagines pas ta vie sans lui. Pas quand tu sais que tu peux le récupérer.

- Je peux pas faire ça... Faire ça à Elsa.

- Hiccup, de toute façon, il t'aimait bien avant qu'il ne décide de se marier. Techniquement parlant
c'est toi qui as la priorité. Il t'a dit qu'il t'aimait toujours, tu l'aimes aussi. Inévitablement, quelqu'un
finira par souffrir. Si c'est pas toi, ce sera Elsa. Elle déprimera pendant quelque temps, décidera
que tous les mecs sont des connards, et d'ici six mois, elle sera de nouveau avec quelqu'un. Hiccup,
toi ça fait cinq ans, et tu ne t'en es toujours pas remis. Tu passes ta vie entre Sophie et ton boulot.
Quand est-ce que tu veux rencontrer quelqu'un ?

- J'ai pas besoin...

- Bien sûr que si. Dès que tu le vois, une fois sur deux, vous vous sautez dessus. Pendant combien
de temps tu vas nier que tu l'aimes ? Pendant combien de temps tu vas te sentir mal en sentant ce
vide que tu as au fond de toi ? Pendant combien de temps tu vas regretter ce qui aurait pu se passer
si tu avais accepté de l'aimer ?

Hiccup le regarda.

- Tu es sûr que c'est de moi que tu parles ? Ou de toi ?

- Ma situation est différente. Et ne change pas de sujet.

- En quoi ta situation est différente ? Jamie est là, il attend juste que tu fasses un mouvement vers
lui.

- Tu sais pourquoi je ne veux pas.

- Ta raison est débile. Tu n'es pas quelqu'un de mauvais.

- Ça, tu n'en sais rien.

- Tu crois que je te laisserais avec Sophie si je n'en étais pas persuadé ? Tu es un mec bien. Et c'est
limite navrant de voir que tu tournes autour de lui, à rester dans son ombre en le regardant. Il attend
juste un mouvement de ta part.

- On ne parlait pas de moi, de toute façon.

- Change pas de sujet.

- C'est toi qui as commencé. Eh, c'est pas Rustik, là-bas ?

Hiccup soupira.

- C'est nul, comme changement de sujet.

- Regarde par toi-même.

Soupirant, Hiccup se tourna et vit qu'effectivement, Rustik était attablé avec une blonde un peu
plus loin.

- Je lui dis bonjour et on rentre.

- Hiccup, soupira Pitch.

- Je réfléchirais à ce que tu m'as dit. Je te promets que j'y réfléchirais. Mais pas ce soir. Ce soir, je
veux juste m'apitoyer sur mon sort, et je déciderai demain, d'accord ?

- Très bien.

Hiccup se leva et alla voir Rustik. Dès qu'il le vit, le garagiste lui fit un signe de main.

- Eh Hiccup !

- Salut Rustik.

- T'es tout seul ?

- Nan, je suis avec Kozmotis, mais on va rentrer.

Rustik se leva et un grand sourire étira ses lèvres. Il fit un signe envers la femme assise avec lui et
en la voyant, Hiccup en tomba des nues.

- Hiccup, je te présente Elsa. C'est ma... Mon amie.

Elsa pâlit en voyant Hiccup et le mécanicien n'en revenait pas. Alors c'était elle qui faisait tourner
la tête de Rustik ? Elle, la femme riche et distinguée qui s'intéressait à un mec comme lui ?

- Ouais, fit-il, incapable de trouver quoi dire d’autres. Faut que j'y aille. Salut.

Il les salua rapidement et partit en pressant le pas. Il sortit dans la ruelle et la fraîcheur de l'air le
calma un peu.

Elsa était la nouvelle copine de Rustik. Il ne comprenait plus rien. Comment osait-elle faire ça à
Jack ? Bon, l'argenté faisait pareil, mais lui, il était amoureux de lui. Elle, elle ne faisait que jouer.
Bon, il en savait rien, en fait. Mais pourquoi se mariait-elle avec Jack si elle aimait Rustik ? Ça
n'avait aucun sens !

- Hey.

La voix polaire qui raisonna fit se retourner Hiccup. Elsa était là, devant lui, droite et fière et elle
jetait sur lui un regard impitoyable.

- Comment vous pouvez faire ça à Jack, vous êtes vraiment la reine des...

- Comment je peux lui faire ça ? Coupa-t-elle. Vous ne manquez pas de culot de me dire ça. Quand
on sait ce que vous faites avec lui.

Hiccup pâlit, mais elle continua.

- Oui, je suis au courant. Je suis au courant de ce qu'il s'est passé, il y a deux semaines, dans la
voiture. Je sais ce que vous êtes venu chez moi, et que vous avez passé la nuit dans mon lit. Je sais
que vous l'avez embrassé dans ma maison. Si vous voulez comparer nos comportements respectifs,
allez-y. Mais vous avez beaucoup plus à vous reprocher que moi. Si jamais vous dites un mot de
tout ça à Rupert, je détruirais votre vie. Si vous lui parlez de Jack, je vous enlèverai votre fille, je
ferais fermer l'atelier de votre oncle. Je vous ferais expulser de la maison de votre père et je la
ferais détruire. Je romprai le contrat avec la Berserker Corp, et je ferais en sorte que jamais vous
puissiez retrouver de travail. Je vous dénoncerais pour perversion et activité sexuelle sur la voie
publique. Dites un mot, et je vous détruirai. J'ai les moyens, j'ai l'argent, et une excellente raison
pour le faire.

- Vous êtes un monstre.

- Regardez-vous dans le miroir. Quand j'ai commencé à voir Rupert, il n'était pas fiancé. Je n'étais
pas tombée enceinte d'un autre alors que j’étais avec lui. Je n'ai pas détruit de couple avec mes
petites coucheries.

- Je ne vous laisserais pas m'enlever mon bébé.

Elsa rigola.

- Parce que vous pensez que vous avez le choix ? Ne dites pas un mot. À personne. Parce que je
vous jure que vous le regretterez.

Elle le laissa en plan et retourna à l'intérieur du bar. Hiccup se tint au mur, incapable de rester droit.
Il entendit à peine le coup de klaxon de Pitch qui l'attendait. Il réalisa à peine qu'il était dans la
voiture et que son ami le ramenait chez lui. Il entendit à peine sa mère lui parler et la seule chose
qu'il fit, ce fut de monter dans sa chambre sans un mot pour personne, et de s'enrouler dans son lit.
Les menaces d'Elsa ne cessaient de tourner encore et encore. Il avait tellement peur qu'on lui
enlève Sophie. Il avait tellement peur qu’on lui retire son bébé.

Quand il repensait à la manière dont elle l'avait traité, dont elle l'avait menacé, il ne fit que se
cacher sous la couette davantage. Comment avait fait Jack pour rester avec elle sans réaliser le côté
malsain qu'elle avait ?

Il réfléchit un long moment avant de trouver une explication convenable. Jack se mettait en colère
dès qu'il mentionnait Elsa ou son mariage. C'était peut-être parce qu'il l'aimait vraiment ? Mais s'il
l'aimait à ce point, ça voulait dire que lui, il ne l'aimait plus ? Alors pourquoi il avait fait tout ça ?
Pourquoi il avait accepté toutes ses caresses, la nuit qu'ils avaient passée ensemble, s'il ne l'aimait
plus ?

Hiccup se redressa dans son lit, la réponse lui apparaissant avec horreur. S'il avait tout accepté sans
broncher, c'était parce qu'il le voulait. La seule chose qu'il voulait, c'était avoir des informations sur
lui.

Je vous dénoncerais pour activité sexuelle sur la voie publique.

Personne n'était au courant. Il n'y avait eu personne, à part le vigile, et avec le peu de lumière, il
n'avait probablement pas vu leurs visages. Alors comment savait elle ? La seule solution, c'était
que Jack lui avait dit. Jack lui avait tout raconté. Et s'il lui avait tout dit, c'est certainement parce
qu'il ne l'aimait plus. Et qu'il avait voulu lui faire payer tout le mal qu'il lui avait fait.

Je vous enlèverai votre fille. Je détruirais votre vie.

- HORS DE QUESTION, SALOPE !

Il descendit en trombe, sans un mot pour sa mère et attrapa sa veste. Il sauta dans sa voiture.

L'heure était venue de rendre une petite visite à Jack. Personne ne lui enlèverait Sophie. Pas tant
qu'il respirerait.
Chapter 11

Si elle croyait qu'elle pouvait tout lui enlever impunément, la blondasse se fourrait le doigt dans
l’œil. Personne ne lui prendrait son bébé.

Enragé, il conduisit à toute vitesse jusqu'à l'immense demeure de Jack. Arrivé, il ne prit même pas
la peine de se garer correctement. Il dérapa devant l'entrée et sans même éteindre le moteur, il
descendit et alla frapper de toutes ses forces à la porte. Ce fut un Jack qui avait visiblement prévu
d'aller se coucher, au vu de la robe de chambre, des cheveux en pétards et du bâillement qui
l’accueillit lorsque la porte s'ouvrit. Mais Hiccup n'en n'avait cure.

- Hiccup ? Mais qu'est-ce que...

Sans crier gare, il lui décrocha un coup de poing magistral.

- Aww! Mais ça va pas ?!

- Et attends, parce que ce n'est que le début. Elle est où, ta garce de bonne femme ?

- Derrière vous.

Il se retourna et vit Elsa, qui avait l'air contrariée, encore vêtue de la tenue de soirée qu'elle portait
quand il l'avait vu un peu plus tôt ce soir-là. Elle passa devant lui et aida Jack à se relever.

- Si vous croyez que vous pouvez m'enlever mon bébé comme ça, vous rêvez.

- MAIS DE QUOI TU PARLES, À LA FIN ?

- JE NE VOUS LAISSERAI PAS FAIRE !

- SILENCE ! Cria Elsa.

Elle regarda Jack.

- Il a découvert... Il m'a vu avec Rupert. Et j'ai... Un peu paniqué...

- Paniqué un peu comment ?

- Un peu... Beaucoup ?

Jack soupira.

- Je deviens mauvaise quand je suis stressée, tu le sais.

- À mon grand regret.

Il regarda Hiccup.

- Écoute, je ne sais pas ce qu'elle t'a dit, mais ne crois pas...

- Je ne te laisserais pas m'enlever Sophie, tu m'entends ? Et je ne vous laisserais pas détruire


l'atelier de mon oncle.

- Mais tu lui as dit quoi, au juste ? Demanda Jack à sa fiancée.


- Que... J'allais lui retirer sa fille, le dénoncer pour activité sexuelle sur la voie publique, le faire
expulser de chez lui, et faire mettre à son oncle la clé sous la porte. J'allais détruire sa vie, en
somme.

Il soupira.

- Tu ferais mieux d'aller éteindre le moteur.

Hiccup mit une seconde à comprendre de quoi il parlait et il descendit les marches. Il coupa le
moteur et ferma sa voiture à clé. Il remonta. Jack parlait avec Elsa.

- T'es impossible...

- Je ne supporte pas le stress, je n'y peux rien, je ne l'ai jamais supporté.

- La prochaine fois, appelle Anna.

Il soupira et regarda Hiccup.

- Laisse-nous, s'il te plaît.

- Tu es sûr ? Tu n'as pas peur qu'il...

Elsa regarda Hiccup de haut en bas.

- Il m'a l'air un peu rustre sur les bords...

- C'est pas moi qui sors avec Rustik !

- T'inquiète. Je dois... Je dois lui dire la vérité...

- Tu es sûr ? Et si Ingrid ou ta mère est au courant ?

- Je lui fais confiance.

Elsa jeta un dernier regard inquiet à Hiccup puis disparut de l'entrée. Jack se massa la mâchoire et
conduisit silencieusement Hiccup au salon.

Le brun quant à lui réfléchissait à toute vitesse. Jack n'avait vraiment pas l'air de savoir de quoi il
parlait... Et Elsa qui essayait de justifier toutes les menaces qu'elle lui avait dites... Peut-être que
toute cette mise en scène faisait partie de leur plan. Ou peut-être qu'Hiccup s'était trompé ?

- Assieds-toi, demanda Jack d'une voix éteinte.

Hiccup s’exécuta sans protester et Jack s’affala à côté de lui. Il soupira et se passa la main sur le
visage. De là où il était, Hiccup voyait parfaitement qu'il semblait fatigué. Et connaissant son
ancien petit ami, Jack n'avait jamais été bon acteur.

- Qu'est-ce que tu veux savoir ?

- Tout. Mais en premier lieu, Sophie.

- On ne va pas te prendre ta fille.

- Alors pourquoi l'a-t-elle menacé ?

- Ça... C'est une longue histoire.


- Et j'ai toute la nuit.

Jack soupira et commença son récit.

- Quand... Ma mère a fini par me retrouver. Je ne savais que ce ne serait qu'une question de temps
avant que je ne sois embringué dans un mariage arrangé, encore une fois. À l'origine, ça devait être
avec Katherine, mais ça a été annulé dès qu'elle a rencontré North. Ils se sont mariés et avec son
héritage, elle l'a aidé à fonder son entreprise. On l'a aidé avec Bunny, mais quelque temps plus tard,
ma mère est revenue à la charge. Pendant environ un an, elle m'a présenté tout un tas de filles qui
étaient aussi inintéressantes les unes que les autres... Jusqu'au jour où elle m'a présenté Elsa.

- Et ça a été l'amour fou ?

Jack rigola tristement.

- Pas exactement. La première fois qu'on s'est vu, c'était pendant un dîner, et on s'est éclipsé. On a
pas mal discuté et on s'est rendu compte qu'on était pareil. Elsa a une tante, Ingrid, qui ne jure que
par le rang. Elle voulait marier sa nièce qu'à un homme qui avait un nom. Et ma mère avait fini par
se frayer un chemin, dans la haute société. Selon ma mère et Ingrid, on était parfait l'un pour
l'autre. Alors on s'est fiancé.

- Mais je croyais que tu ne l'aimais pas ?

- Je ne l'aime pas. Mais c'était le meilleur moyen d'avoir la paix. Elle, elle n'est plus obligée de se
marier à un riche, qui ne sera là que pour son argent, et étant donné qu'Elsa est extrêmement riche,
ma mère me foutra la paix.

- C'est juste pour ça ? C'est juste pour ça que vous vous mariez ? Vous ne pouvez pas aller dire aux
deux d'aller se faire voir ? Tout simplement ?

- C'est pas si facile. Elsa n'a plus de parents, et par conséquent sa seule figure, c'est sa tante. Avant
elle était proche d'Anna, mais à cause de l'entreprise, elles se sont perdues de vue. Elles ne se
voient que très rarement, et Ingrid est, par conséquent, la seule famille qu'elle voit presque tous les
jours. Elle ne tient pas à la décevoir. Et de plus, Ingrid est... Très sélective. Elle ne veut pas que
n'importe qui épouse sa nièce. Elle ne veut pas revoir un scandale comme celui d'Hans...

- Hans, c'est l'ex-copain d'Anna ?

- Tu le connais ?

- Non, j'en ai juste entendu parler.

- Hans était l'ancien copain d'Anna. Il l'a rencontré un peu après qu'elle quitte le lycée. Elle était un
peu jeune et naïve, et elle a cru tout ce qu'il lui disait. Il lui a chanté la sérénade, pour endormir ses
éventuels soupçons, et quand il a jugé bon, il a voulu lui prendre sa fortune. Mais quand il a réalisé
que c'est Elsa qui l'avait et qu'Anna en hériterait qu'après sa mort, il a monté tout un plan pour tuer
Elsa... Ça a été un enfer. Mais il a fini par se faire arrêter et mettre hors d'état de nuire. Aussi bien
par la police que par Anna. Tu aurais vu le coup de pied qu'elle lui a mis... Je ne pense pas que
jamais il aura d'enfant... Enfin bref. Après elle s'est mise à sortir avec Kristoff.

- Je ne comprends pas... Pourquoi elle ne dit pas juste à sa tante qu'elle ne veut personne ? Elle
pourrait comprendre, non ?

- Ingrid est vieux jeu. Si tu n'es pas marié à 25 ans, tu finiras vieille fille. Autant, elle se moque de
ce qu'Anna devient, mais Elsa est la tête de la famille, maintenant, elle doit montrer l'exemple. Et
si elle ne le montre pas bien, Ingrid la déshéritera. En plus de perdre une partie de son héritage,
Elsa perdra la seule famille qui lui reste en dehors d'Anna.

- On se croirait au Moyen Âge...

- Il y a un peu de ça...

- Et toi ?

- Quoi moi ?

- Je comprends pourquoi Elsa fait ce que lui dit Ingrid. Mais toi ? Pourquoi tu ne renvoies pas chier
ta mère ?

Jack soupira et s'enfonça dans le canapé, soudainement mal à l'aise.

- J'ai... J'ai résisté, pendant un temps... Mais plus maintenant. Je ne suis... J'ai pas mal changé
depuis que...

- Qu'on est plus ensemble ?

- Oui.

Jack fuyait son regard.

- Je... Pendant ces cinq dernières années, j'étais persuadé que j'avais fait quelque chose
d'absolument impardonnable pour que tu me trompes... Pour que tu préfères Astrid, avec qui tu ne
parlais jamais, à moi qui te voyais tous les jours. J'ai fini par penser que je n'en valais pas la peine.
Que je...

Il soupira, incapable de continuer. Il se mit à trembler et il baissa la tête. De fines gouttelettes d'eau
tombaient sur ses poings serrés sur ses genoux. Cette scène sembla étrangement familière à
Hiccup. Sauf que dans son souvenir, ils avaient leurs places respectives inversées. Il se souvenait,
la première fois que Jack, Merida et Raiponce étaient venus chez lui et qu'ils avaient vu sa jambe,
la peur panique qu'il avait eu. Il se souvenait encore à quel point il se sentait misérable à ce
moment-là. Et vu l'état de Jack, il devait se sentir aussi misérable que lui. Mais il se souvenait aussi
que l'amour de sa vie l'avait pris dans ses bras et lui avait dit que ça irait. Et il l'avait cru. Pour la
première fois de sa vie, Hiccup avait cru que quelque chose de bien pouvait se passer dans sa vie.
À ce moment-là, en le tenant contre lui et en lui disant ça, Jack avait très certainement contribué à
la personne qu'il était aujourd’hui, une personne fière, avec de l’estime pour elle et un caractère
combatif à toute épreuve. D'un certain point de vue, Jack lui avait sauvé la vie.

Et aujourd'hui, c'était à lui de faire pareil.

Doucement, Hiccup se rapprocha de Jack et le serra contre lui. Jack continuait de pleurer en silence
et la main du brun vint se perdre dans les cheveux argentés. D'une voix emplie de douceur, il dit :

- Crois-moi, j'ai jamais, oh grand jamais, pensé que tu n'en valais pas la peine. J'ai jamais regretté
un seul instant ce qui a pu se passer entre nous. J'ai jamais regretté de t'avoir embrassé ce soir-là et
jamais, oh grand jamais, j'ai cessé de t'aimer. Dire que je regrette d'avoir couché avec Astrid est un
mensonge, puisque ça m'a permis d'avoir ma fille, et j'aime Sophie plus que tout au monde. Mais je
regrette tellement que ça soit arrivé pendant qu'on était ensemble. J'ai jamais voulu te faire du mal.
Jamais j'ai voulu te faire souffrir.

Délicatement, il remonta le visage de l'argenté vers le sien :


- Écoute-moi bien, Frost, quand je te dis ceci.

Il se pencha vers lui et l'embrassa doucement.

- Je t'aime. Et pour moi, tu vaux toutes les Astrid du monde réunies.

Jack soupira et se serra contre lui. Hiccup l'enlaça plus fortement.

- Reste ici. Reste avec moi cette nuit.

Et Hiccup ne put que céder.


Chapter 12

Le lendemain matin, ce fut Hiccup qui se réveilla en premier. Et contrairement à la dernière fois, il
ne s'en alla pas. Il se contenta de regarder son amant dormir profondément pendant près d'une
demi-heure. Et quand enfin, il donna des signes de réveil, Hiccup se mit à lui caresser les cheveux.
Jack ouvrit les yeux et le regarda. Puis un immense sourire étira ses lèvres.

- Tu es là...

- Tu pensais que j'allais partir ?

- J'avais un peu peur.

Hiccup posa un baiser sur son front. Jack l'enlaça et chercha sa bouche de la sienne. Tout en
prenant son temps pour l'embrasser, Hiccup se mit au-dessus de lui. Il sentit les mains de son amant
se caler dans ses cheveux et il sourit. Comme au bon vieux temps.

''Maybe I see you tonight... Maybe I see you tonight...''

Hiccup se détacha de son amant et attrapa son téléphone. Ça aussi, le téléphone qui sonnait, c'était
comme au bon vieux temps.

Son téléphone affichait 12 appels manqués. Aie. Et sa mère essayait de le joindre.


Précautionneusement, il décrocha et la soufflante ne se fit pas attendre :

- Allô ?

- "HICCUP HORRENDOUS HADDOCK TROISIÈME DU NOM ! EST-CE QUE TU PEUX ME


DIRE OÙ TU ES ? JE T'ATTENDS DEPUIS HIER SOIR ! ET TU NE DÉCROCHAIS PAS !
J'ESPÈRE QUE TU AS UNE BONNE EXCUSE !"

- Pas... Pas vraiment...

- "OÙ ES-TU ?"

- J'ai... J'ai passé la nuit dehors.

- "ET TU N'AS PAS PENSÉ À ME PRÉVENIR ? AS-TU LA MOINDRE IDÉE DE L'ÉTAT DE


SOPHIE ?"

- Qu'est-ce qui se passe ?

- "Oh, ce qui se passe ?"

Sa mère se tut un instant, et il entendit des pleurs.

- C’est Sophie ?

- "Elle pleure depuis hier soir, depuis que tu t'es mis à hurler comme un possédé et que tu n'es pas
revenu."

- Passe-la-moi.

- "Hiccup..."
- Passe-la-moi.

Sa mère soupira et il l'entendit donner le combiné. Ce fut la voix entrecoupée de sanglots de sa fille
qui demanda :

- "Papa ? C'est toi ?"

- Oui, mon cœur. Je suis désolé de ne pas être rentré, hier...

- "Est-ce que... Est-ce que tu vas bien ?"

- Oui, ma puce, je suis désolé d'être parti comme ça. Je... Écoute, j'arrive, okay ? Je me change et
j'arrive.

Sa mère reprit le téléphone.

- "Quand est-ce que tu rentres ?"

- Là. Je m'habille et j'arrive.

- "Jack est avec toi ?"

- Oui, pourquoi ?

- "Alors dis-lui de venir, je veux avoir une conversation avec lui."

- Maman...

- "J'ai le droit de connaître ce garçon qui t’obnubile tellement qu'il te fait oublier ta propre fille.
D'autant plus que son mariage est toujours d'actualité, je présume ?"

- Maman...

- "Amène-le-moi, Hiccup. Ou c'est moi qui viens."

Elle raccrocha et Hiccup soupira. Il sentit Jack se redresser dans le lit.

- Il y a un problème ?

- Sophie... Vu que j'ai hurlé avant de partir en trombe, elles se sont inquiétées. Encore plus quand
je ne suis pas revenu.

Jack posa son menton sur son épaule.

- Ça va aller ?

- Je pense. Je sais pas. Faut que je voie Sophie, je ne peux pas la laisser dans cet état-là. Je vais
rentrer. Et tu viens avec moi. Ma mère veut te rencontrer.

Jack haussa les épaules.

- J’imagine que ça ne pourra pas être pire que la discussion que j'ai eue avec ton père quand il m'a
dit qu'il allait me traquer au bout du monde si je te faisais mal.

- Oh, comptes pas là-dessus. Elle n'en a pas l'air, mais elle est pire.

Jack déglutit, craignant le pire.


- Ça va ? Demanda Hiccup en voyant bien que Jack n'était pas au top.

- Ouais...

- Tu es sûr que tu veux venir ?

- Faudra bien que je la rencontre à un moment.

- Tu l'as déjà vu.

- Oui, mais c'était avant que je couche avec son fils de manière régulière.

Jack se leva et Hiccup haussa un sourcil.

- De manière régulière ? Ça ne fait que deux fois.

- C'est vrai.

Jack lui vola un baiser.

- Mais maintenant que j'ai la certitude que tu n'aimes pas Astrid, je compte bien refaire ça de
manière régulière.

Hiccup sourit en le voyant s'habiller et se rappela à l’ordre ; lui aussi devait s'habiller. Et se
préparer à la colère de sa mère.

Vingt minutes plus tard, Hiccup passait la porte de sa maison, plus inquiet qu'il ne l'avait jamais
été. Sa mère avait eu l'air particulièrement remontée au téléphone.

- Maman ?

Sa mère arriva de la cuisine, l'air furieuse. C'était la première fois qu'il voyait sa mère dans cet état-
là, et il espérait sincèrement que c'était la dernière.

- La prochaine fois que tu veux découcher, aies l'amabilité de me prévenir !

- Désolé...

- Mais j'espère bien que tu es désolé ! Sophie n'a pas arrêté de pleurer depuis hier soir !

Hiccup soupira et un bruit sourd retentit dans les escaliers. Sophie descendait les marches à toute
vitesse en appelant son père et se jeta dans ses bras. Hiccup la réceptionna et la serra contre lui.

- Mon lapin, je suis tellement désolé de ne pas être rentré...

- J'ai cru que tu voulais plus rentrer...

- Jamais.

- Pourquoi tu n'es pas rentré, si tu allais bien ?

- J'ai... J'ai dû parler avec un ami. Tu te souviens de Jack ? Demanda-t-il en désignant l'argenté. On
a dû parler, lui et moi, pendant un moment...

- Et vous êtes redevenu copain ?


Hiccup sourit.

- En quelque sorte.

Il la souleva et elle s'accrocha davantage à lui.

- Je te promets que je ne partirais plus jamais, plus sans prévenir, d'accord ?

Sophie hocha la tête et se blottit contre lui.

- On doit parler, Hiccup, déclara sa mère. Ça ne peut plus durer.

- Je vais la préparer pour l'école et je l'y emmènerais. On aura tout le temps de parler à mon retour.

Il fit demi-tour, Sophie dans ses bras et monta dans la chambre de sa fille.

- Écoutez, commença Jack.

- Dans la cuisine. Tout de suite.

Sans un mot, Jack suivit Valhallarama et s'installa sur la chaise qu'elle désignait.

- Tu vas toujours te marier, j'imagine.

- Oui.

- Et ta fiancée ? Elle est au courant de ce que tu fais avec mon fils ?

- Oui.

- Pardon ?

Jack soupira.

- Oui, elle le sait. Depuis le début. Écoutez, je n'aime pas Elsa. Pas comme ça. On se marie à cause
de ma mère et de sa tante, parce que sinon, elles ne nous lâcheront jamais.

- Et vous ne pouvez pas juste lui dire non ?

- On ne discute pas avec Ingrid. Elle parle, et on écoute. C'est comme ça et ça l'a toujours été. Mais
j'aime votre fils.

Valhallarama soupira.

- Quoi que tu puisses dire, prétendre éprouver, et tout ce qui s'ensuit, il reste qu'Hiccup est un père
célibataire qui partage sa vie entre son travail et sa fille.

- Je sais, je m'en rends bien compte.

Il repensa à la scène qui venait juste d'avoir lieu. Sophie qui s'accrochait désespérément au bras de
son père qui ne voulait la lâcher pour rien au monde. Ça lui avait brisé le cœur de la voir aussi
affolée et désespérée parce qu'elle avait cru qu'il était arrivé quelque chose à son père. Et de savoir
que c'était à cause de lui, ça ne faisait qu’amplifier son sentiment de culpabilité.

- Je sais que Sophie sera toujours là, qu'elle sera toujours sa priorité. Qu'elle passera avant tout le
reste, j'aurais juste aimé...
- Quoi ?

Il soupira, et soudain, ça lui apparut comme si c'était la chose la plus naturelle du monde.

- J'aurais juste voulu ne pas boire ce soir-là. Ne pas croire qu'il avait pu coucher avec Astrid dans
mon dos.

- C'est pourtant ce qu'il a fait.

- Il l'a juste fait parce qu'il était saoul. Parce qu'il avait perdu son père, et je sais à quel point il
aimait Stoïk. Je lui en aurais jamais voulu, si j'avais su, mais j'ai cru... Pendant cinq ans ; j'ai été
persuadé d'avoir fait un truc de tellement mal, d'être tellement nul qu'il préférait la compagnie
d'Astrid à la mienne... Ce soir-là, quand Astrid lui a parlé, j'ai... J'ai pas tout entendu et j'étais un
peu bourré... Mais j'ai cru... Si j'avais su... Que ça avait été juste une fois et parce qu'il était saoul...
Jamais... Jamais je serais parti. Jamais je l'aurais laissé.

- Tu l'aimes vraiment ?

- Plus que tout. J'ai jamais réussi à me le sortir de la tête. Depuis le jour où j'ai compris que je
l'aimais, je n'ai jamais vu personne d'autre que lui. Je l'aime... Tellement, si vous saviez...

Valhallarama soupira. Elle voyait bien que Jack était sincère. Que la situation dans laquelle il était,
dans laquelle ils étaient tous les deux était loin d'être simple. Puis elle eut une idée.

- Alors je vais te poser une question, parce que si tu l'aimes autant que tu le dis, j'ai peut-être une
idée. Une idée qui simplifiera votre vie à Elsa et à toi. Mais pour ça, tu dois être sûr. Sûr de toi. Sûr
de ce que tu ressens. Parce que si ce n'est pas le cas, je ne veux plus jamais que tu revoies mon fils.
Si tu n'es pas sûr de toi, je ne veux pas que tu infliges ça à Hiccup.

- Je vous écoute.

Valhallarama sourit et posa sa question.

À l'étage, dans la chambre de Sophie, Hiccup était en train de lui enfiler son manteau pour l'école.

- Papa, est-ce que tu vas redormir chez Jack, ce soir ?

- Non, pas ce soir.

- C'est quand que tu vas redormir chez lui ?

- Je ne sais pas encore, ma puce. On verra ça un peu plus tard.

Sophie s'arrêta de s'habiller et regarda son père droit dans les yeux.

- Tu promets que tu ne partiras plus comme ça ?

- Plus jamais. Je te le jure. Je suis tellement désolé, de ne pas être rentré hier soir, de ne pas avoir
donné de nouvelles. Mais j'avais vraiment besoin de parler avec Jack, tu comprends ?

- Parce que c'est ton ami ?

- Oui.
Elle mit ses chaussures et Hiccup prépara son sac. Puis il s'assit en face d'elle.

- Mon cœur, tu sais que je ne t'abandonnerais jamais, tu le sais, ça ?

Sophie se tut un instant, et regarda le sol, et l'espace d'une seconde, Hiccup craignit le pire.

- Papa, j'aime beaucoup mamie, mais je préfère quand c'est toi qui viens me chercher à l'école. Et
puis, je ne te vois plus jamais...

- Je sais mon cœur. J'ai... En ce moment, je travaille pour un homme, et ça me prend beaucoup de
temps. Mais je veux bien t'amener à l'école et te chercher plus souvent. Mais des fois, il faudra
quand même que tu restes avec Mamie, d'accord ?

Sophie hocha la tête.

- Tu me promets que je te verrais plus souvent ?

- Juré, sourit-il. Viens, on va être en retard à l'école.

Sophie sourit et il la prit dans ses bras.


Chapter 13

Il l’emmena à l'école et lui promit de venir la chercher le soir. Ils avaient beaucoup parlé, pendant
le trajet, et il fut soulagé de constater qu'elle avait l'air moins anxieuse. Lorsqu'il rentra chez lui, il
vit sa mère et Jack attablés à la cuisine, souriant et rigolant comme s'ils n'avaient pas eu de mots
violents juste avant. Quand ils remarquèrent qu'Hiccup était rentré, Jack se leva et déclara qu'il
allait dans le garage, commencer le prochain prototype, et Hiccup soupira, la discussion à venir lui
donnant déjà mal à la tête. Mais il souffla et se donna un peu de courage.

- Maman, je sais ce que tu vas dire...

- Tu aimes ton ami.

- Oui.

Bien que ce n'était pas une question, Hiccup voulut l'affirmer.

- Et visiblement, ton ami t'aime aussi.

Elle soupira.

- Bon sang, tu me rappelles tellement Stoick... Aussi droit, aussi ferme...

- Si je suis comme ça, c'est en partie grâce à Papa, mais aussi grâce à Jack. Il a été là pour moi dans
une période... J'ai toujours pensé que je finirais seul, ignoré de tous. Mais Jack... Quand je l'ai
rencontré, il m'a fait sentir... Tellement important. Tellement aimé... Et ça m'a brisé le cœur, qu'il
parte. Mais je me suis forcé à rester fort, parce que j'allais être père... Et la première fois que j'ai
posé les yeux sur Sophie... Toute la douleur que j'avais éprouvée s'est dissipée comme si je ne
l'avais jamais ressenti... Mais Jack... Même cinq ans après, il me fait éprouver des choses que
personne ne m'a jamais fait éprouver, des sentiments que je ne pensais jamais ressentir de ma vie.

Valhallarama soupira et baissa la tête devant l'obstination de son fils.

- Ton père aussi, n'écoutait que son cœur et rarement sa tête. Mais ça lui faisait commettre des
erreurs.

- Je n'ai commis que deux erreurs dans ma vie, et l'une d'entre elles, c'est de ne pas m'être battu plus
fort pour garder Jack. J'aurais voulu qu'il reste avec nous, plutôt qu'il épouse Elsa et qu'il fasse ce
que sa tarée de mère veut... Mais maintenant, si je peux encore l'avoir, ne serait-ce qu'un peu, je
veux profiter de ce temps au maximum.

- Et vous ferez comment quand il sera marié ?

- Je ne sais pas... On avisera. Sa mère ne le surveille pas en permanence, non plus. On pourra se
voir, même si on n'aura pas la vie qu'on veut.

Valhallarama se tut un instant, et médita les paroles de son fils. Il semblait si enclin à laisser les
choses telles qu'elles étaient sans vouloir se battre pour les changer. Mais en même temps, il avait
l'air de vouloir lâcher Jack sous aucun prétexte. Alors peut-être que...

- Tu as dit deux erreurs... Quelle est la deuxième ?

Soudain, ce fut comme si tout le poids du monde se tenait sur les épaules d'Hiccup. La gorge
nouée, il avoua quelque chose à sa mère qu'il lui avait soigneusement cachée jusque-là. Mais elle
était sa mère, elle devait savoir.

- Je t'ai dit que Papa a eu un accident de voiture... Mais ce que je ne t'ai pas dit, c'est que c'était à
cause de moi...

- Quoi ?

Il se laissa tomber sur une chaise et se passa la main sur le visage, prêt à avouer son crime.

- Ce jour-là, j'ai... Je me suis disputé avec lui... Et il a pris la route en étant furieux. C'était la
première fois qu'on se disputait, et je ne pensais pas que ça aurait une quelconque incidence, mais...
Gueulfor est venu à l'école pour me chercher et...

- Hiccup, ce n'est pas ta faute...

- Si. Si j'avais pas... Si je ne lui avais pas dit toutes ces horreurs, il aurait fait attention à la voiture
d'en face. Il serait encore avec nous... Et je n'aurais pas trop bu et mis Astrid enceinte... Et Jack ne
serait jamais parti...

Sans pouvoir s'en empêcher, il se mit à pleurer, le remord qui le rongeait depuis plusieurs années
remontant doucement à la surface. Sa mère lui passa tendrement la main sur les épaules.

- Hiccup, ce n'est pas de ta faute...

Il releva le visage vers elle et il vit qu'elle pleurait doucement.

- Il y a quelque chose que moi aussi que je ne t'ai pas dit. Le jour où je me suis réveillé... Le jour
où je me suis souvenu de mon nom, on a appelé ton père pour qu'il vienne. Il a répondu... Les
médecins m'ont dit qu'il était tellement excité... Quand on ne l'a pas vu arriver, ils ont rappelé
plusieurs fois, sans succès. Quand...

Elle soupira et sembla avouer le secret le plus honteux qu'elle ait jamais porté.

- Quand tu m'as dit qu'il avait eu un accident de voiture... J'ai demandé à ton oncle la date exacte...
Et l'heure et...

Elle soupira.

- Hiccup s'il a eu un accident, ce n'est pas parce que vous vous étiez disputé. C'est parce qu'on
venait de lui dire que j'étais en vie et qu'il s'est pressé de venir me voir. Ce n'est pas à cause de toi,
c'est moi qui...

Sa dernière parole fut étouffée dans un sanglot et Hiccup se leva pour prendre sa mère dans ses
bras. Elle pleura doucement contre lui.

Alors... Ce n'était pas à cause de lui si son père était mort ? Ce n'était pas parce qu'il lui avait dit
toutes ces horreurs que Stoïk avait eu un accident ? Tout d'un coup, il se sentit incroyablement
soulagé. Ce n'est pas lui qui l'avait tué, en fin de compte.

Et à bien y réfléchir, ce n'était pas la faute de sa mère non plus. Ce n'était pas de sa faute, si elle
avait eu un accident, avait fait quinze ans de coma pour se réveiller amnésique. Il se souvenait de ce
que lui avait dit Gueulfor à ce moment-là.

''Tu connais ton père, il accélère dès qu'il a un truc qui va pas. C'est juste un sale tour du destin.
Un accident qui arrive au mauvais moment.''

Et quel moment le plus mauvais. Ses parents n'avaient jamais pu se revoir. Pas une fois. Le plus
chanceux, finalement, c'était lui. Il avait connu son père pendant dix-huit ans, pour le perdre et
finalement connaître sa mère.

- Ce n'est pas de ta faute, lui murmura doucement Hiccup. Ce n'est pas de ta faute si tu as eu un
accident, et que tu t'es réveillé quinze ans plus tard. C'est... C'est juste comme ça que ça c'est passé.
Tu n'es pas coupable.

- Je m'en veux tellement...

- Tu n'y es pour rien...

Ils restèrent ainsi pendant quelques instants, Valhallarama se calmant doucement. Ils se détachèrent
et Hiccup caressa doucement les épaules de sa mère.

- Je ne veux pas que tu te sentes coupable, d'accord ?

Elle hocha doucement la tête et il l'embrassa sur la joue.

- Je serai dans le garage si tu as besoin de moi, d'accord ?

Elle hocha de nouveau la tête et elle l'embrassa sur le front. Il laissa sa mère et alla dans le garage.

- Ça va ? Demanda Jack en voyant qu'Hiccup avait visiblement pleuré.

- Oui...

Il sourit.

- Tout va bien.

À partir de ce moment, leur travail se fit dans la plus grande sérénité. Il n'y avait plus cette pression
ambiguë qu'il y avait depuis le départ et tous deux travaillaient de façon relaxée. Et quand la
journée se finissait, ils se séparaient sur un dernier baiser, et Hiccup allait à l'école chercher sa fille.
Mais il arrivait, comme ce soir-là, que Jack reste chez Hiccup.

Ils avaient dîné tranquillement, puis avaient débarrassé et avaient regardé un film tous les quatre.
Et quand Sophie montra des signes de fatigue, Hiccup la porta jusque dans sa chambre.

Il la mit en pyjama et la mit au lit. Et alors qu'il lui disait bonne nuit, elle lui posa une question qui
le dérouta.

- Dis, Papa... Est-ce que tu vas te marier avec Jack ?

- Qu... Pourquoi tu me demandes ça ?

- Beh... Jack, c'est ton ami, non ? Et l'autre fois, tu as dit que la maîtresse allait se marier avec son
ami...

- Ma puce...

Hiccup ne put s'empêcher de rigoler.


- Non, je ne vais pas me marier avec.

- Tant mieux.

Ça glaça le cœur d'Hiccup d'entendre ça.

- Pourquoi tant mieux ?

- J'ai entendu la maman de Fred dire à la maman de Will qu'elle avait un nouveau petit copain.
Mais qu'il avait des enfants, alors elle ne voulait pas se marier avec.

- Et ?

- Et si tu voulais te marier avec Jack, ça voudrait dire que tu ne veux pas de moi.

Hiccup soupira devant le raisonnement implacable de sa fille. Il s'assit à côté d'elle dans le lit et lui
caressa les cheveux.

- Ma puce, tout d'abord, je voudrais toujours de toi. Même si je dois me marier un jour, tu seras
toujours la première, d'accord ?

Elle hocha la tête.

- Et Jack va se marier avec quelqu'un d'autre.

- Pourquoi ? Toi, tu l'aimes bien non ?

- Oui, c'est vrai... Mais il a quelqu'un d’autre...

- Je comprends pas...

- Ce sont des raisonnements d'adultes, mon cœur, c'est compliqué.

- Alors, tu me préféreras toujours à Jack.

- Oui, bien sûr.

- Même si tu maries avec lui.

Il sourit.

- Oui, même si je me marie avec.

- Alors tu peux l'épouser, ça me va.

Il rigola et se leva. Il l'embrassa sur le front et lui souhaita une bonne nuit.

Il redescendit au salon et croisa sa mère qui montait dans sa chambre.

- Tu vas te coucher ?

- Oui, je suis fatiguée.

Elle l'embrassa sur le front.


- Bonne nuit.

- Toi aussi, Maman.

Sa mère monta et il se réinstalla sur le canapé. Il n'avait pas perdu grand-chose au film et suivit
rapidement le scénario. Mais au bout d'un certain temps, il sentit la main de Jack sur la sienne. Il
regarda l'argenté, qui semblait un peu nerveux.

- Je peux ?

Hiccup sourit.

- Viens là.

Il écarta les bras et l'argenté s'y colla avec enthousiasme.

- Sophie ne va pas descendre ?

- Je ne pense pas. Elle doit déjà dormir.

- Elle est rapide.

- Oh, je me fais pas de soucis. Dans trois heures, elle sera debout.

- Ah oui ?

- Oh oui. Une fois sur deux, elle se lève la nuit.

- Elle fait du somnambulisme ?

- Non, elle se réveille et se balade dans la maison la nuit.

Jack se redressa.

- Ça n'a rien à voir, mais pendant que j'y pense, ça fait un moment que je n'ai pas vu Krokmou. Il va
bien ?

- Oh oui, il se promène dans le quartier, la plupart du temps.

- Tu n'as pas peur pour lui ?

- Pas vraiment, c'est un quartier avec beaucoup d'enfants donc les gens roulent lentement. Et il sait
courir vite.

Hiccup rigola.

- C'est marrant, parce qu'il y a plein de chats errants, dans le coin, et à chaque fois, il m'en ramène
un différent. Il y a trois ans, il a commencé à m'en ramener un presque tous les jours. Il le faisait
rentrer par sa chatière et il le conduisait jusqu'à sa gamelle. Je l'ai vu faire un jour. L'autre chat
mangeait et Krokmou restait à côté comme s'il veillait sur lui.

- C'est quoi, au juste, le chef des autres chats ?

- On dit un alpha, dans ce cas-là, mais c'est ça. C'est impressionnant, des fois. Un jour, je me suis
levé et ils étaient tous dans le jardin, rangés autour de Krokmou, à lui faire des cadeaux.

- C'est gentil.
- Ouais, sauf qu'ils lui apportaient des trucs crevés. Des souris, des oiseaux, des lézards, des
grenouilles. C'était dégueulasse, j'ai dû tout nettoyer avant que Sophie ne se lève.

Jack ricana et se réinstalla sur son torse. Ils continuèrent leur film en silence, quand Hiccup réalisa
quelque chose.

- Je suis en train de penser... Au début, tu savais qui était Sophie, mais tu ne savais pas que c'était
ma fille. Pourquoi ?

- Elsa et Bunny.

- Mais encore ?

De là où il était, Hiccup ne voyait pas le visage de Jack, mais vu comme il essayait de se cacher
dans son T-Shirt, il était sûr qu'il était mal à l'aise.

- Si c'est Elsa qui est venue prendre la télé, c'est parce que je lui avais demandé. Je ne voulais pas
te voir, parce que ça me faisait trop mal. Dès le début, quand je suis revenu de l'atelier, je lui ai dit
que je t'avais revu. Elle savait qui tu étais depuis le début, ce qu'il s'était passé entre nous et le
reste. Et quand elle est partie de l'atelier, elle m'a appelé.

- "Jack, c'est moi. Oublie, ce n'est plus la peine."

- De ?

- "Je suis au garage, là où tu as amené la télévision."

- Et... Et alors ?

- "Il a, je cite ''bien assez d'une femme dans sa vie''.

- Hein... Quoi ?

- "Ce sont ses mots. Il m'a dit qu'il connaissait Anna, et quand je lui ai demandé s'il était amoureux
d'elle, il m'a répondu qu'il avait assez d'une femme dans sa vie. "

- C'est pas vrai...

- "Jack, je suis désolé."

- En même temps, c'est compréhensible. Ça fait cinq ans.

- "Faut que tu reprennes ta vie en main."

- Je ne peux pas... Pas tout de suite.

- "Jack..."

- J'arrive pas à croire qu'il a retrouvé quelqu'un...

- "Tu dois faire pareil. Tu dois avancer, et l'oublier... "

- Je ne peux pas... Elsa, je ne peux pas.

- "Il faut bien que tu fasses quelque chose de ta vie. Aster t'a dit à plusieurs reprises la même
chose. Même si on doit se marier par obligation, on s'est toujours dit que si on trouvait quelqu'un à
côté..."

- Je ne veux pas... Je ne peux pas... Toi, trouve si tu veux, mais je ne peux pas, pas tout de suite.

- "Alors on va rester tous les deux malheureux ?"

- Toi, tu pourrais trouver quelqu'un, tu es belle, intelligente...

- "Et riche. Les gens ne s'intéressent qu'à ma fortune, ou à ma place. L'ex-fiancé d'Anna en est la
preuve, si on s'intéresse à moi, ce sera juste pour ce que je représente, pas pour ce que je suis."

- Elsa...

- "Oublie, va, ce n'est pas grave. Quoi qu'il en soit, la télévision est réparée. Je passe au garage
avant, parce que ma voiture fait un bruit étrange, je ramène la télé et on regarde un film en
parlant de nos vies ratées, ça te va ?"

Jack rigola à l'autre bout du fil.

- C'est parfait.

- T'as envoyé Elsa en reconnaissance ?

Jack ne répondit pas, se contentant de se cacher dans le T-Shirt d'Hiccup. Hiccup lui caressa les
cheveux en espérant que ça lui délirait la langue.

- Je ne voulais pas y aller... Je ne sais pas si j'aurais eu une réponse.

- Pour savoir si j'avais refait ma vie ?

Jack ne répondit pas, et Hiccup soupira.

- Je n'ai jamais pu. Rustik a essayé plusieurs fois de me faire rencontrer des gens, mais il n'y avait
personne qui me branchait. Et j'avais Sophie à côté, je n'avais pas envie de me lancer dans une
relation et de risquer de la délaisser.

- Mais tu es avec moi, maintenant...

- Toi, tu as toujours été un cas à part.

Hiccup rigola.

- En fait, je n'arrivais pas à me décider si je devais me battre pour t'avoir avec moi, ou si je devais
te laisser partir.

- Et qu'est-ce qui t'a fait décider ?

Hiccup s'apprêta à parler de Pitch et de la patience incroyable dont il avait usé pour le soutenir,
mais il avait oublié un léger détail. Jack n'était pas au courant que Pitch et lui était de nouveau ami.
Et vu la haine que Jack avait pour Kozmotis, autant qu'il ne l’apprenne jamais. Fort heureusement
pour lui, le téléphone sonna, et Jack se redressa pour répondre.

- Oui ?

- "Jack ?"
- Qu'est-ce que tu veux, Bunny ?

- T'es où, là ?"

- Chez moi. Pourquoi ?

- "Menteur. North y est passé et Elsa a dit que tu n'y étais pas. Tu es où ?"

- Je viens juste de rentrer.

- "Ah. Et c'est pour ça que ta voiture est garée chez Haddock ?"
Chapter 14

Immédiatement, Jack se figea.

- Quoi ?

Il alla voir à la fenêtre et vu que son ami le regardait depuis le bout de l'allée. Bunny raccrocha et
partit dans l'autre sens.

- Et merde, jura Jack.

- Un problème ?

- Bunny est au courant. Et c'est pas moi qui lui ai dit.

Jack enfila son manteau, et Hiccup l'imita. Jack se rua dehors et essaya de rattraper Bunny.

- J'y crois pas, hurlait celui-ci. Après tout ce qu'il t'a fait, tu reviens quand même en courant !

- Bunny...

- Mais qu'est-ce qui va pas chez toi ?

Hiccup arriva à leur niveau.

- Hey, qu'est-ce qui se passe ?

- Toi, hurla Bunny, c'est à cause de toi !

Il se jeta sur lui et lui asséna un coup de poing sur le nez.

- Là, j'en ai marre.

Hiccup lui rendit son coup, et une bagarre commença. Ils se tapèrent dessus avec férocité, une rage
contenue pendant longtemps et qui explosait au fur et à mesure qu'ils s'assénaient des coups plus
violents les uns que les autres. Ils ignoraient combien de temps ils passèrent à essayer de s’entre-
tuer, mais Jack finit par y mettre un terme. Il attrapa Bunny par l'épaule et l'écarta violemment
d'Hiccup. Il tomba par terre et se releva immédiatement, prêt à se battre jusqu'à la fin, quand Jack
se mit au milieu.

- Ça suffit !

- Laisse-moi lui péter la...

- Eh, il y a des gens qui dorment, coupa Jack. Alors arrêtez de hurler comme des possédés et
calmez-vous !

Bunny et Hiccup se calmèrent, essayant de se tuer du regard, sans grand succès. Jack soupira,
fatigué. Encore une prise de tête en perspective.

- Sérieux, commença Bunny, mais qu'est-ce qui va pas chez toi, Jack ? Qu'est-ce que tu peux
trouver à cet enfoiré ?

- Tu sais ce qu'il te dit, l'enfoiré ?!


- Je l'aime, c'est tout, répondit Jack. Je sais ce que tu penses de lui, mais on s'est trompé. On s'est
tous trompé.

- C'est marrant, parce que de ce que je sais, il a bien fait un gamin avec Astrid.

Jack soupira. Il voulait tellement en finir avec cette histoire.

- Il m'a expliqué pourquoi il avait fait ça. C'est bon, je lui ai pardonné.

- Tu lui as pardonné ? Mais tu es con jusqu'à quel point, au juste ? Pendant cinq putain d'années, je
t'ai vu pleurer parce qu'il s'était barré avec Astrid. Pendant cinq ans, je t'ai soutenu, je t'ai écouté te
demander ce que tu avais pour mériter ça, ce que cette pouf pouvait avoir de plus que toi. Pendant
cinq ans, je t'ai vu déprimer, devenir l'ombre de toi-même, tout ça parce que ce connard a joué avec
toi. Et toi, tu lui pardonnes ?!

Bunny souffla en se passant la main dans les cheveux, comme s'il n'y croyait pas.

- Bunny, c'est... C'est un peu plus compliqué que ça.

- Ce trou du'c se fout juste de toi, et toi t'es trop con pour t'en rendre compte.

- Non, il ne se...

- Ouais, bien sûr, c'est pour ça qu'il est de nouveau pote avec Pitch !

Hiccup se figea. Non... Il n'avait pas osé... Jack se retourna et le regarda avec horreur.

- C'est vrai ?

Hiccup soupira. Il ne voulait pas mentir. Plus maintenant.

- Oui, c'est vrai.

- Mais... Comment tu peux être ami avec ce...

Hiccup sortit son portable.

- J'espère pouvoir te l'expliquer.

Il composa le numéro de Pitch. Deux sonneries plus tard, ce fut une voix ensommeillée qui lui
répondit.

- ''Allô ?''

- Kozmotis ? Je te dérange ?

- ''Hiccup ? Bon sang, il est presque minuit, qu'est-ce que tu veux ?''

- Ta permission.

- ''Pour ?''

- Jack sait. Qu'on est ami. Et je veux ta permission de lui expliquer pourquoi.

- ''Hiccup...''

- Je sais. Je sais que tu ne veux pas que ça se sache. Mais si je ne lui dis pas toute l'histoire... Je vais
le perdre... Et je peux pas... Pas encore...

Il entendit Pitch soupirer.

- S'il te plaît.

- ''Très bien.''

- Je te remercie.

- ''À lui et personne d'autre.''

Le regard d'Hiccup tomba sur Bunny.

- En fait... On est pas vraiment tous seul...

- ''Bon dieu de... Qui ?''

- Mund.

- ''Mund ? Sérieusement ?''

- J'ai pas vraiment le choix.

- ''Hiccup, si un mot de tout ça sort, je ferais de votre vie un enfer, à tous les trois, c'est clair ?''

- Oui.

- ''Et ce ne sont pas des menaces en l'air.''

- Oui, j'ai pas oublié ce que tu as fait à Rustik.

- ''Il l'avait mérité.''

- C'était un accident !

- ''Peu importe.''

Hiccup soupira. C'était un accident qui s'était passé il y avait moins d'un an. Il avait invité Rustik et
les jumeaux chez lui et Jamie était resté jouer avec Sophie dans sa chambre pendant qu'Hiccup
recevait ses invités. Et quand il était descendu pour prendre quelque chose à boire, Rustik, qui
avait un peu trop bu, lui avait sorti une blague vaseuse et un sous-entendu absolument pas discret.
Il avait achevé son commentaire par une frappe virile sur l'épaule, mais sa force, additionnée à la
carrure d'adolescent un peu chétif de Jamie, avait résulté que le jeune homme avait terminé la tête
dans la rambarde d'escalier. Rien de bien méchant, il s'en était sorti avec un bleu sous l’œil à peine
voyant. Mais quand Pitch avait vu Jamie le lendemain, et qu'il avait demandé d'où ça venait...
Rustik n'avait plus jamais été le même...

- Je te remercie, conclut Hiccup.

- ''Tu me dois une faveur.''

- Comme toujours.

Il raccrocha et soupira.

- Venez.
- Où ? Crasha Bunny.

- Chez moi.

Il fit demi-tour et rejoignit la porte d'entrée, sans un regard pour Jack. Il n'osait pas. Il n'osait pas le
regarder et voir la haine dans ses yeux. Il savait à quel point Jack haïssait Pitch, mais il ne voulait
pas le perdre. Et s'il devait faire un choix... Il n'était pas sûr de sa réponse.

Il les fit asseoir au salon et enleva sa veste. Jack et Bunny s'étaient assis sur le canapé, et Hiccup
avait pris place en face d'eux, sur le fauteuil qu'occupait généralement son père, comme pour se
donner du courage. Et Dieu savait qu'il en avait besoin.

Il souffla et commença :

- Bon, qu'est-ce que vous voulez savoir ?

Bunny ouvrit la bouche pour parler, mais Jack le devança.

- C'est vrai ? Que t'es ami avec lui ?

- Oui.

- Pourquoi ? Après tout ce qu'il a fait, à ma sœur et à toi ! Comment peux-tu être ami avec ce type ?

- C'est une longue histoire.

- Et on est toute ouïes, déclara Bunny avec un petit sourire.

Comme s'il lui disait silencieusement ''vas-y mon pote, j'aimerais bien savoir comment tu vas te
dépatouiller avec ça''. Et Hiccup lui aurait volontiers arraché. Mais l'heure n'était pas à la bagarre.
Elle était à la révélation.

Hiccup rentrait chez lui à pied, par cette après-midi de septembre. Il avait été rendre visite à
Astrid, qui en était à presque huit mois de grossesse et avait signé les derniers papiers concernant
le bébé. Le père d'Astrid avait déclaré que dès la naissance, Hiccup partirait avec le bébé, et
qu'Astrid n'aurait plus de contact avec lui. Elle commencerait la fac, avec un semestre de retard,
mais ne serait pas encombrée par la maternité. C'était le point de vue de Monsieur Hofferson.
Astrid, en revanche, voyait les choses différemment. Elle s'était discrètement mise d'accord avec
Hiccup, pour venir lui rendre visite de temps en temps, à lui et à leur enfant quand elle serait à la
fac. Un arrangement qui convenait parfaitement à Hiccup. Astrid était la mère, il trouvait ça
normal qu'elle rende visite au bébé de temps en temps.

Il marchait tranquillement jusqu'à sa porte d'entrée quand il vit une forme étalée dans ses
poubelles. Sur ses gardes, il s'en approcha, et fut stupéfait en la reconnaissant. Il s'agissait de
Pitch en personne, inconscient, et qui avait visiblement passé un sale quart d'heure. Il essaya de le
réveiller, histoire de savoir ce qu'il faisait là, sans aucun succès. Soupirant et maudissant son bon
cœur, il le souleva comme il put et le ramena chez lui. Il le posa sur le canapé où il comata
pendant plusieurs heures. Et finalement, il émergea pendant la soirée.

Il cligna doucement des yeux puis il se redressa d'un coup, comme s'il avait été foudroyé.

- C'est pas trop tôt.


Pitch se retourna vers lui d'un geste rapide.

- Hiccup ?

- T'es chez moi. Et j'aimerais bien une explication sur le fait que tu te sois retrouvé dans mes
poubelles.

Pitch observa la pièce avec un air d'animal effrayé.

- Il est quelle heure ?

- Euh... Presque six heures, pourquoi ?

Le plus grand se passa la main sur le visage.

- Je dois rentrer.

- Je ne compte pas spécialement te retenir. Je veux juste savoir ce que tu foutais étalé dehors.

- Rien qui te concerne.

Pitch se leva et voulut faire un pas mais tomba à la renverse.

- Ça va ?

- Occupe-toi de ce qui te regarde, crasha le plus grand.

Avec visiblement beaucoup de difficultés, il essaya de se redresser et fit un pas en avant. Il tomba
au milieu du salon et de là où il était, Hiccup pouvait parfaitement entendre son cri de douleur.
Soupirant, et pestant contre son bon cœur pour la deuxième fois de la soirée, il l'aida à se relever
mais Pitch se dégagea de sa poigne avec force.

- Laisse-moi !

- Je pourrais te laisser si tu n'étais pas au milieu de mon salon, avec la tête d'un mec qui s'est fait
boxer.

- En quoi ça te regarde ? Pourquoi tu en as quelque chose à faire après tout ce que je t'ai fait !

- Je suis peut-être juste gentil.

- T'es qu'un abruti ! Hurla Pitch, hors de lui. N'importe qui se serait barré et m'aurait laissé !
Pourquoi tu restes, hein ?

- Pourquoi tu veux savoir pourquoi je reste ? T'es allergique à la gentillesse ou quoi ?

- Fous-moi la paix !

- T'es pas en état de rentrer chez toi. Je vais appeler tes parents, et...

- Non ! S'écria Pitch.

Intrigué, Hiccup haussa un sourcil. Il était rare de voir le plus grand aussi effrayé. De ce qu'il
savait, la seule expression faciale qu'il ne lui ait jamais connue, c'était un profond ennui, ou une
expression moqueuse qu'il réservait principalement à Jack. Mais jamais de peur.

- Je vais me débrouiller, je te dis.


- T'arrives à peine à faire un pas. Tu vas rentrer comment chez toi ?

- J'y arriverais.

Une sonnerie de téléphone raisonna, et avec un peu de difficulté, Pitch attrapa son téléphone. Il
pâlit en voyant le numéro et décrocha et demanda d'une voix presque effrayée :

- Allô ?

Et Hiccup comprit pourquoi Pitch ne voulait pas qu'il le raccompagne. De là où il était, sur un
fauteuil en face du canapé, il entendait parfaitement la voix de l'interlocuteur.

- ''T'es où ?!''

- Je... Je suis en chemin.

- ''C'est ça. Magne-toi le cul de rentrer ou ça va chauffer pour ta gueule, compris ?''

- Oui...

- ''Oh, puis nan, j'ai changé d'avis. Reste dehors.''

- Mais...

- ''Quoi ? T'as un truc à dire ? Ce soir, tu restes dehors. Sous un pont, dans une poubelle, là où est
ta place. Mais si je te revois chez moi, je te tue, c'est clair ?''

- Papa...

- ''C'est clair ?''

- O-Oui...

L'autre homme raccrocha et Hiccup fut soudain mal à l'aise pour l'autre. Picth semblait au bord
de l'évanouissement mais trouva quand même le moyen de lancer un regard noir à Hiccup.

- Quoi ?

- Rien, j'ai entendu.

- Et alors ?

- Rien. Ça explique juste pourquoi tu as tendance à te comporter comme le dernier des connards,
c'est tout.

Hiccup souffla et maudit son bon cœur une fois encore.

- Tu veux passer la nuit-là ?

- Quoi ?

Pitch semblait ne pas y croire.

- Est-ce que tu veux dormir là ? J'ai une chambre d'amis, si tu veux.

- Pourquoi est-ce que tu veux que je reste ?


- Tu préfères passer la nuit dehors ?

- Pourquoi t'es aussi gentil avec moi ? Qu'est-ce qui va pas bien chez toi ? Je t'ai dit que je me
servais de toi pour faire du mal à Frost, mais toi, tu me proposes ton aide ? Mais qu'est-ce qui ne
va pas chez toi ?

- Je suis peut-être juste sympa ?

- T'es pas net Haddock.

- C'est pas nouveau.

- Et Frost ? Ta chérie ne va pas gueuler, quand il saura que je suis là ?

- On est plus ensemble.

Bien que ce fut assez douloureux pour Hiccup d'en parler, c'eut le mérite de faire rabattre son
caquet à Pitch.

- Allez, viens.

Il le conduisit à l'étage. Dans la maison, il y avait trois chambres et demie. Sa chambre, celle de
son père, dans laquelle il refusait que quiconque y mette les pieds s'il n'était pas de sa famille,
celle d'ami qui avait souvent servi à Gueulfor, et le bureau qu'il était en train de convertir en
chambre d'enfant. Il lui montrait la chambre d'amis.

- La salle de bain est au bout du couloir, et ma chambre est à côté.

Il se retourna et constata que Pitch n'était plus là. Il ouvrait le bureau.

- Hey, ne va pas là !

Mais le plus grand l'ignora, il rentra dedans et siffla.

- Il y a un Haddock junior en route, je l'ignorais. Mais tes parents sont morts, ça ne va pas être dur
d'avoir un petit frère ?

Hiccup fronça les sourcils. Il était un peu vexé, mais il sentait que quelque chose n'allait pas. Pitch
était du genre plus subtil. Les insultes directes, ce n'était pas son truc. Il sortait généralement des
réflexions que les gens comprenaient lorsqu'il était déjà loin. Et il devait être au plus mal pour lui
sortir quelque chose d'aussi bas.

- C'est pas pour un petit frère, c'est pour mon bébé.

- Hein ?

- Je vais être père.

Pitch rigola. Il s'arrêta immédiatement quand il vit qu'Hiccup était sérieux.

- Tu vas avoir un enfant ?

- À ton avis, pourquoi Jack est parti ?

- Tu l'as trompé ?
Hiccup détourna le regard. Il n'était pas vraiment fier de ce qu'il avait fait.

- Je ne t'imaginais pas comme ça.

- Je ne l'ai pas fait exprès.

- Genre. Tu te branlais et elle t'est tombé dessus, c'est ça ?

- Pourquoi t'es aussi ignoble ?

Pitch ne répondit pas.

- D'habitude, tu es plus calme, plus élégant, mais là, tu es juste répugnant... J'ai l'impression de
parler avec Rustik ou les jumeaux. Tu dois vraiment souffrir pour être aussi perturbé.

Pitch fronça les sourcils et voulut sortir de la chambre, mais Hiccup lui barra le chemin.

- Je t'ai dit que tu restes.

- Tu crois que tu peux me forcer ?

- Tu veux qu'on parle de ce que je crois ? Okay. Je crois que pour sortir des insultes aussi
mauvaises, tu dois vraiment avoir mal. Je crois que ce que t'as dit ton père au téléphone doit
vraiment te perturber pour être aussi mauvais, mais je pense que ce n'est pas la première fois qu'il
te dit ce genre de chose. Je crois que ça dure depuis longtemps pour que tu aies un tel
comportement. Je crois même que c'est lui qui t'a mis dans un état pareil et que ça explique aussi
pourquoi tu es toujours couvert de la tête aux pieds. Et je crois que si tu voulais vraiment partir, tu
serais déjà dehors.

- Qu'est-ce que tu veux ?

- Juste t'aider. J'ai beaucoup apprécié qu'on m'aide quand j'en ai eu besoin, et je veux faire pareil
avec toi.

- Tu ne peux rien pour moi.

- Je peux t'offrir un endroit où dormir. Je peux t'aider à trouver un boulot, et un appart. Je peux
aussi juste être ton ami.

- Je ne peux pas avoir d'amis.

- Tu ne peux pas ?

- Veux pas. Je ne veux pas avoir d'amis.

- C'est pas ce que tu as dit.

- Tu as mal entendu.

- Tu es encore en train de fuir. Pourquoi tu ne peux pas avoir d'amis ?

- Lâche-moi, Haddock.

- Pourquoi tu ne peux pas avoir d'amis ?

- Dégage, Hiccup.
- Pourquoi tu ne peux pas avoir d'amis

- Laisse-moi partir.

- Pourquoi tu ne peux pas avoir d'amis ?

- PARCE QUE JE DÉTRUIS TOUT CE QUE JE TOUCHE ! TU ES CONTENT ?

Hiccup en tomba des nues, et Pitch s'écarta de la porte. Il s'entoura de ses bras et s'assit par terre,
replié sur lui-même, dans un coin de la chambre.

- J'ai tué Emma, dit-il soudainement. Je l'ai tué. Je l'ai manipulé pour qu'elle aille sur ce lac. Mais
il a fallu que Jack aille avec elle.

- Tu ne voulais pas qu'il vienne ?

- Non, je le voulais juste pour moi. je... Je venais d'arriver, il a été le premier à me parler, à ne pas
me regarder de travers parce que je lui faisais peur. Mais il passait tout son temps avec sa sale
morveuse de sœur.

- Alors tu l'as tué pour avoir Jack à toi.

Pitch ne dit rien.

- C'est vraiment ce que tu penses ?

L'espace d'une seconde, le visage du plus grand eut une expression douloureuse, et Hiccup savait
qu'il avait vu juste.

- Tu regrettes ce que tu as fait.

- Non.

- Si.

Hiccup s'assit à côté de lui.

- Tu sais, j'ai beaucoup parlé avec Rustik. Et franchement, si Astrid ne m'avait pas dit que c'était la
vérité, jamais je ne l'aurais cru. Ça a toujours été une tête de con, et j'ai jamais compris pourquoi
il se comportait comme ça.

- J'm'en fous.

- Moi aussi, au début. Puis j'ai appris pour son père. Tout comme j'ai appris tout à l'heure pour le
tien. À force de se faire traiter de crétin, d'erreur et de bon à rien, on finit par le croire. Rustik, lui,
il a toujours été persuadé qu'il ne servait à rien. Que jamais il ne ferait quelque chose de bien. Son
père lui a toujours dit, alors il l'a toujours cru.

Pitch le regarda, attendant la suite.

- À force de se faire traiter comme une merde, on finit par penser qu'on en est une.

Pitch détourna les yeux.

- Je l'ai tué. Je l'ai tué.


- Je pense que c'était juste un accident.

- Tu n'étais pas là. Tu n'en sais rien.

- Si tu étais vraiment convaincu de l'avoir tué, tu ne le répéterais pas. Croire que tout est de sa
faute, c'est bien plus facile que d'ouvrir les yeux et de voir qu'on s'est fait manipuler par des gens
toute notre vie.

- Je l'ai tué. Je l'ai...

- C'était un accident.

- Non, c'en était pas un, c'était...

- Si c'en était pas un, pourquoi tu pleures ?

Pitch toucha ses joues, incrédule. Il n'avait visiblement pas conscience d'avoir pleuré et pourtant,
ça faisait un petit moment qu'il le faisait.

- La première fois que tu m'as aidé, tu m'as tendu la main, alors qu'on m'avait jeté à terre. Jack ne
m'aimait pas encore, et pourtant tu m'as aidé. Quand on était au CDI, tu m'as aussi aidé, contre
Rustik et Bunny. Jack ne m'aimait pas. Enfin, il m'aimait un peu, mais tout comme il aimait Merida
et Raiponce. Et avec toutes les filles qui lui courraient après, c'était plus facile de croire qu'il était
hétéro, donc si tu avais voulu lui faire du mal, tu te serais tourné vers Merida ou Raiponce. Mais
tu t'es tourné vers moi. Tu m'as aidé ce jour-là, juste parce que tu ne voulais plus voir d'injustice.
C'était déjà un appel, et je regrette de le comprendre que maintenant. Parce que si je l'avais
compris plus tôt, j'aurais su pourquoi tu m'avais balancé toutes ces horreurs. Et je t'aurais aidé
bien avant. Je ne t'aurais pas juste laissé partir. Tu te souviens de ce que tu m'as dit ce jour-là ?
Entre marginaux, il faut bien s'aider ? Aujourd'hui, laisse-moi te rendre la pareille.

Pitch ne dit rien, et se contenta de pleurer. Il éclata en sanglots et se recroquevilla sur lui-même.
Hiccup le prit dans ses bras et ne fut pas vraiment surpris de le voir s'accrocher à lui avec autant
de désespoir.

- Et qu'est-ce qu'il a fait après ?

- Il est resté chez moi pendant deux ans. Ensuite, il s'est trouvé un job et s'est pris un appart. Il a
plus jamais revu son père.

- Pourquoi il l'a traité comme ça, son père ? Demanda Bunny.

- Parce que c'était un raté. Il était dans l'armée, et il avait mis une fille enceinte. Quand sa mère est
morte, Kozmotis s'est retrouvé forcé d'aller vivre chez lui. Son père ne l'a jamais voulu, il ne l'a
jamais supporté. Mais comme c'était une figure militaire reconnue, il ne pouvait pas juste
l'abandonner. Alors il lui a fait payer chaque jour de sa vie.

- Pourquoi tu l'appelles Kozmotis, au fait ? C'est pas Pitch, son prénom ?

Hiccup sourit tristement.

- Nan, c'est comme ça que l'appelle son père. C'est le nom qu'il y a sur la plupart des papiers
officiels, mais son véritable nom, c'est Kozmotis Pitchinier Black. Black pour sa mère et Pitchiner
pour son père. Mais ce taré ne supportait pas qu'il ait le même nom que lui. Alors il le
raccourcissait et lui donnait le nom de sa mère.

- Tu l'aimes vraiment, demanda Jack.

- C'est mon meilleur ami.

- Il a tué ma sœur.

- C'est pas ce que je pense. Je te jure, si tu l'avais vu. Si tu le connaissais comme je le connais, tu
saurais qu'il est incapable de faire du mal à quelqu'un.

- Il a dit qu'il avait voulu la tuer. Pour m'avoir pour lui.

- C'est vraiment flippant, quand on y pense. Surtout quand on sait l'âge que vous aviez, commenta
Bunny.

Hiccup soupira.

- Son père, je l'ai vu une fois et... Je pense que c'est à cause de lui qu'il est comme ça. Qu'il a pensé
pendant tout ce temps que pour avoir des amis, il devait se les approprier comme des choses. Tu ne
t'es jamais demandé pourquoi il n'avait pas d'ami ?

- Parce qu'il est taré en plus d'être flippant ? Demanda Bunny.

- Il a pensé pendant des années que s'il avait des amis, s'il s'attachait à quelqu'un, il finirait par lui
faire ce qu'il t'avait fait. Je sais qu'il a l'air bizarre, qu'il ne dit jamais rien et qu'il a l'air de se foutre
de tout. Mais je peux t'assurer que ce qui s'est passé ce jour-là...

- Ça l'éclate ? Demanda Bunny.

Hiccup lui jeta un regard noir.

- Il en fait encore des cauchemars.

- C'est vrai ? Demanda Jack.

- Il ne se l'est jamais pardonné. Il a mis des mois à prendre Sophie dans ses bras parce qu'il avait
peur de la faire tomber, ou de lui faire du mal. Il a fallu qu'elle commence à marcher et qu'elle
réclame à être dans ses bras pour qu'il essaye. Mais même la première fois, il a mis presque deux
heures à se décider. Et je ne lui confierais pas Sophie si je n'avais pas confiance en lui.

- Je peux pas, dit Jack. Je ne peux pas lui faire... Pas après tout ce qui c'est passé entre nous, je ne
peux pas.

- Je ne te demande rien, dit Hiccup, si ce n'est de comprendre. Je t'aime. Comme un dingue. Mais
c'est mon meilleur ami. Quelqu'un qui se repose entièrement sur moi s'il a besoin. Quelqu'un sur
qui je peux me reposer entièrement si j'ai besoin. Alors ne me demande pas de choisir, parce que je
ne peux pas.

- Ce n'est pas près de devenir mon pote.

Hiccup rigola.

- Je ne te force à rien. Je veux juste que tu comprennes.

- Ouais, bonne chance pour ça, commenta Bunny.


Il se leva.

- C'est pas l'tout, mais je vais rentrer chez moi. J'ai rendez-vous avec North demain matin.

Hiccup se leva à son tour.

- Écoute, je sais que tu me détestes, et pour être honnête, je ne te porte pas spécialement dans mon
cœur non plus. Mais je te propose de faire avec.

Il lui tendit la main. Bunny la regarda et regarda Hiccup.

- À une condition.

Il lui attrapa la main et la serra à en faire craquer ses jointures.

- Si tu refais un coup de pute à Jack, si tu lui brises le cœur, je briserais tout ce qu'il y a autour du
tien, pigé ?

- Parce que tu crois que tu me fais peur ?

Bunny serra davantage.

- Ne dis pas que je ne t'ai pas prévenu, Haddock.

- Je ne compte pas le perdre à nouveau.

- Et si tu te rebourres la gueule à coucher avec une fille ?

- Je ne bois plus autant. Comment tu sais que j'étais bourré ?

- J'ai croisé les jumeaux Thorston, un peu après que Jack t'ait largué, à la supérette. Ils en parlaient,
et j'ai compris que t'avais trop picolé et que t'avais mis Astrid enceinte.

- Attends, t'étais au courant ?! Cria presque Jack.

- Bien sûr.

Jack le poussa.

- Et tu ne m'as rien dit ?!

- J'en voyais pas l'intérêt.

- T'es sérieux ?!

- Je savais que t’irais le voir à la seconde où tu découvrirais la vérité. Et il ne te méritait pas.

- Mais c'est pas à toi de décider s'il me mérite ou pas ! On est pas au Moyen Âge, merde !

- Dis le mec qui va épouser une nana pour son héritage, commenta Bunny.

- Pourquoi tu penses que je ne le méritais pas ? Demanda Hiccup.

- Parce qu'elle t'a annoncé qu'elle était enceinte à la fête de fin d'année. Et de ce que je sais, la seule
fois où tu t'es bourré la gueule, c'était à la mort de ton père, en février. Donc t'as eu quatre mois et
demi pour lui avouer ce que tu avais fait. Mais t'as rien dit. C'est une chose de faire une connerie,
mais s'en est une autre de ne pas l'avouer.
Hiccup garda le silence, accusant le coup. Bunny avait raison. S'il l'avait dit à Jack dès le départ, ils
n'auraient pas été séparés aussi longtemps.

- Là encore, t'as rien dit sur ton amitié avec Pitch, tu l'as gardé jusqu'à ce que JE lance le sujet. T'es
pas quelqu'un d'honnête, Haddock. Et c'est pour ça que je suis contre votre relation.

- Mais de quoi tu te mêles ? Cria Jack.

- Laisse, il a raison, soupira Hiccup.

- Non, coupa Jack. Il a tort. Je ne sais pas pourquoi tu n'as rien dit quand tu as couché avec elle,
mais je fais avec. Je sais pourquoi tu ne m'as rien dit sur Pitch et toi. Et ça m'est égal.

- Il a raison, répéta Hiccup, si je t'avais tout dit depuis le début, on ne se serait pas séparé.

- Et si j'avais écouté mes parents, je ne serais jamais allé sur le lac, et Emma non plus. Si je n'avais
pas autant picolé le soir de la fête, je t'aurais demandé des explications, et on ne se serait pas
séparé. Avec des si, on referait le monde. On a tous les deux fait des erreurs, et on a tous les deux
des choses à se reprocher. Mais on ne va pas passer la fin de notre vie à nous les reprocher. J'en ai
marre de toujours vivre dans le remords. J'ai souffert pendant notre séparation, et je sais que toi
aussi. Ne mens pas, j'ai demandé à Rustik, ajouta Jack en voyant Hiccup ouvrir la bouche pour
protester. Je sais que tu as galéré au début, parce que tu étais tout seul. Je sais qu'à ton atelier, on t'a
mené la vie dure parce que tu étais le neveu du patron, je sais que quand Sophie est née, c'est toi
qui l'as pris, et qui l'as élevé, que tu n'as pas eu une nuit de sommeil correcte pendant 2 ans. Rustik
m'a raconté ce que tu avais vécu, et je pense que tu as largement expié cette dette que tu penses
avoir. Maintenant, j'en ai marre, je vais me coucher. Toi, dit-il en pointant Bunny du doigt. Tu
médites là-dessus, et je t'appelle demain. Et si t'es pas content, c'est pareil. Fais avec Hiccup parce
que maintenant que je l'ai enfin récupéré, je ne compte pas le lâcher. Et toi, ajouta-t-il en pointant
Hiccup à présent. Tu montes, et tu vas te coucher. Et si je vous reprends à vous engueuler pour un
truc aussi futile, j'en prends un pour taper sur l'autre, compris ?
Chapter 15

- Et de quatre !

- Encore un, et on aura terminé.

Hiccup et Jack se sourirent. Ils avaient enfin fini de construire le prototype de dragon numéro
quatre.

- Une bière ?

- Va pour une bière.

Ils sortirent du garage et Hiccup appela sa mère.

- Maman ? On sort.

- Vous allez où ?

- On a fini l'avant-dernier prototype, on va boire un coup... Et on verra pour la suite.

Sa mère savait parfaitement ce que ''la suite'' signifiait : je ne sais pas vers quelle heure je
rentrerais. Sophie, qui était en train de prendre son goûter, regarda son père :

- Tu rentreras quand ?

- Je ne sais pas encore, ma puce. Peut-être très tard.

- Quand je dormirais ?

- Certainement.

Il lui sourit et lui embrassa le haut de la tête.

- Tu vas rester avec Mamie, d'accord ? Tu veux que j'appelle Jamie ?

Sophie hocha la tête et fit un bisou à son père. Hiccup attrapa son portable et appela son ancienne
baby-sitter.

- Jamie ? C'est Hiccup... Oui, bien, je te remercie. Euh... Ça t'ennuie de passer ce soir ? Je voudrais
sortir, et Sophie voudrait te voir... T'inquiète, il y aura aussi ma mère, au cas où... Je te remercie, ça
fera plaisir à Sophie.

Il sourit narquoisement.

- Et au besoin, j'ai laissé le numéro de Kozmotis sur le frigo... Oui, à plus tard.

Hiccup raccrocha, le sourire aux lèvres.

- C'est qui Jamie ? Demanda Jack.

- Mon ancienne baby-sitter. Sophie l'adore, et ça lui arrive de repasser de temps en temps.

- Et... Toi et elle...


Hiccup rigola.

- Jamais. C'est lui, déjà, et non, jamais je n'y ai pensé... Il vient juste d'avoir dix-huit ans, c'est un
peu...

Il grimaça.

- Non, jamais. Et de toute façon, je ne suis pas son genre, ajouta-t-il en souriant.

- Et c'est quoi son genre ?

- Grand, sapé de noir de la tête aux pieds, misanthrope et pas vraiment social.

Jack chercha l'espace de deux secondes.

- Pitch ?

- En personne. Ça fait près d'un an qu'ils se tournent autour. C'en est limite navrant.

Hiccup attrapa sa veste.

- On y va ?

Jack sourit et le suivit dehors. Ils montèrent en voiture.

- Bon, prochain arrêt, le Winchester.

- Euh... Disons que j'avais un truc différent en tête, cette fois, déclara Jack.

- Quoi comme truc ?

- Tu peux me faire confiance ?

- Oui. Mais...

- Je peux conduire ? Et tu fermes les yeux.

Hiccup haussa un sourcil.

- S'il te plaît.

- Okay, abdiqua Hiccup.

Il échangea de place avec l'argenté et mit sa ceinture. Il ferma les yeux.

Le trajet lui parut familier, comme s'il était déjà venu. Et bien qu'il en avait envie, il garda les yeux
fermés. Après seulement quelques minutes, ils arrivèrent à destination.

- Je peux les ouvrir ?

- Pas encore.

Il entendit Jack se détacher et descendre de la voiture. Il entendit des pas sur le sol s'éloigner et
revenir. Jack ouvrit la porte et le détacha. Il lui prit la main et le fit sortir de la voiture. Jack lui mit
quelque chose en plastique dans la main.

- Tu peux tenir ça ?
- C'est quoi ?

- Ça fait partie de la surprise.

Jack attrapa quelque chose et referma la porte. Il lui attrapa sa main libre et ils marchèrent. Il
entendit Jack ouvrir une porte et le sol sous les pieds d'Hiccup changea. Les craquements lui
indiquèrent qu'ils marchaient sur des planches de bois. Jack lui lâcha la main un instant et enleva
ce qu'Hiccup portait de ses mains. Le mécanicien patienta encore quelques instants avant que Jack
ne lui dise :

- Tu peux les ouvrir.

Hiccup les ouvrit et tomba des nues. Jack se tenait près d'une table en bois qui était recouverte
d'une nappe verte, surmontée de deux couverts, de bougies dans des chandeliers et d'une bouteille
de bière. Puis il regarda le reste de la maison et comprit pourquoi ça lui semblait familier comme
trajet.

- On est chez toi ? Dans ton ancienne maison ?

- Oui. Ma mère m'a donné la maison. En cadeau de mariage. Alors je me suis dit que ça nous fera
un bon petit coin, pour nous deux.

Hiccup resta sans voix.

- Ça te plaît ?

- C'est... Je ne trouve pas les mots. Je croyais que ta mère avait voulu vendre ?

- Moi aussi. Mais vu que c'est dans la famille depuis des années, elle l'a gardé par sentimentalisme.

Jack lui sourit et lui prit la main.

- On mange ?

Ce fut l'une des plus belles soirées dans la vie d'Hiccup. Ils avaient dîné en tête-à-tête, parlant de
tout et de rien, puis ils s'étaient installés dans le canapé pour regarder un film. Ils avaient continué
de parler à tel point qu'ils n'avaient pas vu le film. Et après environ une demi-heure, ils avaient
commencé à se faire des câlins qui avaient vite pris en température et ils avaient fini la soirée dans
l'ancienne chambre de Jack. Et quand le réveille sonna à cinq heures du matin, Hiccup ne se leva
pas tout de suite. Il prit le temps d'observer son amant qui dormait toujours en réfléchissant. Il
réfléchit à leur vie, passée, présente et futur. Elsa était au courant, et Jack ne l'aimait pas. Ce serait
peut-être une relation complexe, qu'ils ne pourraient pas exposer au grand jour, mais ils étaient
ensemble. Et même si Hiccup ne savait pas s'il pourrait supporter ça toute sa vie, pour l'instant, il
ne demandait rien de plus.

Jack finit par se réveiller une demi-heure après Hiccup.

- Tu me regardes encore dormir ?

- Non.

- Menteur.

Hiccup sourit et Jack aussi. Hiccup se pencha vers lui et l'embrassa.


- Faut que j'y aille, Sophie ne va pas tarder à se lever.

- Je peux venir ?

- Tu veux ?

- Oui. Comme ça, on prend notre petit-déjeuner ensemble, et tu l’emmènes à l'école.

Hiccup se redressa dans le lit.

- C'est vrai ? Tu veux prendre le petit-déjeuner avec nous ?

- Bien sûr. J'adore Sophie. Et ta mère. Même si elle me fait un peu peur.

- C'est vrai ? Parce que ce n'est pas parce que c'est ma fille, que...

- Hiccup, sérieusement, je l'adore. C'est pas seulement parce que c'est ta fille, j'ai toujours adoré les
enfants. C'est pour ça que North m'a demandé de venir bosser pour lui. J'adore les enfants. Et
Sophie, elle te ressemble tellement que je ne peux que l'aimer.

Hiccup sourit et l'embrassa une seconde fois.

- Tu sais que si tu n'étais pas déjà fiancé, je t'épouserais sur-le-champ.

- C'est vrai ?

- Bien sûr.

Hiccup fit glisser sa bouche sur sa gorge.

- Si on ne s'était pas séparé, ça ferait des années que je t'aurais épousé...

Jack soupira de contentement, si Hiccup pensait ça alors...

- En parlant de mariage, fit Jack en se détachant.

Hiccup s'écarta de son amant, sentant poindre une discussion qu'il n'avait pas vraiment envie
d'avoir.

- C'est quand ?

- Samedi prochain.

- Ça nous laisse cinq jours.

- Yep. Et on ne peut pas se voir ce soir, Bunny veut faire mon enterrement de vie de garçon.

- Ah.

- Oui.

Hiccup s'assit au bord du lit et Jack soupira.

- Je voudrais te demander quelque chose. Et j'aimerais que tu ne hurles pas...

- Qu’est-ce que c'est ?


- J'aimerais que tu sois avec moi. Au mariage.

- Jack...

- S'il te plaît.

- Tu te rends compte de ce que tu me demandes ? Tu te rends compte à quel point ce sera


douloureux de te voir t'unir à quelqu'un d'autre ?

- Et tu crois que je peux affronter ça tout seul ? J'aime beaucoup Elsa, et je sais que ce mariage est
juste une formalité, autant pour moi que pour elle. Mais je ne peux pas faire ça tout seul. S'il te
plaît. Viens avec ta mère et Sophie, si tu veux, mais je t'en prie, ne me laisse pas tout seul. Pas ce
jour-là.

- Je peux amener Kozmotis ?

- Hiccup...

- C'est mon meilleur ami. Et si je dois venir, j'ai besoin de lui à côté de moi. Toi, tu as Bunny, et
moi, j'ai lui. Il a été là pendant cinq ans, il m'a aidé à me relever à chaque fois que j'avais besoin
qu'on me tende la main. Je n'avais plus de parents, pas d'amis. Enfin, si, il y avait Astrid, mais elle
ne pouvait pas vraiment m'aider en cas de pépin. Je n'ai eu personne à part lui pendant presque
deux ans. Je suis devenu ami avec Rustik, Varek et les jumeaux, bien sûr, mais c'était mes amis, lui
c'est comme mon frère. Il a été là quand j'ai eu besoin. J'ai besoin de son soutien.

- Okay. Mais amène son copain, alors. Je ne veux pas qu'il ennuie les autres. Oh si, tiens, je ne
peux pas les blairer de toute façon.

- Tu invites des gens que tu n'aimes pas à ton propre mariage ?

- C'est ma mère qui a fait les invitations. Elle a invité tous ses amis, et quelques-uns d'Ingrid. Avec
Elsa, on a insisté pour faire venir Anna, Bunny et toute la bande.

- Ça va pas poser problème de m'inviter au dernier moment ?

- Non, je lui avais déjà dit de garder un siège. Je lui demanderai de voir pour rajouter une rangée
devant.

Hiccup regarda l'heure.

- Faut qu'on y aille si on veut rentrer avant que Sophie ne se lève.

Ils se levèrent et s'habillèrent. Ils descendirent au rez-de-chaussée et Hiccup contempla une


dernière fois la maison.

- Tu vas en faire quoi, de la maison ?

- Je ne sais pas encore. Je vais la garder, pour sûr. Après...

Il glissa sa main dans celle d'Hiccup et le brun le regarda.

- C'est vrai que ça nous fera un bon petit coin juste pour nous voir.

Hiccup sourit.

- C'est sûr. À ce propos...


Il caressa son visage du revers de sa main et lui murmura :

- Merci. Pour hier soir et pour cette nuit.

Il l'embrassa doucement et Jack lui rendit son baiser avec sensualité. Hiccup, sentant la température
monter une fois de plus, murmura contre sa bouche :

- Faut qu'on y aille, ou on va vraiment être en retard.

Jack sourit et l'embrassa une dernière fois, plus chastement et ils sortirent de la maison.
Chapter 16

''Mais qu'est-ce que je fous là...'' Fut la seule pensée qu'Hiccup avait dans la tête depuis les deux
dernières heures, et elle tournait en boucle sans s'arrêter.

Ça avait commencé la veille, déjà. Quand il avait dû demander à Pitch de bien vouloir
l'accompagner au mariage.

- Jamais de la vie, trouve-toi un autre pigeon.

- S'il te plaît, Kozmotis, j'ai vraiment besoin de toi.

- Je n'irai pas au mariage de Frost. Jamais.

- Tu peux pas faire ça pour moi ?

- Et le mettre sur le compte de toutes les faveurs que tu me dois ? Si on devait toutes les
comptabiliser, tu n'aurais pas assez de ta vie entière pour les rendre.

- S'te plaît...

- Non.

- Il y aura Jamie.

- Je ne te crois pas.

- Je lui ai demandé de venir, pour qu'il reste avec Sophie, et il a accepté quand je lui ai dit que tu
venais.

- C'est bas.

- Je sais.

- Je te hais.

- Mais non, voyons.

- Je n'irais pas.

- S'il te plaît.

- Je te déteste.

- Merci.

Puis il avait fallu convaincre sa mère.

- Mais bon sang, qu'est-ce qui ne va pas chez toi ?

- Sois un peu plus explicite. À en croire pas mal de monde, il y a beaucoup de choses qui ne vont
pas chez moi.

- Pourquoi tu veux aller au mariage d'un homme que tu aimes alors qu'il va se marier à une autre ?
- C'est lui qui me l'a demandé.

- Et toi, tu as dit oui, sans même réfléchir. Bon dieu, tu es bien comme ton père.

- C'est une critique ?

- Un compliment. Mais tu es une vraie tête de mule, tu le sais ?

- C'est marrant, il avait tendance à me dire que ce trait de caractère, ça venait de toi.

- Je viendrais. Mais pas parce que tu me le demandes.

- Pourquoi tu veux venir, alors ?

- Parce que mon fils est un crétin, qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez.

- C'est encore un compliment ?

- Non, une critique. Pourquoi ?

Puis, il y avait eu Rustik. Ah Rustik...

- Hiccup, mec, faut trop que je te parle.

- Qu'est-ce qui se passe ?

- C'est à propos d'Elsa.

- Qu'est-ce qui se passe ?

- Elle va se marier.

- Oh...

- Quoi, oh ?

- Rien. Je suis désolé pour toi.

- Ah, mais tu connais pas la meilleure. Tu sais avec qui elle va se marier ?

- Non...

- Menteur. Je sais que tu le sais. Elle m'a tout dit.

- Rustik, je voulais pas te mentir.

- Non, parce que me cacher que ma nana est déjà fiancée à l'autre, c'est mieux.

- Ils n'ont pas voulu t'en parler.

- C'est quoi, au juste, votre délire ? Pourrir la vie des gens ?

- Rustik...

- T'es au courant depuis combien de temps ? Et ne me mens pas.

- Ça fait un moment, déjà. Quand je t'ai vu avec elle, au Winchester, l'autre fois.
- Et tu penses pas que tu aurais pu m'en parler ?

- J'ai voulu... Mais Elsa m'a demandé de ne pas m'en mêler, elle voulait t'en parler elle-même.

- Mais est-ce qu'elle m'aime, au moins ? Parce qu'elle m'a dit qu'elle est riche, et qu'elle va se
marier à l'autre, mais est-ce qu'au moins elle m'aime ? Ou elle a juste fait semblant pour s'éclater
un peu ?

- Je suis sûr qu'elle t'aime.

- Depuis le début, je sais que c'est trop beau. Qu'un mec comme moi ne peut pas avoir une nana
comme elle sans qu'il y ait un coup fourré quelque part.

- Rustik...

- Et toi, ça ne te fait rien que ton gars épouse une autre ?

- Si bien sûr, mais je ne peux pas vraiment faire autrement...

- Quoi, à cause de sa tante ?

- Jack m'a expliqué qu'ils sont tous les deux embarqués dans cette histoire. Il ne peut pas sortir de
cette relation avec Elsa, parce qu'Ingrid forcerait de nouveau Elsa à se marier, et elle tomberait
sur un gars qui n'en vaut pas la peine. Et pareil si c'était Elsa qui partait.

- Mais pourquoi ils peuvent pas juste partir ? Genre, Jack part avec toi et Elsa vient avec moi ?

- Je sais pas. J'en ai parlé avec Jack, mais il refuse. D'après ce que j'ai compris, Elsa n'a plus que
sa tante et ne veut pas la décevoir. Elle est prête à tout faire pour la satisfaire.

- Tu sais ce que je pense ? Jack, il partirait pour toi. Mais Elsa, elle ne le ferait pas pour moi.

- Rustik, c'est pas la même...

- Tu crois que c'est parce que je n'ai pas d'argent ? Ou que je ne suis pas bourge ?

Il avait passé la soirée à consoler Rustik. Hiccup était persuadé qu'Elsa l'aimait, mais Rustik avait
l'air d'y croire de moins en moins.

Puis le lendemain matin avait sonné le début du mariage. Hiccup avait habillé Sophie, puis ils
avaient attendu Jamie et Kozmotis et ils y avaient été tous ensemble. Ils s'étaient garés près de
l'église et à peine étaient-ils descendus de la voiture qu'un affreux petit bonhomme avec d'épaisses
lunettes vint les voir.

- Nom ?

- Quoi, non ?

- Votre nom. Ce mariage est un événement de premier ordre. Et vous ne pouvez pas entrer si votre
nom n'est pas sur la liste. Nom ?

- Haddock.

Le petit bonhomme parcourut la liste des yeux en marmonnant.

- J'ai trois personnes à ce nom-là.


- C'est nous.

- Vous êtes cinq. Qui sont les autres ?

- Kozmotis Pitchiner Black et Jamie Bennet.

- Je ne les ai pas sur ma liste. Vous restez dehors.

- Dommage, déclara Pitch avec un sourire qu'il n'essayait même pas de cacher.

- Sèche tes larmes, j'ai pas dit mon dernier mot, répondit Hiccup avec sourire.

Il sortit son téléphone et appela Jack.

- "Allô ?"

- Jack ?

- "Dis-moi que tu viens. Pitié."

- Je voudrais bien, mais le gars à l'entrée ne veut pas nous laisser entrer.

- "J'ai mis votre nom sur la liste d'invités, pourtant."

- Il n'y a pas celui de Kozmotis et de Jamie.

- "Passe-le-moi."

Hiccup tendit le téléphone au petit bonhomme.

- Oui ? Oui Monsieur. Oui Monsieur. Il n'avait pas de... Bien Monsieur. Oui Monsieur.

Il raccrocha et tendit son téléphone à Hiccup.

- Vous pouvez y aller. Tous. Troisième rangé côté gauche.

Pitch grogna et Hiccup lui fit un sourire sarcastique.

Mais il déchanta vite quand il fut dans l'église. Visiblement, Jack n'avait pas menti. Il doutait que
parmi toutes les personnes qui se trouvaient là, il y en avait beaucoup qui connaissait Jack. La
plupart avaient plus de cinquante ans, et étaient habillés des plus beaux costumes et des plus belles
robes. Hiccup, avec sa famille et son costume loué, faisait un peu tache. Et au vu des regards noirs
et désapprobateurs que lui lançaient les gens autour de lui, il n'était pas le seul à penser ainsi.

Légèrement intimidé, il s'avança au milieu de la foule et ils s'assirent au troisième rang.

- Rappelle-moi encore ce qu'on fout là ? Demanda Pitch sur un ton sarcastique.

Hiccup lui jeta un regard noir.

- Papa, ça va être long ?

- Un peu ma puce.

- T'inquiète pas, je suis sûr que tu vas rapidement t’endormir, ajouta Pitch, faisant rire Jamie et
Sophie.
- Mais ne t'inquiète pas Kozmotis, toi aussi un jour, une fois que tu auras trouvé quelqu'un qui peut
te supporter, tu te caseras.

Pitch passa par plusieurs stades de blancs avant de finir rouge. Il ne pouvait pas décemment dire
qu'il ne voulait pas se caser à côté de Jamie, au cas où celui-ci le prendrait pour lui. Mais il ne
pouvait pas décemment dire non plus qu'il voulait se caser au cas où Jamie ne le prendrait pas pour
lui. Alors il fit la chose la plus sensée à ses yeux.

- Je te déteste.

Hiccup sourit.

- Je sais.

- Quand vous aurez fini de jouer, intervint Valhallarama, on pourra peut-être arrêter de se faire
remarquer ?

Hiccup et Pitch se turent, comme pris en faute et Valhallarama soupira.

- Des fois, je me dis que Sophie a bien plus de maturité que vous.

Hiccup fit la grimace et ne dit rien. Ils restèrent assit près d'une demi-heure à attendre que la
cérémonie commence. Hiccup eut l'occasion de croiser Anna et de rencontrer enfin Kristoff. Un
garçon simple qui avait l'air aussi mal à l'aise que lui dans ce genre d'endroit. Il eut le déplaisir de
revoir Bunny et constata que Tooth, à son bras, s'était embellie avec les années. Peu après, il vit
Sab qui, lui, n'avait pas changé, et North qui était accompagné d'une ravissante jeune femme
blonde qui devait être Katherine, son épouse. Il revit également madame Overland, qui lui rappela
le goût amer de l'enlèvement de Jack, la première fois. Certes, techniquement, elle ne l'avait pas
enlevé, puisque c'était son fils et qu'ils avaient déménagé. Mais pour Hiccup, ça avait été la même
chose.

Puis, enfin, il vit Jack. Dans un costume blanc, qui devait être hors de prix, il avança, le long de
l'allée, l'air solennel. Quand il vit Hiccup, il lui adressa un petit sourire rempli de tristesse et lui
murmura ''merci'' du bout des lèvres. Il avança vers l'autel et s'arrêta près de Bunny, son garçon
d'honneur. Quelques minutes plus tard, Elsa, ravissante dans sa robe blanche, s'avança le long de
l'allée, au bras d'une femme aussi blonde qu'elle. L'air particulièrement sévère de cette femme en
plus de la blondeur indiqua à Hiccup que ce devait être Ingrid, la tante d'Elsa. Elle la conduisit près
de Jack et l'embrassa sur la joue en lui murmurant qu'elle était fière d'elle avant d'aller se rasseoir
aux côtés de madame Overland.

Le prêtre parla près de trois quarts d'heure pendant lesquels Hiccup remettait en question sa
présence à ce mariage. Sophie avait succombé depuis longtemps au sommeil et du coin de l’œil, il
voyait que Jamie luttait pour ne pas faire pareil.

Puis le prêtre fit un discours sur l'amour que les futurs mariés se portaient qui fit rire
silencieusement Hiccup.

''Tu parles... Quand la fiancée est avec son amant garagiste, Jack court dans mon pieu. Mais à part
ça, c'est l'amour éternel, c'est sûr...''

- Et maintenant, par les droits que me confère la Sainte Église, je vais unir ce jeune homme et cette
jeune femme. Et si quelqu'un a quelque chose à dire, qu'il parle maintenant ou se taise à jamais.

Pendant une seconde, Hiccup fut tenté de se lever et d'envoyer tout le monde bouler en embrassant
Jack. En leur disant que c'était lui qu'il aimait, et que ce serait juste eux deux jusqu'à la fin, malgré
ce que tout le monde pouvait en penser. Mais il ne fit rien. Parce qu'il avait promis.

''-Et si je t'enlevais pendant ton mariage ?

- Hiccup...

- Quoi ?

- T'es sérieux ?

- Ce serait marrant. Personne ne pourrait y redire quoi que ce soit.

- Et Elsa ?

- Elsa... Elle a qu'à partir avec Rustik.

- Tu oublies sa tante.

- Sa tante, on s'en fout.

- Tu t'en fous peut-être, et moi aussi, honnêtement, mais Elsa, elle l'aime. Et elle tient par dessus
tout à avoir son soutien. C'est différent, pour moi, puisque je n'ai pas vraiment de famille, mais
elle, elle n'a plus qu'Ingrid.

- Il y a aussi Anna.

- Anna, c'est différent. C'est sa sœur, et à cause de l'entreprise, elles ne se voient plus beaucoup.

- Mouais... N'empêche que je voudrais bien t'enlever pendant ton mariage.

- Hiccup, ne fais pas ça.

- D’accord.

- Promets-le-moi.

- C'est promis.

- Juré ?

- Tu veux que je crache ?"

Il ne fit rien et attendit. Sans s'en empêcher, il pria silencieusement pour que quelqu'un interrompe
ce maudit mariage. Il regarda les autres invités. Ils avaient l'air tous tellement ravis. Hiccup se
demanda s'ils n'étaient pas tous aveugles. Il était évident que ce mariage n'était qu'une façade. Jack
et Elsa avaient des visages d'enterrement, aucun d'eux ne souriait et ils ne cessaient de soupirer.
Sans compter les petits ricanements discrets pendant le discours sur leur amour éternel. Mais tout
le monde avait l'air ravi. Et Hiccup se demanda comment Elsa avait pu faire pour vivre dans un
milieu pareil toute sa vie sans avoir envie de se jeter par la fenêtre.

Le prêtre ouvrit la bouche pour continuer son sermon quand un bruit sourd et des éclats de voix se
firent entendre.

- Non, mais monsieur... Vous ne pouvez pas... C'est un mariage de premier...

- Dégage de mon chemin, le pingouin!


Tous se tournèrent vers l'immense porte en bois qui s'ouvrait. Le contre-jour ne permit pas à
Hiccup de distinguer la personne qui apparut dans l'embrasure de la porte, mais la voix qui parla ne
laissait aucun doute sur la personne.

- Moi, je m'oppose à ce foutu mariage !

Bingo. Rustik dans toute sa splendeur.


Chapter 17

Sous les exclamations choquées et les regards étonnés, Rustik, encore dans sa combinaison du
garage, traversa l'allée pour aller directement à l'autel.

- Rupert ? Demanda Elsa. Mais qu'est-ce que tu...

- J'ai besoin de savoir. Je veux savoir si ce qu'il y a entre nous, c'est vrai, ou c'était juste histoire de
t'amuser. Si c'est le cas, je ne t'en voudrai pas, hein, je veux juste savoir.

- Genre, intervint Bunny. Si elle te dit qu'elle s'est foutue de toi, tu ne lui en voudras pas ?

- Ce sera pas la première, dit Rustik en le regardant.

Il regarda de nouveau Elsa.

- J'ai jamais compris ce que tu pouvais me trouver. Mais si tu m'aimes ne serait-ce qu'un tout petit
peu... Pitié, dis-le-moi.

Elsa semblait profondément mal à l'aise. Elle ne cessait de jeter des coups d’œil à sa tante qui avait
l'air d'avoir avalé quelque chose de travers.

- Rupert... Je ne crois pas que ce soit le bon...

- Elle t'aime, intervint Jack.

Il descendit de l'autel et se mit en face de lui. Il annonça comme si c'était l'évidence même :

- C'est toi qu'elle aime. Ça a toujours été toi.

- Alors... Tout ce truc comme quoi vous vous aimez pas, mais vous vous mariez juste pour que vos
vieilles vous foutent la paix, c'est vrai ?

Hiccup dut se mordre la joue pour ne pas rigoler. Toute l'assemblée se mit à murmurer, choquée. Et
l'expression sur le visage de madame Overland et d'Ingrid était sans pareil.

- Toujours aussi distingué, marmonna Jack en souriant.

Elsa se tourna vers lui.

- Qu'est-ce qu'on fait ? Lui demanda-t-elle.

- Eh bien, tu l'épouses. Qu'est-ce que tu veux faire d'autres ?

- Mais... Et toi ?

- Moi ? J'avais déjà prévu de te larguer pendant le mariage et de m'enfuir avec mon mec, mais s'il
veut t'épouser, c'est encore mieux.

Elle regarda Rustik, semblant réfléchir intensément. Et celui-ci lui prit la main et continua :

- Je sais que je ne suis pas riche. Je sais que je ne suis pas un aristo, comme tous ces gars, mais je
t'aime. Je ne pourrais jamais t'offrir la vie que tu as, avec ta super voiture, et tes fringues de
marques. Mais si tu veux bien me laisser une chance, on ne sera probablement jamais riche, mais je
te jure que je ferais tout ce que je peux pour que chaque jour que tu vis soit le plus beau.

Elle sembla profondément émue par ce qu'il disait et elle rigola d'un son clair.

- Tu le fais déjà.

Rustik sourit et l'embrassa.

- Formidable, commenta Jack. Je vous propose qu'on se casse tous, okay ?

Du coin de l'œil, Hiccup regarda Madame Overland et Ingrid devenir cramoisie, probablement à
deux doigts d'exploser. Il attrapa Sophie et cria :

- Qui m'aime me suive !

Il se rua vers la sortie, suivi rapidement par sa mère, Pitch et Jamie, Elsa et Rustik, Anna et
Kristoff, Jack, Bunny, North et Katherine, Tooth et Sandy. Ils coururent jusqu'à leurs voitures, et
Hiccup démarra le premier. Il ouvrit la marche de la file de voitures jusqu'à une aire de repos près
d'une forêt à quelques kilomètres de l'église. Ils descendirent de voiture et se réunirent autour de la
camionnette de Rustik.

- Je viens de m'enfuir de mon propre mariage, déclara Elsa comme si elle n'y croyait pas.

- Tu viens de t'enfuir de ton propre mariage ! Répéta Anna, surexcité.

Elle lui attrapa les mains et Elsa sourit.

- Je viens de m'enfuir de mon propre mariage !

- Surtout si la perspective de t'unir à moi te dégoûte à ce point, dis-le, commenta Jack avec un petit
sourire.

Elsa lui sourit.

- Et maintenant ? C'est quoi la suite du programme ? Demanda Bunny.

- On va trouver quelqu'un pour unir Rupert à Elsa, déclara Valhallarama. Et ensuite, on va au Fleur
d’Écosse parce qu'on a réservé là-bas.

- Tu as une... Mais c'est quoi ce bordel, au juste ? Demanda Hiccup, légèrement perdu. Depuis
quand tu as réservé au Fleur d’Écosse ? Et comment tu connais Merida et Raiponce ? Et toi, ajouta-
t-il en se tournant vers Jack, tu avais prévu de flinguer ton propre mariage ?

- Te bile pas, dit Bunny, même moi je n’étais pas au courant.

- Le matin où tu n'es pas rentré à la maison, j'ai parlé avec Jack quand tu as amené Sophie à l'école,
commença Valhallarama.

- Tu l'aimes vraiment ?

- Plus que tout. J'ai jamais réussi à me le sortir de la tête. Depuis le jour où j'ai compris que je
l'aimais, j'ai jamais vu personne d'autre que lui. Je l'aime... Tellement, si vous saviez...

Valhallarama soupira. Elle voyait bien que Jack était sincère. Que la situation dans laquelle il
était, dans laquelle ils étaient tous les deux, était loin d'être simple. Puis elle eut une idée.
- Alors je vais te poser une question, parce que si tu l'aimes autant que tu le dis, j'ai peut-être une
idée. Une idée qui simplifiera votre vie à Elsa et à toi. Mais pour ça, tu dois être sûr. Sûr de toi.
Sûr de ce que tu ressens. Parce que si ce n'est pas le cas, je ne veux plus jamais que tu revoies mon
fils. Si tu n'es pas sûr de toi, je ne veux pas que tu infliges ça à Hiccup.

- Je vous écoute.

Valhallarama sourit et posa sa question.

- Est-ce que tu veux l'épouser ?

- Quoi ?

- Hiccup. Mon fils. Est-ce que tu veux l'épouser ?

- Je vous ai expliqué que je suis déjà...

- J'ai compris. Mais s'il n'y avait pas ça. Si tu n'étais déjà pas fiancé, est-ce que tu voudrais
l'épouser ?

- Honnêtement, si on ne s'était pas séparé depuis aussi longtemps, je l'aurais épousé, il y a un


moment.

Valhallarama sourit.

- Parfait. Parce que j'ai peut-être une idée pour vous sortir de cette impasse. Enfin toi,
principalement, parce que pour Elsa, j'ai peur que ce ne soit qu'une question de temps avant qu'elle
doive épouser quelqu'un d'autre.

- Pauvre Rustik.

- Qu'est-ce que Rupert à avoir avec ça ?

- Rustik sort avec elle. Mais il ne sait pas qu'on est fiancé. Le jour où elle viendra le voir avec son
alliance, j'ose même pas imaginer la tête qu'il va tirer.

- Mais... Elle l'aime ?

- J'en ai bien l'impression.

- C'est encore mieux.

- Attends, intervint Hiccup. Vous avez tout planifié ?

- Yep, répondit Jack.

- Je savais que sa mère ne se donnerait pas en spectacle si Jack lui faisait honte. Et le meilleur
moyen qu'on avait, c'était qu'il plante le mariage sur l'autel.

- Tu aurais été prêt à me laisser ? Demanda Elsa, un peu perdue.

- Non, parce que je savais que Rustik viendrait au mariage.

- Qu'est ce que t'en savais ? Demanda le garagiste. Je me suis décidé cinq minutes avant.

- Parce que j'avais parlé à Elsa du fait que tu devais être au courant.
- Et une fois que tu saurais, continua Valhallarama, tu en aurais forcément parlé à Hiccup, qui
t'aurait dit où se passait le mariage, et te connaissant, je savais que tu viendrais pour être sûr des
sentiments d'Elsa.

- Attendez, mais vous nous avez tous manipulés ? Demanda Hiccup.

- Oui, avoua sa mère, sans aucun scrupule.

- Et c'est moi qu'on traite de psychopathe, marmonna Pitch.

- Et on fait quoi, du coup ?

- On va à la mairie pour marier ces deux-là et ensuite, on va tous au restaurant, expliqua


Valhallarama.

- J’hallucine, marmonna Hiccup.

Ils remontèrent tous en voiture et Hiccup ne fut pas vraiment étonné de voir que sa mère avait
réservé la mairie de Kingston. Le fait de voir le marié en combinaison de travail fit tiquer le maire,
mais il s’abstient de tout commentaire. Juste avant de signer les papiers qui les uniraient
officiellement, Rustik parla :

- Elsa, le premier jour où je t'ai vu, je me souviens que je me suis dit : ''tiens, encore une jolie meuf
qui ne voudra pas de moi.'' Mais quand je t'ai entendu rigoler, ça a été... La plus belle musique que
j'ai jamais entendue. Bien mieux que ce que fait Kranedur et ses potes. Et quand t'as accepté de
sortir avec moi, la première fois, j'ai... J'ai jamais pensé que j'aurais pu être aussi heureux. Je suis le
mec le plus chanceux du monde parce que tu as choisi de t’intéresser à moi. Je sais... Que je ne suis
pas particulièrement classe, comme mec, ni élégant, ou je ne sais pas quoi. Je fais des efforts, je te
jure que j'en fais. Je ne serais peut-être pas le meilleur des maris, mais je te promets que je ferais
tout ce que je peux pour que tu sois la plus heureuse possible. Et je te jure que si tu me laisses une
chance, même si je suis pas un de ces types qui achètent tout un tas de trucs à leurs nanas, je ferais
en sorte de toujours te donner une bonne raison de rester avec moi. Je ferais en sorte que chaque
jour de ta vie, tu te lèves en te sentant aussi chanceuse que moi parce qu'on est marié.

Elsa, émue, secoua la tête en souriant. Il lui attrapa la main délicatement et lui passa un anneau que
lui tendit Bunny.

- Par cette bague...

- Anneau. On dit un anneau.

- Ouais, pardon. Par cet anneau, je te fais mienne, Elsa Lair. Pour le meilleur et pour le pire. Ou
jusqu'à ce que tu en aies marre de moi, selon ce qui vient en premier.

Elsa rigola et se laissa faire. Quand ce fut son tour de parler, elle déclara :

- J'ai toujours eu de l'argent, et j'ai toujours pensé que si on me demanderait ma main, un jour, ce
ne serait que pour ça. J'ai jamais pensé qu'un jour, on puisse m'aimer juste pour qui je suis. Je sais
que tante Ingrid ne me pardonnera jamais d'être partie comme ça...

Anna lui prit la main et lui sourit en signe de réconfort. Elsa souffla et un doux sourire étira ses
lèvres.

- Je ne suis plus rien, aujourd'hui, je n'ai plus d'entreprise. Je n'ai plus que toi. Et si tu veux quand
même m'épouser...
- Je te jure que je ne veux rien d'autre au monde, coupa Rustik.

Elsa rigola, rassurée et jeta un regard à Jack. L'argenté hocha la tête comme pour lui dire :

''Tu vois, je te l'avais dit.''

Elle se tourna vers Anna pour avoir la bague qui avait été initialement pour Jack, mais Rustik
l'arrêta.

- Attends, j'en ai une.

Il enleva la chaîne à son coup et en sortit une chevalière.

- C'est celle que je t'ai offerte...

- Justement. Qu'est-ce qui sera mieux que ça ? Et c'est la seule que je veux porter.

Elsa sourit et prit la bague qu'il lui tendait.

- Par cet anneau, je te fais mien, Rupert Jorgenson, pour le meilleur et pour le pire.

- Vous pouvez vous embrasser, ajouta le maire qui ne trouva pas grand-chose à dire d'autres.

Et les nouveaux mariés ne se firent pas prier. Anna, Hiccup, Jamie, Bunny, Jack, North, Katherine
et Valhallarama applaudirent avec enthousiasme.

- Je crois que c'est le discours le plus pourri de tous les temps, souffla Jack.

- Bah, si ça leur va, on fera avec, répondit Hiccup sur le même ton.

- Qu'est-ce qu'elle peut lui trouver ?

- Aucune idée.

- Chacun ses mauvais goûts, ajouta Pitch.

Le regard de Valhallarama les fit taire.

- Qu'est-ce que tu en penses, murmura Jack à l'oreille d'Hiccup. C'est nous les prochains ?

- Je sais rien... Répondit-il.

- T'en sais rien ? Répéta Jack, visiblement surpris.

- Je sais déjà que je t'aime et que c'est avec toi que je vais passer le reste de ma vie.

Bien qu'il fit semblant de ne pas l'avoir remarqué, le petit rougissement de Jack n’échappa pas au
mécanicien.

Elsa et Rustik signèrent les papiers se liant légalement l'un à l'autre et le maire regarda Hiccup et
Jack.

- Vous savez, messieurs, si vous le souhaitez, nous fêtons les mariages gays, alors...

Ce fut au tour d'Hiccup de rougir. Gêné, il regarda l'argenté.

- Beh, je sais pas...


- Qu'est-ce que t'en penses ?

- On n'a pas d'alliance.

- Si, intervint Valka. J'ai ce qu'il faut.

- Vous tenez vraiment à ce qu'ils se retrouvent ensemble, commenta Bunny, neutre.

Bien que la perspective de voir Jack avec Hiccup ne le réjouissait pas vraiment, surtout après tout
ce qui c'était passé, il avait appris à faire avec.

- Ils sont faits pour être ensemble, ça crève les yeux. Et Kozmotis vous serez d’accord avec moi
quand je dis qu'Hiccup est proprement insupportable à se lamenter à longueur de temps.

- Tout à fait d’accord.

- Je ne me lamente pas !

- Non, tiens. À peine.

- Pourquoi Jack ne veut pas de moi! T'façon c'est moi qui veux pas de lui ! Mais pourquoi il ne veut
pas de moi ! Imita Pitch en une personnification d'Hiccup plutôt réussie.

- Je te déteste.

- Je sais.

- C'est marrant, je ne pensais pas qu'il pouvait y avoir plus insupportable que lui, fit Bunny en
désignant Jack.

- Hey!

- Crois-moi, Hiccup a de quoi le concurrencer.

Le maire toussa pour les faire revenir sur terre.

- Alors, messieurs ?

Hiccup regarda Jack. Leur histoire traînait depuis suffisamment longtemps. Et il savait
pertinemment que plus jamais, il ne le laisserait partir comme la première fois.

- Ça me va, fit Hiccup.

- Tu es sûr ? Demanda Jack.

- Pas toi ?

- Je ne voudrais pas te forcer. On peut encore attendre.

Hiccup lui attrapa la main, résolu.

- On a assez attendu. J'ai plus envie d'être séparé de toi. Ces cinq dernières années ont été un
cauchemar, et je sais que si je ne t'ai pas toi, je ne voudrais personne d'autre.

Il se tourna vers le maire.

- Où est-ce qu'on doit signer ?


En les voyant tous débarquer, Merida soupira et jura, s'attirant les foudres de Raiponce. Ils
s'installèrent sur la plus grande table et dînèrent dans la joie et la bonne humeur. Au cours du
repas, Hiccup se pencha vers sa mère.

- Comment tu as récupéré l'alliance de Papa ? Je l'avais donné à Gueulfor.

- Je lui ai demandé. Quand j'ai compris toute l'histoire, j'ai su que dès que Jack ne serait plus
fiancé, tu lui sauterais dessus.

Hiccup regarda la bague énorme à son doigt, alliance qui avait toujours ornée la main de son père.

- Il serait tellement fier que tu la portes aujourd'hui, murmura-t-elle, les larmes aux yeux.

Hiccup sourit et serra sa mère contre lui.

- Je suis tellement heureux que tu sois là, Maman.

Valhallarama se mit à pleurer de joie et Anna la consola comme elle put.

- Eh beh, t'arrive à faire pleurer ta mère en un temps-record, commenta Jack

- Toi, tais-toi. Je t'en veux toujours. Pourquoi tu ne m'as pas dit ce que vous avez planifié ?

- C'était une surprise. Je t'aime. Et je voulais te le montrer.

Il l'embrassa chastement.

- Comme ça, tu sais d'où te vient ton sens du spectacle, commenta l'argenté.

- Je te promets que tu vas me le payer.

Jack se pencha à son oreille et lui murmura.

- J’adore quand t'es en colère.

Le sous-entendu sexuel loin d'être subtile n'échappa pas à Hiccup et il essaya de se concentrer
quand Sophie lui tira la manche.

- Dis, papa, ça veut dire qu'oncle Rustik s'est marié ?

- Oui, ma puce.

- Mais ça veut dire que toi aussi, t'es marié à Jack ?

- Oui, ça veut dire ça.

- Mais c'est toujours moi que tu préfères ?

- Bien sûr, dit-il en l'attrapant et en la mettant sur ses genoux. Ce sera toujours toi.

- Donc si je ne veux pas de Jack, tu le mettras dehors ?

Hiccup perdit un peu son sourire. Lui qui voulait tout mettre en œuvre pour la rendre heureuse, il
n'avait pas pensé à ça.
- Tu voudrais qu'il parte ?

- Non, il a une piscine. Je veux bien garder la piscine.

Hiccup ne s'empêcha pas de rigoler. Sa fille avait un raisonnement à toute épreuve. Il aurait voulu
lui expliquer que désormais, Jack viendrait vivre avec eux, mais il ne voulait pas la perturber. Il ne
lui restait plus qu'à acheter une piscine.

Du coin de l’œil, il regarda les invités. Rustik et Elsa étaient dans leur monde. Ils avaient leurs
mains jointes et Rustik posait des baisers dessus, faisant rougir sa nouvelle femme. Il lui murmurait
des choses à l'oreille qui ne cessaient de la faire rigoler. À côté, Anna parlait avec sa mère et elles
avaient l'air de bien s'entendre, alors que Kristoff discutait avec North tout en donnant discrètement
de la nourriture à son chien sous la table. Pitch et Jamie mangeaient silencieusement l'un à côté de
l'autre. Pitch jeta un regard désespéré à Hiccup qui lui sourit et lui fit un hochement de la tête vers
l'adolescent. Pitch soupira et se tourna vers Jamie.

- Hey, Jamie ?

- Oui ?

- Ça te dirait... Qu'un jour... Toi et moi... Enfin... Il y a des films à voir en ce moment... Et si ça te
disait... Enfin, sinon, je comprends... Si t'as pas le temps, ou quoi...

- Euh...

Jamie regarda Hiccup, un peu incompréhensif.

- Il est en train de te proposer un rencard, clarifia le mécanicien.

- Oh.

- Haddock ! Pesta Pitch, furieux.

Il aurait presque eu l'air terrifiant s'il n'avait pas les joues cramoisies.

- Dans ce cas, je veux bien, dit Jamie.

- Co... Comment ça, ''dans ce cas'' ?

- Si c'est un rencard. Si c'est juste une sortie entre potes... Beh, je suis pas mal occupé, en ce
moment. Mais si c'est un rencard, je réussirai à me libérer.

- Euh... Tu es sûr ? Demanda Pitch.

Hiccup avait vu bien des facettes différentes de son ami, mais ce côté incertain n'était encore
jamais apparu.

- Parce que tu ne l'es pas ? Demanda Jamie.

- Je... Enfin... J'ai jamais vraiment...

- On sait que t'es jamais sorti avec quelqu'un, ricana Bunny.

Tooth lui colla une taloche à l'arrière du crâne. Pitch se tut, l'air furieux et totalement gêné. Jamie
se pencha vers lui et lui attrapa la main doucement.
- Eh, ça va...

Il lui murmura quelque chose à l'oreille. Hiccup, de là où il était, n'entendit pas, mais c'eut le
mérite de faire sourire Pitch.

Alors que le repas continuait gaiement, Hiccup se surprit à contempler son petit ami. Depuis le soir
où ils avaient parlé, où Jack lui avait annoncé toute la vérité, sur son mariage, sur Elsa, et sur le fait
qu'il était devenu quelqu'un de totalement passif à sa vie, il avait changé. Il avait repris du poil de la
bête. Rien qu'aujourd'hui. Il avait prévu de larguer Elsa devant l'autel pour le rejoindre. Il n'était
pas sûr que le Jack de ce soir-là, celui qu'il avait passé la soirée à consoler, ait eu le courage de
faire ça. Il avait l'impression de retrouver le Jack du lycée, le garçon dont il était tombé amoureux
des années avant, et ça lui faisait chaud au cœur.

Parce que maintenant, il savait que Jack se battrait pour eux. Et qu'ils ne seraient plus jamais
séparés.

Du côté du bar, Mérida regardait le petit groupe s'amuser. Elle soupira, et sentit sa petite amie
s'approcher d'elle.

- Ça ne va pas ?

- Si. Je les regarde, c'est tout.

Elle soupira.

- Tu vois, quand Jack est venu nous voir, ce soir-là, quand il nous a expliqué qu'Hiccup couchait
avec Astrid dans son dos, j'ai cru qu'eux deux, c'était fini. Que si Hiccup avait eu Astrid, il ne
voudrait plus de Jack. Et que Jack ne lui pardonnerait pas un coup pareil. Mais aujourd'hui, ils sont
encore ensemble.

- La vie est bien faite.

- Tu penses ?

- J'ai toujours trouvé ça étrange qu'Hiccup le trompe. Il en était tellement amoureux, ça ne collait
pas. Et je suis contente qu'ils se soient retrouvés.

- Ouais. Ils ont l'air heureux.

- C'est certain.

Raiponce posa sa tête contre l'épaule de Merida en soupirant chaleureusement.

- Fatiguée ? Fit la rousse.

- Un peu.

- Pff, fit Merida en regardant Jack et Hiccup se tenir par la main sous la table. C'est probablement
le mariage le plus naze de tous les temps, de le passer ici.

- Je ne pense pas qu'ils le fassent pour que ce soit mémorable. Je pense que c'est juste pour eux.
Quand tu vois les complications et les rebondissements qu'a eus leur histoire... Je crois qu'ils font
surtout ça pour eux. Pour se dire que cette fois, c'est la bonne.

Merida ne dit rien, pensive.

- Tu voudrais ? Finit-elle par demander.

- De quoi ?

- Qu'on se marie, toutes les deux ?

- Je ne sais pas, répondit Raiponce. Nous, c'est différent. On ne s'est jamais séparées. Mais d'un
autre côté, ça fait presque six ans qu'on est ensemble, alors le mariage serait la suite logique des
choses.

Elle soupira.

- Et puis, je voudrais bien m'appeler madame DunBroch.

Merida sourit.

- Alors, qu'est-ce que tu en penses ? C'est nous les prochaines ?


Chapter 18

- Hiccup.

- Humm

- Hiccup...

- Mmm

- Hiccup !

- Mmmquoi ?

- Tu vas rester longtemps au lit ?

Pour toute réponse, Hiccup se colla l'oreiller contre le visage et se retourna.

- Sans blague, Haddock, lève-toi ou c'est moi qui le fais.

Hiccup grogna et jeta l'oreiller à l'autre bout de la pièce. Le soleil lui agressait ses yeux fermés et il
se retourna en collant son nez contre le matelas. Il soupira et après un effort incommensurable, il
finit par sortir son visage et regarda son amant.

- Faut vraiment que j'y aille ?

- Dagur tient vraiment à ce qu'on soit là, rappela Jack. Et tu sais à quel point il t’apprécie...

Hiccup fit semblant de vomir.

- Rappelle-moi pourquoi on bosse pour ce taré, déjà ?

- Parce qu'il nous a offert un contrat en or, que ça nous a permis de nous retrouver, et
qu'aujourd'hui, il fait l'inauguration de ses produits, et qu'il tient vraiment à ce que tu viennes.

- Ce mec est un psychopathe.

- Parce qu'il passe son temps à raconter sa vie dans ses détails les plus glauques ?

- Non, ça, j'ai fini par avoir l'habitude. Mais c'est quoi cette manie de m'appeler frère à chaque fois
qu'il me voit ?

- Il t'aime bien.

- Non, North m'aime bien, il me dit bonjour et me demande des nouvelles de Sophie. Dagur, lui, il
me dit qu'il est heureux de me revoir après si longtemps, parce que visiblement, deux semaines,
c'est une éternité, me demande combien je prendrais pour coucher avec sa sœur, si je ne veux
toujours pas empailler Krokmou, si je sais comment je peux obtenir de la drogue, et finit toujours
par m'appeler frère à un moment ou à un autre. Et tout ça dans la même phrase ! À chaque fois qu'il
me voit !

Jack sourit et s’assit à côté de lui.

- On va à cette inauguration, et on en aura fini avec lui.


Hiccup soupira.

- Et après on y va ?

Jack sourit.

- Après on y va. On rentre à la maison, on fait nos valises et on part en lune de miel.

Hiccup sourit. Voilà deux semaines que le mariage le plus raté de l'histoire de Kingston avait eu
lieu. Elsa avait vendu sa maison de luxe qu'elle partageait avec Jack pour acheter une maison plus
petite pour son nouveau mari et elle. Rustik avait insisté pour en payer la moitié même si selon lui,
il aurait dû tout payer, fierté masculine oblige. Elsa s'était retrouvée sans emploi, mais ça lui était
égal. Elle profitait de son temps libre pour voir Anna.

Jack, quant à lui, avait fini par emménager chez Hiccup définitivement. Il avait utilisé l'argent de la
vente de la maison pour restaurer son ancienne maison près du lac. Après le mariage, ils s'étaient
remis à travailler sur les dragons qu'avait demandés Dagur. Ils avaient mis une semaine à terminer
le dernier dragon, et les avaient amenés à la Berserker Cie. Dagur fut ravi de voir ses nouveaux
jouets terminés et encore plus fonctionnels qu'il l'avait imaginé et avait fini par décider de les
commercialiser. Il avait réuni une conférence de presse pour annoncer la commercialisation de ses
dragons, et Jack et Hiccup, les ayant confectionnés, y avaient été conviés. Mais Hiccup, que Dagur
semblait adorer, ne voulait pas s'y rendre. Et pour lui remonter le moral, Jack avait organisé leur
lune de miel. Ils partaient tous les deux en vacances sur l'île de Berk, village natal de la famille
d'Hiccup. Ça permettrait au brun de renouer avec ses origines et sa passion pour l'art. Ses heures de
dessins seraient entrecoupées de longues heures de balades dans la forêt avec Jack et de visite
touristique. Deux semaines dans le village paumé de l'Île de Berk ; coupé du reste du monde et
uniquement avec Jack car Sophie restait avec sa mère pour aller à l'école. Et bien que sa fille lui
manquerait, ses quinze jours ressemblaient à un rêve pour Hiccup.

Mais l'heure n'était pas au rêve, elle était à la préparation. Il s'habilla sur son trente-et-un, enfin, un
trente-et-un version Hiccup, c'est-à-dire un jean qui n'était pas troué et un T-Shirt noir avec sa
vieille veste qu'il portait presque tous les jours depuis la naissance de sa fille. Alors autant dire
qu'elle avait eu meilleure allure. Jack et sa mère lui avaient dit plusieurs fois de faire meilleure
impression et de porter un costume, mais le mécanicien détestait avoir l'air d'un pingouin. Il n'avait
porté un costume que pour l'enterrement de son père et pour le mariage de Jack, parce que l'argenté
lui avait demandé, mais s'il pouvait l'éviter, il le faisait. Et la conférence de presse de Dagur ne
constituait pas un motif suffisant à ses yeux pour qu'il en mette un.

Bien qu'il savait qu'il énervait Jack, il soupira pour la centième fois dans la voiture alors qu'ils se
rendaient à la Berserker Cie. Il n'avait vraiment pas envie d'y aller. Mais comme avait dit Jack, il
l'écoutait parler en essayant de ne pas s'endormir et ils s'éclipseraient discrètement avant les petits
fours et le champagne pour que Dagur ne tombe pas sur le dos du brun.

Alors qu'il regardait la route en réfléchissant, Hiccup vint à penser que sa vie était vraiment
étrange. Pendant les dix-huit premières années de sa vie, rien de vraiment intéressant ne lui était
arrivé. Il avait perdu sa mère, puis sa jambe. Certes, il y avait eu Krokmou, mais l'adolescent qu'il
avait été s'était senti seul et triste malgré tout. Puis, en l'espace de quelques semaines, il avait
trouvé l'amour de sa vie, des gens qui étaient devenus des amis chers à son cœur. Puis il on lui avait
arraché Jack, puis il était revenu, et c'était son père qu'on lui avait pris, de manière définitive. Il
avait cru qu'il ne s'en remettrait jamais, et quand finalement, il avait commencé à remonter
doucement la pente, il avait perdu Jack pendant cinq ans. À l'époque, il avait cru qu'il l'avait perdu
à tout jamais et il ne s'en était jamais remis. Et s'il n'y avait pas eu Sophie, Pitch et sa mère, il était
fort probable qu'il se serait laissé dépérir. Puis Sophie était arrivée dans sa vie, Pitch était devenu
son meilleur ami, il avait revu Jack, sa mère était revenue d'entre les morts. Jack était revenu dans
sa vie, et aujourd'hui, il ne pouvait pas être plus heureux. Mais malgré tout ce qu'il avait eu, tout ce
temps où il avait dû lutter pour s'en sortir, il était effrayé à l'idée de se réveiller un jour et de devoir
perdre tout encore une fois. Il soupira une nouvelle fois en repoussant cette idée. Jack était avec lui,
à présent, et il savait qu'il ne le quitterait plus. Hiccup ne quitterait plus ses côtés non plus et il ne
laisserait personne lui enlever sa fille. Il garderait un œil sur sa mère, et sur ses amis pour s'assurer
que tout le monde aille bien. Il n'était qu'un jeune homme de vingt-quatre ans, mais il était prêt à
tout affronter pour garder sa famille intacte. Et quand il aurait besoin de souffler, il savait que Jack
serait là pour lui.

- À quoi tu penses ? Lui demanda son mari en le voyant sourit tendrement contre la vitre de la
voiture.

Hiccup le regarda et lui sourit, faisant ressortir ses dents légèrement de travers. Jack ne lui avait
jamais dit, mais c'était ce genre de sourire, sincère et pur, qui lui réchauffait le plus le cœur.

- Je pense que je t'aime. Et que je suis le gars le plus chanceux du monde parce que tu m'aimes
aussi.

Jack, aussi ému que perturbé par cette déclaration à laquelle il ne s'attendait pas, rougit et regarda
la route.

- C'est malin, je ne sais pas quoi dire, maintenant.

Hiccup sourit et lui attrapa la main. Il entrelaça ses doigts aux siens et posa un baiser dessus.

- Si tu fais ça juste pour qu'on n'aille pas à la conférence de presse...

- Non, je t'aime et je te le dis, c'est tout.

- Et pourquoi tu es tout charmant, d'un coup ?

Malgré lui, Hiccup fut triste à la simple pensée d'être séparé de l’argenté.

- Parce que je ne sais pas combien de temps je vais pouvoir te garder près de moi, alors je veux en
profiter le plus longtemps possible.

- Je ne compte pas partir, tu sais.

- Je sais. Mais on ne sait pas ce que nous réserve la vie. Alors je veux profiter de toi jusqu'à la fin.

- Et si la fin arrive quand on sera vieux ?

- Alors j’aurais pu profiter de toi pendant des décennies, et je pourrais mourir heureux.

- Tu sais que c'est aussi glauque que c'est romantique ?

- Je sais.

Jack se gara près de l'entrée de la compagnie. Avant qu'Hiccup ne sorte de la voiture, Jack lui
attrapa la main.

- Eh. Je t'aime aussi.

Hiccup lui sourit.


- Je sais.

Il se pencha vers lui et l'embrassa. Il songea à la conférence de presse barbante qui l’attendait et à
ce psychopathe de Dagur qui allait encore l'appeler frère. Mais il se dit que finalement, ce n'était
pas grave. Pour profiter de son amour à ses côtés, il pouvait bien supporter une heure de blabla
inintéressant, non ?

Pour garder l'argenté à ses côtés, il pouvait supporter n'importe quoi.

Please drop by the archive and comment to let the author know if you enjoyed their work!

Vous aimerez peut-être aussi