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Chrissidy Effendi à Aali Pacha

Vienne, le 8 septembre 1870
Télégramme chiffré N° 2141/275

L'armée prussienne avance chaque jour. On prétend qu'elle sera bientôt devant
Paris. Le bruit court ici parmi le corps diplomatique que la Russie aurait
demandé au Gouvernement Impérial la révision du Traité de Paris. On en
déduit qu'elle cherche à soulever la question d'Orient, mais qu'elle réunit contre
elle la Turquie et l'Autriche et peut-être même la Prusse.

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Carathéodory Effendi à Aali Pacha

Saint-Pétersbourg, le 13 septembre 1870
Télégramme chiffré N° 166
Très confidentiel

Informé indirectement que le général Ignatiew avait relaté ici une conversation
qu'il avait eu avec Votre Altesse sur la question du Traité de Paris, j'ai cru
devoir d'en entretenir confidentiellement le Cabinet de Saint-Pétersbourg en lui
signalant la contradiction flagrante qu'il y aurait entre une démarche de cette
nature et les déclarations catégoriques de la Russie. On a fini par m'assurer
l'existence même du fait. J'ai reçu cependant l'assurance formelle que
l'ambassadeur n'y avait été nullement autorisé et qu'il n'en rendit compte au
Prince Gortchakoff que dans une lettre particulière. J'ai tout lieu de croire que
la Russie ne pense pas à résoudre à l'heure qu'il est la question isolément. J'ai
cependant des indices pour considérer comme presque sûr que l'abolition des
clauses concernant la neutralité de la Mer Noire sera mise en avant ou par la
Russie elle-même, ou sur son instigation par d'autres dans le cas où un
congrès européen se réunirait pour la conclusion de la paix. Mais mon
impression est que le Cabinet de Pétersbourg ne soulèvera pas jusqu'alors la
question, et surtout qu'il n'en prendra pas l'initiative.
Très reconnaissant si Votre Altesse daignait me donner quelques indications.
J'enverrai à Votre Altesse par le premier courrier anglais tous les détails.
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Aali Pacha à Carathéodory Rffendi

Constantinople, le 18 septembre 1870
Télégramme chiffré N' 28585/131
Très confidentiel

Reçu votre télégramme N° 166 1 . Le général Ignatieff m'a effectivement

entretenu d'une manière toute particulière de la nécessité de réviser le Traité de
1856 dans ses clauses relatives à la neutralisation de la Mer Noire et à
l'annexion d'une partie de la Bessarabie à la Moldavie. J'ai fait sentir à cet
ambassadeur que la Russie ne courrait aucun danger sans une flotte dans ladite
mer tandis qu'une force navale n'y pouvant être désignée que contre la Turquie,
son existence serait une menace perpétuelle pour elle. D'ailleurs il serait bien
étrange que la Russie cherchât à se dédommager à nos dépens de la grandeur
nouvelle que la Prusse vient d'acquérir par la force de ses armes. Je n'ai pas
besoin de vous dire que le Gouvernement Impérial n'est nullement disposé à
adhérer à un changement pareil.

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Carathéodory Effendi à Aali Pacha

Pétersbourg, 22 septembre 1870
Télégramme chiffré N° 173
Très confidentiel

Reçu le télégramme confidentiel de Votre Altesse du 18 septembre 2 . Je ne

manquerai pas d'y conformer en tout point mon langage.
J'apprends de source certaine que le Prince Gortchakoff a adressé au général
Ignatievv une lettre dans laquelle il relate son dernier entretien avec moi. En
faisant à l'Ambassadeur un désaveu, le Chancelier lui conseille de s'abstenir
dorénavant de toute ouverture d'une nature aussi grave sans un ordre impérial
transmis par le canal du Ministre des Affaires Etrangères. On m'assure que la
lettre écrite dans un ton très significatif, a été soumis à l'Empereur avant d'être
expédié et a reçu l'approbation de Sa Majesté.

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