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Références :
Documentaire reconstruction de Caen 1950 / « Dans ma ville on traîne » de Orelsan
Ce film montre des images authentiques des ouvriers sur les chantiers, de la
population relogée et sert également de témoignage pour les générations à venir. De
nos jours, cette vidéo est disponible sur la plateforme Dailymotion, sous la chaîne
Cohésion territoires & Relations collectivités.
Référence 2 :
A l'issue de son album, La fête est finie (2017), Orelsan écrit le titre Dans ma
ville, on traîne où il prend du recul et semble surplomber Caen pour y peindre une
description sincère et d’une justesse rare. Ce morceau montre la perception que
l’auteur à de sa ville en y analysant les différents endroits qu’il a pu fréquenter au cours
de sa jeunesse tout en y apportant un regard critique.
Pour donner suite aux bombardements de la Seconde Guerre Mondial, les villes
françaises ont dû rapidement se reconstruire et préparer le cadre de vie des habitants
pour un futur proche comme lointain. En effet, cette reconstruction a de grandes
conséquences sur nos villes et sur la façon de les habiter. De nos jours, les traces de
cette reconstruction sont toujours fortement présentes. Tout particulièrement dans les
villes grandement touchées en Bretagne et Normandie.
Finalement, ce processus de
reconstruction s'étend sur plusieurs décennies,
de 1948 jusqu’en 1963. Pendant toutes ces
années le visage de Caen va se transformer en
profondeur et largement se moderniser tout en
préservant les monuments anciens, éléments
structurant du tissu urbain moderne. La ville
s’est adaptée aux commodités modernes sans
pour autant bouleverser l’allure globale de
cette dernière. De fait, la trame ancienne de la
ville est globalement reprise. Caen ne renie
pas son passé mais prévoit pour autant son
Figure 3 : Structure préfabriqué avenir. Pour cela, les sinistrés s’organisent en
coopératives de reconstruction qui leur permettent d’avoir une grande autonomie dans
leurs décisions. C’est une façon de prendre en considération les volontés et les
besoins des habitants. En parallèle, les responsables municipaux s’attèlent au
développement périphérique et s’intéressent à la construction des grands ensembles
de logements sociaux et à l’aménagement de zones d’activités périphériques.
Orelsan vit quant à lui dans un Caen apaisé autour des années 2000, ou la ville
à grandement évolué et la population s’est diversifiée. Elle est passée de 51 000 en
1945 à 103 469 habitants en 2020, mais ce chiffre tend à baisser ces dernières
années. Caen est aussi la première ville du Calvados, son aire d'attraction concentre
67,6 % de la population départementale. Beaucoup de nouveaux quartiers comme
celui du Chemin Vert ou de la communauté urbaine de Caen la mer se
développent. Ces quartiers sont composés de “grandes tours” ou “des pavillons
rectilignes” et ont divisé les classes sociales. Orelsan explique cette division par son
vécu “où tu peux voir les grandes tours des quartiers où l’architecte a cru faire un truc
bien, si je rappais pas j’y serais jamais allé, parce qu’on se mélange pas tant que ça
là d’où je viens”.
Le centre-ville autrefois très animé
voit ces magasins fermés au profit des
grand centre commerciaux en périphérie
comme le souligne orelsan,”Dans les rues
pavées du centre, tous les magasins
ferment [...] tu te réveilleras sur les bords de
la ville, là où les centres commerciaux sont
énormes”. Les traits de la reconstruction
sont presque invisibles même s'il est
possible de reconnaître certains quartiers
comme celui de Saint-Paul. Dû à une forte
présence de maison pavillonnaire, Caen
subit un étalement urbain important en Figure 4 : Quartier Saint-Paul
reliant les communes alentour.
La perception que l’on peut avoir sur une ville peut dépendre de multiples
facteurs. Le contexte historique influence la vision, une ville d’après-guerre, remplie
de bâtiments détruits, développe un sentiment de chaos, une atmosphère lourde et
perturbée. “Après 22h tu croises plus de gens, comme si on était encore sous les
bombardements”, ici, Orelsan fait référence aux couvre-feux instaurés à la population
durant le Seconde Guerre Mondiale qui fait synonyme avec une peur générale des
habitants cloîtrés chez eux à la tombée de la nuit. La ville durant la guerre est perçue
comme un danger, sous la menace des bombardements. Vivre sous un toit, c’était
vivre sous une cible.
On peut également dire que l’aspect de la ville est modifié durant la grande crise
sanitaire que nous vivons. Les rues désertes, la distanciation sociale contribue à une
vision spécifique de la ville.
L’environnement influence le ressenti que l’on a, mais ici Orelsan ne décrit pas
la ville sous un aspect négatif. En effet, son vécu et son expérience sur la ville
influencent son rapport avec cette dernière.
III. Une vision nostalgique de la ville
Tout d’abord, Orelsan fait des liens directs avec le passé de Caen, notamment
en faisant référence aux bombardements, qui ont grandement marqué les esprits des
habitants, répété plusieurs générations plus tard dans son texte. Orelsan conclut en
disant “à chaque fois qu’ils détruisent un bâtiment, ils effacent une partie de mon
passé”. Chacune de ces disparitions le dépossède des vestiges de son passé, basé
sur ces expériences. Ce passage peut également faire lien avec les bombardements,
qui ont détruit énormément de bâtiments et leurs histoires avec. Le documentaire
explique les destructions de la guerre comme “sacrifices pour beaucoup de nos vieilles
cités “. Ces termes prouvent l’amour que peuvent avoir les habitants de leur ville en
faisant ressortir les qualités de “Caen, ville musée, Caen, un des centres les plus riches
en souvenir d'art.” Un sentiment de nostalgie se fait ressentir “Les vieilles maisons, les
hôtels particuliers qui faisaient le charme et la réputation sont presque tous rasés.”
Cette perception se retrouve dans le texte de Orelsan, qui se remémore avec
tendresse des événements marquants dans la ville de Caen. “Pas loin du magasin de
jouets où je tirais des chevaliers, près du pont où ma grand-mère m’emmenait lancer
des avions en papier”. La perception nostalgique de la ville se retrouve à ces deux
époques.
Nous retrouvons aussi une certaine fierté personnelle ainsi que collective dans
la perception qu'entretient la population avec leur ville. Dans un premier temps, nous
comprenons au travers du documentaire, que ces événements tragiques ont soudé la
population de Caen autour de ces moments forts. Ils vont s’entraider et participer avec
fierté à la reconstruction de leur ville car “la vie ne perd jamais ses droits”. Orelsan
ressent aussi cette fierté d'appartenance à Caen, où il a évolué, forgé sa personnalité,
mais surtout passer beaucoup de temps, “ J’ai tellement traîné dans les rues de Caen
[...] criminelle la façon dont je tuais le temps”. Le fait de passer beaucoup de temps
dans un lieu modifie la perception et le lien que l’on entretient avec celui-ci. On apprend
à l’appréhender, à le connaître et à se l’approprier.
Références :
Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=QaMol3Y3be8
Paroles : https://genius.com/Orelsan-dans-ma-ville-on-traine-lyrics
Vidéo : https://www.dailymotion.com/video/x15g1z9
Informations :
https://www.caenlamer-tourisme.fr/decouvrir-caen-la-mer/caen-une-ville-aux-mille-
facettes/architecture-et-reconstruction/
https://books.openedition.org/purh/5350?lang=fr
https://storymaps.arcgis.com/stories/bac09fc654864904a056fc9e5c2ddf6a
Images :
Page de garde : Photo de gauche (Ouest-France / DR) ; Photo de droite (Ville de
Caen)
Figure 1, 2, 3 et 5 : Photographies issues du documentaire «reconstruction de Caen»
Figure 4 : Photographie aérienne par cerf-volant de François Levalet
Figure 6 : Image d'illustration. Photo © GILE Michel/SIPA
Figure 7 : Journal Ouest-France