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Chassignet, « Un corps mangé de vers » Pierre de Marbeuf, « Et la mer et

l'amour… »
Mortel, pense quel est dessous la couverture
D’un charnier mortuaire un corps mangé de vers, Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage,
Décharné, dénervé, où les os découverts, Et la mer est amère, et l'amour est amer,
Dépulpés, dénoués, délaissent leur jointure : L'on s'abîme en l'amour aussi bien qu'en la mer,
Car la mer et l'amour ne sont point sans orage.
Ici l’une des mains tombe de pourriture,
Les yeux d'autre coté détournés à l’envers Celui qui craint les eaux, qu'il demeure au rivage,
Se distillent en glaire, et les muscles divers Celui qui craint les maux qu'on souffre pour aimer,
Servent aux vers goulus d’ordinaire pâture : Qu'il ne se laisse pas à l'amour enflammer,
Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.
Le ventre déchiré cornant de puanteur
Infecte l’air voisin de mauvaise senteur, La mère de l'amour eut la mer pour berceau,
Et le né mi-rongé difforme le visage ; Le feu sort de l'amour, sa mère sort de l'eau
Mais l'eau contre ce feu ne peut fournir des armes.
Puis connaissant l’état de ta fragilité,
Fonde en Dieu seulement, estimant vanité Si l'eau pouvait éteindre un brasier amoureux,
Tout ce qui ne te rend plus savant et plus sage. Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,
Que j'eusse éteint son feu de la mer de mes larmes.

Saint-Amant, « La pipe »
Assis sur un fagot, une pipe à la main,
Tristement accoudé contre une cheminée,
Les yeux fixés vers terre, et l’âme mutinée,
Je songe aux cruautés de mon sort inhumain.

L’espoir, qui me remet du jour au lendemain,


Essaye à gagner temps sur ma peine obstinée,
Et, me venant promettre une autre destinée,
Me fait monter plus haut qu’un empereur romain.

Mais à peine cette herbe est-elle mise en cendre,


Qu’en mon premier état il me convient descendre,
Et passer mes ennuis à redire souvent :

Non, je ne trouve point beaucoup de différence


De prendre du tabac à vivre d’espérance,
Car l’un n’est que fumée, et l’autre n’est que vent.
Šasinje, „Smrtniče, pomisli…“ Sent-Aman, „Lula“

Smrtniče, pomisli kako tamna raka Sedeći na svežnju, sa lulom u ruci,


pod pokrovom skriva telo puno crva, žalosno nalakćen uz kamin kraj zida,
krte, krhke kosti, kao kosti strva zagledan u zemlju, i duše što rida,
kužnog, raskidanog, rasklimanih kraka: razmišljam o svojoj nečovečnoj muci.

ovde u prah pada ruka nekoć jaka, Nada što me vodi stalno daljoj luci,
raspadnu se oči i oblik obrva, ide ispred moga upornoga stida,
a u crnoj sluzi mišiće ophrva i, želeć da drugom sudbom mene vida,
roj pohlepnih crva što sižu iz mraka: čini da sam veći nego rimski suci.

stomak, sav rasporen u trulenju gadnom, Al’ tek što ta trava postane pepeo,
zagađuje vazduh svojim kužnim smradom, svome prvom stanju slazim ustrepeo
a nos sav izjeden s lica se otkači; i susrećem čamu zboreć slabo vedar:

kad vidiš svoju prolaznu vanjštinu, ne, razlike neke veće ne imade,
okreni se Bogu, smatraj za taštinu uzimati duvan il’ živet od nade,
sve od čega nisi mudriji i jači. jer jedno tek dim je, a drugo tek vetar.

Preveo Kolja Mićević Preveo Kolja Mićević

Pjer de Marbef, „More i Amor“

I more i Amor mòre nas veoma,


i more je mòra, i Amor je mòra,
tonemo Amorom baš kao sred mora,
jer more i Amor imaju moć groma.

Ko se plaši vode, nek čuva prag doma,


ko se plaši patnji gorkoga Amora,
on plamen Amorov odbaciti mora,
i neće se naći sred zlog brodoloma.

Majci Amorovoj more beše zipka,


iz Amora vatra izlazi sva sipka,
al’ more tu vatru nikad ne nadjača.

Da voda utešit može žar Amora,


tog Amora što me prži bez zamora,
zgasio bih vatru morem svoga plača.

Preveo Kolja Mićević

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