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Comité de lecture et direction scientifique

Mounir Bouchenaki
Ahmed Djebbar
Naima Abdelouahab
Souad Slimani
Fawzi Doumaz
Irma DELLA GIOVAMPAOLA
Roger Hanoune
Rédaction scientifique
Sabah Ferdi
Nadia Aït Saïd
Directeur de la publication
Toufik Hamoum
Conception et Réalisation
Evolution Print
Impression
Imprimerie Ed Diwan

N. A. A.
ISBN 978-9931-9163-8-3
Dépôt légal 1er semestre 2020
© CNRA
Crédit photos: CNRA et contributeurs
Sommaire Revue du Centre National de Recherche en Archéologie

Focus Les découvertes fortuites effectuées par les chercheurs du CNRA

10 Constat archéologique effectué dans la commune Houari Boumediene Wilaya de


Guelma
par Lyés Arifi
12 Note sur les travaux de recherches exécutés à la poudrière - Citadelle d'Alger
par Baya Bennoui, Saliha Djeddi, Hakim Idirene, Latifa Larbes, Abdelmadjid Boukacem
14 Note sur les différents travaux de recherches exécutés à la citadelle d’Alger
par Baya Bennoui, Saliha Djeddi, Hakim Idirene, Latifa Larbes, Abdelmadjid Boukacem
16 Le site de Djemai Bennour wilaya de Bordj Bou Arreridj
par Mahfoud Kessar, Kheira Ali Hamza
18 Découverte fortuite des vestiges archéologiques sur le site de « Mechta Faidh
Nafaa »
par Kheira Ali Hamza, Kamel Meddad
20 Découverte fortuite à Ain Nahas, daira d’el Khroub, wilaya de constantine
par Ymouna Beghdadi-Rebahi
22 Découverte fortuite au lieu dit firqat el khedachat à Guelb el Kebir, wilaya de Médéa
par Ymouna Beghdadi-Rebahi
24 Découverte fortuite à Seriana Wilaya de Batna
par Ymouna Bghdadi-Rebahi

Dossier
26 Ratification par l’Algérie de la Convention sur la protection du patrimoine culturel subaquatique
(Paris, 2 novembre 2001)
27 L’Histoire de la Convention de 2001 sur la protection du patrimoine culturel subaquatique.
28 Qu’est-ce que la convention sur la protection du patrimoine culturel subaquatique ?
30 Nouvelle lecture sur le port antique de Tipasa de Maurétanie
par Rafik Khellaf, Donia Bourai
36 Note sur une zone de mouillage près de « Kouchet el Djir » à Tipasa
par Nadjib BENAOUDA, Nazim BENSALAH
40 Résultats préliminaires des prospections archéologiques effectuées dans le futur site du port
de Cherchell, el Hamdania
par Rafik KHELLAF, Nazim BENSALAH, Mohammed Fawzi Maallem, Youcef BENSAIDANI,
Nadjib BENAOUDA, Mustapha MAGHA

49 ‫ تيبازة‬Demonchy‫اكتشاف فرن جير بشاطئ ديمونشي‬


‫ خالف رفيق‬،‫بن سعيداين يوسف‬
50 Ouvrages (Sélection)
51 Liens utiles dans le domaine de l’archéologie sous-marine (sélection)
F o ru m
52 Interview avec le professeur Luigi Fozzati
par Dr. Sabah FERDI, Directrice de recherche

Contribution
60 Le système d’alimentation en eau
dans la médina de Cherchell durant
la période ottomane.
par Pr. Dr. Arch. Youcef CHENNAOUI

72 Les technologies de l’eau en pays


d’islam (viiie-xvie siècles)
par Pr. Emérite Ahmed DJEBBAR

82 Les eaux d’Alger à l’époque


ottomane (XVIe-XIXe siècles). Les
trois principaux aqueducs du fâhs
qui desservent en eau fontaines,
abreuvoirs et lavoirs
par Dr. Dalila KAMECHE-OUZIDANE
92 Types d’ouvrages hydrauliques antiques dans le Hodna occidental Etat des lieux
par Maitre de conférence A Souad Slimani

N ot e de lecture
100 L’eau et la végétation dans la ville saharienne durant les périodes précoloniale
et coloniale. Cas de la ville de Biskra.
par Salima BENGOUGA (Université de Biskra)

C o l lo qu e s - Ta b l e ro n d e

106 3ème Colloque International


en Archéologie
108 Conférence extraordinaire
du Conseil consultatif de
l'UNESCO à Alger
les 28-29 octobre 2019
Contribution
Le système d’alimentation
en eau dans la médina de
Cherchell durant la période
ottomane.
„„Youcef CHENNAOUI, Pr. Dr. Arch.

Résumé de mètres. Un îlot (2) -détaché de la mer- relié


On oublie souvent que la forme urbaine au rivage depuis toujours, vient conditionner
de la médina de Cherchell, dérive de la le développement du site durant toutes les
superposition et de la stratification des époques historiques. Entre la terrasse littorale
différents éléments constitutifs de son et le versant nord de l’Atlas de Cherchell,
corps. Ce sont en effet, des systèmes de s’interrompt un plateau, dit : « Plateau Sud » ;
conformation, des modes d’utilisation du sol précédant les premières pentes de la forêt des
et des ordres urbanistiques de cultures urbaines Beni Habiba dont son versant nord domine la
différentes ; qui ensemble ou d’une manière ville. (Fig. 1).
conflictuelle, ont contribué et participé PH. Leveau stipule que : « les terrains
à sa formalisation spatiale. Les éléments gréseux et volcaniques constituant ce plateau
remarquables du système d’alimentation en eau favorisent la formation d’une nappe phréatique
de la médina de Cherchell, durant la période et expliquent la présence de sources qui
60 ottomane, se traduisent par l’intégration et la
reprise des structures hydrauliques de la cité
suffisaient aux besoins de la ville jusqu’à la fin
du 19e siècle ». (3).
antique.
Il insiste sur le fait que les aqueducs
L’objectif visé par notre article est d’attirer ne constituaient pas la seule possibilité
l’attention sur la conjonction de plusieurs d’alimentation en eau en période romaine,
structures préexistantes antiques et constantes car : « Les quartiers situés entrer les cotes 40
géomorphologiques du site qui permettent et 50 mètres ne furent pas abandonnés : une
de constater que l’alimentation en eau dans partie des plus belles domus de Caesarea se
la médina de Cherchell, durant la période
ottomane (du 16e au 19e siècle), trouve son
origine dans des conceptions antérieures
romaines.
Mots-clés : alimentation- réseau souterrain-
puits- sources d’eau- reprise- forme urbaine-
topographie.
1.INTRODUCTION
Cherchell, ce petit port méditerranéen qui
s’étend aux pieds des collines, a porté trois
noms qui traduisent les trois étapes de son
histoire : un nom punique IOL, un nom latin
CAESAREA de Maurétanie ; et un nom sans
doute déformé par les Berbères et adopté par
les Maures et les Français, CHERCHELL. (1).
Cherchell est implantée sur une terrasse de gré
tyrrhénien d’une centaine de mètres, comprise
entre la mer et les premières pentes de la
montagne. La cote rocheuse est constituée par Fig. 1. Carte avec coupe topographique
une falaise dominant la ville d’une vingtaine de la région de Cherchell.
(Chennaoui Y, 1994).
passaient complètement de l’eau de l’aqueduc. aux aspects suivants : modularité - dimension
Ce qui apparaît comme une singularité aux et directions de la trame foncière.
yeux d’un moderne, se comprend mieux si Ceci avait mis en évidence la survivance de
l’on tient compte des citernes et des puits plusieurs préexistences structurelles, ayant
qui constituent la base de l’équipement régi le développement des structures urbaines
hydraulique d’une ville ». (4). et architecturales à travers toutes les époques
Dés le 18e siècle, on pouvait expliquer grâce historiques ultérieures. (6). A ce titre, nous
à la théorie de Newton, l’hydrodynamique de citons :
l’eau souterraine commandée par l’effet de la 1. La permanence du quadrillage urbain
force de gravité. PH. Leveau et J.L Paillet ont antique avec son réseau de voirie. C’est
reconnu que : « Chaque maison était pourvue un partage foncier orthogonal régi par un
de citernes collectant les eaux de pluie. Les module de base dit : Actus Quadratum de
eaux captées par une multitude de griffons 120 pieds romains, soit : 35.52 mètres x
dont l’un était un véritable aqueduc souterrain, 35.52 mètres.
étaient rassemblées dans de grandes citernes
2. La survivance du substrat structurel antique,
disposées régulièrement au pied du versant »
confirmé dans les niveaux supérieurs
(5).
du tissu arabe. Ceci s’est réalisé par une
Notre interprétation de la structure urbaine acquisition numérique des subdivisions
historique fut effectuée sur la base de données foncières antiques, en donnant pour les
d’une culture matérielle déduite de l’analyse parcelles des tailles, telles que : 18 m x 18
des différentes sources d’information: m ; 12 m x 18 m ; 12 m x 16 m.
iconographiques, historiques et archéologiques
L’analyse de la morphogenèse du tissu
; mais aussi et surtout à partir de données
confirmée par le relevé constructif des murs,
physico-morphologiques expressives qui
témoigne des superpositions des structures
déterminent le processus de croissance urbaine
matérielles, car on a vu souvent que les
de la ville de Cherchell. L’investigation
murs arabes sont à l’aplomb des murs
philologique des écrits d’archéologie
antiques (7).
césarienne, appuyée par des observations
in situ, nous a permis de reconnaitre que le 3. La réutilisation des matériaux antiques 61
bâti historique de la médina de Cherchell, se dans les constructions ultérieures. Ainsi, la
limitait principalement aux zones desservies proximité des matériaux de construction
par le réseau d’eau. Sachant d’avance que ce a déterminé le choix de ce site depuis les
travail est complexe, nous soulignons le fait époques lointaines, car les villes ont été
que ces investigations ne sont qu’élémentaires bâties les unes sur les autres, en empruntant
et qu’elles méritent d’être largement étayées souvent les mêmes matériaux (8).
par de plus amples travaux d’archéologie. 4. Et enfin, l’incidence des structures
L’objectif visé par notre article est d’attirer hydrauliques romaines dans les maisons
l’attention sur la conjonction de plusieurs andalou-mauresques et certains
structures préexistantes antiques et constantes équipements publics (9).
géomorphologiques du site qui permettent 2. Cherchell
de constater que l’alimentation en eau dans Une toponymie liée à l’eau.
la médina de Cherchell, durant la période
L’histoire de Cherchell à l’époque arabe, peut
ottomane (du 16e au 19e siècle), trouve son
se restituer en deux périodes :
origine dans des conceptions antérieures
romaines. • Une première de crise et de stase qui va du
8e siècle jusqu’à la fin du 15e siècle (10)
Ainsi, les formes de mutation des composants
de la ville romaine dans le tissu urbain actuel • Une seconde de renaissance relative ;
fut rendue évidente grâce à une analyse coïncidant avec l’arrivée des Andalous en
ponctuelle des modes de formation du bâti que 1496 puis des Ottomans à partir de 1517
compose le la médina de Cherchell. (11).
Ce travail s’est accompli à travers la La ville au moyen âge -exposée à des guerres
confrontation détaillée des plans cadastraux et dévastations et surtout à des modifications
et des plans archéologiques de la ville. Ainsi, hydro-géologiques- présentait un petit noyau
la formation des tissus spécifiques (cas des urbain se localisant aux alentours du forum
tissus évolués sur une antérieure urbanisation romain, dépendante de plusieurs rois vassaux.
romaine) est une analyse qui s’est intéressée
Contribution
D’ailleurs, les géographes du moyen âge, tels A Cherchell, le recul du rivage par une frange
qu’Ibn Hawkel (12) et El Bakri (13) insistaient d’espace libre non bâti est devenu certes une
sur ses eaux courantes et puits peu profonds et solution supplémentaire intégrée au système
ses vergers. de défense des remparts militaires, mais encore
L’étude toponymique engagée par les historiens une volonté d’implantation sur des terrains en
et les linguistes insistent sur l’hypothèse du pente (au dessus du niveau des 30 mètres) ;
rapport du nom de Cherchell à l’eau. afin d’assurer le sens gravitationnel de l’eau,
alimentant tous les puits des maisons (16).
Partant rechercher une origine arabe au
toponyme de Cherchell, M. Philibert présage Sur le site, du point de vue de l’implantation,
une hypothèse prudente que l’origine de ce une analyse comparative menée sur d’autres
nom dérive d’un son de ruisseau ou de clapotis villes côtières du Maghreb, nous avait conduits
de vagues sur la plage : CHERRCH (14). La à reconnaître l’existence d’un espace non bâti,
seconde présumait l’existence d’une cascade toujours compris entre un rivage facilement
d’eau : CHERCHAR, au-dessus de la médina, accessible et la ville. Cet Espace intra-muros
dont par abus de langage, celui-ci est devenu est investi et occupé soit par des implantations
Cherchell. militaires ou du pouvoir, tels que les forts et
les casernes (le cas de Cherchell et de Ténès en
En effet, en ces lieux et aux confins du rempart
Algérie), soit par le cimetière (le cas de Salé-
ottoman, réside les ruines de grandes citernes
Rabat au Maroc, et de Dellys en Algérie). Dès
romaines qui accueillaient l’eau de l’aqueduc
lors ne peut –on pas considérer cet espace non
romain. (15)
bâti comme un principe du modèle opératoire

62

Fig.2. Morphologie urbaine comparative de quelques villes littorales, de fondation andalouse au Maghreb.
(Sources : Chennaoui, Youcef (2016) « Notes sur le modèle urbanistique des villes portuaires de fondation
andalouse au Maghreb, après 1492 : la médina de Cherchell (Algérie) », Le rôle des villes littorales du Maghreb
dans l’ histoire, RM2E - Revue de la Méditerranée édition électronique, Tome III. 1, 2016, p. 153-168.
de l’établissement portuaire Morisco-andalou ? Le rôle des villes littorales du Maghreb dans
La question reste ouverte (17). (Figure 2). l’histoire, RM2E - Revue de la Méditerranée
Cherchell comprenait prés de 600 maisons à édition électronique, Tome III. 1, 2016, p.
la veille de la colonisation française en 1840 153-168.
(18). Ce sont des maisons basses, munies d’un
3. Les formes de reconversion des équi-
puits ou d’une citerne et d’un petit jardin
pements hydrauliques romains durant la
clos de murs. « Les rues sont assez larges et
période ottomane.
bien percées ; l’eau y est abondante et bien
Les éléments remarquables de la structure
distribuée par des espèces de bassins fontaines
urbaine de la médina de Cherchell, durant
au niveau des places publiques » (19).
la période ottomane (du 16e au 19e siècle),
La topographie joue un rôle déterminant dans traduisent l’intégration et la rénovation des
la délimitation des quartiers : ville haute des structures hydrauliques antiques, pour des fins
quartiers résidentiels, ville basse des quartiers d’usages renouvelés.
du pouvoir, des casernes et des ateliers. Or,
La famille maraboutique «El-Ghobrini »
en cette zone, se concentrent sur les berges
venue du Sud du Maroc ; jouissant d’une
marines une multitude de sources d’eau qui
grande renommée morale, avait dirigé la ville
émergent à la surface du sol et qui ne sont que
pour un certain temps durant la période de la
les débouchés des conduites souterraines dans
régence ottomane. Parmi leurs travaux d’utilité
la couche graveleuse.
publique, nous citons le cas des citernes d’eau
Le réseau d’eau à Cherchell proposait deux romaines qui ont été reconverti en silos à
oueds, disposés en fer à cheval dans le sens grains : Mat’moura et qui constituaient dès
Est et Ouest, suivant leurs lits découverts ; lors, les réserves stratégiques de la ville. Le
qui furent utilisés pour l’irrigation des vergers nom de la porte de Miliana, devint chez les
extra-muros. Ils ont cerné la forme urbaine autochtones Bab El Matmar, en relation avec
de la ville à son stade tardif de croissance à ces citernes qui s’y trouvaient là, sur la place du 63
l’époque ottomane, car l’itinéraire du rempart marché hebdomadaire des céréales (22).
ottoman fut dicté par l’allure de ces deux cours
Par ailleurs, le débit d’eau canalisée pour les
d’eau. Un gracieux hémicycle intra-muros,
grands thermes romains de l’Ouest a aussi
formé d’agréables vergers-potagers, venait
déterminé en grande partie l’emplacement des
se déployer sur des collines de pente douce
tanneries qui nécessitaient, non seulement un
autour des quartiers résidentiels. Un second
grand apport en eau, mais encore de grandes
rempart est venu les contenir connu sous le
possibilités d’évacuation des eaux sales vers la
nom de rempart des jardins (20).
mer.
Une porte secondaire dite «bab M’Sila », qui
En 1939, J. Glénat put effectuer des sondages
signifie : porte du cours d’eau, fut percée à
sous les hangars des messageries de l’armée
l’Est, nous permettant d’enjamber cet oued
(23) au sud des thermes de l’Ouest. « Il
au moyen d’un petit pont pour regagner la
apparaît y avoir deux édifices. Le plus ancien
campagne, couverte d’une riche végétation,
est sans doute la maison à laquelle devait
d’amandiers, d’oliviers et de figuiers (20). Ce
appartenir le triclinium (…), qui se trouvait
cours d’eau se jette au ravin marin en cascade,
dans une pièce pavée de mosaïque. Du coté
au lieu dit : Ain-Mahmoud (21). Non loin de
des thermes, cinq mètres au Nord, on dégagea
là, un caravansérail de l’époque ottomane, est
un second ensemble composé essentiellement
venu alimenter son abreuvoir par une source
de murs perpendiculaires aux précédents. Au
d’eau du même cours d’eau. (Figure 3).
Centre se trouvait un ensemble de quatre
(Sources : Chennaoui, Youcef (2016). « Notes bassins contigus, trois rectangulaires et un
sur le modèle urbanistique des villes portuaires ovale(…) » (24).
de fondation andalouse au Maghreb, après
Aujourd’hui, ceci s’explique par le fait que
1492 : la médina de Cherchell (Algérie) »,
cette source d’eau souterraine de débit non
Contribution

négligeable, est venue alimenter ces citernes un système de trop-plein, et un puits qui ont
puis les thermes de l’Ouest, avant de se jeter été intégrés dans les structures de l’abreuvoir
à la mer. Or, en période arabe, on y installa ottoman pour des fins d’alimentation en eau.
au pied du ravin (à peu prés à 2.5 mètres du (Figure 6).
niveau de la mer) un bassin pour les tanneries Nous remarquons que les puits constituent
alimenté par cette même source. En contrebas une seconde forme de survivance antique.
; d’autres bassins furent disposés prés de la La quasi-majorité des puits prospectés par
berge marine (25). (Figure 4) les archéologues sont d’origine antique.
« Le point de départ du système est une Leurs margelles sont souvent en pierres
espèce de doline située à une soixantaine de monolithiques, dépassant rarement un mètre
mètres au Sud-est de la porte romaine du de diamètre. Ces puits se différencient par
Zakkar. De là, partaient deux systèmes de leur débit et leur niveau, même s’ils captent
galeries. L’une se dirigeait vers l’Ouest (…). le même niveau aquifère. Ce niveau varie
Les galeries occidentales sont accessibles. De généralement entre 10 mètres et 18 mètres
la convergence partait la galerie ramenant de profondeur. Ceci s’explique par le fait que
les eaux vers Cherchell. Nous avons pu la les sources d’eau ne sont que des conduites
parcourir sur environ 70 mètres. Les sinuosités souterraines dans du gravier ou du sable : « La
qu’elles décrivent montrent qu’il s’agit encore couche graveleuse contient beaucoup d’eau,
64 d’une galerie naturelle aménagée. Elle n’a que ce qui n’est pas le cas dans la couche sableuse
0.70 m de large pour 1.50 m de hauteur et les qui en contient moins (…). Ceci explique la
parois latérales sont consolidées par des murs différence du niveau constaté entre plusieurs
en blocage à revêtement en appareil grossier ». puits ». (28). (figure 7).
(26). (figure 5). Le hammam (bain maure) –équipement
Une deuxième catégorie d’équipements d’hygiène corporelle qui se situe à l’échelle
hydrauliques fut les abreuvoirs pour la du quartier, voire de la ville- avait besoin en
distribution de l’eau dans des aires publiques permanence de grandes quantités d’eaux. Il
(cas de la place du Marché)., Mais les devait être alimenté par un puits profond et
indications d’ouvrages hydrauliques extra- intarissable (29).
muros ne sont pas toutefois inexistantes. En conclusion, nous reconnaissons que le bâti
Nous citons le cas de l’abreuvoir ottoman historique de la médina de Cherchell, se limite
aménagé sur un groupe d’hypogées, repris en aux zones desservies par le réseau d’eau. Dans
tant que grange et recouvert ultérieurement ces zones, on trouvait aussi les vergers et les
par les dépendances de l’ancienne ferme activités qui nécessitaient de grandes quantités
coloniale Riffard, actuellement à l’état de d’eaux, tels que : les hammams, les ateliers
ruine. (27). de forgerons et de serruriers et les aires de
Le pays aux environs de cette agglomération fabrication, qui ont déterminé la physionomie
est bien arrosé et très fertile. On passe le de la ville et la répartition spatiale des activités
ruisseau de N’Sara. Contigus aux hypogés, se et leurs emplacements.
trouvent les vestiges d’une citerne romaine avec
65

Fig.3. Carte cadastrale de 1840, sur la quelle est montré l’ itinéraire du rempart
andalou du XVIe siècle et au-delà, en traits hachurés, les extensions
urbaines survenues à l’ époque ottomane, à partir du XVIIe siècle. Les
édifices pochés en noir, représentent les édifices de cultes (grande mos-
quée, mosquées et oratoires-zaouïa).
Contribution
Vue aérienne des thermes
de l’Ouest. (Guide de
Cherchell, 1984).

Vue sur les traces des bassins


des tanneries au ravin d’El
Kettar (Cherchell). (Cliché
Chennaoui. Y. 2009)

66
Tableau en peinture à l’ huile des
thermes de l’Ouest par Victor Huguet
(1835-1902).

Débouché
de la galerie
souterraine
d’eau qui
alimentait
les Thermes
de l’Ouest,
sis au ravin
Les galeries souterraines d’El Kettar
d’adduction d’eau de l’ époque (Cherchell).
romaine, de l’ hôtel des Messa- (Cliché
geries d’après Glenat. J. (Levau. Chennaoui.
Ph, 1982). Y. 2009).

Fig. 4. Le système d’alimentation en eau des tanneries de Cherchell à l’ époque ottomane.


Sources : Cette source prend son origine, en amont, suivant la même direction
vers le sud, une galerie a été décrite par B. De Verneuil et J. Bugnot, qui est une
conduite construite en appareil grossier réglé, alimentant un réservoir ovale de 20
mètres sur 15 mètres.
Fig.5. Les galeries souterraines d’adduction d’eau de l’ épqoue romaine,
sises au plateau Sud. Sources : LEVEAU. Ph. et PAILLET.
J.L, 1976. L’alimentation en eau de Caesarea de Maurétanie et
l’aqueduc de Cherchell. Edit l’Harmattan, Paris. Pp 27 et 32.

67

Figures 7. Typologie des puits dotés d’un bassin


de la période ottomane à Cherchell.
Sources : Chennaoui youcef (clichés
2009).
68
Contribution
69

Fig. 6. Vues sur l’abreuvoir ottoman, sis


à Bordj El Ghoula à Cherchell.
Sources : Clichés Chennaoui
Youcef (1992).
Contribution Notes et références bibliographiques
(1). Philibert Marcel (1973). Cherchell, Miscellanées : Iol, Caesarea, Cherchell : étude
toponymique. Comité du vieil Alger, Dactylographié, Alger.
(2). C’est l’ilot « Joinville » dénommé par les autochtones « Sid Ali El Kerki » sur lequel se dresse
aujourd’hui le phare.
(3). Leveau Philippes. (1984). Caesarea, une ville romaine et ses campagnes. Collections de,
l’Ecole française de Rome. P.9
(4). Ibidem note supra ; Leveau Philippes, (1984), p 60.
(5). Leveau Philippes. et Paillet. Jean. Luc, (1976). L’alimentation en eau de Caesarea de
Maurétanie et l’aqueduc de Cherchell. Edit l’Harmattan, Paris. Pp 21-41.
(6). Chennaoui Youcef (1994). La stratification comme valeur de la ville, cas de Cherchell.
Elaboration d’une instrumentation de contrôle morphologique et architectural. Mémoire de
Magister, EPAU, Alger.
Chennaoui Youcef (2009). The forms of urban transformations of the roman city in the
medina of Cherchell. In: Micara Ludovico, Petruccioli Attilio and Ladini Ettore eds: The
Mediterranean Medina, International Seminar, Gangemi Editore, Roma, Italy, 2009.
Presentation by André Raymond. Pp 39-43.
(7). Ballu Albert., 1922. Rapport sur les travaux de fouilles et de consolidations exécutés par le
service des monuments historiques. Exercice de 1921, Alger. P 10.
Benseddik Nacera. et Potter. T.W (1993). Fouilles du forum de Cherchell, 1977- 1981.
6e Bulletin d’Archéologie algérienne, Agence nationale d’archéologie et des monuments
historiques, Alger. Voir aussi Chennaoui Youcef (1994). Op.cit, note supra.
(8). Chennaoui Youcef (1997). La construction ancienne à Cherchell. Un autre type
d’architecture en terre. Bulletin d’information ; N° 20, Craterre/ E.A.G / ICCROM/
Grenoble, France. Pp 17-19.
(9). Chennaoui Youcef (2002). Mutation of the components of the roman city in the medina
70 of Cherchell: the water supply. In: Landscapes of water. History, Innovation and sustainable
design.International Conference. Proceedings 2 volumes. Edited by: A. Petruccioli, M. Stella,
U. Fratino and A. Petrillo. Uniongrafica Corcelli Editrice, Bari. Pp 51-56.
(10). Benseddik Nacera et Potter. T.W (1993). Chennaoui Youcef (1997). Ibid supra.
(11). La difficulté de cerner ce qu’a été le moyen âge pour Cherchell, nous a amené à parler de
l’hydraulique de Cherchell de façon intemporelle, sans aucune contrainte de reconnaître la
chronologie d’apparition ou de disparition des systèmes d’alimentation en eau.
(12). Ibn Hawkel (1964). Configuration de la terre, « Kitab Surat Al-Ard ». Trad. J.H. Kramers
et G. Wiet, Paris.
(13). El-Bakri. Abou Obeid (1965). Description de l’Afrique septentrionale. Trad. M.G De
Slane, Librairie d’Amérique et d’Orient, Paris.
(14). La ville fut occupée par les Normands en 1146, lors de l’expédition de Georges d’Antioche.
En 1300, Abou Yakoub, Sultan Mérinide de Fès, l’élève au contrôle de la royauté
tlemceniènne Abdel-Wadite. De 1315 à 1319/20, Cherchell relève du Sultan de Miliana. C.f.
Philibert Marcel (1973).
(15). Leveau Ph et Paillet J.L demeurent septiques à cette thèse, car ils pensent que leurs capacités
restent très médiocres pour une aussi grande capitale comme Caesarea de Maurétanie.
(16). Cet espace nommé «mazara » dans certaines villes du Meshrek, offrait par son caractère
végétatif, un lieu propice à la promenade et à la détente. Ce lieu pouvait être extra-muros
dans le cas de villes où le rivage est d’accès difficile. C.f. Chennaoui Youcef (2009).
(17). De Epalza Mikel (1992). Los moriscos antès y depuès de la expulsion, MAPFRE, 1992 ;
Bernard VINCENT, "El peligro morisco", El rio.
(18). Bérard. Victor (1856). Indicateur général de l’Algérie. Description géographique, historique
et statistique de toutes les localités comprises dans les trois provinces. Edition Bastides
Librairie, Alger. Pp 232-238.
(19). Notons le fait que l’un de ses quartiers ait pris le nom de « Ain-Ksiba » (fontaine de
la petite casbah au nom d’une de ces fontaines publiques qui coulaient jusqu’à un passé
récent. C.f. Suchet Jacques. (Vicaire Général) (1841). Lettre sur Cherchell, du 12 mai 1841.
Archives de l’Archevêché d’Alger, Casier 59/4. 19 pages.
(20). Chennaoui Youcef (1998). Le rempart andalou de la ville de Cherchell au XVI siècle.
Bulletin d’information ; N° 21-22, Craterre/ E.A.G / ICCROM/ Grenoble, France : 16-19.
(21). Tous les géographes ayant passé par la ville, insistent sur les bons produits agricoles de
Cherchell (huiles, figues, miel, …).
C.f. Dufourcq Charles (1966). L’Espagne catalane et le Maghrib au XIIIe et XIVe siècle.
Paris, PUF. Pp 5- 9.
Leon l’africain. Jean (1956). Description de l’Afrique. Trad. Sheffer, 3V, 1896, trad. A.
Epaullard, 2V, Paris.
Shaw Tomas (1980). Voyage dans la régence d’Alger. Trad. Mac Carthy, 1830. Edition
Bouslama, Tunis.
(21). Ce cours d’eau fut canalisé et enseveli au début des années 1950, à cause de développement
de nouveaux quartiers périphériques et le franchissement urbanistique des barrières des
remparts. Il coule aujourd’hui sous l’avenue de l’ALN menant à l’académie militaire, avant
de se jeter dans la mer.
(22). Une tradition perpétuée jusqu’à nos jours, consiste en une Oua’da (fête de charité et
d’offrande), tenue au sein du Marabout des Ghobrini, après les campagnes de moissons.
Elle attire une foule de paysans venus de l’arrière-pays de Cherchell (le Zekkar et la vallée de
Chélif ) et même de la plaine de la Mitidja. En partant, les convives sont invités à prendre
une poignée de blé, qui sera mélangée aux grains des prochaines semailles, leur assurant ainsi
la Baraka (Bénédiction) pour une bonne récolte.
« L’année 1810 fut dans la région de Cherchell, néfaste pour les céréales et la disette se
faisait déjà sentir dans la population ; c’est alors que El-Hadj Ben Aouda mit ses abondantes
réserves à la disposition des malheureux affamés. Cet acte de générosité n’eut pas l’heure
de plaire aux Turcs, ils y voyaient une influence personnelle grandissante, qu’il fallait saper
à la base (…). Depuis cette époque, les Ghobrini poursuivirent l’action entreprise par leur
ancêtre. Une Oua’da, auxquels les pauvres sont conviés à un repas ». (Philibert M, 1973, p 71
10).
(23). Ce terrain fut récupéré durant les années 1980 pour la construction d’une promotion
immobilière, dite aujourd’hui « Bâtiment Menaï ».
(24). Op.cit. Leveau Ph, 1982, Pp 141-142.
(25). De récentes prospections archéologiques, nous amenèrent à explorer le fond d’un puits de
l’époque arabe, creusé dans une des salles Nord des thermes de l’Ouest, ayant endommagé
son pavement en mosaïque. Son contenu révèle un grand dépôt de céramiques qui paraît être
de l’époque fatimide. Ceci, nous renvoi au mihrab de cette mosquée de l’époque fatimide,
dont les archéologues (Waille V, 1904 & Pensabene P, 1980) rapprochaient ses chapiteaux à
ceux du palais Ziride d’Achir et qu’on a daté du Xe et XI e siècle de notre ère.
C.f. Pensabene. Patrizio (1982). Les chapiteaux de Cherchel. Étude de la décoration
architectonique. In : 3e supplément au Bulletin d’Archéologie algérienne, Edition SNED,
Alger, 1982.
Waille Victor (1904). Nouveau rapport sur les fouilles de Cherchel, 1903-1904. In : Revue
Africaine. N°, °48, 1904, Pp 56- 91. pl IX.
(26). De Verneuil B et Bugnot. J. (1870). Esquisses historiques sur la Maurétanie Césarienne et
Iol, Caesarea (Cherchell). In : Revue africaine, 1870, T. 14, Alger. P 142.
(27). Leveau Philippes (1977). Les hypogées de la rive gauche de l’oued Nsara. In : Antiquités
Africaines, T 11., Aix-en-Provence, France. Pp209- 256.
(28). Mamou. Ahmed (1988). Les concepts hydrologiques chez les savants arabo-musulmans du
moyen âge.In : COLLECTIF. 1988. L’eau et le Maghreb : Aperçu sur le présent, l’héritage et
l’avenir. PNUD : 93- 102.
(29). Chennaoui Youcef (2009). Architectural correlation analysis of the Hammam of Cherchell,
Algeria : linear vs agregate space in the traditional bath: In: IJAR. Electronic review:
International journal of architectural research. Massachusetts Institute of Technology
ArchNet, Cambridge MA. USA. Pp 145-156. http://archnet.org/library/documents/
collection.jsp?collection_id=1543

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