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LIVRET STMG appartenant à ______________________

DDFC OLYMPE DE GOUGES


Littérature d’idées : parcours « écrire et combattre pour l’égalité »
Textes à l’oral du bac :
1-
2-
3-

Lecture cursive choisie :

Quelques vidéos courtes à visionner pour mieux comprendre/réviser le travail


sur La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de Gouges

Vidéos sur la vie d’Olympe de Gouges


https://youtu.be/cT1J2jR_OuU
https://youtu.be/nJ9ZKtpODUw
https://youtu.be/7scRLripWiM

Présentation et structure de l’œuvre :


https://youtu.be/RWXy819UD60
https://youtu.be/xwOKe8ErG2k

Podcast :
Séance 1: révisions : lexique de l’argumentation et les Lumières (contexte)
Séance 2 : contextualisation, biographie et parcours

I. Le contexte historique
Publication de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne : 1791 : fin du XVIIIe siècle marqué par le mouvement philosophique des Lumières
(1715-1789) et par la Révolution française (1789-1799).
1. Les Lumières Au XVIIIe Les penseurs des « Lumières » veulent éclairer les humains par la raison et lutter contre l’obscurantisme en favorisant la diffusion
des connaissances. Ils défendent un ensemble de valeurs : la liberté contre l’esclavage et la censure, l’égalité face à la justice, la fraternité contre l’intolérance.
2. La Révolution française Fin XVIIIe les inégalités se creusent. La crise économique et sociale de 1788 accentue le sentiment d’injustice et aboutit à la
Révolution de 1789. 1789 : la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen est votée article par article par l’Assemblée constituante. 1792 : la royauté est
abolie et la République est proclamée. Mais la Révolution se radicalise avec Robespierre et instaure un régime de terreur. En 1799 le coup d’Etat de Napoléon
met fin à la République. A compléter avec votre cours d’Histoire.

Frise à coller
II. Olympe de Gouges : 1748-1793
Visionnage de deux vidéos : https://www.youtube.com/watch?v=WvRT3olP-0I et Https://www.youtube.com/watch?v=nJ9ZKtpODUw

Activité 1 : Comprendre l’engagement militant d’Olympe de Gouges Après avoir regardé les deux vidéos, répondez aux questions ci-dessous.
1. Pourquoi Olympe de Gouges choisit-elle de ne pas se remarier ?

2. Quelles avancées sociales Olympe de Gouges défend-elle ?

3. Comment se positionne-t-elle par rapport à l’action révolutionnaire ?

4. Quels termes sexistes sont utilisés après sa mort pour décrédibiliser son action politique ?

II Analyse des mots du parcours : Ecrire et combattre pour l’égalité


-la conjonction de coordination montre qu’ils peuvent être deux actions distinctes et complémentaires ou être pris comme synonymes l’un de l’autre (écrire
c’est combattre).
- « pour » : le but, ici l’égalité.
- l’Egalité : article défini qui présente l’égalité comme un absolu, pas de complément précisant quelle égalité. Chez Olympe de Gouges : égalité entre les
hommes et les femmes mais l’absence de complément indique qu’on peut élargir : tout combat pour l’égalité entre des êtres qui n’auraient pas les mêmes
droits : classes sociales, origines, couleurs de peau, appartenances religieuses...

==> Olympe de Gouges défend l’idée que les femmes doivent avoir les mêmes droits que les hommes et elle compose un plaidoyer (= défense) en faveur de
l’égalité. Ce faisant, elle dénonce les freins qui ont empêché l’égalité entre les hommes et les femmes : il s’agit donc également d’un réquisitoire (= accusation)
contre les inégalités et leurs responsables.
Egalité = égalité de traitement. Equité = égalité des chances
Ecrire
Définition Tracer des caractères, mettre par écrit, exposer ses idées par écrit, produire des textes...

Personne en charge d’écrire Scribe, copiste, auteur, écrivain.


Combattre
Définition Se battre contre ou en faveur de quelqu’un ou quelque chose physiquement ou par
d’autres moyennes (littéraires...)

Synonymes S’opposer à, lutter contre, attaquer, affronter, réfuter, dénoncer.


Se battre pour, plaider, défendre.

Personne qui prend part à un Physiquement : guerrier, adversaire, militant.


combat Avec des mots : pamphlétaire, polémiste, militant.
Egalité
Définition Caractère de ce qui est égal. Le fait pour les humains d’avoir les mêmes droits devant la loi.

Synonymes Equilibre, parité.


Antonyme Inégalité.
Séance 3 : Restitution de la lecture de La déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, d’Olympe de
Gouges : structure de l’œuvre.

Lire p. 35 à 38 et répondre aux questions 39 (édition Étonnants classiques )


A- Structure globale de l’œuvre : remplissez le tableau ci-dessous à l’aide de votre lecture de la DDFC et du livre p. 35-36

Titres Résumé ou seulement thème (pour les articles)


Épître dédicatoire

Adresse aux hommes

Préambule

Articles 1à4

4à9

10 et 11

12 à 15

16 et 17

Postambule
Contrat social de l’homme et de la
femme

B- Les articles de la Déclaration

Pour vérifier que vous avez bien lu les 17 articles et pour vous les approprier, répondez aux questions suivantes :

1) Associez le numéro de l’article au thème ou contenu qui lui correspond.


……… L’égalité des devoirs (contribution) garantit l’égalité des droits (distribution des postes).
……… Égale liberté d’opinion.
……… Souveraineté confiée à la nation.
……… Les trois conditions d’existence de la Constitution.
……… La présomption de culpabilité des femmes est dénoncée.
……… L’obligation de participer à la formation de la loi donne accès à tous les postes publics.
……… Protection des droits instituée comme utile.
……… Égalité du caractère inviolable du droit à la propriété.
……… Non-rétroactivité de la loi pénale.
……… Le consentement des femmes à l’impôt dépend d’un partage égal des biens.
……… Abolition de l’inégalité entre les sexes.
……… Égalité de peine entre les hommes et les femmes.
……… Liberté d’expression et de publicité d’une grossesse.
……… Liberté d’action limitée par des lois justes.
……… Droit de vérification égal auprès des représentants de l’État.
……… Proclamation des droits naturels (précisez-les : ……………………………………………………………………….………….)
……… Les seules forces d’interdiction sont les lois de la nature et de la raison.

2) Comparez les articles 1, 2, 3, 8 et 15 de la DDHC (= « déclaration des droits de l’Homme et du citoyen ») et de la DDFC (=« Déclaration des droits de la femme
et de la citoyenne »). Quelle modification Olympe de Gouges réalise-t-elle dans ces articles ?
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………………………………..

3) Dans l’article 6, Olympe de Gouges utilise un même verbe à plusieurs reprises. Quel est ce verbe ? Comparez avec les verbes utilisés dans l’article 6 de la
DDHC et expliquez ce qu’implique cette modification.
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……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………

4) Comment Gouges plaide-t-elle pour l’égalité femmes-hommes dans les articles 7 et 13 ?


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……..

5) Relisez l’article 9 des deux Déclarations. En quoi l’article de Gouges prend-il les accents d’un vrai réquisitoire ?
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
réquisitoire : …………………………………………………………………………………………………………………………………………………………...
plaidoyer : ………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..

6) Quelle forme de liberté est revendiquée pour les femmes dans les articles 10 et 11 ? A quelle situation spécifique pour les femmes Olympe de Gouges veut-
elle faire appliquer ce droit ?
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7) Quel principe politique élémentaire formulent les articles 1, 3 et 16 ?


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Séance 4 : Découvrir les spécificités de l’œuvre

I] Notion de réécriture* de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen → hypotexte* et hypertexte*.


L’hypotexte est le texte d’origine (pour nous la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen).
L’hypertexte est la réécriture (pour nous la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne).
La réécriture c’est une pratique aussi vieille que la littérature. Elle permet des variations, des reprises, ajouts, qui confèrent au texte des significations nouvelles.
Le lien entre l’hypotexte et l’hypertexte peut relever de l’imitation comme de la critique, de l’hommage comme de la satire. Olympe de Gouges joue sur les
registres avec sa réécriture, qui lui permet de confronter les rédacteurs de la Déclaration des droits de l’Homme à leurs failles et d’asseoir ses idées féministes.
Sa réécriture s’appuie principalement sur un principe de féminisation, qui induit une approche nouvelle du texte.
En classe ou à la maison : lecture de l’épître dédicatoire « A la reine » et de l’introduction « Les droits de la femme »
→ Quels sont les traits stylistiques principaux de l’épître dédicatoire « A la reine »?
→ Quelles valeurs et idées met en avant l’introduction « Les droits de la femme » ?
Prolongements : réflexion sur la féminisation de la langue et l’écriture inclusive.
II] Un texte polymorphe* : Structure et genre(s) de la Déclaration de Gouges
*polymorphe : qui peut prendre plusieurs formes
1) Quelles sont les différentes parties de la Déclaration ?
2) A qui s’adresse la Déclaration ?
3) La Déclaration est-elle un discours ? Pourquoi ?
Synthèse : La Déclaration d’Olympe de Gouges : une œuvre combative au service de l’égalité
Un concentré de combats pour l’égalité
Un plaidoyer Universalisme : elle réclame pour les femmes les mêmes droits et devoirs que pour les hommes : accéder à la
pour les droits représentation politique, à l’égalité devant la loi, à l’héritage et à la liberté d’expression.
des femmes et
pour l’égalité
Un Gouges associe la lutte contre l’esclavage à celle pour l’égalité hommes-femmes : dénonciation des pratiques
réquisitoir despotiques des colons, veut que les Noirs bénéficient d’une liberté égale à celle des
e contre Blancs.
l’esclavage
Un écrit révolutionnaire inclassable
Une tribune Ecriture qui recrée l’oralité du dialogue des assemblées : adresse son texte à des destinataires. D’abord la reine
aux multiples puis l’homme. Préambule et articles : s’adresse à l’Assemblée nationale. Postambule : adressé à la
destinataires communauté des femmes.

Un collage - Préambule et articles : pastiche de la forme juridique de la


de Déclaration de 1789.
plusieurs genres - Postambule : pamphlet (formules choc).
- Utilisation de l’humour et de l’anecdote à la fin de la Déclaration des
droits de la femme et de la citoyenne.
La puissance Préambule : Gouges désigne le groupe dont elle se fait porte-parole :
d’une parole « les mères, les filles, les sœurs, représentantes de la nation ».
offensive Postambule : parle à la première personne et se met en scène.

A retenir :
Rhétorique : techniques de la mise en œuvre des moyens d’expressions (par la composition du discours, les figures…)
Éloquence : art oratoire, art de bien parler.
Ethos : manière d’être de l’orateur, image que l’on donne de soi.
Pamphlet : texte court et violent attaquant une institution ou un personnage connu.
La tonalité/registre polémique est employée avec l'intention de soulever l'indignation chez le public lecteur, de susciter le débat à propos d'un sujet controversé. L'auteur qui en fait usage
souhaite dresser une critique sévère de son sujet
Séance n° 5 -Explication de texte linéaire n° 4 / La réécriture de la DDFC

Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, du préambule à l’article 5, 1791

Les mères, les filles, les sœurs, représentantes de la nation, demandent d’être constituées en Assemblée nationale. Considérant que l’ignorance, l’oubli ou le
mépris des droits de la femme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements, [elles] ont résolu d’exposer dans une
déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables et sacrés de la femme, afin que cette déclaration constamment présente à tous les membres du corps
social, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs, afin que les actes du pouvoir des femmes, et ceux du pouvoir des hommes pouvant être à chaque
instant comparés avec le but de toute institution politique, en soient plus respectés, afin que les réclamations des citoyennes, fondées désormais sur des
principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien de la Constitution, des bonnes mœurs, et au bonheur de tous.
En conséquence, le sexe supérieur en beauté comme en courage dans les souffrances maternelles, reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de
l’Être suprême, les Droits suivants de la femme et de la citoyenne.

Article premier. — La femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune.

Article 2. — Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de la femme et de l’homme : ces droits sont la
liberté, la propriété, la sûreté, et surtout la résistance à l’oppression.

Article 3. — Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation, qui n’est que la réunion de la femme et de l’homme : nul corps, nul individu,
ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément.

Article 4. — La liberté et la justice consistent à rendre tout ce qui appartient à autrui ; ainsi l’exercice des droits naturels de la femme n’a de bornes que la
tyrannie perpétuelle que l’homme lui oppose ; ces bornes doivent être réformées par les lois de la nature et de la raison.

Article 5. — Les lois de la nature et de la raison défendent toutes actions nuisibles à la société : tout ce qui n’est pas défendu par ces lois, sages ou divines, ne
peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu’elles n’ordonnent pas.
Eléments pour l’introduction :
Amorce / présentation de l’œuvre, de l’autrice et du contexte :
Olympe de Gouges, Révolution, Déclaration des Droits de l’Homme, statut des femmes, réécriture (hypotexte / hypertexte), texte écrit dans l’urgence.

Présentation du texte :
Précédé de l’épître dédicatoire et de l’introduction « Les droits de la femme », vocation à être décrétée à l’Assemblée nationale ou législative. Reprise de
l’hypotexte très proche, féminisation et messages implicites par l’ajout et la modification.

Problématique (non obligatoire):


Comment le geste littéraire de la réécriture permet-il à l’autrice d’exposer les incohérences de l’hypotexte tout en développant un argumentaire en faveur du
droit des femmes et en posant les bases d’un modèle égalitaire ?

Mouvements (obligatoire):
- le préambule : redéfinir le corps social et donner une valeur performative au texte
- les articles : ajouter et modifier pour mettre au jour les incohérences et défendre ses valeurs

Premier mouvement : le préambule > redéfinir le corps social et donner une valeur performative au texte

Citations Procédés Analyses


Les mères, les filles, les sœurs, représentantes de la nation, demandent d’être constituées en Assemblée nationale. Considérant que l’ignorance, l’oubli ou le mépris
des droits de la femme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements, [elles] ont résolu d’exposer dans une déclaration solennelle,
les droits naturels, inaliénables et sacrés de la femme, afin que cette déclaration constamment présente à tous les membres du corps social, leur rappelle sans cesse
leurs droits et leurs devoirs, afin que les actes du pouvoir des femmes, et ceux du pouvoir des hommes pouvant être à chaque instant comparés avec le but de toute
institution politique, en soient plus respectés, afin que les réclamations des citoyennes, fondées désormais sur des principes simples et incontestables, tournent toujours
au maintien de la Constitution, des bonnes mœurs, et au bonheur de tous.
Idée principale → Redéfinir le corps social et donner le pouvoir aux femmes.

Les mères, les filles, les sœurs Ajout // DDHC


représentantes de la nation
La nation est pour OG l’union de la femme et de l’homme (vs « peuple français »)
demandent d’être constituées en Valeur performative du OG octroie aux femmes un pouvoir performatif (qui est normalement celui des lois) : le verbe demander
Assemblée nationale verbe (exécute l’action accomplit l’action elle-même. La voix passive renvoie les hommes à leurs responsabilités vis à vis des
qu’il énonce) femmes.
voix passive
Considérant que l’ignorance, Nouvelle phrase // DDHC
l’oubli ou le mépris des droits de gradation ascendante
la femme sont les seules causes remplacement d’Homme
des malheurs publics et de la par femme
corruption des gouvernements, adj exclusif seules
[elles] ont résolu d’exposer dans lexique péjoratif
une déclaration solennelle, les
droits naturels, inaliénables et
sacrés de la femme
afin que / afin que / afin que Anaphore (PSC de but)
but

afin que cette déclaration Reprise à l’identique (sauf OG reprend les mots des rédacteurs de la DDHC en redéfinissant implicitement le corps social, avec le
constamment présente à tous les majuscules) GN prépositionnel « à tous les membres... » : pour elle, cela inclut bien sûr les femmes. Les adverbes
membres du corps social, leur synonymes insistent sur la nécessité de prendre en compte les femmes, et dénonce la mauvaise foi des
rappelle sans cesse leurs droits et adverbe et locution hommes qui les excluent.
leurs devoirs adverbiale

pré-dét indéfini + art déf


les actes du pouvoir des femmes, OG remplace législatif et exécutif par femmes et hommes → moyen de rappeler que la nation repose
et ceux du pouvoir des hommes sur l’action complémentaire des deux sexes. Répétition pouvoir met en balance les pouvoirs des
hommes et des femmes > dénonce inégalités.
pouvant être à chaque instant Reprise à l’identique Applique cette notion aux femmes aussi. Femmes et hommes construisent la nation.
comparés avec le but de toute comparés Notion de respect associée aux femmes.
institution politique, en soient respectés
plus respectés
les réclamations des citoyennes OG remplace citoyens par citoyennes. Féminisation forcée du terme qui n’est pas reconnu à son époque.
fondées désormais sur des Reprise à l’identique Même mouvement d’élargissement de ces principes aux femmes, argument qui insiste de lui-même sur
principes simples et Apposition leurs droits inaliénables.
incontestables adv désormais
adj
tournent toujours au maintien de Adv « toujours »
la Constitution, des bonnes énumération ternaire
mœurs, et au bonheur de tous. allitération en b
pronom indéfini « tous »

En conséquence, le sexe supérieur en beauté comme en courage dans les souffrances maternelles, reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l’Être
suprême, les Droits suivants de la femme et de la citoyenne.
Idée princi^pale → Valorisation de la femme.

En conséquence Construction argumentative. Dans la réécriture, suggère qu’il est légitime et logique que les femmes
revendiquent leurs droits.
le sexe supérieur en beauté Lexique mélioratif
comme en courage dans les allitération en s
souffrances maternelles périphrases

reconnaît et déclare Déclaration dissidente mais effective symboliquement par la valeur performative des verbes.

en présence et sous les auspices de Reprise à l’identique OG conserve la référence à Dieu comme garantie à sa déclaration. Fait écho à la condition naturelle de
l’Être suprême la femme, créée par Dieu.
les Droits suivants de la femme et Conj de coord Reprise au féminin. Majuscule sur Droits met ce mot en exergue (la plupart des autres majuscules ont
de la citoyenne binarité / addition disparu) > droits inaliénables de la femme.
majuscule Femmes comme membres à part entière de la société et comme actrices de la Révolution.

Ccl partielle :
Deuxième mouvement : les articles > ajouter et modifier pour mettre au jour les incohérences et défendre ses valeurs

Article premier. — La femme OG infléchit l’égalité abstraite entre tous les hommes vers une égalité concrète entre hommes et
naît libre et demeure égale à femmes. Déplacement de l’adj libre attribue des droits incontestables à la femme (à la naissance), et
l’homme en droits. Les non des droits qu’elle doit gagner par la lutte.
distinctions sociales ne peuvent Déplace les distinctions sociales entre homme et femme, indiquant ainsi que l’exclusion des femmes
être fondées que sur l’utilité nuit à la société.
commune.
Article 2. — […] conservation GN avec 2 adj qui qualifient
des droits naturels et droits
imprescriptibles de la femme et
de l’homme ajout de femme
ces droits sont la liberté, la OG reprend les droits énoncés dans la DDHC, mais elle met l’accent sur la résistance à l’oppression avec
propriété, la sûreté, et surtout la différenciation phonique et adv surtout. Sous-entend qu’il s’agit de la résistance à l’oppression
résistance à l’oppression. masculine (déplacement de la dénonciation). Insolence du propos qui dénonce l’hypocrisie des
rédacteurs de la DDHC (surtout = c’est vous-mêmes qui le dites)
Article 3. — Le principe de toute Reprise à l’identique sauf
souveraineté réside ajout de la PSR
essentiellement dans la nation, négation restrictive
qui n’est que la réunion de la
femme et de l’homme : nul
corps, nul individu, ne peut rythme binaire
exercer d’autorité qui n’en négation
émane expressément.
Article 4. — La liberté et la Sujet doublé avec justice
justice consistent à rendre tout pronom indéfini
ce qui appartient à autrui ajout notion appartenance
ainsi l’exercice des droits Connecteur logique Démonstration logique : exemple qui suit l’argument….
naturels de la femme n’a de négation restrictive
bornes que la tyrannie opposition homme-femme
perpétuelle que l’homme lui hyperbole : tyrannie
oppose perpétuelle
ces bornes doivent être Périphrase verbale modale : OG modifie la modalité de la proposition > injonction. Force de proposition qui tente de s’imposer.
réformées par les lois de la remplace » peuvent » par Nécessité de changement.
nature et de la raison. « doivent », Rejet de la Loi telle qu’elle existe (excluant les femmes) au profit d’une loi supérieure, le droit naturel
« déterminées » par et la raison, valeurs fondamentales des Lumières.
« réformées ». Enlève la
négation restrictive.
Nom lois mis au pluriel et
complété par 2 CDN.
Article 5. — Les lois de la nature Reprise du GN de l’article 4
et de la raison défendent toutes la négation restrictive
actions nuisibles à la société devient dét indéfini
présent gnomique*

tout ce qui n’est pas défendu par PSR périphrastique


ces lois, sages ou divines, ne apposition avec gradation,
peut être empêché, et nul ne lexique mélioratif
peut être contraint à faire ce négations avec lexique de
qu’elles n’ordonnent pas. l’interdiction
polyptote sur défendre

Ccl partielle :

Conclusion :
Tentative sociale et politique d’affranchissement des femmes.
La réécriture permet de condenser la controverse et de créer en peu de mots un dialogue riche avec l’hypotexte. Elle oblige aussi à un grand effort de la part
des lecteurs et lectrices qui doivent naviguer entre les textes > lecture active. Ce travail de mise en relation force les lecteurs et les lectrices à réfléchir et à
questionner leurs représentations.
L’autrice s’autorise des libertés avec la structure du texte initial quand elle souhaite développer ses arguments. Bien souvent cependant, la force de la réécriture
est de reprendre les affirmations des rédacteurs de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen et de les retourner contre eux : s’ils veulent être cohérents,
ils sont tenus de mettre en place l’égalité entre les sexes.

Ouverture : propositions concrètes d’Olympe de Gouges dans les articles qui suivent.
Séance 6 : Explication linéaire 5 . L’appel aux femmes
Olympe de Gouges, Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, 1791, postambule, du début à « vous n’avez qu’à le vouloir. »

Femme, réveille-toi ; le tocsin de la raison se fait entendre dans tout l’univers ; reconnais tes droits. Le puissant empire de la nature n’est plus environné
de préjugés, de fanatisme, de superstition et de mensonge. Le flambeau de la vérité a dissipé tous les nuages de la sottise et de l’usurpation. L’homme esclave
a multiplié ses forces, a eu besoin de recourir aux tiennes pour briser ses fers. Devenu libre, il est devenu injuste envers sa compagne. Ô femmes ! femmes,
quand cesserez-vous d’être aveugles ? Quels sont les avantages que vous avez recueillis dans la Révolution ? Un mépris plus marqué, un dédain plus signalé.
5Dans les siècles de corruption vous n’avez régné que sur la faiblesse des hommes. Votre empire est détruit ; que vous reste-t-il donc ? la conviction des injustices
de l’homme. La réclamation de votre patrimoine, fondée sur les sages décrets de la nature ; qu’auriez-vous à redouter pour une si belle entreprise ? le bon mot
du législateur des noces de Cana ? Craignez-vous que nos législateurs français, correcteurs de cette morale, longtemps accrochée aux branches de la politique,
mais qui n’est plus de saison, ne vous répètent : femmes, qu’y a-t-il de commun entre vous et nous ? Tout, auriez-vous à répondre. S’ils s’obstinaient, dans leur
faiblesse, à mettre cette inconséquence en contradiction avec leurs principes ; opposez courageusement la force de la raison aux vaines prétentions de
10supériorité ; réunissez-vous sous les étendards de la philosophie ; déployez toute l’énergie de votre caractère, et vous verrez bientôt ces orgueilleux, nos*
serviles adorateurs rampants à nos pieds, mais fiers de partager avec vous les trésors de l’Être suprême1. Quelles que soient les barrières que l’on vous oppose,
il est en votre pouvoir de les affranchir ; vous n’avez qu’à le vouloir.

*beaucoup d’ éditions comportent une erreur : il s’agit bien « NOS serviles adorateurs » et pas de « NON serviles adorateurs ».
Pistes pour l’introduction :
1) Où se situe ce texte dans la Déclaration ?
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………...
2) Quel est l’objectif de Gouges dans ce texte ? Quels procédés marqués utilise-t-elle pour cela ?
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………...………………………………………………………………………………………………………………………………
………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………...
3) Quel pourrait être le projet de lecture (problématique) ?
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………...

1
Les philosophes ne parlent plus de Dieu, mais du Créateur, de l’Auteur de la nature ou de l’Être suprême.
4) Distinguez trois mouvements dans le texte et donnez-leur un titre.
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………
…………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………..
Premier mouvement : …………………………………………………………………………………………………………………………………………….

« Femme »

« réveille-toi »
« reconnais tes droits. »
« le tocsin de la raison se fait OG présente ce moment comme un tournant, un éveil à la conscience et à l’action, un point
entendre » de départ annoncé par le héraut (messager)

« n’est plus environné » Insistance sur la fin d’une ère d’injustice et l’avènement d’une ère nouvelle.
« a dissipé »
« tocsin de la raison » Signes de pouvoir associés aux idéaux des Lumières qui donnent du poids aux
revendications des femmes.
« puissant empire de la nature »
« flambeau de la vérité »
« de préjugés, de fanatisme, de Champ lexical de
superstition et de mensonges. » l’obscurantisme et de l’injustice
« les nuages de la sottise et de
l’usurpation. »
« l’homme esclave »
« brisé ses fers »
« devenu libre »
« a multiplié ses forces » / « a eu Insistance sur l’ingratitude et l’égoïsme des hommes qui n’ont pas partagé leur
besoin de recourir aux tiennes » émancipation avec les femmes.
« devenu libre » / « devenu injuste »
Bilan du premier mouvement : L’ouverture du postambule se présente comme une vigoureuse harangue, incitant la femme à agir. Le style martial, les tournures
et les phrases lapidaires donnent un caractère incisif à cette ouverture, destinée à produire un choc, un sursaut.

Deuxième mouvement : ……………………………………………………………………………………………………………………………………….


……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………

« Ô femmes ! femmes »

« Quand cesserez-vous d’être


aveugles ? »
Questions-réponses en cascade
« Quels sont les avantages… auriez-
vous à répondre. »

La connotation positive du terme « avantages » est effacé au profit des termes péjoratifs qui
« avantages » / « mépris, dédain » soulignent la dépossession subie par les femmes.

Dénonciation de l’attitude injuste des hommes envers les femmes.


« Un mépris plus marqué, un dédain
plus signalé. »

« vous n’avez régné que sur la OG met en évidence le fait que les femmes se sont bercées d’illusions et ont tout perdu. Cette
faiblesse des hommes. Votre empire prise de conscience doit être le moteur de l’action.
est détruit ; que vous reste-t-il
donc ? »
« corruption », « faiblesse »,
« injustices » / « sages décrets », « si
belle entreprise »
« le bon mot du législateur des noces L’ironie de cette formule – qui fait référence à un épisode biblique – cible le caractère
de Cana ? » fondateur de la réplique qui place les femmes à un rang inférieur (→ remarque méprisante de
Jésus à sa mère).
« morale longtemps accrochée aux Dénonce la persistance de cette « morale » pénalisante pour les femmes.
branches de la politique, mais qui Annonce …
n’est plus de saison »

« Tout, auriez-vous à répondre. »

Bilan du deuxième mouvement : Par un dialogue fictif, Gouges tente de détruire progressivement et systématiquement les réticences des femmes à regarder
leur sort en face ainsi que les usurpations dont elles ont toujours été les victimes.

Troisième mouvement : ……………………………………………………………………………………………………………………………………….


……………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………………

« S’ils s’obstinaient…principes » OG prévoit les obstacles que les hommes pourraient élever contre la revendication des femmes,
afin de renforcer leur détermination.
« Quelles que…oppose »
« opposez / réunissez-vous / Incitation qui semble mimer l’amplification du mouvement des femmes pour réclamer leurs
déployez » droits.

« faiblesse », « inconséquence »,
« vaines prétentions de supériorité »,
« orgueilleux », « serviles adorateurs » /
« courageusement », « force »,
« étendard », « énergie »

« vous verrez bientôt ces orgueilleux, Hypotypose


serviles adorateurs rampants à vos
pieds »
« principes », « raison »,
« philosophie »

« pouvoir » / « vouloir »
« il est en votre pouvoir »
« vous n’avez qu’à »
Bilan du troisième mouvement : Olympe de Gouges s’adresse ici en cheffe de guerre aux femmes qu’elle dépeint en combattantes des Lumières devant lutter
sans peur avec les ressources de leur intelligence. Elle emploie un ton pamphlétaire à l’égard des hommes.

Pistes pour la conclusion :


1) Comment expliquez-vous le passage de « femme » au singulier à « femmes » au pluriel ?
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2) Quelle est la tonalité employée ?


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3) Comment Gouges donne-t-elle un souffle entraînant à cet appel ?


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4) Sur quelle opposition repose le postambule ?


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5) Pour l’ouverture, montrez en quoi ce texte se rapproche de la formule de La Boétie (Discours de la servitude volontaire, 1576) : « Et de tant d’indignités […]
vous pourriez vous délivrer si vous essayiez, même pas de vous délivrer, seulement de la vouloir. Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres. »
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Séance 7: Explication linéaire 6 . La Boétie

Titre du mouvement : La démonstration de l’égalité naturelle entre les hommes.

Mais certes, s’il y a bien quelque chose de clair et d’apparent dans la nature, et où il ne soit pas permis de faire l’aveugle, c’est le fait que la nature,
ministre de Dieu et gouvernante des hommes, nous a tous faits de même forme, et comme il semble, selon un même moule, afin que nous nous reconnaissions
tous comme compagnons ou plutôt comme frères. Et si, partageant les présents qu’elle nous faisait, elle a fait quelque avantage de son bien, soit au corps, soit
en l’esprit, aux uns plus qu’aux autres, cependant elle n’a pas pour autant eu l’intention de nous mettre en ce monde comme en un champ clos], et [n’a pas
envoyé ici-bas les plus forts ni les plus avisés comme des brigands armés dans une forêt pour y brutaliser les plus faibles. Au contraire, il faut plutôt croire que
faisant ainsi des parts aux uns plus grandes, aux autres plus petites, elle voulait faire place à la fraternelle affection afin qu’elle eût où s’employer, les uns ayant
la possibilité de donner de l’aide, les autres ayant besoin d’en recevoir.

1. Dans la première phrase, entourez les termes qui montrent que La Boétie est sûr de ce qu’il écrit.
2. Surlignez le champ lexical de l’égalité dans ce mouvement.
3. Soulignez deux comparaisons dans ce mouvement.
4. Surlignez, d’une autre couleur, le champ lexical de l’inégalité dans ce mouvement.
5. Encadrez deux négations totales dans la seconde phrase de ce mouvement.
6. Quelle est la figure de style soulignée à deux reprises dans la dernière phrase ?
7. Quelle est l’idée directrice de ce mouvement ? Essayez d’expliquer en une ou deux phrases ce que La Boétie démontre ici.
Titre du mouvement : De l’égalité naturelle à la liberté naturelle.
Puisque donc cette bonne mère nous a donné à tous la terre pour demeure, nous a tous logés en quelque façon dans la même maison, nous a tous
façonnés selon le même patron afin que chacun pût se mirer et quasiment se reconnaître en l’autre si elle nous a donné à tous ce grand présent de la voix
et de la parole pour nous rapprocher et fraterniser davantage, et faire par la commune et mutuelle déclaration de nos pensées une communion de nos
volontés, si elle a tâché par tous les moyens de serrer et étreindre si fort le nœud de notre alliance et société, si elle a montré en toutes choses qu’elle ne
voulait pas tant nous faire tous unis que tous uns, il ne faut pas douter que nous ne soyons tous naturellement libres, puisque nous sommes tous
compagnons. Et il ne peut venir à l’esprit de personne que la nature en ait mis certains en servitude, puisqu’elle nous a tous faits membres d’une
compagnie.

8. Dans la première phrase, encadrez séparément chaque proposition subordonnée.


9. Dans la première phrase, soulignez en rouge la proposition principale qui régit les subordonnées.
10. Dans la première phrase, soulignez tous les verbes conjugués au passé composé. Sur quoi insistent-ils ?

11. Quelle est la figure de style mobilisée à deux reprises avec les mots en gras ?
12. Soulignez en bleu un complément circonstanciel de but dans la première phrase.
13. Surlignez le champ lexical de l’égalité dans ce mouvement.
14. Pourquoi peut-on dire que la dernière phrase résume tout le texte ?

15. Préparation de la conclusion


Répondez de façon concise à la question suivante : Comment l’auteur s’attache-t-il à rappeler les droits fondamentaux de l’être humain, l’égalité et la
liberté, dans cet extrait ?
Explication linéaire n°3 : Discours de la servitude volontaire, Etienne de La Boétie, 1576

Introduction
XVIe siècle : deux siècles avant la Révolution, Etienne de La Boétie, qui appartient au mouvement de l’Humanisme, rédige le Discours de la
servitude volontaire alors qu’il n’a que dix-huit ans. Humanisme : courant européen de la Renaissance qui met l’Homme au centre de ses réflexions,
cherche à mieux connaître l’Homme afin de le rendre meilleur et de lui permettre de prétendre au bonheur.
Œuvre : le Discours de la servitude volontaire revient sur les raisons qui conduisent un homme à se soumettre à un autre. Selon La Boétie, la
servitude n’est pas uniquement forcée, elle est aussi la conséquence d’une forme de passivité, ce qu’il appelle, justement, la
« servitude volontaire ».
Extrait étudié : L’auteur montre que la liberté de chacun procède d’une même
appartenance au genre humain créant une unité entre les hommes.
Comment l’auteur s’attache-t-il à rappeler les droits fondamentaux de l’être humain, l’égalité et la liberté, dans cet extrait ?
Mouvements :
I. Paragraphe 1, l. : La démonstration de l’égalité naturelle entre les hommes.
II. Paragraphe 2, l. : De l’égalité naturelle à la liberté naturelle.

I. L. 1-12 : La Boétie démontre qu’il existe une égalité naturelle entre les Hommes.
Discours marqué par des modalisateurs exprimant d’emblée la certitude : « certes »,
« bien », « de clair et d’apparent » : ce qu’avance La Boétie ne fait pour lui aucun doute ce que renforce la négation totale : « il ne soit pas permis de
faire l’aveugle » (l. ) : idée que la nature nous a tous faits égaux développée avec champ lexical de l’égalité totale : « de même forme » (l. ), « un
même moule » (l. ), « compagnons » (l ), « frères » (l. )
Idée d’une égalité volontaire, souhaitée et organisée par une nature puissante, donc indiscutable : puissance de la nature soulignée par la périphrase
: « ministre de Dieu et gouvernante des hommes » (l. ).
Insistance sur l’égalité totale entre les êtres avec la répétition du pronom indéfini à valeur de totalité « tous » (l. ) + comparaisons introduites
par « comme » : « comme compagnons », « comme frères » (l. ) : concerne l’ensemble des hommes et égalité qui conduit naturellement aux idées
de solidarité et de fraternité. Renforcé par rythme binaire :
« de même forme » / « un même moule » (l. ), « comme compagnons » / « comme frères » (l. ) : symétrie qui rappelle l’égalité naturelle, harmonie
entre hommes et harmonie dans le texte de La Boétie.
Pourtant des différences existent entre les hommes : La Boétie va les expliquer dans la phrase suivante avec l’utilisation du système concessif : « Et si
[…] cependant […]. » (l. ) : admission d’apparents déséquilibres mais réfute l’idée qu’il s’agisse d’une réelle injustice ou inégalité. Evocation de ces
différences avec la métaphore des « présents » offerts par la nature et idée qu’elle pourrait en avantager certains : « soit au corps, soit en l’esprit » (l.
) : admission d’inégalités intellectuelles ou physiques entre les hommes mais qui est suivie de deux négations totales : « elle n’a pas pour autant », «
et n’a pas envoyé » (l. ) : si ces différences existent ce n’est pas pour créer des affrontements, représentés par l’image du « champ clos » rappelant
le lieu des duels, ou de la violence exprimée par la comparaison
« comme des brigands armés dans une forêt » (l ) Négation ici de l’idée que la société puisse être comparée à un champ de bataille où les plus « forts
» (physiquement ou intellectuellement) s’en prennent aux plus « faibles ».
« Au contraire » : connecteur marquant l’opposition, renforce la négation de la phrase précédente : va venir préciser la démarche de la nature.
Parallélismes de construction : « aux plus grandes, aux autres plus petites » (l. ), « les uns ayant la possibilité de donner de l’aide, les autres ayant
besoin d’en recevoir » (l. ) : rythme binaire : déséquilibre apparent entre les êtres est en fait source d’harmonie, de complémentarité et de réciprocité.
Antithèses « grandes »/ « petites », « donner de l’aide »/ « en recevoir » mais qui sont réunies ici par les parallélismes : différences qui créent un
équilibre. Idée renforcée par le lexique de la fraternité : « fraternelle affection » (l. ), « donner de l’aide ».
➢ Dans ce premier mouvement, La Boétie revient sur l’un des principaux droits naturels des hommes : l’égalité. Il démontre ici que la Nature n’a
pas voulu l’inégalité entre les hommes mais la solidarité et la fraternité : les différences ne sont qu’une façon de créer davantage de
communion et de favoriser l’égalité.

II. L. 13-22 : La Boétie déduit de cette égalité naturelle la liberté naturelle du genre humain.
Le second mouvement débute par une succession de propositions subordonnées lignes 13 à 19 : l’accumulation de subordonnées circonstancielles de
cause permet de créer une démonstration rigoureuse, semblant indiscutable, qui se termine par la proposition principale : « il ne faut pas douter que
nous ne soyons tous naturellement libres » (l. 19-20) suivie d’une dernière circonstancielle de cause : « puisque nous sommes tous compagnons » (l.
20-21). La principale = la conclusion qui découle de sa démonstration logique : si nous sommes tous égaux nous sommes donc tous libres.
Dans la démonstration l. 13-19 : périphrase « cette bonne mère » (l. 13) désignant la Nature suivie d’une succession de bienfaits offerts par celle-ci
énumérés au passé composé : « donné à tous la terre pour demeure, nous a tous logés en quelque façon dans la même maison, nous a tous façonnés
selon le même patron » (l. 13-14) avec pronom complément d’objet « nous » réunissant les hommes + champ lexical du même, de l’égalité : « tous » (l.
13, l. 14), « même » (l. 14), « même patron » (l. 14) : insistance sur le fait que tous les hommes sont semblables + métaphores de la maison et du
vêtement = tous appartenant à la même espèce et à la même planète = insiste à nouveau sur l’égalité naturelle.
Les propositions circonstancielles en « si » (l. 15-19) insistent sur la volonté de la Nature de créer communion entre hommes avec le complément
circonstanciel de but « pour nous rapprocher et fraterniser davantage » (l. 16) associé au don de la parole. Renforcé par les hyperboles : « par tous
les moyens » (l. 18), « en toutes choses » (l. 19) soulignant caractère volontaire de cette union que vient confirmer l’image du « nœud de notre alliance
et société » (l. 18) qu’elle aurait voulu « serrer et étreindre si fort » (l. 18). Proposition conjonctive : « qu’elle ne voulait pas tant nous faire tous unis
que tous uns » (l. 19) : réaffirme que le but poursuivi par la nature n’est pas seulement l’union (« tous unis ») mais bien la similitude et l’égalité entre
les êtres (« tous uns ») : insistance sur ce qu’il démontre tout au long des propositions subordonnées : idée que l’égalité entre les hommes est naturelle.
Conclusion de cette démonstration est exprimée par la principale sous la forme d’une négation totale : « il ne faut pas douter que nous ne soyons
tous naturellement libres » (l. 19-20) : aucun homme ou peuple ne peut légitimement en asservir un autre puisque de l’égalité entre les hommes il
découle que la liberté est un droit naturel, fondamental et inaliénable.
Dernière phrase de l’extrait reprend cette idée : formulation avec une négation provocatrice impliquant un aveuglement de ceux qui voudraient en
réduire d’autres en servitude, un déni des lois de la Nature : « il ne peut venir à l’esprit de personne que la nature en ait mis certains en servitude » (l.
21) suivie d’une subordonnée circonstancielle de cause : « puisqu’elle nous a tous faits membres d’une compagnie. » : dernière phrase qui reprend
toute l’argumentation de l’extrait en la condensant : puisque la Nature a fait les hommes égaux elle les a donc faits libres : l’égalité et la liberté sont des
droits naturels.
➢ Mouvement dans lequel La Boétie reprend sa première démonstration afin d’en tirer sa conclusion : la servitude est un fait culturel, la liberté
est naturelle puisque l’égalité est naturelle.

Conclusion
Extrait dans lequel La Boétie démontre que la nature n’a pas voulu l’inégalité entre hommes mais la solidarité : de ce fait, toute servitude est
illégitime au sein des sociétés humaines que celle-ci soit produite par la contrainte ou acceptée passivement. Idée qui ouvrela voie aux idées des Lumières
et aux idées d’Olympe de Gouges qui mobilisera aussi l’idée du droit naturel dans le préambule de la DDFC et défendra l’idée que cette égalité doit
s’appliquer à tous les êtres humains, hommes comme femmes.
ESSAI Entraînement sur deux sujets n°2
Sujet : D’après l’écrivain Edouard Louis, certains livres « semblent avoir une capacité à rallonger la vie ». Partagez-vous ce point de vue ?
Vous répondrez à cette question en vous appuyant sur le texte à contracter, votre étude de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne
et les textes lus durant l’année.

Etape 1 : Analyser le sujet.


a. Surlignez les mots-clés.
b. Reformulez le sujet :

Etape 2 : Rechercher des idées.


a. Complétez le tableau ci-dessous d’arguments et d’exemples qui illustrent une réponse affirmative au sujet.

Argument Exemple
La reconnaissance d’expériences
d’inégalités qu’on a vécues permet de prendre conscience de leur
caractère injuste et systémique.

Dans son livre Les Damnés de la Terre, Franz Fanon décrit la division de l’espace
colonial et la violence qu’elle exerce sur les peuples colonisés.
L’anecdote finale de la Déclaration permet à Gouges de mettre en lumière un
aspect du
dysfonctionnement de la justice.

Certains livres ont la faculté de pousser à


l’action.
b. Complétez le tableau ci-dessous d’arguments et d’exemples qui permettent de nuancer la réponse affirmative au sujet.
Argument Exemple
La plupart des livres sont faits pour
divertir : de nombreux lecteurs lisent plutôt pour se
changer les idées.

Le documentaire 13th d’ Ava DuVernay permet, grâce aux images d’archives et aux témoignages,
de faire voir au spectateur le racisme qui gangrène la société américaine.

Nombre de gens préfèrent utiliser les médias pour


mieux comprendre le monde.
Etape 3 : Elaborer un plan
Parties Sous-parties
I. La portée des livres est à nuancer 1. Les lecteurs cherchent à se divertir
2. L’on utilise d’autres moyens pour s’informer et prendre conscience des choses

II. Mais certains livres ont la capacité de nous faire 1. Les livres peuvent nous faire comprendre que nous subissons une injustice
ouvrir les yeux sur notre condition et notre vie 2. L’analyse des mécanismes de l’injustice permise par les livres peut nous pousser à l’action

Etape 4 : Rédiger
Analysez les étapes de cette conclusion rédigée.

Même si la portée et l’influence des livres ne sont pas systématiques et universels, certains d’entre eux ont, en effet, la capacité de rallonger
la vie, de la densifier et de lui donner de l’épaisseur au point de bouleverser le regard, voire la vie des lecteurs et des lectrices. La littérature et la
presse regorgent d’exemples de lecteurs qu’une lecture a bouleversés et dont la vie a pris ensuite un autre cours à l’image d’Edouard Louis dont la vie
entière à été transfigurée par la lecture de Didier Eribon.

Sujet 2 : Comment les livres qui « peuvent changer le regard » des gens participent-ils au combat pour l’égalité selon vous ?
Vous répondrez à cette question en vous appuyant sur le texte à contracter, votre étude de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne
et les textes lus durant l’année.

Etape 1 : Analyser le sujet.


a. Surlignez les mots-clés et expliquez-les.
b. Reformulez le sujet :
Etape 2 : Rechercher des idées.
a. Complétez ce tableau.
b. Regroupez les arguments et exemples en deux parties.

Argument Exemple(s) Partie


Gouges liste les bienfaits de son contrat social.
Condorcet montre l’importance de l’éducation des femmes, à égalité
avec celle des hommes, pour le bonheur des familles et l’éducation des
enfants.

Dénoncer les injustices pour favoriser la prise de conscience.

Gouges secoue les femmes, blâme leur inertie et rend l’égalité


concevable à la fois par la transformation des articles et par son
préambule.
Souligner la valeur des personnes, la légitimité et la nécessité du
combat.

Etape 3 : Elaborer un plan


Partie 1 :
Sous- partie 1 :
Sous-partie 2 :
Partie 2 ;
Sous-partie 1 :
Sous-partie 2 :

Etape 4 : Rédiger
Analysez les étapes de cette introduction.

La vision du monde qui habite chacun et chacune d’entre nous conditionne notre manière d’être au monde. Pour changer la vie des gens et
mener un combat pour l’égalité, les livres disposent d’un levier d’action puissant : combattre pour l’égalité suppose d’avoir conscience des inégalités
et d’envisager la possibilité et les modalités du combat et c’est à ce niveau, dans l’esprit et le regard des gens, que les livres ont un rôle à jouer. De quels
moyens la littérature dispose-t-elle pour agir sur les lecteurs et s’inscrire dans la lutte pour l’égalité ? Nous verrons tout d’abord que les livres peuvent
favoriser une prise de conscience puis qu’ils doivent aussi guider dans le combat.

Analysez les étapes de cette sous-partie rédigée.

La littérature peut se révéler une arme au service de l’égalité car elle permet de provoquer une prise de conscience chez le lecteur et elle peut,
par conséquent, encourager à agir pour l’égalité en dénonçant les injustices et en soulignant la légitimité de certains combats. Le livre permet en effet
de raconter les expériences vécues pour que le lecteur s’y identifie tout en y réfléchissant. Ici, l’écriture est une arme particulière car elle permet à la
fois de raconter l’événement vécu et d’en faire l’analyse simultanément afin de guider le lecteur – ce que ne permettent pas forcément les autres
formes artistiques. Comme l’écrit Edouard Louis dans sa préface du livre Retour à Reims de Didier Eribon, c’est à partir du moment où l’on saisit que
ce que l’on a vécu n’est pas qu’une expérience individuelle mais fait partie d’une histoire collective de l’injustice et de la discrimination que l’on peut
commencer à lutter pour l’égalité. C’est par exemple ce que fait Ta-Nehisi Coates en écrivant Une Colère Noire : il dénonce les injustices du système
envers les afro-américains en racontant ces expériences, le racisme qu’il a vécu et celui qu’il a vu ses proches vivre, afin que chacun prenne conscience
de la violence quotidienne de cette discrimination et il analyse chacun de ces événements. Ainsi, il utilise des éléments qui pourraient paraître
anecdotiques comme lorsque son fils est poussé dans le dos par une femme blanche en sortant du métro et il permet au lecteur de prendre conscience
que ce qui pourrait être vu comme une méchanceté individuelle ou même un geste maladroit est en réalité empreint de racisme. Pour que nous
puissions lutter pour l’égalité il faut tout d’abord que nous prenions conscience des inégalités et c’est une des choses que les livres nous permettent
: ils nous décrivent le monde et nous permettent d’en saisir des éléments que nous n’avions peut-être pas vus ou auxquels nous n’avions pas réfléchi.
Mais les livres permettent également de développer notre empathie et de nous sensibiliser à des combats en faveur de l’égalité qui peuvent nous
paraître lointains.

Activité notée, par deux: rédiger le II, chacun sa sous-partie.

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