Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
net/publication/324103820
CITATIONS READS
3 6,497
1 author:
Hana El Khal
University of Carthage
6 PUBLICATIONS 101 CITATIONS
SEE PROFILE
All content following this page was uploaded by Hana El Khal on 29 October 2018.
Présentée par
M. Didier Bouvard
Professeur, Grenoble INP - Phelma, Président de jury
Mme Hafsia Ben Rhaiem
Professeur, Faculté des Sciences de Bizerte, Rapporteur
M. Fabrice Mauvy
Professeur, Université de Bordeaux, ICMCB, Rapporteur
M. Habib Boughzala
Professeur, Institut préparatoire pour les études d’ingénieurs de Nabeul,
Examinateur
M. Thierry Pagnier
Chargé de recherches HDR, CNRS, Université Grenoble Alpes, Directeur de thèse
Mme Narjès Batis
Professeur, INSAT, Université de Carthage, Directeur
M. Marlu César Steil
Ingénieur de recherche, CNRS, Université Grenoble Alpes, Co-encadrant de thèse
THÈSE
Pour obtenir le grade de
DOCTEUR DE LA COMMUNAUTÉ UNIVERSITÉ
GRENOBLE ALPES (Thèse en cotutelle)
Spécialité : Matériaux, Mécanique, Génie Civil, Electrochimie
Arrêté ministériel : 25 mai 2016
Présentée par
M. Didier Bouvard
Professeur, Grenoble INP - Phelma, Président de jury
Mme Hafsia Ben Rhaiem
Professeur, Faculté des Sciences de Bizerte, Rapporteur
M. Fabrice Mauvy
Professeur, Université de Bordeaux, ICMCB, Rapporteur
M. Habib Boughzala
Professeur, Institut préparatoire pour les études d’ingénieurs de Nabeul, Examinateur
M. Thierry Pagnier
Chargé de recherches CNRS, LEPMI, Grenoble, Directeur de thèse
Mme Narjès Batis
Professeur, INSAT, Université de Carthage, Directeur de thèse
M. Marlu César Steil
Ingénieur de recherche CNRS, LEPMI, Grenoble, Co-encadrant de thèse
Je dédie ce travail
A mes parents
A mon frère
Albert Einstein
Remerciements
Ce travail a été réalisé dans le cadre d’une thèse en cotutelle entre le laboratoire d’Electrochimie et
de Physico-chimie des Matériaux et des Interfaces (LEPMI) de l’Université de Grenoble Alpes et
l’unité de recherche de Catalyse, Electrochimie, Nanomatériaux et leurs applications et didactique
(CENAD) – INSAT de l’Université de Carthage.
J'aimerais exprimer ma reconnaissance à l'ensemble des membres du jury qui m'ont fait l'honneur
d’avoir accepté d’évaluer mon travail de thèse. Je souhaite tout d'abord remercier M. Fabrice Mauvy,
Professeur à l’Université de Bordeaux et Mme Hafsia Rhaiem, Professeur à l’a Faculté des Sciences
de Bizerte en leur qualité de rapporteurs. Merci à eux d'avoir accepté d’évaluer ce travail et d'y avoir
apporté un regard critique et des commentaires très pertinents.
J’aimerais remercier M. Habib Boughzala, Professeur à la Faculté des Sciences de Tunis et M. Didier
Bouvard, Professeur à Grenoble INP pour l’honneur qu’ils m’ont fait d’avoir accepté d’examiner mon
travail.
Ce travail n'aurait jamais vu le jour sans la contribution de mes directeurs de thèse. J’ai eu le plaisir
de travailler au sein de l’équipe MIEL de LEPMI, sous la direction de M. Thierry Pagnier, Chargé de
recherches HDR et M. Marlu César Steil, Ingénieur de recherches au CNRS. Merci à Thierry pour ses
conseils avisés et son aide précieuse dans l’interprétation des résultats. Je tiens également à
remercier César pour l’aide qu’il m’a apporté avec dévouement, pour son soutien moral, pour ses
conseils judicieux et ses remarques pertinentes.
J’adresse également mes remerciements à Mme Narjès Batis, Professeur et Directrice de l’unité de
recherche CENAD à l’INSAT, pour son encouragement et la confiance qu’elle m’a donné durant ces
quatre années de thèse en m’accordant une grande liberté d’action.
Je tiens par ailleurs à remercier Mme Elisabeth Siebert, Directeur de recherches au CNRS, qui a
fortement contribué à la valorisation de ce travail grâce à son expertise dans le domaine
d’électrochimie des solides et à son implication sans limite. Nulles paroles ne peuvent exprimer ma
gratitude.
Je remercie bien sûr tous les membres du laboratoire LEPMI et CENAD qui m'ont accueilli pendant
la thèse. Merci en particulier aux membres de l'équipe MIEL. Merci à Elisabeth Djurado, Said
Obadde, Abdelkader Hammou, Cécile Rossignol. Je n'oublie pas surtout l'ensemble du personnel
technique et administratif, sans leurs aides, mes travaux de recherche n'auraient pu être menés à bien.
Merci à claire Benoit, Yasmine bouhadjar et Claire Girardi
Merci à tous les non-permanents du LEPMI qui ont contribué à la bonne ambiance de notre
laboratoire. Merci à Ozden (Bibishim), Filou, Vlad, Rakesh, Clémence, Tika. Merci à Manue, Seng
Kian, Shayenne et Michel pour les moments inoubliables à l’usine.
Je n’oublierais pas de remercier mes amis à l’INSAT qui m’ont accompagné durant mon parcours
universitaire : Imen, Manel, Soumaya, Safa, Jihen, Mehrez, Cyrine, Ali.
Merci à ma chère copine Mariem d’avoir été toujours à côté de moi et d’avoir partagé avec moi tous
les moments de bonheur.
Merci à mes copines Leila, Arbia, Wafa et Nour, Boutheina, Rabaa, Sabrine
Les mots me manquent pour exprimer ma gratitude à ma famille et spécialement à mes parents pour
leur soutien moral, leur présence et la confiance dont ils ont fait preuve. Sans eux, je n’aurais pas été
ce que je suis aujourd’hui. Que ce travail leur soit dédié avec toute mon affection.
Je remercie mon mari Tarek pour son soutien et d’avoir supporté mon absence.
Je remercie également mes beaux-parents, mes belles sœurs Majda et Fatma et mes beaux-frères
Mehrez, Mouldi, Tmim, Amor et Ramzi
Pour finir, je souhaite bon courage à tous les doctorants de LEPMI et CENAD pour la fin de leur
thèse.
Merci !!
Hana
Table des matières
Introduction ……………………………………………………………………………….. 6
1. et famille LAMOX………………………………………………………….. 7
1.1. ……………………………………………………………………………….. 7
1.1.1. Généralité ………………………………………………………………………. 7
1.1.2. Origine de la conductivité ionique dans ……………………….. 9
1.1.3. Inconvénients de en tant qu’électrolyte solide ………………… 10
1.2. Famille LAMOX : solution solide La2Mo2-yWyO9 ………………………………….. 11
2. Frittage …………………………………………………………………………………….. 13
2.1. Frittage conventionnel …………………………………………………………………. 14
2.1.1. Force motrice du frittage ……………………………………………………… 14
2.1.2. Mécanisme de transport de la matière ……………………………………….. 15
2.1.3. Etapes du frittage ………………………………………………………………. 16
2.1.4. Croissance granulaire …………………………………………………………. 17
2.2. Frittage flash ……………………………………………………………………………. 17
2.2.1. Principe ……………………………………………………………………......... 18
2.2.2. Etat de l’art ……………………………………………………………………... 18
2.2.3. Méthode d’essais / Mode de chauffage ……………………………………… 19
2.2.4. Etapes de frittage flash en conditions isothermes …………………………... 22
2.2.5. Déclenchement du flash ………………………………………………………. 23
3. Relation microstructure – propriétés électriques …………………………………… 26
3.1. Céramiques hétérogènes ……………………………………………………………….. 26
3.1.1. Présentation …………………………………………………………………….. 26
3.1.2. Caractérisation électrique ……………………………………………………... 26
3.2. Céramiques poreuses …………………………………………………………………... 28
3.2.1. Effet de la porosité sur la conductivité - Loi d’Archie …………………….. 28
3.2.2. Théorie du milieu effectif …………………………………………………….. 29
3.3. Description du blocage dans les conducteurs ioniques : Modèles de blocage ……. 31
3.3.1. Modèle série ……………………………………………………………………. 32
3.3.2. Modèle de brick layer …………………………………………………………. 32
3.3.3. Modèle parallèle ……………………………………………………………….. 33
Références bibliographiques ………………………………………………………….... 37
H. El. Khal I
Table des matières
Introduction ……………………………………………………………………………….. 43
1. Synthèse et caractérisation de la poudre ………………………... 44
1.1. Synthèse d’une solution solide ……………………………………. 44
1.2. Caractérisation par diffraction des rayons X ………………………………………… 44
1.3. Broyage planétaire ……………………………………………………………………… 45
2. Mise en forme ……………………………………………………………………………... 47
2.1. Pressage uiniaxial ………………………………………………………………………. 47
2.2. Pressage isostatique …………………………………………………………………….. 48
2.3. Polissage ………………………………………………………………………………… 49
3. Frittage …………………………………………………………………………………….. 50
3.1. Frittage conventionnel- étude dilatométrique ………………………………………... 50
3.2. Frittage flash – Essais isothermes …………………………………………………….. 52
4. Techniques de caractérisation des céramiques ……………………………………… 54
4.1. Caractérisation électrique : spectroscopie d’impédance complexe ………………... 54
4.1.1. Principe …………………………………………………………………………. 54
4.1.2. Interprétation et déconvolution des digrammes d’impédance …………….. 55
4.1.3. Element CPE (Constant Phase Element) ……………………………………. 56
4.1.4. Montage et procédure expérimentale ………………………………………... 58
4.2. Microscopie électronique à balayage …………………………………………………. 60
4.2.1. Préparation des échantillons ………………………………………………….. 60
4.2.2. Observation microstructurale ………………………………………………… 61
4.2.3. Mesure de la taille des grains ………………………………………………… 61
4.3. Mesure de la densité ……………………………………………………………………. 62
4.3.1. Estimation de la densité relative des comprimés crus ……………………… 62
4.3.2. Mesure de la densité relative des matériaux frittés par immersion ……….. 62
4.3.3. Détermination de la densité théorique de ……………….. 63
5. Etude de la précision et qualité des mesures électriques …………………………... 64
5.1. Température de mesure ………………………………………………………………... 64
5.1.1. Choix de la température de mesure ………………………………………….. 64
5.1.2. Contrôle de la température de mesure ……………………………………….. 65
5.2. Nature d’électrodes …………………………………………………………………….. 67
5.3. Rôle du facteur géométrique …………………………………………………………... 68
5.4. Détermination de l’erreur expérimentale …………………………………………….. 69
5.5. Autres paramètres contrôlés …………………………………………………………… 70
Conclusion ……………………………………………………………………………………… 71
Références bibliographiques ………………………………………………………………… 72
H. El. Khal II
Table des matières
Introduction ………………………………………………………………………………….. 75
1. Préparation et caractérisation des échantillons poreux …………………………… 76
1.1. Préparation des échantillons poreux …………………………………………………. 76
1.2. Caractérisation microstructurale ……………………………………………………… 78
1.3. Caractérisation électrique ……………………………………………………………… 79
1.3.1. Allure des diagrammes d’impédance …………………………………………… 79
1.3.2. Déconvolution des diagrammes d’impédance …………………………………. 81
2. Effets de la porosité sur les propriétés de conduction intrinsèques de
………………………………………………………………………….. 84
2.1. Evolution de la conductivité : Loi d’Archie …………………………………………. 84
2.2. Evolution de la constante diélectrique ……………………………………………….. 86
2.3. Energie d’activation ……………………………………………………………………. 87
3. Modélisation de LMW05 poreux ……………………………………………………… 88
3.1. Détermination de la conductivité effective ………………………………………….. 88
3.2. Détermination de la permittivité effective …………………………………………… 90
4. Facteur de tortuosité …………………………………………………………………….. 91
4.1. Définition ……………………………………………………………………………….. 91
4.2. Relation tortuosité-porosité …………………………………………………………… 92
4.3. Résultats expérimentaux ………………………………………………………………. 94
4.4. Echantillons modèles de YSZ poreux ………………………………………………... 95
Conclusion …………………………………………………………………………………….. 99
Références bibliographiques ……………………………………………………………….. 101
H. El. Khal IV
Introduction générale
Introduction générale
La famille LAMOX, basée sur le composé mère , a été découverte en 2000 par
le groupe de P. Lacorre [1] à l’université du Maine. Cette nouvelle famille de céramiques
appartient à la famille des conducteurs par ions oxydes O2-. Elle a récemment connu un grand
potentiel en tant qu’électrolyte solide dans les piles à combustible de type SOFC, grâce à sa
conductivité ionique élevée à des températures intermédiaires (500 – 700 °C), sa bonne
stabilité thermique et électrochimique [2] et sa compatibilité chimique et mécanique avec les
matériaux d’électrodes [3, 4].
H. El Khal 1
Introduction générale
tels que V5+, Cr6+ et W6+ ont été testés comme substituant de Mo6+ pour stabiliser β-
dans des atmosphères réductrices. Des travaux antérieurs ont montré que la
substitution de Mo6+ par W6+ [7-10] supprime la transition de phase en stabilisant la forme β à
température ambiante et inhibe le processus de réduction. La structure cubique des composés
à température ambiante semble être similaire à celle de β- à haute
température avec une faible variation dans l’occupation des sites d’oxygène [7].
Par ailleurs, il est connu que la conductivité ionique, issue des mesures électriques, dépend
des propriétés intrinsèques liées à la phase (la composition et la structure cristalline) mais
aussi de la microstructure (grains, joints des grains, pores, inclusions) dans le cas des
matériaux céramiques. Comme il est difficile de préparer un échantillon parfaitement dense, il
est donc nécessaire d’étudier l’effet de certains paramètres microstructuraux, à commencer
par la porosité, sur la conductivité ionique. Selon nos connaissances actuelles, aucune étude
systématique portant sur l’influence de la porosité sur les réponses électriques des composés
de type LMW05 n'a été réalisée. C’est dans ce contexte qu’ont été menés ces travaux de thèse,
consistant, en premier de lieu, à élaborer et à caractériser des échantillons de LMW05 de
porosité variable. Cette étude nous permettra de déterminer les valeurs intrinsèques (exemptes
de toute contribution microstructurale) des grandeurs caractéristiques de l’électrolyte LMW05
(conductivité, permittivité et énergie d’activation) et d’établir d’éventuelles relations entre la
microstructure et les propriétés électriques de LMW05. En second lieu, le procédé de frittage
rapide appelé « flash sintering » a été appliqué pour la préparation des échantillons denses.
Les propriétés électriques et les microstructures des différents échantillons élaborés par
frittage flash sont discutées et comparées à ceux élaborés par frittage conventionnel.
H. El Khal 2
Introduction générale
Le chapitre III est consacré à l’étude de l’effet de la porosité sur les propriétés intrinsèques
de LMW05. Dans ce chapitre, des échantillons poreux ont été préparés en variant la
température de frittage. La corrélation entre les propriétés électriques et les microstructures
obtenues est discutée en détail.
H. El Khal 3
Introduction générale
Références bibliographiques
H. El Khal 4
Chapitre I
Synthèse bibliographique
.
Chapitre I. Synthèse Bibliographique
Introduction ……………………………………………………………………………….. 6
1. et famille LAMOX …………………………………………………….. 7
1.1. ……………………………………………………………………………. 7
1.1.1. Généralité ……………………………………………………………………. 7
1.1.2. Origine de la conductivité ionique dans …………………...... 9
1.1.3. Inconvénients de en tant qu’électrolyte solide ……………... 10
1.2. Famille LAMOX : solution solide La2Mo2-yWyO9 ………………………………. 11
2. Frittage ………………………………………………………………………………….. 13
2.1. Frittage conventionnel ……………………………………………………………..... 14
2.1.1. Force motrice du frittage ………………………………………………....... 14
2.1.2. Mécanisme de transport de la matière ……………………………………. 15
2.1.3. Etapes du frittage …………………………………………………………… 16
2.1.4. Croissance granulaire ………………………………………………………. 17
2.2. Frittage flash …………………………………………………………………………. 17
2.2.1. Principe ……………………………………………………………………… 18
2.2.2. Etat de l’art ………………………………………………………………….. 18
2.2.3. Méthode d’essais / Mode de chauffage …………………………………... 19
2.2.4. Etapes de frittage flash en conditions isothermes ……………………….. 22
2.2.5. Déclenchement du flash ……………………………………………………. 23
3. Relation microstructure – propriétés électriques ………………………………... 26
3.1. Céramiques hétérogènes ……………………………………………………………. 26
3.1.1. Présentation …………………………………………………………………. 26
3.1.2. Caractérisation électrique ………………………………………………….. 26
3.2. Céramiques poreuses ………………………………………………………………... 28
3.2.1. Effet de la porosité sur la conductivité - Loi d’Archie ………………….. 28
3.2.2. Théorie du milieu effectif ………………………………………………….. 29
3.3. Description du blocage dans les conducteurs ioniques : Modèles de blocage … 31
3.3.1. Modèle série ………………………………………………………………… 32
3.3.2. Modèle de brick layer ……………………………………………………… 32
3.3.3. Modèle parallèle ……………………………………………………………. 33
Références bibliographiques ………………………………………………………… 37
H. El Khal 5
Chapitre I. Synthèse Bibliographique
Introduction
H. El Khal 6
Chapitre I. Synthèse Bibliographique
1. et famille LAMOX
1.1.
1.1.1. Généralités
H. El Khal 7
Chapitre I. Synthèse Bibliographique
Structure de la forme β
H. El Khal 8
Chapitre I. Synthèse Bibliographique
Structure de la forme α
La forme α basse température (groupe d’espace P21) présente une légère distorsion
monoclinique (distorsion inférieure à 0,5° [5]) par rapport à la forme β haute température. Ses
paramètres de maille sont : a = 28,6472 Å ; b = 21,4632 Å ; c = 14,2852 Å et β = 90,472° [5].
Cette distorsion monoclinique se manifeste, sur les diagrammes de diffraction des rayons X,
par l’éclatement du pic (231) situé à un angle 2θ de l’ordre de 47° (figure II.2) lorsqu’on
utilise le rayonnement CuKα1+2. La détermination structurale de la forme α basse température
est beaucoup plus difficile à résoudre du fait de la grande taille de la maille élémentaire qui
est 24 fois plus grande que celle de la forme β.
Comme illustré sur la figure I.3, une analogie structurale a été mise en évidence entre
β- et β-Sn2W2O8 pour expliquer l’origine de la conduction ionique dans
[1-4, 7]. Cette analogie a permis de proposer un nouveau concept cristallochimique pour
l’élaboration de nouvelles familles de conducteurs anioniques [7]. Ce concept est appelé LPS
(Lone Pair Substitution).
Les deux composés β- et β-Sn2W2O8, sont de symétrie cubique (P213) avec des
paramètres de maille et des diagrammes de diffraction des rayons X voisins. Les positions
cationiques dans les deux composés sont très voisines, mais la stœchiométrie et la position de
certains atomes d’oxygène diffèrent légèrement.
H. El Khal 9
Chapitre I. Synthèse Bibliographique
Le concept LPS repose sur le fait que la paire libre d’électrons ( ) de dans
β- occupe classiquement un volume similaire à celui qu’occupe un ion O2-. Le
composé β- peut donc s’écrire ou où E représente une paire
libre d’électrons.
Sur un plan purement formel, il est possible de passer de la structure du tungstate à celle de
molybdate par substitution totale de l’étain divalent Sn2+ par le lanthane trivalent La3+ et du
tungstène W6+ par le molybdène Mo6+
H. El Khal 10
Chapitre I. Synthèse Bibliographique
l’augmentation du volume de la maille suite à la transition structurale α/β à 580 °C. Le second
inconvénient est la réduction partielle du molybdène hexavalent dans des atmosphères
pauvres en oxygène qui engendre l’apparition d’une conductivité électronique. Goutenoire et
al. [8] ont montré qu’un produit de formulation , conducteur électronique,
est obtenu suite à la réduction partielle de à 760 °C dans l’hydrogène dilué (6%
dans ).
H. El Khal 11
Chapitre I. Synthèse Bibliographique
Figure I.4. Perte en oxygène sous dilué en fonction du taux de tungstène dans
[2].
Figure I.5. Courbes d’Arrhénius des composés avec (y = 0, 0,3, 1, 1,5 et 2) [5].
H. El Khal 12
Chapitre I. Synthèse Bibliographique
Corbel et al, [12] ont montré que l’augmentation du taux du tungstène dans
entraîne un rééquilibrage de l’occupation des sites O2 et O3. Ainsi, comme le montre la figure
I.6, le site O3, le plus proche des cations hexavalents, devient plus peuplé au détriment de la
population des sites O2 plus éloignés.
Figure I.6. Evolution de la distance moyenne (MO,W)-O (a) et de l’occupation des sites O2 et O3 de
l’oxygène (b), à température ordinaire, en fonction du taux de tungstène dans [12].
Pour comparaison, les carrés indiquent les occupations des sites pour β- à 670 °C [14].
Il est donc préférable d’utiliser des faibles proportions en tungstène. Dans notre étude, nous
avons choisi de travailler avec un composé substitué par 25% de tungstène
( ). C’est le taux minimal qui permet à la fois la suppression de la transition
de phase et la diminution de la réductibilité du matériau en milieu réducteur. Ce taux de
tungstène permet aussi l’obtention d’une conductivité ionique comparable à celle de la
zircone stabilisée à l’yttrium (YSZ 8%), l’électrolyte solide le plus utilisé pour les piles
SOFC.
2. Frittage
H. El Khal 13
Chapitre I. Synthèse Bibliographique
Dans un système monophasé, les interfaces solide-gaz sont plus énergétiques que les
interfaces solide-solide. Deux solutions sont possibles pour abaisser l’énergie interfaciale
totale dans une céramique :
Localement, le transport de matière est directement relié aux courbures des surfaces. La loi
de Laplace donne la différence de pression entre deux phases séparées par une surface
courbe :
( )
Le transport de matière s’effectue généralement par diffusion des régions convexes vers
des régions concaves conduisant ainsi au développement et à la croissance de ponts entre les
particules. Les mécanismes de transport sont classés en deux catégories [18] :
-mécanismes avec retrait : qui entraînent un rapprochement relatif des centres de particules,
donc une densification du matériau ;
-mécanismes sans retrait : qui ne créent pas de densification du matériau.
Dans le premier cas, on trouve la diffusion aux joints de grains, la diffusion en volume et
l’écoulement visqueux ; dans le second, la diffusion en surface et le mécanisme
d’évaporation-condensation. Les différents chemins de transport de matière sont présentés sur
la figure I.7. Les cinétiques de tous les mécanismes dépendent de la température, de la
composition (notamment des impuretés) et de l’interface entre les particules.
H. El Khal 15
Chapitre I. Synthèse Bibliographique
Figure I.7. Trajectoires du transport de masse selon le mécanisme : diffusion en surface, diffusion
en volume [19].
Etape intermédiaire : Elle constitue la plus grande partie du processus de densification. Elle
correspond à l’élimination progressive de la porosité ouverte. Elle s’accompagne d’une
densification importante et entraine la création des pores emprisonnés dans le matériau
(porosité fermée). A ce stade, la densité relative atteinte est d’environ 92%.
Etape finale : Elle prend place à partir des densités relatives de l’ordre de 92%. Cette étape
conduit à l’élimination complète de la porosité fermée. La densification est ralentie alors que
le grossissement des grains devient important.
H. El Khal 16
Chapitre I. Synthèse Bibliographique
Figure I.8. Evolution de la densité relative d’un comprimé cru au cours du frittage. Illustration des
trois étapes du frittage conventionnel [16].
La croissance granulaire consiste en une augmentation de la taille moyenne des grains dans
un matériau. Elle prend place généralement lors des derniers stades du frittage. Elle est freinée
par la porosité présente dans un comprimé. Les pores, le plus souvent situés au niveau des
joints de grains, exercent une force de freinage sur ceux-ci, diminuant ainsi leur vitesse de
déplacement.
De nouvelles techniques de chauffage ont été proposées dans la littérature dans le but
d’accélérer les cinétiques de densification en réduisant la température de frittage et le temps
du cycle. Certaines de ces techniques sont basées sur l’utilisation d’un courant ou d’un champ
électrique afin d’activer le processus de frittage. La plus développée est la technique ECAS
(Electric Current Activated/Assisted Sintering) connue aussi sous le nom de Spark Plasma
Sintering (SPS). Ce procédé permet la densification rapide d’une poudre confinée dans une
matrice en chauffant l’ensemble (poudre + matrice) par le passage d’un courant (continu,
pulsé ou alternatif) et en appliquant une pression uniaxiale [20, 21]. La rapidité et l’efficacité
de cette technique proviennent du chauffage direct de la poudre par effet Joule (densification
rapide) et de l’application d’une charge. Le temps caractéristique du frittage SPS est de
quelques minutes à quelques dizaines de minutes.
H. El Khal 17
Chapitre I. Synthèse Bibliographique
Une autre technique de frittage basée sur l’utilisation d’un courant a également vu le jour
ces dernières années : C’est le frittage flash. Comme le frittage SPS, le frittage flash peut être
classé dans la catégorie des procédés de frittage assistés ou activés par un courant électrique
(ECAS). Cette nouvelle technique de frittage est nommée par Cologna et al. [22] «two
electrodes experiment», soit technique à deux électrodes.
2.2.1. Principe
Le frittage flash consiste à chauffer un compact cru, placé entre deux électrodes, dans un
four et d’appliquer une tension continue (DC) ou alternative (AC) (Figure I.9). Dans ces
conditions, un courant électrique circule à travers l’échantillon permettant son chauffage ainsi
que sa densification en quelques secondes et à une température beaucoup plus basse que celle
du frittage conventionnel. C’est la rapidité du frittage qui conduit Cologna et al. [22] à
désigner cette technique par « Flash sintering ». L’originalité de cette technique réside dans le
fait qu’on n’a pas besoin ni d’une charge uniaxiale, ni d’une matrice qui enveloppe la poudre.
La mise en place de ce procédé de frittage est très simple et économique. Le montage est
principalement composé d’un four et d’une alimentation en courant (figure I.9). Des mesures
dilatométriques peuvent être simultanément réalisées au cours du frittage flash dans le but de
suivre directement les variations dimensionnelles de l’échantillon lors de son chauffage.
Les premiers travaux sur le frittage flash, publiés en 2010 [22], ont été menés sur un
échantillon de zircone quadratique en forme d’os de chien (dog bone). Comme le montre la
figure I.10, la pièce crue (échantillon) est suspendue au centre du four par deux électrodes de
platine, fixées à chacune de ses extrémités, permettant le passage du courant électrique à
travers l’échantillon.
H. El Khal 18
Chapitre I. Synthèse Bibliographique
Figure I.10. Représentation schématique du procédé du frittage flash « two eletrode experiment ».
La forme os de chien utilisée dans des nombreuses expériences de frittage flash [23]. Les deux
électrodes servent également de système de suspension de l’échantillon dans le four.
Le procédé de frittage flash a été utilisé avec succès pour une large gamme de céramiques
oxydes : la zircone yttriée [22-27], le titanate de strontium [28, 29], l’oxyde de titane
[30], l’oxyde d’étain [31], l’oxyde d’yttrium [32], l’oxyde de zinc [33,
34] et le spinelle cobalt manganèse ( ) [35]. Très récemment, le frittage flash a été
également utilisé sur des composites de type zircone quadratique-alumine (TZP / ) [36]
pour une large gamme de teneurs en phase isolante (alumine) [37]. Mais en l’état actuel de
nos connaissances, aucune recherche relative sur le frittage flash des céramiques de type
LAMOX n’a été réalisée. Le composé LAMOX mérite d’être testé du fait de sa conductivité
électrique comparable à celle de la zircone dopée (YSZ) et de la cérine dopée (CGO), les deux
électrolytes solides les plus couramment utilisés pour les piles à combustible.
Le mécanisme exact de frittage flash reste jusqu'à maintenant mal expliqué, faisant l’objet
de nombreuses discussions. Parmi ceux-ci, Cologna et al. [22] et Raj et al. [23] proposent que
le mécanisme mis en jeu dans le frittage flash soit préférentiellement un chauffage par effet
Joule au niveau des joints de grains lorsque les contacts particule-particule commencent à se
développer. Ils suggèrent que la température au niveau des joints de grains serait donc
localement plus élevée ce qui favorise la diffusion aux joints de grain conduisant à un frittage
ultra-rapide.
Dans la littérature, il existe deux méthodes d’essais pour le frittage flash qui se distinguent
par le mode de chauffage utilisé : les essais à vitesse de chauffe constante et les essais en
H. El Khal 19
Chapitre I. Synthèse Bibliographique
conditions isothermes. Dans le présent travail, tous les essais du frittage flash ont été effectués
en conditions isothermes.
H. El Khal 20
Chapitre I. Synthèse Bibliographique
Figure I.11. Influence du champ électrique appliqué sur le retrait linéaire d’une zicrone
quadratique YSZ3% chauffée à 10 °C min-1 sous air (essai CHR) [24].
Le second procédé de frittage flash cité dans la littérature est dit « isotherme ». Il consiste à
un appliquer un champ électrique constant sur un comprimé cru préalablement chauffé à une
température de préchauffage prédéfinie. Le courant électrique traversant l’échantillon est
d’abord faible mais au bout d’un certain temps, appelé temps d’incubation ou temps de
déclenchement « Delay time », il augmente brutalement entrainant l’augmentation de la
puissance reçue par l’échantillon. Ce flash du courant est suivi d’une densification flash en
quelques secondes.
La figure I.12 présente le déroulement d’un essai en conditions isothermes sur la zircone
cubique. Elle illustre le retrait linéaire de l’échantillon au cours du temps ainsi que la variation
de tous les paramètres électriques (champ électrique, densité du courant, puissance fournie)
lors d’un essai isotherme.
H. El Khal 21
Chapitre I. Synthèse Bibliographique
Figure I.12. Variation des paramètres électriques d’un essai en conditions isothermes sur la zircone
cubique [27]. Conditions du flash : température du four 900 °C, densité de courant limite 10 A cm-2,
temps sous courant limite 30 s.
H. El Khal 22
Chapitre I. Synthèse Bibliographique
H. El Khal 23
Chapitre I. Synthèse Bibliographique
Figure I.14. Relation entre temps d’incubation et champ électrique à diverses températures pour une
zircone yttriée quadratique sous forme d’os de chien [39].
En 2015, Bichaud et al. [37, 40] ont étudié le déclenchement du flash en conditions
isothermes pour un composite zircone quadratique-alumine (TZP/ ). Ils ont montré que
le phénomène du flash est le résultat d’un emballement thermique. Ce dernier est créé par le
chauffage Joule de l’échantillon qui est en compétition avec les pertes thermiques dues aux
échanges de la chaleur entre l’échantillon et son environnement. Ces pertes thermiques, par
rayonnement (surface de l’échantillon) ou par conduction (contact des électrodes), sont
fortement liées à la géométrie de l’échantillon et des électrodes. Lorsque ces pertes sont
compensées, l’effet Joule entraine l’augmentation de la température de l’échantillon dont sa
conductivité est thermiquement activée. Cette augmentation de la conductivité mène à une
forte augmentation de la densité du courant dans l’échantillon qui, par effet Joule, s’échauffe
encore plus et se densifie rapidement [40]. Cette constatation a été validée par plusieurs
auteurs [38, 41, 42] qui suggèrent que l’observation du phénomène du flash est lié à
l’emballement thermique.
Par ailleurs, Bichaud et al. [37] ont mis en évidence le rôle de la conductivité effective de
l’échantillon dans le déclenchement du flash du courant. Ils ont montré que la densité de
puissance fournie à l’échantillon est le paramètre déterminant pour le déclenchement du
phénomène du flash (figure I.15). Cette puissance est indépendante de la nature du matériau.
Elle s’exprime comme suit :
H. El Khal 24
Chapitre I. Synthèse Bibliographique
Les auteurs ont défini une puissance seuil nécessaire pour l’observation du flash. Plus la
puissance fournie à l’échantillon est grande par rapport à la puissance seuil, plus le temps du
déclenchement du flash est court et tend vers zéro.
La maîtrise de la microstructure est l’un des soucis majeurs de tous les céramistes, quelque
soit le domaine d’application. Cette maîtrise nécessite une étude bien détaillée des paramètres
déterminants du processus de frittage que ce soit par frittage conventionnel ou par frittage
flash. La troisième partie de ce chapitre présentera ainsi l’effet de la microstructure sur les
propriétés électriques des céramiques.
H. El Khal 25
Chapitre I. Synthèse Bibliographique
Les céramiques hétérogènes sont des matériaux solides de synthèse, préparées à partir de
poudres consolidées (mise en forme) et densifiées par un traitement thermique (frittage). Elles
sont généralement des matériaux polycristallins constituées de deux phases ou plus. Les
céramiques peuvent contenir des défauts de microstructure (MD) : joints de grains, fissures,
pores, inclusions d’une seconde phase [43, 44]. Ces défauts de microstructure jouent le rôle
de bloqueurs des porteurs de charge de la matrice et conduisent à une augmentation
significative de la résistance apparente totale du matériau.
Le demi-cercle, observé à hautes fréquences (HF), est représentatif d’une relaxation due au
mouvement des ions dans les grains (propriétés intrinsèques du matériau). Cette relaxation est
caractérisée par une résistance du matériau au mouvement ionique notée et une capacité
liée à la polarisation des grains de l’ordre de 10-11 – 10-12 F.
Le second demi-cercle, observé aux basses fréquences (BF), est caractéristique de la réponse
des divers blocages de la conduction ionique associés aux défauts microstructuraux (MD)
dans le matériau. La réponse des défauts de microstructure est caractérisée par une résistance
de blocage notée et d’une capacité comprise entre 10-8 et 10-9 F.
H. El Khal 26
Chapitre I. Synthèse Bibliographique
sera pas exploitée mais il est important de l’identifier pour pouvoir la séparer de la
contribution du matériau céramique.
Figure I.16. Spectre d’impédance classique d’une céramique conductrice associé à son circuit
électrique équivalent.
Par ailleurs, la conductivité ionique issue des mesures électriques dépend du nombre et de la
mobilité des porteurs de charge i qui sont directement liés aux caractéristiques structurales du
matériau (propriétés intrinsèques liées à la phase). Elle s’exprime comme suit :
| |
H. El Khal 27
Chapitre I. Synthèse Bibliographique
Dans cette partie, nous mettons en évidence l’effet limitant de certains défauts de
microstructure sur la conductivité ionique, et en particulier de la porosité. Ce type de blocage
est caractérisé, sur le diagramme d’impédance, par un demi-cercle observé à moyenne-basse
fréquence de mesure, plus ou moins convolué avec le demi-cercle caractéristique de la
réponse des grains (observé à haute fréquence). Un exemple des diagrammes d’impédance
enregistrés sur des échantillons poreux de type zircone dopée [45], est donné dans la figure
I.17.
Figure I.17. Diagrammes d’impédance normalisés, enregistrés à 350 °C sous air, sur des échantillons
de zircone stabilisée (8% mol ) présentant différentes porosités: a) 33%, b) 23%, c) 10%, et d)
3% [45]. Les nombres portés sur les diagrammes correspondent au logarithme de la fréquence de
mesure.
Divers travaux [45-47] ont montré que la dépendance de la conductivité d’un échantillon à
la porosité peut être exprimée par la loi d’Archie. Cette loi a été formulée initialement par
Gustav Archie pour les roches sableuses et a été ensuite extrapolée à tous types des roches
[48]. Elle relie directement la conductivité σ à la fraction volumique de la phase conductrice
(1-p) par :
H. El Khal 28
Chapitre I. Synthèse Bibliographique
Afin d’interpréter les propriétés électriques des échantillons poreux, les théories du milieu
effectif (EMT) ont été utilisées pour prédire les propriétés macroscopiques d’un milieu
hétérogène à partir des propriétés intrinsèques de chaque phase du matériau et d’un certain
nombre d’informations sur sa microstructure. Ces théories ont été basées sur le principe
d’homogénéisation [49] en remplaçant un milieu hétérogène par un milieu homogène
équivalent, appelé le milieu effectif (Figure I.18).
Initialement, les approches EMT ont été appliquées par Maxwell en 1873 aux calculs de la
constante diélectrique d’un milieu hétérogène. Le modèle de Maxwell-Garnett [50] est utilisé
pour décrire un milieu composite formé d’inclusions, de permittivité , et d’une matrice
continue, de permittivité . Son hypothèse est de considérer que l’ensemble des inclusions
peut être ramené à une seule inclusion isolée dans la matrice (figure I.19). Ce modèle suppose
H. El Khal 29
Chapitre I. Synthèse Bibliographique
donc que les inclusions sont sans interactions entre elles [51]. Dans notre cas, nous assimilons
les inclusions à la porosité et nous considérons que la phase continue (matrice) est la phase
conductrice de notre matériau LMW05 de fraction volumique (1-p).
Figure I.19. Homogénéisation d’un milieu composite décrit par la théorie de Maxwell Garnett.
La théorie de Maxwell Garnett donne une expression simplifiée reliant la permittivité d’un
milieu effectif aux permittivités de la matrice et de l’inclusion :
La conductivité effective d’un milieu composite peut être déduite à partir de l’Eq I.9 en
considérant qu’un milieu effectif, ayant la conductivité est composé d’inclusions de
conductivité qui baignent dans une matrice de conductivité :
σ σ σ σ
σ σ σ σ
Dans ce modèle, les inclusions sont supposées sans interaction, ce qui implique de faibles
dimensions de pores et des grandes distances entre les pores. Le modèle de Maxwell-Garnett
n’est donc valable que pour des milieux composites dilués (faible concentration en pore).
Les théories de champ moyen ont été introduites afin de prendre en compte les interactions
entre les inclusions. Le modèle de Bruggeman demeure, à ce jour, le modèle de milieu effectif
le plus populaire et le plus employé pour la modélisation des milieux hétérogènes. L’idée de
la théorie de Bruggeman [52, 53] consiste à considérer que chaque particule baigne dans un
H. El Khal 30
Chapitre I. Synthèse Bibliographique
milieu effectif et qu’elle est en interaction avec les autres particules du milieu quelle que soit
la distance qui les sépare (Figure I.20).
Figure I.20. Homogénéisation d’un milieu hétérogène dans la théorie de Bruggeman : rôle
symétrique des constituants.
( )
σ σ σ σ
( )
σ σ σ σ
H. El Khal 31
Chapitre I. Synthèse Bibliographique
Le modèle série a été développé par J. E Bauerle [55] pour établir une corrélation entre la
réponse électrique et la microstructure des échantillons denses de type zircone. Les défauts de
microstructure étudiés dans ce cas sont les joints de grains. Ces derniers sont constitués d’une
zone de contact en vrac entre les grains et d’une zone ou phase précipitée, à base d’impuretés
dont la conduction par ions O2- est très faible. Le circuit équivalent à ce modèle est représenté
sur la figure I.21. Il associe en série les termes résistifs relatifs à la contribution spécifiques
des grains ( , ,) et à la contribution des joints de grains ( , ):
- résistance spécifique du matériau
- représente la capacitance résultant des propriétés diélectriques spécifiques
intragranulaires
- est une résistance de "constriction" des lignes des courants entre les grains dans les
zones contenant une phase intermédiaire (non conductrice)
- est la capacitance associée à la phase intermédiaire présente aux joints des grains.
Le modèle précédent ne rend pas compte de l’orientation relative des joints de grains par
rapport au champ électrique. Pour corriger ce problème, Van Dijik et Burggraaf [57] ont
H. El Khal 32
Chapitre I. Synthèse Bibliographique
introduit le modèle de brick layer. Dans ce modèle, les grains sont assimilés à des cubes
d’arête , séparés par des joints de grains d’épaisseur . Les auteurs de ce modèle
admettent qu’il n’ya pas blocage des porteurs de charge lorsque les joints de grains sont
parallèles au champ électrique appliqué.
Figure I.22. Modèle brick layer : a) description microscopique et b) circuit équivalent [56].
Le circuit électrique équivalent, présenté dans la figure I.22, dérive de celui du modèle en
série. et sont la résistance et la capacitance spécifiques du matériau, et
sont associés au joints de grains.
H. El Khal 33
Chapitre I. Synthèse Bibliographique
D’un point de vue quantitatif, le phénomène de blocage est caractérisé par un facteur
adimensionnel de blocage défini par [56] :
H. El Khal 34
Chapitre I. Synthèse Bibliographique
Les modèles série, parallèle et de brick layer prennent en compte uniquement le blocage de
la conductivité ionique en raison de la présence d’une phase peu conductrice mais ils ne
tiennent pas compte du rôle de la conductivité ionique de la matrice sur les phénomènes de
blocage. Aucune explication pleinement satisfaisante de la disparition du blocage à haute
température n’est présentée. Toutes ces explications se réfèrent à l’action d’impuretés
suggérées aux joints de grains, susceptibles de se dissoudre dans la matrice à haute
température [59].
H. El Khal 35
Chapitre I. Synthèse Bibliographique
H. El Khal 36
Chapitre I. Synthèse Bibliographique
Références bibliographiques
[7] P. Lacorre, «The LPS concept, a new way to look at anionic conductors», Solid State
Science 2 (2000) 755-758.
[8] F. Goutenoire, R. Retoux, E. Suard, P. Laccore, «Ab initio determination of the novel
perovskite-related structure of from powder diffraction», J. Solid State
Chem. 142 (1999) 228-235.
H. El Khal 37
Chapitre I. Synthèse Bibliographique
[17] A. W. Searcy, «Driving force for sintering of particles with anisotropic surface
energies», J. Am. Ceram. Soc. 68 (1985) 267-268.
[19] R. M. German, « Sintering theory and practice», Ed. John Wiley and Sons, (1996).
[21] J. Reis, R. Chaim, «Densification maps for spark plasma sintering of nanocrystalline
MgO ceramics: Particle coarsening and grain growth effects», Mater. Sci. Eng., A 491
(2008) 356-363.
H. El Khal 38
Chapitre I. Synthèse Bibliographique
generated electrical fields on grain growth, diffusional creep, sintering and related
phenomena in ceramics», J. Am. Ceram. Soc. 94 (2011) 1941-1965.
[24] M. Cologna, R. Raj, «Surface diffusion-controlled neck growth kinetics in early stage
sintering of zirconia, with and without applied DC electrical field», J. Am. Ceram.
Soc. 94 (2011) 391-395.
[25] D. Yang, R. Raj, H. Conrad, «Enhanced sintering rate of zirconia (3Y-TZP) through
the effect of a weak dc electric field on grain growth», J. Am. Ceram. Soc. 93 (2010)
2935-2937.
[26] J. S.C. Francis, M. Cologna, R. Raj, «Particle size effects in flash sintering», J. Eur.
Ceram. Soc. 32 (2012) 3129-3136.
[30] S. K. Jha, R. Raj, «The effect of electric field on sintering and electrical conductivity
of titania», J. Am. Ceram. Soc. 97 (2014) 527-534.
[31] R. Muccillo, E. N. S. Muccillo. «Electric field assisted flash sintering of tin dioxide»,
J. Eur. Ceram. Soc.34 (2014) 915-923.
[34] Y. Zhang, J. Nie, J. M. Chan, J. Luo, «Probing the densification mechanisms during
H. El Khal 39
Chapitre I. Synthèse Bibliographique
[39] J. S. C. Francis, R. Raj, «Influence of the field and the current limit on flash sintering
at isothermal furnace temperature», J. Am. Ceram. Soc. 96 (2013) 2754-2758.
[40] E. Bichaud, «Frittage flash des céramiques sous courant alternatif», thèse de doctorat,
Université Grenoble Alpes, France (2016).
[41] Y. Dong, I. W. Chen, «Onset criterion for flash sintering», J. Am. Ceram. Soc. 98
(2015) 3624-3627.
[42] Y. Du, A. J. Stevenson, D. Vernat, M. Diaz, D. Marinha, «Estimating Joule heating
and ionic conductivity during flash sintering of 8 YSZ», J. Eur. Ceram. Soc. 36
(2016) 749-759.
H. El Khal 40
Chapitre I. Synthèse Bibliographique
[48] B. Kozlov, «Loi d’Archie dans les micromodèles», thèse de doctorat, Université
Pierre et Marie Curie, France (2012).
[49] R. Landauer, «The electrical resistance of binary metallic mixtures», J. Appl. Phys. 23
(1952) 779-784.
[53] D. J. Bergman, «Rigourous bounds for the complex dielectric constant of a two-
component composite», Ann. Phys. 138 (1982) 78-114
[58] E. Schouler, «Etude de cellules à oxyde électrolyte solide par la méthode des
impédances complexes : applications à la mesure précise de la conductivité et à
l’étude de la réaction d’électrode à oxygène», thèse de doctorat, Grenoble, France
(1979).
H. El Khal 41
Chapitre II
Méthodes expérimentales
Chapitre II. Méthodes expérimentales
Introduction ………………………………………………………………………………… 43
1. Synthèse et caractérisation de la poudre ………………………. 44
1.1. Synthèse d’une solution solide ……………………………………. 44
1.2. Caractérisation par diffraction des rayons X ………………………………………… 44
1.3. Broyage planétaire ……………………………………………………………………… 45
2. Mise en forme ……………………………………………………………………………. 47
2.1. Pressage uniaxial …………………………………………………………………........ 47
2.2. Pressage isostatique ……………………………………………………………... 48
2.3. Polissage ………………………………………………………………………… 49
3. Frittage …………………………………………………………………………………… 50
3.1. Frittage conventionnel - étude dilatométrique ………………………………………. 50
3.2. Frittage flash – Essais isothermes …………………………………………………….. 52
4. Techniques de caractérisation des céramiques …………………………………….. 54
4.1. Caractérisation électrique : spectroscopie d’impédance complexe ………………... 54
4.1.1. Principe ……………………………………………………………………….. 54
4.1.2. Interprétation et déconvolution des digrammes d’impédance …………… 55
4.1.3. Element CPE (Constant Phase Element) …………………………………... 56
4.1.4. Montage et procédure expérimentale ………………………………………. 58
4.2. Microscopie électronique à balayage …………………………………………………. 60
4.2.1. Préparation des échantillons ………………………………………………… 60
4.2.2. Observation microstructurale ……………………………………………….. 61
4.2.3. Mesure de la taille des grains ……………………………………………….. 61
4.3. Mesure de la densité ……………………………………………………………………. 62
4.3.1. Estimation de la densité relative des comprimés crus ……………………. 62
4.3.2. Mesure de la densité relative des matériaux frittés par immersion ……… 62
4.3.3. Détermination de la densité théorique de ……………… 63
5. Etude de la précision et qualité des mesures électriques …………………………. 64
5.1. Température de mesure ………………………………………………………………… 64
5.1.1. Choix de la température de mesure ………………………………………… 64
5.1.2. Contrôle de la température de mesure ……………………………………… 65
5.2. Nature d’électrodes …………………………………………………………………… 67
5.3. Rôle du facteur géométrique ………………………………………………………….. 68
5.4. Détermination de l’erreur expérimentale …………………………………………….. 69
5.5. Autres paramètres contrôlés …………………………………………………………… 70
Conclusion …………………………………………………………………………………….. 71
Références bibliographiques ……………………………………………………………….. 72
H. El Khal 42
Chapitre II. Méthodes expérimentales
Introduction
L’objectif principal de ce chapitre est de décrire dans un premier temps les modes de
préparation des céramiques de type , destinées aux études des propriétés
électriques. Nous avons opté de façon pragmatique pour des techniques d’élaboration et de
mise en forme des matériaux relativement simples et déjà utilisées au laboratoire. Dans un
second temps sont présentés les montages expérimentaux utilisés pour les essais de frittage
conventionnel et de frittage flash.
H. El Khal 43
Chapitre II. Méthodes expérimentales
L’analyse structurale par diffraction des rayons X (figure II.1) sur la poudre LMW05
synthétisée révèle la présence de plusieurs raies correspondant à une seule phase de type
(pas de phases secondaires observées). La structure obtenue a été affinée dans le
groupe d’espace [1, 2] à l'aide du programme FULLPROF [3]. Le paramètre de la maille
cubique de LMW05 est égal à 7,1556 (1) Å, valeur identique à celle reportée dans la
littérature [4]. Le principe de la technique de diffraction des rayons X (DRX) ainsi que les
conditions de mesure sont décrits dans l’annexe 1.
H. El Khal 44
Chapitre II. Méthodes expérimentales
Figure II.2. Système de broyage planétaire FRITSCH planetary micromill-pulverisette (a) jarre
en agate et (b) principe de rotation du broyeur planétaire [5].
H. El Khal 45
Chapitre II. Méthodes expérimentales
La figure II.3 présente les micrographies MEB de la poudre LMW05 avant et après
broyage. La taille des grains de la poudre LMW05 avant broyage est comprise entre 10 et
50 μm. Elle correspond à la taille des grains des oxydes de départ manuellement broyés dans
un mortier d’agate lors de la préparation de la poudre. Après un broyage de 2 h, la taille des
grains est réduite à 1 – 5 μm avec une distribution homogène des tailles des grains. La poudre
broyée a une surface spécifique SBET de 1,55 m2 g-1.
Figure II.3. Micrographies MEB de la poudre LMW05 non broyée (à gauche) et broyée par
broyage planétaire pendant 2 h (à droite).
H. El Khal 46
Chapitre II. Méthodes expérimentales
LAMOX broyée au broyeur planétaire ont révélé une proportion massique de 0,37% ± 0,10%
et de 0,45% ± 0,10% de silicium [5] pour des durées de broyage respectives de 1 heure et de
12 heures. Cependant, cette contamination de la poudre par le silicium n’avait pas d’incidence
sur les propriétés électriques du matériau : la résistance électrique restait constante quelque
soit la durée du broyage.
Comme le montre la figure II.4, aucune trace de silicium n’a été détectée sur nos
échantillons. L'influence d'une pollution résiduelle par le silicium sur les propriétés
électriques de LMW05 peut donc être considérée comme négligeable.
Figure II.4. Spectre EDX de la poudre LMW05 broyée par broyage planétaire pendant 2 h.
2. Mise en forme
H. El Khal 47
Chapitre II. Méthodes expérimentales
uniaxiale exercée doit être suffisante pour obtenir une préforme de pastille de bonne tenue
mécanique. Elle est de 1,2 et 0,9 T cm-2 pour un diamètre de moule de 8 et de 10 mm,
respectivement.
Les pastilles issues de la presse uniaxiale sont placées dans le compartiment de la presse
isostatique à huile fonctionnant à température ambiante (ALSTHOM ATLANTIQUE). Le
pressage isostatique permet d’augmenter la densité du comprimé en appliquant une pression
élevée de l’ordre de 250 MPa et d’éviter les gradients de contraintes mécaniques dues au
pressage uniaxial.
La densité relative d’un comprimé cru à la sortie de la presse isostatique (green density) est
de 65,5 ± 0,5%. La figure II.7 présente la micrographie MEB d’un comprimé cru de LMW05.
On observe des grains de tailles similaires à celles de la poudre broyée et des gros grains
résultant de l’agglomération de plusieurs grains.
H. El Khal 48
Chapitre II. Méthodes expérimentales
2.3. Polissage
Des nombreuses études sur les matériaux céramiques nécessitent des surfaces propres et
bien définies. Dans ce cas, il est indispensable de les polir. Le polissage se fait uniquement sur
des pastilles déjà frittées à l’aide de l’appareil Macapol P200 dont le schéma est donné sur la
figure II.8. Les pastilles sont collées sur un cylindre métallique à l’aide d’un ruban adhésif. Le
cylindre métallique surmonté des pastilles est ensuite disposé sur un support d’échantillon de
façon que les faces des pastilles soient en contact avec le disque de polissage. Un compresseur
applique une faible pression sur les pastilles pour assurer un bon contact avec le disque de
polissage. Ce dernier tourne dans le sens opposé à la rotation du support de l’échantillon. Il
est régulièrement imprégné du lubrifiant pour éviter un échauffement excessif de la surface.
Cet ensemble assure ainsi un polissage homogène et de bonne qualité.
H. El Khal 49
Chapitre II. Méthodes expérimentales
- 5 min de polissage à l’aide d’un disque abrasif de silice de norme FEPA P400
(correspondant à une moyenne des diamètres des particules abrasives égales à 35 ±
1,5 μm).
- 20 min de polissage avec un disque de couleur orange (NEW LAM FORMULA Ref :
04NL00620) imprégné de solvants contenant de la poudre de diamant (taille de particules :
8μm).
3. Frittage
La mesure par dilatométrie permet d’enregistrer, en continu, le retrait linéaire (ΔL/L0) d’un
comprimé cru (d’épaisseur initiale L0) au cours d’un chauffage progressif et d’un maintien en
palier isotherme. Le suivi du retrait avec la température permet de déterminer les conditions
optimales de frittage (température, durée du palier, vitesse de montée et de descente,
atmosphère). Ces données sont indispensables pour obtenir un frittage optimal du matériau
qui peut être vérifié par d’autres techniques, et notamment des techniques microscopiques
comme la microscopie électronique à balayage (MEB).
L’appareil utilisé dans notre travail est un dilatomètre horizontal NETZSCH DIL 402C
équipé d’un four résistif. Un capteur de déplacement (piston) qui maintien une force de 25 cN
sur l’échantillon, permet de suivre le retrait ou la dilatation de l’échantillon en fonction du
temps et de la température. Le principe de fonctionnement de ce dilatomètre est schématisé
dans la figure II.9.
H. El Khal 50
Chapitre II. Méthodes expérimentales
Figure II.10. Courbe de retrait enregistrée sous air du composé LMW05. Montée en température
5 °C min-1, palier de 2 h à 1200 °C. Illustration de la détermination de la température de frittage et de
la température de début de densification.
H. El Khal 51
Chapitre II. Méthodes expérimentales
Pour l’étude de la densification du LMW05 par frittage flash en conditions isothermes, les
échantillons sont préalablement mis sous forme de pastilles comme décrit dans le
paragraphe 2. Une couche de laque de platine (Metalor® 6926) servant d'électrodes a été
déposée sur les deux faces de l’échantillon. La laque, une fois appliquée, est séchée dans
l’étuve à 100 °C pendant une heure. Le liant organique est éliminé par cuisson dans le four à
400 °C pendant 3 heures. Le montage de frittage flash isotherme utilisé a été développé au
sein de la plateforme M2E (LEPMI). Son schéma fonctionnel est décrit dans la figure II.11.
H. El Khal 52
Chapitre II. Méthodes expérimentales
Le champ alternatif E0 est appliqué à l’aide d’une alimentation AC Pacific Smart Source
115ASX, connecté à l’échantillon et généré par un logiciel UPC Manager V.1.4. Cet appareil
permet d’appliquer une tension sinusoïdale avec une fréquence fixe comprise entre 50 et
1000 Hz et de débiter un courant jusqu’à 15 A. Les paramètres électriques : tension appliquée,
courant débité et fréquence sont enregistrés pendant le déroulement des essais du frittage
flash. La mesure des faibles courants directement par l'alimentation est peu précise. C’est
pourquoi dans le cas où le champ électrique est appliqué sur un échantillon très résistif, le
courant n’est mesurable avec fiabilité qu’à partir de 0,15 A. Nous avons choisi d’utiliser un
courant alternatif AC car le courant continu DC, dans le cas des conducteurs ioniques, conduit
à l’électrolyse du matériau aux interfaces avec les électrodes.
H. El Khal 53
Chapitre II. Méthodes expérimentales
Le montage du frittage flash peut être directement relié à l’impédancemètre (HP 4192A)
qui permet la mesure de l’impédance de l’échantillon avant et après l’application du champ
électrique E0. Dans la présente étude, le champ électrique appliqué a varié de 50 à
100 V cm-1, la densité de courant a été limitée à 2,5 ou 5 A cm-2 et la fréquence du
signal a été fixée à 1000 Hz.
4.1.1. Principe
( )
̅( ) ( )
( ) ( )
| |
̅( )
( ) [ ( )] [ ( )]
avec ( ) est l’impédance complexe, est la partie réelle de l’impédance appelée résistance,
est la partie imaginaire de l’impédance appelée réactance et est le déphasage de
l’intensité i(t) par rapport à la tension v(t).
H. El Khal 54
Chapitre II. Méthodes expérimentales
Figure II.12. Représentations dans les plans de Nyquist (a) et de Bode (b), (c), (d) de l’impédance
d’un circuit (R//C)-(R//C) [5].
Dans le cas de nos mesures électriques, les diagrammes d’impédance de nos cellules qui
sont de type : électrode (métal) / céramique / électrode (métal), sont essentiellement constitués
d’une succession de demi-cercle plus ou moins décentrés par rapport à l’axe des réels
Im(Z) = 0. Ces demi-cercles sont parfois difficiles à séparer. Pour chaque demi-cercle, nous
déterminons les paramètres caractéristiques mesurables qui lui sont associés (figure II.13).
H. El Khal 55
Chapitre II. Méthodes expérimentales
Les valeurs remarquables sur le diagramme d’impédance présenté dans la figure II.13
sont [9]:
( ) ( )
H. El Khal 56
Chapitre II. Méthodes expérimentales
L’élément CPE est utilisé à la place d’une capacité pure. Il est composé de deux
paramètres : une pseudo-capacité Q (exprimée en F.s1-p) et un exposant p. L’impédance de ce
condensateur non idéal est :
(ω)
( ω)
Il produit une impédance complexe ayant un angle de phase β constant (appelé aussi angle de
dépression ou angle de décentrage) dans le plan complexe (figure II.14) qui vaut :
β ( )
Figure II.14. Représentation de Nyquist d’un circuit (R//CPE). Illustration de l’angle de phase β.
L’élément CPE est pratique pour la modélisation des données expérimentales grâce à son
paramètre p qui traduit l’hétérogénéité des propriétés de conduction électrique dans le
matériau. La fréquence ainsi que la capacité de chaque relaxation peuvent être déterminées à
partir des paramètres R, Q et p extraits des données expérimentales grâce aux expressions
suivantes :
ω
( )
et
( )
( )
H. El Khal 57
Chapitre II. Méthodes expérimentales
Pour la mesure de la conductivité électrique des échantillons, nous avons utilisé un montage
de mesure muni d’un porte-échantillon triple qui permet l’étude électrique simultanée de trois
échantillons dans les mêmes conditions. Ce montage est décrit dans la figure II.15.
H. El Khal 58
Chapitre II. Méthodes expérimentales
B)
L’échantillon est placé dans la cellule de mesure entre deux électrodes de platine reliées
aux câbles de mesure. Ceux-ci sont connectés à l’analyseur de réponse en fréquence
(impédancemètre). Une grille de platine, pressée sur chaque électrode, assure le drainage du
courant sur toute la surface de l’électrode et renforce ainsi son caractère équipotentiel. Le
contact entre les échantillons et les électrodes est assuré par une pression mécanique, réglable
par un système vis-ressort solidaire de la partie supérieure du montage et transmise par
l’intermédiaire d’un poussoir d’alumine. Un thermocouple, placé à proximité des échantillons,
permet la mesure de la température. Le corps de la cellule de mesure est métallique, ce qui
nécessite une circulation d’eau en continu pour éviter l’échauffement excessif des parties
sensibles (câblages, joints) par le four. Une entrée et une sortie d’air sont installées dans le
corps de la cellule de façon à permettre une circulation de gaz pour des mesures sous
atmosphère contrôlée.
Dans le cadre de cette étude, les mesures d’impédance ont été effectuées à l’aide d’un
analyseur de réponse en fréquence (Hewlett Packard 4192A) fonctionnant dans une gamme de
fréquences allant de 5 Hz à 13 MHz. Les diagrammes d’impédance sont enregistrés sous air
H. El Khal 59
Chapitre II. Méthodes expérimentales
sec tous les 50 °C entre 300 à 650 °C avec une stabilisation de 60 min pour chaque
température de mesure. La vitesse de chauffe entre les paliers est de 5 °C min-1. Les
diagrammes d’impédance obtenus ont ensuite été analysés à l’aide du logiciel Z-View
(Scribner Associates INC, version 3.1c).
Des mesures d’impédance ont été aussi effectuées avant et après le frittage flash afin
d’apprécier l’effet du champ électrique appliqué E0 sur les propriétés électriques du matériau.
Avant frittage flash, les diagrammes d’impédance ont été enregistrés à 400 °C et à la
température de préchauffage T0. Après l’application du champ électrique, une nouvelle
mesure d’impédance est réalisée à T0 après que la température de l’échantillon soit revenue
stable à T0. La dernière mesure est réalisée à 400 °C lors du refroidissement de l’échantillon.
Dans notre étude, les observations microscopiques au MEB sont nécessaires pour collecter
des informations concernant la morphologie, la répartition et la localisation des pores dans les
échantillons poreux. Elles nous permettent aussi de comparer les microstructures des
échantillons conventionnellement frittés ou densifiés par frittage flash.
L’observation microscopique au MEB a été réalisée soit sur des sections fracturées près du
centre de l’échantillon soit sur des sections polies. Dans le second cas, les échantillons sont
enrobés dans une résine puis polis comme décrit précédemment dans le paragraphe 2.3. Un
traitement thermique à 50 °C sous la température de frittage pendant 30 min est effectué afin
de révéler à la fois les joints de grains et les pores. Ce recuit permet aussi de supprimer les
contraintes induites par le polissage. L’évacuation des charges superficielles de l’échantillon
est assurée par un dépôt d’un film conducteur d’or-palladium (métallisation) d’épaisseur
nanométrique ~ 10 nm.
H. El Khal 60
Chapitre II. Méthodes expérimentales
Pour l’observation microscopique sur des poudres, l’appareil utilisé est un microscope LEO
S440(CMTC-Grenoble INP) équipé d'un analyseur X numérique (EDX).
La taille des grains a été mesurée en se basant sur la méthode du segment intercepté (linear
interception) [10]. Le principe de cette méthode consiste à tracer plusieurs segments de
longueur L sur la micrographie à caractériser et de compter le nombre N de grains interceptés.
Les grains non entièrement coupés sont comptés comme demi-grain (figure II.16).
Figure II.16. Illustration de la méthode des intercepts pour la détermination de la taille moyenne
des grains.
H. El Khal 61
Chapitre II. Méthodes expérimentales
La densité relative (dr) du comprimé (appelée aussi compacité %) est déduite par la suite à
partir du rapport de la masse volumique obtenue expérimentalement par celle obtenue
théoriquement.
( )
L’estimation de la densité relative par cette méthode est déterminée avec une grande
précision (< ± 1%) pour des échantillons ayant une forme régulière (surface bien plane et
forme bien cylindrique) ce qui ne sera pas le cas des échantillons frittés (surtout frittés par
frittage flash) qui présentent souvent des écarts à la forme cylindrique.
Cette méthode repose sur le principe d’Archimède. Elle est appelée pesée hydrostatique ou
encore méthode d’Archimède. Le calcul de la densité est basé sur la détermination de 3
masses à température constante T : une première à sec (msec), une deuxième, l'échantillon
étant immergé totalement dans un solvant (mimmer) et une troisième l'échantillon étant
imprégné d'un solvant, la mesure de la masse se faisant dans l’air (mimpreg).
H. El Khal 62
Chapitre II. Méthodes expérimentales
Dans notre cas, le solvant utilisé est l’éthanol qui possède une tension interfaciale avec les
céramiques plus faible que l’eau ce qui facilite sa pénétration dans tous les pores même de
petite taille.
H. El Khal 63
Chapitre II. Méthodes expérimentales
Les propriétés électriques de LMW05 ont été caractérisées par spectroscopie d’impédance
complexe. Les conditions expérimentales des mesures électriques ont été ajustées et
optimisées de façon rigoureuse afin d’obtenir des résultats précis et reproductibles. Cette
étude a été effectuée à l’aide d’échantillons denses de LMW05 préparés dans les mêmes
conditions (synthèse, broyage, mise en forme et frittage). Leur compacité finale est de l’ordre
de 95%. Un dépôt de platine sur chaque face des pastilles fait office d’électrodes symétriques.
Les diagrammes d’impédance, présentés dans la figure II.17, ont été enregistrés sous air
dans un domaine de fréquence allant de 1,3 107 à 5 Hz et à différentes températures de
mesure. A haute fréquence (HF), le diagramme obtenu à 365 °C présente un demi-cercle
caractéristique d’une relaxation due au mouvement des ions dans les grains (bulk). Une
deuxième contribution, caractéristique de défauts de microstructure (MD), apparait de façon
systématique associé au demi-cercle haute fréquence (HF). La séparation entre ces deux
contributions est difficile (voir le chapitre III). A plus basse fréquence (BF), la polarisation
d’électrode apparait sous forme d’un segment lié au demi-cercle dans le plan complexe.
H. El Khal 64
Chapitre II. Méthodes expérimentales
( )
H. El Khal 65
Chapitre II. Méthodes expérimentales
Pour un échantillon LMW05 (de densité relative 95%) présentant une énergie d’activation
de l’ordre de 1,5 eV, une imprécision sur la température de mesure de 1 °C conduit à une
dispersion de 4% des valeurs de résistance à 365 °C.
La figure II.18 présente les diagrammes d’impédance d’un même échantillon LMW05
caractérisé dans deux montages différents à 365 °C. On observe une dispersion de 10% des
valeurs des résistances mesurées. Cela indique que l’imprécision sur la température de mesure
est supérieure à 1°C.
Figure II.18. Diagrammes d’impédance d’un même échantillon LMW05 caractérisé à 365 °C dans
deux montages différents. Les nombres indiquent les logarithmes des fréquences de mesure.
Afin de diminuer cette dispersion en résistances, nous avons profité du fait que la cellule
de mesure permet l’étude électrique simultanée de trois échantillons, en y plaçant
systématiquement un échantillon de référence nommé « témoin ». Cet échantillon est
conservé dans la cellule de mesure et servira comme thermomètre « aveugle » pour reproduire
correctement la température de mesure choisie. Cette dernière sera à chaque fois ajustée de
façon que le diagramme d’impédance de l’échantillon témoin soit reproduit à 1% près. Cette
méthode d’ajustement de température nous a permis de réduire la dispersion des résistances
de 10% à 3%. Dans notre étude, le témoin utilisé est un échantillon LMW05 de compacité
95% recouvert par une couche d’or sur les deux faces.
H. El Khal 66
Chapitre II. Méthodes expérimentales
Préalablement aux mesures électriques, un dépôt métallique a été réalisé sur chaque face de
l’échantillon en guise d’électrodes. Ces électrodes ont été déposées en couches minces
d’épaisseur 51 nm par pulvérisation cathodique. Trois types d’électrodes (platine, argent, or)
ont été simultanément testés pour étudier l’effet de la nature de l’électrode sur les réponses
électriques. La figure II.19 présente les diagrammes d’impédance enregistrés sous air à
365 °C pour des échantillons LMW05 associés à différents matériaux d’électrodes.
Figure II.19. Diagrammes d’impédance à 365 °C pour différents matériaux d’électrodes. Les
nombres indiquent les logarithmes des fréquences de mesure.
Les diagrammes d’impédance obtenus présentent une distribution des fréquences similaires
le long des demi-cercles et des valeurs de résistances très proches. La variation des valeurs de
résistances mesurées peut être attribuée à la qualité du dépôt (degré de recouvrement
métallique, texture du revêtement [12]) et à la reproductibilité des échantillons (cf. paragraphe
5.4). La réponse obtenue avec le dépôt d’or est meilleure du fait de la définition plus précise
des demi-cercles. La réponse obtenue est constituée principalement d’un demi-cercle à haute
fréquence et d’un second à plus basse fréquence plus ou moins convolué avec le premier. La
séparation entre ces deux demi-cercles parait plus facile avec une électrode d'or qu'avec des
électrodes de platine et d’argent.
H. El Khal 67
Chapitre II. Méthodes expérimentales
La géométrie des échantillons (pastilles) est assimilée à des cylindres (figure II.20) de
diamètre d, d’épaisseur l et d'aire S. Le facteur de forme k, appelé aussi facteur géométrique,
est exprimé comme suit :
( )
6.
Nous exprimons tous nos résultats en paramètres dimensionnels dépendant du facteur forme
de la cellule pour avoir des valeurs moyennées sur le volume total de l’échantillon. Dans ce
paragraphe, nous vérifions si la variation du facteur géométrique induit des erreurs sur les
réponses électriques obtenues. Nous effectuons des mesures d’impédance pour des
échantillons LMW05 de géométries différentes. Pour ce faire, des échantillons de composition
chimique , de même diamètre et d’épaisseurs différentes ont été préparés, en
empilant différentes masses de la poudre LMW05 dans un moule de 10 mm de diamètre. Les
échantillons obtenus sont par la suite frittés à 1100 °C pendant 2 heures. Leurs
caractéristiques sont regroupées dans le tableau II.1.
Tableau II.1. Caractéristiques des échantillons LMW05, frittés à 1100 °C, de géométrie différente.
Ech m l d S k
(g) cm cm (cm2) (cm-1)
Ech1 0,964 0,303 0,87 0,59 0,51
Ech2 1,93 0,613 0,86 0,58 1,05
Ech3 2,94 0,926 0,858 0,58 1,6
Les échantillons préparés sont caractérisés par spectroscopie d’impédance complexe. Les
réponses électriques obtenues sont regroupées dans la figure II.21. Les diagrammes sont
constitués de deux contributions, une à haute fréquence et une deuxième à basse fréquence,
H. El Khal 68
Chapitre II. Méthodes expérimentales
mais de faible amplitude. Ces diagrammes présentent aussi la même distribution en fréquence
le long du demi-cercle. Cependant, pour l’échantillon de facteur géométrique k = 1,6 cm-1, la
contribution basse fréquence est d’amplitude plus grande comparée à celle de deux autres
échantillons. Ceci semble être dû à l’effet d’empilement d’une grande masse de poudre
(m = 3g) pour préparer l’échantillon.
Figure II.21. Diagrammes d’impédance des échantillons de différentes géométries. Insert : Zoom de
la contribution basse fréquence. Les nombres indiquent les logarithmes des fréquences de mesure.
L’influence du facteur géométrique a été aussi étudiée par M.C. Steil [13] pour un
composite (zircone-alumine). Des facteurs géométriques inférieurs à 2 sont nécessaires pour
obtenir une bonne précision des mesures électriques. Au-delà de cette valeur critique, les
réponses électriques obtenues étaient entachées d’une importante erreur expérimentale.
H. El Khal 69
Chapitre II. Méthodes expérimentales
Les réponses électriques obtenues sont entachées d’une certaine erreur expérimentale due à
des effets du montage ou à la reproductibilité des échantillons. Elles présentent une
distribution des fréquences similaires mais une certaine dispersion de la résistance totale
mesurée. L’erreur relative a été déterminée à partir des réponses électriques de plusieurs
échantillons similaires de LMW05, analysés dans les mêmes conditions. Elle a été estimée à
6% pour la résistance, 25% pour la capacité et 10% pour l’angle de phase (β). Tous les
paramètres électriques calculés dans les chapitres suivants tiennent compte de ces erreurs
relatives déterminées.
H. El Khal 70
Chapitre II. Méthodes expérimentales
Conclusion
Le matériau céramique utilisé ainsi que les conditions opératoires mises en œuvre (y
compris la synthèse, la densification et la caractérisation) sont indiqués dans ce chapitre afin
de permettre une meilleure lecture et compréhension des différents résultats expérimentaux
présentés dans les chapitres suivants.
- Les mesures électriques sont réalisées en présence d’un échantillon témoin pour un
bon contrôle de la température de mesure.
- Un dépôt d’or, servant comme électrodes, est effectué sur chaque face de l’échantillon
- Les échantillons étudiés doivent présenter des facteurs géométriques inférieurs à 1,5.
- Les paramètres électriques sont déterminés en tenant en compte de l’erreur
expérimentale estimée.
H. El Khal 71
Chapitre II. Méthodes expérimentales
Références bibliographiques
[5] S. Georges, «Etude de nouveaux conducteurs par ions O2- dérivés de La2Mo2O9»,
Thèse de Doctorat, Université du Maine, France (2003).
[10] MEL I. Mendelson, «Average grain size in polycrystalline ceramics», J. Am. Ceram.
Soc. 52 (1969) 443-446.
H. El Khal 72
Chapitre II. Méthodes expérimentales
[12] E. Schouler, «Etude de cellules à oxyde électrolytes solide par la méthode des
impédances complexes : applications à la mesure précise de la conductivité et à la
l’étude de la réaction d’électrode à oxygène», thèse de doctorat, Université de
Grenoble, France (1979).
H. El Khal 73
Chapitre III
Introduction ………………………………………………………......................................... 75
1. Préparation et caractérisation des échantillons poreux …………………………… 76
1.1. Préparation des échantillons poreux....…………………………………………………. 76
1.2. Caractérisation microstructurale ...……………………………………………………... 78
1.3. Caractérisation électrique ………………………………………………………………. 79
1.3.1. Allure des diagrammes d’impédance …………................................................... 79
1.3.2. Déconvolution des diagrammes d’impédance ……………................................. 81
2. Effets de la porosité sur les propriétés de conduction intrinsèques de 84
………………………………………………………………………….
2.1. Evolution de la conductivité : Loi d’Archie …………………………………………... 84
2.2. Evolution de la constante diélectrique …………………………………………………. 86
2.3. Energie d’activation ……………………………………………………………………... 87
3. Modélisation de LMW05 poreux ……………………………………………………… 88
3.1. Détermination de la conductivité effective ……………………………………………. 88
3.2. Détermination de la permittivité effective ………………………………………… 90
4. Facteur de tortuosité …………………………………………………………………….. 91
4.1. Définition ………………………………………………………………………………… 91
4.2. Relation tortuosité-porosité …………………………………………………………….. 92
4.3. Résultats expérimentaux …………………………………………………………............ 94
4.4. Echantillons modèles de YSZ poreux …………………………………………............. 95
Conclusion ……………………………………………………………………………………… 99
Références bibliographiques ………………………………………………………………… 101
H. El Khal 74
Chapitre III. Effet de la porosité sur les propriétés électriques de La2Mo1,5W0,5O9
Introduction
Ce chapitre a pour vocation d’étudier les propriétés électriques des différents échantillons
poreux de type (LMW05). Cette étude nous permettra de caractériser
quantitativement l’effet de la porosité sur les propriétés intrinsèques du matériau LMW05.
H. El Khal 75
Chapitre III. Effet de la porosité sur les propriétés électriques de La2Mo1,5W0,5O9
Comme le montre le dilatogramme présenté dans la figure III.1, il est possible de contrôler
le retrait d’un échantillon et d’obtenir différentes valeurs de compacité, en le chauffant à
différentes températures. Les températures de frittage choisies sont comprises entre 750 °C,
température de début de densification et 1100 °C, température pour un frittage optimal. Elles
sont indiquées par des losanges rouges sur la figure III.1. Les retraits linéaires déduits de la
figure III.1 ne correspondent pas à ceux obtenus lors d’un frittage à température constante.
Figure III.1. Courbe de retrait de LMW05. Les losanges rouges indiquent les températures de
frittage choisies pour la préparation des échantillons poreux.
De ce fait, des comprimés crus de LMW05, de densités relatives initiales de 65,5 ± 0,5%,
sont chauffés dans un four à moufle à 750, 850, 900, 950, 1000 et 1100 °C pendant 2 heures
H. El Khal 76
Chapitre III. Effet de la porosité sur les propriétés électriques de La2Mo1,5W0,5O9
Tableau III.1 : Caractéristiques des échantillons de LMW05 obtenus après frittage à différentes
températures.
*
** Les porosités sont calculées à partir de la densité relative des échantillons.
*** non déterminé
La fraction volumique des pores p est définie comme étant la fraction du vide dans un solide.
Elle est exprimée en fonction de la densité relative 1 (cf. chapitre II) selon l’expression
suivante :
1
Les densités relatives sont calculées à partir d’une densité théorique de LMW05 de 5,961 g cm-1.
H. El Khal 77
Chapitre III. Effet de la porosité sur les propriétés électriques de La2Mo1,5W0,5O9
Les échantillons poreux, après caractérisation de leurs propriétés électriques, ont été
rectifiés, polis puis traités thermiquement à 50°C au-dessous de leurs températures de frittage
pour révéler les joints de grains et la porosité par observation au MEB. Les micrographies
obtenues sont présentées sur la figure III.2.
Figure III.2. Micrographies MEB de la surface polie des différents échantillons de LMW05 frittés à
750, 850, 950, 1000 et 1100 °C pendant 2 heures.
Les micrographies MEB des échantillons frittés à 750 °C et à 850 °C, de porosités de 34 et
de 28,4%, respectivement, montrent la présence d’une porosité ouverte répartie de façon
homogène. A 950 °C, les grains se soudent les uns aux autres et les pores commencent à
s’agglomérer en forme sphérique. Ils sont situés majoritairement au niveau des joints de
H. El Khal 78
Chapitre III. Effet de la porosité sur les propriétés électriques de La2Mo1,5W0,5O9
grains et aux points triples. En augmentant la température de frittage à 1000 °C, la porosité
devient fermée sous forme de poches plus au moins sphériques généralement situées aux
joints de grains. Pour l’échantillon fritté à 1100 °C, les grains sont parfaitement soudés et la
porosité est fermée, rassemblée et isolée à l’intérieur des grains. On atteint une densité
relative de 95,6%.
Par ailleurs, l’observation au MEB des sections polies des échantillons poreux nous a
permis d’estimer la taille moyenne de grains par la méthode du segment intercepté (décrite
dans le chapitre II). Pour les échantillons frittés à T < 950 °C, nous n’avons pas réussi à
déterminer la taille moyenne de grains en raison de la difficulté d’identifier les joints de
grains. Par contre, pour les échantillons frittés à T ≥ 950 °C, la localisation des joints de
grains est clairement visible, ce qui nous a permis d’estimer convenablement la taille des
grains. Les résultats obtenus sont donnés dans le tableau III.1. La taille des grains augmente
avec la température de frittage. Elle croit de 4 ± 1 à 7 ± 1 μm pour les échantillons frittés à
950 et à 1000°C, respectivement. À 1100 ° C, le grossissement des grains devient le régime
prédominant du processus de frittage, conduisant à des tailles de grains de l’ordre de 18 ± 2
μm.
Une analyse des électrons rétrodiffusés (Back-Scattered Electron (BSE)) a été réalisée pour
tous les échantillons étudiés. Cette analyse n’a révélé aucun contraste chimique, éliminant
donc la possibilité de présence d’une impureté ou d’une phase vitreuse au niveau des joints de
grains.
Les échantillons poreux ont été caractérisés par spectroscopie d’impédance complexe. Les
mesures électriques ont été effectuées sous air statique dans un domaine de fréquence de
13 MHz à 100 Hz. Plusieurs amplitudes de signal comprises entre 100 et 500 mV ont été
testées pour s’assurer de la linéarité de la réponse électrique. En général, un signal
d’amplitude de 100 mV a été appliqué aux échantillons. Cependant, pour les échantillons de
forte impédance, un signal d’amplitude de 500 mV a été appliqué pour améliorer le rapport
signal/bruit de la réponse électrique. Les réponses électriques normalisées des échantillons de
4,4 à 34% de porosité, mesurées à 355 °C, sont regroupées dans la figure III.3.
H. El Khal 79
Chapitre III. Effet de la porosité sur les propriétés électriques de La2Mo1,5W0,5O9
Figure III.3. A) Diagrammes d’impédance enregistrés à 355 °C sous air sur des échantillons de
LMW05 présentant différente porosité a) 34%, b) 28,4%, c) 22%, d) 13,5% et e) 5,2%;
B) Diagrammes d’impédance des échantillons de faible porosité (4,4% et 5,2%). Les nombres
indiquent les logarithmes des fréquences de mesure. HF et BF désignent les réponses électriques
basse et haute fréquence, respectivement.
H. El Khal 80
Chapitre III. Effet de la porosité sur les propriétés électriques de La2Mo1,5W0,5O9
principalement d’un demi-cercle décentré observé à haute fréquence (HF) et d’un second à
plus basse fréquence (BF), plus ou moins convolué avec le premier. Pour les fortes porosités
(figure III.3.A), la contribution basse fréquence apparaît clairement. En revanche, pour les
faibles porosités (figure III.3.B), cette contribution est peu visible.
Figure III.4. Circuit électrique utilisé pour modéliser les diagrammes d’impédance des
échantillons poreux de LMW05.
Pour les échantillons présentant une porosité P ≥ 13,5% (frittés à T ≤ 950 °C), la séparation
entre les contributions haute et basse fréquences est facile. Un exemple d’identification
paramétrique du diagramme d’impédance selon le circuit électrique proposé est présenté sur
la figure III.5.A. On note un bon accord entre le diagramme d’impédance mesuré et celui
obtenu à partir des paramètres de l’ajustement. Cependant, pour les échantillons de 5,2 et 4,4
% de porosité, la faible amplitude de la réponse basse fréquence (BF) constitue un handicap
pour bien séparer les deux contributions. Nous avons mis en évidence les deux contributions
par soustraction de la contribution HF du diagramme d’impédance expérimental. Le reste du
diagramme sera attribué à la contribution BF. Le détail de la méthode de séparation par
H. El Khal 81
Chapitre III. Effet de la porosité sur les propriétés électriques de La2Mo1,5W0,5O9
Figure III.5. Détail d’ajustement du diagramme d’impédance complexe enregistré à 355 °C d’un
échantillon LMW05 de 34% (A) et de 4,4% (B) de porosité. Les nombres indiquent les logarithmes
des fréquences de mesure. HF et BF désignent les réponses électriques basse et haute fréquences,
respectivement. Le trait noir continu représente la contribution des deux sous-circuits (R//CPE) sur
toute la gamme de fréquences.
H. El Khal 82
Chapitre III. Effet de la porosité sur les propriétés électriques de La2Mo1,5W0,5O9
Tableau III.2. Paramètres électriques pour les échantillons LMW05 de différentes porosités.
Porosité R C β ω0
(%) (104Ω cm) (F cm-1) (°) (rad s-1)
HF 37,3 ± 2 2,3 ± 0,6 10−12 9±1 1,14 106
34
BF 12,0 ± 0,7 0,08 ± 0,02 10−9 12 8,5 104
HF 20,0 ± 1 2,4 ± 0,6 10−12 10 ± 1 2 106
28,4
BF 3,0 ± 0,2 0,4 ± 0,1 10−9 12 8,15 104
HF 18,0 ± 1 5 ± 1 10−12 8±1 1,43 106
22
BF 1,5 ± 0,1 1,0 ± 0,1 10−9 8 5,81 104
HF 13,2 ± 0,8 5 ± 1 10−12 10 ± 1 1,44 106
13,5
BF 0,8 ± 0,05 2,0 ± 0,5 10−9 10 6,15 104
HF 12,6 ± 0,8 5 ± 1 10−12 9±1 1,52 106
5,2
BF 0,30 ± 0,03 6 ± 1 10−9 16 3,78 104
HF 12,6 ± 0,8 5 ± 1 10−12 9±1 1,56 106
4,4
BF 0,30 ± 0,03 7 ± 2 10−9 23 2,43 104
H. El Khal 83
Chapitre III. Effet de la porosité sur les propriétés électriques de La2Mo1,5W0,5O9
ce qui est en accord avec une polarisation ionique intragranulaire. Ces capacitances (CHF)
augmentent quand la porosité diminue. La relaxation BF donne des valeurs de capacitances
de l’ordre de 10-8 – 10-9 F cm-1, caractéristique d’une polarisation intergranulaire (pores +
joints de grains). Ces capacitances (CBF) évoluent plus fortement avec la porosité.
Les deux relaxations HF et BF sont décentrées de l’axe des réels avec un angle de décentrage
pratiquement constant et indépendant de la fraction volumique de pores dans l’échantillon. Un
angle de décentrage β de l’ordre de 10 ± 2° est obtenu, sauf pour les demi-cercles estimés
avec une grande incertitude (les demi-cercles BF à 1000 et 1100 °C). Cette faible valeur de β
est la signature d’une bonne homogénéité des échantillons étudiés, en termes de conductivité
et de permittivité [1]. Dans le présent chapitre, nous mettons l’accent uniquement sur la
réponse HF, caractéristique de la réponse électrique des grains, tandis que la réponse BF sera
étudiée dans le chapitre suivant.
( )
H. El Khal 84
Chapitre III. Effet de la porosité sur les propriétés électriques de La2Mo1,5W0,5O9
La forte diminution de la conductivité à haute porosité est aussi observée dans le cas de
[3]. Ainsi, comme le montre la figure III.6, de diminue
fortement pour une porosité de 25%. Ceci peut être dû à la localisation et la forme des pores.
D’après la figure III.2, pour une température de frittage de 750 °C, les pores ne peuvent plus
être considérés comme étant isolés. On peut imaginer que des chemins percolants soient crées
conduisant à des domaines conducteurs isolés les uns des autres.
Figure III.6. Evolution de la conductivité, à 355°C, avec la fraction volumique de LMW05 dans des
échantillons poreux.
H. El Khal 85
Chapitre III. Effet de la porosité sur les propriétés électriques de La2Mo1,5W0,5O9
différentes températures, c'est-à-dire en utilisant le même mode de préparation que pour nos
échantillons poreux.
Pour 4,4 ≤ P ≤ 22%, les données expérimentales montrent une dépendance linéaire
positive du logarithme de la conductivité au logarithme de la porosité (facteur de corrélation
R2 = 0,995) avec un exposant = 1,6. Pour un domaine de porosité plus étendu
4,4 ≤ P ≤ 28,4%, l’exposant est de 1,7, valeur similaire à celles rapportées pour la
cérine dopée [4] et le germanate [5], mais inférieure à celle déterminée pour YSZ [6].
L’analyse des données expérimentales dans toute la gamme des porosités [4,4 – 34 %] mène à
une valeur de de 2,7 similaire à celle de YSZ. Cependant, cette valeur élevée de m
correspondrait à une grande dispersion de l’ajustement linéaire de la courbe d’Archie (facteur
de corrélation R2 = 0,881).
Tableau III.3. Valeurs de l’exposant d’Archie ( ) pour divers électrolytes solides poreux.
Domaine de Facteur de
Matériaux T (°C) m bulk Références
porosité (%) corrélation R2
( )
H. El Khal 86
Chapitre III. Effet de la porosité sur les propriétés électriques de La2Mo1,5W0,5O9
Figure III.7. Evolution de la constante diélectrique du LMW05 avec la porosité à 355 °C.
La dépendance thermique de la conductivité dans les oxydes électrolytes solides suit une
loi de type Arrhénius qui s’exprime de la manière suivante :
( )
H. El Khal 87
Chapitre III. Effet de la porosité sur les propriétés électriques de La2Mo1,5W0,5O9
déduites de la pente des droites, sont indiquées sur la figure III.8. Elles sont aux alentours de
1,48 eV, confirmant ainsi que la porosité n’a pas d’influence sur le mécanisme global de la
conduction ionique (déplacement des ions O2- au sein du LMW05). Nos présents résultats
sont en concordance avec les travaux antérieurs effectués par S. Georges sur
[3, 7].
Ainsi que nous l’avons décrit dans la partie bibliographique, les théories du milieu effectif
(EMT) permettent la détermination des propriétés macroscopiques d’un milieu hétérogène à
partir des approximations réalistes. Ici, nous utilisons les approximations de Maxwell-Garnett
et de Bruggeman pour la détermination de la conductivité effective et de la permittivité
effective.
Le LAMOX poreux étant considéré comme un matériau hétérogène constitué d’une phase
continue de composition LMW05 et de particules sphériques d’air comme inclusions. Alors
H. El Khal 88
Chapitre III. Effet de la porosité sur les propriétés électriques de La2Mo1,5W0,5O9
( )
( )
Comme prévu, pour des faibles porosités 0 < P ≤ 13,5, l’approximation de Bruggeman et
l’approximation de Maxwell-Garnett donnent des valeurs très proches de et le deux
modèles peuvent être utilisés pour prédire la conductivité de la phase dense de LMW05. Pour
P > 13,5, l’approximation de Maxwell-Garnett ne réussit pas à prédire . En revanche,
H. El Khal 89
Chapitre III. Effet de la porosité sur les propriétés électriques de La2Mo1,5W0,5O9
celle de Bruggeman reste valide jusqu'à une porosité de 22%. Au-delà de cette valeur,
est surestimée en utilisant les deux approximations.
- Approximation de Maxwell-Garnett
( )( ) ( )( )
- Approximation de Bruggeman
( )( )( ) ( )( )
Figure III. 10. Evolution de la constante diélectrique effective du bulk ( ) avec la porosité.
Comparaison des valeurs obtenues expérimentalement avec celles calculées en utilisant les
approximations de Maxwell-Garnett et Bruggeman.
H. El Khal 90
Chapitre III. Effet de la porosité sur les propriétés électriques de La2Mo1,5W0,5O9
Comme le montre la figure III.10, diminue avec la porosité. Pour 0 < P ≤ 13,5, les
approximations de Bruggeman et de Maxwell-Garnett réussisent à prédire et les deux
approches peuvent être valables pour la prédiction de la constante diélectrique expérimentale.
En augmentant encore la porosité, les données expérimentales et théoriques sont en bon
accord lorsque l’approximation de Bruggeman est appliquée dans un domaine de porosité
allant de 0% à 22%.
A partir de ces résultats obtenus, nous confirmons que le modèle de Bruggeman est le
modèle le plus approprié pour prédire la réponse électrique haute fréquence (HF) de LMW05
dans une plage de porosité de 0 < P ≤ 22%. Cette constatation suggère que, dans ce domaine
de porosité, le matériau est hétérogène contenant des pores sphériques de distribution
homogène. Pour P > 22%, l’approximation de Bruggeman devient invalide.
Ces résultats sont en bon accord avec les microstructures observées par MEB (cf. figure
III.2). Ainsi pour des échantillons de LMW05 de faible porosité (par exemple P = 5,2%), les
grains sont parfaitement soudés et les pores sont de forme sphérique et répartis de façon
homogène entre les grains. En revanche, pour des porosités élevées (par exemple P = 28,4%),
la microstructure devient complexe et présente des pores percolants et de forme irrégulière.
4. Facteur de tortuosité
4.1. Définition
Le facteur tortuosité est un paramètre qui a été introduit pour caractériser les propriétés de
transport dans les matériaux poreux et rendre compte du ralentissement du transport, en
liaison avec la morphologie du milieu traversé. Dans notre cas, il correspond à la déviation du
chemin direct engendré par la présence des pores dans la céramique conductrice ionique
(figure III.11). Le facteur de tortuosité est généralement basé sur des paramètres géométriques
tels que la taille des grains, leur forme et leur arrangement. Il dépend à la fois de la quantité de
vide dans le matériau et de l’interconnectivité de ces vides avec la phase dense.
H. El Khal 91
Chapitre III. Effet de la porosité sur les propriétés électriques de La2Mo1,5W0,5O9
( )
Dans la littérature, il existe de nombreux modèles théoriques et empiriques [10, 11] qui
décrivent la dépendance du facteur de tortuosité à la porosité. Le modèle de Bruggeman, pour
des pores sphériques répartis de façon homogène dans une matrice conductrice, donne [12] :
( )
Pour des sphères qui peuvent se recouvrir dans un liquide conducteur ionique, Weissberg et
al. [13] ont proposé la loi théorique suivante :
( )
H. El Khal 92
Chapitre III. Effet de la porosité sur les propriétés électriques de La2Mo1,5W0,5O9
Figure III.12. Tracé des relations théoriques tortuosité –porosité, de Bruggeman et Weissberg. Les
barres rouges représentent une erreur de ± 6% sur la valeur de τ.
La figure III.12 montre que les deux lois théoriques mettent en évidence des prédictions
différentes du facteur de tortuosité pour des fortes porosités (P > 30%). Cependant, pour
P ≤ 30%, les deux lois théoriques donnent des valeurs de τ assez proches. Dans le chapitre II,
nous avons établi que l’erreur de mesures électriques sur était de ± 6%. Cela signifie
que l’erreur sur la détermination de τ est aussi de ± 6%. Nous avons reporté ces barres
d’erreur sur la figure III.12 pour la loi de Weissberg. Pour τ = 1,22 par exemple, on constate
que la différence entre les valeurs de τ données par les deux lois théoriques est plus faible que
l’erreur de mesure (barre d’erreur). Dans nos conditions de mesure, il n’est donc pas possible
de discriminer ces lois théoriques à partir des données expérimentales. Par la suite, nous
allons tenter d’établir une loi de variation du facteur de tortuosité dans les céramiques
conductrices ioniques poreuses. Notons que ceci n’était pas le but initial de notre travail. Il
s’agit uniquement de résultats préliminaires pour un travail futur.
H. El Khal 93
Chapitre III. Effet de la porosité sur les propriétés électriques de La2Mo1,5W0,5O9
Figure III.13. Evolution du facteur de tortuosité, déterminé à 355 °C, en fonction de la fraction
volumique de la phase dense de LMW05. Comparaison des valeurs expérimentales avec celles
déduites de l’équation de Bruggeman et de Weissberg (pour C = 0,5, 1, 1,5, 2).
H. El Khal 94
Chapitre III. Effet de la porosité sur les propriétés électriques de La2Mo1,5W0,5O9
A des porosités plus élevées (P > 30%), le facteur de tortuosité augmente fortement et
s’éloigne de la loi de puissance de Weissberg. Il atteint 2,25 pour P = 34%. Cette valeur
élevée de τ peut être liée à la géométrie complexe de la microstructure (agglomérations des
pores), ce qui conduit à une faible connectivité du chemin de conduction ainsi qu’à des effets
de constrictions élevées.
En résumé, on ne peut pas trouver un facteur C qui permette de rendre compte de la loi de
variation de τ en fonction de la porosité dans tout le domaine de porosité étudié. En
particulier, à des fortes porosités (P > 30%), aucune loi théorique ou empirique classique n’est
valable. Ebrahimi Khbbazi et al. [16] suggèrent que les lois théoriques tortuosité-porosité ne
sont plus valables à fortes porosités en raison de la complexité de la forme des pores.
Afin de mieux interpréter les résultats obtenus, nous avons étudié la réponse électrique
d'échantillons modèles de YSZ poreux, ayant la même porosité mais différente morphologies
des pores: YSZ sous fritté et YSZ macroporeux.
Les échantillons de YSZ sous frittés ont été préparés par frittage des pastilles crues de YSZ
(fabriquées à partir de la poudre TZ-8Y Tosoh) à différentes températures (entre 1000 °C et
1650 °C) pendant 24 heures avec une vitesse de chauffage et de refroidissement de 2 °C min-1
[6]. En revanche, les échantillons de YSZ macroporeux ont été élaborés à partir de la poudre
TZ-8Y Tosoh mélangée avec des poudres de polyméthacrylate de méthyle (PMMA), formées
par des particules sphériques de différents diamètres [17]. Ces derniers servent comme agent
porogène (agent de formation des pores). L’ensemble est ensuite mis en forme de pastille et
fritté à 1500 °C pendant 20 heures. La préparation et la caractérisation électrique et
microstructurale des échantillons de YSZ macroporeux ont été effectuées par Anne Cordier
dans le cadre de son post-doctorat au LEPMI [17]. Les micrographies MEB des échantillons
de YSZ sous fritté et macroporeux ayant une porosité de 25%, sont présentées dans la figure
III.14.
H. El Khal 95
Chapitre III. Effet de la porosité sur les propriétés électriques de La2Mo1,5W0,5O9
Figure III.14. Micrographies MEB des surfaces fracturées de a) YSZ macroporeux (diamètre des
pores : 4,4μm) et b) YSZ sous fritté à 1200 °C pendant 24 heures. Les deux échantillons ont une
porosité de 25%.
Les observations microstructurales au MEB ont révélé que les parties denses des
échantillons YSZ sous fritté et YSZ macroporeux sont bien frittées, indépendamment de la
taille des pores. L’échantillon macroporeux présente des pores sphériques mono-dispersés
(taille des pores 4,4 μm), répartis de façon homogène dans la matrice dense de YSZ, de taille
des grains d’environ 3,5 μm. En revanche, la caractérisation de la porosité pour l’échantillon
sous fritté est très difficile car il présente une porosité percolante et de forme irrégulière. La
taille des pores a été estimée d’environ 0,2 μm [17]. Les diagrammes d’impédance de ces
deux échantillons sont présentés dans la figure III.15.
Figure III. 15. Diagrammes d’impédance de YSZ sous fritté et macroporeux (P = 25%) à 350 °C. Les
nombres indiquent les logarithmes des fréquences de mesure.
Les réponses électriques de ces deux échantillons sont constituées de deux demi-cercles
décentrés par rapport à l’axe des réels et bien séparés. On peut remarquer sur la figure III.15
H. El Khal 96
Chapitre III. Effet de la porosité sur les propriétés électriques de La2Mo1,5W0,5O9
La figure III.16 compare les facteurs de tortuosité de LMW05 avec ceux de YSZ
macroporeux et YSZ sous fritté. On observe que les échantillons LMW05 et YSZ
macroporeux présente la même évolution de la tortuosité en fonction de la porosité pour
0 < P ≤ 30%. Cependant pour P > 30%, le facteur de tortuosité de LMW05 s’approche de
celui de YSZ sous fritté, indiquant que l’échantillon LMW05, dans ce domaine de porosité,
présente une microstructure similaire à celle de YSZ sous fritté qui consiste en une porosité
percolante de forme complexe (cf. figure III.2).
Figure III.16. Comparaison du facteur de tortuosité de LMW05 (à 355°C) avec ceux de YSZ
macroporeux et sous fritté à 350 °C.
H. El Khal 97
Chapitre III. Effet de la porosité sur les propriétés électriques de La2Mo1,5W0,5O9
prédire la réponse de cercle HF sur les diagrammes d’impédance pour des porosités
P < 30%.
- Si les pores sont de tailles plus petites avec une géométrie complexe qui leur permet
d’être facilement interconnectés (cas de YSZ sous frittés) alors le facteur de tortuosité
est plus élevé dans tout le domaine de porosité.
- Pour des porosités P > 30%, les lois théoriques classiques ne permettent pas de prédire
τ dans les conducteurs ioniques solides mentionnés dans la littérature.
Enfin, on peut aussi souligner que le bon accord entre les prédictions des lois théoriques et les
variations de indique que le demi-cercle haute fréquence prend en compte la réponse
électrique due à la constriction des chemins de conduction liée à la porosité. Cela signifie que
le demi-cercle basse fréquence doit être plutôt attribué, dans LMW05 poreux, à l’interface
grain-grain et/ou à l’interface pore-grain. Ce point sera développé plus en détail dans le
chapitre suivant.
H. El Khal 98
Chapitre III. Effet de la porosité sur les propriétés électriques de La2Mo1,5W0,5O9
Conclusion
Des échantillons LMW05 présentant des proportions volumiques de pores allant de 4,4% à
34% ont été obtenus par densification des comprimés crus à différentes températures de
frittage. L’étude des diagrammes d’impédance complexe des échantillons poreux a montré
que la porosité affecte beaucoup la réponse du volume (partie HF). La présence de la porosité
entraine une augmentation significative de la résistance apparente totale du matériau et par
conséquent la diminution de sa conductivité. La comparaison entre la droite d’Arrhénius d’un
échantillon dense (P = 4,4%) et celles de deux échantillons poreux (P = 22 et 34%) montre
que l’énergie d’activation, déduite de ces droites, est peu affectée par la porosité. Elle est
d’environ 1,48 eV, indiquant que la porosité n’a pas d’influence sur le mécanisme global de la
conduction ionique.
Finalement, nous avons étudié les propriétés de transport des matériaux poreux en
déterminant le facteur de tortuosité. Deux modèles théoriques ont été discutés dans ce présent
travail pour rendre compte de l’évolution de la tortuosité en fonction de la porosité. Nous
avons montré que la loi de théorique de Bruggeman pour des pores sphériques est valide pour
modéliser la tortuosité pour 0 < P ≤ 22%. La corrélation empirique de Weissberg qui utilise
un paramètre ajustable C en fonction de la forme des pores, permet de prédire la tortuosité
pour un domaine de porosité plus étendu 0 < P ≤ 28,4% avec une valeur de C = 1. Les valeurs
H. El Khal 99
Chapitre III. Effet de la porosité sur les propriétés électriques de La2Mo1,5W0,5O9
calculées de τ pour LMW05 ont été comparées à celles des échantillons modèles de YZS
ayant différente morphologie des pores. Nous avons montré que la réponse HF prend en
compte la réponse électrique due à la constriction des chemins de conduction liée à la
porosité.
H. El Khal 100
Chapitre III. Effet de la porosité sur les propriétés électriques de La2Mo1,5W0,5O9
Références bibliographiques
[1] B. E. McNealy, J. L. Hertz, «On the use of the constant phase element to understand
variation in grain boundary properties», Solid State Ionics 256 (2014) 52-60.
[2] B. Kozlov, «Loi d’Archie dans les micromodèles», thèse de doctorat, Université Pierre
et Marie Curie, France (2012).
[10] L. Shen, Z. Chen, «Critical review of the impact of tortuosity on diffusion», Chem.
Eng. Sci. 62 (2007) 3748-3755.
[11] S. J. Cooper, «Quantifying the transport properties of solid fuel cell electrodes», thèse
de doctorat, Imperial College, London (2015).
H. El Khal 101
Chapitre III. Effet de la porosité sur les propriétés électriques de La2Mo1,5W0,5O9
[12] B. Tjaden, S. J. Cooper, D. JL. Brett, D. Kramer, P. R. Shearing, «On the orgin and
application of the Bruggeman correlation for analyzing transport phenomena in
electrochemical systems», Curr Opin Chem Eng.12 (2016) 44-51.
[15] J. Comiti, M. Renaud, «A new model for determining mean structure parameters of
fixed beds from pressure drops measurements: application to beds packed with
parallelepipedal particles», Chem. Eng. Sci. 44 (1989) 1539-1545.
[17] A.Cordier, E. Siebert, M. C. Steil, «On the Role of the Pores Size on the Ionic
Conductivity of Porous Yttria Stabilized Zirconia», Communication personnelle,
Grenoble (2013).
H. El Khal 102
Chapitre IV
H. El Khal 103
Chapitre IV. Analyse du phénomène du blocage dans La2Mo1,5W0,5O9
Introduction
Ce quatrième chapitre est consacré à l’étude de la réponse électrique basse fréquence (BF),
caractéristique du phénomène du blocage de la conduction ionique dans LMW05.
H. El Khal 104
Chapitre IV. Analyse du phénomène du blocage dans La2Mo1,5W0,5O9
Figure IV.1. Evolution du facteur de blocage , calculé à 355 °C, en fonction de la porosité.
Kleitz et al. [1] ont étudié l’effet de la porosité des échantillons de type zircone sur le
facteur de blocage ( ). Ils ont confirmé que la présence de la porosité dans un matériau
céramique conduit à la formation d’un mauvais contact entre les grains d’où l’augmentation
de la résistance RBF. Steil et al. [2] ont aussi montré qu’une augmentation de la taille des
grains conduit à une diminution de la résistance , et par conséquent, une diminution de .
Ceci n’est pas vraiment notre cas car l'échantillon fritté à 1000 °C (P = 5,2% de porosité)
présente une taille moyenne des grains de 7 µm et un r très proche de celui fritté à 1100 °C
(P = 4,4%) qui a une taille moyenne de grains de 18 µm. Tous ces résultats nous permettent
H. El Khal 105
Chapitre IV. Analyse du phénomène du blocage dans La2Mo1,5W0,5O9
de confirmer que le blocage interne dans LMW05 est attribué principalement à la présence
des pores.
Figure IV.2. Evolution du facteur de blocage en fonction de la température pour des échantillons
de LMW05 de 4,4, 22 et 34% de porosité.
D’après les figures IV.1 et IV.2, nous remarquons que les valeurs de obtenues pour les
échantillons poreux de LMW05 sont faibles en comparaison avec la zircone yttriée (YSZ)
sous frittée [4]. Ainsi, pour une même porosité (P = 25%), est d’environ 0,1 pour LMW05
et 0,5 pour YSZ [4].
L’écart conséquent de valeur de entre les échantillons de LMW05 et de YSZ sous fritté
pourrait être expliqué par la différence de microstructure entre les échantillons. En effet, il
semble que la morphologie et la localisation des pores soient différentes dans les deux
H. El Khal 106
Chapitre IV. Analyse du phénomène du blocage dans La2Mo1,5W0,5O9
matériaux, ce qui engendre une différence des valeurs de . Afin de vérifier cette
explication, nous revenons vers les échantillons modèles de YSZ [4] décrits dans le chapitre
III (cf. paragraphe 4.4). Les échantillons de YSZ présentent la même porosité (P = 25%) mais
différente morphologie de pores (cf. figure III.14) : l’échantillon YSZ sous fritté présente des
pores percolants et de forme irrégulière (taille des pores d’environ 0,2 μm) tandis que
l’échantillon YSZ macroporeux présente des pores sphériques mono-dispersés, répartis de
façon homogène dans la matrice dense de YSZ (taille des pores 4,4 μm). Les diagrammes
d’impédance, mesurés à 350 °C, de ces deux échantillons sont présentés dans le chapitre III
(cf. figure III.15). A partir de ces diagrammes, Anne Cordier [4] a déterminé le facteur de
blocage pour chaque échantillon. Ce dernier est égal à 0,5 pour l’échantillon YSZ sous
fritté et 0,1 pour l’échantillon YSZ macroporeux, similaire à celui obtenu pour notre
échantillon LMW05 ( = 0,1) pour une porosité de 25%. Kleitz et al. [1] ont suggéré que
l’augmentation de , et par conséquent, l’augmentation du facteur de blocage pourrait être
principalement attribuée à la qualité des contacts grain-grain et à l’aire de l’interface pore-
grain. Dans le cas de YSZ, la surface de pores de l’échantillon macroporeux est inférieure à
celle de l’échantillon sous fritté, ce qui conduit à une faible aire de l’interface pore-grain et
donc à un faible blocage interne.
2. Nature du blocage
Il a été démontré dans le chapitre III que les valeurs de RHF, déduites des demi-cercles HF,
ne sont pas intrinsèques à la phase LMW05. Elles prennent en compte la réponse électrique
due à la constriction des chemins de conduction liée à la présence de la porosité. Afin de
préciser la nature du phénomène de blocage interne dans LMW05 poreux, nous avons simulé
le contact entre deux grains de LMW05. Cette étude a été réalisée par la mise en contact et la
soudure de deux échantillons denses de LMW05 de mêmes dimensions géométriques et
l’étude de la réponse électrique de cet empilement. Rappelons que ces échantillons présentent
une contribution prédominante à haute fréquence, spécifique de la phase et une deuxième à
basse fréquence de faible amplitude (cf. figure III.5). Ils peuvent donc être assimilés à des
H. El Khal 107
Chapitre IV. Analyse du phénomène du blocage dans La2Mo1,5W0,5O9
monocristaux. Divers travaux [5 – 7] ont utilisé cette méthode pour simuler le contact grain-
grain et préciser la nature du blocage. Dans ces travaux, le joint de grain est simulé par
soudure de deux monocristaux.
Des échantillons denses de LMW05 ont été préparés par frittage conventionnel à 1100 °C
pendant 2h. Leur densité relative après frittage est de 95,0 ± 0,5 %. Notons que ces
échantillons sont préparés à partir d’un lot de poudre broyée de LMW05 différent de celui
utilisé pour la préparation des échantillons poreux dans le chapitre III.
Les échantillons denses de LMW05 sont tout d’abord usinés et polis (comme décrit
précédemment dans le chapitre II), afin d’obtenir des surfaces propres et parfaitement
parallèles. Cette étape est indispensable pour la mise en contact et la soudure des échantillons
frittés. Ainsi, L. Dessemond [5] a montré dans sa thèse que le polissage des surfaces de
contact diminue sensiblement l’aire des défauts microstructuraux très ouverts (défauts
associés à la rugosité) et augmente l’aire totale des défauts très étroits (contacts intimes de
type joints de grains). Des couches de platine ont été ensuite déposées, par pulvérisation
cathodique, sur les faces supérieures des échantillons (cf. figure IV.3). Elles servent comme
électrodes symétriques.
La mise en contact entre deux échantillons est assurée par une pression mécanique, réglable
par le système vis-ressort solidaire de la partie supérieure du montage de mesure
d’impédance. Nous enregistrons les spectres d’impédance complexe entre 315 et 415 °C puis
nous augmentons la température lentement jusqu’à 1000 °C. A cette température, le chauffage
est maintenu pendant 30 min afin de favoriser la soudure entre les échantillons. Le montage
expérimental est enfin refroidi jusqu’à la température ambiante avec une vitesse de
refroidissement de 5 °C min-1.
A la sortie de la cellule de mesure d’impédance, les échantillons semblent être bien soudés.
Nous effectuons un second recuit à 1100 °C pendant 3 min (vitesse de chauffage et de
refroidissement est de 5 °C min-1) dans un four à moufle. Les impédances des assemblages
obtenus après traitement à 1100 °C sont de nouveau mesurées entre 300 et 600 °C.
Le protocole expérimental de préparation des assemblages est récapitulé sur la figure IV.3.
Les caractéristiques des assemblages préparés après soudure sont regroupées dans le tableau
H. El Khal 108
Chapitre IV. Analyse du phénomène du blocage dans La2Mo1,5W0,5O9
IV.1. L’assemblage de deux échantillons denses de LMW05 (une interface) est désigné dans
tout le manuscrit par « 2LMW05 ».
Tableau IV.1. Caractéristiques de l'assemblage obtenu après traitement thermique à 1100 °C.
H. El Khal 109
Chapitre IV. Analyse du phénomène du blocage dans La2Mo1,5W0,5O9
Couche de platine
Couche de platine
Figure IV.3. Le protocole expérimental de préparation d’un assemblage de deux échantillons denses
de LMW05.
H. El Khal 110
Chapitre IV. Analyse du phénomène du blocage dans La2Mo1,5W0,5O9
Tableau IV.2. Caractéristiques des défauts de microstructure observés par MEB à l’interface de
contact entre deux échantillons (2LMW05).
H. El Khal 111
Chapitre IV. Analyse du phénomène du blocage dans La2Mo1,5W0,5O9
100 μm 50 μm
Interface
entre deux 1
échantillons
2
3
10 μm 10 μm
1 2
10 μm 10 μm
3 4
20 μm
LMW05 LMW05
Figure IV.4. Micrographies MEB de la surface de contact entre deux échantillons de LMW05 après le
traitement thermique à 1100 °C. Les défauts de microstruture observés sont numérotés de 1 à 5.
H. El Khal 112
Chapitre IV. Analyse du phénomène du blocage dans La2Mo1,5W0,5O9
Les figures IV.5 et IV.6 représentent les diagrammes d’impédance de 2LMW05, obtenus à
365 °C et à 415 °C, avant et après traitement thermique à 1000 et 1100 °C.
Figure IV.5. Diagrammes d’impédance de 2LMW05 enregistrés à 365 °C avant et après traitement
thermique à 1000°C et à 1100 °C, représentés à deux échelles différentes. Les nombres indiquent les
logarithmes des fréquences de mesure. HF et BF désignent les réponses électriques basse et haute
fréquence, respectivement.
H. El Khal 113
Chapitre IV. Analyse du phénomène du blocage dans La2Mo1,5W0,5O9
Figure IV.6. Diagrammes d’impédance de 2LMW05 (une interface) enregistrés à 415 °C avant et
après traitement thermique à 1100 °C, représentés à deux échelles différentes. Les nombres indiquent
les logarithmes des fréquences de mesure. HF et BF désignent les réponses électriques basse et haute
fréquence, respectivement.
Ces diagrammes sont constitués de deux demi-cercles plus au moins décentrés par rapport
à l’axe des réels. Comme attendu, la réponse HF, spécifique de la phase LMW05 (bulk) parait
non influencée par les traitements thermiques. En revanche, la réponse BF est fortement
modifiée par le chauffage. Son amplitude est très importante avant les traitements thermiques
et diminue fortement après le chauffage à 1000 °C et à 1100 °C. Ces résultats nous permettent
de conclure qu’une température de 1100 °C permet d’améliorer les contacts intimes entre les
H. El Khal 114
Chapitre IV. Analyse du phénomène du blocage dans La2Mo1,5W0,5O9
deux échantillons. La cohésion de deux échantillons est donc assurée par une croissance de
véritables zones de soudures entre les deux échantillons.
La déconvolution des diagrammes d’impédance des figures IV.5 et IV.6 a été effectuée
selon le circuit électrique équivalent décrit dans le chapitre III (cf. figure III.4). Les valeurs
des paramètres R, C, β et ω0, pour des températures de mesure de 365 et de 415 °C, sont
regroupées dans le tableau IV.3.
Tableau IV.3. Paramètres électriques affinés de 2LMW05, déterminés à 365 °C et 415 °C.
R C β ω0
αR
(10 Ω cm)
4
(F cm-1) (°) (rad s-1)
Nos présents résultats peuvent être entachés d’une certaine erreur liée à la température de
mesure vu que nous n’avons pas utilisé un échantillon témoin pour reproduire correctement la
température choisie (cf. chapitre II, paragraphe 5.1). Par contre, nous avons tenu compte de
l’erreur expérimentale liée à la reproductibilité des échantillons dans la détermination des
paramètres électriques des assemblages préparés (cf. tableau IV.3).
H. El Khal 115
Chapitre IV. Analyse du phénomène du blocage dans La2Mo1,5W0,5O9
constant et faible avant et après soudure à 1100 °C. Cette faible valeur de β est la signature
d’une grande homogénéité dans les grains en termes de conductivité et de permittivité.
Pour la réponse BF, la résistivité RBF diminue considérablement après le traitement thermique
à 1100 °C. De ce fait, le facteur de blocage diminue aussi avec le chauffage. A 365 °C, il
est égal à 0,8 avant chauffage à 1100 °C et diminue à 0,07 après chauffage à 1100 °C. Les
capacitances CBF obtenues avant et après chauffage sont peu modifiées. Elles augmentent
légèrement après le traitement thermique à 1100 °C mais elles restent toujours de même ordre
de grandeur que celles mesurées pour les contacts grain-grain (10-9 10-10 F cm-1). L’angle de
décentrage est aussi influencé par le traitement thermique. Il est de 11 ± 1° avant chauffage et
passe à 25 ± 3° après chauffage à 1100 °C.
Fleig [8] a modélisé la réponse électrique d’un contact imparfait entre deux solides
conducteurs. Il a montré que le contact imparfait donne naissance à une contribution
additionnelle observée à basse fréquence dans le plan complexe d’impédance. Cette
contribution est caractérisée par une capacité qui reflète principalement l’épaisseur de « l’air
gap » à l’interface imparfaite (mauvais contact).
où Sbl est l’aire totale des surfaces internes (surface totale des bloqueurs). La détermination de
l’épaisseur lb nécessite la connaissance de la valeur de la surface totale des bloqueurs Sbl.
Selon une représentation simplifiée de la constriction (cf. annexe 3), la surface Sbl peut être
estimée à partir de l’expression du facteur du blocage donnée par :
H. El Khal 116
Chapitre IV. Analyse du phénomène du blocage dans La2Mo1,5W0,5O9
dans laquelle est la surface totale de l’échantillon. La valeur ainsi obtenue représente
un ordre de grandeur de Sbl réelle.
Un calcul similaire sur les échantillons après traitement thermique à 1100 °C donne une
valeur de l’épaisseur du bloqueur (lb) de 50 nm. Cette valeur de lb est différente de celle
déterminée par observation au MEB de l’interface de contact entre les deux pastilles, qui est
aux alentours de 15 μm (cf. Tableau IV.2). Ceci nous permet de suggérer que le demi-cercle
observé à basse fréquence n’est pas caractéristique de la constriction due à la présence des
H. El Khal 117
Chapitre IV. Analyse du phénomène du blocage dans La2Mo1,5W0,5O9
pores dans l’échantillon. Ainsi nous pouvons suggérer que le demi-cercle de blocage, observé
à basse fréquence, dans les échantillons soudés est plutôt attribué :
- soit à l’interface grain-grain (cf. modèle de brick layer [9]) modifiée par la présence
des pores;
- soit à l’interface grain-pore [2].
A ce stade de notre travail, nous ne pouvons pas discriminer entre ces deux possibilités à
partir de nos résultats expérimentaux.
Pour confirmer cette interprétation, les résultats d’un assemblage de 3 échantillons denses
de LMW05 (deux interfaces) (cf. Annexe 2) après soudure sont présentés sur la figure IV.8.
Cette figure compare les diagrammes d’impédance de 2LMW05 et 3LMW05 à 365 °C. Le
détail de la déconvolution de ces diagrammes est donné dans l’annexe 2. Nous remarquons
que l’ajout d’une interface conduit à une augmentation significative de l’amplitude de la
réponse basse fréquence et donc à une augmentation du facteur de blocage qui est égal à 0,1.
On peut aussi noter que la résistance haute fréquence augmente légèrement. Cependant, les
expériences ayant été réalisées sans témoin de température, nous ne sommes pas en mesure de
dire si cette augmentation est significative.
H. El Khal 118
Chapitre IV. Analyse du phénomène du blocage dans La2Mo1,5W0,5O9
Conclusion
Nous avons simulé, par la suite, le contact entre deux grains afin de mettre en évidence le
phénomène de blocage interne et de préciser sa nature. Cette étude a été réalisée par la mise
en contact et la soudure de deux pastilles denses de LMW05 (2LMW05) par traitement
thermique à 1100 °C.
L’analyse de la capacité basse fréquence (CBF) avant traitement thermique à 1100 °C nous
a permis de conclure que la réponse BF est due aux mauvais contacts entre les deux pastilles.
Cette réponse est caractérisée par une capacité (CBF) qui représente la couche d’air présente
entre les deux échantillons avant soudure (air gap). Après traitement thermique à 1100 ° C, la
valeur de l’épaisseur du bloqueur n’est pas en accord avec les air gaps déterminées par
observation au MEB de l’interface de contact entre les deux pastilles. Ceci nous a permis de
conclure que la réponse BF observée sur les diagrammes d’impédance après le traitement
thermique à 1100 °C n’est pas caractéristique de l’air gap. Elle est plutôt attribuée à
l’interface grain-grain modifiée par la présence des pores et/ou à l’interface pore-grain.
H. El Khal 119
Chapitre IV. Analyse du phénomène du blocage dans La2Mo1,5W0,5O9
Références bibliographiques
[4] A. Cordier, E. Siebert, M. C. Steil, «On the role of the pores size on the ionic
conductivity of porous yttria stabilized zirconia», Communication personnelle,
Grenoble (2013).
[7] K. EL Adham, A. Hamou, «Grain boundary effect on ceria based solid solutions»,
Solid State Ionics 9 -10 (1983) 905-912.
H. El Khal 120
Chapitre V
H. El Khal 121
Chapitre V. Etude de la densification de par frittage flash
Introduction
Dans ce présent chapitre, le procédé de frittage flash a été utilisé pour préparer des
céramiques de type LMW05. Dans la première partie de ce chapitre, nous présentons une
étude électrique et microstructurale d’un comprimé cru. Nous nous intéressons plus
particulièrement à l’évolution de sa conductivité apparente totale en fonction de la
température.
Dans la troisième partie, la densification de LMW05 par frittage flash est étudiée. Nous
discutons la microstructure des différents échantillons obtenus. Finalement, nous effectuons
une étude comparative entre le frittage flash et frittage conventionnel. Les propriétés
électriques ainsi que les microstructures des différents échantillons préparés selon les deux
procédés sont comparées et discutées.
H. El Khal 122
Chapitre V. Etude de la densification de par frittage flash
Ainsi que nous l’avons décrit dans la partie expérimentale, la poudre de LMW05 est mise
sous forme de pastille par pressage uniaxial suivi d’un pressage isostatique pour obtenir des
comprimés crus de densité relative de 65,5 ± 0,5%. Ensuite, une couche de laque de platine,
servant d’électrodes, a été déposée à l’aide d’un pinceau sur les deux faces du comprimé cru.
Normalement, la laque de platine devrait être cuite à des températures élevées (800-1000 °C).
Cependant, dans le cas de cette étude, elle a été traitée à 400 °C pendant 3 heures afin
minimiser les modifications de la microstructure de l’échantillon cru.
Les mesures électriques de l’échantillon cru ont été effectuées sous O2 (4-5 L min-1) lors
d’une montée et d’une descente en température entre 400 et 650 °C. Les vitesses de chauffage
et de refroidissement sont de 5 °C min-1.
H. El Khal 123
Chapitre V. Etude de la densification de par frittage flash
augmentant la température de mesure à 575 °C et 600 °C, nous observons que la résistance
totale (Rdc) diminue et la séparation entre la réponse de l’échantillon et celle des électrodes
devient facile. La bonne séparation entre ces deux réponses nous a permis de déterminer
convenablement la résistance totale de l’échantillon ( ) pour en déduire la conductivité
totale ( , un des paramètres déterminants pour le déclenchement du flash du courant en
conditions isothermes.
H. El Khal 124
Chapitre V. Etude de la densification de par frittage flash
Figure V.1. Diagrammes d’impédance d’un comprimé cru de LMW05 enregistrés sous O2 à 400,
450, 575 et 600 °C lors de la montée en température. Les nombres indiquent les logarithmes des
fréquences de mesure.
H. El Khal 125
Chapitre V. Etude de la densification de par frittage flash
Figure V.2. Evolution thermique de la conductivité apparente des échantillons cru et dense de
LMW05. Mesures éffectuées lors d’une montée (chauffage) et d’une descente (refroidissement) en
température.
H. El Khal 126
Chapitre V. Etude de la densification de par frittage flash
Sur les diagrammes d’Arrhénius de la figure V.2, une grande différence des valeurs de la
conductivité est observée à 400 °C pour l’echantillon cru au cours de son chauffage et de son
refroidissement. Cette différence est plus évidente si on compare les digrammes d’impédance
mesurés à 400 °C lors du chauffage et du refroidissement de l’échantillon cru (Figure V.3). La
simple observation de ces diagrammes nous permet d’apprécier l’effet du chauffage de
l’échantillon. Ainsi, une grande diminution de la résistivité totale (d’un facteur de 10) est
observée après une montée en température jusqu’à 650 °C. Cette diminiution peut être reliée à
la formation et au developpement des contacts entre les grains, ce qui rend le matériau plus
conducteur. De plus nous remarquons que le chauffage de l’échantillon cru à 650 °C entraine
une modification de la forme globale des diagrammes d’impédance. La réponse basse
fréquence obtenue lors du refroidissement devient plus définie, bien séparés de la réponse
haute fréquence et d’amplitude beaucoup plus faible que celle obtenue lors du chauffage
(figure V.3 C). Cette modification des diagrammes d’impédance serait une signature de
l’amélioration des contacts entre les grains dans l’échantillon.
Afin de vérifier cette explication, nous avons déterminé la surface spécifique des
échantillons mentionnés dans la figure V.3. Cette surface spécifique a été calculée en utilisant
la méthode BET (Annexe 2), notée SBET. Elle est de 1,2 m2 g-1 pour l’échantillon cru au cours
de son chauffage1 et se réduit à 0,75 m2 g-1 au cours de son refroidissement2. Cette réduction
de la SBET suite au chauffage à 650 °C indique une diminution de l’aire des interfaces solide-
gaz au profit des interfaces solide-solide qui s’effectue par la formation des contacts entre les
particules.
1
L’échantillon cru est chauffé à 400 °C pendant 3 heures.
2
L’échantillon cru est chauffé à 400 °C / 3 h puis à 650 °C /30 min avec une vitesse de chauffage de 5 °C min-1.
H. El Khal 127
Chapitre V. Etude de la densification de par frittage flash
A)
B)
C)
Figure V.3. A) Diagrammes d’impédance de l’échantillon cru de LMW05 enregistrés à 400 °C durant
le chauffage et le refroidissement. B) Déconvolution du digramme d’impédance obtenu lors du
chauffage (à droite le zoom de la partie HF). C) Déconvolution du digramme d’impédance obtenu lors
du refroidissement. Les nombres indiquent les logarithmes des fréquences de mesure. HF et BF
désignent les réponses électriques haute et basse fréquence, respectivement.
H. El Khal 128
Chapitre V. Etude de la densification de par frittage flash
Notons par ailleurs que les diagrammes d’impédance de la figure V.3 évoluent d’une
manière similaire à ceux d’assemblage de deux échantillons denses 2LMW05 avant et après
traitement thermique à 1100 °C (cf. chapitre IV) en termes d’amplitude et de distribution en
fréquences. Ceci nous permet de confirmer que la réponse basse fréquence de l’échantillon
cru est caractéristique des contacts entre les grains dans l’échantillon.
Les diagrammes d’impédance de la figure V.3 sont par la suite affinés selon le circuit
électrique équivalent donné dans le chapitre III (cf. figure III.4) et les valeurs des paramètres
R, C, β et ω0 obtenues par identification à 400 °C sont données dans le tableau V.1.
Tableau V.1. Paramètres électriques à 400 °C pour l’échantillon cru de LMW05 lors du
chauffage et du refroidissement.
R C β ω0
5 -1
(10 Ω cm) (F cm ) (°) (10 rad s-1)
6
Comme le montre le tableau V.1, la résistivité RHF déterminée lors du chauffage est
inférieure à celle déterminée lors de refroidissement. L’échantillon cru présente la même
porosité au cours de deux parties du cycle thermique mais un facteur de tortuosité qui doit être
plus élevé lors du chauffage. Nous nous attendions donc à une valeur de RHF lors de chauffage
plus élevée que lors du refroidissement mais ce n’est pas notre cas. Ceci nous amène à penser
que cette inversion des valeurs de RHF peut être due à une imprécision de l’ajustement du
H. El Khal 129
Chapitre V. Etude de la densification de par frittage flash
Nous avons suivi l’évolution de la résistivité totale en fonction du temps de palier d’un
échantillon cru préchauffé à 550 °C, température de préchauffage choisie pour le
déclenchement du flash. La vitesse de chauffage est de 5 °C min-1. A partir de la figure V.4,
nous remarquons que la résistivité totale diminue de façon significative pour les quinze
premières heures puis elle évolue très peu avant de commencer à se stabiliser vers 30 h. Cette
évolution de la résistivité nous a permis de considérer un autre paramètre, le temps de
stabilisation de l’échantillon à la température de préchauffage T0, noté ts.
Figure V.4. Evolution de la résistivité totale en fonction du temps d’un échantillon cru de LMW05
préchauffé à 550 °C. La vitesse de chauffage est de 5 °C min-1.
En résumé, l’étude électrique d’un échantillon cru de LWM05 nous a permis de mettre en
évidence l’évolution de la conductivité et de la microstruture en fonction de la température.
H. El Khal 130
Chapitre V. Etude de la densification de par frittage flash
E. Bichaud [1, 2] a défini une puissance seuil nécessaire pour le déclenchement du flash de
courant. Cette puissance doit être suffisante pour atteindre l’emballement thermique que nous
avons déjà évoqué dans le chapitre I (paragraphe 2.2.5). Elle s’exprime comme suit :
Afin de pouvoir choisir la température de préchauffage (T0), nous avons reporté la valeur
de = 2 10-3 S cm-1 sur la courbe d’Arrhénius de l’échantillon cru au cours de son
chauffage (cf. figure V.2). Cette conductivité correspond à une température de mesure aux
alentours de 600 °C. De ce fait, trois températures de préchauffage T0 de 500, 550 et de
600 °C ont été testées pour le déclenchement du flash de courant (figure V.5). Le champ
électrique appliqué est de 100 V cm-1 et la densité de courant est limitée à 5 A cm-2.
H. El Khal 131
Chapitre V. Etude de la densification de par frittage flash
Figure V.5. Evolution de la densité du courant en fonction du temps pour des températures de
préchauffage de 500, 550 et de 600 °C. Conditions de frittage flash : E0 = 100 V cm-1, Imax = 5 A cm-2,
temps sous Imax = 0 s.
H. El Khal 132
Chapitre V. Etude de la densification de par frittage flash
Figure V.6. Evolution de la densité du courant en fonction du temps des échantillons stabilisés à
550 °C pendant 0, 4, 24 et 42 h. Conditions de frittage flash : T0 = 550 °C, E0 = 75V cm-1,
Imax,= 2,5 A cm-2, temps sous Imax = 0s.
Figure V.7. Evolution du temps du déclenchement du flash en fonction du temps de stabilisation à une
température de préchauffage de 550 °C. Conditions de frittage flash : T0 = 550 °C, E0 = 75V cm-1,
Imax,= 2,5 A cm-2, temps sous Imax = 0s.
Les figures V.6 et V.7 montrent que le temps de déclenchement du flash (Δt) est influencé
par le temps de stabilisation de l’échantillon (ts) à . Il diminue de 90 s à 35 s pour un temps
de stabilisation de 0 h et de 42 h, respectivement. Cette évolution est en accord avec la
diminution de la résistance liée à l’amélioration des contacts entre les particules à l’intérieur
de l’échantillon cru. Dans ce qui suit, afin d’avoir la même conductivité initiale avant
H. El Khal 133
Chapitre V. Etude de la densification de par frittage flash
l’application du champ électrique correspondant, tous les échantillons étudiés sont alors
stabilisés à la température de préchauffage pendant 42 h.
Dans la littérature, plusieurs études [3-7] ont montré que le champ électrique appliqué E0 a
une influence importante sur le déclenchement du flash de courant. De ce fait, différents
champs électriques (50, 60, 75 et 100 V cm-1) ont été testés sur des comprimés crus de
LMW05 préalablement préchauffés et stabilisés à 550 °C pendant 42 h. Dans ces conditions,
tous les échantillons présentent des conductivités initiales équivalentes (σ0 ~7 10-4 S cm-1)
pour que les résultats ne reflètent que l’influence du champ électrique appliqué. L’évolution
de la densité du courant en fonction du temps pour différents champs électriques appliqués est
donnée dans la figure V.8.
Figure V.8. Evolution de la densité du courant en fonction du temps pour différents champs
électriques appliqués. Conditions de frittage flash : T0 = 550 °C, Imax = 5 A cm-2, temps sous Imax = 0s.
H. El Khal 134
Chapitre V. Etude de la densification de par frittage flash
Par ailleurs, tous les échantillons présentés dans la figure V.8 présentent une densité
relative, après l’application du champ électrique, comprise entre 66 et 67%, similaire à celle
d’un comprimé cru de LMW05. La figure V.9 compare la microstructure d’un échantillon
flashé sous 100 V cm-1 à celle d’un échantillon cru, stabilisé à 550 °C pendant 42 h (avant
flash). Il est difficile d’observer de différences de microstructure entre les deux échantillons.
Il semblerait que les contacts entre les grains commencent à se former dans l’échantillon
flashé. Nous ne pouvons pas valider cette constatation par une simple observation au MEB
car cette dernière ne nous donne pas une vraie indication sur la qualité des contacts dans les
deux échantillons. Pour surmonter cette difficulté, nous présentons les diagrammes
d’impédance de ces deux échantillons avant et après frittage flash.
Figure V.9. Micrographies MEB d’un échantillon de LMW05 avant et après flash. Conditions de
frittage flash : T0 = 550 °C, E0 = 100 V cm-1, Imax = 5 A cm-2, temps sous Imax = 0 s.
La simple observation des diagrammes d’impédance, présentés dans la figure V.10, nous
permet d’apprécier l’effet du champ électrique appliqué et du courant électrique qui traverse
l’échantillon sur les propriétés de conduction du matériau. Ainsi, l’échantillon, après le flash
du courant, présente une résistivité légèrement inférieure à celle de l’échantillon cru stabilisé
H. El Khal 135
Chapitre V. Etude de la densification de par frittage flash
42 h à 550 °C. Nous remarquons la présence de deux demi-cercles bien définis. La séparation
entre ces deux demi-cercles parait facile ce qui marque une amélioration des contacts entre les
grains dans l’échantillon flashé.
Figure V. 10. Diagrammes d’impédance, enregistrés à 400 °C sous O2, pour l’échantillon LMW05
avant et après flash. Conditions de frittage flash : T0 = 550 °C, E0 = 100 V cm-1, Imax = 5 A cm-2, temps
sous Imax = 0 s. Les nombres indiquent les logarithmes des fréquences de mesure. HF et BF désignent
les réponses électriques haute et basse fréquence, respectivement.
Pour améliorer la densification de LMW05, nous avons optimisé l’étape III de processus
du frittage flash en conditions isothermes (figure V.11) qui consiste à maintenir le frittage
d’un échantillon sous courant constant prédéfini par l’opérateur ( ) pendant un temps
choisi appelé « temps sous courant constant ». Pendant cette étape, le pilotage du dispositif
(source de puissance) passe d’une régulation à tension constante (E0) vers une régulation à
courant constant ( ). La valeur du champ électrique devient plus basse que celle
initialement fixée (figure V.11) et la densification de l’échantillon, sous courant constant, se
poursuit jusqu’à la coupure du champ électrique.
H. El Khal 136
Chapitre V. Etude de la densification de par frittage flash
Figure V.11. Evolution de la densité du courant et du champ électrique pendant l’étape III du
processus du frittage flash en conditions isothermes. Conditions de frittage flash : E0 75 V cm-1,
T0 = 550 °C, Imax = 5 A cm-2, temps sous Imax = 300 s.
Pour l’élaboration des échantillons denses de LMW05 par frittage flash, nous avons limité
à une densité de courant Imax de 5 A cm-2 et à un champ électrique de 100 V cm-1. Cependant,
l’observation au MEB de l’échantillon flashé dans ces conditions pendant 60 s (figure V.12)
montre une zone particulière qui consiste en un point de chauffe local (fusion locale) causé
par le chauffage excessif de l’échantillon suite au passage du courant [8]. Pour cette raison, un
champ électrique de 75 V cm-1 a été retenu pour la densification de LMW05.
Figure V.12. Micrographie MEB d’un échantillon de LMW05 après frittage flash. Grossissements :
x100 (à gauche) et x200 (à droite). Observation de la zone particulière (point de chauffe local).
Conditions de frittage flash : E0 100 V cm-1, T0 = 550 °C, Imax = 5 A cm-2, temps sous Imax = 60 s.
H. El Khal 137
Chapitre V. Etude de la densification de par frittage flash
Les conditions expérimentales utilisées pour le frittage flash des échantillons de LMW05
ainsi que les densités relatives obtenues sont données dans le tableau V.2. Nous remarquons
que la densification des échantillons augmente avec le temps de frittage sous Imax. Une densité
relative d’environ 92%, similaire à celle d’un échantillon conventionnellement fritté
(dr = 95,6%), est ainsi obtenue pour un temps de frittage sous Imax de 300 s. Cette
densification flash s’explique par le fait que la densité de courant qui traverse l’échantillon se
dissipe par effet Joule provoquant un fort échauffement de l’échantillon ce qui conduit à des
niveaux de densification plus élevés lorsqu’on maintien le chauffage plus longtemps.
Tableau V.2. Conditions expérimentales de frittage des échantillons LMW05 sous courant constant
pendant un temps prédéfini. R est la résistance totale de l’échantillon mesurée par spectroscopie
d’impédance.
Les micrographies MEB des sections fracturées et non polies des échantillons frittés sous
Imax = 5 A cm-2 pendant 0, 60 et 300 s sont présentées dans la figure V.13. Ces micrographies
montrent une microstructure hétérogène avec des régions denses au centre et des régions
poreuses à la périphérie. Cette microstructure hétérogène est le résultat de la dissipation de la
puissance par la surface de l’échantillon [8, 9], conduisant à un flux calorique du centre vers
la surface et donc un gradient de température à l’intérieur de l’échantillon. Todd et al.[10] ont
noté une différence de température maximale d’environ 300 K entre le cœur et la périphérie
de l’échantillon au cours de frittage flash pour des échantillons de zircone dopée à l’yttrium
(YSZ 3%) sous forme d’os longs à chien.
H. El Khal 138
Chapitre V. Etude de la densification de par frittage flash
A partir de la figure V.13, la taille moyenne des grains a été estimée pour les régions
denses des échantillons élaborés par frittage flash. Elle augmente de 20 ± 2 μm à 35 ± 3μm en
passant d’un temps de frittage sous Imax de 60 s à 300 s. Comme nous l'avons déjà évoqué
précédemment, ceci est à l’origine d’un fort échauffement de l’échantillon suite au maintien
du frittage sous Imax pendant un certain temps. Y. Zhang et al. [11] ont étudié l’influence de la
densité de courant et du temps du maintien sous Imax sur la microstructure des échantillons de
ZnO et de ZnO-Bi2O3. Ils ont montré que le fort grossissement des grains est le résultat d’un
emballement thermique crée par chauffage Joule de l’échantillon.
H. El Khal 139
Chapitre V. Etude de la densification de par frittage flash
périphérie centre
LMW05-5A cm-2 / 0s
20 μm 20 μm
20 μm 20 μm
20 μm 20 μm
Figure V.13. Micrographies MEB de la surface fracturée des échantillons de LMW05 flashés sous
courant constant Imax pendant 0, 60 et 300 s. Conditions de frittage flash : T0 = 550 °C, E0 = 75V cm-1,
Imax = 5 A cm-2.
H. El Khal 140
Chapitre V. Etude de la densification de par frittage flash
Cette partie de chapitre est dédiée à la comparaison des propriétés électriques et des
microstructures des échantillons de LMW05 élaborés par frittage conventionnel et frittage
flash. Ces échantillons présentent des densités relatives similaires.
Figure V. 14. Diffractogrammes des échantillons denses LMW05 élaborés par frittage
conventionnel (P = 4,4%) et par frittage flash (P = 8%).
Les micrographies MEB des échantillons de différentes porosités élaborés par frittage
conventionnel et frittage flash sont données dans la figure V.15. Notons que ces
H. El Khal 141
Chapitre V. Etude de la densification de par frittage flash
micrographies sont prises des figures III.2 et V.13. Pour les échantillons élaborés par frittage
flash, nous ne considérons que les régions densifiées (centre de l’échantillon).
Les micrographies MEB de la figure V.15 montrent que les échantillons LMW05 de
porosité proche présentent des microstructures de morphologie globale similaire quelque soit
le procédé de frittage. Ainsi, pour les échantillons de porosité ≤ 18%, nous observons la
présence des pores de forme sphérique répartis de façon homogène dans l’échantillon. Si on
passe à des porosités plus faibles (≤ 8%), les grains deviennent parfaitement soudés et les
joints de grains sont bien définis. La seule différence entre les microstructures de ces deux
procédés se manifeste au niveau de la taille moyenne des grains. Il est connu que les
techniques de frittage rapide permettent de limiter le grossissement des grains par rapport aux
cycles de frittage conventionnel [13]. Nous avons essayé de mesurer la taille des grains sur
des sections fracturées après frittage flash en utilisant la méthode du segment intercepté. Nous
observons un fort grossissement des grains en comparaison du frittage conventionnel.
Remarquons néanmoins que la méthode de segment intercepté présente des difficultés pour
son application à des sections non polies.
H. El Khal 142
Chapitre V. Etude de la densification de par frittage flash
P = 34 % P = 32 %
20 μm 20 μm
P = 13,5 % P = 18 %
20 μm 20 μm
P = 4,4 % P = 8%
μm
20 μm
20 20 μm
Figure V.15. Micrographies MEB des échantillons LMW05 élaborés par frittage conventionnel et
frittage flash.
Comme le montre la figure V.16, la taille des grains des échantillons LMW05 élaborés par
frittage flash s’écarte rapidement de la trajectoire de frittage obtenue pour les échantillons
H. El Khal 143
Chapitre V. Etude de la densification de par frittage flash
conventionnellement frittés, à partir d’une densité relative de 70%. L’écart devient très
important pour des densités relatives élevées (> 80%). Ce fort grossissement observé pour les
échantillons denses peut être expliqué par le fait que la température atteinte au cœur de
l’échantillon élaboré par frittage flash est supérieure à celle du frittage conventionnel. Une
estimation de la température atteinte au cours du frittage flash s’avère difficile dans notre cas
car l’énergie d’activation des matériaux LAMOX évolue beaucoup à partir de 800 °C [14].
Figure V.16. Trajectoires de frittage pour des échantillons de LMW05 élaborés par frittage
conventionnel et par frittage flash.
Les échantillons élaborés par frittage flash (Tableau V.2) sont usinés et recouverts d’une
nouvelle couche de platine par pulvérisation cathodique pour effectuer les mesures
électriques. La figure V.17 présente les diagrammes d’impédance mesurés à 355 °C de ces
échantillons. Notons que ces diagrammes sont présentés en fonction de la porosité des
échantillons afin de pouvoir les comparer ultérieurement avec ceux des échantillons obtenus
dans le chapitre III.
H. El Khal 144
Chapitre V. Etude de la densification de par frittage flash
Figure V.17. Diagrammes d’impédance enregistrés à 355 °C sous air sur des échantillons de
LMW05 de différentes porosités élaborés par frittage flash comparés à celui d’un échantillon dense
conventionnellement fritté (1100 °C/2 heures). Les nombres indiquent les logarithmes des fréquences
de mesure.
A partir de la figure V.17, nous remarquons que les échantillons poreux élaborés par
frittage flash présentent un comportement électrique similaire à ceux élaborés par frittage
conventionnel présentés dans la chapitre III (cf figure III.3). Leurs diagrammes d’impédance
sont constitués de deux contributions : une observée à haute fréquence et une deuxième à plus
basse fréquence. A forte porosité (32%), la contribution basse fréquence est de grande
amplitude. En revanche pour des porosités de 18 % et de 8%, cette contribution devient peu
visible et difficile à séparer de la contribution haute fréquence. Pour comparaison, nous avons
ajouté sur la figure V.17, le diagramme d’impédance de l’échantillon dense (P = 4,4%)
conventionnellement fritté. Nous remarquons que les deux échantillons denses élaborés par
frittage flash (P = 8%) et frittage conventionnel (P = 4,4%) présentent des diagrammes
d’impédance similaires en termes de résistance et de distribution en fréquences.
H. El Khal 145
Chapitre V. Etude de la densification de par frittage flash
Tableau V.3. Paramètres électriques à 355 °C pour les échantillons LMW05 de différentes porosités,
élaborés par frittage flash.
Porosité R C β ω0
-1
(%) (10 Ω cm)
4
(F cm ) (°) (rad s-1)
H. El Khal 146
Chapitre V. Etude de la densification de par frittage flash
Figure V.18. Diagrammes d’Arrhénius des échantillons de LMW05 de différentes porosités, élaborés
par frittage flash, comparés à celui de l’échantillon dense conventionnellement fritté.
H. El Khal 147
Chapitre V. Etude de la densification de par frittage flash
Conclusion
H. El Khal 148
Chapitre V. Etude de la densification de par frittage flash
H. El Khal 149
Chapitre V. Etude de la densification de par frittage flash
Références bibliographiques
[2] E. Bichaud «Frittage flash de céramiques sous courant alternatif», thèse de doctorat,
Université de Grenoble Alpes, France (2016).
[3] J. S. C. Francis, R. Raj, «Influence of the field and the current limit on flash sintering at
isothermal furnace temperature», J. Am. Ceram. Soc. 96 (2013) 2754-2758.
[4] M. Cologna, J. S. C. Francis, R. Raj, «Field assisted and flash sintering of alumina and
its relationship to conductivity and MgO-doping», J. Eur. Ceram. Soc. 31 (2011) 2827-
2837.
[5] S. K. Jha, R. Raj, «The effect of electric field on sintering and electrical conductivity of
titania», J. Am. Ceram. Soc. 97 (2014) 527-534.
[7] K. S. Naik, «Sintering of ceramic materials under electric field», thèse de doctorat,
Université de Trento, Italie (2014).
[11] Y. Zhang, J. -I. Jung, J. Luo, «Thermal runaway, flash sintering and asymmetrical
microstructural development of ZnO and ZnO–Bi2O3 under direct currents», Acta
H. El Khal 150
Chapitre V. Etude de la densification de par frittage flash
[14] S. Georges, «Etude de nouveaux conducteurs par ions O2- dérivés de », thèse
de doctorat, Université de Maine, France (2003).
H. El Khal 151
Conclusion et perspectives
Conclusion et perspectives
Les travaux réalisés au cours de cette thèse ont porté sur l’étude de l’influence de la
microstructure sur les propriétés électriques des matériaux céramiques de composition
chimique (LMW05). Nous avons testé deux procédés de frittage : le frittage
conventionnel et le frittage flash. Dans un premier temps, nous avons étudié l’influence de la
porosité sur la réponse électrique d’échantillons poreux préparés par frittage conventionnel à
différentes températures pour des porosités allant de 4 ,4% à 34%. Ensuite, nous avons
analysé et comparé les propriétés électriques et la microstructure d’échantillons élaborés par
frittage flash à celles d’échantillons conventionnellement frittés.
H. El Khal 152
Conclusion et perspectives
cas de nos échantillons. Par la suite, nous avons mis en contact deux pastilles denses de
LMW05 afin de simuler le contact entre deux grains de LMW05. Cette expérience nous a
permis de confirmer que la contribution additionnelle, observée à basse fréquence sur les
diagrammes d’impédance, n’est pas caractéristique de la réponse électrique de « l’air gap ».
Elle est plutôt attribuée à l’interface grain-grain modifiée par la présence des pores et/ou à
l’interface pore-grain.
Pour les échantillons préparés par frittage flash, l’étude de l’évolution de la conductivité
d’un échantillon cru (poudre compactée) en fonction de la température a permis de mettre en
évidence la formation des contacts (pontage) entre les grains et l’évolution de la
microstructure. Nous avons montré que la spectroscopie d’impédance est un outil efficace
pour caractériser la formation des contacts entre les grains à des températures bien inférieures
à la température du démarrage du retrait macroscopique. Il nous semble intéressant
d’appliquer cette méthodologie à des poudres très fines de surface spécifique plus élevée que
celle que nous avons utilisée (SBET (LMW05) = 1,55 g m-2) afin de pouvoir suivre l’évolution
de la microstructure (variation de la SBET) et établir le lien avec les propriétés électriques.
L’idée est de caractériser le démarrage du frittage, la formation des contacts entre les grains et
la densification du matériau par des mesures de la surface spécifique (SBET) avant et après des
traitements thermiques et par des observations à la microscopie électronique à transmission,
couplées à des mesures d’impédance.
H. El Khal 153
Conclusion et perspectives
peut être liée à un échauffement plus important dans le cas du frittage sous courant électrique.
Le LAMOX peut donc être densifié par frittage flash mais l’obtention d’une microstructure
hétérogène reste l’inconvénient majeur de ce procédé. Il s’avère donc important de trouver
des solutions pour améliorer le contrôle de l’emballement thermique afin de pouvoir élaborer
des matériaux de microstructures homogènes.
H. El Khal 154
Annexes
Annexe 1
Annexe 1
où
n = ordre de diffraction (nombre entier) ;
λ = longueur d’onde du rayonnement X incident ;
d(hkl) = distance entre deux plans réticulaires (hkl) ;
θ = angle de diffraction.
H. El Khal 155
Annexe 1
H. El Khal 156
Annexe 1
Cette technique utilise un faisceau d’électrons très fins qui balaye point par point la surface
de l’échantillon. Les interactions entre les électrons du faisceau et les atomes de l’échantillon
provoquent l’émission de différentes particules (électrons secondaire, électrons retrodiffusés,
rayons X) qui sont analysées à laide de détecteurs appropriés. La quantité d’électrons émise
est liée à la topographie de la surface de l’échantillon et aussi à sa composition. On
reconstitue une image de cette surface pixel par pixel dont la valeur de gris correspond à
l’intensité collectée par le détecteur d’électrons.
2. Métallisation
Avant d’entamer les mesures électriques des échantillons préparés, un dépôt de couche
métallique (Pt, Au, Ag) est réalisé sur les deux faces de la pastille en utilisant un mini
métalliseur. Ce dernier est de type Sc7620 Mini Sputer Coater.
H. El Khal 157
Annexe 1
atomes vont se diriger à la surface du substrat pour former le film métallique alors que les
électrons secondaires pénètrent dans le plasma et participent à l’ionisation de Ar pour former
Ar+.
H. El Khal 158
Annexe 2
Le digramme d’impédance des échantillons denses de LMW05, enregistré à 365 °C, est
constitué de deux demi-cercles : un à haute fréquence (HF) et un deuxième à basse fréquence
(BF). Ce dernier est d’amplitude très faible à point qu’on n’arrive pas à l’identifier. Il est mis
en évidence par soustraction de demi-cercle HF du diagramme impédance obtenu (figure 4).
Cette méthode nous a permis de confirmer la présence d’une deuxième contribution à basse
fréquence.
H. El Khal 159
Annexe 2
H. El Khal 160
Annexe 2
Figure 6. Diagramme d’impédance, enregistré sous air à 365 °C, d’un assemblage de deux pastilles
denses de LMW05. HF et BF désignent les réponses électriques basse et haute fréquence,
respectivement. Le trait noir continu représente la contribution des deux sous-circuits (R//CPE) sur
toute la gamme de fréquences.
Figure 7. Spectre d’impédance, enregistré sous air à 365 °C, d’un assemblage de trois pastilles
denses de LMW05. HF et BF désignent les réponses électriques basse et haute fréquence,
respectivement. Le trait noir continu représente la contribution des deux sous-circuits (R//CPE) sur
toute la gamme de fréquences.
H. El Khal 161
Annexe 3
Annexe 3
Pour cela, on envisage un système tel que décrit sur la figure 8. Les électrodes sont déposées
sur les faces supérieure et inférieure de l'échantillon et les charges se déplacent uniquement
dans le sens vertical. Le matériau a une résistivité ρ. Le défaut (en grisé sur la figure 8) a une
résistivité infinie, mais des charges peuvent s'accumuler sur ses faces supérieures et
inférieures, le rendant équivalent à un condensateur.
Sous ces conditions, on peut séparer le matériau en deux parties : une partie située à la
verticale du défaut, que l'on peut caractériser par une résistance rbl en série avec un
condensateur de capacité Cbl et le reste du matériau caractérisé par une résistance r. Comme
les trajets des charges sont uniquement verticaux, ces deux sous-systèmes sont en parallèle.
Le circuit électrique équivalent qui permet de décrire les effets de constriction est donné sur la
figure 9.
H. El Khal 162
Annexe 3
Figure 9. Circuit électrique équivalent utilisé pour la description des effets de constriction
La résistance rbl est la résistance d'un matériau de résistivité ρ, de section Sbl et d'épaisseur
e-ebl. Comme ebl << e, on a
Les diagrammes d'impédance montrent deux arcs de cercle HF et BF, les résistances associées
étant RHF et RBF. A haute fréquence, la capacité Cbl est nulle, et le circuit équivalent du
modèle est constitué de deux résistances en série, r et rbl. On a donc
d'où
d'où
H. El Khal 163
Annexes
[2] A. Le Bail, «Extracting structure factors from powder diffraction data by iterating, full
pattern profile fitting», Proceedings of the International Conference, May 26-29,
(1992) NIST Special Publication 846.
H. El Khal 164
Liste des abréviations et symboles
Général
Matériaux
Techniques
Spectroscopie d’impédance
Modélisation
H. El Khal 165
Liste des abréviations et symboles
Symboles
σ Ω cm-1 Conductivité
ε Constante diélectrique (permittivité)
R Ω Résistance
C F Capacité
ω rad s-1 Fréquence de relaxation
β (°) Angle de phase (décentrage)
τ Facteur de tortuosité
αR Facteur de blocage
I A Courant
j A cm-2 Densité du courant
-1
E V cm Champ électrique
Δt s Temps de déclenchement du flash
Ea eV Energie d’activation
T °C ou K Température
P % Porosité
dr % Densité relative
-1
f cm Facteur géométrique/ de forme
S cm2 Surface
l cm épaisseur
ρ g cm-3 Masse volumique
H. El Khal 166
Résumé
Mots clés :
LAMOX, microstructure, frittage flash, spectroscopie d’impédance complexe, conductivité
ionique, porosité.
H. El khal 167
Abstract
Keywords
LAMOX, microstructure, flash sintering, complex impedance spectroscopy, ionic
conductivity, porosity.
H. El khal 168
Relations frittage-microstructure- propriétés électriques des céramiques de type LAMOX
Mots clés :
LAMOX, microstructure, frittage flash, spectroscopie d’impédance complexe, conductivité ionique,
porosité.
(LMW05) is an ionic conductor of the LAMOX family which has recently shown a
great potential as a solid electrolyte in high temperature electrochemical systems. The aim of this
thesis is double: first, to study the effects of certain microstructural parameters, essentially the
porosity, on the electrical response of LMW05 ceramic samples and second, to apply the flash
sintering process for the preparation of dense samples. Porous samples were obtained by varying the
sintering temperature in the range 750 to 1100 °C. Complex impedance spectroscopy was
systematically used to evaluate the effect of porosity on the electrical response of LMW05. The
electrical response, observed at high frequency (HF) on the impedance diagrams, is greatly affected by
the porosity. It depends on the morphology and the location of the pores. The effective medium
theories were used for the interpretation of obtained results. The Bruggeman approximation proved to
be better suited to describe the high frequency electrical response for 0 < P ≤ 22%. Compared with
YSZ-type ceramics, the porous LMW05 was found to have a low blocking factor . This low value is
related to the morphology of the pores which are spherical in shape and large in size. The contacting of
two dense pellets allowed us to simulate the contact between two grains of LMW05.
The flash sintering process has been successfully tested for the preparation of LMW05 samples.
Particular attention has been paid to optimize the conditions of the flash sintering onset. We have
shown that the sintered LMW05 samples exhibit the same electrical behavior independently to the
employed sintering process.
Keywords
LAMOX, microstructure, flash sintering, complex impedance spectroscopy, ionic conductivity,
porosity.