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Aristarchi Bey à Aali Pacha


Berlin, le 24 septembre 1870
Dépêche N° 3021/191

En dernier lieu, l'ambassadeur d'Angleterre m'a entretenu des pourparlers que le


général Ignatieff aurait eus avec Votre Altesse au sujet de la révision du Traité
de 1856.
Il résulte des informations de Lord Augustus Loftus, que le Prince Gortchakow
a désavoué le langage du général et qu'il lui a prescrit de s'abstenir dorénavant
de discussions académiques.
Dépourvu d'instruction à cet égard je me suis borné à émettre des appréciations
personnelles que Votre Altesse connaît et que mon interlocuteur a entièrement
partagées.

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Aali Pacha à Carathéodory Effendi


Constantinople, le 29 septembre 1870
Dépêche N° 28660/138
Confidentielle et particulière

En réponse à votre télégramme du 22 septembre N° M^ 1 ,'}^vous transmets ci-


joint en copie pour information personnelle la lettre particulière que le général
Ignatieff m'a écrite au sujet de votre conversation avec le Prince Gortchakoff
sur l'entretien que cet ambassadeur a eu avec moi relativement au Traité de
Paris. Vous trouverez également ci-près une copie de la réponse que j'ai
adressée à Son Excellence.

Annexes
I

Général Ignatiew à Aali Pacha


Buyukdere, le 14/26 septembre 1870
Confidentielle et personnelle

Chère Altesse, Onou m'a transmis l'autre jour l'information que vous avez
chargé télégraphiquement Carathéodory de recueillir les impressions du Prince
Gortchakoff sur l'opportunité d'une médiation des neutres, ainsi que sur les
chances d'une pacification prochaine.
Il paraît que votre chargé d'affaires s'est étrangement mépris sur vos
instructions, ou bien a été poussé par quelqu'un à un excès de zèle. Je viens
d'apprendre en effet que Carathéodory aurait parlé au Chancelier d'un entretien
que j'aurais eu avec vous sur le Traité de 1856, entretien qui aurait produit une

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No 4.
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profonde impression (! ?) à Constantinoplc, même de l'émotion, motivé des


Conseils de Ministres (? !) et a fait entendre que Votre Altesse n'était pas
étrangère à la démarche qu'il faisait auprès du Prince Gortchakoff.
Je n'y attacherais aucune importance connaissant le fond des choses. Mais
désirant une entente sérieuse et sincère, sans aucune arrière-pensée, entre la
Porte et le Gouvernement Impérial, j e ne veux pas laisser surgir un
malentendu, une cause de défiance entre nous et je prends le parti de m'adresser
à vous franchement et confidentiellement, en vous priant d'élucider par un mot
de réponse l'incident que je viens de relater et qui a naturellement fort étonné le
Prince Gortchakoff qui ne s'attendait pas à être interpellé sur cette matière.
Mes dispositions personnelles sont trop sincères et j'attache un trop grand prix
à un tête-à-tête cordial avec vous pour ne pas vouloir apprendre si Votre
Altesse désavoue l'initiative prise par son chargé d'affaires, ou bien si en effet
il aura été chargé d'une démarche dont il m'est difficile de reconnaître
l'opportunité ni surtout la nécessité.
Ce qui est fâcheux c'est que vos agents diplomatiques, induits en erreur par des
articles de journaux, des bruits répandus à dessein par les boursiers, les
Polonais et tutti quanti, auraient parlé dans le même sens aux diplomates
occidentaux et que tout le monde va croire gratuitement que nous avons une
question d'Orient sur les bras ou qu'il y a un refroidissement entre nous. On
est trop habitué à s'alarmer à propos des affaires d'Orient ou à vous accuser de
vouloir inventer systématiquement des défiances contre nous pour que je ne
cherche à vous en garantir cette fois-ci — si toutefois vous me donnez
l'assurance de votre innocence.
Veuillez, Chère Altesse, donner au porteur de ces lignes quelques mots de
réponse pour que je puisse vous défendre en connaissance de cause et avec
conviction.
Mille hommages et amitiés sincères.

II

Aali Pacha au général Ignatiew


Bébek, lundi soir
Personnelle

Chère Excellence, Je viens de recevoir et de lire attentivement la lettre


confidentielle et personnelle que vous avez bien voulu m'adresser. Je vous
remercie de m'avoir fourni l'occasion d'éclairer un point qui aurait pu laisser
planer quelques doutes sur la droiture et la sincérité de nos intentions. Mais
avant tout je prends la liberté de vous faire observer que je ne me crois pas en
devoir de vous donner des assurances sur mon innocence parce que j e ne
considère pas comme un péché de rendre compte au représentant de son pays
des conversations qu'on peut avoir avec les membres du corps diplomatique.
Une fois ce principe posé je m'empresse de déclarer à Votre Excellence que je
n'ai pas écrit un mot à notre légation au sujet de l'entretien purement
académique que nous avons eu ensemble sur la question dont Votre Excellence
me parle. La démarche de Carathéodory Effendi n'a été donc motivée que par
les bruits que les journaux ont propagés sur vos prétendues communications

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