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Logique et Philosophie

http://epi.univ-paris1.fr/logiquephilo

17 septembre 2013

On ne pose pas des questions, on s’attarde sur des problèmes qu’on n’a pas tout le temps les
moyens de résoudre.

Q : La logique énonce-t-elle les lois de la pensée ?

Qu’est-ce qu’une erreur de logique ? Ne pas confondre avec d’autres types d’erreur
desquels on a tendance à les rapprocher, tels que les erreurs d’appréciation : une mauvaise
estimation du nombre de personnes dans un amphi, par exemple. Un mauvais lien de
conséquence, un mauvais lien de causalité…
Loi de non-contradiction : se contredire (il pleut, 5 sec après il ne pleut pas) fait partie des
erreurs logiques.

Kant -> deux usages de l’entendement : sens de l’usage général et sens de l’usage particulier
- usage général : règles élémentaires et nécessaires de la pensée, indispensables de manière
universelle. -> renvoie en quelques sorte à Wittgenstein : on ne peut pas penser si on pense
illogiquement. En effet, si on ne respecte pas ces règles d’usage général, on ne peut pas
penser
- usage particulier : concerne un domaine/des objets donné(s), telle ou telle science. Les
règles d’usage général s’appliquent évidemment aussi à ces objets, car elles sont
universelles, mais les règles d’usage particulier sont spécifiques à ces objets.

Usage général Usage particulier


Logique appliquée Logique pure
Faire abstraction des Canon de
sens, des conditions l’entendement ;
empiriques qui s’occupe des
peuvent nous principes à priori,
tromper ; quel que soit le
contenu empirique
24 septembre 2013

Notion de loi :
Descriptive : décrivent l’état des choses, le monde est tel que… aucun objet ne peut
dépasser la vitesse de la lumière, par ex. On ne peut pas physiquement enfreindre ces
lois.
Normative : sens juridique du terme -> norme que l’on pose. C’est interdit de faire telle
ou telle chose mais je peux quand même physique le faire.
 Selon le raisonnement kantien, les lois de la pensée se rapprocheraient de lois
descriptives (logique générale et logique appliquée). Il en est de même pour la vision de
Wittgenstein. Les lois de la pensée, on ne peut pas ne pas les respecter en tant que l’on
pense. Si on ne les respecte pas, alors on ne pense pas [au sens fort du mot]

Exemples de lois :
Non-contradiction selon Aristote :
« il est impossible qu’un attribut appartienne et n’appartienne pas en même temps sous
le même rapport »
principe du tiers exclu (tertium non datur) selon Aristote : « il n’est pas possible qu’il y
ait aucun intermédiaire entre des énoncés contradictoires. Il faut nécessairement ou
affirmer ou nier un prédicat, quel qu’il soit, d’un même sujet. »
-> pas de troisième possibilité.
Loi de la bivalence : tout énoncé est soit vrai, soit faux.

Un raisonnement est logiquement correct s’il procède selon des règles logiques
(=logiquement correctes)

Exemples de règles :
Modus ponens : p -> q, si p alors q
Modus ponens : p -> q, si p alors q
Syllogisme disjonctif : p ou q, non p -> q
Elimination de la conjonction : si p et q, alors p
ou si p et q, alors q
-> on écarte l’un, mais l’autre reste vrai
conclusion certaine
Introduction de « ou » : si p, alors p ou p et q
si q, alors p ou q et p
conclusion plus « faible »
Ex falso (contradictione) [sequitur] quodlibet : A partir d’une
contradiction, il suit n’importe quoi. –> dès l’énoncé, attention à ne pas se
contredire.

8 octobre 2013

LA VERITE.

Le contradictoire et le paradoxal

La contradiction : c’est la conjonction d’un énoncé et de sa négation, ce n’est pas


quelque chose de faux. Mais elle n’est pas forcément apparente, dans le cas d’un énoncé
contradictoire complexe et indirect. On dérive une contradiction d’un tel énoncé, mais ça
peut prendre 10 ans avant qu’on s’en rende compte -> paradoxe ?
Il y a la contradiction simple p et non p, mais on peut aussi dire : Tous les hommes sont
mortels, Socrate est un homme mais il n’est pas mortel. C’est un énoncé contradictoire,
mais indirect, il faut revoir le tout étape par étape pour en déduire une contradiction.
Le paradoxe est plus subtil et moins mathématique que les énoncés contradictoires
simples comme exemple ci-dessus.

Le paradoxe : un énoncé qui apparemment est tout à fait acceptable et qui cependant
conduit à une contradiction, si on applique des règles de logique.

Paradoxes de la vérité  :
Il y a le paradoxe du menteur, qui nous fait tourner en rond.
Exemple de la feuille (recto/verso) :

La phrase de l’autre La phrase de l’autre


cô té de la feuille est cô té de la feuille est
vraie fausse

Diogène a dit que le premier à avoir énoncé, présenté le paradoxe du menteur était
Eubulide de Milet (4e siècle av. JC).

Autres exemples :
a/ l’énoncé a n’est pas vrai
-> autoréférence, l’énoncé se réfère à lui-même. (ce qui n’est pas problématique).

Toujours poser les deux hypothèses: cette phrase est-elle vrai, cette phrase est-elle
fausse. Parfois, on n’aboutit pas tout à fait à une contradiction.
Dans l’exemple de l’énoncé a, avec les deux hypothèses on a une contradiction. Donc cet
énoncé pose une contradiction. Ne pas regardé l’énoncé isolé, en lui-même.
Epitre à Tite : « les crétois mentent toujours » (dit par un crétois), n’est pas
contradictoire car il ne l’est pas dans une des hypothèses.

Exemple de méthode avec énoncé a


a/ l’énoncé a n’est pas vrai.

Hyp. 1 : L’énoncé est vrai -> alors il est faux = paradoxe

Hyp. 2 : L’énoncé est faux -> alors il est vrai = paradoxe

Donc c’est un paradoxe.

Des p’tits malins ont essayé d’apporter une troisième hypothèse pour sortir du
paradoxe : Hyp. 3 : l’hypothèse qu’il soit ni vrai ni faux.
MAIS si il est ni vrai ni faux, ça veut dire qu’il est [notamment] pas vrai. Or c’est pas vrai
qu’il est pas vrai, c’est qu’il vrai. Donc ça ne marche pas, à nouveau paradoxe.

Exemple de paradoxe à plusieurs énoncés mais pas circulaire (pas comme avec la
feuille). (Paradoxe de Yablo) :

S1 : pour tout k >1, Sk est faux


S2 : pour tout k >2, Sk est faux
S3 : pour tout k >3, Sk est faux
S4 : pour tout k >4, Sk est faux

L’un des Sk est-il vrai ?

Hyp 1 : l’un des Sk est vrai


Hyp 2 : tous les Sk sont faux

15 octobre 2013

Si tous les Sk sont faux, alors S1 est faux, donc un des suivants au moins est vrai, ce qui
contredit que tous sont faux -> contradiction.

Au moins un des Sk est vrai : si S2 est vrai, alors les S3 est faux, ce qui veut dire que S4 est
vrai. Hors si S4 est vrai, alors S2 est faux -> contradiction.

Comment trouver une solution au paradoxe ? Beaucoup de logiciens travaillent encore


là -dessus, il y a eu plusieurs idées, qui ont circulé à travers le temps et l’espace, mais on
cherche toujours.
La vérité est-elle si importante que ça ?
Les déflationniste répondent que non : ce sont ceux qui rabaissent l’importance que l’on
donne traditionnellement à la vérité, à sa recherche.

On reprend le barbier : dans un village, il y a barbier qui rase tous les hommes qui ne se
rasent pas eux-mêmes.
-> se rase-t-il lui-même ? Paradoxe

Comment trouver une solution ?

Une possibilité : considérer que l’énoncé est faux


Tous ce qu’on peut faire c’est dire qu’un tel village n’existe pas. En postulant que
puisque j’aboutis à une contradiction, mon énoncé est faux. Il a la forme d’un petit récit
ordinaire, mais on se trouve devant un paradoxe. On peut donc supposer que ce
récit/énoncé est faux : il n’y a pas de tel village.

Mais ici on peut supposer que le village existe pas, dans l’histoire des anniversaires de
Frédéric (qui a 21 ans, a fêté 5 anniversaire. On peut supprimer l’idée d’anniversaire
tous les ans, puisqu’il peut être né un 29 février).
Mais dans l’énoncé a/ l’énoncé a est faux, on peut rien supprimer, ya rien à réfuter !
C’est terrible.

Nouvelle question, celle du rapport entre le langage et le monde (les choses)

Le nom « Aristote » a-t-il un sens ?

On parle d’Aristote, de Platon … On en parle beaucoup, mais on ne les a jamais vus, on ne


les verra jamais, et on peut dire pleins de choses à leur sujet en se comprenant.
Comment peut-on se comprendre et dire toutes ces choses sur des individus, des objets,
des lieus qu’on n’a jamais vus. Comment est-ce possible ?

Déjà ne pas confondre Aristote et « Aristote » : ne pas confondre l’homme et son nom :
Aristote est un philosophe, « Aristote » ne l’est pas.
« Aristote » a huit lettres. Aristote non.
-> Ne pas confondre un nom propre et ce à quoi il fait référence.

Est-ce qu’un nom propre a un sens ?

Deux grandes familles de théorie des noms propres :


1. Le nom propre est directement lié à ce qu’il désigne : il n’a pas d’autre de sens que ce
qu’il désigne, ne porte pas de signification.
John Stuart Mill a beaucoup réfléchi sur les noms propres : il prend l’exemple de la ville
de Dartmouth. Il explique que c’est pas parce qu’elle est à l’embouchure de la Dart qu’on
l’appelle Dartmouth. Si après tremblement de terre cataclysmique la ville se trouve à
80km de la mer, on l’appellera toujours Dartmouth. Donc ici le nom propre a bien pour
unique sens ce qu’il désigne.
Arbre :
- dénotation = les arbres, ça désigne les arbres. Attention ! dénotation ≠
désignation. Désignation s’applique à une chose en particulier, singulière. Alors
qu’on parle de dénotation quand on parles de tous les arbres, le mot pont dénote
le pont des Arts, le pont Vieux, le pont de l’Alma, le pont Alexandre III etc.
-Connotation = tous ce qui tourne autour des arbres, ce à quoi ça fait penser, à
quoi ça renvoie dans un sens : la forêt, les feuilles etc.
Mill souligne que les noms propres n’ont pas de connotations.
Pour cela, bien faire la différence entre les connotations innées du nom lui-même et les
savoirs que l’on peut être amenés à acquérir à propos de tel ou tel nom : Le fait
qu’Aristote est le précepteur d’Alexandre n’est pas une connotations, mais une
connaissance qu’on est éventuellement amené à savoir à propos d’Aristote.

2. Selon Frege, un nom propre est l’expression d’une signification qui nous donne accès à
la chose désignée. Un nom propre a un sens1 et une référence.

Ces familles de théories posent toutes deux des problèmes, nous confrontent à des
difficultés.

Comment l’association peut se faire entre le nom et la chose désignée ?

22 octobre 2013

Problème de la référence : rapport entre un nom propre et ce qu’il désigne.


Il est difficile de dire ce qu’est un nom propre de manière syntaxique (c’est à dire en
dehors de ce qu’il désigne).
On s’intéressera à la sémantique des noms propres.

 Quel rapport a un nom propre par rapport à ce à quoi il se rapporte ?

Deux grands mouvements :


- 1/ ceux qui voit un rapport direct : le nom propre et sa référence, sans
signification/sens particulier. -> Ces philosophes répondent non à la question « le
mot Aristote a-t-il un sens ». Les noms communs ont une signification, mais pas
les noms propres.
- 2/ d’autres, première conception trop problématique : il faut admettre que,
même pour les noms propres, il y a une signification. Mais aussi une référence Il
ya les deux.

John Stuart Mill (pensée référence sur le sujet) : les noms propres sont purement
dénotatif, n’ont pas de connotation. Un énoncé a la forme d’un rapport entre un sujet et
un attribut.
Il distingue termes connotatifs et non/connotatifs (ne font que dénoter)
Non/connotatif : soit un sujet seulement, soit un attribut seulement.
Exemples de sujets : Jean, Londres, Angleterre.
d’attributs : blancheur, longueur, vertu.
Connotatifs :
Exemples : blanc, long, vertueux.
Blanc : dénote le papier, la neige…
connote la blancheur
1
Allemand : sinn
Homme : dénote Jean, Arthur…
connote la corporalité, la rationalité…

En plus de la dénotation de telle ou telle chose ou individu, un terme implique et donc


connote certains attributs.
Le nom propre, lui, n’est pas connotatif, n’implique pas d’attributs.
Quand on parle de Dartmouth (littéralement embouchure de la Dart), on ne pense pas à
cette connotation d’embouchure, elle n’est pas contenue dans le nom. On peut même
passer pas mal de temps à se rendre compte que le nom vient du fait que la ville est sur
l’estuaire de la Dart. Donc un nom propre a une dénotation mais pas de connotation.

1ère objection à ça : Comment le nom est-il rattaché à l’objet ?


Mill dit c’est comme une marque. Mais d’où vient-elle, d’où vient le nom Aristote,
comment et par quoi a-t-il été rattaché à l’individu ? Comment se fait le lien entre le nom
et l’objet ? Quel est-il ?

2e : principe : Principe d’indiscernabilité des identiques :


a =b
-> Si a possède p, alors b possède p.
à ne pas confondre avec le principe d’identité des indiscernables : si deux objets ont les
mêmes propriétés, alors ce sont les mêmes.
Exemple :
Stendhal a voyagé en Italie. Stendhal est Henri Beyle. Donc Henri Beyle a voyagé en Italie

Edgar sait que Stendhal a voyagé en Italie. Stendhal est Henri Beyle. Mais Edgar ne sait
pas forcément que Stendhal est Henri Beyle, donc ne sait pas forcément qu’Henri Beyle a
voyagé en Italie.
Il y a donc une signification que Edgar donne à Stendhal, mais qu’il ne donne pas
nécessairement à Henri Beyle.

Frege :
Etoile du matin = Phosphorus
Etoile du soir = Hesperus
On s’est rendu compte au bout d’un moment que ces corps célestes étaient le même. (Et
sont en réalité Venus).
 Hesperus = Phosphorus.
On ne veut pas dire par là que c’est le même nom (ça se voit), mais que c’est la même
chose.
Pour Frege, il faut distinguer trois choses : les noms, les choses et la signification (étoile
du matin/du soir). Pour Frege, la signification d’un nom propre est notre mode d’accès à
l’objet. -> Bien que les significations soient différentes, on a le même objet. Il faut donc
rajouter entre le nom et l’objet désigné la signification. Quand on dit Hesperus =
Phosporus, on ne parle pas des noms, mais de l’objet. -> Pour clarifier ça il faut passer
par une signification : la planète Venus observée le matin ou le soir.
 Théorie contre celle de Mill.

Kripke :
Son objection est qu’un nom (ici Aristote) peut avoir plusieurs contenus d’attributs
selon les individus : Arthur dira le disciple de Platon, Amélie le précepteur d’Alexandre
le Grand, un troisième qu’il est né à Stagire, un quatrième qu’il a écrit l’Ethique à
Nicomaque, mais chacun ne connaîtra pas forcément les attributs connus par les autres.
--> Les significations varient, fluctuent. Il faudrait donc pour certaines sciences établir
une signification universelle, consensuelle.
 critique de Frege.

5 novembre 2013

Rappels :

Mill : les noms propres sont dénotatifs mais pas connotatifs. Les noms communs
dénotent mais ont aussi nombre de connotations, alors qu’un nom propre n’en a pas.
Dartmouth est un nom qui a une référence, mais qui n’a pas de sens.
Frege : un nom propre a non-seulement une référence (Bedeutung) mais aussi un sens
(Sinn). Hesperus signifie étoile du matin, Phosphorus étoile du soir. C’est ce sens qui
nous permet de savoir ce à quoi on fait référence, c’est le mode d’accès à la référence.
Kripke : Quel est le sens du nom ? nous n’arriverons pas à nous accorder sur la question.
Il y a plusieurs sens. « Le précepteur d’Alexandre » ne peut être le seul sens lié à Aristote.
Ca dépend du sens qu’on décide de lui donner. Un autre l’appellera le philosophe de
Stagire, par ex. Et puis c’est deux situations contingentes : Aristote aurait pu ne pas être
ce précepteur, il aurait pu ne pas écrire l’Ethique à Nicomaque, il aurait pu avoir une
toute autre vocation.

Autre objection de Kripke à Frege : si véritablement « l’auteur de l’Ethique à


Nicomaque » doit avoir le même sens qu’ « Aristote » (en tant que sens qui nous permet
de savoir à qui on fait référence), alors on a affaire à une tautologie. C’est comme dire
« l’auteur de l’Ethique à Nicomaque est l’auteur de l’Ethique à Nicomaque ».2

Chacune de ces théories critique la précédente.

Toutes ces solutions sont en quelque sorte problématiques, nous mènent à une aporie.

_________________________________

De quoi parle-t-on lorsqu’on affirme que Pégase n’existe pas ?

On est d’accord sur le fait que Pégase est une créature légendaire, mythologique.
Seulement quand on en parle, on fait bien référence à quelque chose, on sait que c’est un
cheval ailé.
D’accord qu’il n’existe pas, mais pourtant on en parle. C’est un nom propre qui n’a pas de
référence, une référence « vide ». Quand on parle de Pégase, on fait un discours sans
objet.

2
paragraphe écrit le 19/11
Quand je dis « Pégase n’existe pas », je dis quelque chose de Pégase, ce qui suppose qu’il
est. Mais d’un autre cô té, j’affirme qu’il n’est pas.  problématique.

Fausse solution :
On peut dire que Pégase n’est pas une chose, mais une idée, une représentation. Car
quand je dis que Pégase a des ailes, je ne dis pas que cette idée, cette représentation a
des ailes, je parle de Pégase. On sort donc du cadre de la représentation.

Russell a proposé plusieurs solutions à cette difficulté. D’abord il veut bien distinguer
être et existence.
- « L’être est ce qui appartient à tout terme concevable, à tout objet possible de la
pensée. » Donc « Pégase n’est pas » est faux. Mentionner quoi que ce soit, c’est
montrer que cela est.
- Exister, c’est avoir une relation spécifique à l’existence (que cette dernière elle-
même n’a pas, d’ailleurs).

Parenthèse : lorsque je dis que « Pégase » n’existe pas, je fais référence à un concept (le
cheval ailé né de Méduse…) sous lequel ne tombe aucun objet existant ou ayant existé.
Attention : faire la part des choses entre le concept et la représentation.

On a besoin du concept d’être comme ce qui appartient même au non-existant.

Critique :
 Cette solution est peu convaincante justement par rapport à la force de ce
concept « être ». Ca n’a pas beaucoup de sens. Tout peut être ! dès que l’on parle
de quelque chose, alors il est ? Dans ce cas le cercle carré est, tout et n’importe
quoi est.
 « Le philosophe Aristote est né à Stagire », donc il existe un philosophe qui est né
à Stagire. Mais il faudrait ajouter qu’Aristote existe, sinon ça ne marcherait pas.

Le problème de la référence vide ne concerne pas uniquement les noms propres. Il


concerne aussi les descriptions définies. Exemple : la montagne d’or.
Le concept a un sens. Une montagne en or, où un amas d’or.
On parle de satellite naturel d’une planète, ce qui est tout à fait correct. Mais pour Vénus
par exemple ça ne désigne rien, puisqu’elle n’a pas satellite naturel.

12 novembre 2013

La seconde idée de Russell est que la grammaire est en quelque sorte trompeuse. L’idée
est que quand on prend Pégase pour un nom propre, c’est problématique. Il faut prendre
Pégase comme un concept, qui n’est pas instensié : il ne correspond à aucun objet (aucun
objet ne tombe sous ce concept). Le concept reste respectable. Il n’y a rien de tel qu’une
chose qui correspondrait à ce concept -> on se débarrasse de cette difficulté qui consiste
de dire qu’une chose est, mais n’existe pas.

La deuxième difficulté réside dans l’attribution de l’existence : qu’est-ce que je fais


quand je dis que telle chose existe ?
Si je dis que la pyramide de Gizeh existe, est-ce que j’affirme quelque chose sur la
pyramide ? Est-ce qu’en attribuant l’existence j’attribue un concept ?
Quand je dis qu’une rose existe, est-ce que c’est pareil que de dire qu’elle est rouge, que
lui attribuer la couleur rouge ?
Certains philosophes ont contesté cette idée d’attribuer l’existence comme on attribue
un attribut quelconque.

Anselme a été le premier a énoncer une preuve de l’existence de Dieu, la preuve


ontologique (reprise et modifiée par Descartes, Leibniz, Spinoza…) = Dieu est l’être
souverainement parfait, il possède toutes les perfections, donc notamment l’existence. Si
l’existence ne lui appartenait pas, il ne serait pas souverainement parfait.
Kant s’est opposé à cette preuve ontologique (« de l’impossibilité d’une preuve
ontologique de l’existence de Dieu », Critique de la raison pure) : l’existence n’est pas un
prédicat comme les autres. On ne peut pas mettre la qualité d’existence, de justice, de
bonté etc. sur le même plan. On ne peut pas penser l’attribution de l’existence comme
l’attribution des autres prédicats. L’attribut d’existence et l’attribut de blancheur, par
exemple, sont logiquement différents.
 affirmer que Pégase n’existe pas, c’est faire deux erreurs : on ne voit pas Pégase
comme un concept, et de plus on pense l’existence comme un prédicat comme les autres,
comme ceux du concept lui-même : cheval avec des ailes, né du sang de Méduse, etc.

L’existence ne s’attribue pas à un objet, mais à un concept.

Textes d’Anselme, de Descartes et de Kant sur l’existence de Dieu en ligne.

19 novembre 2013

• L’idée d’Anselme est que : quelque chose dont rien de plus grand ne peut être pensé.
L’insensé, donc celui qui ne reconnaît pas l’existence de Dieu, peut former ce concept
dans son intelligence. Il faut faire la différence entre un concept qu’on saisit dans
l’intellectum et ce concept dans la réalité, dans les choses (in re). Quand un peintre a une
image qu’il veut représenter dans son intellect, il l’a bien dans son intelligence avant de
l’avoir peinte. Une fois peinte, elle existe non seulement dans son intellect, mais aussi in
re.
 même l’insensé (insipiens) a ce concept (quelque chose dont rien de plus grand ne peut
être pensé) dans son intelligence. Et cela dont rien de plus ne peut être pensé ne peut pas
être seulement dans l’intelligence, puisqu’on peut penser qu’il soit aussi réel. Mais s’il est
pensé dans la réalité, alors il est plus grand -> quelque chose dont rien de plus grand ne
peut être pensé est forcément aussi dans la réalité. Puisque s’il était seulement dans
l’intelligence, alors sa forme dans la réalité serait plus grande. Or on peut penser cette
forme.  ça serait contradictoire. Donc quelque chose dont rien de plus grand ne peut
être pensé doit aussi exister dans la réalité. Sinon on aurait à faire à une contradiction.
 preuve de l’existence de Dieu.

• Descartes reprend plus ou moins l’argument d’Anselme, mais en citant réellement


Dieu.
Il fait la différence entre essence et existence. Il prend l’exemple du triangle : la somme
des angles est égale à deux angles droit -> ça fait partie de l’essence du triangle.
L’idée est qu’on ne peut pas séparer cette propriété du triangle de l’essence du triangle
même.
Ca fait partie de son essence, donc un triangle a trois angles dont la somme est égale à
celle de deux angles droit sans pour autant devoir exister.
 il en est de même pour Dieu.
Il y a aussi un lien essentiel entre montagne et vallée, et pareillement l’existence est
inséparable de Dieu (l’être souverainement parfait, dont l’existence fait nécessaire partie
de ses perfections).

 Même si l’argumentation est assez différente de celle d’Anselme, les deux ont en
commun qu’en raisonnant sur le concept de Dieu, on en tire l’idée qu’il ne peut pas ne
pas exister

• Pour Kant, dans ces différentes versions de preuves ontologiques, on fait comme si
exister était un prédicat comme les autres. On fait comme si l’existence avait le même
statut d’attribut que la justice, la bonté ou l’omnipotence. On ne peut mettre ces
prédicats sur le même plan.
Il est une erreur logique que de considérer l’existence comme d’autres prédicats.

Il est contradictoire d’imaginer un triangle et de supprimer ses trois angles. Mais il n’est
pas contradictoire de supprimer les deux en même temps.
Si on en fait de même avec l’être nécessaire, qu’on pense Dieu et qu’on en supprime
l’existence, c’est contradictoire, mais pareillement il n’y a pas de contradiction si on
supprime tout. Si on supprime tous les prédicats avec le sujet.

Ê tre n’est pas un prédicat réel, c’est à dire un concept de quelque chose qui puisse
s’ajouter au concept d’une chose. Etre c’est la position de la chose, ce n’est que la copule
du jugement : dans Dieu est tout puissant, « est » n’est pas un prédicat, c’est un lien entre
le sujet et un prédicat. Ce n’est pas un prédicat de plus, c’est seulement ce qui pose le
prédicat en relation avec le sujet -> Quand je dis Dieu est, je n’ajoute rien au sujet, au
concept de Dieu, je pose simplement son existence.
 voilà pourquoi ce n’est pas un prédicat comme les autres.

• Pour Frege, le prédicat d’existence s’implique à un concept, et non pas un objet, c’est
dire qu’il existe que quelque chose tombe sous ce concept. Il ne fait pas partie du
concept d’une chose, c’est quelque chose qui s’attribue au concept.

26 novembre 2013
Il ne s’agit pas de nier l’existence de Dieu, ni d’y croire ou pas. Il s’agit d’argumenter en
faveur ou à l’encontre de telle ou telle preuve. En l’occurrence ce n’est pas que Kant nie
l’existence de Dieu, c’est qu’il fait une critique de la preuve anthologique anselmo-
cartésienne.

La découverte de la preuve d’un théorème mathématique peut se produire dans des


circonstances très inattendues.
La découverte peut être causée par des circonstances inconnues, insaisissables, voire
irrationnelles. Le résultat n’en est pas pour autant étrange ou irrationnel.
• Ensuite, encore faut-il que cette preuve puisse être expliquée, et le théorème justifié.
La découverte peut résulter d’une sorte d’intuition, mais une fois découvert, le contexte
de la découverte ne trouble pas le processus de justification.

Dans le cas de l’art, il n’y a rien à justifier. Une œuvre est créée, et elle est telle qu’elle est,
ya pas besoin d’explications.  Soulève une remarque : faire attention à ne pas
s’enfermer constamment dans les lois et règles de la logique, elle n’est pas forcément
omniprésente. La logique est en un sens une contrainte de la pensée, mais ne doit pas
contraindre notre pouvoir créateur. (petite envolée lyrique du prof).

Un événement peut se produire, ou ne pas se produire -> l’événement est contingent


(peut être ou peut ne pas être).
Exemple d’Aristote : « il y aura demain une bataille navale ».
5 + 7 = 12 est nécessaire. « Il est nécessaire que… » … 5 + 7 = 12. C’est un énoncé
modal.
Il est nécessaire que p =  p
Il est possible que p =  p

Enoncé passé :
Marie-Antoinette a été mariée à 14 ans.  c’est nécessaire parce que c’est fait, alea jacta
est.
Mais ça veut pas dire que c’est pas contingent  elle aurait pu ne pas être mariée à 14
ans. C’est donc un énoncé contingent

Enoncé futur :
il y aura demain une bataille navale. Il peut il y en avoir une, comme il peut ne pas y en
avoir -> c’est clairement contingent.
p = il y aura bataille navale. « p ou non p » est vrai et nécessaire. Il faut forcément qu’il y
ait l’un des deux : C’est un énoncé contingent. L’énoncé réfère au futur, mais il est vrai
dès aujourd’hui.
« p » et  « non p » isolés ne peuvent être nécessaires si « p ou non p » est contingent.
Mais « p ou non p » est nécessaire.

Question philosophique du déterminisme : est-ce que les événements sont déterminés


à se produire ou sont-ils contingents ?
Elle s’est aussi posée dans un contexte théologique : si Dieu est omniscient, il sait si
demain se produira une bataille navale ou pas.
Se pose aussi dans le contexte épistémologique : le déterminisme physique.

Texte d’Aristote : (De l’interprétation, ch. 9)

Les universels pris universellement : « tous les hommes ». (hommes est un universel, il
peut concerner tous les hommes).
« certains hommes » prend des universels mais pas universellement.

Ce qui pose problème, c’est les particuliers futurs.

Si il est vrai qu’une chose est blanche, alors il était vrai dans le passé d’affirmer qu’elle
serait blanche, et en retour il est évident que la chose ne pouvait pas ne pas se produire
s’il était vrai dans le passé qu’elle serait blanche. S’il était vrai dans le passé que la chose
serait blanche, on ne peut pas faire qu’elle ne soit pas blanche.

 tous les événements dont il était vrai dans le passé qu’ils se produiraient se
produisent, et tous les événements futurs dont il est vrai aujourd’hui qu’ils se produiront
se produiront  déterminisme.
Et réciproque : si il est vrai de dire que la chose est blanche, alors la chose et blanche. Et
si il est vrai qu’elle sera blanche demain, alors il faudra qu’elle soit blanche demain.

Le temps, la mesure du temps n’a rien à faire. S’il était vrai de dire hier que telle chose se
produirait aujourd’hui, c’était aussi vrai il y a 10 000 ans. Ca n’importe pas.  renforce
l’idée de déterminisme.

Vocabulaire aristotélicien :
« en puissance » : la graine est en puissance un arbre -> ce que ça peut devenir (ou ne
pas) -> contingence.
« en acte » : l’arbre est en acte une graine.

7 décembre 2013 (rattrapage)

Kant et Frege s’accordent bien sur le fait que l’être n’est pas un prédicat comme un
autre. Pour une fleur, on ne peut pas comparer être odorante et être existante.
Lorsque l’on dit qu’elle est odorante, c’est une propriété de l’objet, qui s’applique à lui.
Mais lorsque l’on parle d’un nombre ou de l’être, on a bien un prédicat mais qui ne
s’applique pas à l’objet mais au concept. On est donc à un niveau au dessus. Il y a une
sorte de hiérarchie des prédicats chez Frege. On repense à Pégase : quand on dit qu’il
n’existe pas, c’est qu’il n’y a aucun objet qui tombe sous le concept -> bien faire la part
des choses.
Or dans la preuve ontologique on attribue l’être comme si on avait affaire à un objet
 d’où l’erreur logique.
Il en est pareil pour le nombre ça ne s’attribue pas à un objet en particulier, c’est un
prédicat qui concerne le concept.
Différentes catégories qu’il ne faut pas confondre.

retour aux définitions (cours pris sur feuille volante) :

Peut-on commettre des fautes logiques lorsque l’on donne une définition ?

Déjà derrière le mot définition se trouvent beaucoup de choses.


Première confusion : celle entre définition de nom et définition de chose.

Dans une définition de nom, on établie un lien entre un son / une suite de lettres et une
signification.
Dans une définition de chose, on considère qu’un mot a un sens. On garde son contenu
ordinaire et on prétend qu’y sont contenues d’autres idées. On saisit le mot avec son
sens usuel.

Autre distinction : définition lexicale et stipulative.

Dans une définition lexicale, on ne donne pas l’essence du mot, mais le sens que les
locuteurs d’une langue lui donne. Sens en usage dans une communauté linguistique.
C’est ce qu’on trouve dans les dictionnaires : les définitions du dictionnaire ne donnent
pas des stipulations mais des sortes d’hypothèses empiriques sur le sens que les gens
donnent aux mots
Dans une définition stipulative, soit on introduit un mot nouveau dans une langue, soit
on retient un des sens d’une définition lexicale. La définition stipulative peut donc aussi
critiquer certains usages d’un mot. Certains mots n’ont pas d’usage très précis, sont très
polyvalents, ont 34 définition. La définition stipulative se veut donc de préciser, de
donner des contours beaucoup plus nets au concept.
C’est la différence entre explanation et explication en anglais. Ca revient un peu au
lexical/stipulatif.

Les philosophes ont dénoncé l’erreur qui consiste à donner une définition stipulative et
de faire comme si c’était une définition de chose : il s’agit bien de saisir le sens précis
d’un mot, d’en souligner une certaine face, d’en éclairer un certain usage, ce n’est pas en
donner l’essence.

A quoi servent les définitions de noms :


- éviter que des discussions portent sur une différence sur l’usage des mots, qu’on
soit en désaccord avant de se rendre compte qu’en fait on ne donne pas le même
sens au mot. Eviter les disputes vaines.
- Une définition de mot sert d’abréviation : au lieu d’avoir à répéter tout le contenu
de signification à chaque fois, on peut abréger. On ne pourrait pas s’entendre si
on n’utilisait pas des mots pour abréger de phénoménaux contenus de
signification.

Erreurs, maladresses :
- définition circulaire : Un oncle est individu du sexe masculin qui a un neveu ou
une nièce. Un neveu est un individu du sexe masculin qui a un oncle ou une tante.
Pascal dit qu’il y a des notions qu’il vaut mieux prendre comme tel et ne pas
chercher à définir, parce qu’en définition tout on finit par tourner en rond.
Utiliser ces mots simples qui n’ont pas besoin d’être définis pour définir ceux qui
sont plus compliqués et qui ont donc besoin d’être définis.

Une première exigence qu’on peut porter sur la définition d’un mot est d’ailleurs
l’éliminabilité : Dominique est l’oncle de Sophie. Et bien on peut éliminer le mot
oncle en utilisant la définition du mot oncle. On doit pouvoir remplacer le mot par
sa définition pour dire la même chose.
Ceci est une exigence logique.

Est-ce qu’on peut demander à ce que cette éliminabilité soit toujours respectée ?
J’introduis un mot sur base de mots déjà définis et connus. Il faut

Un homme est un animal raisonnable. Est-ce que je peux supprimer le mot


homme de toutes les occurrences ? « Arthur est un animal rationnel parce que
c’est un homme » -> « Arthur est un animal rationnel parce que c’est un animal
rationnel ». mmm intéressant. Deuxième cas : « le mot “homme“ a cinq lettres ».
Là le problème dans chaque cas n’a pas la même origine, même toujours est-il
que cette règle d’éliminabilité n’est inconditionnelle.

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