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Subramanya
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Il lui toucha le bras, du bout de son doigt :
— Regardez-moi bien !
Elle le regarda, d’un regard neutre, où tout semblait mort.
Il dit :
— Vous comprenez, nous devons prendre quelques petits
arrangements. Voici donc ce que je vous impose : l’hypocrisie. Ça ne
vous sera pas difficile… J’aime ma mère plus que tout au monde, et
aujourd’hui plus que jamais. Il faut qu’elle soit heureuse… Si elle
savait ce qui se passe en ce moment dans la maison de son fils, elle
en mourrait !… Elle n’en saura rien. Je le veux… je vous impose de
la rendre heureuse, à force de ruse habile, et de mensonge…
J’entends que vous trompiez tout le monde, — excepté moi. C’est
bien clair, n’est-ce pas ?
Elle se taisait.
— Mais répondez donc !
Elle se taisait toujours, l’air hautain et dur.
Une fureur inouïe le secoua. Il crispa ses poings et serra les
dents ; et, terrible, il gronda :
— Ça sera comme ça, — ou j’étrangle !
Il lui montrait ses deux mains ouvertes, crispées en crochets,
pareilles à des serres.
— Oh ! je n’ai jamais peur ! fit-elle.
Et après avoir cherché et pesé son mot :
— J’obéirai, dit-elle tout sec.
Elle était sans crainte, mais elle préparait les lendemains ; et,
pour cela, cette promesse d’obéir, faite sur ce ton d’insolence et de
révolte, fut la seule concession qu’elle trouva.
— Vous obéirez ? C’est heureux ! fit-il. Allons, bonsoir ; je vous
souhaite le doux repos que donne une conscience pure. A demain !
Il la quitta.
« C’est bien cela, songeait-il : ruse, mensonge, orgueil, orgueil
surtout !… Il me faudra un gant de fer. »
A peine hors de sa présence, il se sentit défaillir, sous
l’écroulement de son bonheur, mais il marcha jusqu’à sa chambre et
se jeta, tout vêtu, sur son lit. Au milieu du pêle-mêle de ses pensées
affreuses, celle-ci reparaissait toujours dans un demi-rêve : « Si elle
pouvait avoir l’idée d’aller se noyer, est-ce qu’il ne faudrait pas la
laisser faire ?… Allons, allons, c’est une autre que j’aimais. Voilà ce
que je dois me dire. Il y a erreur sur la personne, répétait-il… Mais
comment peut-on se laisser aveugler à ce point ? — Oh ! la
passion ! »
Quant à elle, elle se déshabilla lentement, et tout de suite, se mit
au lit.
Elle renonçait à penser. Tout cela était fatal, et trop fort,
décidément, trop compliqué… « Non ! quelle affaire, mes amis ! et
que de bruit pour trois chiffons de papier !… Qu’est-ce que dira cette
folle de Berthe ?… Elle n’en reviendra pas !… Je suis sûre qu’il n’y a,
en France, qu’un seul homme comme ça. Et j’ai eu la veine de
tomber dessus ! Vrai, c’était fait pour moi !… Était-il beau tout à
l’heure ! C’est un homme, un vrai, ça, et crâne, encore !… Bah ! je le
ramènerai. C’est ça qui sera amusant !… Le bonheur de la mère,
c’est la planche de salut, — et solide ; il faut s’y tenir… Je ne peux
pourtant pas songer… aux inscrits, avant d’avoir fait la conquête de
mon époux… C’est bien drôle !… »
Et comme il arrive après les morts, après les désespoirs, les
grandes épreuves, lasse de tant d’émotions et d’aventures, — elle
dormit, cette nuit-là, d’un sommeil d’enfant. D’ailleurs, il fallait ça,
pour être jolie dès le lendemain, et engager la bataille.
IV