Genèse de la question :
Le patrimoine historique est généralement ou presque toujours assimilé aux monuments
et sites historiques. Cette conception est héritée de la vision coloniale pour essentiellement
deux raisons:
1. En 1930, n'ont été retenus que les éléments (monuments et sites) qui pouvaient
justifier et servir la présence du colonisateur européen. Ce qui avait amené à exclure par la
sélection et la censure toute une frange de notre histoire,
2. Conception erronée du patrimoine monumentale, fondée non pas sur le témoignage
qui est la valeur intrinsèque de tout monument (au sens large) et qui risque de créer un
amalgame dangereux et fortement préjudiciable pour le patrimoine historique à savoir: le
grandiose et l'historiquement remarquable.
Cette conception n'allait en fait disparaître qu'à partir de la seconde moitié du XXème
siècle, pour enfin évoluer le sens réel du patrimoine historique, d'abord par une jurisprudence
puis par une requalification du monument opérée par la charte de Venise.
Le territoire algérien a été fortement marqué dans son espace et ses hommes durant près
de trois millénaires par les civilisations qui se sont succédées et superposées. Cette richesse ne
peut-être prise en considération que dans une vision très élargie et une conception qui prenne
obligatoirement en compte tous les constituants du patrimoine historique, à savoir:
- L'espace et donc la mise en forme de celui-ci,
- Le besoin et la pratique qui a généré cet espace,
- Les rapports qu'entretiennent les hommes avec cet espace.
- Le cadre juridique gérant l’ensemble.
Le monument historique se trouve donc affecté d'une valeur autre que la matière qui le
constitue et qui reste uniquement une apparence et non l'essence.
Le monument historique restitue un vécu, une somme d'existences de générations liées à
un passé qui intègre en plus du savoir faire en construction, les rapport avec tout un
environnement, les rapports sociaux, les rapports économiques et les rapports idéologiques, le
tout indissociablement avec l'homme et le territoire qu'il occupe.
L'époque actuelle, où les intérêts pour d'autres valeurs à protéger du comportement
effréné et destructeur de l'homme du XXème siècle, supposent une vision globale du
patrimoine. Il ne faut plus uniquement et d'une manière sélective percevoir le fait culturel
comme un fait unidimensionnel mais élargir cette vision le plus possible. Cet élargissement
doit nécessairement intégrer outre ce qui est économiquement utile (les ressources naturelles
notamment) mais aussi ce qui peut contribuer au développement de l'homme dans toute sa
multiplicité.
Le monument historique est ainsi une valeur certaine. Il ne peut être tel que dans un
contexte global, civilisationnel…, où tous les éléments sont intégrés de façon active et
positive; l'économique, le social et le culturel. Le monument historique a besoin d'évoluer
dans un environnement où l'histoire de l'homme est la valeur et l'existence du tout : c'est
l'environnement historique.
Un environnement qui entretienne des rapports actifs avec tout ce qui fait la vie de
l'homme. Constantine est un exemple édifiant de cette nouvelle réalité culturelle. L'espace
historique est fortement vécu dans sa dimension sociale, pérennisée par des pratiques liées à
l'espace, au vécu antérieur qui passe outre les pierres et le temps, dans sa dimension
économique et même dans sa dimension urbaine si caractéristique.
Le droit est l’un des éléments caractéristiques des sociétés modernes, il en est aussi
l’élément régulateur en ce sens qu’il défini et règle les rapports entre individus dans la société.
Ainsi, le droit s’impose comme le garant de la pérennité de l’ordre et donc de la société
même. En ce sens, qu’il constitue un indicateur fiable de l’évolution de toute société. De ce
fait, il est aisé de concevoir qu’un tel élément est loin d’être figé, mais bien au contraire,
dynamique dont le dynamisme se traduit notamment par son adaptation aux besoins et
exigences de la société.
L’Algérie, à l’instar des autres états, est fondées sur le droit. Dans le but de garantir son
développement, il est impératif de vérifier sans cesse, toute la pertinence de ce dernier. C’est
dans ce sens que nous avons essayé d’en analyser le contenu et essentiellement celui du
patrimoine historique (environnement historique bâti.), afin de pouvoir éventuellement tirer
des conclusions, à savoir :
Si le droit algérien est réellement adapté aux impératifs de la conservation de
notre patrimoine historique et notamment architectural et urbanistique,
Initier une réflexion sur les changements à apporter à notre politique de
conservation...
“ Such need to adopt clear policies for conservation in order to avoid rapid deterioration
and the eventual disappearance of the urban structure as a result of a modern development. ”
Pour une meilleure appréciation de la situation, nous avons jugé nécessaire de l’analyser
à travers les trois principaux repères :
Mai 2009.