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Brest Time Machine (projet Lab In Virtuo):

restituer le paysage sensoriel du port-arsenal


de Brest

Sylvain Laubé
contact : sylvain.laube@univ-brest.fr

AGRO
ALIMENTAIRE
Approche du concept de paysage
culturel
Que dit l’UNESCO ?

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Bilan
Un « must » : Le Pont National

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Le château

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Le cours d’Ajot

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La « Consulaire »

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Des listes d’éléments bâtis et d’ateliers : l’arsenal
est un macro-système complexe

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Des indications sensorielles

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La dépêche de Brest 24-10-1910

Agence de presse Meurisse - This file comes from Gallica Digital Library and is available under the
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1667

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Louis-Nicolas Van Blarenberghe, Vue du port de Brest (vue prise de la terrasse des Capucins), 1774, huile sur toile, 125 x 194,5 cm, Musée des beaux-arts de Brest métropole océane.
© Musée des beaux-arts de Brest métropole océane

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1909

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Maquette présentée aux expositions universelles 1862, 1867, etc. :
issue de l’Ecole des Ponts & Chaussées

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Traces matérielles
(côté Recouvrance)

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Un point de départ

Archives filmiques
Restitution 3D/RV

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Hypothèses du projet ANR Lab In Virtuo (2021-
2025)
La mise en situation des usagers dans un EVIRS
collaboratif où le corps est engagé d’un point de
vue sensoriel, cinématique et gestuel se traduit par
plusieurs impacts :
a) une récupération accrue des différentes mémoires
“procédurales, épisodiques et autobiographiques” qui
sont habituellement interrogées dans le cadre
classique ;
b) une élicitation plus efficace des connaissances
expertes.

ASTIC Isabelle, GASNIER Marina, et al., « Paysages industriels culturels


sensoriels (PICS) et Environnements Virtuels: Vers une nouvelle approche
de l'histoire et de l'archéologie industrielle », [Rapport] 2020. ⟨
halshs-02613279v2⟩
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Lab In Virtuo:
Un Environnement Virtuel Intelligent Réaliste Sensoriel
(EVIRS)

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Hoyle, Brian Stewart, ‘Of the an Application East African Seaports :
Concept of ’ Anyport '’, Transactions of the Institute of British
Geographers, 44 (1968), 163-183 <http://www.jstor.org/stable/621755>.

THE MAJOR SEAPORTS OF THE UNITED KINGDOM , JAMES BIRD B. A., (1963)

TABLE 6 Summary of the General Theme of the Development of a Major Port

Era Terminated by the Epoch of . . .


the overflowing of the port function from the primitive nucleus of the
I Primitive
port or the change in location of the dominant port function

II Marginal Quay Extension


the change from a simple continuous line of quays

III Marginal Quay Elaboration


the opening of a dock or the expansion of the harbour

IV Dock Elaboration
the opening of a dock with simple lineal quayage

V Simple Lineal Quayage


the provision of oil berths in deep water

VI Specialized Quayage the occupation of all waterside sites between the port nucleus and the
open sea

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http://people.hofstra.edu/geotrans/eng/ch4en/conc4en/portdev.html

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Le concept de « lieu de savoirs »

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« Je définis les savoirs comme un champ de l’expérience humaine,
individuelle et collective, plus précisément comme l’ensemble des
procédures mentales, discursives, techniques et sociales par lesquelles
une société, les groupes et les individus qui la composent, donnent sens
au monde qui les entoure et se donnent les moyens d’agir sur lui ou
d’interagir avec lui. Ces procédures concernent aussi bien le monde
visible que le monde invisible, le monde matériel que le monde
immatériel, le monde naturel et humain, le monde du vivant et de l’inerte,
ces différentes dimensions, et les oppositions qui les corrèlent, étant
elles-mêmes des constructions culturelles. […] Ces procédures de
sémantisation du monde, par la pensée, le langage ou l’action, sont
fondamentalement sociales.
Les savoirs s’incarnent dans des individus ou des communautés qui se
voient reconnaître des compétences particulières, ils se matérialisent dans
les artefacts qui en sont le résultat et le vecteur, objets, discours, textes
écrits, comme dans les gestes efficaces qui reflètent la performativité
d’un savoir-faire. ».
Jacob, 2014, p. 24-25. JACOB Christian, Qu’est-ce qu’un lieu de
savoir?, OpenEdition Press, Marseille, 2014.
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Du concept de « lieux de savoirs »
à celui de
« paysage maritime culturel sensoriel »

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Le concept de « paysage culturel maritime », proposé par C. Westerdahl en
1992 dans le champ de l’archéologie maritime. Dans l’approche systémique
qui est préconisée , il est défini de la manière suivante :
« ensemble du réseau de routes maritimes, avec les ports, havres et rades le
long de la côte, ainsi que les constructions et autres vestiges de l'activité
humaine, sous-marins et terrestres, qui y sont associés. Une perspective plus
large inclut également la navigation, la construction navale et la pêche, ainsi
que leurs arrière-pays respectifs avec les points nodaux des villes côtières et
des routes terrestres, les gués, les ferries et les voies navigables intérieures.
Les vestiges matériels font déjà l'objet d'une attention particulière de la part de
l'archéologie, mais les aspects cognitifs, notamment la carte mentale avec son
paysage toponymique (noms de lieux) sont également nécessaires à la
compréhension […]. » Westerdahl, 1992, p. 5-14.

Westerdahl, 1992, p. 6.
WESTERDAHL Christer, « The maritime cultural landscape », International Journal of Nautical
Archaeology, 1992, vol. 21, n° 1, p. 5-14.

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Avec pour résumé, l’équation (Equation 1) :

paysage physique + paysage cognitif = paysage culturel

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Pour la période du XVIe au XIXe siècle, une liste de 13 éléments à
prendre en compte est proposée pour composer le paysage culturel
maritime, dont les ports et les sites de construction navale.
Westerdahl (2007), p. 213.

1) les principales destinations de navigation,


2) les routes maritimes,
3) les sites de balisage,
4) les marques maritimes,
5) les phares,
6) les sites des pilotes,
7) les ports et havres,
8) les lieux de ballasts,
9) les ports de pêches,
10) les chantiers navals et les lieux de constructions navales,
11) les noms de lieux ayant une signification maritime,
12) les sites fondateurs
13) les sites d’épaves.

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Ce concept de « paysage culturel maritime » a été, depuis
1992, longuement repris et discuté au sein d’une double
communauté (archéologie et patrimoine maritime) .
La synthèse que donne Caporaso, 2017, permet d’en
préciser le contour :

- le paysage incorpore une combinaison de référents, des


constructions physiques ou des phénomènes capables
d'être perçus, et de signifiants, c’est-à-dire le sens et la
reconnaissance/description/interprétation du référent.

CAPORASO Alicia (ed.), Formation Processes of


Maritime Archaeological Landscapes, Springer, Cham,
2017

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- Les référents courants dans les paysages maritimes peuvent inclure des infrastructures
côtières ou portuaires intentionnelles telles que des docks, des quais, des entrepôts, etc.,
mais aussi des conditions naturelles éventuellement variables (tels que la topographie, le
vent, la marée, les courants) et/ou sensorielles (l'odeur de l'air marin,…).
- Les signifiants courants que l'on retrouve dans les paysages identifiés englobent
également les mythes, le folklore, l'histoire orale et les phénomènes codifiés tels que tels
que le développement de toponymes ou de normes cartographiques.
- Lorsque les composantes du référent et du signifiant perdurent dans le temps et dans
l'espace, un discours culturel est transmis et peut évoluer au fil des générations
successives
- Ces motifs [patterning] liés aux paysages peuvent également être transportés dans
d'autres lieux que ceux dans lesquels ils ont été créés. En d'autres termes, la formation et
la négociation d'un nouveau paysage sont informées par les expériences passées de ses
participants dans un précédent ou autre paysage.

Remarque :
Ces référents produits de l’activité intentionnelle des êtres humains seront appelés « artefact » dans
le modèle « Any-artefact » (introduit plus tard dans le cours).

GUSICK Amy E., DODDS Tricia, JAFFKE Denise, et al., « Defining Maritime Cultural
Landscapes », California Archaeology, 2019, vol. 11, n° 2, p. 139-164
FORD Ben (ed.), The archaeology of maritime landscapes, Springer Science & Business Media,
New-York Dordrecht Heidelberg London, 2011.

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- En reprenant l’« équation » initiale de Westerdahl, on
peut poser (équation 2) :

« environnement géophysique » + « écosystème » +


« lieux de savoirs » = « paysage maritime culturel
sensoriel »

- Dans une approche systémique, un paysage industriel


culturel sensoriel se pense comme un ensemble
d’éléments (référents et signifiants) constituant un
système complexe (un tout) présentant des motifs
communs [patterning] avec d’autres paysages sur une
période donnée.

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L’approche systémique prend en compte les multiples
échelles spatiales et temporelles sur la longue durée avec
les hypothèses suivantes :
- l’activité humaine (dans l’interaction avec une
topographie naturelle initiale) est centrale dans la
formation et l’évolution d’un paysage culturel industriel
ou maritime, elle est donc située spatialement et
temporellement
- L’activité humaine implique un environnement matériel
et sensoriel (dont des artefacts), des acteurs (groupes ou
individus) et des savoirs (couplés à des lieux de savoirs)

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Méta-modèle ANY-ARTEFACT : 2 composantes

Acteur(s)

Activité(s)

Artefact(s) Savoir(s)
Toute activité humaine est située spatialement et temporellement
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Un modèle de CV (cycle de vie)/percursus
d’un artefact

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Une triple problématique en histoire des
sciences et des techniques

Une même approche en histoire comparée


Les PICS : macro-systèmes technologiques complexes.

Choisir de « bons » référents (artefacts) permettant de décrire


et comprendre la dynamique d’évolution du paysage culturel
industriel à grande échelle
Décrire et comprendre l’histoire des artefacts dans ce
contexte d’évolution du paysage culturel industriel à grande
échelle
Décrire et comprendre l’évolution des activités humaines et
les pratiques technologiques/scientifiques à petite échelle

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Les problématiques en humanités
numériques : la modélisation des
connaissances
Etape 1 :
constitution de bibliothèques numériques
interopérables « intelligentes » et durables :
apport du web sémantique et des ontologies
de références
partage et exploitation des données
d’informations historiques (dont leur
redocumentarisation), sciences participatives.
plateforme technologique mutualisée et
partagée par la communauté scientifique
(Omeka S)

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Les problématiques en humanités
numériques : la modélisation des
connaissances

Etape 2
Collecte et restitution de PICS (paysages industriels
culturels sensoriels), d’artefacts 3D cinématiques
(ponts, grues, forges…)
Collecte et restitution en Réalité Virtuelle Réaliste
Sensorielle des environnements industriels, des gestes
et des savoirs technologiques/scientifiques associés
aux artefacts

Etape 3
Développement de scénarios de médiations et de
valorisation du patrimoine technologique et scientifique
à partir des résultats des travaux des étapes 1 et 2

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Les projets d’EVIRS de systèmes techniques
complexes :
1. Machine-outil NUMASURF (fraiseuse à commande numérique de
la Régie Renault) et système de conception numérique UNISURF
conçu par P. Bézier (MAM Paris, Isabelle Astic et Catherine
Cuenca)
2. Brest Time Machine 1807-2020, Frigorifiques Saint Pierre-et-
Miquelon/Lorient et cloches sous-marines Ouessant/Sein (CFV
Brest – UBO ; LabSTICC – ENI Brest, Sylvain Laubé et Ronan
Querec)
3. CAP 44, Nantes (CFV Nantes ; Centrale Nantes – LS2N, Jean-
Louis Kerouanton et Florent Laroche)?
4. Techn’hom Time Machine du 19ème à nos jours (filature DMC et
SACM), Belfort (UTBM – FEMTOST/RECITS, Marina Gasnier)
5. Ports miniers du désert d’Atacama : Taltal (CREDA, IRP CNRS
« Atacama - Social Sciences in mining territory », Nicolas Richard)
(CNRS)
6. Clé de voûte : archéologie du paysage sonore autour de la
plateforme exploratoire Bretez (MSH LES, Mylène Pardoen)

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Brest Time Machine
collaboration Musée des Plans-Reliefs +
SHD/DRAC/Musée national de la Marine (Brest) +
Service du Patrimoine de la Marine

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Projet en cours
Numériser le plan relief + archives associées
Constituer un guide des sources
Publier le corpus numérique de référence sous
Omeka S à partir de l’ontologie spécialisée
Brest-TM-O (issue d’Any-Artefact-O)
Ajouter les éléments manquants (Tour de
l’Horloge, grue à mâter, Bâtiment aux Lions,
forges de Pontaniou, etc.)
Restituer le paysage sonore lié :
aux heures de cloches de la tour de l’Horloge
aux coups de Diane et de retraite
à l’activité des forges
à l’activité du pont tournant

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Cloche dite
« Napoléon » 1804
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Cloche dite « Bigot » 1744
En remplacement ?

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Conclusions
Sciences participatives :
Associations, groupes FB, etc :
• Enrichissement des sources
• Scénarios de médiation
Formation des enseignants :
• Projet de recherche INSPE de Bretagne : « La cité et l’eau »
Travaux en cours :
Paysages insulaires sensoriels
• Ouessant (cloche sous-marine/phares et balises :
Etat/îlien.nes)
• Saint-Pierre-et-Miquelon (frigorifique : industrie de la
pêche+genre)
Epistémologie :
• milieu, perception, sensorialité, lieu de savoirs (Augustin
Berque, Tim Ingold, Christian Jacob),
• environnement virtuel réaliste sensoriel/environnement réel
• authenticité

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