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PDF of Misericordia 1St Edition Lidia Jorge Full Chapter Ebook
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Lídia Jorge
Misericordia
MISERICORDIA
Traduit du portugais
par Elisabeth Monteiro Rodrigues
Éditions Métailié
20, rue des Grands Augustins, 75006 Paris
www.editions-metailie.com
Ouvrage soutenu par la DGLAB/Culture
et par le Camões, IP – Portugal
Design VPC
Photo © Nikada/Getty Images
Ici, tous ensemble, nous sommes une famille paisible : admirez les
belles fleurs de notre jardin avant de pénétrer dans cette maison.
Cette résidence est un parterre magnifique et les résidents, nos
pétales les plus chéris.
La Direction
Ana P. de Noronha
18 novembre 2018
HÔTEL PARADIS
20 avril 2019
Elles chantaient. J’ai fermé les yeux, je ne les aime pas. Mais elles
chantaient et on ne voyait pas le temps passer. Si vous ne chantez
plus, allez, allez-vous-en, ai-je pensé lorsqu’elles se sont tues et
s’attardaient encore car elles réclamaient toujours plus
d’applaudissements. Ces derniers étaient désormais plus longs que
la chanson et elles ne partaient toujours pas. Et les voilà qui
sortaient à présent, en secouant leurs vêtements blanchâtres, les
quatre veuves endimanchées. Il est difficile de croire que ces
personnes aient en elles des voix pareilles, je le répète, maintenant
que je suis toute seule avec mes pensées. Après le déjeuner, dona
Joaninha Amaral a dit, elles chantent très bien ces femmes, elles
nous distraient toujours, et elle a voulu pousser mon fauteuil
roulant. J’apprécie beaucoup la gentillesse de dona Joaninha.
Qu’aurait été mon dimanche de Pâques si elle n’avait pas été là ? En
poussant mon fauteuil le long du couloir, elle disait : “Dona Alberti,
je vais vous laisser dans votre chambre, installée confortablement
devant la fenêtre grand ouverte, à regarder la Nature. Il est difficile
de croire qu’un jour comme celui-là, votre fille soit là-bas…” Mais
nous n’avons pas atteint le bout du couloir.
Une fille désormais à la retraite, du nom d’Hermínia, en service
bénévole, nous appelait pour retourner au salon. Nous y sommes
retournées. Et là, oui, quelque chose se passait. J’ai fermé les yeux
car ce que je voyais était plus que ma vue ne pouvait supporter. J’ai
même demandé à la jeune retraitée de s’arrêter à mi-parcours. Je
voulais me remettre de ma surprise, je ne voulais pas qu’on me voie
envahie par le trouble qui m’assaillait. Je n’aurais jamais imaginé –
Près du piano, debout, se trouvaient mes voisins de la Maison
Blanche, ceux de la Quinta Ferrari et ceux de la Villa Almanjar. Je les
ai tous regardés des pieds à la tête et j’ai trouvé qu’ils étaient les
plus belles créatures du genre humain que j’avais jamais croisées. Je
les ai comptés, en tout ils étaient huit voisins. Ils étaient venus me
rendre visite. Le chant des quatre veuves, qui n’étaient plus là, a
nimbé mes oreilles et je me suis sentie m’élever au-dessus du
plancher. Des alléluias sortaient de mon cœur, faisant trembler mon
poignet droit. Mais je me suis agrippée au fauteuil, j’ai pris un
mouchoir dans le sac que je porte toujours autour de mon cou, et je
leur ai demandé, calmement, comme si je les attendais : “Quelles
nouvelles m’apportez-vous de notre monde ? Est-ce que tout est
toujours pareil par là-bas ?”
L’un de mes voisins s’est penché vers moi et m’a demandé :
“Savez-vous qui vous rend visite ?”
Je me suis vexée : “Pour l’amour du ciel, monsieur Frank, je suis
capable de décrire vos maisons, à qui elles ont appartenu avant que
vous ne les habitiez, en quelle année c’est arrivé, et pourquoi vous
les avez achetées, beaucoup plus chères que vous n’auriez dû les
payer. Je connais le nom de tous les présents et de ceux qui
manquent. Ma question est différente : dans vos maisons, et dans
celle qui a été la mienne, par là-bas, tout va bien ? Les pelouses ne
sont pas marron, avec toute cette sécheresse ?”
“Tout va bien, dona Alberti, mais il faudrait quelques gouttes de
pluie. Les jardins en ont plus besoin que la bouche le pain…” a dit la
voisine de la Maison Blanche. Et j’ai répondu : “Ah ! Les jardins et les
arbres, aussi. Parce que le jardin n’est finalement qu’un agrément,
mais les arbres, pour le climat, sont la vraie clé de voûte. Si les
grands arbres ne libèrent pas d’oxygène, il n’y a pas d’humidité
possible, et donc il n’y aura pas de jardin. Il y a des espèces
végétales qui disparaissent. Mais ce n’est pas seulement la flore qui
change, mes amis, comme vous le savez, la faune aussi. On dit
qu’entre les immeubles et les maisons neuves parmi les plus
modernes surgissent des sangliers qui fouissent dans les jardinières.
L’infirmier Marlon m’a raconté qu’il y a quelques jours, ils ont trouvé
un renard près d’ici qui buvait dans une piscine et se roulait sur la
pelouse. Ce qui signifie que les espèces sauvages commencent à
cohabiter avec les espèces domestiquées et avancent en direction
des familles humaines. Nous sommes tous des créatures, c’est bien
vrai, mais il convient de séparer les espèces. C’est le monde qui
change. N’est-ce pas ?”
Tous ont répondu oui, ils se sont penchés vers moi, ils m’ont parlé
et m’ont écoutée, à la différence de ce qui se passe ici à l’intérieur
où personne ne m’écoute au-delà de deux mots, moi seule écoute
les autres. Mes voisins, au contraire, m’ont parlé, puis ils ont déposé
des cadeaux sur mes genoux et ils ont dit que je comprenais
parfaitement combien le monde est en transition. Et moi, enchantée
par ce qui m’arrivait, je ne m’en suis pas tenue là, j’ai ajouté : “Je
suis enfermée ici mais je suis au courant de tout ce qui se passe sur
Terre et pas seulement. Ce à quoi j’ai assisté au long de ma vie me
suffit à imaginer ce qui va se passer ensuite. Et, si Dieu le veut, bien
que la Nature soit désorientée, la vie va s’améliorer. L’avenir sera
une splendeur…”
Mes voisins étaient très contents, en me regardant, en m’ouvrant
les cadeaux, ils ont continué à me parler. Et moi j’ai dit ça car je
voulais qu’ils comprennent que je suis toujours à la hauteur de
recevoir sereinement mes visites, au milieu d’un salon rempli de
voix, d’enfants, de rires, de quelques pleurs, de quelques petits
dérapages émotionnels, de gâteaux, de bonbons, de bananes et de
chemises de nuit, parce que c’est dimanche de Pâques. Mes voisins
riaient de bonheur parce qu’ils me retrouvaient telle que j’étais en
quittant ma maison, ils ont fait une ronde autour moi et c’était
comme si nous dansions. Dona Joaninha ne s’est pas éloignée, elle a
écouté attentivement, intervenant d’ailleurs dans plusieurs sujets. Ce
n’est pas grave. Cela a été un grand jour, grâce à mes voisins, un
des plus beaux jours de ma vie. Quand j’ai fermé les yeux, dans ma
tête, des scènes de toutes les couleurs se sont mêlées.
4
LE PARFUM
21 avril 2019
Madrona No… (En Fidel està amb el cap baix, molt apesarat. Curt
silenci.)
Fidel (am serenitat) No’n conec d’altra que vós. No’n vui conèixer
d’altra.
Acte segon
(La mateixa decoració de l’acte anterior. Es al matí.)
Escena I
(La Madrona, sola. Seguidament en Boira)
Madrona (fregant els vidres) Bon dia, noi. Què tal? Com han anat les
Caramelles?
Madrona Aon s’és vist que un fill no vulga saber res de la seva mare?
Madrona Raó de més. Jo’m creia donar-li una alegria. Boira Com que
vas dir-li tant de sobtada, sense preparar-lo… Es clar: no és extrany
que’l xicot contestés d’aquella manera. No veus que us porta tanta
voluntat?
Boira Un de la familia?
Madrona No… una altra mena de nom. (Rumiant.) Ara no me’n
recordo. I a fe que ell mateix va dir-m’ho.
Madrona Es viuda.
Boira Sent així, que’s quedi amb els diners per companyia.
Madrona ¿No dieu sempre, tant tu com el meu home, que’ls diners
no fan la felicitat?
Boira No, que no la fan: ajuden, no més.
Boira Am vosaltres?
Madrona Sí.
Madrona Sí.
Boira Bé, bé. I si lo que dius del passament resulta com lo del
didatge?
Boira Ell sempre de cap a les lletres. (Se sent trucar a la porta de
l’escala. La Madrona va a obrir.)
Madrona Qui hi ha?
Xic (entrant) Bon dia i bona hora. (La Madrona ajusta la porta, i
després va a passar el drap pels fogons.)
Boira Deixa-l estar, si’l còs li demana jeure. Tot just són les nou. (El
Xic seu a la dreta de la taula.)
Boira Que’s llevi quan vulgui. (Cambiant de to.) Que tal, Xic? Tens
gaire sòn?
Boira Que sí! Dugues dotzenes d’ous i dos conills… com dos bisbes.
Tu: no eren pas covarots, aquells ous?
Xic (en to alt) Lo que és per mi, en Fidel va parlar com un llibre.
Boira Segons com un s’ho miri. Ane mi també m’ho sembla; però…
Xic Doncs jo me’n vaig cap a la Societat. Voleu venir, que’ns jugarem
el cigaló al tutti?
Boira Por?… (Rient.) Fuig, home, fuig! Ja saps que sóc gat vell en
això de les cartes.
Xic Es clar que sí! Vaja, seguiu-me, que us afaito en un obrir i tancar
d’ulls.
Boira Mira que sóc molt sortós!… Mira que pelo a tot-hom!…
Boira Ane tu, i an en Peret, que n’és mestre i les porta totes de cap.
Boira (somrient) Vés, tu, vés. Jo vui tenir una assentada amb el meu
cunyat.
Boira En què?
Boira Veuras: aquestes són unes coses que han de ser molt
sospesades. No s’hi ha d’anar de boig, sinó am peus de plom i am
molta mesura.
Madrona Aquí?
Xic (després d’un curt silenci, en veu baixa) Am les idees d’en Fidel…
Boira Les idees viuen al quint pis, i aquí’s tracta del primer… o del
segon. (Senyalant al cor.) Sembles un set-ciencies!
Fidel Escrivia…
Fidel Quin?
Boira (an en Fidel) Tu tens molt saber; però’m fas una por!…
Boira Pera nosaltres, no; però com que’l món és així!… (En veu baixa
i grave.) Procura que un dia no t’agafin!
Boira (transició) Bé, bé… Saps, Fidel, que anys ha tens un deute am
mi?
Fidel Això?