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et reconstitutions
l’exemple de Lattes
Lionel Pernet, docteur en archéologie, conservateur du patrimoine, directeur du site archéo-
logique Lattara – Musée Henri-Prades de Montpellier Agglomération, rattaché à l’UMR 5140
“Archéologie des sociétés méditerranéennes” – Lattes-Montpellier.
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e centre archéologique de Lattes, formé d’un site archéologique, d’une unité
L
mixte de recherche du CNRS, d’un centre de documentation et d’un musée,
a été inauguré en 1986. Grâce aux fouilles programmées entreprises dès
1983 par le CNRS et ses partenaires (direction Michel Py, puis Thierry
Janin), ainsi qu’à de nombreuses fouilles préventives, les collections du
musée se sont régulièrement enrichies depuis son ouverture.
Avec le transfert du musée à l’Agglomération de Montpellier en 2006 et l’acquisition
du site par la Région Languedoc-Roussillon en 2008 (fig.1), un nouvel élan de valo-
risation en direction d’un large public est amorcé. Celui-ci passe notamment par la
mise en place de nombreuses reconstitutions, tant à l’intérieur du musée qu’à ses
abords.
Longtemps considérée par les professionnels de l’archéologie (universitaires, cher- Fig2 : Mise en œuvre de la technique du pisé (compactage
de terre dans un coffrage). Photo C.-A. de Chazelles,
cheurs, conservateurs, etc.) comme une pratique amateur dénuée de fondements CNRS UMR 5140.
scientifiques, la reconstitution appliquée à l’archéologie protohistorique et antique
est maintenant régulièrement invitée au musée et sur les sites archéologiques. Cette
situation relativement récente est le résultat d’une double démarche : celle des
archéologues qui y voient un moyen de tester des hypothèses grandeur nature
(démarche proche de l’archéologie expérimentale) et celle des reconstituteurs, qui
ont pris le soin de lire les travaux des archéologues et des historiens et de se rappro-
cher d’eux pour échanger sur leur pratique.
Les projets initiés à Lattes depuis 2007 reposent sur cette évolution des mentalités, à
l’instar de ce qui se fait depuis plus d’une décennie dans certains musées archéolo-
giques français et étrangers. Ils se nourrissent de la richesse du site archéologique, de
celle des collections du musée et de la situation privilégiée du complexe de Lattes,
tout à la fois lieu de recherche et de valorisation. Les acteurs détenteurs de connais-
sance et de savoirs dialoguent ainsi avec le public, par l’intermédiaire des différentes
activités menées au musée. Une convention de partenariat lie l’UMR 5140
“Archéologie des sociétés méditerranéennes” avec le musée, pour permettre, notam-
ment, de faire émerger ce type de projet lors de reconstitutions pérennes ou éphé-
mères (le temps d’une exposition ou d’un week-end d’animations). Ces projets s’ins-
crivent dans le cadre de la loi relative aux musées de 2002 qui requiert des “musées
de France” qu’ils conservent, restaurent et étudient leurs collections, mais aussi qu’ils
les rendent accessibles à un large public en mettant en œuvre des actions de diffu-
sion. Avant de les présenter dans les lignes qui suivent, il nous semble important
d’insister sur le fait que la philosophie du musée par rapport à ces reconstitutions
n’est pas de proposer un spectacle au public, qui viendrait en consommateur, mais
bien de le rendre acteur de ces activités, en ménageant des plages d’échanges avec les
reconstituteurs et les archéologues, afin que l’expérience des uns puisse répondre aux
questions des autres. Il n’est pas rare que les questions du public en viennent à nour-
rir la démarche des groupes de reconstitution. Le musée s’assure que les uns et les
autres puissent être, lors de ces actions, dans une posture d’écoute mutuelle.
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MUSÉES ARCHÉOLOGIQUES ET RECONSTITUTIONS
ché du Lez dans l’étang, mais aussi, grâce à cet axe fluvial,
un lien avec l’arrière-pays, en particulier avec Sextantio
(Castelnau-le-Lez), oppidum gaulois très important de la
moyenne vallée du Lez.
Vers 475 av. J.-C. un événement brutal intervient : à par-
tir de cette période, Lattara devient un relais du com-
merce marseillais : une ville gauloise dont l’urbanisme
s’inspire du monde grec. Dans un premier temps,
Marseille commercialise ses produits (son huile et son vin
dans ses propres amphores), puis, dans le courant du IIIe
siècle av. J.-C., elle choisit de devenir une plaque tour-
nante du commerce italique, de plus en plus puissant à
mesure que Rome grandit.
La ville reste prospère après la conquête romaine. Elle
perd cependant une partie de son autonomie avec les
réformes d’Auguste en passant sous la dépendance de
Nîmes. Le site est abandonné vers 200 apr. J.-C. Aucune
construction ne viendra s’installer sur les 20 hectares de
réserves archéologiques avant les années 1970.
Fig3 : Après avoir séché, les briques en terre crue (terre,
paille et sable moulé) sont disposées sur les soubassements
en pierre. Photo C.-A. de Chazelles, CNRS UMR 5140. Urbanisme et construction
La question de l’évolution de l’urbanisme et des techniques de construction mises en
œuvre a fait l’objet de recherches approfondies dans le cadre des fouilles program-
mées de Lattes. Jean-Claude Roux (DRAC-SRA Languedoc-Roussillon, UMR 5140)
et Claire-Anne de Chazelles (CNRS, UMR 5140) travaillent depuis de nombreuses
années sur la construction en terre crue dans l’Antiquité. Avec l’équipe du musée et
l’École nationale supérieure d’architecture de Montpellier, ils ont entrepris en 2007
un projet tant scientifique que pédagogique et muséographique. Il consiste à resti-
tuer en plein air un habitat de type méditerranéen du IIe siècle av. J.-C., sur le
modèle d’un secteur fouillé en 1989 sur le site. Planifiée sur plusieurs années, la
construction de ce bâtiment aboutira à la présentation permanente d’une habitation
gauloise à cour intérieure desservant six pièces à usages divers (habitat, réserves,
boutiques). Cet ensemble sera aménagé de banquettes maçonnées, de sols de briques
crues, de foyers, d’amphores...
Menée avec le concours de professionnels des maçonneries de terre, sa réalisation
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permet à des archéologues, des architectes, des étudiants
et des scolaires, de tester plusieurs procédés employant la
terre crue, dans le cadre de stages de formation et d’expé-
rimentation (fig.2 et 3). Cette recherche fondamentale
contribue à l’histoire des techniques de construction, en
proposant de nouvelles interprétations pour des vestiges
archéologiques mal identifiés.
Afin de prolonger l’expérience dans le musée et de com-
mencer à tester des hypothèses sur l’aménagement inté-
rieur de ces maisons et sur l’aspect de leur toiture, l’occa-
sion de restituer une maison des années 200 av. J.-C. a été
saisie en 2010 dans le cadre du montage de l’exposition
temporaire “Les objets racontent Lattara”. Conçue comme
un décor (fig.4), cette maison a toutefois fait l’objet d’un
soin particulier dans les matériaux utilisés : pierre pour les
soubassements, terre crue pour les élévations et roseaux
pour la toiture. En collaboration avec le maquettiste Denis
Delpalillo (Martigues), la maison a été réalisée par l’équipe
du musée. Les types de la céramique composant le décor
intérieur (potier Bernard Muzas) (fig.5) correspondent très
exactement aux types importés de Marseille ou fabriqués
localement à cette époque.
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MUSÉES ARCHÉOLOGIQUES ET RECONSTITUTIONS
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Fig10 : Nasse de pêche de Port-Ariane, datée du XIIIe siècle.
Photo : Loïc Damelet CCJ/Musée Henri-Prades de
Montpellier Agglomération.
expérience de Guy Barbier lui ont permis de proposer une reconstitution très fidèle
à l’original. Cette constatation se fonde sur des images réalisées a posteriori grâce à Fig12 : Image 3D en Volume Rendering d’une nasse passée
un scanner médical par le Dr Samuel Mérigeaud, radiologue au CHU de Montpellier au scanner médical, avec des effets de transparence
permettant de voir sa structure interne. Images réalisées
(fig.12). par le Dr. Samuel Mérigeaud (CHU de Montpellier).
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