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La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, 1791, Olympe de Gouges

Complément de cours : quelques rappels à propos de la lecture linéaire n°2

Rappels importants
- ces pages ne sont à prendre que comme le complément au cours en classe,
- il serait très maladroit de les reprendre mot à mot à l’oral du bac. (on vous demande une
explication personnelle : entraînez-vous !!!),
- le découpage de l’extrait proposé, comme le titre des différentes étapes, peuvent être changés en
fonction de votre perception de l’extrait

Introduction
- Amorce + présentation rapide de l’œuvre : reprendre ce qui a été dit, préparez votre propre présentation !

- Présentation de l’extrait : situation dans l’œuvre reprendre ce qui a été dit

Lecture EXPRESSIVE du texte


Entraînez-vous : enregistrez-vous, écoutez-vous ensuite : que pensez-vous de votre lecture ? Entend-on la
voix d’ODG ? le ton est-il approprié au texte ? Avez-vous bien fait les liaisons… ?

Structure du texte : Annoncer clairement le découpage en étapes (= mouvements)


- 1) l 1 à l 18 : la proposition d’un nouveau contrat social
Ou : un texte de loi novateur
Ou : la forme d’un nouveau contrat social
Ou : ………………………………………………………………………………………………………

- 2) l 19 à l 29 : la défense de son projet et l’illustration des avantages de ce nouveau contrat,


Ou : la démonstration des avantages de ce projet
Ou : ………………………………………………………………………………………………………

Problématique (= Projet de lecture)


Quel contrat social ODG propose-t-elle dans cet extrait ?
Ou : Quel acte conjugal ODG propose-t-elle et comment le défend-elle ?
Ou : En quoi ce contrat social est-il novateur et bien fondé ?
Ou : ………………………………………………………………………………………………………

Analyse du texte
- La faire étape par étape, en rappelant bien, à chaque fois, le titre de l’étape (=l’idée ou l’aspect qui domine)
* + penser à faire les transitions qui doivent être autant claires qu’apparentes (= faire le bilan de l’étape
avant de donner le titre de l’étape suivante).
- Attention : bien relier ce que vous analysez aux enjeux de l’étape annoncée (et ne pas faire un « catalogue
de citations » qui serait sanctionné !)

* Le petit « conseil plus » : pour donner plus d’aisance à votre analyse orale, (éviter
l’apparence de « l’appris par cœur »), vous pouvez formuler votre axe un peu
différemment.
Exemple : si vous avez annoncé en 1 : « De la ligne 1 à la l 18 nous avons la proposition
d’un projet novateur », vous pouvez dire maintenant « dans cette 1ère partie, ODG
propose un projet novateur ». Puis vous enchaînez directement sur l’analyse.
1) La proposition d’un nouveau contrat social (l 1 à l 18)

Attention : bien rappeler que jusque-là, l’homme et la femme étaient liés par un mariage (sacrement à l’église), que
le divorce était interdit (« mariage à vie »). Ce « contrat social » n’est donc pas un « mariage » à proprement parler.
(On pourrait le rapprocher de ce qu’est le PACS aujourd’hui : pacte civil de solidarité)

→ Dès le début, nous voyons qu’ODG propose un texte à valeur juridique, en particulier un contrat qui engage
deux personnes.
En effet : forme des textes juridiques avec la désignation des personnes qui « Nous, + nom et le nom… » des
personnes qui s’engagent + l’emploi du présent (valeur de présent général) jusqu’à la ligne 14 + vocabulaire :
champ lexical du juridique (« le droit de » l 5 + l 9, « de droit » l 17), « la loi »……..…………………………..+ « aux
conditions suivantes » l 3 +
………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..
Absence de vocabulaire affectif, aucune marque de subjectivité : que la description du projet.

A partir de la ligne 14 : hypothèses (« au cas d’union parfaite… » + « si l’un mourait… » + emploi du conditionnel… :
ODG montre que tous les cas possibles sont envisagés par son contrat social. (Projet muri donc.)
Attention cependant : Les phrases longues, surtout l’emploi des hyperbates («et, au cas de… » + « et si l’un
mourait… ») donnent ici un effet d’oralité au texte (donc différent d’un contrat) ; on pourrait penser qu’ici elle
« s’emporte » dans la description de son projet.

→ Elle insiste sur l’engagement commun, mutuel : l’homme et la femme sont mis à égalité.
En utilisant le pronom personnel « Nous » d’abord, elle réunit l’homme et la femme, sans donner de prévalence
ou de priorité à l’un ou à l’autre (les 2 personnes sont ensemble dans le pronom / penser que ce n’est pas comme
si l’on avait « moi, X et Moi Y). Lorsqu’elle écrit « N et N » pour montrer l’endroit où les Noms apparaîtront (habituel
dans chaque contrat), elle choisit la même lettre (probablement pour « Nom et Nom », mais c’est aussi la même
lettre que « Nous »), ce qui renforce peut-être une égalité entre les deux personnes.

Elle met en valeur un engagement commun : emploi récurrent des adjectifs possessifs « notre, nos »( lignes…) +
insistance sur la mutualité de l’engagement avec l’ emploi du polyptote : adj qual « mutuels » et adverbe de
manière « mutuellement ».

→ Un contrat très nouveau pour l’époque, et qui s’inscrit tout à fait dans l’esprit du siècle des Lumières :

- Pour l’union du couple : l’union est désormais communément et librement consentie par chacune des deux
personnes.
* « mus par notre propre volonté » l 1 = chacun décide librement. = Liberté individuelle reflétant l’esprit
des Lumières) et non plus d’une vie imposée.
(très différent du mariage imposé par les parents comme jusque-là/ se souvenir des pièces de Molière au
XVII…) ; « entendons et voulons » : marque là aussi de la volonté de chacun des signataires du contrat (les
2 verbes sont de sens identiques /pléonasme/mise en valeur de la volonté personnelle) ;

- Pour la durée de l’union consentie : ce n’est plus nécessairement « une union à vie » :
L’union peut durer jusqu’au décès de l’un ou l’autre des personnes engagées (« Pour le terme de notre
vie » l 3, « cas d’union parfaite » l 14), MAIS elle note aussi « pour la durée de nos penchants mutuels » l
2 : ce propos paraît antithétique par rapport à ce qui précède l3 (« pour le terme de notre vie » mais en
réalité il s’agit ici d’une possibilité : ne plus aimer le conjoint et donc pouvoir s’en séparer juridiquement
aussi. La séparation est ouvertement évoquée : l12 : « en cas de séparation ». (Tout à fait opposé à ce qui
se passe à l’époque où le divorce est interdit).
ODG a conscience de ce qui se passe « en vrai » dans la société : tromperies, adultères, désamour… Son
pacte s’inscrit donc dans le cadre d’un bonheur individuel, à travers le respect de la volonté de chacun
(esprit des Lumières) et non plus d’une vie imposée là encore.

- Pour la protection de la femme, notamment sur le plan financier :


Mise en commun des fortunes (l 4*) mais une réserve des droits pour les enfants………………………………………*
+ l 12/13* : faire le partage en cas de séparation (La femme ne se retrouverait pas démunie voire
dépossédée)
+ possibilité d’hériter de la fortune du conjoint qui viendrait à décéder, et s’il n’y avait pas d’enfant (l
16/17)*, sauf s’il en avait décidé autrement (= respect de la volonté de chacun).

*= toujours bien citer le texte à l’appui, partout dans votre analyse !

- Pour les enfants :


Il n’y a plus de distinction entre les enfants : en précisant « de quelque lit qu’ils sortent » l 8, ODG met tous
les enfants à égalité. Qu’ils soient nés d’une union ou d’une autre union, peu importe, ils sont à égalité et
ont les mêmes droits.
Les enfants ont donc tous des droits, indépendamment de leur origine : ils ont le droit de porter le nom de
leurs parents (père/mère) + ont le droit d’hériter même s’ils sont nés en dehors de l’union signée par les
deux signataires.
(Tout à fait opposé à ce qui se passe à l’époque, grande nouveauté là aussi).

Transition :

- Ainsi c’est un projet d’union très novateur qu’ODG propose, à l’opposé des droits de l’époque (elle
revendique l’égalité des droits entre l’homme et la femme, la légitimité de se séparer, mais elle élargit
son projet aux droits des enfants (n’oublie personne ! )
- Le projet est tellement nouveau qu’elle sait que bcp de gens s’y opposent ou s’y opposeront, c’est
pourquoi elle va enchaîner sur la défense de ce projet.

2) La défense de son pacte et l’illustration de ses bienfaits pour la société (cf. « contrat
social »)

→ Elle ouvre le 2ème paragraphe avec le présentatif « Voilà » qui reprend ce qu’elle vient d’énoncer. Elle s’en montre
l‘auteure et l’assume complètement : « … dont je propose l’exécution » ; l’approximation « à peu près » l 19 +
l’emploi du verbe « propose » montrent qu’elle n’impose pas son projet.

Pour désigner son nouveau pacte social, elle emploie la périphrase « ce bizarre écrit » : l’adj qual antéposé par
rapport au nom qu’il qualifie est mis en valeur : il signifie que son projet est unique, opposé à ce qui est déjà admis,
et elle montre qu’elle a conscience de sa grande nouveauté. MAIS si ce projet est « bizarre » c’est dans la vision des
autres, non pour elle.

D’ailleurs, au sein de la même phrase elle utilise une énumération (les tartufes, les bégueules, le clergé et toute la
séquelle infernale.») pour désigner ceux qui s’opposent à cette loi, s’opposant donc clairement à eux.
(Evidemment, le mariage étant un sacrement pour l’Eglise, l’adultère étant formellement interdit, on peut
comprendre qu’ils soient opposés à cette nouvelle forme de contrat social.)

Avec l’énumération qui met en valeur l’effet de nombre, elle emploie aussi l’hypotypose (effet de réel) : « je vois
s’élever contre moi » : elle montre par là qu’elle ne craint pas l’adversité.

Surtout on note sa moquerie dans l’énumération : termes négatifs (« les tartufes, les bégueule » + la formule
expéditive en fin de phrase « et toute la séquelle infernale ») ; à l’intérieur des éléments négatifs cités, on voit « le
clergé » : celui-ci est intégré dans une liste de termes péjoratifs, dévalorisants, et il est donc frontalement attaqué
ici par ODG. De plus, le clergé représentant la religion, donc Dieu, nous relevons l’emploi de l’adjectif qual
« infernale » (cf « enfer ») qui est à l’opposé → critique très nette ici de l’Eglise.
Cependant, malgré ces détracteurs, elle affiche sa confiance en son projet : emploi du futur simple qui montre une
certitude (futur simple de l’indicatif : mode de la certitude) : « offrira, aura, autorisera, seront, conservera,
retiendra ».

→ A partir de la ligne 24, elle renforce le bien-fondé de son projet en donnant un exemple qui la valide.
Elle prouve donc que le pacte qu’elle propose se justifie pour les effets très positifs qu’il aura dans la société.

Prends l’exemple de « l’Epicurien » càd d’un homme qui (par extension) s’adonne aux plaisirs sensuels : est habitué
à avoir des relations avec la femme de son voisin pauvre (présent d’habitude « trouve fort bon… »). Elle montre par
là que la situation existe déjà (même si la morale notamment de l’Eglise la condamne), que c’est un cas habituel.

Met en scène « le riche Epicurien » et « son voisin pauvre » : déséquilibre, contraste de richesse. On peut prendre
pitié de ce voisin : non seulement il est pauvre, mais en plus, « le riche Epicurien » fait des enfants à sa femme !
Donc ODG montre que si la loi autorise le riche à reconnaître ses enfants, la société s’en portera mieux :
« les liens de la société seront plus resserrés, et les mœurs plus épurées » . Rythme binaire qui suggère un
équilibre, met en valeur « resserrés » et « épurés » (rimes + 3 syllabes chacun)
+ « les liens de la société seront plus resserrés : on peut imaginer plus d’entraide, de soutien, (sous-entendu le
pauvre élèvera les enfants dans de meilleures conditions) « et les mœurs plus épurées » : moins d’hypocrisie, et
plus de morale (celui qui est le père des enfants assumera financièrement leur éducation) + Noter l’emploi du
comparatif de supériorité (« plus »).

Les progrès faits au sein de la famille (liberté de l’union, enfants hors mariage assumés…) seront donc positifs sur
le plan individuel mais également sur le plan de la société entière.

Mini bilan de cette 2ème étape :

- ODG sait donc très bien que son projet a des opposants (notamment le clergé, encore puissant au XVIII,
jusqu’à la Révolution Française) mais elle en assume la proposition.
- Pour mieux montrer les bienfaits que sa loi amènera, elle propose un 1er exemple concret, tiré de son
observation de la société. (Après cet extrait, elle donnera d’autres intérêts…)

Conclusion sur ce texte :

Conclusion : 2ème texte juridique de la DDFC : contrat de mariage revu, rénové (plan civique et non plus religieux).
Met l’accent sur la liberté individuelle : l’union est librement consentie et révocable par les deux personnes.
Intérêt sur le plan individuel : libre volonté des personnes + liberté de mettre fin à des engagements à tout moment
+ reconnaissance des intérêts de l’enfants. Retentissement sur toute la société qui en est meilleure.
ODG propose donc des progrès pour l’individu mais aussi pour la société entière = cf Idées + esprit des Lumières.

Ouverture : à votre choix (recherches à faire si possible) + Attention au temps : faites « bref » (= 1 seul élément) !
Exemples :
- modernité de son projet (évolution du mariage ? PACS : dates…., date de l’autorisation du divorce…) +
enfants « naturels » ou « légitimes » : loi qui annule cette différence…
- Dans la lignée de Rousseau qui avait déjà proposé un « contrat social » dans son essai Du Contrat social,
(1762) dans lequel il prônait une liberté civique pour garantir l’égalité de tous. (Attention : faire des
recherches avant de citer cette œuvre, car il y a bcp de différences aussi !)
- égalité des droits de la femme et de l’homme……….. long chemin………ODG « en avance sur son temps »
- septembre 1791 : mariage civil (désacralisation du mariage qui n’était que religieux avant),
l’Assemblée législative crée le mariage civil et autorise le divorce par consentement mutuel. ATTENTION :
supprimé par la suite : divorce interdite en 1816 (le catholicisme redevient religion d’Etat) à 1884, divorce
à nouveau autorisé mais procédure complexe… que s’il y avait faute de l’un des deux… Le consentement
mutuel pour le divorce date seulement de 1975 : à nouveau autorisé comme sous la Révolution…
- ODG écrivaine des Lumières, femme courageuse qui n’a pas eu peur de s’opposer à des groupes importants
(a fini malheureusement condamnée à mourir…) dans l’intérêt de toutes et tous. Générosité de son projet.

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