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Illustration Nexus Communication d’après Alphonse MUCHA

Sommaire

ACTES
I - LES ORIGINES D’UNE VILLE 4
II - LE « PAGUS AVINIONENSIS » 6
III - DE TERRIBLES FLÉAUX 8
IV - LES TEMPS FÉODAUX 10
V - LA DYNASTIE DES VILLENEUVE 12
VI - LES DROITS SEIGNEURIAUX 14
VII - LA RENAISSANCE NAPOULOISE 16
VIII - RUINE ET DÉSOLATION 19
IX - LA GENÈSE DU QUARTIER DE CAPITOU 20
X - LA NAPOULE CHANGE DE SEIGNEUR 22
XI - LES PRÉMICES D’UNE RÉVOLUTION 24
XII - LA FIN DES PRIVILÈGES 28
XIII - UNE GOUVERNANCE MOUVEMENTÉE 32
XIV - DE NOUVELLES PRÉOCCUPATIONS 36
Votre hors-série municipal est imprimé sur
APPARAISSENT papier recyclé par un imprimeur Imprim’vert.
XV - UNE BIEN « BELLE ÉPOQUE » 38
Conformément aux engagements écologiques
XVI - UNE « CITÉ D’OR » 42 pris par votre ville, et qui s’inscrivent dans la
démarche « Agenda 21 », toutes les publications
XVII - LA GRANDE GUERRE 46 municipales seront progressivement imprimées
sur papier recyclé.
XVIII - NOS « ANNÉES FOLLES » 48
XIX - LE DEUXIÈME CONFLIT MONDIAL 51
XX - LA PROMESSE D’UN BEL AVENIR 52
XXI - PORTRAITS DE MAIRES 56

CONCLUSION 58

REMERCIEMENTS 59

ÉDITION : Directeur Publication : Mme Claude Caron, Conseillère Municipale subdéléguée à la Communication
Rédaction en chef : Thérèse Sine, Directrice du service Documentation et Archives - Direction de la Communication
Conception et réalisation : Nexus Communication - Crédits photos : DV Sud, OTA -
Imprimeur : Imprimerie Trulli - Vence - Dépôt Légal I.S.S.N. : 1268-4686

-2 Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine


ÉDITO DE M. LE MAIRE

UNE VILLE FIÈRE DE SON PASSÉ


ET TOURNÉE VERS L’AVENIR

E
ntourée par une nature excep- et tournée vers l’avenir ? Aujourd’hui,
tionnelle, marquée par une forte l’ambition de mon équipe municipale
tradition de solidarité et résolu- est d’aller encore plus loin. La Maison
ment tournée vers l’avenir, la ville de des Quartiers, le Centre d’Animations
Mandelieu-La Napoule a toujours su, Eden Parc sont autant de lieux citoyens
au fil de son histoire, préserver son où les Mandolociens-Napoulois se
environnement et son identité d’une retrouvent pour faire vivre leur ville avec
ville à dimension humaine. passion et générosité.

Un patrimoine naturel exceptionnel. Une tradition de vitalité et de


De la naissance du village de La solidarité. Au fil des siècles, les
Napoule au XIVe siècle, en passant Mandolociens-Napoulois ont toujours
par la création officielle du village de fait preuve d’une grande solidarité. Dans Cet ambitieux projet fait aussi partie
Capitou en 1706, jusqu’à l’arrivée les temps d’exception, je pense aux intégrante de la rénovation globale de
au XIXe siècle du chemin de fer et temps de guerre et d’occupation mais notre centre-ville. Car Mandelieu-La
l’implantation de l’industrie du mimosa, aussi aux fléaux comme les incendies Napoule dessine aujourd’hui la ville de
notre ville a toujours protégé son et les inondations qui ont ravagé notre demain. Redonner un véritable centre-
patrimoine naturel. Son passé et son territoire, l’histoire de notre commune ville à tous ses habitants, améliorer et
présent le prouvent : baignée par la s’enorgueillit du comportement de diversifier le logement dans la ville, le
Méditerranée et surplombée par les nombre de ses habitants dont les rues doter d’espaces publics de qualité res-
massifs forestiers du Tanneron et de notre ville portent souvent les noms. pectant la norme HQE (Haute Qualité
de l’Estérel, Mandelieu-La Napoule Environnementale) : voilà les objectifs
s’est développée tout en respectant majeurs de notre futur cœur de ville.
un environnement fragile mais d’une Riche de son histoire
extraordinaire beauté. Aujourd’hui, avec et de son dynamisme, Le récit de l’histoire de Mandelieu-La
la mise en œuvre de son AGENDA 21, Mandelieu-La Napoule Napoule, de la préhistoire à nos jours,
notre commune poursuit cette tradition justifiait pleinement les 60 pages de ce
environnementale fortement ancrée s’inscrit résolument dans hors-série du MLN Magazine que j’ai le
dans l’esprit de ses habitants. Elaboré la modernité avec son plaisir de vous faire découvrir. Réalisé par
dans la concertation, ce plan d’actions originalité : une ville le service Archives, en partenariat avec
global prépare l’avenir de notre territoire à dimension humaine. le service Communication, cet ouvrage
et répond concrètement aux enjeux de référence vous aidera à mieux com-
d’un développement durable. prendre notre ville et son identité. C’est
Ce sont ces images de dignité et de aussi un merveilleux voyage au centre
Des habitants fiers de leurs racines. solidarité qui ont définitivement marqué de notre mémoire collective.
Grands moments de partage, d’amitié notre passé et qui expliquent notre pré- Bonne lecture à toutes et à tous.
et de réjouissances populaires, la sent. Solidaire, dynamique et intergé-
Saint-Pons, la Saint-Fainéant et la nérationnelle, notre ville développe une
Saint-Louis sont directement issues de réelle vitalité municipale et associative.
la riche histoire de notre ville. Chaque
année, ces fêtes patronales nous Une ville tournée vers l’avenir.
rappellent avec force l’importance de Avec l’ouverture, en septembre
notre mémoire commune. Je n’oublie 2009, de son nouveau Centre Expo Henri LEROY
pas notre Fête du Mimosa, devenue Congrès, Mandelieu-La Napoule écrit Maire de Mandelieu-La Napoule
la troisième manifestation hivernale une nouvelle page de son histoire Vice-Président du Conseil Général
de la Côte d’Azur. N’est-elle pas le en axant son développement sur le des Alpes-Maritimes
symbole d’une ville fière de ses racines tourisme d’affaires. Chevalier de la Légion d’Honneur

Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine 3-


ACTE I

LES ORIGINES D’UNE VILLE


LES TEMPS PRÉHISTORIQUES ET
LA CONQUÊTE GRECQUE,
PUIS ROMAINE DE NOTRE RÉGION

Pic Saint-Martin

D
ifférentes traces archéologiques permettent Une balade sur le Pic Saint-Martin, qui domine
de faire remonter l’aventure humaine de notre le cirque de Maure Vieil, vous fera découvrir les
territoire aux temps lointains de la préhistoire. vestiges d’un oppidum1 d’époque pré-romaine.

Un outillage de silex taillés d’époque néolithique De fait, en ces temps reculés, toute la région
fut découvert par M. Paul de Quay sur les hau- s’étendant de Marseille à Monaco était occu-
teurs du domaine de Saint-Hubert, à Théoule. pée par les Celto-ligures. Ces peuples vivaient
paisiblement de chasse et de pêche et commer-
Opérées d’urgence, lors de travaux sur l’aéro- çaient avec les Phéniciens… Ils étaient plus parti-
drome de Cannes-Mandelieu, les fouilles de culièrement appelés « Oxybiens » dans la contrée
M. Maurice Sechter ont livré un mobilier de de Cannes-Mandelieu, « Décéates » vers Antibes
céramiques protohistoriques témoignant d’une et « Suelteri » vers Fréjus. Ces derniers légueront
présence humaine au pied de la butte de Saint- d’ailleurs leur nom au massif de l’Estérel.
Cassien dès l’âge du bronze. C’est sur ce site
que se développeront plus tard le petit village Six siècles av. J.-C., les Phocéens créent
d’Arluc et son prieuré. Massalia (Marseille) et implantent progressivement

-4 Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine


leur commerce sur toute la côte. Ils aménagent
des ports à Antipolis (Antibes) et Nikaïa (Nice). La légende attribue l’origine du nom de Lérins à « Léro »,
chef ligure célèbre pour ses actions de brigandage dans la
Repoussés à l’intérieur des terres, les Celto-li- contrée. Lancé, avec sa horde, à l’abordage des vaisseaux de
gures vont dès lors mener une véritable guérilla, commerce lourdement chargés qui se rendaient à Massalia,
cherchant par tous les moyens à chasser l’oc- Léro capturait l’équipage et s’emparait des cargaisons avant
cupant grec. de mettre le cap sur les îles de Lérins pour y cacher son
précieux butin. Il s’en retournait ensuite festoyer avec ses
À la suite d’une plainte des Marseillais en 154 congénères sur les collines de Maure Vieil, livrant les pauvres
av. J.-C., un général romain du nom d’Opimus marins au triste sort d’esclaves ou, pire encore, d’offrandes au
débarque avec son armée près de l’embouchure dieu Mars Olloubo… !
de la Siagne pour réprimer une action des
Oxybiens et des Décéates sur Antibes. Il s’ensuit
un combat sanglant dans la plaine de Laval2.
Battus, les survivants sont chassés… et les
Romains occupent les lieux durant cinq siècles.

1 - Oppidum = lieu fortifié en hauteur.


2 - Plaine de Laval = entre la Siagne et le Béal. Vue sur Lérins depuis l’Estérel

Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine 5-


ACTE II I er au Ve siècle

LE « PAGUS AVINIONENSIS »
TOUTE LA RÉGION SE LATINISE…
PUIS SE CHRISTIANISE

A
l’époque gallo-romaine, notre territoire Il est divisé en plusieurs domaines appelés
est connu sous le nom de Pagus Avinio- « castrum » :
nensis, c’est-à-dire « Pays d’Avinionet » A = Avinionetum (Minelle)
ou d’Avignonet en provençal. Cette appellation T = Théole (Théoule)
s’est localement perpétuée dans le vocable E = Epulia (La Napoule)
« Vignette » ou « Vigneron ». M = Mandolocum (Mandelieu)
Pagus Avinionensis
de Jean Aulas
Les recherches archéologiques ont révélé l’exis-
tence d’au moins deux « villas1 » gallo-romaines
au Ier siècle de notre ère.

La première a été localisée à « Mandolocum »,


étymologiquement « lieu de mandement » (ou
commandement). Elle se trouve au quartier de
la Tour, sur la route de Pégomas (fouilles de M.
Hubert DHUMEZ en 1941).

Dans les années 1970, un autre site intéressant


est découvert sous les « Jardins de Minelle », le
long de l’antique « via Aurélia » qui reliait Rome à
Fréjus (Forum Julii) en passant par l’Estérel.
Sous les ruines d’une chapelle médiévale dé-
diée à « Notre-Dame d’Avinionet » et d’une né-
cropole utilisée jusqu’au XIVe siècle, l’équipe de
Michel Fixot met au jour les restes d’un comple-
xe architectural antique, constitué d’un habitat,
de thermes et d’un ensemble cultuel païen de
type « Mythraeum2 ». Le matériel archéologique
trouvé sur les lieux comporte de belles cérami-
ques, des statuettes, des lampes ainsi qu’une
précieuse collection de monnaies antiques, té-

Fouilles Dhumez Fouilles Fixot Fouilles Fixot

-6 Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine


moins de cette riche époque. Il est conservé et
étudié au musée archéologique de Cimiez.

Mais le territoire va bientôt connaître une pé-


riode trouble, subissant la lente décadence
de l’empire romain et les premières inva-
sions germaniques.
Île St-Honorat
Hilaire, successeur d’Honorat, écrit de lui :
Parallèlement, le rayonnement de la religion
« Eucher, gentilhomme de Provence était Sei-
chrétienne et le développement du mouve-
gneur de Mandoloco et de Théole, face au ri-
ment monastique s’amplifient sur l’Europe.
vage de la mer où sont les îles de Lérins. Ému-
lateur de la vertu d’Honorat, il vint s’établir à Lero
Vers l’an 410, Honorat fonde l’abbaye de Lérins.
(Sainte-Marguerite) ».
Eucher, aristocrate gaulois, était son ami et son
disciple. C’est aussi le premier Seigneur connu
Exemple de générosité et d’humilité, il libère ses
de notre territoire.
esclaves et donne la moitié de ses biens aux
paysans et affranchis de son domaine.

Saint-Eucher Par la suite, Eucher décide de renoncer au monde


et s’isole dans une grotte au Cap Roux d’où il sera
enlevé par les lyonnais pour conduire leur diocèse.
Évêque malgré lui, il meurt à Lyon en 450, nous
laissant de célèbres homélies et traités.

Vers 430, sa fille Consorce fonde un couvent


pour jeunes filles, dédié à Saint-Etienne, ainsi
qu’un hôpital sur le modèle des hôpitaux de
Palestine. Il est destiné à soigner les malades
et les vieillards, tout comme à recevoir les
pèlerins qui se rendent à Lérins ou à Rome. Ce
« xenodochium3 », premier hôpital des Gaules,
était vraisemblablement situé à Mandelieu,
dans le domaine des « Vaqueries », à l’extrémité
nord-ouest de l’actuel Riviera Golf (fouilles de
M. Pierre Cosson en 1999).

1 - Villa = domaine rural avec bâtiments d’habitation et


d’exploitation.
2 - Mythraeum est une divinité perse figurant le Soleil-roi.
3 - Xenodochium = hôpital, hospice, maison d’accueil pour
les étrangers, les pèlerins, les pauvres… Sainte-Consorce

Grotte Cap Roux Ferme des Vaqueries (Riviera Golf)

Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine 7-


ACTE III VI e au X e siècle

DE TERRIBLES
FLÉAUX
LE TERRITOIRE
ENTRE DANS
L’OBSCURITÉ
DU MOYEN-ÂGE,
PROPICE AUX
Saint-Mayeul
LÉGENDES

M
aintes calamités telles la Le Comte Guillaume Ier de Provence s’allie au
peste, les sauterelles et Prince Gibalin de Monaco pour attaquer les
les multiples invasions bar- bandits et délivrer l’abbé de Cluny. Ensemble, ils
bares vont déferler sur l’antique parviennent à tuer leur terrible chef Al-Mansour
territoire d’Avinionet, comme sur et chassent les Sarrasins de l’Estérel, libérant
toute la Provence. ainsi le territoire de ce triste fléau.

Lors des invasions sarrasi- Mayeul meurt paisiblement le 11 mai 994. Le


nes1, les différents hameaux de roi de France, Hugues Capet, assiste à ses
l’ancien domaine d’Eucher vont funérailles.
être détruits à plusieurs reprises.
L’hôpital et le couvent, créés par Le Fraxinet
Consorce, sont brûlés. La po-
Sarrasins (miniature médiévale) pulation est réduite à l’esclavage
ou massacrée et, chaque fois,
les survivants tentent de reconstruire au mieux.

Certains historiens font de Mayeul un lointain


descendant d’Eucher et situent sa naissance
en 906 à Mandelieu. Fils d’un grand seigneur
et guerrier provençal qui possédait de vastes
biens dans le Vaucluse et les Alpes de Haute-
Provence, Mayeul devient l’abbé général et ré-
formateur du monastère de Cluny. Il est aussi le
conseiller et l’ami d’Othon Ier et Othon II, empe-
reurs de Germanie et d’Italie.

Revenant de Rome avec des pèlerins, Mayeul


est fait prisonnier par les Sarrasins en l’an 973.
Il est détenu dans leur repaire des Maures, au
Fraxinet (La Garde-Freinet). Les Sarrasins mon-
nayent la liberté de ce grand personnage contre
une forte rançon.

1 - Sarrasins = dénomination des peuples de confession


musulmane en Europe au cours de l’époque médiévale.

-8 Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine


Pont sarrasin à Maure Vieil

C’est durant cette sombre époque que vont naî-


tre, chez nous, plusieurs légendes.

On peut citer celle de la fée « Diane


d’Estérel », fille du seigneur des Baux
qui, fuyant son riche palais pour éviter un
mariage forcé, trouva refuge dans nos
montagnes verdoyantes qu’elle hanterait
toujours suivie d’une escorte de biches,
sangliers, loups, renards et autres
animaux peuplant nos forêts. Certains
racontent qu’elle protège, aujourd’hui
encore, les voyageurs qui traversent son
domaine.
Rochers de
Maure Vieil
L’histoire locale rapporte une autre fable,
celle des « amants de Maure Vieil ».
Nous sommes au temps des invasions
mauresques… Une noble demoiselle
du pays, parcourant son domaine, fit
la rencontre d’un beau chevalier à la
peau mate. Ils tombèrent éperdument
amoureux mais cette idylle était
impossible. Désespérés, ils préférèrent
se jeter du haut d’un rocher plutôt que
de renoncer à leur amour… Les lieux,
dit-on, en auraient gardé la mémoire.

Ainsi, planent sur les bois de Maure Vieil d’étran-


ges mystères. D’aucuns prétendent encore y
croiser quelque fantôme…

Bois de
Maure Vieil

Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine 9-


ACTE IV XI e et XII e siècle

LES TEMPS FÉODAUX


NOTRE TERROIR EST FRACTIONNÉ
LA NOBLESSE ET L’ÉGLISE SE DISPUTENT
LES BIENS ET LES PRIVILÈGES

O
n sait qu’en remerciement de sa libération, Face à cette confusion du temporel et du spi-
Mayeul avait fait don de ses terres d’Avinio- rituel, différents cartulaires1 des abbayes de
net au Comte de Provence. Ce vaste terri- Lérins, Marseille ou Antibes vont nous aider à
toire s’étendait de Fréjus (rivière de l’Argens) à la suivre, sur plusieurs siècles, les multiples aléas
Siagne et à Cannes (butte de Saint-Cassien). de propriété que va vivre notre territoire.

L’an 990, Guillaume de L’an 1030, l’abbaye Saint-Victor de Marseille


Provence donne le fief à devient propriétaire de l’église Saint-Martin
l’abbaye de Lérins qui l’of- de Mala Veila (Maure Vieil) offerte par l’évêque
fre, quelques années plus Gancelme de Fréjus.
tard, à l’évêque Riculfe de
Fréjus dont le domaine De même, à peu près à la même date, Lambert
épiscopal a été entière- Barbeta, Seigneur de Vence, construit l’église
ment ruiné par les Sarra- Notre-Dame d’Avinionet et fait don à Marseille
sins. du terroir qu’il possède en ces lieux.

En ces temps féodaux, Il est probable que la construction d’un premier


les droits de propriété château, sur le mont San-Peyre, remonte à cet-
connaissent un vérita- te époque.
ble enchevêtrement de
tutelles, tant administra- L’an 1094, l’évêque Bérenger de Fréjus cède
tives que religieuses et aux moines de Lérins le pouvoir de prélever, à
seigneuriales. perpétuité, la dîme « dans la manse2 du bon
castel d’Avinio ».

Cartulaire de Lérins

Cartulaire

- 10 Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine


Chanoines

L’an 1134, l’évêché d’Antibes ajoute à ses biens


le castrum de Mandelieu, alors complètement
détruit, ainsi que celui d’Epulia, et toutes les dé-
pendances.

Dans un diplôme solennel daté de 1188, le


pape Clément III confirme les biens de l’église
d’Antibes en mentionnant « le domaine du cas-
trum d’Avinionet et le castrum que l’on appelle
Mandelieu ».

L’an 1224, un échange entre le Chapitre de


Fréjus et le monastère de Saint-Honorat cède à
Lérins l’église Saint-Martin de Maure Vieil, l’église
Saint-Pierre du San-Peyre, l’église Notre-Dame
d’Avinionet et les biens qui en dépendent.

Enfin, il est attesté le 19 juillet 1244 qu’Antibes


est privée du siège épiscopal au profit de
Grasse. « Comme ce terroir est important, le droit de disme est aussi
considérable, car il rend toutes les années 1 500 livres au monastère
Dès lors le territoire de Mandelieu tombe de Saint Honoré, auquel ce prieuré est uni. Les religieux sont bien
dans les biens du Chapitre3 de l’Église aises de retirer la rente du prieuré ; mais ils ne veulent pas supporter
Cathédrale de Grasse. Il en sera ainsi jusqu’à la despence du service à laquelle ils sont obligés, et refusent de faire
la Révolution. la saincte messe, les dimanches et festes de commandement, à ceux
Le domaine conserve cependant les abbés qui résident dans le terroir de Mandelieu, dans lequel est la chapelle
de Lérins comme seigneurs décimateurs4. de Nostre Dame d’Avignonnet, qui est le primordial et principal de ce
prieuré… »
Par la suite, cette « double tutelle » sera
source de moult procès entre Grasse et Extrait d’un procès entre l’économe du chapitre de Grasse et
Lérins. L’extrait ci-contre en est un exemple l’économe de l’abbaye de Lérins - 1665 à 1670 - G0776
significatif. Archives Départementales des Alpes-Maritimes.

1 - Cartulaire = recueil de chartes et titres relatifs aux droits temporels de l’Église.


2 - Manse = habitation rurale médiévale avec champs et exploitation agricole.
3 - Chapitre = assemblée de chanoines.
4 - Décimateur = qui perçoit la dîme ecclésiastique.

Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine 11 -


ACTE V XIII e et XIVe siècle

LA DYNASTIE DES VILLENEUVE


NAISSANCE DE LA NAPOULE

U
n certain Raymond de Fayence s’empare De fait, la lutte entre les familles nobles pour la
du domaine d’Avinionet en 1272. Il s’agit du possession des terres fait rage en ce début de
premier membre de la famille des Villeneuve XIVe siècle (époque où se situe le célèbre récit
à régner sur notre territoire. des « Rois Maudits »).

Tandis que les Valois règnent sur la France et


provoquent la fameuse « Guerre de Cent ans »
contre l’Angleterre, le territoire de Provence
est disputé par deux grandes familles : les
Ducs de Savoie et les Comtes de Provence
de la maison d’Anjou.

Cette rivalité durera des siècles et notre ville en


subira les ravages destructeurs.

En 1387, après avoir dévasté Mandelieu, un


certain Raymond de Turenne s’acharne sur le
domaine des Villeneuve, réduisant à néant le
château, le prieuré et le village… Ce farouche
guerrier est un ennemi de la maison d’Anjou à
laquelle la famille de Villeneuve est restée fidèle.

En 1399, Guillaume de Villeneuve reconstruit


son château, mais il choisit cette fois le bord
de mer. Il décide de bâtir sa demeure sur les
rochers d’Epulia et, bien vite, les villageois se
regroupent alentour. Ainsi naît le village de La
Napoule.
Sceau
des Villeneuve Les Villeneuve voient leurs privilèges confirmés
par Marie de Blois, Reine de Jérusalem et Com-
tesse de Provence, puis par ses successeurs
tel Louis II d’Anjou, roi de Naples.

Miniature de batailles

En 1284, l’abbaye de Lérins cède officielle-


ment le castrum aux Villeneuve-Tourettes-
les-Fayence qui deviennent ainsi les sei-
gneurs légitimes d’Avinionet.

Le domaine sera cependant détruit peu de


temps après, lors d’hostilités entre le Seigneur
des Baux et le Comte de Provence. Les Ville-
neuve sont contraints de rebâtir leur forteresse
du mont San-Peyre.

- 12 Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine


Ruines
du San-Peyre
(Donjon)

Archives des Villeneuve-Beauregard (Château de Mons)

Chapelle Saint-Pierre

Scène d’adoubement

Cet extrait d’un « Inventaire et Précis des Titres et


Documents de Messire de Villeneuve », dressé
en 1601 par César Augustin Laugier, atteste la
légitimité des privilèges des Villeneuve :

« 1387 - pièce importante. Coté n° 19 ».


Confirmation des privilèges en faveur de
Guilhaume de Villeneuve à Tourettes, Mons,
La Napoule, Esclapon.
Sur la requête présentée par Noble Guillaume de Villeneuve, Conseigneur de Tourettes à Marie Aleya Reine de Jérusalem,
Comtesse de Provence, Tutrice et administratrice de Louis son fils, étant seulement âgé de 3 ans. Il déclare foi et
obéissance à ladite Reine et à son dit fils Louis, aussi Comte de Provence. Divers privilèges particuliers qu’il demande
par sa requête lui sont accordés, pour qu’il s’en serve et ses successeurs à perpétuité, et premièrement il lui est donné
Mère et mixte Impère1 et toute sorte de juridiction dans les villages de Tourettes, Mons, La Napoule et Esclapon, et leurs
terroirs, sur les hommes qu’il a auxdits villages ; à savoir que lesdits villages lui appartiennent « in solidum »… »

Extrait de la confirmation des privilèges accordés par les Comtes de Provence aux Seigneurs de Villeneuve – 1387 - Archives du château de Mons,
fonds privé de la famille de Beauregard.

1 - Mère et mixte Impère = droit d’exercer toute Justice, haute, moyenne et basse.

Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine 13 -


ACTE VI XVe siècle

LES DROITS SEIGNEURIAUX


UNE CHARTE DE FRANCHISE :
DES ITALIENS PARTICIPENT AU
REPEUPLEMENT DE NOTRE TERROIR

A
près avoir subi tant de fléaux, la popu- Durant plusieurs siècles, les Villeneuve et le
lation est décimée et les bras vaillants Chapitre de Grasse se disputeront au sujet
manquent. du partage du territoire et du droit de pêche,
s’intentant mutuellement de longs procès.
Antoine de Villeneuve décide de repeupler le vil-
lage de La Napoule en ayant recours à 20 fa- L’un d’entre eux opposa le « Magnifique et très
milles originaires de la Rivière de Gênes en Italie. généreux » Seigneur Andronic de Villeneuve
aux chanoines du Chapitre de la Cathédrale de
Le 20 mai 1461, il conclut avec ses anciens Grasse entre 1490 et 1513.
et nouveaux sujets une charte de franchise1
comportant 29 articles. Ainsi, pour justifier ses prétentions sur le domai-
ne de La Napoule, le fils d’Antoine de Villeneuve
Moyennant certaines charges, taxes et corvées, évoque, entre autres, les frais que sa famille a
le seigneur accorde la protection à ses sujets, engagé pour la construction d’un nouveau châ-
s’obligeant « à faire le guet, la nuit et le jour, sur teau sur l’ordre du Comte René de Provence,
les tours de son château ». l’ancienne forteresse étant devenue le repaire
de pirates de terre et de mer. Or, le Chapitre de
Il leur donne la permission de chasser les san- Grasse n’aurait apporté aucune contribution à
gliers, les cerfs, les lapins ou les perdrix, à char- ces travaux, le Prévôt et les chanoines ayant, au
ge pour eux de donner au seigneur la tête du contraire, produit des actes de propriété falsifiés
sanglier et le cuissot du cerf. pour étayer leur action en justice. Ces derniers
seront effectivement déboutés !
Il leur donne également l’autorisation de pêcher
aux lieux choisis, avec « un droit de préférence En 1515, après de multiples litiges, Honoré de
aux napoulencs… » Villeneuve abandonne cependant aux chanoi-
nes de Grasse La Grande Roubine et l’Estang,
Une clause anecdotique de cette charte stipule ainsi que le droit de pêche sur la rivière de Sia-
que « les femmes bavardes ne seront pas pour- gne, se réservant l’usage exclusif de la mer et
suivies en justice pour des paroles injurieuses de ses revenus.
prononcées au four, à moins qu’elles ne fassent
l’objet de plainte » ! Ce privilège seigneurial des Villeneuve sur
les « pêcheries de La Napoule », ainsi que
À droite du village s’étendait le quartier de la le très lucratif droit de naufrage3, seront sou-
Roubine et son étang. Celui-ci était relié à la vent contestés par les Cannois mais toujours
mer par un canal creusé dans l’ancien lit de confirmés par les tribunaux.
la Siagne qu’on appelait « Maire Vieille ». Les
habitants y pratiquaient la pêche à la « bourdi-
gue2 ».

1 - Charte de franchise = acte d’habitation comportant un certain nombre de droits et de devoirs.


2 - La bourdigue ou bordigue est une enceinte de claies, faites de « cannes » ou roseaux, qui permet la capture des pois-
sons venus frayer et cherchant à regagner la mer.
3 - Le droit de naufrage, dont le produit figure de manière constante dans les revenus des seigneurs féodaux, était exercé
par les habitants des côtes et consistait à s’approprier tous les biens des bateaux échoués, l’appât du gain incitant les
plus mal intentionnés à saborder les navires en péril, au prix de malfaisances.

- 14 Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine


Scène de chasse Scène de pêche

Extrait d’un procès entre Grasse et La Napoule-FF1-XVe - Archives Municipales de Mandelieu

Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine 15 -


ACTE VII XVI e siècle

LA RENAISSANCE NAPOULOISE
DÉVELOPPEMENT D’UNE SOCIÉTÉ
« FÉODO-MARCHANDE »

V
ers 1537, toute la contrée Archives Municipales. Il s’agit d’une épée de
subit la terrible incursion du corps à corps, longue d’environ 70 cm, appe-
grand Turc Barberousse. lée « Katzbalger » (ou « étripe-chat »). Elle se
Sa flotte, aux ordres de l’Empire caractérise par sa garde cruciforme, constituée
Ottoman, est tristement célèbre de 2 branches de fer formant un S.
pour ses attaques et ses razzias
sur toute la côte méditerranéen- Elle fut, sans doute, abandonnée sur le champ
ne. Le village est assiégé, brûlé et de bataille par un « lansquenet », mercenaire
Barberousse saccagé. d’origine allemande. Ces farouches fantassins
étaient à la solde des souverains européens, et
Dans cette première moitié du XVIe siècle, plus particulièrement de Charles-Quint. Leur ré-
notre territoire est le théâtre des combats putation était terrifiante auprès de la population :
acharnés que se livrent François Ier et massacres, pillages, incendies, vols et viols.
Charles-Quint. Ils rêvent, tous deux, de
conquérir l’Italie et de bénéficier ainsi de sa Mais, ni les guerres, ni les attaques des cor-
richesse et de sa culture renaissante. saires n’entraveront l’essor économique de
La Napoule. Le pays va bien au contraire
C’est probablement de cette époque sanglan- connaître un prodigieux développement
te que date une épée médiévale gracieuse- dans le courant du XVIe.
ment offerte à notre ville par M. François Jac-
quin. Celle-ci fut découverte dans les terres Les actes d’un notaire napoulois, Maître Jehan
qui entourent la ferme abritant aujourd’hui les Antoine Giraud, permettent de reconstituer la vie
du village en 1566.

À cette époque, La Napoule est en pleine pros-


Épée périté et compte quelques 450 maisons et
Conservée aux Archives
Municipales de Mandelieu

Lansquenet

- 16 Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine


Miniatures médiévales représentant différents métiers

2 000 habitants vivant principalement de la pê-


che, mais aussi du commerce, de l’élevage, de
l’exploitation des terres et des forêts…

Différents métiers sont ainsi répertoriés dans


les actes notariés : marchands, maçons, bou-
chers, maréchaux, bourreliers, mariniers, mé-
decins, charpentiers, chirurgiens, meuniers,
cordonniers, barilliers, tisseurs à toile, ménagers
ou encore bourgeois rentiers1.

La chasse est une autre source importante de


revenus. Le seigneur autorise les habitants à
chasser le gibier au moyen de flèches empoi-
sonnées ! D’importantes battues sont fréquem-
ment organisées dans l’Estérel et le Tanneron qui
regorgent de cerfs, de chevreuils, de chamois et
de sangliers mais aussi d’ours et de loups.

Deux siècles plus tard, une lettre circulaire d’Aix,


retransmise à Mandelieu le 21 avril 1762 par le
consul de Grasse, nous indique que le loup
était encore bien présent et pourchassé dans
nos contrées. Elle donne la recette du « Nux
Vomica » ou noix vomique qui, broyée et enve-
loppée de saindoux, sous la forme de petites
ballottes empoisonnées, est répandue tous les
matins au lever du soleil et doit contribuer à la
destruction des loups.

Scène de Chasse

Extrait d’une lettre-circulaire - HH1 - 1762 - Archives Municipales de Mandelieu

Les sujets des Villeneuve ont


également le droit de tenir
taverne et celui, très jalousé, du
transport des pèlerins à Saint-
Honorat.

Transport de pèlerins

Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine 17 -


ACTE VII XVI e siècle
La renaissance napouloise

Le commerce de Grasse est alors très floris-


sant. La ville exporte principalement ses cuirs,
peaux brutes et tannées, ainsi que des tissus
et du vin… Le trafic se fait par le port de La Na-
poule où transitent également les bois coupés
et exploités dans nos forêts…

En collaboration avec un fabricant marseillais, le


seigneur Gaspard de Villeneuve entreprend la
construction d’une savonnerie dans la baie
de Théoule en 1630.

L’usine est monumentale et conçue de façon


techniquement « moderne » : manutention mini-
male pour une sécurité maximale ! Elle est censée
épargner « le travail de cent hommes par jour »…
Édifiée sur deux étages, elle est complétée par
une « darce2 fermée par deux digues » : les ba-
Plan de La Napoule teaux y amènent directement la soude3 et repar-
Le dessin ci-dessus représente le village en
Archives d’État tent avec leur cargaison de savons.
Turin - 1589 1589. On y distingue nettement ses trois rues
(Droite, du « Mittan » et Basse) ainsi que la place
Mais les industriels de Grasse voient d’un mau-
dite « des quatre Cantons ». On y voit encore, sur
vais œil cette concurrence directe, néfaste à leur
le mont San-Peyre, les ruines du premier château
commerce. Ils parviennent à s’entendre avec les
partiellement détruit à la fin du XIVe siècle.
marseillais… et leur connivence provoquera la
fermeture de la savonnerie des seigneurs de Vil-
Nos archives détiennent un registre des déli-
leneuve quelques soixante années, seulement,
bérations du Conseil de la Communauté de La
Extrait du Registre après sa mise en œuvre.
Napoule, entre 1591 et 1606. À cette époque,
des Délibérations
du Conseil Municipal seuls quelques notables savaient écrire. Les
Sur l’ordre de Richelieu, deux tours avaient été
BB1 - 1593 autres conseillers traçaient, sous le texte, un
Archives Municipales construites à l’extrémité des digues. Elles avaient
dessin identifiable en guise de signature.
de Mandelieu pour but de défendre l’accès du port de Théoule
aux troupes espagnoles qui s’étaient emparées
des îles de Lérins en 1635. Celui-ci abritait, en
effet, les vaisseaux et galères du Roi.
Ces tours seront cependant démolies dès 1646,
sur décision des communautés de Provence, afin
d’épargner les frais d’entretien d’une garnison.

Progressivement, les ports de Théoule et de La


Napoule vont être délaissés au profit de celui
de Cannes.
Plan savonnerie de Théoule
livre Raymond Herment
« Au royaume de la fée Diane d’Estérel »
1 - Marchand = en milieu rural, ce nom désignait le marchand de bestiaux.
Maréchal = forgeron qui fabriquait les outils tranchants.
Bourrelier = artisan qui fabriquait les harnais et autres pièces de cuir.
Chirurgien = barbier qui pratiquait les saignées.
Barillier = un des noms médiévaux du tonnelier (fabricant et marchand de tonneaux).
Ménager = paysan cultivant un domaine et y habitant
Bourgeois = personne aisée vivant de ses rentes.
2 - Darce = port
3 - Soude = à l’époque, le mot « soude » désigne le mélange d’eau et de carbonate de
sodium issu des cendres provenant de la combustion de plantes telles les fougères.
La soude (solution basique) mélangée à l’huile d’olive, ou tout autre corps gras,
(solution acide) provoque une réaction chimique, la « saponification », produisant le
« savon », la glycérine et l’eau.

- 18 Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine


ACTE VIII XVII e siècle

RUINE
ET DÉSOLATION
Détail de la Carte
de la Seigneurie
de La Napoule
L’INSALUBRITÉ GAGNE L’ENSEMBLE DU dédiée à
Pierre de Villeneuve
TERRITOIRE QUI SE RETROUVE DÉSERTÉ 1696
Archives Nationales

L
a période suivante est synonyme de nom- catholique lui valut la colère papale et entraîna
breuses difficultés pour les villages de Man- l’excommunication de l’ensemble de la commu-
delieu et La Napoule. nauté napouloise.
Les guerres de religion, le conflit espagnol, La « Grande Peste », qui bientôt sévira sur tou-
les épidémies et les attaques ravageuses du te la région, sera perçue comme un signe du
Duc de Savoie vont fragiliser un bassin de courroux divin et ramènera au catholicisme les
vie déjà bien déstabilisé… quelques ouailles survivantes.
Les rares habitants du Enfin, le manque d’entretien du canal et l’ensa-
village de Mandelieu, blement qui en résulte, provoquent la fermeture
affermés par le Chapitre de l’étang. Les inondations de la Siagne rendent
de Grasse, vivent mi- les deux Roubines marécageuses et le crou-
sérablement de culture pissement des eaux génère l’insalubrité des
et d’élevage, subissant lieux, entraînant ainsi leur désertification.
régulièrement l’achar-
Gaspard de Villeneuve, opiniâtre, s’était pour-
nement des armées
tant employé à repeupler son domaine de La
de passage.
Napoule. Le nouvel acte d’habitation de 1623
Des documents du indiquait que « depuis que la peste de 1580 de
XVIe siècle précisent laquelle moururent la plupart des habitants et
qu’il y avait toujours sur depuis les guerres qui commencèrent en 1589,
Miniature Détail « ville ruinée »
la route de Pégomas, le lieu de La Napoule se trou-
Travail des champs
au quartier de La Tour vait dépourvu d’habitants,
et des Bons Pins, une maison seigneuriale ap- toutes les maisons ruinées
pelée « château de Mandelieu », ainsi que deux et les biens sans culture. »
chapelles. L’une est privée et se trouve dans l’en-
Mais cette démarche de-
ceinte du château, l’autre est réservée aux villa-
meura infructueuse, preuve
geois et dédiée à Saint-Pons. Malgré son état de
en est que le curé de La
délabrement, le culte y sera célébré jusqu’à la
Napoule dénombre à peine
construction de l’église de Capitou en 1764.
une cinquantaine d’âmes au
Le reste de l’habitat se résume à quelques bas-
village en 1659.
tides et granges isolées.
Notons qu’un détail de la
La Réforme protestante avait rencontré un
carte de la Seigneurie de
écho particulièrement fanatique en Provence.
La Napoule, représentant
Sous l’influence de son épouse Pierrette d’Orai-
le village avant son déclin,
son, calviniste1 convaincue et prosélyte, Jean de
permet effectivement d’y lire
Villeneuve s’était converti à la nouvelle religion
« ville ruinée ».
en 1555. Cette « trahison » envers l’orthodoxie

1 - Calvin = réformateur français (Noyon 1509 – Genève 1564) partisan des idées protestantes du suisse Luther, prônant le
retour aux sources du christianisme et invitant à une autre lecture de la Bible, ne faisant référence ni aux Saints,
ni à la Vierge, ni au Purgatoire. La Réforme protestante, amorcée dès le XVe siècle et culminante au XVIe siècle,
dénonce également la « corruption » de l’Église catholique et son commerce des « indulgences ».

Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine 19 -


ACTE IX 1706

LA GENÈSE
DU QUARTIER DE CAPITOU
UN BAIL PRÉCISE LES DROITS ET
LES MULTIPLES OBLIGATIONS DES
« EMPHYTÉOTES » MANDOLOCIENS

R
égulièrement et pour éviter la perte du Cet extrait, daté de 1702, nous éclaire sur la
moindre revenu assuré par la « taille1 » et la teneur de ces « ordres de dénombrement ».
« capitation2 », l’Intendant Royal ordonnait la
rédaction d’un « état » dénombrant, par « feu », Les personnes chargées de cette tâche déli-
les habitants des villes et communautés de cha- cate étaient priées de « travailler avec une extrê-
que Viguerie. me application et toute la diligence possible…
s’agissant de l’exécution des Ordres précis du
Roy » s’ils ne voulaient pas risquer de « tomber
dans de grands inconvénients » !

Le recensement des habitants devait être une


opération très rapide à Mandelieu ! Le village
était en effet quasiment dépeuplé par les guer-
res et les épidémies.

En 1706, le Chapitre de Grasse estime qu’il


n’est plus d’un rapport intéressant et décide
d’octroyer un bail emphytéotique3 à six fa-
milles de fermiers originaires de localités voisi-
nes : Grasse, Cannes, Mouans, Tourettes-les-
Fayence, Nice et Le Luc.

Ce contrat est signé le 27 février 1706 au


château de Mandelieu, en présence de deux
notaires royaux, l’un de Grasse, Maître Joseph
Houley, l’autre de Cannes, Maître Jean Peire.

L’acte comprend 31 clauses. Toutes préservent


indubitablement les droits féodaux du Chapitre,
Seigneur de ce lieu.

Il donne les terres en emphytéose perpétuelle aux


habitants de Mandelieu, mais ceux-ci paieront
en échange une série de taxes en nature : droit
de tasque de un dixième sur les récoltes ; droit
de caucade de un vingtième sur le foulage des
grains ; droit de fournage sur la cuisson du pain.

Ordre dénombrement - CC3-1702


Archives Municipales de Mandelieu

- 20 Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine


Miniatures médiévales : labour, élevage, apiculture.

Tous les hommes et femmes, âgés de 16 à 60 Ainsi naît l’actuel Capitou dont l’appellation
ans, veilleront à l’entretien du canal, consacrant dérive probablement du mot latin « capitum »
6 jours de « corvée » par an au curage des fos- ou provençal « capito » signifiant « chapitre ». Il
sés. Il est autorisé de tenir des ruches, sous la demeurera le centre administratif de Mandelieu
clause de un dixième par livre de cire… Il est, par jusqu’à la construction d’une mairie aux Termes
contre, interdit de tenir un pigeonnier ainsi que en 1929.
de « faire des rizières dans le territoire » ou « des
cloaques contre les maisons » !

Le chapitre se réserve le droit de chasse et de 1 - Taille = impôt direct levé sous l’Ancien Régime.
pêche. 2 - Capitation = impôt public par « tête » fondé théorique-
ment sur la richesse, mais qui frappait surtout les non
privilégiés.
La clause numéro 8 précise les conditions dans
3 - Bail emphytéotique = bail de longue durée qui confère
lesquelles un nouveau village sera construit : au preneur un droit réel.
les habitants devront « … aligner les maisons
par des rues commodes et laisser des places
publiques là où le Chapitre le désignera… ».

La clause numéro 15 précise l’organisation


communale : « …les habitants se constitue-
ront en communauté dont le conseil, présidé
par deux consuls élus chaque année, pourra se
réunir avec l’autorisation du juge et lieutenant du
juge établis par le Chapitre… »

Extrait d’une délibération du Conseil Municipal de Mandelieu


faisant mention du bail du 27 février 1706-BB1-29 juin1760
Archives Municipales de Mandelieu

Transcription
« …En second lieu ledit Sre Mauran a dit que
par l’acte du nouveau bail du 27 février 1706,
notaires Mes Houley et Peire, le Vénérable
Chapitre de l’église cathédrale de la ville de
Grasse, seigneur de ce lieu, donnerait à titre de nouveau bail et emphytéose perpétuel aux particuliers y dénommés
acceptant tant pour eux que pour les autres absents et leurs successeurs, les terres de Mandelieu et de La Roubine, sous
la réserve du château, des terres joignant icelui ; qui confrontent du Levant, la Maire, de midi la Vigne, vallon entre deux,
de couchant le quartier des Maures réservées au Chapitre, et de Septentrion le fossé des Arnaves, de même que les prés
au-dessus de la maire qui seront désignés en faisant (la séparation des portions de ladite terre donnée audit quartier)… »

Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine 21 -


ACTE X 1719

LA NAPOULE
CHANGE DE SEIGNEUR
LA FAMILLE DE MONTGRAND
Château de La Napoule ACHÈTE UN FIEF DÉVASTÉ
en ruines

E
n 1707, le duc Amédée de Savoie, sur- L’achat du fief a été consigné dans une Conven-
nommé « le fléau de Dieu », ravage à nou- tion enregistrée chez Maître Cuzin, notaire à
veau la région. Le château de La Napoule Marseille, au prix de 153 541 livres, 13 sols et
est détruit de même que celui de Mandelieu et 4 deniers.
sa petite église dédiée à Saint-Pons. La plupart
des habitations sont saccagées. Dominique de Montgrand en reçoit l’investiture
et prête « foi et hommage » au Roi Louis XV
En 1709, le Chapitre de Grasse confirme l’acte (sous la régence du Duc Philippe d’Orléans), le
de 1706 aux emphytéotes qui se sont installés à 31 mars 1719.
Capitou. La même année, à La Napoule, les Ville-
neuve passent un nouvel acte d’habitation avec Cette investiture accorde au seigneur du fief les
des paysans de la contrée. Cette ultime tentative mêmes droits féodaux de « haute, moyenne et
de repeuplement échouera et le 23 mars 1719, basse justice ; le droit d’institution et de destitu-
Pierre-Jean de Villeneuve se résigne à vendre sa tion des officiers pour l’administration d’icelle ; le
seigneurie de La Napoule, devenue improductive. droit de tasque sur toutes les récoltes ; le droit de
cavalcade2… ; le droit de passage, d’herbage,
L’acquéreur en est Dominique de Montgrand, de breuvage et de pâturage pour tous les bes-
Seigneur de Mazade, « receveur général des tiaux ; la banalité3 des fours et celle des moulins à
gabelles1 et conseiller du Roi en la chancellerie farine et à huile… et généralement tous les autres
près la Cour des Comptes d’Aix ». droits procédant de l’hommage des vassaux… »

- 22 Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine


Extrait de l’acte d’achat de la terre et seigneurie de La
Napoule - 1719 - 197J95.2 - AD 69
Archives personnelles de la famille de Montgrand, déposées
aux Archives Départementales des Bouches-du-Rhône.

Tout comme les Villeneuve, le seigneur de


Montgrand jouit de la propriété de la mer « à
la hauteur de cent libans4, tout le long de la
coste, avec faculté d’affermer la pesche dans
ledit destroit et prohiber icelle suivant l’arrest du
Conseil d’État du 20 octobre 1684 ».
Il possède également le droit de « faire conduire
par un canal l’eau de la rivière de Siagne au ter-
roir dudit La Napoule… »

L’acte d’achat signale que « le seigneur de La


Napoule était autorisé à avoir dans son château six
pièces de canon pour la défense des bâtiments de
mer qui venaient y mouiller… ». Il y est encore pré-
cisé que « le port de Théoule dépendait de la terre
de La Napoule et n’était éloigné du château que
de deux mille. C’était dans ce port que se faisaient
autrefois les embarquements pour le commerce
de Grasse et de Cannes. Le mouillage y était très
bon… Les galères du Roi vinrent souvent y mouiller.
Ce port servait aussi d’asile aux frégates et aux bar-
ques garde-côtes en temps de guerre… »

Dominique de Montgrand et ses héritiers vont


s’attacher à reconstruire et faire revivre le village
désolé de La Napoule.

1 - Gabelle = impôt sur le sel.


2 - Cavalcade = aide militaire due pour la défense du territoire, s’appliquant aussi bien aux « gens de pieds » qu’aux « gens de cheval ».
3 - Banalité = servitude consistant dans l’usage obligatoire et public d’un bien appartenant au seigneur.
4 - Liban = mesure marine correspondant à la « corde » ou « amare » utilisée pour maintenir le lest au pied d’un filet. Frédéric Mistral l’estime à 40 mètres.

Brevet don de retrait féodal - 197J95.3 - AD 69 (Archives Départementales des Bouches du Rhône)

Transcription
Louis par la Grâce de Dieu, Roy de France et de Navarre,
Comte de Provence, Forcalquier et Terres adjacentes, à nos aimés et féaux conseillers, les gens tenant notre Cour de
Parlement d’Aix, Chambre de nos Comptes audit lieu et à tous autres nos officiers et justiciers qu’il appartiendra, salut. Désirant
gratifier et favorablement traiter le Sr Dominique de Montgrand de Mazade, notre conseiller secrétaire, en considération de
ses services, Nous, de l’avis de notre très cher et très aimé Oncle le Duc d’Orléans Régent, lui avons fait et faisons don par
ces présentes signées de notre main, du droit de retrait féodal qui nous est échu et avenu à cause de la vente qui lui a été
faite par acte sous seing privé du vingt un mars dernier, enregistré chez Cuzin notaire à Marseille le vingt trois du dit mois, de la
Terre et Seigneurie de la Napoule, située en Provence, ses appartements et dépendances retenantes de nous, ainsi qu’il paraît
par l’extrait dudit acte cy attaché, sous le contre scel de notre chancellerie, lequel Sr de Montgrand de Mazade, nous avons
subrogé et subrogeons en notre lieu et place pour la jouissance du susdit droit, à condition toutefois de nous rendre les foy et
homages qui nous appartiennent pour raison de ladite terre et de satisfaire aux autres charges ordinaires et accoutumées, si
vous mandons d’enregistrer ces présentes et de leur contenu faire jouir et user ledit Sr Montgrand de Mazade, pleinement et
paisiblement, cessant et faisant cesser tous troubles et empêchements contraires, car tel est notre plaisir. Donné à Paris, le
quatrième jour d’avril, l’an de grâce mil sept cent dix-neuf et de notre règne le quatrième.

Louis
Par le Roy Comte de Provence
Le Duc d’Orléans Régent présent
Phélypeaux

Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine 23 -


ACTE XI XVIII e siècle

LES PRÉMICES
D’UNE RÉVOLUTION
PARTICIPATION DES HABITANTS AUX
EFFORTS DE GUERRE
INTENSIFICATION ET MODERNISATION
DE L’AGRICULTURE

S
i les chanoines de Grasse et les seigneurs Ainsi trouve-t-on, dans nos archives, diverses
de La Napoule gouvernent notre terri- missives intéressantes et significatives.
toire en maîtres féodaux, le Royaume de Elles renferment notamment des ordres de ré-
France n’en accable pas moins les habitants quisition de foin et autres « denrées » pour ravi-
d’une lourde fiscalité et leur réclame une solide tailler les régiments cantonnés dans la région.
contribution aux « efforts de guerre ». Elles contiennent encore des ordres d’enrôle-
ment par tirage au sort !
Il y est stipulé que les habitants doivent « donner
des preuves de leur zèle au service de sa Ma-
jesté ». Et nul n’a intérêt à « défaillir », comme on
peut le lire dans cet extrait adressé au 1er Consul
de Mandelieu !
« Il vous est ordonné d’amener le jour dit, à
Mougins, à 9 heures du matin, tous les garçons
de votre communauté depuis l’âge de 16 ans
jusqu’à 45 exclusivement et à leur défaut, les
jeunes hommes mariés du même âge pour su-
bir le sort… Pour qu’il n’y ait pas de revêches,
je vous enverrai un cavalier de maréchaussée
pour faire obéir ceux qui pourraient regimber
aux ordres que vous donnerez… Pour ôter aux
défaillants tout prétexte d’excuse, il faut donner
l’avertissement ci-dessus dès la réception de la
présente… »
« Remplacement d’un milicien garde-côte » - extraits - EE1
1753 - Archives Municipales de Mandelieu.

Même l’accouplement des chevaux est régle-


menté comme l’indique cette ordonnance de
1754 !

Monte des cavales - CC3 - 1754


Archives Municipales de Mandelieu

Le « Service de l’État » exige aussi la mise en


œuvre d’une agriculture spécifique, capable de
rivaliser avec l’Empire de Chine ou La Mérique
(l’Amérique !), en évitant l’importation onéreuse
de certaines marchandises.

- 24 Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine


Ainsi engage-t-on fermement les habitants à la car, le 27 août 1763, le Sieur Riouffe lui envoyait
culture intensive du chanvre… : cette lettre de reproche, plutôt sèche :
« La France est obligée, Messieurs, de tirer an- « Je vous ai prévenu… que pour le profit de
nuellement de l’étranger une grande quantité cette ouverture, il était nécessaire d’enga-
de chanvre, ce qui fait sortir beaucoup d’ar- ger tous les particuliers de votre lieu élevant
gent du Royaume. Le gouvernement, occupé des vers à soie à séparer les cocons blancs
plus que jamais des moyens de remèdes aux pour en avoir de la graine et je vous ai prié
inconvénients de l’exportation du numéraire, a de m’adresser un état… Il n’y a que la com-
pensé qu’il était possible d’augmenter la culture munauté de Biot qui a fourni le sien. Je vous
de cette plante au point de ne plus recourir à recommande d’être exact à m’envoyer le vôtre
l’étranger. Pour juger de l’augmentation dont que M. de La Tour attend avec impatience. Ce
cette production est susceptible, le Roi a dé- n’est pourtant pas ma faute s’il s’impatiente.
terminé de faire constater de la manière la plus Cependant, il n’est pas gracieux pour moi de
précise la quantité de terrain qui est propre au recevoir de sa part des reproches là-dessus,
chanvre dans chaque province, ce d’après les que vous auriez pu éviter si vous vous étiez
ordres de M. l’Intendant. Je vous prie de me conformés à ma première dépêche. J’espère
donner très exactement et le plus tôt possible que vous aurez plus d’égard à celle-ci…, sans
les éclaircissements ci-après… » quoi je me plaindrai à M. de La Tour de votre
« Culture du chanvre » - extrait - 1779 - HH1 - Archives Mu- négligence dans l’exécutif… » !
nicipales de Mandelieu « Commerce du ver à soie » - Extrait - 1763 - HH1 - Archi-
ves Municipales de Mandelieu
C’est avec autant d’énergie qu’on les engage à
l’élevage du ver à soie, afin d’approvisionner Depuis le Moyen-Âge, un « relais de Poste
les troupes en « soye blanche de marin » ren- aux chevaux » existait au quartier des Ter-
due extrêmement rare et excessivement chère mes, offrant une halte aux voyageurs et aux
« par les défenses que l’empereur de Chine a militaires. Il succédait peut-être à l’un des
fait de sortir cette soye de ses états et les cir- nombreux greniers romains qui jalonnaient la
constances de la guerre… ». « voie aurélienne »…
Un courrier de M. de La Tour, adressé à la com- Un autre relais est Château Vieux
munauté de Mandelieu, accompagnait les ins- également attesté à rénovation actuelle
tructions de sériciculture édictées par le Sieur Minelle, quartier du
Riouffe de Thorenc. Tremblant.

Mais il faut croire que le 1er consul de Mande-


lieu manqua d’empressement dans sa réaction

Château Vieux
XIXe siècle
(ancien relais
des Postes)

Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine 25 -


ACTE XI XVIII e siècle
Les prémices d’une révolution

En 1762, la chapelle Saint-Pons, face aux rui- Achevée en 1764, l’église est dédiée à Saint-
nes du château de Mandelieu, est tellement dé- Hubert, patron des chasseurs, auquel Saint-
labrée que l’Évêque de Fréjus exige l’édification, Pons demeure associé par tradition. Un tableau
au nouveau village de Capitou, « d’une église les représentant tous deux, au côté de Saint-
décente, convenable et assez spacieuse pour Pierre et de la Vierge Marie, orne l’intérieur de
contenir le nombre des habitants, laquelle sera l’édifice.
placée à la portée et à la plus grande commo-
dité du peuple… ». Les conseillers municipaux l’ont commandé au
« Procès-verbal de visite de la chapelle St-Pons » Extrait - Sieur Marolle, artiste peintre parisien séjournant
GG2 – 1762 – Archives Municipales de Mandelieu.
à Grasse, pour la somme de 100 livres, la com-
munauté de Mandelieu se chargeant de fournir
Maintes querelles vont survenir entre la commu-
la toile et le châssis de bois… !
nauté de Mandelieu et Dom Moricaud, l’abbé
de Lérins, qui refuse de payer le tiers des frais
Un an plus tard, les habitants sollicitent une
réclamés pour la construction de l’église.
cure. Ils se plaignent en effet du mauvais ser-
Celle-ci est finalement confiée à Hubert Gigot,
vice assuré par le curé de La Napoule, François
maçon de la ville de Cannes.
Gonelle, dont la paroisse est très éloignée de la
nouvelle église.

Cependant, cette requête demeurera long-


temps vaine…
Église de Capitou

- 26 Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine


« Requête à l’Évêque de
Fréjus pour l’érection d’une
cure »
extrait-GG2 - 1767
Archives Municipales
de Mandelieu

Transcription
« …tant de difficultés
qui deviennent dans
de certains temps
insurmontables
obligèrent cette
communauté de demander l’érection d’une cure à votre Grandeur par requête du 21 octobre 1763, les habitants animés
par les exemples frappants qu’ils ont vu et qu’ils voient tous les jours ; tels que la mort sans sacrement de leurs parents ;
les transports indécents de leurs cadavres sur des charrettes de Mandelieu à La Napoule qui, dans certaines occasions,
ne pouvant plus faire le trajet très long à cause des débordements et des inondations, sont nécessité de garder les
cadavres trois ou quatre jours ; des enfants morts sans baptême ; n’étant plus question de faire des relevées de couches ;
aucune instruction aux enfants, soit pour la confirmation, soit pour la première communion… »

Le 7 février 1757, le roi Louis XV est victime L’auteur du coup de couteau porté contre Sa Ma-
d’un attentat. Cette lettre devait rassurer tous jesté était le fils d’une famille de fermiers ruinés.
ses sujets de la Province ! Il voulait rappeler au Roi ses devoirs envers son
peuple. Condamné pour régicide, Robert Fran-
çois Damien aura la main brûlée par du plomb
fondu, avant d’être écartelé en place de Grève.

Extrait d’une lettre adressée à la communauté de Mandelieu - CC3 - 1757 - Archives Municipales de Mandelieu

Transcription
« …Copie de la lettre de Monsieur l’Intendant du 16 février 1757 audit Sieur Riouffe de Thorenc.
Vous avez su, Monsieur, l’attentat affreux qui a été commis contre la personne du Roy. Le bruit qui s’en est répandu dans
la province a porté la consternation et l’effroi, mais plus la nouvelle est accablante, plus je m’empresse d’adoucir et calmer
les justes alarmes qu’elle a causées. La blessure, quoiqu’assez profonde, n’a point été dangereuse. Les symptômes sont
favorables et Sa Majesté est aussi bien qu’elle peut être dans l’état où elle se trouve. Je ne doute pas que vous n’ayez
soin de répandre cette consolante circonstance dans tous les lieux de votre subdélégation afin de dissiper les inquiétudes
et rassurer les esprits. Je suis,
Monsieur, votre humble et dévoué
serviteur. Signé La Tour, à l’original. »

Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine 27 -


ACTE XII 1789

LA FIN DES PRIVILÈGES


EXILS ET CONFISCATION DES BIENS
DE LA NOBLESSE ET DU CLERGÉ

E
n 1789, la Révolution apporte la liberté à
Mandelieu et La Napoule qui souffraient
de trop lourdes impositions et d’une
autorité souvent arbitraire.

Le 23 mars 1789, à défaut d’Hôtel de Ville, c’est


dans la maison du premier consul, Boniface
Ardisson, que se réunit l’assemblée commu-
nale pour rédiger « le cahier des doléances,
plaintes et remontrances », des habitants de
Mandelieu.

Ils réclament à Sa Majesté Louis XVI que les


La liberté guidant le peuple (Eugène Delacroix) droits de « dixme », de « tasque » et autres
impôts ou corvées, soient supprimés et que
les biens des privilégiés deviennent « biens
nationaux ».

Extrait du cahier des doléances des habitants de Mandelieu-


BB1 - 1789 - Archives Municipales de Mandelieu

Transcription
« …de leurs doléances, plaintes et
remontrances, lesquels ont fait ainsi et de la
manière qui suit.
Doléances
Il a été arrêté par tous les susdits habitants et
possédant biens au présent lieu de Mandelieu
que les Srs députés qu’auront élus l’Ordre du
Tiers pour attester et voter aux États généraux
de France, seront expressément chargés d’y
solliciter
1° - La réformation du Code Civil et Criminel
2° - La suppression de tous les tribunaux
inutiles et onéreux… »
3° - Une attribution à ceux des
arrondissements de souveréneté jusques
au concurrent d’une somme déterminée
4° - L’abrogation de toute lettre attentatoire à
la liberté des citoyens de tout… ministériel
5° - La faculté au Tiers État de concourir pour tous les emplois militaires, grades, bénéfices et
charges
6° - La vénalité des officiers sera supprimée… »

- 28 Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine


C’est ainsi que la municipalité se porte acquéreur
du château et des terres de Mandelieu, jusque-
là possédées par les chanoines du Chapitre de
Grasse.

Intention d’acquisition de biens seigneuriaux - BB4 - 1790


Archives Municipales de Mandelieu

Transcription
« Département du Var, District de Grasse, Canton
de Cannes, Municipalité de Mandelieu.
Nous Maire et officiers municipaux de la
municipalité de Mandelieu, en exécution de la
délibération prise par le Conseil Général de la
commune le premier août mil sept cent nonante
et conformément à l’autorisation qui nous en
est donnée : déclarons que nous sommes dans
l’intention de faire, au nom de notre commune,
l’acquisition des domaines nationaux dont la
désignation suit.
Premièrement, du château, chapelle, four, parc,
le tout attenant, terres labourables, vignes, prés,
bois, étang et dépendance.
De même que des droits ci-devant seigneuriaux
consistant à une tasque sur tous les grains, foins,
à raison du dixième ; droit de caucade ; droits de
lods1 sur les ventes et mutations, et autres petits
droits mentionnés dans l’acte du nouveau bail de
ladite terre du 27 février 1706, de même que des
capitaux en bestiaux, grains, foins et pailles, et
attraits de ménage mentionnés au rapport dont le
fermier est chargé… »

Accompagnant la copie de la « soumission » faite


par notre communauté à l’Assemblée Nationale
pour l’acquisition des domaines, cette plainte
est adressée aux administrateurs du Directoire
du département du Var. Elle décrit la triste si-
tuation des habitants de Mandelieu et supplie
« ces Messieurs » de bien vouloir appuyer leur
démarche et leur accorder l’aide nécessaire à
l’assèchement des marais.
« …Nous avons l’honneur de vous observer, nous emportent bien souvent nos semis, lors-
Messieurs, que notre commune est sûrement la que les grains sont semés, qui les noient et que
plus pauvre et la plus petite commune du district, la continuation des pluies pendant les semen-
inhabitée à cause de l’intempérie de l’air par les ces nous empêche de ressemer quelques fois
marais, et de l’étang que nous confrontons avec jusqu’à la récolte des blés et des foins, qui sont
La Napoule, ce qui nous donne beaucoup de les deux seules denrées que nous ayons… »
maladies et surtout de fièvres ; d’un autre côté, « Plainte des habitants de Mandelieu » - extrait - BB4 -
1790- Archives Municipales de Mandelieu
nous avons la rivière de Siagne qui nous oc-
casionne de temps en temps des débords qui

Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine 29 -


ACTE XII 1789
La fin des privilèges

La municipalité de Mandelieu ne pourra cepen- émanations de cet étang sont tellement pesti-
dant réunir la somme exigée pour l’achat de lentielles que, dans l’espace de trente années, il
l’ancienne seigneurie des chanoines et c’est au a dépeuplé les villages de Mandelieu et La Na-
dernier enchérisseur, Sieur Jean-Joseph Court poule, une demi-lieue carrée autour de l’étang ;
(de Fontmichel), que les terres seront finalement et telle est l’intensité actuelle de ce foyer de
adjugées le 26 mai 1791. méphitisme qu’il est inouï qu’un fermier ait sur-
vécu à la deuxième année de son bail. ».
Le sort des pauvres paysans capitoulans ne
changera donc guère. Ils devront se conten- Aubin-Louis Millin, naturaliste français, dépeint
ter, comme auparavant, de cultiver les terres le territoire en 1807 : « … il est si malsain que se-
les moins riches et continueront de lutter pour lon une expression populaire les poules y ont la
maintenir un droit de parcours pour leur bétail. fièvre… Il n’y a qu’un petit nombre d’habitations,
on y cultive les orangers pour les fleurs dont la
Le rapport d’un certain Jean-François Fabre, récolte est très abondante et que l’on vend aux
Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées du parfumeurs de Grasse et de Nice. » !
Var, décrit la plaine de la Siagne en 1799 : « les

Extrait d’une délibération


du Conseil Municipal
1D25-1798
Archives Municipales
de Mandelieu.

Transcription
« …(Du deux ventôse an VI de la République française, une et indivisible, nous agent et adjoint) de la commune de
Mandelieu, en conformité de la loi du 23 nivôse an VI relative aux arbres de la liberté et de l’arrêté de l’administration
centrale du département du Var du 15 pluviôse même année, avons fait renouveler l’arbre de la liberté par un arbre vivace
dit ormeau, et conformément aux dispositions de la même loi, avons fait inhibitions et défenses à tout individu de le mutiler
ou abattre, sous peine d’être puni de quatre années de détention.
À Mandelieu, le jour, mois et an que dessus. Caire, agent municipal. »

Cependant, l’insalubrité du territoire n’empêchera


Plantation de l’arbre liberté pas les Mandolociens et les Napoulois de fêter di-
gnement la nouvelle « République » et de planter
l’arbre de la liberté. La « souveraineté du peuple »
est célébrée au son des fifres et des tambours.

On procède à l’établissement du cadastre… Le


relevé des parcelles est fait par un « Ingénieur
Vérificateur du Cadastre » et se base sur les ti-
tres de « propriété ou de jouissance de trente
années sans interruption ». En effet, l’opération
ne se passe pas sans heurt, plusieurs individus
revendiquant parfois le même terrain, certains

- 30 Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine


Cadastre napoléonien
l’ayant acquis très récemment et d’autres l’ayant Celles réservées aux ouvriers et domestiques section A,
même, tout simplement, usurpé à la commune. sont plus modestement meublées d’une paillas- 1ère feuille - 1809
Archives Municipales
Ainsi trouve-t-on, dans les archives de la ville, se et d’un matelas de laine, de couvertures et de Mandelieu
un « Rapport Descriptif des carrières communa- de traversins.
les2, des biens usurpés à la commune et des
empiétations faites sur les droits communaux » Jean-Baptiste de Montgrand signale la présen-
daté du 12 octobre 1819 ! ce au château de 4 ballots étiquetés et d’une
malle contenant ses vêtements d’hiver et ceux
À La Napoule, comme tous les biens des nobles de ses domestiques.
émigrés et de l’Église, le château est confisqué Voici ses instructions « poivrées » les concer-
avec les terres attenantes. Mis en adjudication, nant : « Nota : Il faut de temps en temps visiter
le domaine est vendu comme « bien national ». si les vers ne les gagnent pas, et en ce cas les
Il est acquis par un certain Joseph Coudemon. secouer, les battre et les vergeter, et y parsemer Extrait de
l’inventaire de
La famille de Montgrand s’exile en Italie. chaque fois quelques pincées de poivre en pou- J.B. de Montgrand
dre du paquet de poivre que j’y laisse avec. » 197J97 - 1781
Dans les archives personnelles des de 197J97 - Fonds privé de Montgrand déposé aux Archives Archives
Départementales Bouches du Rhône Départementales
Montgrand se trouve un inventaire des meubles
Bouches du Rhône
et du linge de maison. Il a été dressé en 1781
par le Marquis Joseph Jean-Baptiste de
Montgrand, Brigadier d’infanterie, Maréchal des
camps et armées du Roi, Chevalier de Saint-
Louis. Voir un extrait ci-contre.

On y découvre avec intérêt la description du


riche et précieux mobilier des appartements
de son père, dit « Rouge » et de sa mère, dit
« Bleu ». Les autres chambres du château por-
tent les noms évocateurs de « Madame Fleu-
rie », « Madame Sophie », « Madame Bibi » ou
encore « Madame Flore »…

1 - Lods = taxe sur les ventes immobilières


2 - Les mots « carrières » ou « carraires » désignent les rou-
tes en Provence.

Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine 31 -


ACTE XIII XIX e siècle

UNE GOUVERNANCE
MOUVEMENTÉE
MANDELIEU ET LA NAPOULE
Entête 1D1 - 8 nivôse,
VIVENT AU RYTHME DES CHANGEMENTS
an 9 de la République
(1800) DE RÉGIME
Archives Municipales

D
de Mandelieu
urant ces quelques dizaines d’an-
nées, les français vivent une vé-
ritable alternance de pouvoirs,
passant successivement du Direc-
toire au Consulat et à l’Empire, puis
de la Restauration de la Royauté à la
Deuxième République, et enfin, du
Second Empire à l’installation défini-
tive de la République…

Mandelieu et La Napoule vont ainsi


progressivement se transformer.

Nos archives conservent la trace de


ce siècle mouvementé sur de multi-
ples documents, telles les nomina-
tions du maire et des adjoints, dont
l’entête change et témoigne du ré-
gime du moment.

Entête 1D1 - 20 janvier 1808


Archives Municipales de Mandelieu

Entête 1D1 - 24 mai 1807


Archives Municipales de Mandelieu

- 32 Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine


Entête 1D25 - 20 juin 1851
extrait du registre des délibérations du Conseil Municipal
Archives Municipales de Mandelieu

Archives
privées
M. Merle
18 juin 1855

Entête 1D1 - 28 septembre 1840


Archives Municipales de Mandelieu

La société va connaître de profondes muta-


tions au cours de cette période qui consti-
tue, tant sur le plan économique que politi-
que, une phase de transition entre ce qu’on
appelle « l’Ancien Régime » et une nouvelle
ère, industrielle et commerciale.
Archives
Notre commune vivra tranquillement, mais privées
M. Merle
sûrement, cette métamorphose… 11 janvier 1861

Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine 33 -


ACTE XIII XIX e siècle
Une gouvernance mouvementée

UNE VERRERIE
DANS UN CHÂTEAU… Château de La Napoule en ruines

ET DES « FAINÉANTS » EN FÊTE !


À son retour d’exil, après le Les marseillais doivent à ses 17 ans de magis-
rétablissement de la royauté, Jean- trature l’édification de l’Arc de triomphe de la
Baptiste de Montgrand s’engage dans porte d’Aix, la création du Musée d’Histoire na-
la vie politique. Il devient conseiller turelle, la construction de l’Hôpital Caroline ainsi
municipal, puis est élu maire de que plusieurs écoles et fontaines.
Marseille de 1813 à 1830. Louis XVIII
le nomme préfet des Bouches-du- Le château de La Napoule lui est restitué, dé-
Rhône en 1815, « Chevalier de l’Ordre vasté. Il s’emploie à racheter les terres de l’an-
Royal Constantinien des Deux Siciles » cienne seigneurie, vendues pendant l’époque
et « Officier de la Légion d’Honneur ». révolutionnaire.
J.B. de Montgrand

Intallation gobeletterie - 1B1 - 1837


Archives Municipales de Mandelieu
Transcription
Préfecture du Département du Var
Louis Philippe, Roi des Français
À tous, présents et à venir, Salut,

Sur le rapport de Notre Ministre Secrétaire


d’État des travaux publics, de l’agriculture et
du commerce,
Vu la demande du Sieur Louis Barthélemy,
tendant à obtenir l’autorisation d’établir deux
fours de verrerie pour la fabrication de la
Gobeletterie et des bouteilles de capacités
diverses dans la propriété du Sieur Montgrand,
au quartier de Napoule, commune de
Mandelieu (Var) ;
Les certificats d’apposition d’affiches dans
les diverses communes intéressées ;
Le procès-verbal d’enquête de commodo
et incommodo duquel il résulte que ladite
demande n’a fait naître aucune opposition ni
réclamation ;
L’avis du conservateur des forêts ;
L’avis du préfet ;
Vu le décret du 19 octobre 1810 et
l’ordonnance réglementaire du 14 janvier 1819 ;
Notre Conseil d’État entendu ;
Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit :

art. 1er Le Sieur Louis Bathélemy est autorisé…

- 34 Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine


Chapelle Notre-Dame
de l’Assomption - La Napoule

Durant toute cette période, le territoire de La


Napoule avait été rattaché à la ville de Fréjus. Une
loi du 6 juillet 1836 rend officielle sa réunification
à Mandelieu. En 1860, les deux villages seront
dissociés du Var et rejoindront le département
des Alpes-Maritimes, tout fraîchement créé
avec l’ancien Comté de Nice.

Les de Montgrand, accaparés par leur vie


marseillaise, délaissent leur domaine napoulois.
Le château est en ruine et un certain Louis
Barthélémy, maître verrier, obtient l’autorisation d’y
installer sa fabrique en 1837. Plus tard, la famille
s’établira à Cannes-La Bocca, dans le quartier
qui porte encore le nom de la « Verrerie ».

C’est à cette époque que naît la fête de la


Saint-Fainéant : une fois l’an, il était nécessaire
de nettoyer les fours qui servaient au fonction- Le château est finalement vendu, en 1876, à la
nement de l’usine. On les sortait sur la place famille Charrier qui le restaure dans un style très
pour les récurer. « bourgeois », avec petites tourelles et tuiles rou-
Pendant ce temps, les ouvriers de la verrerie ges qui détonnent sur l’ensemble moyenâgeux. Château
étaient de repos. Ils chantaient et dansaient au fin XIXe siècle
quartier.

Fête de la Saint-Fainéant - 1960


Pêcheurs

Sur le bord de mer, les pêcheurs ne chômaient


pas et tiraient inlassablement leurs filets, criant
« les fainéants » devant les farandoles des
ouvriers verriers en fête !

Pendant la période révolutionnaire, la chapelle


Notre-Dame de l’Assomption, située dans l’en-
ceinte du château de La Napoule, avait été dé-
vastée et servait de bergerie. Elle ne sera ren-
due au culte qu’après 1831.
Lors de travaux de réfection, on a découvert des
greniers à fourrage au-dessus de la sacristie et
des mangeoires dans le mur « Est » de l’église.

Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine 35 -


ACTE XIV 1830-1883

DE NOUVELLES
PRÉOCCUPATIONS
APPARAISSENT…

PREMIERS PAS VERS UNE INSTRUCTION


GÉNÉRALISÉE
UN PROBLÈME DE CIMETIÈRE…

E
n 1830 se pose, pour la première fois, la Pendant trente ans, les sept instituteurs suc-
question de l’instruction primaire dans cessifs vont rencontrer bien des difficultés, liées
la commune. En effet, le gouvernement a tant au manque d’assiduité des élèves qu’aux
décidé d’étendre l’enseignement public jusque problèmes récurrents de budget communal
dans les plus petits villages ruraux. À cette date, et de local scolaire. Ainsi, l’école déménagera
seuls quelques enfants privilégiés fréquentaient souvent… Elle est finalement installée aux Ter-
les écoles de Grasse ou de Cannes. mes, dans un bâtiment délabré, loué 180 francs
l’année au fermier de M. de Montgrand.
Il faudra pourtant patienter plusieurs années
avant que ne s’ouvre une école à Mandelieu. De L’intérêt pour l’instruction se généralise et
toute évidence, la question ne semble pas prio- le 9 février 1862, le maire exposait à son
ritaire au Conseil Municipal qui, réuni à ce sujet Conseil que « l’école primaire ayant besoin
en 1831, et « considérant que, la population d’être répandue afin d’éclairer le peuple, il était
de la commune étant de moins de 200 âmes,
Manuel scolaire, fond privé Giordanengo
n’est pas en mesure d’entretenir un instituteur
primaire et que, d’autre part, le peu d’enfants de
la commune étant occupé quotidiennement à
des travaux agricoles, décide qu’il n’y a pas lieu
de créer une école publique » !

Le Préfet mettra pourtant la commune en de-


meure six ans plus tard. Après bien des péri-
péties pour trouver un local et les fonds néces-
saires à l’ouverture d’une classe, M. Depierre
prend enfin ses fonctions d’instituteur au début
de l’été 1841. C’est l’époque des moissons et
il n’y aura que trois enfants pour suivre ses pre-
mières leçons !

Les cours ne sont pas gratuits. Il en coûte aux


parents la modique somme de 1 franc pour ap-
prendre l’alphabet ; 1,50 francs pour les leçons
d’écriture et de lecture, et 2 francs pour celles
d’arithmétique ! Cette école, d’abord située à
Capitou, n’est destinée qu’aux seuls garçons.
Ils s’y rendent depuis les différents hameaux de
Mandelieu, La Napoule et Théoule.

- 36 Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine


nécessaire d’avoir un local convenable pour
recevoir une école mixte ». Les filles vont enfin
pouvoir accéder au savoir ! L’école des Termes
devient une école publique mixte.

Mais la mixité scolaire ne convient guère à la


mentalité puritaine de l’époque. Quelques
« personnes charitables » s’en émeuvent, à tel
point que la commune décide, le 2 mai 1868,
la mise à disposition d’une maison pour l’école
« congréganiste des filles ». Il s’agit d’une piè- Grand-mère de Maurice Muller Capitou - École des filles
ce, adossée au mur de l’église de Capitou, et
d’un petit jardin attenant. Cependant, depuis quelque temps, Mandelieu
n’a étrangement plus de cimetière. Les morts
Cette division de l’enseignement, nécessitant la du village sont enterrés au cimetière de Pégo-
rémunération d’une maîtresse « pour les travaux mas, tandis que les « étrangers » sont inhumés
d’aiguille » et celle d’un instituteur, est onéreuse. dans les champs.
Elle n’incitera pas la commune à s’endetter da-
vantage pour l’instruction publique. Le Conseil Municipal s’inquiète de cette situa-
Il faudra donc attendre l’année 1874 pour que soit tion dans sa délibération du 10 mai 1840 :
votée la construction d’une nouvelle école pour les «...la commune de Mandelieu est encore privée
garçons. Elle sera édifiée aux Termes en 1877. Le de cimetière ; les cadavres portés précédemment
budget communal prévoit même l’achat d’un poêle à celui de Pégomas… mais lorsque les étrangers
(quel luxe !) et l’installation d’une bibliothèque. sont morts dans son territoire, on les a souvent
Le maire propose bientôt d’y créer un pensionnat enterrés en plein champ, ce qui représente un
ainsi que des cours pour adultes, et la première danger qu’il convient d’éviter ; par quoi, le Conseil
distribution des prix est organisée en 1880. Municipal a délibéré d’affecter la somme de
150 francs à la construction d’un cimetière, clos
de murs de deux mètres de hauteur, qui sera
d’une contenance de 64 mètres carrés et pla-
cé sur le terrain communal, au Nord-Ouest du
village, à une distance d’environ 200 mètres, le
terrain étant trop rocailleux au-delà de cette dis-
tance pour pouvoir servir à cette destination… ».

Ainsi est créé le cimetière de La Napoule qui


devient très vite trop exigu. Il sera progressive-
ment agrandi… jusqu’à ce que son transfert
Réclamé depuis un siècle, un presbytère est et la construction d’un nouveau cimetière à
finalement élevé à Capitou en 1865. Il est tou- Capitou soient décidés en 1883.
tefois partagé en deux, un côté étant réservé à
Monsieur le curé, l’autre à Monsieur le maire ! Quant au cimetière Saint-Jean, il ne verra le Capitou
jour qu’un siècle plus tard, en 1985. église et
Ils vivront ainsi en bonne entente jusqu’à la presbytère
construction d’une mairie aux Termes en 1929.

Une autre question délicate se pose à la com-


mune durant ces années, celle de l’inhumation
de ses morts.

En effet, les fouilles archéologiques ont bien révélé


l’existence de plusieurs nécropoles sur le territoire
dont l’une à Saint-Cassien et une autre à Minelle.
Leur utilisation est d’ailleurs attestée depuis les
temps préhistoriques jusqu’au Moyen-Âge (vases
cinéraires, sépultures à coffrage…).
Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine 37 -
ACTE XV 1880-1914

UNE BIEN
« BELLE ÉPOQUE »
MANDELIEU,
LA VILLE
DE L’ÉLÉGANCE

À
la fin du XIXe siècle, la Côte d’Azur, reliée à Pa-
ris par le chemin de fer depuis 1864, devient
le salon de l’aristocratie internationale. Affiche « belle époque » PLM

La ligne du PLM (Paris-Lyon-Méditerranée) lon- Michel de Russie, l’oncle du tsar Nicolas II,
ge la baie de La Napoule et le conseil municipal que seront créés à Mandelieu le premier golf
de Mandelieu réclame aussitôt une gare… Une de la Côte d’Azur, puis le polo et le champ de
halte ferroviaire ne sera cependant accordée et courses.
créée à La Napoule qu’en 1889.
De riches hivernants y construisent de belles
Notre ville devient « la cité des sports élé- demeures où sont organisées de fastueuses
gants ». C’est sous l’égide du Grand Duc réceptions…

Château neuf (Termes)

Pavillon des sports


Gare et voie ferrée Gd Duc Michel de Russie (restaurant de l’aviation)
et la comtesse Torby en face de l’hippodrome

Waldorf Hôtel
(actuelle mairie)

- 38 Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine


Maison du Grand Duc Michel de Russie
Tour du château
et villa Rochebelle
(La Napoule)

Toute la « Gentry » européenne se retrouve sur Ritz, fondateur de la fameuse chaîne d’hôtels,
le parcours du Golf Club de Cannes-Mandelieu concocte un menu « pantagruélique » au ban-
et dans les tribunes du Champ de courses… quet offert au Golf Club en l’honneur du Prince
En 1892, le prestigieux chef-cuisinier César de Galles, le futur Edouard VII.

Élégantes devant le
champ de courses

Golf, Polo,
Hippodrome…

La grande
duchesse Cyrille
e
Au début du XX siècle, le « Waldorf Hôtel « (ac- ciplinaire militaire, le développement de l’initia- au Golf-Club
tuelle mairie) devient « l’École de l’Estérel », tive individuelle contenue, bien entendu, dans
collège privé, dans le style des universités bri- les limites au-delà desquelles elle dégénère en
tanniques, « fondé par des pères de famille, en désordre ; au lieu de la compression qui, en les
vue de donner aux enfants la meilleure, la plus abaissant, dénature les caractères, la persua-
complète, la plus rationnelle éducation françai- sion qui, en les relevant, les ennoblit ; au lieu des
se ». Les parents des pensionnaires sont issus anciennes méthodes traditionnelles, des procé-
du monde des diplomates et des hauts fonc- dés nouveaux qui, permettant une meilleure ré-
tionnaires. Le règlement intérieur, daté de 1903, partition du travail, assurent un plus juste équili-
nous en rappelle les principes essentiels : bre entre les diverses études, et donnent, sans
«…au lieu d’une geôle urbaine, une maison fa- en perdre, un peu plus de temps à l’hygiène
miliale à la campagne ; au lieu du système dis- corporelle qui est en définitive celle de la santé.

Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine 39 -


ACTE XV 1880-1914
Une bien « belle époque »

Tel est, en quelques mots l’esprit de l’institu- Envisagé depuis le début du siècle, un « port »
tion… C’est surtout dans un collège comme est enfin construit à La Napoule. Le 1er mai
celui de l’Estérel qui emprunte au voisinage de la 1909, le Grand-duc Michel de Russie pose la
mer et à sa ceinture forestière, une atmosphère première pierre de ce qui n’est, en fait, qu’une
d’une pureté exceptionnelle, que les conditions « jetée-embarcadère » pour les pêcheurs et
scientifiques indispensables aux exercices mé- les hivernants, à la plage de La Raguette. La
thodiques se trouvent réalisées dans leur plus construction du port de plaisance actuel débu-
haute portée physiologique… » tera seulement en 1967.
Règlement du collège de l’Estérel - 1903-1R1
Collège de l’Estérel
Archives Municipales de Mandelieu
actuel Hôtel de ville Dans l’intérêt du développement touristique de
la commune, le conseil municipal demande et
obtient la création d’un bureau téléphonique
aux Termes.

Passionné d’aéronautique, le Grand Duc


organise en avril 1910, au Port-Aviation de La
Napoule, la « Grande semaine de l’aviation » où
le célèbre Popoff réussit l’aller-retour aux îles de
Lérins ! Quelques têtes couronnées assistent à
ce grand événement.

Aérodrome de Mandelieu

Dès 1903, la ville réclame le prolongement jus-


qu’à La Napoule de la ligne de tramway reliant
Cannes à La Bocca. Le conseil municipal de
Délibération du Conseil Municipal - 1906 - 1D28 - Archives Municipales de Mandelieu
Mandelieu argumente le projet en indiquant :
«…les mouvements de voyageurs qu’attireraient
Délibération du Conseil Municipal - 1902 - 1D28 - Archives Municipales de Mandelieu
certainement :
1. le tir aux pigeons très fréquenté dans la sai-
son d’hiver.
2. le Gracieux Ermitage de St Cassien… Le jeu
de Foot-Ball qui vient d’y être créé et enfin les
nombreuses fêtes champêtres qui s’y don-
nent pendant l’été.
3. La nouvelle école de l’Estérel dont la réputa-
tion va en s’étendant…
4. Le Golf-Club, où chaque jour pendant la sai-
son des étrangers, les membres… emprun-
teraient certainement le tramway.

Si on y ajoute à ces divers éléments le mouve-


ment local de La Napoule et de Théoule, deux
hameaux fréquentés en hiver par les étrangers

- 40 Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine


Terminus du tramway avenue de Fréjus Tramway avenue de Cannes

et l’été par les Cannois et encore le développe-


ment que ne manquera pas de produire la mise
prochaine en service de la nouvelle route, la
Corniche de l’Estérel, on est forcément amené
à conclure que l’opération du prolongement du
tramway est une bonne affaire… ».
Délibération du Conseil Municipal – 1D28 – 1903 – Archives
Municipales de Mandelieu

En 1910, le nouveau tronçon de la ligne est


inauguré. Mandelieu est dès lors reliée à Can-
nes, le tramway s’arrêtant à l’hippodrome.
Délibération du Conseil Municipal du 2 juin 1901
La célèbre « Corniche d’Or » va bientôt relier 1D28 - Archives Municipales de Mandelieu
Théoule à Saint-Raphaël, par le bord de mer. La
Durant cette « Belle époque », plusieurs
route emprunte l’ancien chemin des douaniers,
artistes vont venir chercher l’inspiration à
appelé « La Pentière »… En remerciement, le
Mandelieu…
Conseil Municipal décide, par une délibération
du 2 juin 1901, de dénommer cette « belle et
Guy de Maupassant aimait parti-
superbe » route « Boulevard du Touring Club
culièrement se ressourcer l’hiver
de France » qui en est l’initiateur et dont les lar-
dans notre région. On pouvait sou-
ges subventions ont permis sa construction.
vent le voir escalader le mont San-
Peyre pour y admirer le paysage.
Au cours de ses promenades, il fit
la rencontre d’un ermite qui vivait
dans la petite chapelle en ruine au
sommet de la colline. Leur amitié
durera plusieurs années et inspirera
l’écrivain. En 1886, il publiera une nou-
velle intitulée « l’Ermite »…
Guy de Maupassant

Sur l’invitation de son ami Frank


Harris, Oscar Wilde viendra pas-
Corniche d’or
ser l’hiver 1898 à l’hôtel des Bains
La Napoule, Hôtel des Bains de La Napoule (actuelle Résiden-
ce Estérel). Déprimé par 2 ans
d’emprisonnement, l’écrivain est
en panne d’inspiration poétique. Il
est conquis par la symphonie des
couleurs et des parfums de notre
cité méditerranéenne où il aime
se promener. Aucune œuvre de
cette époque napouloise ne sera
cependant publiée. Il meurt à Pa-
ris en 1900.

Oscar Wilde

Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine 41 -


ACTE XVI 1860-1970

UNE « CITÉ D’OR »


Usine Nicolas

QUAND NOS COLLINES


SE COUVRENT DE MIMOSA…

L
e Hameau des Termes, commerçant et
industrieux, va progressivement prendre le
pas sur les autres quartiers, devenant ainsi
le cœur actif de la ville.

Il s’y installe notamment deux tuileries et une


manufacture de bouchons occupant jusqu’à
300 ouvriers.

Centre-ville - Les Termes

- 42 Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine


Capitou, Place centrale

La culture et le commerce du mimosa vont


faire la gloire de la cité. Cet arbre, apparenté à
l’acacia, est originaire d’Australie et de Nouvel-
le-Zélande. Importé par les hivernants anglais,
il s’acclimate merveilleusement sur nos collines
capitoulanes. Clément Nabonnand, fils du célè-
bre horticulteur botaniste de Golfe-Juan, Gilbert
Nabonnand, s’installe à Mandelieu où il organise
la culture intensive de cette fleur et crée de nou-
velles variétés. Bien vite, d’autres mimosistes
prennent la relève.

Usine Nicolas

Étiquette
savon mimosa

Greffage du mimosa

Parmi les mimosistes qui ont marqué l’his-


toire de notre ville, on évoquera la famille
de Maurice Muller, sympathique et em-
blématique figure du quartier de Capi-
tou auquel il voue une véritable pas-
sion… Organisateur de réceptions,
élu municipal et mimosiste depuis plu-
sieurs générations, il est le digne pe-
tit-fils de Marius Martin qui contribua à
l’essor de notre cité dès 1888 en tant
qu’adjoint aux maires Ludovic Guize
et Laurent Gandolphe.

Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine 43 -


ACTE XVI 1860-1970
Une « cité d’or »
Vannier
de Capitou

Forcerie
de mimosa

À cette époque, les bouquets de mimosa étaient


conditionnés dans des paniers tressés que fa-
briquaient les vanniers de Capitou. Ils étaient en-
suite expédiés aux quatre coins de l’Europe. La
création d’une halte ferroviaire à La Napoule, en
1889, avait en effet facilité la commercialisation
de cette fleur d’or qui, rentrant également dans
la composition des parfums de Grasse, devint
légitimement le symbole de la commune.

Baptisée « Capitale du Mimosa », notre ville cé-


lèbre sa floraison chaque année en février, au
cours d’une fête joyeuse où défilent en fanfare
les chars décorés de mille pompons jaunes.
Affiche mimosa
Fête du mimosa - 1967 Char des mineurs 1966

Guy Lux et Hervé Villard 1970

Péage autoroute
1966

- 44 Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine


Le Président Armand FALLIERES
et son ministre de l’Intérieur
Georges CLÉMENCEAU

UNE VISITE
PRÉSIDENTIELLE
À CAPITOU !
En 1897, une société composée de Lorrains et
d’Alsaciens acquiert une grande partie de la « car-
raire » communale pour y construire un boulevard.
Ils offrent aux capitoulans la statue de leur Sainte
Patronne, Jeanne d’Arc, à la condition toutefois
qu’elle demeure à cet endroit qui domine le villa-
ge… En remerciement, la municipalité baptisera la
place et la rue du nom de Jeanne d’Arc !

Le 28 avril 1909, Capitou est en effervescence !


Le presbytère-mairie reçoit la visite du Président
de la République Française, Armand Fallières,
accompagné de son ministre de l’Intérieur,
Georges Clémenceau. De ce passage, le registre
des délibérations du Conseil municipal garde la
trace des signatures au bas d’une page.

Place Jeanne d’Arc

Délibération du
Conseil Municipal
1909 - 1D28
Archives Municipales
de Mandelieu

Église
et presbytère
mairie de Capitou

Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine 45 -


ACTE XVII 1914-1918

LA GRANDE
GUERRE
LE PREMIER CONFLIT MONDIAL SIGNE
LA FIN D’UNE ÉPOQUE FASTUEUSE

L
a première guerre mondiale va mettre un
brusque frein aux fastes de cette glorieuse
époque.

C’est avec émotion que, le 2 août 1914, le maire


de Mandelieu, Laurent Gandolphe, appelle les
hommes de la commune à se mobiliser, les en-
courageant à faire leur « devoir de bon patriote ».

Mais notre armée va vite s’enliser. Les troupes


Soldats devant Hôpital Libéria - Actuelle mairie
méridionales du XVe Corps sont injustement accu-
sées d’avoir fui devant l’ennemi en Lorraine les 19 les élus locaux à « maintenir partout une atmos-
et 20 août 1914, entraînant la retraite générale. phère de confiance », en jouant de leur influence
morale et patriotique sur la population. Il cite pour
Les plus braves se mettent à douter et la suspi- cela les paroles mêmes du Gouvernement :
cion s’installe. Le Ministère de la guerre traque « …Il faut qu’à l’heure où nos soldats donnent
les insoumis et les déserteurs. Il charge la Gen- sur le front l’exemple admirable du courage, de la
darmerie de retrouver, au moyen d’ordres de confiance et de la patience que met en eux la cer-
route adressés aux maires, la trace des hom- titude de la victoire, il faut que tous les concitoyens
mes manquant à l’appel ! comprennent que c’est une trahison véritable que
de contribuer à énerver et à inquiéter le pays. »
Sus au découragement ambiant… ! Le Préfet met Archives de Mandelieu - 4H1 - 17 juillet 1915.
en garde les « propagateurs de fausses nouvelles
pessimistes qui tendent, par des propos men- Réquisitionné durant ces sombres années, le col-
songers relatifs à l’état de la guerre, à semer le lège de l’Estérel se transforme en « Hôpital complé-
découragement ». Il demande à ce que ces dé- mentaire n° 68 » ou Hôpital Libéria. N’y sont reçus
tracteurs soient « déférés aux Parquets » et invite que de grands malades atteints de tuberculose.

Ordre de route - 1915


Archives Municipales
de Mandelieu

- 46 Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine


Hippodrome et box

L’hippodrome devient le terrain d’atterrissage et


d’entraînement des avions de combat. Derrière
celui-ci, la ferme Jacquin, qui abrite aujourd’hui les
Archives Municipales, sert d’atelier de réparation
aux avions. Georges Clémenceau l’avait baptisé
« Champs Elysées ». L’inscription était encore visi- Paul Tarascon
ble avant la restauration du bâtiment en 2002.
Paul Tarascon est l’un des valeureux pilotes hé-
ros de la Grande guerre. Bien qu’amputé acci-
dentellement d’une jambe en 1911, il s’illustre
dans les combats aériens, remportant quelques
17 victoires sur l’ennemi dont 12 seront homolo-
guées. Lors du second conflit mondial, sa mai-
son « les Ailes », construite en 1931 sur les hau-
teurs de Mandelieu, servira de refuge clandestin
aux agents de renseignements anglais, recher-
Lettre du Parc d’Artillerie de Place de Nice - Extrait
chés par la Gestapo entre 1942 et 1943.
Archives Municipales de Mandelieu - 4H1 - 1917

En décembre 1917, les services de l’Artillerie de


la marine de Nice envisagent d’installer, au Cap
Roux, un poste de défense contre les sous-ma-
rins ennemis.

Ils désirent y créer une « école de tir à obus ».


Toutefois, consciente du danger, l’armée ré-
clame l’approbation des maires concernés et
leur demande de mettre en garde la population.
Ainsi trouve-t-on dans les archives un courrier
du Général Noguès, commandant les Camps
de Fréjus-St Raphaël, adressé à M. le maire de
Mandelieu le 18 avril 1918 :
« Par suite de l’utilisation d’engins chargés sur le
territoire de votre commune, il peut se faire que
des grenades ou des obus non éclatés aient
échappés à la surveillance du service chargé
des recherches et de la destruction. J’ai l’hon-
neur de vous prier de bien vouloir prévenir vos
administrés, qu’il y a danger de mort de toucher
et de ramasser les engins précités. Toute per-
sonne qui trouvera un objet d’une forme incon- Monument aux morts de Mandelieu - Le maire L. Gandolphe et le Conseil Municipal
nue, devra avoir marqué l’emplacement par une
branche d’arbre fichée en terre, prévenir direc-
tement M. l’Officier de Tir de la Garnison qui fera
le nécessaire dans le plus bref délai. »
Archives de Mandelieu - 4H1 - 1918

Tirailleurs sénégalais à La Napoule

Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine 47 -


ACTE XVIII 1919-1939

NOS « ANNÉES
FOLLES »
Château Agecroft

L’ARRIVÉE DES CLEWS RÉVEILLE LA NAPOULE

E
n 1913 un riche écossais, Harry Leland de
Lengley, s’installe à Théoule et restaure l’édi-
fice construit sur l’ancienne savonnerie.

Après la guerre, il décide la construction d’un


château sur un terrain situé entre Maure Vieil et
le vallon de la Rague, non loin du Rocher des
Pendus. La nouvelle bâtisse est édifiée en pierre
rouge de l’Estérel. Deux tours carrées encadrent
des murs crénelés. Leland de Lengley la baptise
Château de Théoule
du nom d’Agecroft, en souvenir de la regrettée
propriété minière familiale perdue en Ecosse… Les Clews appréciaient particulièrement les fê-
Autour du château, les célèbres horticulteurs tes costumées. Ils aimaient recevoir au château
Nabonnand créent un superbe parc. des artistes ainsi que les grandes fortunes et les
têtes couronnées du moment…
Le domaine sera plus tard racheté par les
Houillères Nationales du Nord et du Pas- Après la mort d’Henry (1937), Mary Clews crée
de-Calais. Ce centre de repos, réservé au une fondation d’art afin de protéger et mettre
personnel, sera communément appelé « le en valeur les œuvres de son mari. Les deux
château des mineurs ». époux reposent désormais dans le château qui
abrite un Centre Culturel important. Des échan-
En 1919 Henry Clews, peintre et sculpteur ges se développent entre l’Amérique, l’Europe et
américain, héritier d’une famille de ban- la France… De jeunes artistes, en quête d’ins-
quiers de Wall Street, fait l’acquisition des piration, viennent chaque année y séjourner et
ruines du château féodal de La Napoule. l’on organise régulièrement, entre ses murs, des
Épaulé par son épouse Mary, il orches- spectacles et des expositions.
tre l’entière reconstruction de l’ancienne
demeure seigneuriale des « Villeneuve » L’ensemble du domaine est inscrit à l’Inventaire
et y crée un magnifique jardin. des Monuments Historiques depuis 1947.

Les Clews avec les domestiques


en tenue traditionnelle Mary et Henry Clews

- 48 Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine


Sculptures de l’artiste Clews
Henry Clews dans son atelier,sculptant le buste
du Comte Gaulthier-Vignal en 1933

Château et jardins

Sur la route de Pégomas, au milieu des vignes,


le château de La Tour se dresse à Mandelieu
sur les ruines de l’ancienne seigneurie des cha-
Spectacles noines de Grasse. Il appartenait à la famille Court
de FontMichel qui joua, dès le XVIIIe siècle, un
rôle majeur dans la vie économique et politique
de notre cité et contribua à l’assainissement de
la plaine marécageuse des deux Roubines. On
sait qu’en 1929, il est habité par la Comtesse
Château de la Tour
Manetti-Magnani. en 1929

Le quartier de Théoule
réclamait depuis long-
temps son autonomie.
Le 12 mars 1929, il
obtient son indépen-
dance et devient com-
mune à part entière,
avec les hameaux de la
Galère et la Figarette…
Et, le 19 mai 1929,
M. Charles Dahon est
Théoule
élu premier maire de la pointe de l’Aiguille
Théoule-sur-Mer !

Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine 49 -


ACTE XVIII 1919-1939
Nos « années folles »

École - Mairie (actuel Hôtel de police)

La même année 1929 s’achève la construction


d’un nouvel édifice au quartier des Termes. Il
doit abriter la mairie et les archives, ainsi que
l’école des filles et des garçons… On aménage
également la nouvelle place publique et son
chemin d’accès.

De station touristique hivernale, très appréciée


au siècle précédent, La Napoule devient pro-
gressivement un centre d’attraction toute l’an-
née. Nos plages ensoleillées voient affluer les
nouveaux adeptes du bronzage, du farniente
et des baignades estivales… Mais, dans notre
ville, on ne badine pas avec la décence et l’hy-
giène publique ! Lisez plutôt l’extrait de cet ar-
rêté, concernant la tenue aux bains, que signe
le maire Laurent Gandolphe en 1923.

Plage de La Napoule - Les cabines

Registre des arrêtés


du maire - 2D29
Archives Municipales Pierre-Louis d’Orléans-Bragance
de Mandelieu
C’est à Mandelieu,
où s’était installée
la famille impériale
brésilienne en exil,
que vont naître Louis
Gaston d’Orléans-
Bragance en 1938 et
Bertrand en 1941…
Les deux frères, de
retour au pays en 1945, mèneront campa-
gne en vain pour la restauration monarchi-
que au Brésil. L’un des héritiers de la cou-
ronne, Pierre-Louis d’Orléans-Bragance,
est disparu le 1er juin 2009 à bord du vol
Baigneuse sur la plage
447 Air France qui sombra au-dessus de
de la Raguette l’océan atlantique…

- 50 Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine


ACTE XIX 1940-1945

LE DEUXIÈME Affiche
mobilisation

CONFLIT MONDIAL
ADIEU L’INSOUCIANCE rafales de leurs mitraillettes. Parmi
ces vaillants combattants se trou-

L
e 1er septembre 1939, Hitler envahit la vent 67 militaires français du Groupe
Pologne. La guerre éclate. La mobilisa- naval d’assaut corse. Onze d’entre eux y laisse-
tion générale des armées est ordonnée. ront leur vie et 27 seront faits prisonniers, avant
Comme toutes les villes de France, notre cité d’être délivrés par le groupe de résistants guidés
payera un lourd tribut lors de cette guerre… par l’héroïque Francis Tonner. Ce dernier tombera
à Cannes le 23 août 1944, avec son camarade
La préfecture organise la distribution de mas- Henri Bergia, lors de la libération de la ville.
ques à gaz à la population civile dès 1940. Le même jour, Mandelieu et La Napoule sont éga- Propagande
lement libérés et les habitants assistent avec en- pétainiste
La désinvolture n’est plus de mise et le Golf
thousiasme au passage des troupes victorieuses.
Hôtel, « palace des années folles », ferme ses
C’est dans l’euphorie générale du moment que
portes. Réquisitionné pour la seconde fois, le
Janvier Passero, capitoulan d’origine grenobloise,
bâtiment (actuelle mairie) abrite les troupes ita-
sera mortellement blessé par l’éclat d’un obus. Il
liennes, puis l’armée allemande.
était âgé de 23 ans…
Dès octobre 1943, le château de La Napoule
devient une base militaire sous le pseudonyme Célébration de la
« Wn Edelweiss ». La plage de La Raguette libération devant
est un point d’appui pour les soldats italiens. la mairie (actuel
Hôtel de police)
Il est appelé « Luppo » (loup). Quatre blocs ou
« bunkers » y sont construits pour défendre la
plage et surveiller la voie ferrée.
Les habitants de La Napoule sont évacués par
ordre de la Kommandantur.
Un réseau de résistance s’organise à Cannes.
Mandolociens et Napoulois le rejoignent… Raoul
Attali, industriel cannois, est nommé Chef dé-
partemental de l’Armée secrète des M.U.R.1 en
juin 1943. Arrêté par la Gestapo le 15 novembre
de la même année, il est déporté à Auschwitz. Il
décédera à Katowice (Pologne) en avril 1945.
L’« opération Dragoon » libère la Provence de l’oc-
cupation nazie. Le 15 août 1944, les forces alliées
débarquent à Théoule sur la plage de l’Esquillon,
dans un champ miné par les allemands et sous les
Ordre d’évacuation
1943 - 4H2
Archives Municipales
de Mandelieu

Bunkers sur la voie


ferrée et la plage
1 - M.U.R. : Mouvements Unis de la Résistance. Organisation fondée en janvier 1943, elle regroupait les 3 réseaux de résis-
tance créés en zone Sud qu’étaient « Combat », « Franc-Tireur » et « Libération ».

Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine 51 -


ACTE XX 1945-1970

LA PROMESSE D’UN BEL AVENIR


LA VIE RENAÎT
À MANDELIEU ET LA NAPOULE

A
près ces rudes épreuves, le quartier des La Napoule cultive son attractivité touristique et
Termes poursuit son expansion commer- devient la destination privilégiée de nombreux
ciale et demeure le cœur dynamique et ad- amateurs d’arts ou de sports nautiques, de far-
ministratif de la cité. niente ou de balades romantiques…

Capitou préserve son caractère rural et villa-


geois, fêtant chaque année la Saint-Pons aux
sons des fifres provençaux…

Ancienne ferme Jacquin


(actuel service
Documentation
et Archives)

LES TERMES
Avenue de Cannes

ANNÉES 60

- 52 Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine


Capitou années 50/60

Église de Capitou

CAPITOU
ANNÉES 50/60

Capitou - Charrette de M. Belon Partie de pétanque à Capitou

ule
Port de La Napo

LA NAPOULE
ANNÉES 50/60

Port du Riou

Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine 53 -


ACTE XX 1945-1970
La promesse d’un bel avenir…

La Mère Terrat avec Edward G. Robinson et Kirk Douglas - 1953 Jeanne Moreau (restaurant La Mère Terrat) - 1958

Dans les années 1950, le restaurant de « La


Mère Terrat » est un haut lieu de la gastronomie
française. Les vedettes du cinéma aimaient s’y
retrouver pendant le festival de Cannes.
Cannes Marina
Du côté de Minelle, le ballet
des élégantes a disparu et
les cris des turfistes se sont
tus. Le champ de courses
hippiques a fait place aux
« Cannes-Marinas » et le Puits de Maure Vieil
quartier, devenu résiden-
tiel, savoure une tranquille Au pied de l’Estérel, le petit hameau de « Maure
joie de vivre. Vieil », avec sa placette et son puits ombragé,
était toujours habité après la guerre. Quelques
vestiges, pierres, débris de tuiles et citerne, té-
MINELLE moignent de l’existence d’un oppidum celto-li-
gure aux temps lointains.

En 1958 commence le chantier de l’autoroute A8


qui va bientôt rendre notre cité plus accessible,
l’ouvrant définitivement sur le monde et l’avenir.

La même année 1958, débute à Maure Vieil


l’exploitation d’une mine de spath-fluor. Ce
minerai entre dans la fabrication de l’acier et
de l’aluminium. La mine produit environ 10 000
tonnes annuelles. Après plusieurs accidents, la
commune réclame sa mise aux normes. Devant
la menace de fermeture, les employés décident
d’entamer une grève de la faim mais, après de
longues négociations, la mine est finalement fer-
Minelle et Argentière mée en 1976.

- 54 Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine


Chantier autoroute - 1958

Construite en 1967 à l’initiative de Jean Guyot,


beau-père du verrier Bob le Bleïs, la chapelle
mauresque « Notre-Dame du Labeur » de
Maure Vieil rappelle les temps lointains où ce
Article du 30 juin 1976 - Nice-Matin
lieu était un repaire sarrasin. Un amphithéâ-
tre adjacent rassemblait, en ces lieux chargés Chapelle
de mystère, de nombreux artistes et quelques des mimosas
adeptes d’un New-Age en quête d’une nouvelle
spiritualité et prônant le retour aux sources de
l’esprit et de la nature.

Quant à la Chapelle « Notre- Dame des Mimo-


sas », construite en 1927 au quartier des Ter-
mes, elle évoque la vocation florale de Mande-
lieu. Endommagée et promise à la destruction,
elle a retrouvé toute sa splendeur d’antan grâce
aux travaux de restauration que nous devons à la
générosité du propriétaire de Barbossi.

Chapelle mauresque et auditorium de Maure Vieil

Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine 55 -


ACTE XXI 1881-2009

PORTRAITS DE MAIRES
Voici le portrait des premiers magistrats
qui ont présidé à l’administration
de notre cité et veillé à son essor
depuis plus d’un siècle

Monsieur Ludovic GUIZE Monsieur Laurent GANDOLPHE


Maire de 1881 à 1908 Maire de 1908 à 1939

Monsieur François MOURER Monsieur Léon ROUS


Maire de 1939 à 1944 Maire de 1944-1947

- 56 Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine


Monsieur Antoine COLIN Monsieur Emile CARBON
Maire de 1947 à 1953 Maire de 1953 à 1965

Colonel Julien ALARY Madame Louise MOREAU


Maire de 1965 à 1971 Maire de 1971-1995

Monsieur Henri LEROY


Maire depuis 1995

Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine 57 -


EN CONCLUSION…
« Qu’va vou li va qu’va vouli pas mando »
Telle est la devise provençale de Mandelieu-La Imprégnée des marques que l’histoire lui a
Napoule. On peut l’interpréter de cette façon : léguées, elle s’est progressivement façonnée
« Que celui qui veut y aller y aille ; que celui qui pour devenir l’agréable havre de vie qu’elle est
ne veut pas y aller y envoie quelqu’un ! ». à présent.

Nos armoiries sont enregistrées à l’Armorial Sachant entretenir sa diversité, elle allie le
Général de France, dressé en application tourisme d’affaires aux joies de la plaisance, le
de l’édit de novembre 1696. Elles ont été développement du commerce au maintien de
octroyées d’office à notre communauté pour l’esprit convivial et de la tradition…
défaut de présentation dans les délais ! En voici
la description : « D’or à un sautoir de gueules, Aujourd’hui tournée vers l’avenir, notre cité
couplé de sinople, à un écureuil assis demeure ancrée dans ses racines, dans ce
d’argent », ce qui signifie « Une croix rouge passé qui explique le fier et légitime attachement
(sautoir de gueules) sur fond jaune (d’or), avec un de chacun à « son clocher », tout comme le
écureuil gris (d’argent) sur fond vert (sinople) ». sentiment collectif d’appartenance à une même
identité.
L’écureuil est donc devenu, malgré lui, le symbole Depuis le 25 novembre 1970 et par un décret du
obligé de notre cité. Mais c’est volontiers que Conseil d’État, notre ville s’appelle officiellement
nous avons adopté ce petit animal sympathique. Mandelieu-La Napoule.
Assurément, il nous représente bien : libre, actif
et indomptable ! Un peu de patience permettra Cette récente et double dénomination évoque
au promeneur attentif de l’apercevoir, au détour l’unité et la solidarité qu’ont su toujours cultiver
d’un chemin verdoyant, sautant de branche les habitants de l’ancien Pays d’Avinionet, et ce,
en branche au cœur de cette belle forêt si malgré les multiples aléas de son aventure…
farouchement préservée sur notre territoire.
Nous venons de parcourir ensemble les Nos archives sont les témoins et la sauvegarde
nombreux périples vécus par notre ville… de cette mémoire commune.

- 58 Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine


REMERCIEMENTS
Le texte de ce récit a été inspiré par les écrits d’historiens tels Mme Emmanuelle De
Marande, Mrs Jean Aulas, Joseph Antoine Durbec, Ernest Hildesheimer, Raymond Herment, Jean-
Marie Martin, Pierre Cosson ou Jean-Jacques Depaulis…, ainsi que par les rapports des fouilles
archéologiques effectuées sur notre territoire.

Mais il fait principalement référence aux documents authentiques conservés dans les Archives
Municipales et Départementales ainsi qu’au monastère de Lérins et autres abbayes…

Nous tenons à remercier les associations du pays pour leur précieuse collaboration et tout parti-
culièrement « Les vieilles familles mandolociennes » et son président M. Jacques Tardieu, de même
que « Le cercle généalogique du pays cannois » et sa présidente Mme Jacqueline Lecomte.

Nous remercions également les particuliers qui nous ont confié leurs documents privés et
leurs souvenirs personnels ou qui nous ont permis d’exploiter leur collection. On citera, sans être
exhaustif, M. Patrick de Beauregard ; M. Jean Burillon ; M. Pierre Carle ; Mme Chantal Charton ;
M. Marcel Couchot ; M. Jacqui Giordanengo ; M. François Jacquin ; M. Robert Le Bleïs ; M. Henri
Merle ; Mme Paulette Mollo ; M. Hubert de Montgrand ; M. Maurice Muller ; MMs. Mireille et André
Prigent ; M. Michel Royon ; M. André Serratore ; Mme Rose-Marie Triger ; M. Jean Zanin…

Nous encourageons enfin tous les lecteurs, sensibles à la mise en valeur de notre patrimoine, à
confier ou prêter leurs documents écrits et photographiques au service des Archives Municipales.
Ceux-ci viendront ainsi enrichir notre fonds et la mémoire collective de notre ville...

Septembre 2009 - Hors Série « Notre Histoire » - MLN Magazine 59 -

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