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Les quantités optimales de biens 1 et 2 pour des prix et un revenu donnés constituent ce que
l’on appelle le panier demandé par le consommateur. En principe, quand les prix et le revenu
se modifient, le choix optimal du consommateur se modifie également. La fonction de demande
est la fonction qui relie le choix optimal (les quantités demandées) aux différentes valeurs de
prix et de revenus.
Comment détermine-t-on les fonctions de demande ? Comment la demande d’un bien se
modifie en cas de variation des prix et du revenu ? Les réponses à ces questions constituent
l’objet de ce chapitre.
u x1 , x2
p1 x1
TMS x1 , x2 (1)
p2 u x1 , x2
x2
Nous savons également que le choix optimal doit respecter la contrainte budgétaire :
p1 x1 p2 x2 m (2)
Nous avons ainsi deux équations : la condition de TMS et la contrainte budgétaire. De
m p1
l’équation (2), nous avons : x2 x1 en substituant dans l’équation (1), nous avons :
p2 p2
m p
u x1 , 1 x1
p2 p2
x1 p1
(3)
m p p2
u x1 , 1 x1
p2 p2
x2
m p
et le problème de maximisation devient : max u x1 , 1 x1 (6)
x1
p2 p2
Nous avons en (5) un problème de maximisation sans contrainte, fonction de la seule variable
x1
La condition de premier ordre donne :
u x1 , x2 x1 u x1 , x2 x1 u x1 , x2 x1 dx2
0
x1 x1 x2 dx1
u x1 , x2 x1
(7)
dx x1 u p
2 m1 1
dx1 u x1 , x2 x1 um 2 p2
x2
Avec la contrainte budgétaire, nous avons deux inconnues et deux équations.
2ème méthode : le multiplicateur de Lagrange. Pour commencer, nous devons définir une
L x1 , x2 , u x1 , x2 p1x1 p2 x2 m (8)
L u x1 , x2
* *
p2 0
x2 x2
L
p1 x1* p2 x2* m 0
La résolution de ces deux premières équations donnent :
u x1 , x2 x1
x1 p
1
u x1 , x2 x1 p2
x2
On retrouve la condition de l’égalité entre le rapport de prix et le TMS. La contrainte budgétaire
est la seconde équation, ce qui nous donne un système de 2 équations à 2 inconnues.
Exemple : la fonction d’utilité Cobb-Douglas : u x1 , x2 x1c x2d et la contrainte budgétaire
p1
1er cas : si p1 p2 , c’est-à-dire que la pente de la droite de budget ( ) est supérieure en
p2
valeur absolue à la pente de la courbe d’indifférence (qui est -1), le consommateur n’achète que
m
du bien 2. x2 et x1 0
p2
p1
2ème cas : si p2 p1 , c’est-à-dire que la pente de la droite de budget ( ) est inférieure en
p2
valeur absolue à la pente de la courbe d’indifférence (qui est -1), le consommateur n’achète que
m
du bien 1. x1 et x2 0
p1
p1
3ème cas : si p2 p1 , c’est-à-dire que la pente de la droite de budget ( 1 ) est égale à la
p2
pente de la courbe d’indifférence (qui est -1), il y a plusieurs choix optimaux : toutes les
combinaisons de biens 1 et 2 qui satisfont la contrainte budgétaire sont alors optimales. Dans
ce cas, la courbe d’indifférence la plus haute est la même que la droite de budget.
m 2 p1 m 3 p1 m 4 p1
2, , 3, , 4, , etc. On compare les niveaux d’utilité associé à
p2 p2 p2
chacun de ces paniers pour choisir celui qui offre l’utilité la plus élevée.
bien 1. Si nous maintenons les prix inchangés et que nous considérons les modifications de la
demande consécutives à des variations de revenu, nous obtenons une courbe connue sous le
nom de « courbe d’Engel ». La courbe d’Engel est une représentation de la demande d’un des
biens en fonction du revenu, tous les prix étant maintenus constants.
Représenter la courbe d’Engel pour les cas ci-dessus (les quantités demandées en abscisses
et le revenu en ordonné)
- Les préférences Cobb-Douglas
- Les substituts parfaits
- Les compléments parfaits
- Les préférences quasi-linéaires (en exercice)
3. Courbes d’Engel et élasticité-revenu de la demande
L’élasticité-revenu de la demande est égale à la variation proportionnelle de la consommation
d’un bien divisée par la variation proportionnelle du revenu. Soit m la variation du revenu et
x la variation correspondante de la consommation du bien x . La variation proportionnelle
m x
du revenu est et la variation proportionnelle de la consommation de x est . Dès lors,
m x
x
x m
nous avons : m x *
m m x
m
x
Pour des petites variation de m (et donc de x ), le rapport est la pente (ou dérivée) de
m
la courbe d’Engel. L’élasticité-revenu en un point de la courbe d’Engel est donc donnée par :
dx m
m *
dm x
Exemple : pour x m2 , nous avons m 2 .
Au fur et à mesure que le prix du bien x1 diminue, l’équilibre du consommateur se déplace vers
la droite, passant de E1 à E2, puis E3, provoquant ainsi une augmentation de la consommation
des deux biens x1 et x2 . en joignant les points d’équilibre, on obtient la courbe de prix –
consommation.
Remarque : La courbe de prix – consommation peut partir du point A, parce que plus le prix
du bien x1 diminue, plus la quantité de bien x1 que le consommateur peut acquérir avec son
plus et préférera consacrer tout son revenu à l’achat du bien x2 . Dans ce cas le point
d’équilibre E sera alors confondu avec le point A.
En maintenant constant le prix du bien 2 et le revenu, nous pouvons indiquer le niveau optimal
de consommation de bien 1 correspondant aux différentes valeurs de p1 : c’est la courbe de
demande de x1 p1 , p2 , m .
Ordinairement, quand le prix d’un bien augmente, la demande pour ce bien diminue. Le prix et
la quantité demandée d’un bien varient donc en sens opposé, ce qui implique que la courbe de
xi
demande a généralement une pente négative : 0 (c’est généralement le cas pour les biens
pi
ordinaires).
La demande d’un bien doit-il nécessairement augmenter quand le prix diminue, quel que soit le
type de préférence du consommateur ? La réponse est en fait négative. Il est théoriquement
possible de trouver des préférences d’allure normale pour lesquelles une diminution du prix du
bien 1 entraîne une réduction de la demande de ce bien : c’est un bien Giffen.
2. Quelques exemples de courbes de demande (la demande en abscisse et le prix en
ordonné)
a. Les substituts parfaits
x 0 si p p
1 1 2
m
x1 0, si p1 p2
p1
m
x1 si p1 p2
p1
x1
le prix p2 du bien 2 augmente, nous disons que le bien 1 est un substitut du bien2. 0
p2
Nous pouvons prendre l’exemple du bois et du gaz (énergie pour la cuisson). L’exemple du
stylo et du crayon, etc.
Par contre, si la demande de bien 1 diminue quand le prix du bien 2 augmente, nous disons que
x1
le bien 1 est un complément du bien 2. Cela signifie que 0
p2
Les compléments sont des biens qui sont consommés ensemble. Exemple : (café, sucre),
(voiture, carburant), etc.
4. La fonction de demande inverse
Si nous maintenons p2 et m fixes et que nous représentons la relation entre x1 et p1 , nous
obtenons la courbe de demande. Celle-ci est généralement envisagée comme une relation
décroissante bien que le contraire puisse être observé dans le cas des biens de Giffen.
Quand la courbe de demande est décroissante, ce qui est généralement le cas, il est intéressant
de considérer la fonction de demande inverse. La fonction de demande inverse exprime le
prix en fonction de la quantité.
am
Pour les préférences Cobb-Douglas, nous avons x1 comme fonction de demande et
p1
am
p1 comme fonction de demande inverse.
x1
La fonction de demande inverse à une interprétation économique intéressante. Tant que les
quantités consommées des deux biens sont positives, le choix optimal doit respecter :
p1
TMS
p2
Ce qui implique qu’à l’optimum, nous avons : p1 p2 TMS . Ce qui signifie que le prix du bien
1 doit être proportionnel à la valeur absolue du taux marginal de substitution entre les deux
biens.
5. L’élasticité de la demande
Nous distinguerons l’élasticité-prix de la demande et l’élasticité-prix croisée.
L’élasticité-prix de la demande ou élasticité de la demande est égale à la variation
proportionnelle de la consommation d’un bien divisée par la variation proportionnelle
x
x p
du prix de ce bien. Son expression est donnée par : xx x *
p p x
p
x
Pour des petites variation de p (et donc de x ), le rapport est la pente (ou dérivée) de la
p
courbe de demande. L’élasticité-prix de la demande en un point de la courbe de la demande est
dx p
donc donnée par : xx *
dp x
Prendre l’exemple du calcul de l’élasticité entre deux prix distants (p1=100 et p2=120,
q1=400 et q2=600).
- Si xx 1 , la demande est dite élastique : un pourcentage de variation donné du prix
entraînera un pourcentage plus élevé de variation de la quantité demandée.
- Si xx 1 , la demande a une élasticité égale à l’unité : les pourcentages de variation du
prix et de la quantité demandée sont exactement les mêmes.
- Si xx 1 , la demande est inélastique. Un pourcentage donné de variation du prix
entraîne un pourcentage plus faible de la quantité demandée.
Elasticité-prix croisée de la demande
L’élasticité-prix croisé de la demande mesure la modification de la quantité demandée d’un
bien donné consécutive aux variations du prix d’un autre bien. En d’autres termes, elle est égale
à la variation proportionnelle de la quantité demandée du bien x divisée par la variation
x
x p y
proportionnelle du prix du bien y . xy x *
p y p y x
py
Parallèlement, si le prix du bien 1 diminue, vous pouvez acheter davantage de ce bien 1 pour
un même revenu. Le pouvoir d’achat que celui-ci représente a donc augmenté. Le premier effet
– la variation de la demande due à une modification du taux d’échange entre deux biens est
appelé l’effet de substitution. Le second effet – la variation de la demande due à une
modification du pouvoir d’achat est appelé l’effet de revenu.
1. L’effet de substitution
Pour ce faire, nous décomposons la variation du prix en deux temps : nous considérons dans un
premier temps la variation des prix relatifs (taux d’échange) en ajustant le revenu nominal de
façon à maintenir son pouvoir d’achat constant. Dans un second temps, nous laissons le pouvoir
d’achat se modifier en maintenant constant les prix relatifs (les nouveaux).
Cette décomposition apparaît clairement dans la figure ci-contre : le prix du bien 1 (x) a
diminué. Cela implique une rotation de la droite de budget autour de l’ordonnée à l’origine
m
; la pente de la droite a diminué (la nouvelle droite est AB ' ). Nous pouvons décomposer
p2
le déplacement de la droite de budget en deux temps : tout d’abord, la rotation de la droite
autour du panier optimal initial P1 (on obtient la droite EF ) et ensuite le déplacement parallèle
(on obtient la droite AB ' ) de cette nouvelle droite jusqu’à ce qu’elle atteigne le nouveau panier
demandé ( P3 ). Cette opération rotation – déplacement parallèle permet de décomposer
aisément la variation de la demande en deux parties.
- La rotation : la droite obtenue après rotation a la même pente et par conséquent les
mêmes prix relatifs que la droite de budget finale. Mais le revenu nominal qui lui est
associé est différent puisque l’ordonnée à l’origine est différente. Le panier de
consommation initial P1 x1 , x2 étant sur la droite obtenue après rotation, ce panier est
Calculons l’ajustement de revenu nécessaire pour que le panier de bien initial soit juste
accessible. Notons m ' , le revenu nominal associé à la droite après rotation. Puis que P1 x1 , x2
L’équation (3) indique que la variation du revenu nominal nécessaire pour que le panier initial
soit accessible aux nouveaux prix est égale à la consommation initiale de bien 1 multiplié par
la variation du prix. Cette équation montre aussi que la variation du prix et du revenu vont
toujours dans le même sens.
Exemple1 : prenons un étudiant qui consomme 20 bâtons de manioc par semaine et qu’un bâton
coûte 50FCFA. Si le prix du bâton passe à 65 FCFA, quelle est la variation du revenu nécessaire
pour que le panier initial reste accessible ? p1 65 50 15FCFA et on a
m m p1' x1 p2 x2 m ' .
Bien que P1 x1 , x2 demeure accessible, ce panier ne sera généralement plus le panier optimal
pour la nouvelle droite de budget obtenue après rotation. Le panier optimal pour cette droite de
budget est P1' . Il s’agit donc du panier optimal quand les prix varient, mais que le revenu est
ajusté de façon à ce que le panier initial reste accessible. Le passage de P1 x1 , x2 à P1' est
appelé l’effet de substitution. Il indique de combien l’individu substitue un bien à l’autre quand
un prix se modifie, mais que la pouvoir d’achat reste constant.
Plus précisément, l’effet de substitution x1s x1 p1' , m ' x1 p1 , m . Pour calculer cet effet,
nous devons utiliser la fonction de demande du consommateur pour calculer les choix optimaux
pour p1' , m ' et p1 , m .
Exemple2 : considérons un étudiant dont la fonction de demande pour le bâton de manioc est :
m
x1 10 . Il dispose initialement d’un revenu hebdomadaire de 2400 FCFA et le prix d’un
10 p1
bâton de manioc est de 60 FCFA. Supposons ensuite que le prix du bâton passe à 40FCFA.
2400
- La demande pour m 2400FCFA et p1 60FCFA x1 10 14 batons
10*60
2400
- La demande pour m 2400FCFA et p1 40FCFA x1 10 16 batons . La
10*40
variation totale de la demande est de 2 bâtons de manioc.
Pour calculer l’effet de substitution, nous devons tout d’abord évaluer la variation de revenu
nécessaire pour que la consommation initiale de bâton soit juste accessible quand le prix unitaire
est de 40FCFA.
En appliquant (3), nous avons : m x1p1 14* 40 60 280FCFA . Le niveau de revenu
2120
x1 10 15,3 batons
10*40
- L’effet de substitution est : x1s x1 40, 2120 x1 60, 2400 15,3 14 1,3
à P3 .
Plus précisément, l’effet revenu x1n est la variation de la demande du bien 1 quand le revenu
Quand le prix d’un bien décroit, nous devons diminuer le revenu de façon à maintenir le pouvoir
d’achat constant. S’il s’agit d’un bien normal, une diminution du revenu entraîne une
diminution de la demande. S’il s’agit d’un bien inférieur, la diminution du revenu entraîne une
augmentation de la demande.
Suite de l’exemple2 : calcul de l’effet de revenu
x1 p1' , m x1 40, 2400 16 et x1 p1' , m ' x1 40, 2120 15,3
x1 p1' , m ' x1 p1 , m x1 p1' , m x1 p1' , m '
x1 x1s x1n (6)
L’équation (6) indique que la variation totale de la demande est égale à la somme de l’effet de
substitution et de l’effet de revenu. Cette équation est connue sous le nom d’identité de Slutsky.
En utilisant les symboles, la variation de la demande d’un bien normal suite à une augmentation
de son prix s’écrit comme suit : x1 x1s x1n (7)
Attention au signe de l’effet revenu ! Une augmentation du prix implique une diminution du
pouvoir d’achat et par conséquent, pour un bien normal une réduction de sa demande.
Par contre, pour un bien inférieur, il se pourrait que l’effet revenu domine l’effet de substitution
de sorte que la variation totale de la demande suite à une augmentation de prix soit positive.
Nous aurions dans ce cas : x1 x1s x1n (8)
Il s’agit là du cas « pervers » des biens de Giffen : une augmentation du prix réduit le pouvoir
d’achat du consommateur à un point tel qu’il accroît sa consommation de biens inférieurs. Nous
concluons qu’un bien de Giffen doit nécessairement être un bien inférieur. Toutefois, un bien
inférieur n’est pas nécessairement un bien de Giffen : l’effet de revenu doit non seulement avoir
le « mauvais » signe, mais il doit en outre être suffisamment important pour dominer le « bon »
signe de l’effet de substitution.
5. Les taux de variation
Algébriquement, l’identité de Slustky est donnée par : x1 x1s x1n qui exprimée en
variations absolues. Mais, il est plus fréquent de l’exprimer en taux de variation. Quand nous
exprimons l’identité de Slustky en taux de variation, il est plus facile de définir x1m comme la
valeur négative de l’effet de revenu à partir de l’équation (4) :
x1m x1 p1' , m ' x1 p1' , m x1n (9)
'
x1 x1 p1 , m x1 p1 , m
(13)
p1 p1
Est décomposé en deux effets : l’effet de substitution et l’effet de revenu.
Pour les fonctions continues, la démarche consiste à dériver une fonction composée.
x1 p1 , p2 , m et m p1 x1 p2 x2 et la fonction de demande de Slutsky est donnée par :
x1s p1, p2 , m
Puisque la demande d’un individu pour un bien donné dépend des prix et de son revenu nominal,
la demande agrégée dépend en général des prix et de la distribution des revenus. Toutefois, il
est parfois commode de considérer la demande agrégée comme la demande d’un consommateur
représentatif. Les conditions qui permettent de procéder de la sorte sont assez strictes mais
l’examen de cette question va au-delà de l’objet de ce cours.
A partir de ces courbes, il est facile de montrer que l’élasticité est constante et égale à b
b. Dépendre du prix d’un autre bien et du revenu
La généralisation de (15) permet d’introduire dans la fonction de demande le prix d’un autre
bien et le revenu nominal.
Q f p, p2 , m avec f ' p 0 (18)
Les autres dérivées dépendent de la nature du bien (inférieur ou normal, relation avec l’autre
bien).
La demande isoélastique est donnée par :
log Q a b log p b2 log p2 c log m avec a, b 0 (19)