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Download ebook pdf of Catatan Petualangan Vantrala Innercore Yovie Kyu full chapter
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Yovie Kyu
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bons moments, s’en rendent compte et respectent ces hommes
dévoués, qu’un petit nouveau appelait des Pères en redingote.
Mais, avec le même esprit religieux, ils n’ont pas tous les mêmes
façons : chacun garde son tempérament. Je ris encore de l’effroi que
t’a causé, à première vue, la tête de notre Frère portier. Je ne
prétends pas en faire un Adonis ; j’avoue même, entre nous, qu’il a
l’air un peu… bouledogue. Mais, en dehors des sévérités
nécessaires de sa consigne, c’est un homme charmant et qui
s’efforce d’être courtois avec les dames. Tu as pu en juger par son
sourire d’adieu !
Le Frère linger est un gros sourire en chair et en os. Il essaie
bien parfois de se fâcher, quand on le taquine ; mais on voit trop qu’il
le fait par pur devoir de conscience. Son cœur n’a point de rempart
et, s’il a une porte, la clef est toujours dessus : que d’anciens
pourraient en témoigner ! La plus sensible peine que puissent lui
faire les Supérieurs, c’est de lui imposer, dans le cachot voisin de sa
lingerie, la garde d’un coupable, avec défense de lui adoucir en quoi
que ce soit le carcere duro : le plus malheureux des deux, ce n’est
pas le prisonnier.
Je vous ai parlé autrefois du Frère infirmier, guérisseur,
convertisseur et prestidigitateur émérite. C’est bien le plus brave
homme qu’ait produit la terre d’Alsace, qui en produit tant.
Un type très particulier, c’est le Frère procureur ou économe. On
l’a dit juif converti ; mais il paraît qu’on l’a calomnié : il n’entre pas de
juif dans la Compagnie et l’on ne voit pas qu’il soit indispensable de
descendre d’Abraham pour avoir le génie des affaires. Il avait ce
génie avant d’être jésuite : les Pères lui ont donné l’occasion de le
développer et il leur a rendu de grands services, à des époques
difficiles. On vient le consulter de loin, dit-on, sur des questions
épineuses. Je le vois quelquefois à son bureau, pour mes petites
affaires ou celles de la questure : je l’ai trouvé toujours très avenant,
pas fier du tout, serviable au possible et sachant même parfois
assaisonner ses bons services d’un joyeux calembour, bien
pardonnable à son aride métier.
Le Frère dépensier, plus jeune, doit être spécialement chargé de
tenir éveillés les vieux Frères, pendant la petite partie de domino qui
suit leur dîner : il s’en acquitte si bien que sa voix éclatante traverse
les murs et vient réveiller jusqu’aux dormeurs de notre étude. On le
dit la terreur du marché où il achète nos provisions, à cause de la
forte part qu’il réclame dans les profits que voudraient faire sur lui les
marchands et les marchandes. Mais il tient à honneur de nous bien
servir au réfectoire. Il m’a pris en affection, comme compatriote, et
quand, mes jours de lecture, je dîne seul après les autres, il soigne
mon verre de vin supplémentaire et mon dessert, puis me raconte
des histoires. C’est par lui que je connais si bien les Frères.
Le Frère cuisinier, qu’on voit rarement, a l’air aussi bon que son
gâteau de macaroni, qui a fait le désespoir de la pauvre Fanchon.
On le surprend parfois, venant contrôler par une porte entre-bâillée
le succès de ses plats de choix : son plaisir est de nous engraisser
— pour le bon Dieu.
Le Frère chef du personnel domestique semble mener
rondement son difficile bataillon. Il ne fait pas bon avec lui laisser
tomber une pile d’assiettes : il lance alors au coupable un
« malheureux pécheur ! » qui promet de rudes expiations. Mais on
est rassuré sur la persistance de ses rancunes, quand on voit avec
quelle bonhomie il préside au jeu de boules de ses « grands
enfants ». C’est d’ailleurs un maître ouvrier pour tous les travaux que
nécessite la tenue d’une si grande maison : peinture, vitrerie,
serrurerie, jardinage, décoration, rien ne l’embarrasse — sauf
l’introuvable moyen de contenter en même temps tout le monde et
son père. Il me l’a dit en confidence.
Le Frère menuisier est un franc Picard de vieille roche. A voir ses
traits énergiques, son large dos voûté, sa longue redingote, son
haut-de-forme légèrement incliné sur la nuque, sa tabatière à queue
de souris et son vaste mouchoir de couleur, on n’est pas surpris
d’apprendre que sa naissance remonte encore au siècle dernier.
Dans son jeune temps, il a été serpent de sa paroisse, où son
instrument, symbole des vanités humaines, se voit encore accroché
en ex-voto dans le chœur de l’église. Aujourd’hui il a passé la
septantaine et se plaint de ne plus pouvoir soulever tout seul les
grosses poutres, qu’il portait jadis comme des plumes ; mais le
dimanche, aux vêpres, quand il chante les psaumes avec nous,
l’orgue ne peut lutter contre le formidable cuivre de sa voix et doit
prendre la mesure qu’elle bat. Nous y sommes faits ; le Père
directeur de musique s’en impatiente quelquefois, mais… il est
Picard aussi et ne voudrait pas tuer de chagrin son vieux
compatriote, en le faisant taire par ordre supérieur. On dit que,
depuis trente ans, il ne boit que de l’eau, — pour mourir centenaire,
dit-il [7] : mais c’est par pénitence.
[7] Il est mort à 93 ans.