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Séquence 1 : Historique et normalisation des télécommunications

I.1. Objet des télécommunications


Les télécommunications, mot introduit en 1904 par Estaurié, recouvrent toutes les techniques
(filaires, radio, optiques, etc.) de transfert d’information quelle qu’en soit la nature (symboles,
écrits, images fixes ou animées, son, ou autres).

Avec Internet, les télécommunications ont débordé les domaines de la télégraphie et de la


téléphonie faisant naître grâce à une formidable évolution des technologies une ère nouvelle
qui est celle de la communication.

Ce sont les progrès réalisés dans le traitement du signal qui ont autorisé la banalisation des flux
de données et la convergence des techniques. Cette convergence, illustrée Figure I.1 [1]
implique de la part des professionnels une adaptation permanente qui ne sera possible que si
l’ingénieur ou le technicien possède une base de connaissance suffisamment vaste.

Figure I.1 : L’évolution des télécommunications.


Dans la première étape, illustrée Figure I.1, les flux voix et données sont de nature fonctionnelle
et physique différentes. Chaque système dispose de son propre réseau.

Dans la seconde étape, la voix fait l’objet d’une numérisation. Les flux physiques sont banalisés
et comme tel, peuvent être transportés par un même réseau (réseau de transport). Cependant,
les réseaux d’accès restent fonctionnellement différents et les usagers accèdent toujours aux
services par des voies distinctes.

Dans la troisième étape, les différents éléments d’informations sont rassemblés en paquets,
comme la donnée. Dans cette approche, le protocole de transport est identique, mais les
protocoles usagers restent différents. L’usager n’a plus besoin que d’un seul accès physique au
réseau de transport (réseau voix/données). Les flux sont séparés par un équipement (équipement
voix/données) localisé chez l’usager et sont traités par des systèmes différents.

Protocole : convention définissant un ensemble de règles à suivre pour effectuer un échange


d’informations.

Procédure : séquence de règles à suivre pour accomplir un processus.

Ces deux termes sont synonymes, cependant il semble préférable d’utiliser le terme procédure
lorsque les règles sont simples et de réserver le terme protocole à un ensemble de règles plus
complexes.

Enfin, la quatrième étape consiste en une intégration complète. En effet, la voix et la donnée
peuvent, non seulement cohabiter sur un même réseau, mais collaborer dans les applications
informatiques finales : c’est le couplage informatique téléphonie de manière native.

Dans cette approche les protocoles utilisés dans le réseau de transport et ceux utilisés dans le
réseau de l’usager sont identiques pour les deux types de flux.

D’une manière générale quelle que soit la complexité du système, le principe est identique :
assurer la fiabilité d’un transfert d’information d’une entité communicante A vers une entité
communicante B. Pour cela à l’image de la Figure I.2 [1], il faut :

– des données traduites dans une forme compréhensible par les calculateurs,
– un lien entre les entités communicantes, que ce lien soit un simple support ou un réseau de
transport,

– la définition d’un mode d’échange des données,

– la réalisation d’un système d’adaptation entre les calculateurs et le support,

– un protocole d’échange.

Figure I.2 : Constituants de base d’un système de transmission de données.

Ces différents points seront traités dans les chapitres qui suivent. Cependant, on ne saurait
entreprendre l’étude d’une technique sans disposer, pour celle-ci, de quelques repères
historiques sur son évolution. Finalement, les télécommunications n’auraient pas connu un tel
essor si des organismes particuliers, les organismes de normalisation, n’avaient permis, grâce
à leurs travaux, l’interopérabilité des systèmes.

I.2. Bref historique des télécommunications


On peut estimer que l’histoire des télécommunications commence en 1832, date à laquelle le
physicien américain Morse (1791-1872) eut l’idée d’un système de transmission codée
(alphabet Morse). Les premiers essais, en 1837, furent suivis d’un dépôt de brevet en 1840.

La première liaison officielle fut réalisée en 1844. C’est en 1856 que la France adopta le système
Morse. La première liaison transocéanique, réalisée en 1858, ne fonctionna qu’un mois (défaut
d’isolement du câble immergé).

Parallèlement, la phonie (le téléphone) se développait. Les principes formulés par le français
Charles Bourseul conduisirent à un dépôt de brevet, pour un système téléphonique, par Graham
Bell (1847-1922) et Eliska Gray (1835-1901). Les demandes furent déposées à deux heures
d’intervalle.
Marconi (1874-1937) réalisa en 1899 une première liaison télégraphique par onde hertzienne
entre la France et l’Angleterre. Mais, c’est Lee de Forest (1873-1961) qui avec l’invention de
la triode ouvrit véritablement la voie aux transmissions longues distances. La première liaison
téléphonique transocéanique par ondes hertziennes fut réalisée en 1927.

Le principe de la numérisation du signal (MIC, Modulation par Impulsions Codées) fut décrit
en 1938 par Alei Reever, mais il fallut attendre les progrès de l’électronique pour réaliser les
premiers codeurs. L’évolution s’accéléra, en 1948, avec l’invention du transistor (Bardeen,
Brattain, Shockley des laboratoires Bell) qui par sa faible consommation et son échauffement
limité, ouvrit des voies nouvelles. C’est ainsi que le premier câble téléphonique transocéanique
fut posé en 1956 avec 15 répéteurs immergés.

Enfin, en 1962, le satellite Telstar 1 autorise la première liaison de télévision transocéanique,


tandis que 7 ans plus tard, on peut vivre en direct les premiers pas de l’Homme sur la Lune.

L’évolution des techniques conduit à la création de réseaux pour offrir des services de transport
d’information ou des téléservices au public. En 1978 la première liaison numérique (Transfix)
est effectuée et 1979 voit l’ouverture au public du premier réseau mondial de transmission de
données par paquets X.25 (France : Transpac).

L’explosion de la télématique se concrétise avec l’expérience de Vélizy (1981), le Minitel


envahit les foyers domestiques. Les télécommunications sont aujourd’hui, de manière tout à
fait transparente, utilisées journellement par tous : télécopie, Minitel, cartes de crédit et surtout
Internet...

I.3. La normalisation
La normalisation peut être perçu comme un ensemble de règles destinées à satisfaire un besoin
de manière similaire. Dans un domaine technique elle assure une réduction des coûts d’étude,
la rationalisation de la fabrication et garantit un marché plus vaste. Ainsi, pour le
consommateur, la normalisation est une garantie d’interfonctionnement, d’indépendance vis-à-
vis d’un fournisseur et de pérennité des investissements.

Du groupement de constructeurs aux organismes internationaux, la normalisation est issue


d’organismes divers et couvre tous les domaines de la communication. D’une manière générale,
elle n’est pas imposée, sauf celle émanant de l’ETSI (European Telecommunications Standard
Institute) qui normalise les réseaux publics et leurs moyens d’accès.
Les principaux groupements de constructeurs sont :

– ECMA (European Computer Manufactures Association), à l’origine constituée uniquement


de constructeurs européens (Bull, Philips, Siemens...) l’ECMA comprend aujourd’hui tous les
grands constructeurs mondiaux (DEC, IBM, NEC, Unisys...).

– EIA (Electronic Industries Association) connue, essentiellement, pour les recommandations

RS232C, 449 et 442.

Les principaux organismes nationaux auxquels participent des industriels, administrations et


utilisateurs sont :

– AFNOR, Association Française de NORmalisation,

– ANSI, American National Standard Institute (USA),

– DIN, Deutsches Institut für Normung (Allemagne), bien connu pour sa normalisation des
connecteurs (prises DIN) ;

– BSI, British Standard Institute (Grande Bretagne).

Les organismes internationaux :

– ISO, International Standardization Organization, regroupe environ 90 pays.

– CEI, Commission Électrotechnique Internationale, affiliée à l’ISO en est la branche


électricité ;

– UIT-T, Union Internationale des Télécommunications secteur des télécommunications, qui


a succédé en 1996 au CCITT (Comité Consultatif International Télégraphie et Téléphonie),
publie des recommandations. Celles-ci sont éditées tous les 4 ans sous forme de recueils.

L’IEEE, Institute of Electrical and Electronics Enginers, société savante constituée d’industriels
et d’universitaires, est essentiellement connue par ses spécifications sur les bus
d’instrumentation (IEEE 488) et par ses publications concernant les réseaux locaux (IEEE 802),
reprises par l’ISO (IS 8802).

En plus de ces groupements, il y a aussi l’IAB, Internet Architecture Board, qui a la charge de
définir la politique à long terme d’Internet, tandis que l’IETF (Internet Engineering Task Force)
assure par ses publications (RFC Request For Comments) l’homogénéité de la communauté
TCP/IP et Internet.

I.4. Principes d’élaboration d’une norme ISO


La rédaction d’une norme est une succession de publications, la durée entre le projet et la
publication définitive peut être très longue. En effet, chaque partie tente d’y défendre ses
intérêts économiques et commerciaux. D’une manière générale, un projet de normalisation est
formalisé dans un document brouillon qui expose les concepts en cours de développement
(Draft) ; lorsque ce document arrive à une forme stable, les « drafts » sont publiés (Draft
proposable), chaque pays émet son avis (vote). Enfin, une forme quasi définitive est publiée,
elle constitue une base de travail pour les constructeurs (Draft International Standard). La norme
appelée International Standard (IS) est ensuite publiée.

I.5. Normes et agrément


Généralement, ce n’est pas parce qu’un équipement répond à une norme que celui-ci est
autorisé, de fait, à se raccorder à un réseau public. En effet, l’opérateur public se doit de garantir
aux usagers de son réseau une certaine qualité de service. Il lui appartient de vérifier qu’un
nouvel équipement ne perturbe ni le fonctionnement du réseau sur lequel il est raccordé, ni
d’autres services télématiques.

Cette mesure, souvent perçue comme une mesure protectionniste, est en vigueur dans tous les
pays où la technologie est très développée.

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