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Cours d’analyse 1
Chapitre 1 : Nombres réels
(Ce document ne peut en aucun cas remplacer les séances de cours en présentiel)
2 L’ensemble ordonné R 1
2.1 La relation d’ordre sur R . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
2.2 Valeur absolue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
2.3 Propriété de la borne supérieure/inférieure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1 Introduction
L’ensemble Q des nombres rationnels possède de nombreuses propriétés qui se prêtent bien
aux calculs courants, mais il s’avère vite insuffisant pour les besoins de l’analyse et de la
géométrie. L’ensemble des réels possède une propriété supplémentaire qui joue un rôle fon-
damental : c’est la propriété de la borne supérieure. Elle aura des conséquences dans tous
les domaines de l’analyse : convergence des suites, continuité des fonctions, limites, etc.
Historiquement, le statut précis des nombres réels dut attendre le XIXe siècle avec les travaux
de Dedekind et de Cantor.
2 L’ensemble ordonné R
2.1 La relation d’ordre sur R
Sur R, on dispose de la relation ≤ de comparaison. C’est une relation d’ordre, ce qui signifie
qu’elle est :
réflexive : (∀x ∈ R), x ≤ x,
antisymétrque : (∀x, y ∈ R), x ≤ y et y ≤ x ⇒ x = y,
transitive : (∀x, y, z ∈ R), x ≤ y et y ≤ z ⇒ x ≤ z.
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Cycle Préparatoire Intégré Université Euromed de Fès
Cet ordre est total, ce qui signifie que deux réels x et y quelconques sont comparables : on a
toujours x ≤ y ou y ≤ x.
Les opérations de R sont compatibles avec la relation d’ordre ≤ au sens suivant : Pour tous
x, y, z, t ∈ R, on a :
x ≤ y et z ≤ t ⇒ x + z ≤ y + t.
x ≤ y et 0 ≤ z ⇒ xz ≤ yz.
x ≤ y et z ≤ 0 ⇒ yz ≤ xz.
Attention : La multiplication par un nombre strictement négatif change le sens des inéga-
lités. En particulier, on ne peut multiplier des inégalités terme à terme que si tous les réels
intervenant dans ces inégalités sont positifs.
Remarque 2. — Notons en particulier que ∅ =]a, a[ est un intervalle, et que les singletons
{a} = [a, a] sont des intervalles.
— L’intersection de deux intervalles est aussi un intervalle.
— La réunion de deux intervalles n’est pas nécessairement un intervalles. Cependant, la
réunion de deux intervalles non disjoints est toujours un intervalle.
x
Exercice 1. Encadrer x + y, x − y, xy et sachant que x ∈ [3, 6] et y ∈ [−4, −2].
y
Proposition 1
Soient x, y ∈ R et r ∈ R∗+ . On a
1. |x| = max(x, −x).
2. |x| ≥ 0.
3. |x| = 0 ⇔ x = 0.
4. |x| ≤ r ⇔ −r ≤ x ≤ r.
5. |x| ≥ r ⇔ x ≥ r ou x ≤ −r.
6. |xy| = |x| |y|, en particulier | − x| = |x|.
√
7. x2 = |x|.
8. |x + y| ≤ |x| + |y|.
9. |x| − |y| ≤ |x + y|.
Les deux dernières inégalités sont appelées inégalités triangulaires.
Exercice 3. Montrer que si a est un réel tel que, pour tout ε > 0, on ait |a| < ε, alors a = 0.
1. |x + 3| = 5 2. |x + 3| ≤ 5
3. |x + 2| > 7 4. |2x − 4| ≤ |x + 2|
5. |2x − 4| = |x + 3| 6. |x + 1| + |x − 3| ≤ 6
1 1
max(x, y) = (x + y + |x − y|) et min(x, y) = (x + y − |x − y|).
2 2
Remarque 3. L’unicité du plus grand élément vient du fait que si a et b sont deux tels
éléments, on a a ≤ b et b ≤ a, donc a = b. Il en est de même pour le plus petit élément.
2. La borne inférieure de A est, s’il existe, le plus grand des minorants de A. Elle se note
inf(A).
Remarques 5. 1. L’unicité de ces éléments provient de l’unicité des plus grand et plus
petit élément d’une partie de R.
2. Attention : Ne pas confondre la borne supérieure d’une partie A avec le plus grand
élément de A. La borne supérieure de A est le plus petit des majorants de A, ce n’est
pas forcément un élément de A. Toutefois, lorsque A possède un plus grand élément,
c’est évidemment aussi sa borne supérieure.
1 2 2a 1 2a
a− = a2 − + 2 ≥ a2 − ≥ a2 + 2 − a2 = 2.
n n n n
Démonstration. Commençons par supposer que a est la borne supérieure de A. Par consé-
quent, a est un majorant de A, ce qui implique que pour tout x ∈ A, x ≤ a. De plus, pour
tout ε > 0, a − ε n’est pas un majorant de A (car a est le plus petit des majorants de A). Par
conséquent, il existe un élément x dans A tel que a − ε < x.
Inversement, supposons que a est un majorant de A qui satisfait la condition "∀ε > 0, ∃x ∈ A
tel que a − ε < x". Soit b un majorant de A. Si b < a, alors en posant ε = a − b > 0, on obtient
qu’il existe un x dans A tel que a − ε < x, ce qui équivaut à b < x, ce qui est en contradiction
avec le fait que b est un majorant de A. Par conséquent, b ≥ a. En conclusion, a est le plus
petit des majorants de A, ce qui signifie que a est la borne supérieure de A.
Proposition 3
Toute partie non vide minorée de R possède une borne inférieure.
Démonstration. Si A une partie non vide minorée de R, alors −A = {−x | x ∈ A} est une partie
non vide majorée, et donc admet une borne supérieur b. On vérifie facilement que a = −b est
la borne inférieure de A.
−A = {−x | x ∈ A} A + B = {a + b | a ∈ A, b ∈ B}
x + A = {x + A | a ∈ A} AB = {ab | a ∈ A, b ∈ B}
Théorème 2
L’ensemble R vérifie la propriété suivante, dite d’Archimède :
∀x ∈ R+ , ∃ n ∈ N : n ≥ x.
"Pour tout réel positif x, il existe un entier naturel n plus grand que x".
Démonstration. Soit x ∈ R+ . Supposons que pour tout n ∈ N, n < x. Alors, la partie N est non
vide et majorée par x. Elle possède donc une borne supérieure, que nous noterons α. Par
définition de α, il existe m ∈ N tel que m > α − 1. Ainsi, α < m + 1 ∈ N. L’inégalité précédente
contredit le fait que α est un majorant de N. L’hypothèse initiale est donc fausse, ce qui
prouve notre résultat.
Démonstration. Commençons par prouver l’unicité d’un tel entier. Pour cela supposons qu’il
existe deux entiers n et m vérifiant n ≤ x < n + 1 et m ≤ x < m + 1. Nous avons n ≤ x < m + 1
et m ≤ x < n + 1. On déduit alors de la première inégalité que n ≤ m et de la seconde m ≤ n.
Nous avons donc n = m.
Montrons maintenant qu’un tel entier existe.
Supposons x ≥ 0 et notons Ex l’ensemble des entiers naturels m tels que m ≤ x. Alors, Ex est
non vide car il contient 0 et si on applique la propriété d’Archimède à x, on voit que Ex est
majoré. L’ensemble Ex possède donc un plus grand élément, puisque c’est une partie finie
de N. Notons n = max Ex , par définition n vérifie n ≤ x < n + 1.
Supposons que x < 0. En appliquant la propriété d’Archimède à −x, il existe k ∈ N tel que
k ≥ −x. Ainsi, −k ≤ x. Notons Ex l’ensemble des entiers négatifs m tels que −k ≤ m ≤ x. D’ou
Ex est non vide (contient −k) et majoré par 0. L’ensemble Ex possède donc un plus grand
élément, puisque c’est une partie finie de Z. Notons n = max Ex , par définition n vérifie
n ≤ x < n + 1.
Exercice 13. Soient x et y deux réels. Montrer que E(x) + E(y) ≤ E(x + y) ≤ E(x) + E(y) + 1.
m
∗
Q= | m ∈ Z et n ∈ Z .
n
m 1 m+1
Ce qui montre que a < + < a + (b − a) = b. Donc que le rationnel est compris
n n n
strictement entre a et b.
a b
√
En particulier, l’intervalle √ , √ contient un rationnel r. Donc, donc ]a, b[ contient r 2,
2 2
qui est irrationnel. Ainsi, nous déduisons le résultat suivant :
Proposition 6
1. L’ensemble Q des rationnels est dense dans R. Autrement dit, entre deux réels
distincts, il y a au moins un rationnel.
2. L’ensemble R−Q des irrationnels est dense dans R. Autrement dit, entre deux
réels distincts, il y a au moins un irrationnel.
Remarque 7. On peut prouver (par l’absurde par exemple) que tout intervalle ouvert non
vide contient une infinité de rationnels et une infinité d’irrationnels.
Soient x un nombre réel et n un entier naturel. On a [10n x] ≤ 10n x < [10n x] + 1. Donc,
[10n x] .10−n ≤ x < [10n x] .10−n + 10−n . Par conséquent, nous avons le résultat suivant :
Proposition 7
Soient x un nombre réel et n un entier naturel.
1. Le nombre décimal [10n x] .10−n est une valeur approchée par défaut de x à la
précision 10−n .
2. Le nombre décimal [10n x] .10−n + 10−n est une valeur approchée par excès de
x à la précision 10−n .