Vous êtes sur la page 1sur 17

Chapitre 2 : La demande individuelle et la demande de marché

Les quantités optimales de biens 1 et 2 pour des prix et un revenu donnés constituent ce que
l’on appelle le panier demandé par le consommateur. En principe, quand les prix et le revenu
se modifient, le choix optimal du consommateur se modifie également. La fonction de demande
est la fonction qui relie le choix optimal (les quantités demandées) aux différentes valeurs de
prix et de revenus.
Comment détermine-t-on les fonctions de demande ? Comment la demande d’un bien se
modifie en cas de variation des prix et du revenu ? Les réponses à ces questions constituent
l’objet de ce chapitre.

I. La détermination du panier optimal


1. Les préférences régulières
Avec une solution intérieure et les courbes d’indifférence non coudées, la pente de la courbe
d’indifférence et la pente de la droite de budget doivent être égales car si elles étaient
différentes, la courbe d’indifférence couperait la droite de budget et le choix ne serait pas
optimal. Rappelons une des interprétations du TMS : c’est le taux d’échange pour lequel le
consommateur ne désire pas modifier sa satisfaction. Or le marché offre au consommateur un
p1 p
taux de change égal à  : s’il renonce à une unité du bien 1, il peut acheter 1 unités de
p2 p2
p1 x U
bien 2. Dès, à ce point optimal, on doit avoir : TMS   . Or, TMS  2 et TMS   m1
p2 x1 U m2
Deux approches nous permettent de déterminer les fonctions de demande à l’optimum du
consommateur.
1ère approche : l’approche graphique : c’est celle qui a été discutée dans le chapitre précédent.
2nde approche : nous avons vu dans le chapitre précédent qu’un choix optimal doit respecter la
p1
condition : TMS  x1 , x2    et nous avons aussi vu que
p2

u  x1 , x2 
p1 x1
TMS  x1 , x2     (1)
p2 u  x1 , x2 
x2
Nous savons également que le choix optimal doit respecter la contrainte budgétaire :
p1 x1  p2 x2  m (2)
Nous avons ainsi deux équations : la condition de TMS et la contrainte budgétaire. De
m p1
l’équation (2), nous avons : x2   x1 en substituant dans l’équation (1), nous avons :
p2 p2

 m p 
u  x1 ,  1 x1 
 p2 p2 
x1 p1
 (3)
 m p  p2
u  x1 ,  1 x1 
 p2 p2 
x2

Cette expression peut être résolue pour x1 en fonction de  p1 , p2 , m  . La solution pour x2 en

fonction de  p1 , p2 , m  est obtenue en utilisant la contrainte budgétaire.

3ème approche : la maximisation de l’utilité sous la contrainte budgétaire. Le problème


auquel fait face le consommateur est celui de :
max u  x1 , x2 
x1 , x2
(4)
s.c. p1 x1  p2 x2  m
Il y a deux méthodes pour résoudre ce type de problème.
m p1
1ère méthode : on va de la contrainte x2  x1    x1 (5)
p2 p2

 m p 
et le problème de maximisation devient : max u  x1 ,  1 x1  (6)
x1
 p2 p2 
Nous avons en (5) un problème de maximisation sans contrainte, fonction de la seule variable
x1
La condition de premier ordre donne :
u  x1 , x2  x1   u  x1 , x2  x1   u  x1 , x2  x1   dx2
  0
x1 x1 x2 dx1
u  x1 , x2  x1  
(7)
dx x1 u p
 2   m1   1
dx1 u  x1 , x2  x1   um 2 p2
x2
Avec la contrainte budgétaire, nous avons deux inconnues et deux équations.
2ème méthode : le multiplicateur de Lagrange. Pour commencer, nous devons définir une
L  x1 , x2 ,    u  x1 , x2     p1x1  p2 x2  m  (8)

Les conditions de premier ordre sont données par : l


L u x1 , x2

* *
  p1  0

x1 x1

L u x1 , x2

* *

  p2  0

x2 x2
L
 p1 x1*  p2 x2*  m  0

La résolution de ces deux premières équations donnent :
u  x1 , x2  x1  
x1 p
 1
u  x1 , x2  x1   p2
x2
On retrouve la condition de l’égalité entre le rapport de prix et le TMS. La contrainte budgétaire
est la seconde équation, ce qui nous donne un système de 2 équations à 2 inconnues.
Exemple : la fonction d’utilité Cobb-Douglas : u  x1 , x2   x1c x2d et la contrainte budgétaire

p1 x1  p2 x2  m . Déterminer les fonctions de demande de x1  p1 , p2 , m  et x2  p1 , p2 , m  .

Reprendre le même exemple avec ln u  x1 , x2  .

2. Les substituts parfaits


Pour la demande du bien 1 dans lorsque les deux biens sont des substituts parfaits
u  x1 , x2   x1  x2 , trois cas sont possibles :

p1
1er cas : si p1  p2 , c’est-à-dire que la pente de la droite de budget (  ) est supérieure en
p2
valeur absolue à la pente de la courbe d’indifférence (qui est -1), le consommateur n’achète que
m
du bien 2. x2  et x1  0
p2

p1
2ème cas : si p2  p1 , c’est-à-dire que la pente de la droite de budget (  ) est inférieure en
p2
valeur absolue à la pente de la courbe d’indifférence (qui est -1), le consommateur n’achète que
m
du bien 1. x1  et x2  0
p1

p1
3ème cas : si p2  p1 , c’est-à-dire que la pente de la droite de budget (   1 ) est égale à la
p2
pente de la courbe d’indifférence (qui est -1), il y a plusieurs choix optimaux : toutes les
combinaisons de biens 1 et 2 qui satisfont la contrainte budgétaire sont alors optimales. Dans
ce cas, la courbe d’indifférence la plus haute est la même que la droite de budget.

3. Les compléments parfaits


Dans ce cas, le choix optimal doit toujours se situer sur la diagonale principale qui correspond
à l’achat de quantités identiques des deux biens et cela quels que soient les prix. Dans le cas
des chaussures pieds droits et chaussures pieds gauches, cela signifie que les individus achètent
les chaussures par paires.
m
p1 x1  p2 x2  m  x1  x2  x 
p1  p2
4. Les biens neutres et les biens indésirables
Dans le cas d’un bien neutre comme celui d’un bien indésirable, le consommateur dépense tout
son revenu pour le bien qu’il aime et il n’achète pas du bien neutre. Si le bien 2 est désirable et
le bien 1 est neutre ou indésirable, alors on a :
 x1  0

 m
 p1 x1  p2 x2  m  x2  p
 2

5. Les biens discrets


Si le bien 1 est discret, c’est-à-dire qu’il est disponible uniquement en nombre entier et que le
bien 2 corresponde à la dépense relative à tous les autres biens, le consommateur choisit
 m  p1 
1, 2,3, unités de bien 1 et il choisit implicitement les paniers de consommation 1, ,
 p2 

 m  2 p1   m  3 p1   m  4 p1 
 2,  ,  3,  ,  4,  , etc. On compare les niveaux d’utilité associé à
 p2   p2   p2 

chacun de ces paniers pour choisir celui qui offre l’utilité la plus élevée.

II. Le panier optimal et la modification du revenu


1. Les biens normaux et les biens inférieurs
Lorsque le revenu d’un consommateur change, les prix des biens étant supposés constant, le
panier optimal change aussi. Comme les prix sont maintenus constants, le changement du
revenu (augmentation ou diminution) entraîne un déplacement vers le haut (augmentation du
revenu) ou vers le bas (diminution du revenu) parallèlement à la droite de budget initiale. Quel
est l’effet de ce déplacement sur la demande ? Suite à une augmentation du revenu, 3
possibilités s’offrent au consommateur (accroitre les quantités demandées des deux biens,
accroitre la demande d’un bien et maintenir celle de l’autre inchangée, accroître la demande
d’un bien et diminuer celle de l’autre bien).
La première hypothèse suppose que la demande de chaque bien va augmenter suite à
l’accroissement du revenu. De tels biens sont appelés des biens normaux. Pour un bien normal,
xi
la quantité demandée évolue toujours dans le même sens que le revenu : 0
m
La deuxième hypothèse suppose que la demande d’un bien augmente alors que celle de l’autre
diminue. Un bien dont la demande diminue lorsque le revenu augmente (la demande évolue
toujours dans le sens contraire de celui du revenu) est un bien anormal. Le thème consacré en
économie est bien inférieur.

2. Le chemin d’expansion du revenu et la courbe d’Engel


Nous venons de voir qu’une augmentation du revenu correspond à un déplacement parallèle et
vers le haut de la droite de budget. Nous pouvons relier les différents paniers demandés à mesure
que la droite de budget se déplace vers le haut. Ce faisant, nous traçons une courbe appelée
« chemin d’expansion du revenu ». Cette courbe représente simplement les paniers demandés
à chaque niveau de revenu. Considérons par exemple x1  p1 , p2 , m  les quantités optimales de

bien 1. Si nous maintenons les prix inchangés et que nous considérons les modifications de la
demande consécutives à des variations de revenu, nous obtenons une courbe connue sous le
nom de « courbe d’Engel ». La courbe d’Engel est une représentation de la demande d’un des
biens en fonction du revenu, tous les prix étant maintenus constants.

Représenter la courbe d’Engel pour les cas ci-dessus (les quantités demandées en abscisses
et le revenu en ordonné)
- Les préférences Cobb-Douglas
- Les substituts parfaits
- Les compléments parfaits
- Les préférences quasi-linéaires (en exercice)
3. Courbes d’Engel et élasticité-revenu de la demande
L’élasticité-revenu de la demande est égale à la variation proportionnelle de la consommation
d’un bien divisée par la variation proportionnelle du revenu. Soit m la variation du revenu et
x la variation correspondante de la consommation du bien x . La variation proportionnelle
m x
du revenu est et la variation proportionnelle de la consommation de x est . Dès lors,
m x
x
x m
nous avons : m  x  *
m m x
m
x
Pour des petites variation de m (et donc de x ), le rapport est la pente (ou dérivée) de
m
la courbe d’Engel. L’élasticité-revenu en un point de la courbe d’Engel est donc donnée par :
dx m
m  *
dm x
Exemple : pour x  m2 , nous avons m  2 .

m  1 c’est-à-dire que la variation proportionnelle de la consommation est plus grande que


celle du revenu, alors le bien x est un bien supérieur.
0  m  1 c’est-à-dire que la variation proportionnelle de la consommation est comprise entre
0 et 1 ou est plus faible que celle du revenu, alors le bien x est un bien normal.
m   c’est-à-dire à un accroissement du revenu, correspond une diminution de la
consommation du bien. Un tel bien est un bien inférieur.

III. Le panier optimal et la modification du prix d’un bien


1. Les biens ordinaires et les biens de Giffen
Lorsque le prix d’un des deux biens augmente ou diminue, la droite de budget se déplace en
conséquence, le point représentant le prix du bien inchangé restant fixe. Ainsi, si le prix du bien
x1 baisse, le prix du bien x2 et le revenu restant inchangés, le pouvoir d’achat du consommateur

s’accroît en termes de bien x1 . Comme précédemment, il y a trois possibilités offertes au


consommateur. Il peut opter pour :
- une augmentation de la consommation des 2 biens x1 et x2 ,
- une augmentation de la consommation d’un des biens et une baisse de l’autre bien,
- une augmentation de la consommation d’un des biens tandis que celle de l’autre reste
inchangée ;
En joignant les différents points d’équilibre obtenus de la nouvelle consommation, si l’on admet
pour illustration que le prix du bien x1 diminue tandis que le prix du bien x2 reste inchangé, on
obtient le graphique suivant :
Graphe 1.15 : La courbe de prix consommation

Au fur et à mesure que le prix du bien x1 diminue, l’équilibre du consommateur se déplace vers
la droite, passant de E1 à E2, puis E3, provoquant ainsi une augmentation de la consommation
des deux biens x1 et x2 . en joignant les points d’équilibre, on obtient la courbe de prix –

consommation.
Remarque : La courbe de prix – consommation peut partir du point A, parce que plus le prix
du bien x1 diminue, plus la quantité de bien x1 que le consommateur peut acquérir avec son

revenu augmente, mais si le prix du bien x1 continue de baisser, le consommateur ne l’achètera

plus et préférera consacrer tout son revenu à l’achat du bien x2 . Dans ce cas le point
d’équilibre E sera alors confondu avec le point A.

En maintenant constant le prix du bien 2 et le revenu, nous pouvons indiquer le niveau optimal
de consommation de bien 1 correspondant aux différentes valeurs de p1 : c’est la courbe de

demande de x1  p1 , p2 , m  .

Ordinairement, quand le prix d’un bien augmente, la demande pour ce bien diminue. Le prix et
la quantité demandée d’un bien varient donc en sens opposé, ce qui implique que la courbe de
xi
demande a généralement une pente négative :  0 (c’est généralement le cas pour les biens
pi
ordinaires).
La demande d’un bien doit-il nécessairement augmenter quand le prix diminue, quel que soit le
type de préférence du consommateur ? La réponse est en fait négative. Il est théoriquement
possible de trouver des préférences d’allure normale pour lesquelles une diminution du prix du
bien 1 entraîne une réduction de la demande de ce bien : c’est un bien Giffen.
2. Quelques exemples de courbes de demande (la demande en abscisse et le prix en
ordonné)
a. Les substituts parfaits

 x  0 si p  p
 1 1 2

  m
 x1  0,  si p1  p2
  p1 
 m
 x1  si p1  p2
 p1

b. Les compléments parfaits


m
x1  x2  x 
p1  p2
c. Les préférences Cobb-Douglas
3. Les substituts et les compléments
Nous avons étudié à plusieurs reprises le cas des substituts et des compléments parfaits.
Concentrons-nous maintenant sur le cas des « imparfaits ». Dans le cas des substituts parfaits,
la fonction de demande de chaque bien dépend uniquement de son prix et pas du prix des autres
biens. Mais, pour une fonction de demande x1  p1 , p2 , m  , si la demande de x1 augmente quand

x1
le prix p2 du bien 2 augmente, nous disons que le bien 1 est un substitut du bien2. 0
p2
Nous pouvons prendre l’exemple du bois et du gaz (énergie pour la cuisson). L’exemple du
stylo et du crayon, etc.
Par contre, si la demande de bien 1 diminue quand le prix du bien 2 augmente, nous disons que
x1
le bien 1 est un complément du bien 2. Cela signifie que 0
p2
Les compléments sont des biens qui sont consommés ensemble. Exemple : (café, sucre),
(voiture, carburant), etc.
4. La fonction de demande inverse
Si nous maintenons p2 et m fixes et que nous représentons la relation entre x1 et p1 , nous
obtenons la courbe de demande. Celle-ci est généralement envisagée comme une relation
décroissante bien que le contraire puisse être observé dans le cas des biens de Giffen.
Quand la courbe de demande est décroissante, ce qui est généralement le cas, il est intéressant
de considérer la fonction de demande inverse. La fonction de demande inverse exprime le
prix en fonction de la quantité.
am
Pour les préférences Cobb-Douglas, nous avons x1  comme fonction de demande et
p1
am
p1  comme fonction de demande inverse.
x1
La fonction de demande inverse à une interprétation économique intéressante. Tant que les
quantités consommées des deux biens sont positives, le choix optimal doit respecter :
p1
TMS 
p2

Ce qui implique qu’à l’optimum, nous avons : p1  p2 TMS . Ce qui signifie que le prix du bien

1 doit être proportionnel à la valeur absolue du taux marginal de substitution entre les deux
biens.
5. L’élasticité de la demande
Nous distinguerons l’élasticité-prix de la demande et l’élasticité-prix croisée.
 L’élasticité-prix de la demande ou élasticité de la demande est égale à la variation
proportionnelle de la consommation d’un bien divisée par la variation proportionnelle
x
x p
du prix de ce bien. Son expression est donnée par :  xx   x  *
p p x
p
x
Pour des petites variation de p (et donc de x ), le rapport est la pente (ou dérivée) de la
p
courbe de demande. L’élasticité-prix de la demande en un point de la courbe de la demande est
dx p
donc donnée par :  xx   *
dp x
Prendre l’exemple du calcul de l’élasticité entre deux prix distants (p1=100 et p2=120,
q1=400 et q2=600).
- Si  xx  1 , la demande est dite élastique : un pourcentage de variation donné du prix
entraînera un pourcentage plus élevé de variation de la quantité demandée.
- Si  xx  1 , la demande a une élasticité égale à l’unité : les pourcentages de variation du
prix et de la quantité demandée sont exactement les mêmes.
- Si  xx  1 , la demande est inélastique. Un pourcentage donné de variation du prix
entraîne un pourcentage plus faible de la quantité demandée.
 Elasticité-prix croisée de la demande
L’élasticité-prix croisé de la demande mesure la modification de la quantité demandée d’un
bien donné consécutive aux variations du prix d’un autre bien. En d’autres termes, elle est égale
à la variation proportionnelle de la quantité demandée du bien x divisée par la variation
x
x p y
proportionnelle du prix du bien y .  xy  x  *
p y p y x
py

Les biens peuvent être classés en substituts ou en compléments selon que  xy  0 ou  xy  0 .

IV. L’équation de Slutsky


La variation du prix d’un bien entraîne deux types d’effets : il y a, d’une part, une modification
du taux auquel vous pouvez échanger un bien contre un autre et, d’autre part, une variation du
pouvoir d’achat total que représente votre revenu. Si, par exemple, le prix du bien 1 diminue,
vous devez renoncer à une moindre quantité du bien 2 pour acheter du bien 1. Les termes
d’échange entre les deux biens que le marché offre au consommateur ont été modifiés.

Parallèlement, si le prix du bien 1 diminue, vous pouvez acheter davantage de ce bien 1 pour
un même revenu. Le pouvoir d’achat que celui-ci représente a donc augmenté. Le premier effet
– la variation de la demande due à une modification du taux d’échange entre deux biens est
appelé l’effet de substitution. Le second effet – la variation de la demande due à une
modification du pouvoir d’achat est appelé l’effet de revenu.
1. L’effet de substitution
Pour ce faire, nous décomposons la variation du prix en deux temps : nous considérons dans un
premier temps la variation des prix relatifs (taux d’échange) en ajustant le revenu nominal de
façon à maintenir son pouvoir d’achat constant. Dans un second temps, nous laissons le pouvoir
d’achat se modifier en maintenant constant les prix relatifs (les nouveaux).
Cette décomposition apparaît clairement dans la figure ci-contre : le prix du bien 1 (x) a
diminué. Cela implique une rotation de la droite de budget autour de l’ordonnée à l’origine
m
; la pente de la droite a diminué (la nouvelle droite est AB ' ). Nous pouvons décomposer
p2
le déplacement de la droite de budget en deux temps : tout d’abord, la rotation de la droite
autour du panier optimal initial P1 (on obtient la droite EF ) et ensuite le déplacement parallèle
(on obtient la droite AB ' ) de cette nouvelle droite jusqu’à ce qu’elle atteigne le nouveau panier
demandé ( P3 ). Cette opération rotation – déplacement parallèle permet de décomposer
aisément la variation de la demande en deux parties.
- La rotation : la droite obtenue après rotation a la même pente et par conséquent les
mêmes prix relatifs que la droite de budget finale. Mais le revenu nominal qui lui est
associé est différent puisque l’ordonnée à l’origine est différente. Le panier de
consommation initial P1  x1 , x2  étant sur la droite obtenue après rotation, ce panier est

juste accessible au consommateur. Par conséquent, celui-ci dispose d’un pouvoir


d’achat inchangé dans la mesure où il est capable d’acheter le panier initial.

Calculons l’ajustement de revenu nécessaire pour que le panier de bien initial soit juste
accessible. Notons m ' , le revenu nominal associé à la droite après rotation. Puis que P1  x1 , x2 

est accessible à la fois pour  p1 , p2 , m  et  p1' , p2 , m ' , nous avons :

m '  p1' x1  p2 x2 (1)


Et
m  p1 x1  p2 x2 (2)
m ' m  x1  p1'  p1   m  x1p1 (3)

L’équation (3) indique que la variation du revenu nominal nécessaire pour que le panier initial
soit accessible aux nouveaux prix est égale à la consommation initiale de bien 1 multiplié par
la variation du prix. Cette équation montre aussi que la variation du prix et du revenu vont
toujours dans le même sens.
Exemple1 : prenons un étudiant qui consomme 20 bâtons de manioc par semaine et qu’un bâton
coûte 50FCFA. Si le prix du bâton passe à 65 FCFA, quelle est la variation du revenu nécessaire
pour que le panier initial reste accessible ? p1  65  50  15FCFA et on a

m  x1p1  20*15  300FCFA . Si le revenu initial du consommateur était m  2500FCFA ,


la nouvelle droite de budget est
La droite de budget initiale est m  p1 x1  p2 x2 et la droite de budget obtenue après rotation est

m  m  p1' x1  p2 x2  m ' .

Si le revenu initial du consommateur était m  2500FCFA , la nouvelle droite de budget est


m  m  p1' x1  p2 x2  2800 .

Bien que P1  x1 , x2  demeure accessible, ce panier ne sera généralement plus le panier optimal

pour la nouvelle droite de budget obtenue après rotation. Le panier optimal pour cette droite de
budget est P1' . Il s’agit donc du panier optimal quand les prix varient, mais que le revenu est

ajusté de façon à ce que le panier initial reste accessible. Le passage de P1  x1 , x2  à P1' est

appelé l’effet de substitution. Il indique de combien l’individu substitue un bien à l’autre quand
un prix se modifie, mais que la pouvoir d’achat reste constant.
Plus précisément, l’effet de substitution x1s  x1  p1' , m '  x1  p1 , m  . Pour calculer cet effet,

nous devons utiliser la fonction de demande du consommateur pour calculer les choix optimaux
pour  p1' , m ' et  p1 , m  .

Exemple2 : considérons un étudiant dont la fonction de demande pour le bâton de manioc est :
m
x1  10  . Il dispose initialement d’un revenu hebdomadaire de 2400 FCFA et le prix d’un
10 p1
bâton de manioc est de 60 FCFA. Supposons ensuite que le prix du bâton passe à 40FCFA.
2400
- La demande pour m  2400FCFA et p1  60FCFA x1  10   14 batons
10*60
2400
- La demande pour m  2400FCFA et p1  40FCFA x1  10   16 batons . La
10*40
variation totale de la demande est de 2 bâtons de manioc.
Pour calculer l’effet de substitution, nous devons tout d’abord évaluer la variation de revenu
nécessaire pour que la consommation initiale de bâton soit juste accessible quand le prix unitaire
est de 40FCFA.
En appliquant (3), nous avons : m  x1p1  14*  40  60   280FCFA . Le niveau de revenu

nécessaire pour maintenir le pouvoir d’achat constant est


m '  m  m  2400  280  2120FCFA
- La demande de bâton pour m '  2120FCFA et p1'  40FCFA

2120
x1  10   15,3 batons
10*40
- L’effet de substitution est : x1s  x1  40, 2120  x1  60, 2400  15,3  14  1,3

2. L’effet de revenu : le déplacement parallèle de la droite de budget


Le déplacement parallèle d’une droite de budget est un mouvement qui correspond à une
modification du revenu quand les prix relatifs restent inchangés. La seconde étape est par
conséquent appelée l’effet de revenu. Nous modifions tout simplement le revenu qui passe de
m ' à m en maintenant les prix constants égaux à  p1' , p2  . Dans le graphique, on passe de P1'

à P3 .

Plus précisément, l’effet revenu x1n est la variation de la demande du bien 1 quand le revenu

passe de m ' à m et que le prix du bien 1 reste fixe et égal à p1'

x1n  x1  p1' , m   x1  p1' , m ' (4)

Quand le prix d’un bien décroit, nous devons diminuer le revenu de façon à maintenir le pouvoir
d’achat constant. S’il s’agit d’un bien normal, une diminution du revenu entraîne une
diminution de la demande. S’il s’agit d’un bien inférieur, la diminution du revenu entraîne une
augmentation de la demande.
Suite de l’exemple2 : calcul de l’effet de revenu
x1  p1' , m   x1  40, 2400   16 et x1  p1' , m '  x1  40, 2120  15,3

L’effet de revenu est par conséquent égal à :

x1n  x1  p1' , m   x1  p1' , m '  16  15,3  0,7


Le bâton est un bien normal pour cet étudiant car sa demande augmente quand son revenu
augmente.
3. Le signe de l’effet de substitution et de l’effet de revenu
L’effet de substitution agit toujours dans le sens contraire, à la variation du prix. L’effet de
substitution est donc qualifié de négatif.
L’effet de revenu de revenu peut être positif ou négatif selon que le bien est un bien normal ou
inférieur.
4. Variation totale de la demande
La variation totale de la demande, x1 , est la variation due au changement de prix, le revenu
étant maintenu contant :
x1  x1  p1' , m   x1  p1 , m  (5)

    
  x1 p1' , m '  x1  p1 , m    x1 p1' , m  x1 p1' , m '  
 x1  x1s  x1n (6)
L’équation (6) indique que la variation totale de la demande est égale à la somme de l’effet de
substitution et de l’effet de revenu. Cette équation est connue sous le nom d’identité de Slutsky.
En utilisant les symboles, la variation de la demande d’un bien normal suite à une augmentation
de son prix s’écrit comme suit : x1  x1s  x1n (7)
     

Attention au signe de l’effet revenu ! Une augmentation du prix implique une diminution du
pouvoir d’achat et par conséquent, pour un bien normal une réduction de sa demande.
Par contre, pour un bien inférieur, il se pourrait que l’effet revenu domine l’effet de substitution
de sorte que la variation totale de la demande suite à une augmentation de prix soit positive.
Nous aurions dans ce cas : x1  x1s  x1n (8)
   

Il s’agit là du cas « pervers » des biens de Giffen : une augmentation du prix réduit le pouvoir
d’achat du consommateur à un point tel qu’il accroît sa consommation de biens inférieurs. Nous
concluons qu’un bien de Giffen doit nécessairement être un bien inférieur. Toutefois, un bien
inférieur n’est pas nécessairement un bien de Giffen : l’effet de revenu doit non seulement avoir
le « mauvais » signe, mais il doit en outre être suffisamment important pour dominer le « bon »
signe de l’effet de substitution.
5. Les taux de variation
Algébriquement, l’identité de Slustky est donnée par : x1  x1s  x1n qui exprimée en
variations absolues. Mais, il est plus fréquent de l’exprimer en taux de variation. Quand nous
exprimons l’identité de Slustky en taux de variation, il est plus facile de définir x1m comme la
valeur négative de l’effet de revenu à partir de l’équation (4) :
x1m  x1  p1' , m '  x1  p1' , m   x1n (9)

L’identité de Slustky devient :


x1  x1s  x1m (10)

En divisant tous les termes par p1 , nous obtenons :

x1 x1s x1m


  (11)
p1 p1 p1
m
Or nous savons que m  x1p1  p1  et l’équation (11) devient :
x1

x1 x1s x1m


  x1 (12)
p1 p1 m
L’équation (12) donne l’identité de Slutsky en taux de variation. L’interprétation est la
suivante :


'
 
x1 x1 p1 , m  x1  p1 , m 
(13)
p1 p1
Est décomposé en deux effets : l’effet de substitution et l’effet de revenu.
 Pour les fonctions continues, la démarche consiste à dériver une fonction composée.
x1  p1 , p2 , m  et m  p1 x1  p2 x2 et la fonction de demande de Slutsky est donnée par :

x1s  p1, p2 , m 

x1s  p1 , p2 , m  x1  p1 , p2 , m  x1  p1 , p2 , m  m


  (13a)
p1 p1 m p1
et nous obtenons :
x1  p1 , p2 , m  x1s  p1 , p2 , m  x1  p1 , p2 , m 
  x1 (13b)
p1 p1 m

 La loi de la demande découlant de l’équation de Slutsky est : si la demande d’un


bien augmente quand le revenu s’accroît, la demande de ce bien doit décroître quand
son prix augmente.
 Un autre effet de substitution : l’effet de substitution de Hicks. Cet effet de
substitution maintient plutôt constante l’utilité plutôt que le pouvoir d’achat. L’effet de
substitution de Slutsky donne au consommateur une somme d’argent qui lui permet de
retourner à son niveau initial de consommation alors que l’effet de substitution de Hicks
donne une somme d’argent qui lui permet de rester sur sa courbe d’indifférence initiale.
6. La demande de marché
La courbe de demande de marché montre quelle quantité d’un bien les consommateurs sont
disposés à acheter lorsque son prix varie. La demande de marché pour le bien 1, que nous
appelons aussi demande agrégée pour le bien 1, est dès lors la somme des demandes
individuelles sur l’ensemble des consommateurs.
i n
X 1  p1 , p2 , m1 , , mn    xi1  p1 , p2 , mi  (14)
i 1

Puisque la demande d’un individu pour un bien donné dépend des prix et de son revenu nominal,
la demande agrégée dépend en général des prix et de la distribution des revenus. Toutefois, il
est parfois commode de considérer la demande agrégée comme la demande d’un consommateur
représentatif. Les conditions qui permettent de procéder de la sorte sont assez strictes mais
l’examen de cette question va au-delà de l’objet de ce cours.

De façon générale, la fonction de demande peut :


a. Dépendre seulement de son prix
Q  f  p  avec f '  p   0 (15)

La demande linéaire est donnée par : Q  a  bp où a, b  0 (16)


A partir de cette courbe de demande, on peut obtenir l’expression de l’élasticité –prix de la
demande.
La demande isoélastique est donnée par : log  Q   a  b log  p  avec a, b  0 (17)

A partir de ces courbes, il est facile de montrer que l’élasticité est constante et égale à b
b. Dépendre du prix d’un autre bien et du revenu
La généralisation de (15) permet d’introduire dans la fonction de demande le prix d’un autre
bien et le revenu nominal.
Q  f  p, p2 , m  avec f '  p   0 (18)

Les autres dérivées dépendent de la nature du bien (inférieur ou normal, relation avec l’autre
bien).
La demande isoélastique est donnée par :
log  Q   a  b log  p   b2 log  p2   c log  m  avec a, b  0 (19)

La demande isoélastique est donnée par :


- b2  0 signifie que les deux biens sont substituables. Ils sont complémentaires sinon.

- c  0 signifie que ce bien est un bien inférieur.


c. Estimation de la demande
Deux approches sont souvent utilisées
- Les entretiens
- L’approche expérimentale
Les développements de ces approches ne font pas partir du niveau de la classe.

Vous aimerez peut-être aussi