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21360 (1)
21360 (1)
et
UNIVERSITÉ BORDEAUX I
Bordeaux, France
pour l’obtention du grade de Docteur ès Sciences
DÉCEMBRE 2003
Je remercie le Pr. Bernard Riedl pour son accueil au sein du département des
sciences du bois de l’Université Laval, pour sa patience, pour son soutien constant et la
confiance qu’il m’a temoignée. Je le remercie de m’avoir apporter toute son expérience et
ses compétences sans lesquelles ce travail n’aurait pas pu aboutir. Je lui suis reconnaissant
de m’avoir enseigné de nouvelles méthodes de travail et une autre vision de la recherche. Je
suis très sensible à l’attention qu’il a manifesté tant pour ce travail que pour l’équilibre de
vie de son étudiant.
Je remercie le Dr. Patrick Castéra qui est à l’origine de ce projet de m’avoir offert
cette grande opportunité. Il m’a permis de découvrir de nombreux aspects liés à la
recherche. Je tiens aussi à le remercier pour le dynamisme, l’inventivité et l’esprit
d’ouverture qu’il a manifesté. Ces compétences furent un des atouts majeurs de cette étude.
Je lui sais gré de la confiance qu’il m’a accordée.
Je souhaite aussi remercier les différents organismes qui ont permis la réalisation
technique de ce travail : le CERSIM (Centre de Recherche en Science et Ingénierie des
ii
Enfin, je tiens à associer ma famille et tous les personnes qui me sont proches à ce
travail afin de les remercier de m’avoir accompagné toutes ces années.
Para Giana…
iii
Résumé
Ce travail est une étude exploratoire sur la possibilité de réaliser un composite bois
polymère ou WPC, rencontrant certaines exigences, notamment la post-thermoformabilité.
Nous avons élaboré un panneau composite fibre de bois/thermodurcissable/thermoplastique
dans la logique d’un « éco-matériau ». Ce matériau innovant est destiné à un usage
structurel ou décoratif. Il est fabriqué selon un procédé de pressage à chaud d’un matelas
fibreux. La problématique de l’incompatibilité d’interface entre le bois et le
thermoplastique, récurrente pour bon nombre de WPC, a été résolue grâce au
développement d’une technique originale d’amélioration de l’adhésion par enrobage. Les
améliorations ont permis d’obtenir des caractéristiques physico-mécaniques semblables aux
panneaux de densité moyenne. La composante thermoplastique nous a permis d’octroyer
une aptitude de post-thermoformabilité à ce matériau. L’analyse détaillée de la composition
des panneaux WPC, de leurs propriétés à différentes températures, ainsi qu’un travail de
modélisation expliquent, en partie, le comportement complexe de ce nouveau WPC.
iv
Abstract
This project deals with a new type of Wood Polymer Composite (WPC) able to be post
moulded. Based on wood industry processing we developed different
wood/adhesive/thermoplastic fibreboards. This exploratory work leads to an innovative
WPC fibreboard dedicated to structural or decorative use. In order to reach sufficient
mechanical properties we managed to improve the cohesion properties. In fact, weak
interfacial adhesion is a recurrent problem of all Wood/Thermoplastic products. An original
coating process of MAPP onto PP fibres gave great interfacial adhesion enhancement and
mechanical properties similar to MDF panels. The post thermoforming ability was
measured with an original thermoforming test. These investigations, through
characterisation and modelling, allowed us to determine the role of different factors and
their interactions. Our post mouldable composite WPC fibreboards are porous and made-up
of a fibre network which showed a complex rheological behaviour. Morphology,
concentration, distribution of each components and surface interactions between them
explain this behaviour.
v
Résumé long
Ce travail est une étude exploratoire sur la possibilité de réaliser un composite bois
polymère ou WPC, rencontrant certaines exigences, notamment l’aptitude au post-
thermoformage. Contrairement aux WPC à matrice thermoplastique, il n’a pas été question
d’incorporer une composante bois à titre de charge ou de renfort dans un produit plastique.
Nous avons réalisé un composite WPC, sur la base d’un panneau MDF, qui bénéficie des
propriétés de thermoformabilité du thermoplastique tout en conservant la rigidité
structurelle des panneaux de fibres à base de bois. De plus, le composite fibre de
bois/thermodurcissable/thermoplastique est conçu dans la logique d’un « éco-matériau »
soit un matériau à fort pourcentage de bois et avec un véritable aspect bois. Ce matériau
innovant est destiné à un usage structurel ou décoratif. Il est fabriqué selon un procédé de
pressage à chaud d’un matelas fibreux, technique bien maîtrisée par l’industrie du bois.
Figure 4-1 : Profil de densité d’un panneau MDF expérimental (8% pMDI) .................................................118
Figure 4-2 : Profils de densité schématisés des WPC2 avec B.R ou F.L. ......................................................119
Figure 4-3 : Éprouvette de traction en haltère, WPC2 ....................................................................................121
Figure 4-4 : Essai de cisaillement longitudinal (NF B 51-003).......................................................................122
Figure 4-5 : Hypothèse de déformation de la section d’une fibre de bois .......................................................125
Figure 4-6 : Histogramme comparatif des propriétés de cohésion des WPC2 à gauche IB spécifique soit IB /
densité ; à droite IB sur les mêmes composites (1 à 6) (données issues du tableau 4-5, erreur type =
0.098) ...................................................................................................................................................130
Figure 4-7 : Photographies des éprouvettes IB après gonflement ..................................................................134
Figure 5-1 : Produits commerciaux WPC (Quickform© : produit thermoformé) ...........................................146
Figure 5-2 : Définition de la thermoformabilité (critère du plan d’expérience préliminaire)..........................147
Figure 5-3 : Dispositif expérimental de thermoformage (LRBB, Université Bordeaux I) ..............................148
Figure 5-4 : Comportement viscoélastique schématique de différents matériaux (adapté de Gearing, 1999)150
Figure 5-5 : Schéma de l’essai de torsion rectangulaire dynamique ...............................................................153
Figure 5-6 : Essai de thermoformabilité sur les composites WPC1 (flexion 5 points à 180°C) a. Courbes sur
les WPC1 mixtes et stratifiés b. Courbes sur les mélanges homogènes ............................................156
Figure 5-7 : Photographie du thermoformage réussi du composite MDF-B.R(70)/PP(30) avec schématisation
des contraintes lors de l’essai...............................................................................................................158
Figure 5-8 : Schématisation des comportements possibles en contrainte-déformation ...................................162
Figure 5-9 : Comportement force-déplacement en flexion des WPC2 à température ambiante (courbes
expérimentales à 25°C ± 3°C)..............................................................................................................163
Figure 5-10 : Comportement force-déplacement en flexion des WPC2 à 180°C (courbes expérimentales) ...163
Figure 5-11 : Comparaison du comportement en déformation des WPC2 en flexion et traction entre 20 et
180°C ...................................................................................................................................................165
Figure 5-12 : Module de perte dynamique vs température des WPC2 soumis à une flexion 3 points (lissage
par moyenne mobile 5 points)..............................................................................................................168
Figure 5-13 : Module de stockage dynamique vs température des WPC2 soumis à une flexion 3 points (lissage
par moyenne mobile 5 points)..............................................................................................................168
Figure 5-14 : tan δ vs température des WPC2 soumis à une flexion dynamique 3 points (lissage par moyenne
mobile sur 20 points) ...........................................................................................................................169
Figure 5-15 : Etude du facteur de perte sur du bois massif vs température (en incrustation le comportement du
bois d’après Kelley et al, 1987) ...........................................................................................................170
Figure 5-16 : Log du module de stockage G’ des WPC2 vs température (cisaillement par torsion dynamique)
.............................................................................................................................................................173
Figure 5-17 : Log G’’ vs température pour les WPC2 (essai de torsion).........................................................174
Figure 5-18 : Grandeurs mesurées vs température pour les WPC2 (essai torsion) a. Tan δ (G’’/G’) en fonction
de la température b. Coefficient de dilatation thermique linéaire mesuré sous légère tension c.
Viscosité complexe soit le rapport G* sur la fréquence angulaire.......................................................175
Figure 5-19 : Courbe contrainte vs déformation typique des thermoplastiques ..............................................177
xiii
Lexique
α niveau de confiance (statistique, sans unité)
αd coefficient de dilatation thermique (K-1)
αt coefficient de dilatation thermique linéaire lors de l’essai de torsion (°C-1)
β facteur des équations de Cox
δ angle de déphasage entre la sollicitation et la réponse en mode dynamique (°)
δh dimension caractéristique de l’hétérogénéité
∂Ω frontière du domaine géométrique
∆Ea énergie d’activation (J.mole-1)
∆Η chaleur de réaction totale (enthalpie en J.g-1)
ε déformation normale (sans unité)
ε& vitesse de déformation normale (s-1)
φmax facteur des équations Halpin-Tsai tenant compte de l’agencement du renfort
γ déformation de cisaillement interfacial (sans unité)
γij déformation de cisaillement selon (i,j) (sans unité)
γm énergie libre de la matrice (J)
γLv énergie libre de surface au point de contact liquide/vapeur (erg/cm2)
γsL énergie libre de surface au point de contact solide/liquide (erg/cm2)
γsv énergie libre de surface au point de contact solide/vapeur (erg/cm2)
η viscosité (Pa.s)
η facteur des équations Halpin-Tsai pour les modules
’
η facteur des équations Halpin-Tsai pour les résistances
ϕ facteur des équations Halpin-Tsai modifiées
κi flexion d’un laminé selon la direction i (sans unité)
κij torsion d’un laminé selon (i,j) (sans unité)
ν fractions volumiques (sans unité)
νPoisson coefficient de Poisson (sans unité)
θ angle géométrique (°)
θt angle de contact sur une surface au temps t (°)
ρ densité (sans unité)
σ contrainte (MPa)
σ& vitesse de mise sous contrainte (MPa.s-1)
xv
Glossaire
AA anhydride acétique
ABS acrylonitrile butadiène styrène
AFM microscope à force atomique
B.R bois rétifié
CERSIM Centre de recherche en sciences et ingénierie des macromolécules (Université Laval, Canada)
CF fibres cellulosiques
CP pâte chimique
CRB Centre de recherche sur le bois (Québec, Canada)
CTMP pâte thermomécano chimique
DF fibres de bois issues de la démolition
DMTA analyse thermomécanique dynamique
DSC analyse enthalpique différentielle (differential scanning calorimetry)
EFPG Ecole Française de Papeterie et des Industries Graphiques
EPMA méthacrylate d’époxy-propyle
ESCA spectroscopie électronique pour l’analyse chimique
EWP engineering wood products (produits de génie du bois)
F.L fibres longues
FTIR transformation de Fourier des IR
GMA méthacrylate de glycidyle
GMT matelas de fibres de verre renforçant un thermoplastique
HDPE polyéthylène haute densité
IGC chromatographie gazeuse inversée
IR infrarouge
LDPE polyéthylène basse densité
LLDPE polyéthylène linéaire basse densité
LRBB Laboratoire de rhéologie du bois de Bordeaux (France)
LVL Laminate veener lumber
MA anhydride maléique
MAA acide méthacrylique
MAPE polyéthylène maléaté
MAPP polypropylène maléaté ou polypropylène modifié à l’anhydride maléique
MDF panneaux de fibres de densité moyenne
MEB microscope à balayage électronique
MMA méthyle méthacrylate
MOE module d’élasticité
xviii
L’utilisation du bois, au sens large des matériaux cellulosiques, dans la conception des
matériaux composites permet d’associer un matériau résistant, léger, abondant, non abrasif,
structuré et à faible coût avec de nombreux matériaux tels que les métaux, les plastiques,
les fibres synthétiques et les bétons. Ces associations peuvent prendre diverses formes que
ce soit des mélanges, des stratifiés ou autres produits d’ingénierie.
Les matériaux d’ingénierie à base de bois (EWP : Engineering Wood Products) sont très
largement utilisés et font l’objet d’un développement constant depuis de nombreuses
années. Il s’agit de produits comme les lamellés collés, les poutres en I, le LVL ainsi que
tous les panneaux à base de bois que sont les agglomérés, les contre-plaqués, les panneaux
de fibres de densité moyenne, les panneaux gaufrés, etc. L’idée essentielle de cette
approche étant de s’affranchir de certains défauts du bois, comme sa forte variabilité, par la
reconstitution de produits via l’usage d’adhésifs spécifiques à chaque type de produits
réalisés. Un produit comme le lamellé collé permet en effet d’obtenir des pièces structurales
de grandes dimensions et possédant des caractéristiques modulables (forme, mise en œuvre
etc.). En ce qui concerne les panneaux reconstitués à base de bois que cela soit des fibres,
copeaux ou autres, ils permettent l’exploitation de bois impropre au sciage et la fabrication
de produits de qualité constante répondant, selon les besoins, à des caractéristiques
spécifiques (usage structural, usage décoratif, ameublement, etc.).
Ce type de matériau représente la majorité des EWP cependant nous allons nous intéresser
plus particulièrement aux composites associant le bois sous forme de fibre ou de farine avec
des polymères thermoplastiques ou thermodurcissables. Dans cette catégorie de matériaux
2
La fabrication des composites à matrice polymère renforcée par des fibres cellulosiques
diffère selon l’usage du composite produit. Il existe deux principaux modes de
fabrication pour ces composites: les techniques de type plasturgiste et les techniques de
conformation puis consolidation d’un matelas fibreux. Ces deux modes bien qu’ils
recouvrent plusieurs techniques sont pour le premier, principalement, un usage du bois
comme charge et pour le second des pratiques de l’industrie du bois qui permettent des
fractions massiques de bois très importantes (allant jusqu’à 95% comme dans les panneaux
structuraux).
La diversité des techniques, des constituants et de leurs caractéristiques, que ce soit les
polymères ou les fibres naturelles, laisse présager un immense choix dans la constitution
des WPC. Cependant les fibres naturelles, bien qu’elles possèdent de nombreuses qualités,
présentent certains défauts majeurs lorsqu’il s’agit de les associer aux polymères
thermoplastiques. En effet la matière ligneuse possède une forte affinité avec l’eau
(caractère hydrophile fort) ce qui crée une incompatibilité d’interface entre le bois et les
thermoplastiques à caractère fortement hydrophobe. L’objectif d’un matériau composite est
de combiner deux ou plusieurs matériaux tout en créant une synergie entre ces différents
3
matériaux afin qu’il en résulte un composite plus performant que chacune des composantes
prise individuellement. L’antagonisme entre le bois et certains polymères, comme les
thermoplastiques, est une difficulté majeure sachant que l’interface est le lieu privilégié du
transfert des contraintes entre le renfort et la matrice. De façon plus générale, l’interface
bois/polymère est par conséquent le point stratégique des activités de recherche menées sur
les composites WPC. L’autre difficulté majeure provient de la très grande diversité et
surtout variabilité des fibres naturelles qui en font une matière première aux caractéristiques
difficiles à maîtriser.
L’objectif de ce projet est double : d'un coté développer des matériaux formables à
usage décoratif ou structural utilisant la fibre de bois comme élément structurant et
répondre ainsi à la demande des industries du bois ; de l'autre coté rester dans une logique
d'éco-matériau en privilégiant la proportion de fibres végétales par rapport au plastique et
en gardant un aspect bois aux produits élaborés.
Pour mener à bien cette étude à caractère exploratoire, plusieurs approches sont nécessaires.
La conception et l'élaboration de composites bois/plastique, dans des proportions où la fibre
est majoritaire, sous forme de stratifiés ou de mélange homogène tiennent à la fois de la
science des matériaux et du génie des procédés. Les problèmes d'adhérence de l'interface
bois/plastique relèvent du domaine de la physico-chimie. L'aspect caractérisation et l'aspect
modélisation du comportement en température, des propriétés élastiques et de
l'endommagement nécessitent une approche rhéologique du composite.
Chapitre 1
Les composites bois polymère :
étude bibliographique
1. Les composites bois polymère : étude bibliographique
1.1 Introduction
Dans cette étude bibliographique, nous nous proposons de présenter les différents
constituants entrant dans la combinaison des composites WPC en les regroupant par
grandes catégories. Les différentes techniques de fabrication seront explicitées et mises en
relation avec les types de constituants utilisés. Connaissant la constitution et la réalisation
des WPC, une sélection des WPC ayant fait l’objet de recherches préalables sera présentée
en essayant de recouvrir une large gamme de composites, et ce tout en insistant sur ceux
qui sont de par leur nature ou leur application proches de nos préoccupations. Des revues de
littérature plus spécifiques à certains aspects particuliers (adhésion et interface,
thermoformage, modélisation) seront présentées au début des chapitres concernés.
Figure 1-1: Structure du bois (observations multi échelles: d'après Harrington, 1998)
Contrairement aux autres composantes des fibres qui possèdent une structure
amorphe, la cellulose possède une structure en grande partie cristalline. La cellulose
cristalline est l’un des polymères ayant le module d’élasticité le plus élevé, soit environ 136
GPa à comparer au 75 GPa de la fibre de verre. Cette rigidité provient de la structure
cristalline qui suit un agencement supramoléculaire hélicoïdal très ordonné. Il est important
de noter que cette structure moléculaire particulière entraîne lors d’une élongation des
fibres, un couplage torsion/traction qui peut avoir des conséquences sur l’interface, sur la
déformation ou sur les mécanismes de rupture du composite. A l’intérieur de la fibre, les
chaînes cellulosiques sont réunies en micro fibrilles qui en s’agglomérant forment des
fibrilles sur plusieurs couches (figure 1-1). L’angle qui existe entre ces éléments très
structurés et l’axe de la fibre conditionne la rigidité de la fibre (Pavithran et al, 1987 ;
Mukhersee et Satyanarayana, 1986). Les liaisons hydrogènes qui s’établissent le long et
entre les chaînes cellulosiques sont à la base des bonnes propriétés des fibres cellulosiques
(English et al, 1994). Ce sont ces différences, constitutives ainsi qu’anatomiques, qui vont
7
Les propriétés des fibres isolées de cellulose ou de bois ont fait l’objet de nombreux
travaux (Page et El-Hosseiny, 1976 ; Page et al, 1977 ; Kompella et Lambros, 2002 ; Wild
et al, 1999 ; Groom et al, 1995). Le rôle de la paroi cellulaire apparaît essentiel pour
expliquer les propriétés hygro-mécaniques des fibres de bois selon Yamamoto et Kojima
(2002). Le comportement de rupture a été mis en relation avec l’arrangement moléculaire
(Mott et al, 1995 ; Mukhersee et Satyanarayana, 1986). De plus, la reconstitution par
modélisation informatique tridimensionnelle de la fibre a été entreprise (Shaler et al, 1995).
Un des aspects importants des fibres est leur grand degré de variabilité tant du point de vue
des propriétés que du point de vue morphologique. Cette variabilité existe entre les espèces,
à l’intérieur d’une espèce ainsi que pour un même individu (tableaux 1-1 et 1-2).
8
Par exemple, la porosité de la fibre (principalement son lumen) est un bon exemple de
dispersion interspécifique. La fibre de palmier a une porosité de 10% alors que le coton
peut atteindre des valeurs de porosité supérieures à 90%.
Il existe toutefois des inconvénients majeurs à l’utilisation des fibres naturelles dans
les WPC notamment la forte propension des fibres à la rétention d’humidité, leur photo-
dégradation, leur biodégradabilité ainsi que la forte incompatibilité de l’interface
bois/thermoplastique. La chimie de la matière ligneuse explique ces caractéristiques. En
effet l’holocellulose, pour laquelle ce sont les groupes hydroxyles qui régissent les
interactions possibles, est responsable de l’absorption d’humidité par le biais des liaisons
hydrogènes (figure 1-2). L’eau dans le bois modifie, de par son évolution, les propriétés
thermiques et mécaniques du matériau. La teneur en eau, notée W, représente le rapport de
la masse d’eau contenue dans un échantillon sur sa masse anhydre. L’eau dans le bois prend
trois formes (Kollmann et Côté, 1984 ; Siau, 1971). L’eau de constitution appartient aux
molécules des fibres cellulaires et ne peut s’extraire que par une dégradation thermique de
ces dernières. L’eau liée se situe au niveau de la paroi cellulaire grâce aux ponts
hydrogènes ou à des liaisons de type van der Waals. Enfin, l’eau libre est reliée à la
porosité du bois, puisqu’elle se trouve maintenue, sous forme liquide, dans les lumens par
des phénomènes de capillarité. Ces précisions permettent de mieux appréhender l’influence
de l’eau sur le comportement du matériau lignocellulosique en général. La plupart des
études s’intéressent à la stabilité dimensionnelle des matériaux bois, et donc essentiellement
au comportement hygroscopique du bois et de sa surface. Les traitements prodigués ont
pour objectif de réduire l’impact des interactions eau-bois (Norimoto et Gril dans Shiraishi
et al, 1993). La lignine, qui ne gouverne pas le comportement hygroscopique du bois, a
quant à elle, une fonction d’adhésif de la paroi cellulaire.
La production des fibres est une étape importante qui modifie ses caractéristiques.
Les fibres qui entrent dans la composition des WPC sont obtenues par un défibrage
thermomécanique (TMP) ou thermo-mécano-chimique (CTMP). Ces deux modes de
défibrage entraînent une altération de la fibre et une dégradation plus ou moins importante
de la lignine notamment le défibrage CTMP qui induit une dégradation partielle ou quasi-
10
totale de cette dernière (Holmberg et al, 1999). Il faut aussi noter qu’il existe d’autres
catégories de fibres préparées par des techniques de pâte à papier, ce sont les pâtes
mécaniques (MP) et les pâtes chimiques (CP).
La nature de la distribution des résines thermodurcissables sur les fibres revêt différents
aspects selon le type de colle utilisée et selon la nature des matériaux encollés. Les liens
11
créés par l’UF montrent une tendance à la formation de zones de concentration de résine
i.e. une distribution de petits paquets de colle dispersés sur les fibres (moins de 5% de
recouvrement selon Xing, 2003). La résine PF se distribuerait de façon beaucoup plus
uniforme sur des fibres similaires (Donaldson et Lomax, 1989).
Tableau 1-3 : Caractéristiques des résines thermodurcissables (Gay, 1991 ; Dorlot, 1986)
La nature des liaisons, entre les colles et les fibres naturelles, sera détaillée dans la partie
réservée à l’interface bois/polymère, au chapitre 3.
Les principales familles de thermoplastiques sont les polyoléfines (les polyéthylènes, les
polypropylènes), les plastiques à base de polychlorure de vinyle, les acryliques et les
polystyrènes. Certains polymères cellulosiques ayant fait l’objet de modification chimique
se retrouvent parmi les thermoplastiques comme les acétates de cellulose. La chaîne
élémentaire de l’essentiel des thermoplastiques vinyliques est constituée d’un axe carbone-
carbone (polymère vinylique) dont les radicaux changent en fonction des différentes
13
L’extrusion d’un mélange de fibres cellulosiques et d’un thermoplastique est une technique
qui permet la réalisation complète du composite (Delorenzi et al, 1991). Les fibres sont
incorporées au thermoplastique fondu à l’aide d’un système de vis. L’ensemble ressort de
l’extrudeuse sous la forme d’un profilé. Cette fois encore, les paramètres machines
gouvernent les propriétés du composite. La conception et le développement d’un
équipement spécifique à l’usage des matières cellulosiques (Woodtruder©, Université du
Maine, États-Unis) montrent bien l’intérêt et les difficultés rencontrées par ce type de
14
procédé appliqué aux fibres naturelles (principalement des farines de bois ou bien des fibres
de bois relativement courtes). Les mêmes remarques sont applicables au moulage par
injection.
L’injection ou procédé RTM « Resin Transfer Moulding » est une autre façon de produire
des WPC. Le fait qu’il soit question d’un moulage nécessite l’utilisation de fibres plus
longues et généralement implique une matrice thermodurcissable.
Les produits fabriqués par la technique des nontissés ont un potentiel supérieur en
ce qui concerne leurs propriétés mécaniques et leur capacité à épouser des formes
complexes. La structure des nontissés permet d’obtenir des matériaux rigides et légers.
C’est pourquoi, l’usage de fibres naturelles longues dans des moulages par compression est
en constante croissance dans l’industrie automobile.
abondante. Étant donné le nombre d’études, les tableaux 1-5, 1-6 et 1-7 présentent une
classification des composites WPC rencontrés les plus fréquemment.
Les composites WPC font l’objet de différentes méthodologies. La figure 1-3 présente une
vision claire des différentes possibilités.
gr osse s très fin es contin ue discon ti nue lamé llé pa nne au Fibr es bo is
pa rticu les pa rticu les (fibre s lo ngu es) (fibre s cou rtes) sand wich pa rticu les massif
cellulaires
Tableau 1-5 : Classification des études sur les WPC selon le polymère utilisé
Polymère Procédé Renfort spécificités Auteurs
PE Mélange fibres de bois greffage, conditions extrêmes Kotka et al 1986
propriétés thermiques Oladipo et al 1999
modification, pptés physiques Beshay et al 1985
résistance au feu Oladipo et Wichman 1999
pptés mécaniques Yam et al 1998
farine de bois effets des procédés Bledzki et al 1998a
adhésion, élastomère, DMTA Oksman et Lindberg 1998
MAPP, T° d’extrusion sur pptés Myers et al 1993
MAPE, MAPP, SEBS-MA Lai et al 2003
cellulose agents, pptés physiques Dalväg et al 1985
rhéologie (acide cellulosique ester) Jandura et al 2001
déchets agricoles comportement de gonflement, MA Mishra et Naik 1999
lignocellulosiques différents traitements d’interface Colom et al 2003
PE Réseau fibres de bois stratifié « air laid » Faessel 1999
fibreux déchets agricoles comportement de gonflement, MA Mishra et Naik 1999
lignocellulosiques papier : interactions, IGC Chtourou et al 1997
fibres naturelles hybride (fibre de verre) : pptés (T°) Kalaprasad et al 2000
papier encapsulation, pptés, photos Marchessault et al 1979
PET Réseau fibres de bois (MDF/PF) pptés méca + stabilité Yang et al 1994
fibreux (MDF/PF) déformation, moulage Yang et Sasaki 1994
fibres naturelles ciguë + PF pptés physiques Youngquist et al 1992
PP Mélange fibres de bois (MAPP, silane) + pptés + %bois Coutinho et Costa 1999
effets des fibres, Stark et Sanadi 2000
interface, modification, pptés Kazayawoko et al 1999ab
(PP+MAPP), pptés, plan factoriel Costa et al 2000
« electron beam », pptés (T°) Czvikovszky 1996
MAPP, pptés (T°), cristallinité Sain et al 1994
farine de bois Effets de tailles (mesh) Stark 1997
effets de tailles, facteur de forme Stark et Sanadi 2000
effet fibres, pptés (MAPP) Myers et al 1991
MAPP, T° d’extrusion sur pptés Myers et al 1993
pptés, morpho, MAPP, élastom Oksman et Clemons 1998
pptés (MAPP) Krzysik et al 1991
Silane, MAPP, Melt Index Ichazo et al 2001
Concentration en bois, MAPP Côté 2002
cellulose (fibres) fibres, fracture Clemons et al 1999
morpho+pptés DMTA, DSC Amash et Zugenmaier 2000
fibres naturelles Kenaf, injection, pptés Sanadi et al 1995
hybride (verre), noix de coco, pptés Rozman et al 1999
Flax, interface IGC, Xray, acétylat° Zafeiropoulos et al 2002
Sisal, problèmes de degradations Jayaraman 2003
Sisal, agents, zone transcristalline Joseph et al 2003ab
PP Réseau fibres de bois pptés Yoon 1997
fibreux influence du taux de compression Geimer et al 1993
hybride (PF), pptés, MA, SA Mahlberg et al 2001
pptés physiques (MAPP) Krzysik et al 1991
papier recyclé Stratifié, pptés, adhésion Riedl et Dubois 1997
fibres naturelles NMT, pptés, T°, autres renforts Oksman 2000
Pptés : propriétés, T° : température, Morpho : morphologie, Acétylat° : acétylation, Elastom : élastomère, méca :mécaniques, MA :
anhydride maléique, SA : anhydride succinique, MAPP : polypropylène maléaté, MAPE :polyéthylène maléaté, SEBS-MA : styrène-
éthylène/butylène tribloc copolymère greffé avec de l’anhydride maléique, PP : polypropylène, PE : polyéthylène, PET : polyéthylène
téréphtalique, IGC : chromatographie gazeuse inverse, DMTA : analyse dynamique thermomécanique, DSC : analyse enthalpique
différentielle, MDF : panneau de fibres de moyenne densité, PF : phénol formaldéhyde, Melt Index : indice de fusion, Xray : analyse aux
rayons X, NMT : matelas naturel renforcant un thermoplastique, Hybride : composite hybride possédant 3 constituants principaux
18
Tableau 1-6 : Suite de la classification des études sur les WPC selon le polymère utilisé
Polymère Procédé Renfort spécificités Auteurs
PVC Mélange farine de bois effets bois, pptés, tenue à l’eau Takatani et al 2000
fibres de cellulose greffage, adhésion Canché-Escamilla et al 1999
PS Mélange fibres de bois interface, acétylation, adhésion Liu et al 1994
sorption de carbone Doroudiani et Kortschot 1999
effets « coating » Maldas et Kotka 1990
effets procédés (sciure) Bledzki et al 1999
thermoplasticisation, DMTA Hon et Chao 1993
(sciure)
pptés méca, xanthation Kotka et al 1983
farine de bois pptés, %bois Klason et al 1984
effets bois, pptés, tenue à l’eau Takatani et al 2000
MA (%) Aranguren et al 2000
cellulose pptés, % Klason et al 1984
PS Réseau pâte à papier pptés, capacité de formage Gomez-Bueso et al 1999a
Gomez-Bueso et al 1999b
Styrène Mélange fibres de bois MA, pptés + DMTA, adhésion Simonsen et al 1998
Polyester Mélange fibres naturelles ppté, compare verre, mica Sanadi et al 1985
Jute, pptés méca (époxy) Shah et Lakkad 1981
fibres de bois biopolymère, pptés Peterson et al 2002
Polyester Réseau fibres naturelles pptés dynamiques (jute) Saha et al 1999
PMMA Mélange cellulose (fibres) pptés matrice rigide Canché-Escamilla et al 2002
greffage Canché-Escamilla et al 1999
sciure de bois MA, GMA, pptés (eau), images Timar et al 1999
MMA fibre de bois pptés méca, T°, humidité Khan et Idriss 1993
fibre de bois traitement, silane, pptés Elvy et al 1995
PF Réseau fibres naturelles hybride (banane/verre) Seena et al 2002
adhésion, effets fibres
(palmier à huile), silane, alkali, Agrawal et al 2000
cristallisation; pptés Sreekala et al 2002
Epoxy jute absorption d’eau, pptés méca Costa et D’Almeida 1999
jute/verre Anisotropie thermique des Cichocki et Thomason 2002
fibres naturelles, DMTA
Pptés : propriétés, Méca : mécaniques, DMTA : analyses dynamiques thermomécaniques, MA : anhydride maléique, GMA : méthacrylate
de glycidile, PVC : polychlorure de vynile, PS : polystyrène, PMMA : poly (méthacrylate de méthyle), MMA : méthyle méthacrylate,
PF : phénol formaldéhyde
Tableau 1-8 : Influence du taux de renfort sur les propriétés mécaniques des WPC
Polymère Renfort % de bois E (GPa) Auteurs
HDPE WFa 20 1,45
40 2,15 Klason et al 1984
60 3,00
LLDPE + silane WF (sapin) 10 0,065
Beshay et al 1985
40 0,164
LLDPE WF (sapin) 10 0,16
Kotka et al 1986
greffé au PE 40 0,58
PP Fibres de 10 1,33
Rozman et al 1999
noix de coco 30 1,66
PP + MAPP (3%) WF 70 4,08
80 4,80
Krzysik et al 1991
PP + MAPP (1%) WF 70 4,79
80 4,51
Stark et Sanadi (2000), lors d’une étude sur des WPC ont abouti à la conclusion que
c’est bien le facteur de forme qui est le paramètre prépondérant influençant les propriétés
mécaniques. Par ailleurs, ceci est confirmé par Sanadi et al (1995) et Shaler (1993) qui
distinguent les particules, qui améliorent la rigidité, des fibres qui elles améliorent aussi la
résistance mécanique.
1.5.1.2 La matrice
Les propriétés de chaque polymère sont variables, et par conséquent la matrice
n’apporte pas les mêmes performances, qu’il s’agisse de PE haute densité, basse densité, de
PP rigide ou souple ou de PVC. La proportion de plastique joue aussi un rôle au même titre
que la proportion de bois, ces quantités étant toutefois complémentaires. Le tableau 1-9
adapté de Bledzki et al (1998b) donne une idée des variations des propriétés mécaniques
dues à la matrice.
23
Les problèmes liés à l’humidité sont amoindris par le thermoplastique, qui améliore les
propriétés mécaniques sous conditions humides du WPC. Les résultats de cette étude
montrent bien cette tendance. La comparaison qu’ils ont effectuée avec le MDF est
éloquente. Après un séjour identique dans l’eau, le gonflement du MDF est d’environ 50%
pour seulement 3 à 9% dans le cas des WPC. La résistance à la flexion après 28 jours dans
l’eau est réduite de 95% pour le MDF alors que les WPC n’ont subi une baisse que de 8 à
35%, respectivement pour le PP et le PVC. Le choix du polymère est crucial car il influe
aussi sur les modifications d’interface envisageables et sur leur efficacité.
Les fibres naturelles comme les déchets agricoles, les déchets de construction en
bois ou les papiers recyclés, peuvent être utilisées dans les WPC. Elles se comportent alors,
24
sensiblement de la même manière que les autres fibres naturelles, à l’exception près
qu’elles peuvent avoir subi un traitement supplémentaire qui risque de les avoir altérées.
Les polymères synthétiques ne sont pas tous recyclables mais les thermoplastiques
le sont en général. Leurs propriétés peuvent, cependant, être modifiées de façon plus ou
moins importante (cristallinité), bien des polymères lorsque mélangés sont incompatibles et
le produit recyclé doit être de qualité. Ainsi les produits recyclés au niveau industriel ont
une qualité plus constante et reproductible que ceux de type post-consommation.
Les études réalisées sur les WPC constitués de matériaux recyclés montrent qu’il n’y a pas
de chute significative des propriétés mécaniques des composites. Pour les composites
fabriqués par consolidation d’un matelas fibreux, Youngquist et al (1995) ont même
observé de légères améliorations. Dans le cas des mélanges, le produit est assez stable, avec
une légère baisse lorsque le composite est recyclé plusieurs fois. Le peu d’influence de
l’usage de matière plastique recyclé est confirmé par l’étude de Yam et al (1998). Les
études de English et al (1996) et Mishra et Naik (1999) démontrent la faisabilité de
composites à partir de matières recyclées.
Le travail de Dalväg et al (1985) est très intéressant puisqu’il contient une grande quantité
de données comparables sur différents WPC ayant tous subi les mêmes modifications. Les
25
modifications entreprises ont été classées en deux groupes : les effets des additifs dispersifs
et des élastomères ; les agents de couplage. Les résultats montrent de manière évidente les
améliorations, détériorations, obtenues ou pas, en fonction de la quantité, d’additif ou
d’agent, introduite. D’une manière générale, il est possible d’améliorer la résistance à
l’impact grâce à une grande quantité d’additif (10%), et cela est d’autant plus facile pour les
fibres cellulosiques que pour les fibres de bois. L’élongation à la rupture est améliorée, ce
qui vient corroborer les résultats concernant la dispersion du renfort (§1.5.1.1.4). Le
module d’élasticité baisse dans de nombreux cas, alors que la résistance à la rupture est de
façon systématique fortement diminuée par la présence d’un additif. Les agents de couplage
sont le MAPP et un titanate, ce dernier étant bien moins efficace que le MAPP. Les
propriétés d’élongation, de résistance et d’impact sont toutes améliorées par le MAPP (ceci
est confirmé par Krzysik et al, 1991 ; Krzysik et Youngquist, 1991). La résistance à la limite
élastique présente un plateau dès 2 à 3% de MAPP alors que les autres propriétés croissent
avec le pourcentage de MAPP. Cette valeur limite de 2 à 3% de MAPP est reprise par de
nombreux auteurs, qui observent même pour certains, une chute des propriétés au-delà de
cette valeur optimale (Krzysik et al, 1991 ; Costa et al, 2000 ; Yoon, 1997). Ceci n’est pas
étonnant puisque le MAPP n’est habituellement pas un polymère de haute masse molaire.
Lai et al (2003) ont réalisé une étude comparative sur différentes polyoléfines
maléatées employées dans des composites PE/WFa fabriqués par extrusion. Chacun se
révèle améliorer en partie les propriétés mécaniques. Cependant, les polyéthylènes maléatés
démontrent une meilleure adhésion (résultats MEB, DMTA), le SEBS-MA présente une
26
Myers et al (1991) ont réalisé une étude assez complète intégrant comme facteur : la
proportion de polymère, la granulométrie d’une farine de bois, la présence d’un agent de
couplage (MAPP : Epolène E-43) et le nombre d’extrusions employées lors de la
fabrication. L’analyse statistique de ce plan factoriel a abouti au classement hiérarchique
des facteurs et interactions entre les facteurs comme suit :
1. La quantité de MAPP est le facteur prépondérant. Son absence empêche une bonne
adhésion.
2. L’interaction MAPP/granulométrie vient en second. La distribution des liens créés
par l’agent est liée à la dispersion de la farine.
3. L’interaction MAPP/nombre d’extrusions est moins importante.
4. Les autres paramètres ou interactions influent à un niveau moindre.
L’agent de couplage apparaît au cœur de chacun des points présentés ci-dessus, ceci
confirme l’obligation d’avoir une bonne interface. Il faut remarquer que le peu de variation
(10% seulement) accordé à la proportion de polymère, et par voie de conséquence à la
quantité de bois, ne permet pas de mettre en relief, le rôle important qui est généralement
dévolu à ce facteur.
Costa et al (2000) proposent eux aussi une étude basée sur un plan d’expérience. Cette
fois, les variables sont le taux de fibres (10-30%), le taux d’agent de couplage (MAPP : 2 et
10%) et enfin le type de matrice (PP ou MAPP). Le rôle de la proportion de fibre est
prépondérant dans cette étude. Cependant il est dommage que le taux de fibres n’ait pas
dépassé les 30%. En effet, au-delà d’une certaine proportion, de nombreux problèmes
comme l’intimité du mélange et la faiblesse des liens mécaniques apparaissent, et ce bien
que l’augmentation de la quantité de bois s’avère bénéfique si elle est accompagnée d’une
amélioration de l’adhésion. Ceci explique probablement, le fait que l’importance de
l’interaction MAPP/taux de fibres, apparaisse très faible dans cette étude. Le MAPP est le
second facteur, son rôle est bien sûr, moins apparent dans les WPC à matrice MAPP.
Ces deux travaux sont très intéressants car ils dévoilent une partie du rôle joué par
différentes interactions. Ils sont aussi didactiques car ils présentent certaines limites et nous
indiquent comment tenir compte au mieux d’un facteur en choisissant judicieusement ses
modalités. Enfin, ils mettent en perspective la complexité et l’étendue des facteurs et
mécanismes impliqués dans la performance d’un WPC.
28
L’un des atouts majeurs des NMT provient de leur densité. La densité de ce type de
produit dépend pour beaucoup du processus de consolidation. Ceci permet d’obtenir
aisément, des matériaux allant de densité très faible à des densités proches des matériaux
bruts (environ 0,1-1,2).
Le tableau 1-11 est un récapitulatif des différentes études sur des NMT auxquelles
nous allons faire référence dans cette section.
Les performances mécaniques couvrent, comme le montre le tableau 1-12, une large
gamme de valeurs. L’étude de Youngquist et al (1992) souligne l’importance du rôle de la
densité du matériau sur ces propriétés, résultat mis en évidence dans de nombreux travaux
sur les composites à base de bois (Rowell et al, 1995b ; Michaud, 1999 ; Schulte et
Fruhwald, 1996ab). Le tableau ne présente aucun composite de type isolant, ceux-ci sont
29
souvent mécaniquement faibles à cause de leur très faible densité, mais ce n’est pas un
défaut comme chez le polystyrène expansé.
Matériau σf σt Ef Et ρ Réf.
(MPa) (MPa) (GPa) (GPa)
WF (80%) / VPET (10%) / PR (10%) 50,6 33,0 3,66 4,84 - [NMT1]
DF (80%) / RPET (10%) / PR (10%) 47,8 30,0 3,74 4,56 -
WF(60%)/VHDPE (30%)/VPET(5%)+MAPP(5%) 16,8 10,8 2,01 2,81
DF(60%)/VHDPE (30%)/VPET(5%)+MAPP(5%) 19,1 12,4 1,75 2,12
WF (80%) / PP (10%) / PR (10%) 5,5 3,4 0,46 0,58 0,40 [NMT2]
WF (80%) / PP (10%) / PR (10%) 49,3 27,7 3,57 5,07 0,75
WF (80%) / PP (10%) / PR (10%) 76,4 42,2 5,42 7,80 1,20
Symalit (25% de fibres naturelles) - 20-30 - 2,9-4,6 1,00 [NMT3]
Danflax (50% de fibres naturelles) - 35-40 - 5,0-6,5 1,16
Symalit GMT (50% de fibres de verre) - 74-77 - 5,1-5,4 1,24
WF (70%) / PP - 14,6 - 3,24 1,0 [NMT4]
WF (70%) / PP / MAPP (1%) - 26,0 - 4,79 1,0
WF (70%) / PP / MAPP (3%) - 22,8 - 4,08 1,0
WF (85%) / PP - 15,7 - 3,95 1,0
WF (85%) / PP / MAPP (1%) - 21,5 - 4,51 1,0
WF (85%) / PP / MAPP (3%) - 24,2 - 4,8 1,0
Jute non modifié /résine polyester (30%) - 565 - 27,2 0,75 [NMT5]
Jute modifié (traitement 1h) / polyester (30%) - 453 - 26,3 0,75
Jute modifié (traitement 4h) / polyester (30%) - 402 - 26,0 0,75
Résine polyester 122,6 69 3,6 3,2 -
Les NMT commerciaux étudiés par Oksman (2000) sont de bonne qualité puisqu’ils
peuvent quasiment rivaliser avec les GMT (fibres de verre) tout en étant plus légers. Les
NMT réalisés par Youngquist et al (1992,1995), possèdent des propriétés comparables ou
supérieures aux propriétés des panneaux MDF commerciaux (voir tableaux 1-11 et 1-12).
Ce résultat est confirmé par l’étude de Garkhail et al (2000).
La stabilité dimensionnelle des NMT est beaucoup plus problématique que celle des
WPC fabriqués par mélange à chaud. En effet, les NMT sont poreux et sont plus facilement
30
sujet à des variations liées à l’humidité. Ceci est souligné par les valeurs d’absorption d’eau
obtenues par Youngquist et al (1992) pour des composites de différentes densités (tableau
1-13). La densité est, dans ce cas, intimement liée à la porosité. L’influence de l’agent de
couplage MAPP est moins évidente à la vue des résultats, avec toutefois une légère
amélioration avec l’augmentation du pourcentage de MAPP. Cette amélioration apparaît, de
façon beaucoup plus marquante, lorsque la proportion de thermoplastique augmente car
c’est un composé hautement hydrophobe. Le thermoplastique, tout comme le MAPP, agit
comme une barrière. Il y a encapsulation de la fibre ce qui interdit l’absorption d’humidité.
Cet effet semble prépondérant par rapport au blocage des sites hydrophiles par l’agent de
couplage. Le gonflement en épaisseur vient corroborer ces résultats, à l’exception près du
rôle de la densité. L’augmentation de la matière ligneuse à volume égal induit un plus grand
gonflement puisque ce dernier est exclusivement dû au gonflement de la paroi cellulaire.
L’étude d’Oksman (2000) sur des NMT commerciaux montre les avantages de ces produits
mais dénonce aussi, le manque d’adhésion à l’interface de ces derniers par rapport aux
GMT.
1.6 Conclusion
Le propos de ce chapitre était de définir ce que sont les composites bois polymère
ou WPC, ainsi que de situer le contexte de développement et d’utilisation de ces produits
relativement récents. La nature des constituants, les interactions existant entre ces derniers,
au même titre que l’agencement de leur combinaison, sont autant de paramètres dont il faut
tenir compte. Les travaux passés montrent toute la complexité de ces nouveaux matériaux.
Cette revue de littérature montre la diversité des WPC tant au niveau de leur conception que
de leur fabrication ou bien de leur usage. Les composites, que nous nous proposons
d’étudier, sont des composites bois/thermoplastique/thermodurcissable présentés comme
des NMT (matelas de fibres naturelles renforçant un thermoplastique). Il s’agit donc de
composites hybrides fabriqués de façon similaire à celle des panneaux à base de bois (en
l’occurrence le MDF) par une compression à chaud. Ce procédé est bien maîtrisé et
couramment employé par l’industrie du bois. L’objectif du thermoplastique est dans notre
cas d’ajouter une capacité de post-thermoformage à ce nouveau WPC qui a l’avantage
d’être un matériau de densité moyenne (0,7) comparativement à la plupart des WPC
existants ou étudiés qui sont plus denses (0,9-1,3). Le domaine d’application de ce matériau
hybride s’inscrit dans une logique de produits d’ameublement plutôt que dans le domaine
des produits d’usage extérieur que représente la majorité des composites bois/plastique. Les
WPC sont généralement soit les composites à base de bois liés par une résine
thermodurcissable soit les composites bois/thermoplastique obtenus par les techniques
plasturgistes qui se sont développées ces dernières années. Les travaux scientifiques
réalisés sur les WPC font très peu état de composites hybrides, ce qui justifie et renforce
l’originalité du travail entrepris. L’omniprésence des problèmes d’adhésion et d’interfaces
rencontrés dans les travaux sur les WPC nous a conduit à leur consacrer un chapitre entier
(chapitre 3).
Références chapitre 1
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Chapitre 2
Matériel expérimental
2. Matériel expérimental
2.1 Introduction
Les propriétés d’un matériau composite sont plus avantageuses que la somme de
celles des parties qui le compose. Toutefois, il est indispensable comme nous l’avons vu au
chapitre précédent de bien connaître ces différentes parties et l’histoire de leur assemblage
pour espérer comprendre, interpréter et éventuellement optimiser le comportement du
composite. C’est dans cette optique que ce chapitre sur le matériel expérimental a été
conçu.
Le projet d’étude que nous présentons est réalisé sous la forme d’un partenariat.
Ceci a conduit à la fabrication de matériel expérimental dans deux laboratoires distincts
(l’Université Laval à Québec, Canada et le Laboratoire de Rhéologie du Bois de Bordeaux,
Université Bordeaux, France). Par conséquent, des constituants diffèrent en partie d’un
endroit à l’autre. En fait, seules certaines fibres de bois ont été importées de France. Outre
le matériel, les méthodes de fabrication et les composites sont un peu différents. Ils seront
présentés sous la forme de deux plans d’expérience distincts avec la dénomination de WPC1
et WPC2, le second étant le résultat des observations et conclusions du plan préliminaire sur
les WPC1. Le mode de fabrication est similaire pour les deux groupes de composites avec
toutefois des équipements plus complets et la possibilité d’un contrôle de fabrication plus
important lors de la réalisation du deuxième plan d’expérience à l’Université Laval.
France. Lors de la mise en œuvre du second plan d’expérience, les fibres MDF ont été
fournies par l’entreprise Panneaux MDF La-Baie, Québec, Canada. Ces fibres, notées
MDF2, sont composées d’un mélange de bois résineux constitué à 90% d’épinette noire
(Picea mariana) et 10% de sapin baumier (Abies balsamea). Ce deuxième groupe de fibres
est, malheureusement, systématiquement préencollé à l’urée formaldéhyde même si cette
dernière a été identifiée par Xing (2003) comme n’étant plus active lors de son usage a
posteriori. L’humidité des fibres fournies était de 12%, elles ont été entreposées entre 8 et
10% de contenu en humidité pour les fibres MDF1 et à environ 5% de contenu en humidité
pour le second groupe MDF2 (séchage à l’air libre sous les conditions ambiantes).
Dimensions des
Dimensions des fibres
fibresMDF1
MDF(d'après Nyangiro 1999)
1 (d’après Nyangiro, 1999)
70
60
50 distribution des longueurs
% de fibres
40
30
20
10
0
0-0.2
1 0.2-0.5
2 0.5-1
3 1-3
4 3-7
5
longueur (mm)
La figure 2-1 donne une bonne idée des dimensions des fibres MDF1 qui constituent la
majeure partie de nos composites (Nyangiro, 1999). Quelque soit la provenance des fibres
MDF, elles sont toujours le résultat d’un mélange de simples fibres et d’amas de fibres ou
bûchettes. Les bûchettes MDF1 représentent 8 à 20% de la masse totale, leurs dimensions
moyennes sont de 1,4-1,8 mm en longueur et 225-282 microns en diamètre. Les fibres
MDF1 ont une longueur moyenne de 1,58 mm et un diamètre compris entre 20 et 40
microns (fibres isolées). Ces fibres ou bûchettes sont dites transformées mais leur
composition chimique n’est pas altérée.
Les dimensions des fibres MDF2 n’ont pas été mesurées avec la même précision. Toutefois,
Garcia (2001) a effectué, lors d’une étude sur la perméabilité de panneaux MDF, à
l’Université Laval, un tamisage de ces mêmes fibres. Les résultats sont présentés sur la
figure 2-2a. Il semble raisonnable de considérer qu’il existe peu de changements entre les
47
fibres MDF1 et MDF2 même si nous ne disposons pas de données suffisantes pour ces
dernières.
Figure 2-2 : a. Tamisage des fibres MDF2 (Garcia, 2001) ; b. Tamisage de la sciure B.R
Les fibres longues ou fibres thermisorel© ont été fournies par la société Isoroy©
(Casteljaloux, France). Ce sont des fibres obtenues par un défibrage thermomécanique
grossier (160°C avec une pression de vapeur saturée de 6 bars) provenant en grande partie
de résineux, complétée par environ 20% de feuillus. Ces fibres longues (F.L) sont
habituellement utilisées pour la fabrication de panneaux isolants produits par des procédés
humides. Les dimensions des F.L sont nettement plus importantes que celles des fibres
MDF notamment en ce qui concerne leur longueur. Les fibres longues ont été divisées en
deux groupes de longueurs lors de leur caractérisation par l’EFPG (École Française de
Papeterie et des Arts Graphiques) avec les mêmes techniques que pour les fibres MDF1.
Les fibres de longueur inférieure à 7 mm représentaient 33,5% en masse de la population
totale, le reste étant des bûchettes ou des faisceaux de fibres (tableau 2-1).
Tableau 2-1 : Dimensions des fibres F.L (données Delisée et al, 2001)
Longueur < 7 mm Longueur > 7 mm
Longueur Écart-type Diamètre Écart-type Longueur Écart-type Diamètre Écart-type
(mm) (mm) (µm) (µm) (mm) (mm) (µm) (µm)
F.L 0,58 0,29 31,6 14,1 11,06 7,5 582 134
La sciure de bois rétifié© (B.R) complète l’ensemble des fibres à base de bois. Cette
sciure est un mélange de poussières et de copeaux, plus ou moins gros, de pin maritime
(voir granulométrie figure 2-2b). Le bois rétifié est un bois qui a subi un traitement
48
thermique haute température sous la forme d’une pyrolyse ménagée. Les propriétés
mécaniques sont conservées de manière suffisante, car en général, le traitement n'excède
pas des températures de 250°C et ce pour des périodes de 6 à 8 heures. Grâce à ce procédé,
il y a un appauvrissement du bois en oxygène, hydrogène et en matières volatiles, de plus il
y a destruction en partie des hémicelluloses. Des liaisons insaturées conjuguées
éthyléniques et carbonyles apparaissent au niveau de la lignine. Ce procédé assure au bois
une meilleure stabilité dimensionnelle, une résistance aux micro-organismes et le matériau
est plus hydrophobe. Il a aussi une meilleure tenue en température. La porosité augmente
légèrement, la tension de surface diminue, les forces polaires et de dispersion diminuent
également. La surface a subi une modification. Cet ensemble de changements a des
répercussions sur les propriétés mécaniques, ne serait-ce que par l’augmentation de la
densité du matériau traité (Nebesarova et Guyonnet, 1995 ; Jaziri et al, 1987 ; Avat et al,
1990 ; Avat, 1993 ; Bourgois et Guyonnet, 1988 ; Bourgeois et al, 1989 ; Guyonnet, 1994 ;
May et al, 1990 ; Alén et al, 2002 ; Kamdem et al, 2002).
Il est intéressant de noter que si l’interaction entre le bois rétifié et les matrices polymères
croît à mesure que la matrice est polaire (augmentation des liaisons π ou autres), selon May
et al (1990), il n’en est pas de même pour les matrices apolaires (comme le PP, qui est plus
cristallin). Cela peut dans ce dernier cas conduire à une diminution des contraintes de
rupture en traction et en flexion par rapport à du bois non traité. Le rôle de l’interface sera
discuté de façon plus complète au chapitre 3 sur l’adhésion.
Afin d’éviter les erreurs de manipulation, toutes les expériences ont été doublées. Le suivi
du taux d’humidité des échantillons, tout au long de l’analyse, est nécessaire à la
détermination exacte des proportions au tableau 2-3.
Les courbes de thermogravimétrie du bois rétifié ou des fibres MDF montrent une perte de
masse quasi instantanée qui correspond à la perte d’eau du bois, puis il n’y a apparition
d’une dégradation thermique significative que pour des températures supérieures à 225°C.
Les comportements des fibres de MDF, de la sciure de B.R ou des fibres F.L sont
similaires.
MDF2, la sciure de B.R et les fibres longues F.L. Les résultats sont résumés dans le tableau
2-4 (graphes XPS en annexe B).
La composition relative apparente est exprimée en pourcentage atomique. Elle est qualifiée
d’apparente car on suppose l’échantillon homogène en composition dans le volume analysé,
qui est de l’ordre de 50 mm2 par 5 nm.
Tableau 2-4 : Composition élémentaire surfacique des fibres de bois (analyse XPS)
Fibres MDF2 encollées à l’UF (1) 96,2 (0,3) 2,7 (0,2) 1,0 (0,2) 0,03
Fibres MDF2 encollées à l’UF (2) 97,2 (0,2) 2,3 (0,2) 0,5 (0,1) 0,02
Fibres longues F.L 79,7 (0,3) 20,3 (0,3) Non mesurable 0,25
Sciure de B.R 77,6 (0,4) 22,4 (0,4) Non mesurable 0,29
Cellulose* 57,0 43,0 --- 0,75
Lignine* 77,4 22,6 --- 0,30
Extractibles* 91,0 9,0 --- 0,10
Surface du bois* 77,1 22,9 --- 0,30
Bois calculé ** 64,8 35,2 0,54
(1) première série de mesure * données de la littérature (de Lange et Mahy, 1995)
(2) deuxième série de contre mesure ** : composition 65% cellulose, 30 % lignine et 5% extractibles
En ce qui concerne les F.L et la sciure B.R, l’analyse révèle des taux de carbone et
oxygène qui concordent avec ce qui peut être attendu pour un matériau bois. Il n’y a pas de
différences importantes de composition surfacique pour ces deux matériaux. Les résultats
obtenus pour les fibres de MDF1 préencollées à l’UF sont eux plus surprenants. En effet, les
fibres présentent une surface complètement carbonée ce qui ne correspond ni à la
composition chimique du bois, ni à celle de la résine thermodurcissable. L’explication la
plus plausible est la suivante : il semble que lors du procédé de « flash drying » (effectué à
l’usine avant la conformation du matelas) la surface des fibres préencollées ait été brûlée au
moins sur les 50 premiers Angströms. Ceci est confirmé par le faible taux d’azote.
Normalement il devrait y avoir environ 3 % d’azote, or il n’y en a que 0,5 à 1 %. Il est
possible aussi qu’il ait été brûlé ou évaporé.
52
Figure 2-4 : Déconvolution du pic C1s pour les fibres longues F.L (XPS)
(Adnot, 2002) permet d’extraire les différentes composantes C1-C4 qui peuvent se grouper
selon les types de liaisons associées aux espèces mentionnées (tableau 2-5).
Figure 2-5 : Déconvolution du pic C1s pour la sciure de bois rétifié B.R (XPS)
Les différents pics de carbone du tableau 2-5 sont associés à différentes possibilités de
liaisons. Le pic C1 correspond à des liaisons carbone-carbone ou carbone-hydrogène (C-C,
C-H). Ce type de liaisons est fortement présent dans les extractibles et la lignine. Le pic C2
correspond à des liaisons carbone-oxygène (C-O) beaucoup plus présentes dans la
cellulose. Le pic C3 est caractéristique des liaisons carbone-oxygène cétoniques et des
liaisons carbone-oxygène non cétoniques (C=O, O-C-O, de Lange et Mahy, 1995). Le pic
C4 correspond aux liaisons carbone-oxygène plus complexes (O=C-O). Ces deux derniers
pics représentent de faibles pourcentages.
Le tableau 2-5 montre la différence pouvant exister entre la surface des F.L et la surface de
la sciure B.R. Les types de liaisons présentes sont les mêmes, toutefois l’abondance de
chacune d’elle change, avec par exemple 12,5% de C2 pour les F.L et plus du double pour
le B.R soit 27,3%. Les figures 2-4 et 2-5 mettent l’emphase sur cette observation avec un
54
deuxième pic nettement plus prononcé pour la sciure de B.R. Cette prépondérance en
surface des C2, typique de la cellulose cristalline, pourrait être due à la destruction en
surface des extractibles, très riche en C1, et de la lignine. Ces observations traduisent le fait
que la surface de B.R est riche en cellulose, alors que les surfaces de bois et des F.L sont
plus riches en extractibles. L’augmentation des extractibles à la surface des F.L est en
accord avec les résultats sur les phénomènes de migration des extractibles à la surface du
bois (Gardner et al, 1995). La comparaison de nos résultats avec les analyses de Hon
(1984) montre que le B.R se rapproche des valeurs observées pour une surface de bois jaune
(tulipier) alors que pour les F.L on voit le pourcentage de C1 augmenter et celui de C2
diminuer. La remontée du C2 correspond pour Hon à des surfaces de bois veillies par
exposition à des intempéries et aux U.V (« etching »). Ceci caractérise une forte oxydation
de la surface qui est riche en cellulose et plus hydrophobe. Ainsi, tout en ayant plus de C2,
ces surfaces, comme le B.R, sont plus hydrophobes. C’est précisément le cas avec les
surfaces de bois vieillies qui presentent néanmoins un taux de C2 beaucoup plus élevé
(56%, tableau 2-5).
1,00E+05
PP2
MAPP
1,00E+04 PP1
MAPPbis
1,00E+03
Eta (Pa.s)
1,00E+02
1,00E+01
1,00E+00
0,001 0,01 0,1 1 10 100
taux de déformation (1/s)
1,00E+05
MAPP
PP
1,00E+04 2
PP
1
Eta* (Pa.s)
1,00E+03
1,00E+02
1,00E+01
0,01 0,1 1 10 100
fréquence hz (ou 1/s)
Le MAPP est beaucoup moins visqueux que le PP1 et le PP2. Le point de fusion du MAPP
est plus bas et les molécules sont de plus basses masses moléculaires. C’est le taux de
cristallinité et la structure moléculaire qui sont vraisemblablement à l’origine des
différences mesurées sur les deux polypropylènes.
La colle urée formaldéhyde est la plus largement utilisée des résines employées
dans les composites à base de bois. Dans notre projet, l’urée formaldéhyde était déjà
présente sur les fibres MDF1 et MDF2. La colle sur les MDF1 (10% de la masse totale
anhydre) a été activée lors de la fabrication. Cependant sa durée de vie est limitée à cause
de la polymérisation à température ambiante. Au-delà d’une quinzaine de jours de
conservation en milieu contrôlé, il n’est plus raisonnable d’utiliser la fibre préencollée
comme telle. Chaque jour qui suit l’encollage, la colle perd de son pouvoir adhérent, les
propriétés en sont donc affectées. Les MDF2 sont encollées de nouveau avec un autre
adhésif (pMDI), l’UF étant inactive (Xing, 2003). La polymérisation de l’UF nécessite, à
des fins d’optimisation, de travailler à une température et une humidité bien définies (en
général pour ce type de matériau (MDF) la polymérisation se fait avec un minimum de 100-
110°C au cœur du matériau et une teneur en humidité H comprise entre 8% et 14%).
L’ensemble des balayages dynamiques réalisés pour les différents échantillons est effectué
à un taux de 10°C/min et sur une échelle allant de la température ambiante (20-25°C)
jusqu’à 220-250°C. La masse des échantillons varie de 3 à une dizaine de milligrammes.
Dans le cas des adhésifs, la DSC nous renseigne sur la vitesse de réticulation d’une résine
thermodurcissable ou encore sur le nombre de liens chimiques établis. Les
thermodurcissables requièrent souvent un apport de chaleur pour polymériser. Cette
réticulation chimique entraîne la formation d’un réseau tridimensionnel macromoléculaire.
La plupart des adhésifs/résines thermodurcissables suivent une cinétique simple en
première approximation (Equation 2-1) :
∂α
= K 0 exp −∆Ea / RT (1 − α ) n Éq. 2-1
∂T
α = % d’avancement de la réaction (fractionnal conversion)
∆Ea énergie d’activation (J/mole), K0 facteur pré-exponentielle (s-1), n ordre de la réaction, T température en
K et R constante des gaz (8,314 J/mole K)
Les réactions des différents constituants avec le pMDI ne seront pas traitées par la suite.
Les quelques résultats expérimentaux suivants révèlent le comportement particulier de
chacun vis-à-vis de l’adhésif :
59
Différents mélanges à base de pMDI et des constituants des WPC ont subi
une analyse DSC. Le taux de résine est le même pour chacun des essais (50% de
pMDI par échantillon). Tous les échantillons contenant du PP voient leur chaleur de
réaction totale (∆H) diminuer ce qui indique une baisse de réactivité. Ce phénomène
s’explique bien par l’analyse DSC d’un mélange pMDI/PP qui ne révèle aucune
réticulation de l’adhésif mais uniquement le point de ramollissement du PP (courbe
exothermique). Le thermoplastique et le pMDI ne réagissent pas ensemble. Au
contraire le bois sous formes de fibres MDF ou de sciure de B.R permet à l’adhésif
de polymériser. Ce sont les groupes hydroxyles du bois qui permettent l’initiation de
la réaction (formation d’uréthane). Le ∆H obtenu pour le mélange pMDI/B.R
moitié-moitié est plus élevé que celui du mélange pMDI/MDF (178 Jg-1 pour 147
Jg-1). L’adhésif semble avoir une plus forte réactivité avec la sciure de B.R.
2.2.2.4 La cire
Une faible proportion de cire (paraffine ou stack wax) est ajouté lors de la
fabrication. Elle sert de lubrifiant. De plus, c’est un agent dispersif hydrophobe. La densité
de la cire est de 0,8.
Figure 2-8 : Les trois types de WPC réalisés (a. mélange homogène b. stratifié c. mixte)
61
Les composites mixtes sont tout simplement formés de matelas fibreux bois/PP1
dans lesquels des films LDPE sont intercalés (figure 2-8c).
62
Le plan d’expérience comprend trois modalités pour le PP2 (de plus faibles
dimensions que PP1) à l’intérieur desquelles il peut être ou non ajouté un certain
pourcentage de l’agent de couplage. Les mélanges contiennent tous en majorité des fibres
de bois, qui sont : soit des fibres MDF2 ; soit des MDF2 et des fibres F.L ; soit des MDF2 et
de la sciure B.R.
PPP2 0 15 30
avec 0 ou 3% de MAPP avec 0 ou 3% de MAPP
Pbois 100 85 70
PMDF2* 100 75 100 75 100 75
PF.L* 25 0 25 0 25 0
0 0 0
PB.R* 0 25 0 25 0 25
Seules les combinaisons en gras ont été réalisées pour des raisons purement techniques et
logistiques. Cela est uniquement dû à des problèmes rencontrés lors de la réalisation
(notamment la limitation de la quantité de certaines matières premières et l’accès aux
équipements spécifiques).
Ce type de plan d’expérience est un plan factoriel qui est malheureusement incomplet au
niveau des résultats. Un tel dispositif expérimental est toutefois soumis à certaines règles
qui ont été suivies le plus méticuleusement possible. Ces règles ou principes de
planification d’expérience sont la distribution aléatoire, le contrôle local et l’utilisation de
63
répétitions des unités expérimentales (principes de Fisher, Cochran et Cox, 1957). Cette
démarche va nous permettre l’emploi d’analyse statistique autre que les simples statistiques
descriptives.
Les panneaux de fibres de moyenne densité se fabriquent en plusieurs étapes. Ces étapes
sont globalement les mêmes pour tous les produits MDF commerciaux (MDF, 1998).
5. Les fibres sont conformées pour obtenir un matelas par dépôt, répartition et
aplanissement. Par la suite, le matelas est consolidé à froid puis découpé aux bonnes
dimensions.
6. La cohésion et les caractéristiques du panneau, par polymérisation du mélange
collant, sont assurées par le cycle de presse. La technologie utilisée est soit statique
(presse multi-étage), soit continue (défilement des matelas). La thermo-activation de
la colle UF est faite à environ 180°C en surface. Le cycle permet d’obtenir un profil
de densité tel que les surfaces soient beaucoup plus denses que le centre (1,1 pour
0,75 de densité moyenne). L’état de surface est meilleur ainsi que les propriétés de
flexion.
7. L’opération de finition consiste à refroidir et stabiliser les panneaux en humidité
puis à les calibrer et enfin les poncer. Le ponçage ou sablage permet en particulier
d’avoir la densité maximale en surface et donc une porosité moindre aux zones
exposées.
Dans les paragraphes suivants, nous allons voir comment a évolué ce processus pour être
adapté aux WPC.
Le calcul des proportions pour les mélanges homogènes est effectué en fraction
massique. La quantité d’eau est importante, et par conséquent doit être clairement
identifiée. En effet, l’eau est présente dans le bois sous la forme d’humidité, et doit être en
quantité adéquate lors de la fabrication. Une trop grande proportion d’eau nuirait au
processus de polymérisation et à la cohésion alors qu’un manque d’eau nuirait au transfert
thermique à l’intérieur du panneau lors du pressage.
Voici les principaux critères pris en compte lors des calculs de proportions des ébauches
des WPC2 :
M
C= 0i
×100 en% Éq. 2-2
i
M 0 BP
Dans cette équation, i est le composant considéré et M0BP la masse anhydre de bois
et de thermoplastique (i.e. M0BP=M0B+M0P+M0A avec M0B=M0MDF+M0F.L+M0B.R).
M0B pour le bois, M0P pour le PP et M0A pour l’agent de couplage MAPP.
• La masse volumique des panneaux est apparente et donnée pour une certaine teneur
en humidité H qui doit être spécifiée.
MH
ρ apparente, H = en kg / m 3 Éq. 2-3
VH
• Le liant pMDI est sous forme liquide mais n’est pas une solution aqueuse comme
peut l’être l’urée formaldéhyde.
Une fois ces critères explicités, un résumé de la quantité en pourcentage attribuée à chaque
composante est montré au tableau 2-8.
La teneur en thermoplastique est variable car c’est l’un des paramètres du plan
d’expérience, la teneur en agent de couplage est directement reliée à la teneur en
thermoplastique. Ces concentrations sont calculées sur la masse anhydre de bois et de
plastique M0BP (masse anhydre référence).
M
M = HPa
en kg
0 BP
(( X EAU
(
+ 1)* 1 + C CIRE + C L )) Éq. 2-4
Afin d’avoir une idée précise des proportions et des masses réelles nécessaires à
l’élaboration d’un WPC2, les composition massique et en proportion de l’ensemble des
panneaux composites envisagés sont résumés dans le tableau 2-10.
67
MP 0 0,2528 kg 0,5055 kg
CP 0 0,15 ou (0,12+0,03 MAPP) 0,3 ou (0,27+0,03 MAPP)
La démarche est sensiblement la même pour les composites mixtes (issus du plan
d’expérience préliminaire) avec toutefois une attention particulière pour le calcul de la
composante plastique puisqu’il y a présence de films et de fibres.
68
Figure 2-10 : Vue intérieure du mélangeur rotatif ; matelas fibreux (LRBB, France)
Le mélange est ensuite conformé sous la forme d’un matelas fibreux pré-pressé à
température ambiante (figure 2-10). La conformation est une étape simple où le souci
principal est d’avoir une bonne répartition manuelle des fibres (« handsheet forming »). Il
s’ensuit un pré-pressage pour obtenir un matelas d’épaisseur raisonnable dans lequel un
thermocouple est inséré (au cœur du matériau). Ce pré-pressage s’effectue dans un caisson
aux dimensions requises par la petite presse expérimentale conçue pour ce projet au LRBB.
69
Les ébauches sont contraintes à mesurer 180 mm par 180 mm soit une surface de 0,0324
m2. L’épaisseur visée est de 7 mm afin d’obtenir des pièces d’un facteur de forme
acceptable pour considérer qu’il s’agit d’éprouvettes de type poutre (soit un rapport
supérieur à 18 selon NF EN 310 B51-124).
Une fois prêt, il ne reste plus qu’à distribuer la cire puis à encoller au pMDI et à
ajouter la quantité d’eau suffisante. Ces trois étapes se déroulent dans la même matinée et
juste avant la mise sous presse. L’ensemble subit donc un brassage supplémentaire lors de
l’ajout d’eau puis lors du dépôt de la cire et de l’adhésif. L’encollage au pMDI est
dangereux et nécessite le port d’un masque à gaz avec filtre et un mélangeur confiné
(Matériel FORINTEK©). Vu les dimensions du mélangeur il faut une certaine quantité de
matière pour espérer avoir une distribution homogène de la colle. Cette condition impose
que l’on fasse des mélanges pour trois panneaux identiques (soit plus de 6 kg) ce qui a
fortement compliqué la réalisation du plan d’expérience. La composition des panneaux
étant complexe le tableau 2-11 propose une indexation des WPC2.
PP Ø 15 % 30 %
MAPP sans Ø 3% Ø 3% Ø 3% Ø 3%
0 0 15 15 15 15 30 30 30 30
Mélanges 100 75 100 100 75 75 100 100 75 75
0 0 0 3 0 3 0 3 0 3
En gras l’indexation des composites réalisés (par exemple : l’index 15,75,3 correspond à un mélange
contenant 75% de fibres MDF parmi les fibres de bois, 15% de PP2 dont 3% sont substitués par du MAPP).
70
Au même titre que les ébauches des WPC1, les matelas fibreux sont compactés, à
température ambiante, aux dimensions requises pour la presse de l’Université Laval. La
prise de la température au cœur du matériau, qui est une donnée très importante, est assurée
par un thermocouple.
Ces panneaux composites WPC2 sont fabriqués selon les dimensions de la presse. Le
panneau a donc une surface de 0,2576 m2 (soit 0,56 m par 0,46 m) nettement supérieur aux
WPC1. La densité du composite se doit de rester dans le domaine des panneaux de fibres de
densité moyenne, c’est pourquoi la cible retenue est de 0,7 à 8% de teneur en humidité. Le
standard d’épaisseur choisi est onze millimètres. C’est à partir de ces considérations et du
plan d’expérience mis en place que ces panneaux ont été élaborés.
La multiplicité des paramètres rend l’optimisation fastidieuse. C’est pourquoi dans notre
projet nous avons privilégié la reproduction la plus proche possible d’un cycle classique de
MDF. L’influence des paramètres de mise en forme et du comportement du bois lors de ce
procédé, sur les propriétés d’un panneau de bois, relié à sa densité, ont fait l’objet de
nombreux travaux (Wang et al, 2001ab ; Dai, 2001 ; Pritchard et al, 2001ab ; Winistorfer
et al, 2000 ; Bolton et al, 1989abc ; Humphrey et Bolton, 1989 ; Haselein, 1998 ; Dai et
Steiner, 1993 ; Irle, 1999 ; Ramli, 1995 ; Suchsland, 1967 ; Zombori et al, 2001 ; Thoemen
et Humphrey, 1999 ; Suo et Bowyer, 1994).
Température
Comportement rhéologique
Teneur Pression
Réticulation de l’adhésif en humidité de vapeur densification
Contraintes
de relaxation
Propriétés du produit
Temps sous presse
Consomnation énergétique
Figure 2-11 : Principaux paramètres influençant les composites à base de bois pendant et
après mise en forme (adapté de Bolton et Humphrey, 1988)
assez proche du profil idéal en forme de U. La durée du cycle est gouvernée par la
température au cœur du matériau (durée inférieure à 10 minutes). Cette dernière doit être
suffisante pour ramollir le thermoplastique afin qu’il diffuse correctement.
L’allure du cycle de presse est schématisée par la figure 2-13. Les courbes caractéristiques
de fabrication révèlent des comportements types pour chaque sorte de matériau. Cela
dépend des propriétés propres du polymère utilisé, de sa proportion dans le matériau, ainsi
que de sa distribution spatiale. Le procédé de fabrication se divise en quatre phases
distinctes :
• Phase I : densification des faces (pression de l’ordre de 3 MPa appliquée à vitesse
élevée, suivie d’une décharge partielle)
• Phase II : mise à épaisseur finale de l’échantillon (pression inférieure au premier
pic)
• Phase III : relaxation partielle due à la polymérisation de l’UF
• Phase IV : relaxation secondaire due au ramollissement puis à la diffusion du
thermoplastique.
73
Pression
Température
Température àcroissante au coeur
cœur croissante
I II III IV
Temps
C’est donc un cycle peu modifié qui a été appliqué à l’ensemble des WPC2. Il faut noter que
la principale différence est le taux de compression du matelas lors de la phase de
surdensification. Il est plus élevé dans notre cas, ce qui amoindrit la surdensification des
surfaces (on passe d’un taux de 145% à un taux proche de 200% : épaisseur à la fin de la
première phase divisée par l’épaisseur finale en %). La stratégie globale du cycle de presse
est commune à tous les WPC2.
74
La figure 2-14 rend compte de la recherche des paramètres d’un cycle acceptable. Chaque
courbe décrit le cycle d’un panneau composite avec trois courbes représentant
l’optimisation du cycle sur des panneaux MDF2/pMDI et une courbe caractéristique des
WPC2. Il faut noter que les paramètres du cycle du panneau MDF2/pMDI référence sont la
base de l’ensemble des cycles des WPC2. La différence la plus remarquable est la durée du
cycle qui tient compte, pour les WPC2, de la nécessité de ramollir le thermoplastique lors de
la consolidation. Les courbes de la température au cœur du matériau sont des témoins
importants de l’état physique du thermoplastique lors du cycle de presse.
Le cycle des WPC2 fournit moins d’information que celui observé pour les WPC1 car ce
dernier procède d’un contrôle en position (qui ne nécessite pas la fermeture de la presse sur
des cales), contrairement au contrôle indirect du déplacement par la vitesse du vérin. La
force, appliquée en fin de cycle, est donc fonction des contraintes internes du panneau. Ceci
nous donne la capacité d’observer l’influence de la diffusion du thermoplastique dans le
matelas fibreux après ramollissement (phase IV, figure 2-13).
Le cycle n’est autre que la pression hydraulique exercée sur le matelas par l’intermédiaire
des plateaux chauffants. La température des plateaux est de 205°C ce qui correspond à une
température de 195°C à la surface du panneau. On distingue deux phases dans ce cycle, une
75
première phase très courte de densification des surfaces du panneau et une deuxième phase
plus longue. Cette deuxième phase constitue la phase classique de polymérisation de la
colle (et c’est tout ce qu’elle contient pour la référence MDF2/pMDI, hormis la
décompression) puis une phase de ramollissement du thermoplastique et enfin une
décompression par palier. Le déroulement du cycle est programmé en vitesse et en temps.
Tout d’abord il y a une descente rapide des plateaux pendant 30 secondes, le taux de
compression est proche de 200% puis une lente descente de 2 minutes jusqu’à l’épaisseur
finale et enfin un maintien de la position pendant 6 à 10 minutes (ceci n’est valable que
pour les panneaux contenant un thermoplastique). Le but de ce découpage est d’obtenir
certains phénomènes qui sont dans l’ordre chronologique : la surdensification des faces du
panneau, la polymérisation de la colle pMDI et enfin le ramollissement du thermoplastique
et sa diffusion dans le matériau (amélioration de l’interpénétration). Le cycle ne rend pas
compte des relaxations puisque l’on impose à la presse d’être fermée sur les cales avant la
décompression.
(°C) )
coeur(°C
200
auàcœur
160
Tem pérature
Température
120
80
monte régulièrement jusqu’à des températures supérieures à 150°C, pour les WPC2
contenant du plastique. Le point de fusion du polypropylène se situe aux alentours de
162°C. La courbe de température varie plus ou moins en fonction de l’allure du cycle,
surtout en ce qui concerne la longueur du plateau à 100-120°C.
2.5 Conclusion
Les matériaux bruts employés dans nos WPC2 ont selon leur catégorie une nature et
un comportement qui leur est propre. Ces distinctions ont été mises en exergue au mieux de
nos capacités d’analyses. Il est apparu clairement que les compositions massiques des
constituants naturels s’avèrent très différentes des compositions surfaciques. Les fibres
longues (F.L), choisies pour leurs grandes dimensions et leur facteur de forme élevé,
possèdent une surface assez différente du bois massif et réellement différente de celle de la
sciure de bois rétifié, choisie pour ces capacités hydrophobes. Cette observation est capitale
en terme d’interaction et de capacité d’adhésion des matériaux les uns avec les autres. Ce
point sera le sujet du prochain chapitre.
Le procédé d’élaboration des WPC est une adaptation assez fidèle du procédé des panneaux
MDF avec cependant l’apparition des difficultés liées à la présence du thermoplastique. Ce
processus de consolidation n’est pas anodin car il joue, comme nous le verrons par la suite,
un rôle important sur le comportement physico-mécanique des composites notamment de
par l’architecture structurale qu’il engendre.
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Chapitre 3
Adhésion des WPC
3. Adhésion des WPC : Amélioration de l’interface
Tout au long des chapitres précédents nous avons évoqué l’adhésion et les
propriétés d’interface ou de surface des composites bois polymère (WPC). Nous allons
présenter et discuter les principaux aspects liés à l’adhésion ainsi que son rôle. Enfin, nous
exposerons un procédé original de modification d’interface développé pour améliorer la
cohésion de nos WPC.
L’interaction entre deux constituants d’un composite peut se décrire par le travail
d’adhésion. Le travail d’adhésion (Wad) correspond à la somme des énergies superficielles
83
des deux composants diminuée de l’énergie interfaciale. Cette grandeur représente le gain
d’énergie obtenu par le recouvrement d’un composant par l’autre et est donnée par la
relation de Young-Dupré. Elle dépend de l’angle de contact θ établi entre les deux
constituants et de l’énergie libre γm appelée tension de surface (Kinloch, 1987).
En terme d’énergie de surface, il y a l’énergie libre de surface non polaire résultant des
forces dispersives de London et l’énergie de surface polaire résultant d’interactions du type
dipôle-dipôle, dipôle induit et liaison hydrogène. Le rôle du mouillage apparaît donc
primordial pour l’adhésion de l’interface qui est le lieu privilégié du transfert des
contraintes entre la matrice et le renfort (Fiedler et al, 1998). Si l’on considère un matériau
neutre comme le polypropylène qui n’est capable que d’interactions de dispersion, le travail
d’adhésion sera uniquement déterminé par l’énergie de surface dispersive des deux
composants. Au contraire, les fibres cellulosiques possèdent une énergie de surface
majoritairement polaire. Les tensions de surface de différents bois oscillent entre 40 et 54,3
mJ/m2 (approche de Lifshitz-van der Waals/acide-base et autres ; Gardner, 1996). Il faut
aussi noter le caractère faiblement acide du bois en général (pH : 4,3-5,9). La température,
de par l’agitation moléculaire, entraîne une réorientation des macromolécules et une
migration des extractibles vers la surface dont l’énergie est modifiée selon Gardner et al
(1995).
C’est donc en gardant à l’esprit ces notions qu’il faut appréhender l’interface
bois/polymère.
BOIS BOIS
L’adhésif pMDI est mécaniquement lié L’adhésif PF est pris dans le bois
et chimiquement lié au bois Le lien est uniquement mécanique
amine. Il est intéressant de noter que la lignine réagira beaucoup plus rapidement que
l’holocellulose (meilleure accessibilité des sites ; Joly, 1995).
O H
Compte tenu de cette incompatibilité et des problèmes qui en découlent, il est apparu
nécessaire de mettre au point des solutions palliatives via l’usage de traitements ou
d’additifs (§3.1.2).
86
Les agents dispersifs (cires, paraffine) sont largement utilisés dans les composites à base
de bois qu’ils soient ou non associés à des polymères thermoplastiques. D’autres additifs
comme les élastomères et les plastifiants sont utilisés. Ces produits agissent sur des
propriétés spécifiques qui entraînent des modifications de surface permettant d’améliorer
directement le composite ou indirectement en facilitant sa fabrication (changements des
paramètres du procédé : baisse de la température, homogénéisation du mélange, diminution
des contraintes mécaniques lors du processus). De nombreux travaux sur les WPC traitent
des effets de ce type de modification et des améliorations qui en découlent.
Les traitements par décharges électriques (corona, plasmas froids) sont très efficaces sur
les polymères non actifs comme les polyoléfines. La modification des fibres cellulosiques
par ce type de méthode a connu plusieurs succès dans le cadre d’études sur les composites
WPC (propriétés mécaniques, réduction de la viscosité au point de fusion). Le traitement
Corona, ou effet couronne, est une technique d’activation de surface par oxydation. Cela se
traduit par une augmentation de la concentration des groupements aldéhyde lors de
l’activation de la surface du bois. On obtient sensiblement le même type d’action avec les
87
La mercerisation, bien que ce ne soit pas vraiment une technique ‘physique’, est une
ancienne technique de modification chimique couramment pratiquée par l’industrie textile
du coton. Il s’agit d’un traitement alcalin en température qui tend à être adapté aux fibres
naturelles. Certaines caractéristiques mécaniques et d’absorption sont améliorées par la
mercerisation. L’estérification de la cellulose par substitution des groupes hydroxyles a
aussi été traitée par de nombreuses études (Jandura et al, 2000ab ; Hon et Chao, 1993 ;
Hassan et al, 2000).
L’irradiation par Ultra-Violet semble une méthode alternative simple et intéressante pour
greffer les surfaces polymères, notamment si l’on souhaite fonctionnaliser la surface de la
cellulose (Uyama et al, 1993).
• les faibles couches limites qui sont éliminées par les agents de couplage ;
• les couches déformables qui sont produites par les agents de couplage. Ces couches
sont solides et flexibles ;
• les couches contraintes qui correspondent à l’interphase fortement réticulée,
développée par l’agent de couplage. Le module de l’interphase est intermédiaire
entre le polymère et le substrat ;
• le mouillage qui est amélioré via la diminution de l’angle de contact entre les deux
matériaux ;
• les liaisons chimiques qui sont créées par les agents de couplage sous la forme de
liaisons covalentes (distance interatomique et haute énergie) entre le polymère et le
substrat ;
• les effets acido-basiques qui sont une altération de l’acidité de la surface du
substrat par l’agent de couplage.
Ces mécanismes de couplage sont complexes, et au même titre que l’adhésion, ne peuvent
s’expliquer par l’unique théorie des liaisons chimiques. A l’instar de ces mécanismes de
couplage, il existe aussi un certain nombre de techniques capables de générer ces
couplages.
Les agents de couplage proprement dit se divisent en trois grandes catégories : les
organiques, les inorganiques et les organiques-inorganiques. Datant du début des années
soixante, ce n’est qu’à la fin de cette décennie que l’on suggère l’utilisation d’un agent de
couplage pour améliorer les propriétés mécaniques des composites bois/polymères.
89
Les agents de couplage organiques sont les plus utilisés pour les produits à base
de bois. Ceux qui sont employés dans les WPC disposent dans leurs structures moléculaires
de groupes bi- ou multifonctionnels. Ce sont ces groupes qui interagissent avec les groupes
polaires de la cellulose et de la lignine pour former des liaisons covalentes ou hydrogènes :
MAPP
Matière cellulosique
=
Matière cellulosique
Cependant l’imprégnation s’est avérée une solution intéressante dans le cas de composites
WPC à matrice PS ou PVC (Bledzki et Gassan, 1999 ; Gatenholm et al, 1992).
Il est intéressant de noter que certains silanes sont hydrophiles. Ils modifient donc la
tension de surface en conséquence. Ceci appauvrit l’adhésion et peut expliquer le faible
intérêt des silanes dans les WPC. Néanmoins, il existe des solutions comme le mélange de
silanes hydrophiles et hydrophobes. Certains silanes sont entièrement hydrophobes et
augmentent l’adhésion aux matrices polyoléfiniques.
Les travaux de Timar et al (2000ab), portant sur des préparations de bois avec des
propriétés thermoplastiques, sont de bons exemples de tentatives de thermoplastification du
bois.
93
Le traitement par enrobage est employé de quatre façons différentes dans les procédés de
fabrication des WPC. Ces méthodes sont le ‘compounding’, le mélange, l’imprégnation et
la projection. Il existe différents procédés du mélange. Le mélange direct à chaud des fibres
et du polymère tel le moulage par injection ou l’extrusion. On peut aussi effectuer un
malaxage des fibres et du polymère prétraités ou non traités (enrobage ou copolymérisation
par greffe). La greffe par copolymérisation a déjà été présentée (§3.1.2.2.1).
Par la suite, nous présenterons une méthode originale de mise en œuvre de l’agent
de couplage MAPP (§3.2) dans les composites fibres de bois/fibres de polypropylène
réalisés au cours de ce projet.
comme le MEB, est suffisamment puissante, pour permettre une observation détaillée des
fibres, de leurs surfaces, de leurs parois, ainsi que de la morphologie de l’interface avec une
très grande résolution. C’est certainement la technique la plus largement utilisée lors de
l’étude des WPC (Shaler et al, 1995 ; Mott et al, 1995 ; Oksman et Clemons, 1998 ;
Sreekala et al, 2001 ; Sreekala et al, 2002 ; Malhberg et al, 2001 ; Boeglin et al, 1996 ;
Timar et al, 1999 ; Aranguren et al, 2000 ; Rosenqvist, 2001 ; Smith et al, 2002 ; Backman
et Lindberg, 2002 ; Sain et al, 1994). Il faut noter que le bois n’est pas un composé adapté à
cette microscopie puisqu’il est nécessaire de métalliser le bois au préalable, bien qu’il
existe maintenant des microscopes de type « environemental » où la métallisation est moins
poussée. Les techniques, dites spectroscopiques, donnent, quant à elles, davantage
d’informations sur la nature ou la composition chimique de l’adhésion (FTIR : Hassan et
al, 2000 ; Kazayawoko et al, 1999a ; IR : Timar et al, 2000ab ; XPS : Matuana et al, 2001 ;
RMN : Jandura et al, 2000b ; rayons X : Kazayawoko et al, 1999b). La spectroscopie XPS
détaillée au §2.2.1.2 a mis en évidence les spécifités des surfaces composant nos WPC. Les
analyses thermiques de type DSC, TG, TMA ou DMTA sont précieuses en ce qui concerne
l’évaluation des liaisons crées lors d’une cinétique de température. La compréhension de la
réticulation des adhésifs, utilisés pour les WPC, doit beaucoup à ces techniques (Kamoun et
al, 1998 ; Follensbee, 1990 ; Follensbee et al, 1993 ; Frazier et Jianwen, 1998 ; Steiner,
1987 ; Park et al, 1999 ; He, 2003 ; Onic et al, 1998). La réticulation du pMDI avec les
autres constituants de nos WPC a été traitée par analyse DSC au §2.2.2.3.
La caractérisation des possibilités de liaisons à l’interface peut aussi s’effectuer via des
techniques plus spécifiques comme l’angle de contact ou la chromatographie gazeuse
inversée (IGC : Schreiber et Lloyd, 1989). Dans ce cas particulier, il s’agit de techniques de
caractérisation de surface, pas d’interface. Les grandeurs mesurées sont celles qui sont
présentées dans l’expression du travail d’adhésion (équation 3-1). Selon Riedl et Matuana
(2001), l’IGC, bien que plus délicate à mettre en œuvre, se révèle plus précise et plus
sensible que l’angle de contact, notamment en ce qui concerne les sites de hautes énergies
et les substrats très poreux ou poudreux. L’analyse de WPC, avec des surfaces modifiées ou
non, par la chromatographie gazeuse inversée a permis à Zafeiropoulos et al (2002) de
vérifier les possibilités de liaisons à l’interface.
95
Toutes ces méthodes de caractérisation peuvent être associées afin d’optimiser les
résultats obtenus. Elles sont complémentaires, et même si elles fournissent parfois des
informations similaires, les moyens employés diffèrent. La complexité des mécanismes
d’adhésion nécessite cette diversité qui peut, à l’occasion, ne pas s’avérer totalement
efficace.
Si l’optimisation des composites WPC est souhaitée, il est évident qu’il faut profiter au
mieux de l’association des constituants et de leurs performances. La qualité de cette
association passe par l’interface. C’est pourquoi il nous a semblé judicieux de décrire les
96
mécanismes en jeu dans l’adhésion. Du point de vue mécanique, il est important de rappeler
que l’interphase est le lieu privilégié du transfert des contraintes entre la fibre cellulosique
(le renfort) et le polymère synthétique, communément appelé la matrice (Banerjee et al,
2002).
Les techniques d’enrobage nécessitent de déposer une mince couche de MAPP (quelques
molécules) sur la surface désirée. La réalisation de ce dépôt implique dans notre cas que le
MAPP soit en solution. Après de nombreux essais, le toluène est apparu comme le meilleur
solvant. Toutefois, cela nécessite un apport de chaleur assez conséquent, et le MAPP est
alors rapidement soluble dans le toluène pour une température d’environ 80-85°C. Tant que
la solution est maintenue à une température proche de 85°C, il y a évaporation du toluène
mais la solution reste très peu visqueuse. Si la température chute, il se forme un gel, puis
après une évaporation totale du toluène un précipité apparaît (sorte de poudre compacte).
Ce phénomène est d’autant plus rapide que la chute de température est violente.
dimensions (de capacité 20 litres) capable de projeter une solution contenant le MAPP sur
des fibres de polypropylène a été conçu. La diffusion de la solution est assurée par une buse
tel qu’illustré à la figure 3-4.
D’un coté se trouve une entrée de gaz pressurisé (génératrice d’un faisceau
projecteur diffus) et de l’autre l’entrée de la solution, qui est elle-même entraînée par un
98
gaz pressurisé et par la gravité. L’ensemble du processus se fait sous une hotte aspirante
pour éviter l’inhalation des émanations de toluène.
M APP T o lu è n e M A P P e n s o lu tio n
8 5 °C
+
Lors des premiers essais avec le MAPP en solution dans le toluène un problème
majeur est apparu. L’air sous pression refroidit dramatiquement la solution qui forme un gel
puis un solide ce qui bouche la sortie de la buse et le circuit d’alimentation. Le fait que la
99
solution soit chauffée n’est pas suffisant, le système de gaz sous pression et le réceptacle de
la solution sont donc chauffés. Les conditions d’utilisation devenant quelque peu
dangereuses, l’air est alors remplacé par de l’azote, un gaz inerte, afin d’éviter tout risque
d’explosion.
Une fois ces modifications effectives, le procédé se déroule selon les étapes suivantes :
Fibres PP2 enrobées au MAPP (1) 99,4 (0,1) 0,6 (0,1) --- ---
Fibres PP2 enrobées au MAPP (2) 98,2 (0,1) 1,4 (0,1) --- 0,4 (0,1)
(1) première série de mesure.
(2) deuxième série pour vérification et confirmation des résultats.
figures 3-6a, et b sont faites sur les fibres « PP2 enrobé au MAPP » (b) et sur une capsule
contenant à la fois du PP2 et du MAPP. L’allure de ces courbes est identique, ce qui
indique qu’il y a présence de MAPP sur les fibres de PP2. Le premier pic, qui n’apparaît
pas sur la figure 3-6a pour des raisons d’échelles, est bien présent sur l’analyse de la figure
3-6b. Ce comportement thermochimique n’existe pas pour des fibres de PP vierges, et de
plus correspond au pic observé pour le MAPP seul à des températures équivalentes (140-
145°C).
Le premier objectif est donc atteint, l’enrobage est efficient. Cependant, il serait intéressant
de quantifier exactement la quantité de MAPP déposée à la surface des fibres. Une tentative
de mise en correspondance de la grandeur thermodynamique ∆H (chaleur de réaction totale
par unité de masse) avec les masses des différents constituants a été entreprise. En effet, il
est possible de contrôler précisément les masses de PP et MAPP testées dans les
échantillons que sont les capsules remplies de MAPP (granulé) et de PP2 (fibres vierges).
Malheureusement, la comparaison a été rendue impossible car il n’y a jamais eu
conservation des bilans massiques. L’explication, de cette non conservation, provient
probablement d’une modification de la structure même des échantillons. Lors de l’enrobage
et de la mise en solution du MAPP, il est probable que la cristallinité des produits ait été
modifiée, et par conséquent le taux de matière capable de réagir au test DSC. Il n’est donc
pas possible, dans notre cas, de déterminer de manière simple le taux d’enrobage avec une
méthode DSC. Cependant, cette technique a révélé et confirmé la présence de MAPP dans
les échantillons de fibres de PP2 enrobées de MAPP, résultat visuellement observé au
préalable.
Quoiqu’il en soit, cette investigation s’est avérée bénéfique car nous sommes désormais
renseignés de manière formelle sur le type d’interface que nous avons créé.
Figure 3-7 : Photos MEB de la modification des fibres par enrobage au MAPP
Figure 3-8 : Goutte d’eau à l’équilibre sur une surface solide (adapté de Kinloch, 1987)
La figure 3-8 est directement reliée à l’équation de Young (équation 3-2). L’angle de
contact θt prend l’indice t pour indiquer à quel moment il a été mesuré. En effet, l’angle
évolue avec le temps et l’absorption du substrat.
A l’aide d’un dispositif binoculaire avec caméra couplée à un système d’acquisition, des
mesures d’angles de contact de l’ensemble des WPC2 ont été réalisées grâce au logiciel
Photoshop (figure 3-9). Il s’agit d’un système proche d’un goniomètre.
La goutte d’eau est de volume constant et de dimensions modestes pour que l’angle soit
indépendant de la taille de la goutte. La goutte est appliquée grâce à une seringue de
précision, son volume est d’environ 0,01 ml.
Voyons si nous pouvons établir un lien entre la capacité d’adhésion et les mesures de
mouillabilité. S’il est question de la mouillabilité de la surface des WPC2 et non des
constituants, ceci implique que les effets soient combinés et donc moins facilement
identifiables. Les résultats des mesures d’angles de contact sont résumés dans le tableau 3-
2. La mesure de l’angle a été effectuée toutes les 30 secondes sur une période de 2 minutes
30 secondes.
Tableau 3-2 : Angles de contact dynamiques des WPC2 avec l’eau (méthode de la goutte)
Angles de contact (°)
WPC2
0 s* 30 s 60 s 90 s 120 s 150 s
Référence 124,3 123,0 121,6 120,8 119,9 118,8
MDF/pMDI 6,43 5,67 6,47 6,5 6,47 6,66
Ces résultats ont fait l’objet, comme la majorité des résultats de cette étude, d’une analyse
statistique de type ANOVA (analyse de variance). Par la suite, nous allons décrire en détail
le type d’analyse statistique et les spécificités s’y rattachant au §4.1.4. Pour les angles de
contact, seuls les résultats seront discutés, l’analyse statistique complète se trouve dans
l’annexe A, tableau A-12.
La première remarque sur le tableau 3-2 est la relative stabilité des valeurs des angles de
contact au cours du temps pour l’ensemble des WPC2. Comparativement au bois massif, les
panneaux composites absorbent beaucoup moins vite, de sorte que, au bout des 150
secondes les gouttes conservent très largement leur géométrie. Les angles diminuent
106
Le fait que certaines valeurs sont très proches voir supérieures pour θ30s par rapport à θ0s
s’explique par l’incertitude expérimentale et la durée pendant laquelle la goutte se stabilise
après son dépôt.
La comparaison entre le composite référence MDF/pMDI et les autres WPC2 est très
significative du point de vue statistique pour chacun des θt. Globalement, les panneaux de
référence comportent les plus petits angles et sont donc les moins hydrophobes. Cette
constatation est somme toute logique puisque la composante thermoplastique est fortement
hydrophobe.
Les autres comparaisons, bien que statistiquement significatives, mettent en évidence des
différences qu’il est difficile d’interpréter dû à la combinaison des facteurs. Ceci renforce
l’idée que la colle joue, tout de même, un rôle prépondérant dans l’hydrophobicité des
WPC2. La présence de bois rétifié n’a pas été identifiée comme un facteur significatif par
rapport à la présence de F.L. Il est important de noter que les surfaces sont analysées avec
un nombre de gouttes restreint (une dizaine d’angles mesurés par type de composite). Il est
évident qu’un plus grand nombre de types de composites permettrait de séparer davantage
les facteurs impliqués.
Dans la littérature, les études sur l’angle de contact du matériau bois proposent
l’utilisation de la méthode du plateau de Wilhelmy (Gardner et al, 1991 ; Pétrissans et al,
2003). Cette technique permet d’obtenir un angle de contact en avançant et en reculant par
immersion d’un substrat rectangulaire dans l’eau. Elle a l’avantage d’effectuer ses mesures
sur une grande surface comparativement aux gouttes. Elle est généralement dévolue à
l’analyse de la surface lisse et sans défauts des polymères. L’analyse d’un matériau poreux
comme le bois ou ses dérivés pose une difficulté majeure : l’absorption due à la porosité.
En effet le principe de cette méthode est basé sur la mesure d’une force grâce à une balance
très précise. Malheureusement, l’absorption modifie beaucoup la masse, les dimensions des
échantillons au cours du test, et donc influence la mesure de la force. Il convient donc
d’être extrêmement prudent lors de l’usage de cette technique sur un substrat
hygroscopique et poreux. Pour ces raisons, plus que des valeurs d’angles de contact
proprement dites, Gardner et al (1991) ont, dans un premier temps, évalué l’eau absorbée
par comparaison entre les angles en avançant et en reculant. Puis, par la suite, ils ont été
jusqu’à déterminer les tensions de surfaces de contre-plaqués en mesurant la mouillabilité
versus différents liquides (courbes de Zisman). Les travaux de Pétrissans et al (2003)
portent sur des bois traités thermiquement. Les angles sont mesurés avant et après
traitement avec la méthode précédente. Le traitement améliore de beaucoup l’angle en
avançant qui peut atteindre jusqu’à 88,9°. Fort de ces études antérieures, les angles de
contact des WPC2 ont aussi été mesurés par la méthode de Wilhelmy. Les résultats obtenus
sont, cependant, peu convaincants. Ils sont mêmes contradictoires avec les précédents
résultats sur les WPC2 obtenus par la méthode de la goutte. La très grande porosité et la
rugosité de la surface des panneaux composites WPC est certainement à l’origine de ces
résultats différents. Il semble donc que cette technique soit à déconseiller pour les panneaux
fibreux, même s’ils sont plus hydrophobes qu’un bois massif. C’est d’ailleurs le cas de nos
composites. Les travaux de Wålinder et Johansson (2001) et Wålinder et Ström (2001) font
état de phénomènes perturbant la mesure pour la technique de Wilhelmy. « Wicking
effects » soit l’absorption capillaire, la contamination de l’eau par les extractibles, la
rugosité, le gonflement et autres hétérogénéités seraient à l’origine des difficultés
rencontrées.
108
A ce stade, il semble avisé de se contenter des résultats d’angles de contact obtenus par la
méthode de la goutte. La méthode de Wilhelmy sur des panneaux fibreux nécessiterait de
faire une étude précise sur les potentialités de son application.
3.4 Conclusion
Le rôle de l’adhésion est capital car les interactions entres les surfaces des
constituants gouvernent pour partie le comportement physico-mécanique des composites.
Le transfert de contraintes de la matrice vers le renfort est dépendant de la qualité de
l’interface. Les thermoplastiques comme le PP ou le PE sont très peu ou pas du tout réactifs
ce qui nécessite l’emploi d’un agent dispersif et d’un agent de couplage pour améliorer
l’interface. L’agent dispersif est usuel pour les panneaux de fibres de bois. L’agent de
couplage, le MAPP, est l’agent le plus employé dans les WPC mais c’est la technique
d’application, la distribution et la localisation qui sont originales dans ce projet. Nous avons
ciblé le dépôt, contrairement aux distributions aléatoires usuelles, afin d’optimiser
l’efficacité de l’enrobage. La technique de dispersion en solution du MAPP dans du toluène
n’est pas optimale, elle s’avère pourtant efficace aux vues des résultats du MEB et des
résultats de cohésion qui seront présentés au §4.2.4. Malgré plusieurs tentatives (XPS,
DSC, MEB) il s’est avéré impossible de caractériser quantitativement l’enrobage avec les
outils dont nous disposions. Les indications qualitatives sont par contre précises puisque
l’analyse DSC confirme formellement la présence de MAPP sur les fibres de PP et que les
images MEB révèlent la distribution aléatoire, sous formes de petits agrégats, du MAPP à
la surface des fibres de PP. La technique d’enrobage proposée n’est vraisemblablement pas
envisageable au niveau industriel, néanmoins il est possible de modifier le procédé tout en
gardant sa spécificité au point de vue du mode de dispersion. En effet, une dispersion de
MAPP liquide (à l’état fondu, T>165°C), de façon un peu similaire à la dispersion de la cire
dans le procédé MDF, est une chose concevable qui ne présente pas à première vue de
difficultés majeures, ni de coûts démesurés, pas plus que cela ne représente un danger
particulier.
Le comportement de la surface des composites WPC2 a été caractérisé par la mesure des
angles de contact de ces derniers avec l’eau. Les résultats montrent des angles assez élevés
109
(>120°) pour l’ensemble des panneaux composites avec toutefois des angles plus petits
pour le panneau de référence. Ceci traduit la plus grande hydrophobicité des WPC
contenant une composante thermoplastique. Toutefois, les variations des angles de contact
ne sont pas si importantes ni entre les composites ni pour les différents temps de mesure.
En effet, la goutte reste en forme et n’est que peu absorbée au bout de 2 minutes 30
secondes. Ces dernières observations laissent à penser que la colle pMDI joue un rôle
prépondérant dans les qualités hydrophobes de nos panneaux fibreux. Il est délicat
d’attribuer un rôle bien précis aux différentes composantes des WPC2. Il semble néanmoins
que pour l’angle de contact l’impact du B.R sur l’hydrophobicité soit plus bénéfique que
les F.L. Les résultats du prochain chapitre sur les propriétés après absorption viendront
confirmer ces observations.
Références chapitre 3
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Chapitre 4
Caractérisation physico-mécanique
à température ambiante des WPC
4. Caractérisation physico-mécanique à température
ambiante des WPC
Le comportement physico-mécanique à température ambiante des WPC réalisés se
fait via les méthodes généralement dévolues à la caractérisation des panneaux de fibres à
base de bois. Après une brève description des essais entrepris, nous allons commenter les
résultats obtenus pour les propriétés des WPC. La caractérisation du procédé de
consolidation se fait par l’analyse des profils de densité.
4.1.1 Echantillonnage
4.1.1.1 Conditionnement
Une fois les panneaux réalisés, ils sont entreposés dans une chambre climatisée
pendant au moins 48 h avant d’être découpés (en l’occurrence plusieurs jours ou semaines).
Les échantillons, une fois découpés aux dimensions requises par les différents essais, sont à
nouveau remisés sous atmosphère et humidité contrôlées. Les conditions de la chambre
sont une humidité relative de 60% et une température de 20°C ± 1°C ce qui correspond à
une teneur en humidité de 8-10% pour les WPC1 et une humidité d’environ 5 à 6% pour les
WPC2. L’usage d’une colle pMDI, non aqueuse, explique cette différence d’humidité entre
les composites.
Masse Volumique
kg/m3
1400
800
600
400
0,000 1,500 3,000 4,500 6,000 7,500 9,000 10,500 12,000
Épaisseur (mm)
Figure 4-1 : Profil de densité d’un panneau MDF expérimental (8% pMDI)
119
M a s s e v o lu m iq u e
(k g /m 3 )
S c h é m a tis a tio n : P r o fil d e d e n s ité
950
850
750
650
550
D e n s ité m o y e n n e : 0 .6 -0 .6 7
450 M D F 1 et 2
W PC2
W PC2
0 .0 1 1 .0
É p a is s e u r d u p a n n e a u W P C 2 (m m )
Figure 4-2 : Profils de densité schématisés des WPC2 avec B.R ou F.L.
Les panneaux composites de référence qui sont des panneaux MDF encollés avec
une résine pMDI présentent des profils assez similaires (figure 4-1) à des panneaux
commerciaux avec toutefois un cycle peu optimisé, pour les raisons déjà évoquées au §2.4
sur l’élaboration des matériaux composites. Les panneaux composites bois/plastique ont
des profils beaucoup plus plats avec peu ou pas de présence de surdensification surfacique.
En fait, la cuisson du panneau est plus longue, le plastique se dilate et diffuse plus
lentement au cœur. La relaxation des contraintes est beaucoup plus longue et atténue les
effets du cycle de presse adopté (figure 2-14). La courbe de densité en pointillés gras
(figure 4-2) présente un WPC2 avec un faible pourcentage de plastique (environ 15%) et qui
120
a subi une surdensification plus violente qu’à l’accoutumée ce qui explique les pics.
Cependant, la majorité de nos WPC2 ont des profils assez plats comme la courbe en
pointillés fins de la même figure, avec ou non de faibles pics de surdensité, et un cœur qui
est constant mais quasiment aussi élevé que les pics voire davantage. L’ajout du
thermoplastique perturbe le comportement du composite lors de son cycle de presse. On
s’attend donc à avoir une augmentation de l’IB et une baisse des MOE et MOR.
La distance entre les appuis (L) est de 264 millimètres. La vitesse de chargement
recommandée est de 6 mm/min pour ce type d’épaisseur de panneaux. Le cycle est répété
trois fois et le module d’élasticité est pris pour une force comprise dans la plage 10-30% de
la force de rupture. Voici la formulation des grandeurs qui seront calculées :
P1 L3
MOE = ( MPa) Éq. 4-1
4be 3 y1
3PL
MOR = ( MPa) Éq. 4-2
2be 2
Avec P1 la charge correspondant à la limite élastique, P la charge maximum à la rupture, L la distance entre
appuis, b la largeur, e l’épaisseur et y1 le déplacement au centre à la charge P1. (Guitard, 1987)
Les dimensions de cet essai peuvent être adaptées si le facteur de forme et les proportions
sont respectés. Les éprouvettes de flexion sur les WPC2 sont dimensionnées afin de
permettre une comparaison plus aisée entre les propriétés à température ambiante et celles à
température de thermoformage. Le bâti de flexion a été ajusté pour convenir à l’espace
disponible dans le four (25°C, 20% H.R). L’épaisseur des éprouvettes est la même que pour
121
les panneaux références, la largeur est désormais 57 mm et la distance entre les appuis est
de 198 mm soit 18 fois l’épaisseur. L’essai s’effectue sur une machine Instron
(déplacement mesuré avec la précision du vérin hydraulique ±0,001 mm), le module est
calculé automatiquement selon les normes ASTM via le logiciel Merlin.
Épaisseur ~ 11 mm
Vitesse 4 mm/min
Mors : 50*50 mm2
Le module de traction est aussi calculé via le logiciel Merlin selon les règles ASTM. Étant
donné le besoin de précision requis pour un essai de traction, les déformations sont prises
par un extensomètre (caméra CCD) ayant une résolution de 0,05% de la plage de
déformation et d’une précision correspondant à 0,5% de l’extension. La cellule de charge
de 5 kN possède une précision inférieure ou égale à 0,3% (la même que pour les essais de
flexion).
Force de rupture
σ ( IB) = ( MPa) Éq. 4-3
Surface sollicitée
150 mm 20mm
20 mm
Epaisseur
7.5
7,5 mm
mm
47,5 mm
47.5 5 mm
Pour la plupart des résultats expérimentaux des composites WPC2, une analyse
statistique de type analyse de variance (ANOVA), a été faite par l’intermédiaire du logiciel
SAS (Helwig, 1987). Étant donné qu’il s’agissait au départ d’un plan d’expérience de type
factoriel, mais qu’il n’a pas pu être complété, il n’est plus possible de l’analyser comme tel.
La structure d’analyse réalisée sur les six WPC2 est de type qualitative. En effet, il existe
des liens entre les compositions des WPC2, que ce soit la nature des fibres naturelles, la
quantité de polypropylène ou la présence d’un agent de couplage. Ceci conduit à la
réalisation d’une analyse par contrastes (comparaisons simples). Les comparaisons sont
planifiées à priori selon nos intérêts. Cette précaution assure l’indépendance statistique des
contrastes. Ce type de comparaison est avantageux, car il possède un fort pouvoir
discriminatoire qui permet de déceler de faibles différences entre les moyennes des
composites WPC2. Tout autre type de comparaison ne serait pas approprié et conduirait au
non respect des hypothèses statistiques qui sous-tendent cette analyse de variance (postulats
d’une ANOVA, Montgomery, 1991 ; Steel et al, 1997). C’est pourquoi, les conditions
prérequises à la validation de l’analyse ANOVA sont systématiquement vérifiées. Quatre
postulats se doivent d’être respectés : l’homogénéité des variances, la normalité des résidus,
l’additivité des effets et l’indépendance des erreurs expérimentales. Ce dernier postulat est
une condition essentielle qui correspond à la distribution aléatoire des unités
expérimentales et qui a été prise en compte lors de l’élaboration du dispositif expérimental.
Le nombre de comparaisons d’intérêt que nous pouvons faire est limité (il n’y a que
6 WPC2 différents en composition soit 5 degrés de liberté), nous avons donc décidé de faire
les cinq comparaisons suivantes :
2. Les WPC2 avec F.L sont comparés à ceux avec B.R indépendamment des
autres facteurs soit F.L versus B.R
3. Les WPC2 avec 15% de thermoplastique sont comparés à ceux contenant 30%
de thermoplastiques indépendamment des autres facteurs soit 15% versus
30% de plastique
4. Les WPC2 contenant 3% de l’agent de couplage MAPP sont comparés aux
autres (hormis le composite référence) soit MAPP versus PP
5. Le composite 30,75,0 B.R est comparé au composite 30,75,3 B.R, cela
signifie que deux composites similaires à l’ajout près de l’agent de couplage
(3% MAPP) sont évalués soit 30,75,0 B.R versus 30,75,3 B.R
La syntaxe en italique est la dénomination abrégée des comparaisons, qui sera reprise tout
au long de cette étude. Le choix des comparaisons est fait à priori et n’a pas pu être modifié
par la suite pour des raisons de respect des hypothèses statistiques. C’est grâce au test de F
que nous sommes en mesure de déterminer si les différences observées sont significatives
ou non au niveau α choisi (dans notre cas α =0,05). Ce niveau indique que l’on accepte de
considérer une différence comme statistiquement significative s’il y a 95% de chances
qu’elle soit réelle et pas le fruit du hasard (hypothèse statistique H1 acceptée). Afin de
simplifier l’interprétation des résultats, il est plus commode de commenter directement la
valeur p par rapport au niveau α. Toute valeur p inférieure au niveau α est synonyme d’une
différence significative (<0,05) ou hautement significative (<0,01).
Ces précisions étant spécifiées, par la suite les résultats des ANOVA, présentés sous forme
de tableaux récapitulatifs, seront directement discutés.
porosité = p =
(ρ théorique − ρ mesurée ) Éq. 4-4
ρ théorique
100
ρ théorique = n constituants Éq. 4-5
n
ration (%)
∑
1 ρn
Il reste que même si les ratios des différents composants sont connus précisément grâce aux
fractions massiques, la densité exacte des fibres de bois n’est pas une évidence (présence de
pores : lumen, ponctuations, état de compression). Au contraire, les densités des autres
composants que sont l’eau, l’adhésif et la cire sont bien connues. La détermination de la
densité des fibres dépend de nombreux paramètres qui sont présentés dans leurs grandes
lignes. En effet, la densité des fibres à l’intérieur des panneaux est le résultat d’un procédé
de consolidation. Le profil de densité des panneaux de MDF avec sa forme caractéristique
en U atteste de la non homogénéité de compression des fibres selon qu’elles se localisent au
centre ou bien aux bords du panneau. De plus, les caractéristiques biologiques des fibres
(bois initial ou bois final) conduisent à des différences de compression des fibres.
Seulement une partie des fibres est entièrement collapsée. La figure suivante illustre les
états extrêmes vers lesquelles la fibre tend:
e
Figure 4-5 : Hypothèse de déformation de la section d’une fibre de bois
Par simplification, la fibre est supposée circulaire avec un diamètre d et avec une paroi
cellulaire d’épaisseur e.
126
La matière ligneuse, qui constitue les fibres cellulosiques, a une densité de 1,53
(valeur donnée fréquemment dans la littérature) ce qui est donc la densité maximale d’une
fibre totalement aplatie (figure 4-5). Dans le cadre d’une étude sur des panneaux de MDF
fabriqués à partir de fibres de pin maritime (essence assez proche de l’épinette), le rayon
moyen des fibres avant consolidation a été mesuré. En supposant que la paroi cellulaire a
une épaisseur constante, ce qui semble raisonnable en première approximation, il devient
aisé de calculer une porosité pour les fibres et ainsi les densités limites pour les fibres après
consolidation :
Vlumen
pf = (= 0,20 pour le pinus pinaster ) Éq. 4-6
V fibre
ρ f = (1 − p f )ρ mat ligneuse Éq. 4-7
m
ν f = f
(1 − ν p )
⎛ m ⎞
ρ f
⎜⎜ ∑ ρ
i
⎟⎟ Éq. 4-9
⎝ i i ⎠
mi et νi, respectivement les fractions massiques et volumiques des constituants i
νp la porosité
Les fractions massiques sont fixées lors de l’élaboration des composites. La porosité des
WPC2 est bien entendu, celle calculée avec une densité de fibre égale à la densité de la
matière ligneuse. La différence entre les deux valeurs de porosité pour un même composite
(tableau 4-1) correspond à la porosité interne des fibres. Ce volume est beaucoup moins
accessible que le volume libre du réseau fibreux.
Les particularités que pourraient avoir les fibres naturelles F.L et B.R n’ont pas été
considérées lors du calcul de la porosité. La porosité est une grandeur sans unité comprise
entre 0 et 1.
127
Tableau 4-2 : Données mécaniques sur les panneaux MDF1/UF (Michaud, 1999)
ρ MOE MOR Espécifique* σcisaillement σrupture/σlimite
(densité) (MPa) (MPa) (MPa) (MPa) (MPa)
MDF/UF 0,70 3800 -- 5429 2,1 --
MDF/UF 0,60 2600 26 4333 1,0 1,3
MDF/UF 0,45 1100 6 2444 0,5 1,1
σlimite : contrainte à la limite linéaire en flexion 3 points. * Espécifique=MOE/ρ
Les modules sont issus d’une flexion 3 points. Le cisaillement correspond à un essai longitudinal.
Les essais de cisaillement longitudinal, tableau 4-2, réalisés lors d’une étude
précédente (Michaud, 1999) indiquent une relation de non linéarité entre la contrainte de
rupture et la densité pour les panneaux expérimentaux. Cela signifie qu’une baisse de la
densité diminue fortement la contrainte de cisaillement.
Les valeurs sont suffisamment modestes pour justifier le changement de colle opéré
lors de la fabrication des WPC2.
Les coefficients de variation sont assez élevés car les panneaux, bien qu’étant de
composition identique, n’ont pas subi le même cycle de presse. Ces panneaux sont ceux qui
ont permis d’ajuster au mieux les paramètres de la thermocompression. L’ensemble des
résultats est correct compte tenu du pourcentage de colle (8% en masse sèche). Pourtant, il
est évident qu’avec une optimisation du profil de densité, les résultats seraient bien
meilleurs et dépasseraient de beaucoup les normes industrielles surtout pour ce qui
concerne la traction perpendiculaire (Internal Bond). Il est important de noter que l’IB est
129
tout de même largement supérieur à la norme puisqu’il est recommandé une valeur
maximale de 0,8 MPa. La cohésion est bonne grâce à une adhésion performante. Il est
intéressant de souligner que la surface des fibres, encollées au pMDI, était préalablement
couverte de carbone (résultat XPS) ce qui a peut-être réduit l’efficacité de la colle.
L’analyse statistique des données (ANOVA), dont est issu le tableau 4-4, nous fournit les
coefficients de corrélation de Pearson (logiciel SAS : matrice de corrélation). La seule
corrélation significative est la relation qui existe entre la densité et le module d’élasticité
avec une valeur de R=0,81* (Prob < ⏐R⏐ ; 0,015). Le calcul du MOE spécifique (MOE/ρ)
permet donc de mieux comparer les panneaux en se soustrayant à l’influence de la densité
qui est très grande sur le MOE. Il ne faut pas oublier que le MOE dépend aussi beaucoup
du profil de densité (surdensité surfacique).
Tableau 4-4 : Propriétés mécaniques des panneaux MDF/pMDI référence (WPC2 : 0,100,0)
Composites MOE Module spécifique MOR IB
ρ
références (MPa) MOE/ρ (MPa) (MPa) (MPa)
WPC2. La norme pour les panneaux extérieurs est de 0,8 et 0,15 MPa, respectivement sans
et avec gonflement. Cela donne des normes spécifiques de 1,33 et 0,25 MPa.
Sur le graphique sont réunis les IB spécifiques mesurés avant et après gonflement.
L’IB spécifique évalue la cohésion du matériau qui est directement relié à l’adhésion.
L’adhésion se situe à l’interface entre les composantes des WPC2. C’est à cet endroit précis
que se trouve l’agent de couplage MAPP. La comparaison entre les deux derniers types de
composites 30,75,0 B.R et 30,75,3 B.R est probante. La différence entre ces deux WPC2 est
simplement l’ajout de MAPP. L’amélioration est nette et importante (jusqu’à 45%
d’augmentation pour l’IB après gonflement). Les WPC2 contenant du MAPP et B.R passent
les normes que ce soit l’IB avant ou après gonflement. Les tests d’IB spécifique après
gonflement sont révélateurs des problèmes de prise d’humidité des WPC2 contenant des
F.L. En effet, les fibres longues forment des agglomérats qui génèrent des hétérogénéités
131
très sensibles à l’eau. Le gonflement n’est pas régulier et ces zones de faiblesse diminuent
la cohésion des éprouvettes. Ce phénomène n’est pas aussi important pour les composites à
sciure de B.R. Lorsque l’on compare le WPC2 30,75,0 F.L (soit PP(30)/F.L sur la figure 4-
6) et le 30,75,0 B.R (soit PP(30)/B.R), nous constatons une nette amélioration due au B.R,
suffisante pour passer la norme commerciale. Le mauvais comportement des F.L est aussi
confirmé par la comparaison des composites contenant 15% de PP2. En effet, malgré la
présence du MAPP dans le WPC2 15,75,3 F.L, le 15,75,0 B.R montre une cohésion bien
supérieure avant et après gonflement. La partie droite de la figure 4-6 est le même
histogramme 3D mais avec cette fois l’analyse de l’IB classique i.e. sans se soustraire à
l’influence de la densité. Les résultats diffèrent quelque peu mais confirment et accentuent
l’effet négatif des F.L (distribution et répartition des fibres en particulier) sur la cohésion.
Le détail des résultats est présenté dans le tableau 4-5, où figurent les moyennes et
les coefficients de variation. Le gonflement en épaisseur après le traitement à l’eau
bouillante a été ajouté.
Les informations supplémentaires que nous pouvons tirer de ce tableau sont les suivantes :
• Les coefficients de variation sont beaucoup plus grands pour les WPC2 avec
F.L.
• Le gonflement en épaisseur augmente beaucoup avec la présence des F.L.
132
Tableau 4-6 : Comparaisons simples sur les propriétés de cohésion et gonflement des
WPC2 (contrastes qualitatifs par ANOVA)
IB IB-G TS
IB IB-G TS
spécifique spécifique spécifique
Contrastes (MPa)
(MPa)
(MPa)
(MPa)
(%)
(%)
p = probabilité d’obtenir une statistique aussi grande que la valeur calculée sous H0, i.e. juste par
hasard (niveau α=0.95)
MDF vs
0,5699 n.s 0,1513 n.s <,0001** <,0001** 0,0109* 0,1131 n.s
autres WPC2
F.L vs B.R <,0001** <0,0001** <,0001** <,0001** <,0001** <,0001**
15% vs 30%
0,0076** 0,0017** 0,1552 n.s 0,3966 n.s 0,0003** 0,0002**
Plastique
MAPP vs PP 0,0099** 0,0110* 0,1634 n.s 0,1099 n.s <,0001** <,0001**
30,75,0 B.R
vs <,0001** <,0001** <,0001** <,0001** 0,0382* 0,0889 n.s
30,75,3 B.R
n.s : non significatif, * significatif (α=0,95), ** hautement significatif (α=0,99).
Les résultats du tableau 4-6 sont révélateurs du rôle plus ou moins important des différents
constituants (fibres naturelles, PP, MAPP) sur les différentes propriétés de cohésion et sur
le gonflement, ils permettent de confirmer les observations graphiques. Les résultats plus
détaillés de l’ANOVA se trouvent dans l’annexe A. Nous allons concentrer notre attention
sur les propriétés spécifiques afin de se soustraire à l’influence de la densité. L’analyse
s’effectue successivement sur chacun des contrastes.
1. Etant donné les valeurs du tableau 4-5, on s’aperçoit rapidement que les propriétés
des panneaux références MDF/pMDI se situent au milieu des valeurs de celles des
autres WPC2 sauf pour la cohésion interne après le test de gonflement qui est l’une
des plus faibles (IB-G et IB-G spécifique). Ceci se reflète dans les valeurs non
significatives de la valeur p de la première comparaison pour l’IB spécifique et le
gonflement spécifique alors qu’il existe une différence hautement significative entre
les panneaux MDF/pMDI et les autres WPC2 (p<,0001). L’IB-G spécifique du
MDF/pMDI est de 0,34 MPa comparativement à une moyenne de 0,64 MPa pour
les autres WPC2.
rôle des F.L est négatif car elles réduisent la cohésion et sont plus sujettes au
gonflement que la sciure de B.R qui améliore l’ensemble des propriétés observées.
5. Cette dernière comparaison est importante puisqu’il s’agit de l’action d’un seul
paramètre (l’agent de couplage MAPP). La cohésion avant et après gonflement est
significativement différente, le MAPP améliore l’adhésion donc la cohésion. Le TS
spécifique est non significatif ce qui est raisonnable puisque les propriétés
hydrophobes du MAPP ne sont pas supérieures à celles du PP.
L’analyse statistique des résultats de flexion (tableaux 4-7 et 4-8) permet de retirer un
maximum d’informations des essais réalisés. Les comparaisons simples seront traitées et
commentées successivement selon l’ordre du tableau 4-8 :
1. Le contraste MDF vs autres WPC2 est hautement significatif pour toutes les
grandeurs MOE et MOR. Les panneaux références MDF/pMDI possèdent de
meilleures propriétés mécaniques en flexion ce qui est logique puisque
l’ajout du thermoplastique affaibli les autres WPC2. Cette comparaison
représente plus de 90% des variations du modèle de l’ANOVA. C’est de loin
le résultat le plus significatif.
2. Le contraste F.L vs B.R est, quant à lui, uniquement significatif pour le
module d’élasticité (et le MOE spécifique). Le MOE en flexion est plus
élevé pour les composites contenant la sciure de bois rétifié. L’homogénéité
du mélange B.R ainsi que le faible facteur de forme de ce dernier explique
vraisemblablement ce comportement. A l’inverse, le module de rupture ne
semble pas affecté par le type de fibres naturelles incorporé.
3. La présence de 15% ou 30% de thermoplastique n’est pas significative du
point de vue statistique. Ce résultat un peu surprenant est surtout lié au fait
qu’il existe en réalité des interactions entre les paramètres et que la
comparaison F.L vs B.R explique pour 6% des variations du modèle
ANOVA contre 2% pour 15% vs 30% plastique.
4. Le contraste MAPP vs PP n’est aucunement significatif. En effet, comme
nous l’avons vu l’agent de couplage joue un rôle important sur l’adhésion et
donc la cohésion qui sont moins sollicitées dans ce type de configuration en
flexion.
5. Ce dernier contraste 30,75,0 B.R vs 30,75,3 B.R n’est pas plus significatif
que le précédent pour les mêmes raisons.
Tableau 4-8 : Contrastes sur les WPC2 en flexion 3 points à température ambiante
(ANOVA)
Il existe peu ou pas de différences réelles entre les propriétés des différents WPC2 hormis
pour le panneau référence. Les propriétés de flexion étant fortement dépendantes du profil
de densité du panneau, il est normal qu’ayant des profils plus plats (quasi absence de
surdensification) les autres WPC2 aient des propriétés de flexion moindres.
Les propriétés de traction parallèle aux faces des panneaux à température ambiante
sont directement reliées aux complaisances de la théorie de l’élasticité (loi de Hooke ;
Bodig et Jayne, 1982) car cette sollicitation est simple et selon un axe privilégié du
matériau. Il est donc intéressant d’obtenir ce genre de données, notamment, si une
modélisation des propriétés est envisagée.
L’analyse statistique des résultats de traction (tableaux 4-9 et 4-10) permet de retirer un
maximum d’informations des essais réalisés. Les comparaisons simples seront traitées et
commentées successivement selon l’ordre du tableau 4-10 :
1. Le contraste MDF vs autres WPC2 est hautement significatif pour toutes les
grandeurs MOE et MOR. Les panneaux références MDF/pMDI possèdent de
meilleures propriétés mécaniques en traction ce qui est logique puisque
l’ajout du thermoplastique affaibli les autres WPC2. Cette comparaison
représente entre 45% et 65% des variations du modèle de l’ANOVA selon la
grandeur. C’est le résultat le plus significatif avec toutefois une répartition
137
Tableau 4-10 : Contrastes sur les WPC2 en traction à température ambiante (ANOVA)
MOE traction MOEt spécifique MOR traction MORt spécifique
Contrastes (MPa) (MPa) (MPa) (MPa)
p = probabilité d’obtenir une statistique aussi grande que la valeur calculée sous H0,
i.e. juste par hasard (niveau α=0.95)
MDF vs
0,0012** <,0001** <,0001** <,0001**
autres WPC2
F.L vs B.R 0,1017 n.s 0,05* 0,4846 n.s 0,5016 n.s
15% vs 30%
0,1236 n.s 0,1372 n.s <,0001** <,0001**
Plastique
MAPP vs PP 0,0159* 0,0386* <,0001** <,0001**
30,75,0 B.R
vs 0,0081** 0,0178* 0,001** 0,0008**
30,75,3 B.R
n.s : non significatif, * significatif, ** hautement significatif.
L’analyse des essais de traction recèle plus d’informations, en tout cas plus de différences
significatives entre les WPC2. La sollicitation s’opère dans le plan des fibres et donc il y a
redistribution, principalement sur les fibres qui sont dans l’axe de la sollicitation. Cette
redistribution se fait par un transfert de contraintes à l’interface bois/plastique qui comme
nous l’avons mentionné, lors des résultats de cohésion, est amélioré par l’agent de
138
couplage. Le profil de densité n’ayant pas la même influence sur les propriétés de traction
que sur celles en flexion, les résultats des WPC2 sont plus proches des valeurs obtenues
pour le panneau référence MDF/pMDI.
4.3 Conclusion
Les composites WPC sont conçus sur la base des panneaux de fibres de moyenne
densité. Ils ont donc, à température ambiante, des caractéristiques assez similaires à ces
derniers. La gamme de densité des WPC est de 0,6-0,75. La porosité des composites WPC
a été évaluée, car elle est importante, et atteint jusqu’à 50%. Cette grande porosité que l’on
peut qualifier d’architecturale joue un rôle sur les propriétés hygro-mécaniques des
panneaux composites. Les profils de densité des WPC sont, malgré un procédé équivalent,
assez différents des panneaux MDF. Les zones de surdensification sont atténuées voir
inexistantes pour les WPC, et ce, à cause à la fois de la présence du thermoplastique ainsi
que du taux de compactage avant consolidation, qui diffère, étant donné les morphologies
des fibres naturelles ajoutées. Cette spécificité a un impact sur les propriétés physico-
mécaniques qui sont plus ou moins dépendantes du profil densitométrique. En particulier,
les propriétés de flexion sont très dépendantes de la densité aux surfaces des panneaux, ce
qui explique en partie la baisse globale des propriétés de flexion des WPC. Les propriétés
de traction beaucoup moins sensibles au profil de densité s’avèrent plus proches des valeurs
observées pour le panneau MDF de référence. Les essais de traction sont pour cette raison
plus révélateurs du rôle des constituants. Les essais de cohésion permettent de mieux
comparer les WPC qui possèdent pour certains des propriétés de cohésion bien supérieures
au panneau référence. Il est possible au terme de la caractérisation à température ambiante,
donc d’usage, de dégager les principaux effets des différents constituants, bien qu’il existe
en réalité des interactions qu’il ne nous est pas possible d’évaluer à partir des données à
notre disposition.
La colle pMDI est de toute évidence, plus efficace qu’une colle UF ou PF. Elle est en
moindre quantité, bien que nous aurions pu encore réduire son pourcentage tout en
conservant de bonnes propriétés. De plus, les propriétés d’adhésion avant et après les tests
de cohésion sont excellentes. La faiblesse des résultats de cohésion avec l’UF pour les
139
WPC1 nous a amené à choisir une colle isocyanate pour les WPC2 beaucoup plus
performante.
L’usage de fibres naturelles (F.L, B.R), ne modifie pas trop les propriétés de traction ou de
flexion à température ambiante. Par contre, les hétérogénéités générées par les difficultés
rencontrées lors du mélange des F.L ont un impact très négatif sur les propriétés de
cohésion des WPC2 et sur leur résistance à l’humidité. Ceci n’est pas valable pour la sciure
de B.R qui, de par sa morphologie se mélange bien aux autres constituants. La particularité
des F.L provient du fait que les hétérogénéités sont à l’origine de zones de concentrations
de contraintes qui sont d’autant plus faibles que l’adhésif n’y a pas ou peu pénétré. L’apport
en terme de qualité d’adhésion de la sciure de B.R transparaît mais pas de façon univoque.
L’apport de l’agent de couplage est quant à lui indéniable, la cohésion est nettement
améliorée et les propriétés mécaniques, où le rôle de l’adhésion à l’interface est
prépondérant, sont elles aussi augmentées grâce au MAPP.
Bodig J and Jayne B.A : Mechanics of wood and wood composites. NY, Van Nostrand Reinhold,
p712, (1982)
Guitard D : Mécanique du matériau bois et des composites. Éditions Cepadues, Toulouse, France,
p238, (1987)
Helwig J.T : Guide d’introduction au logiciel SAS de base. Troisième édition, SAS Institute s.a,
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Madsen B et Lilhot H : Physical and Mechanical properties of unidirectional plant fiber composites,
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Michaud F : Modélisation de matelas fibreux cellulosiques par des milieux aléatoires. Mémoire de
DEA de l’Université BORDEAUX I, France, (1999)
Montgomery D.C : Design and analysis of experiments. 3rd edition, New York, John Wiley and
Sons, (1991)
NF B 51-003 : Normes françaises pour le Bois - Conditions générales d'essais - Essais physiques et
mécaniques. AFNOR, (1985)
Steel R.G.D, Torrie J.H, Dickey D.A : Principles and procedures of statistics – A biometrical
approach. 3rd edition, McGraw-Hill, NY, USA (1997)
Chapitre 5
Mise en forme
et
comportement rhéologique des WPC
5. Mise en forme et comportement rhéologique
La mise en forme et le comportement rhéologique des WPC en fonction de la
température sont les caractéristiques pour lesquelles nous avons choisi de concevoir et
d’étudier des panneaux fibreux WPC. Ce chapitre commence donc par une présentation du
thermoformage appliqué aux matelas fibreux bois/polymère. Par la suite nous allons
développer l’essai de thermoformabilité entrepris ainsi que les différentes propriétés
statiques et dynamiques mesurées en fonction de la température et à température de
thermoformage.
1. La fabrication d’un matériau plan i.e. une feuille, une plaque, un panneau.
2. La mise en forme définitive du matériau.
A titre d’exemple, l’industrie du bois utilise déjà le thermoformage sur des composites à
base de bois. Dans l’ameublement, l’habillage de panneaux par des feuilles de polymères
rigides est pratiqué. Le MDF sous la forme de panneaux minces peut aussi être moulé sous
presse, de même certains reliefs de surface de panneaux OSB sont réalisés par ce type de
technique (Illig, 2000 ; Masonite corporation, 1997).
La fabrication d’un produit « thermoformé » est faite selon trois modes distincts :
l’utilisation d’un moule positif ; l’utilisation d’un moule négatif ; ou bien celle d’un moule
mâle/femelle. La force exercée peut être mécanique (poinçon), ou bien par pression (vide,
143
surpression). Quelques soient les modalités choisies, ce procédé nécessite des matériaux,
qui sous l’action de la chaleur, possèdent de faibles propriétés mécaniques. En effet, lors du
thermoformage les pressions appliquées sont assez faibles (Osso, 1999). Le contrôle de la
température est important, c’est pourquoi les sources radiatives sont les plus couramment
employées par les plasturgistes.
Il faut noter qu’il existe aussi des composites de type stratifié qui peuvent être employés
lors d’un procédé de thermoformage.
En général dans les WPC on ajoute des fibres pour limiter le coefficient d’expansion
thermique des plastiques, qui est (trop) élevé. Dans l’optique du thermoformage, cette
propriété est mise à profit. C’est aussi l’option que nous avons adoptée.
grande quantité de fibres de bois (jusqu’à 90%). De fait, par leur composition
majoritairement ligneuse et leur structure en réseau, ces produits présentent une large
gamme de densité 0,4-2,0 et des épaisseurs très variables (Youngquist et al, 1992). La
structure du composite, qui favorise les fibres à fort facteur de forme, laisse supposer de
meilleures propriétés mécaniques comparées à celles des produits fabriqués par extrusion.
Les bénéfices liés au bois sont similaires à ceux observés pour les composites
bois/polymères en général. L’ajout d’un adhésif comme troisième composante augmente
nettement la performance du composite (tableau 5-1).
Les WPC que nous souhaitons développer sont originaux par rapport aux produits
commerciaux existants. Contrairement au moulage OSB de la figure 5-1, il n’est pas
question de consolider le matériau dans sa forme finale mais de réaliser un produit fini ou
semi-fini plan qui a la capacité d’être moulé. Cette capacité peut se mesurer de diverses
façons. Nous allons dans la suite de ce chapitre tenter de la caractériser au mieux selon les
moyens disponibles.
146
En ce qui concerne les essais en température, l’acquisition des données de déformation est
directement liée au déplacement du vérin hydraulique. Les caractéristiques du four et de la
machine d’essai sont les suivantes :
h d
R th e rm o = h /d (d = 3 2 ,5 m m )
La figure 5-2 explicite le rapport h/d qui est le rapport entre le déplacement de la
force et la distance entre les appuis (rouleaux cylindriques). Il est important de noter que
théoriquement, il faudrait faire intervenir l’épaisseur de l’échantillon, de manière à ramener
cette définition à une déformation maximale admissible. Ceci n’a pas été jugé nécessaire
car l’épaisseur de l’ensemble des échantillons était constante. La dimension entre les
rouleaux étant constante aussi, l’expression de la thermoformabilité s’est donc limitée à la
mesure du déplacement dû à la force (déflexion de l’éprouvette).
Ce test s’effectue dans une enceinte climatique, à une température au moins égale à
la température de fusion du polymère. Le contrôle de l’humidité n’ayant pas été possible,
l’atmosphère a été considérée sèche. En effet, la mise en température à 180°C du dispositif
complet (échantillons inclus) dure au moins une heure ce qui assèche fortement le milieu.
148
La figure 5-3 donne une idée du dispositif expérimental utilisé. L’éprouvette est mise en
température progressivement avant d’être sollicitée mécaniquement. Les dimensions sont
les suivantes : longueur environ 180 millimètres ; largeur une vingtaine de millimètres ;
épaisseur de 7 à 8 mm.
thermique de l’éprouvette. Afin de s’assurer de cet équilibre, nous avons estimé le temps
nécessaire à cette mise en condition. Cette estimation est basée sur une approche empirique
utilisée comme approximation pour le séchage du bois (courbe de température au plan
moyen pour un plateau infini d’épaisseur 2L ; Heisler cité par Kreith, 1986). Il est
essentiellement question de conduction thermique. Le cheminement se fait en plusieurs
étapes. Tout d’abord, il faut déterminer les températures de travail, les données thermiques
et l’épaisseur du matériau :
Ti, la température initiale du matériau
Text, la température du four ou température extérieure
T0,t, la température d’équilibre que l’on souhaite atteindre au temps t
αd, la diffusivité thermique du matériau
k, la conductivité thermique du matériau
2L, l’épaisseur du panneau
Une fois les paramètres précédents déterminés, les équations suivantes vont aboutir à
l’expression d’une durée correspondant au temps nécessaire pour atteindre l’équilibre :
T 0 , t − T ext
= A1 Éq. 5-1
T i − T ext
k
= A2 Éq. 5-2
hL
α dt A3 L2 1
= A3 ⇒ t = ×( ) en heures Éq. 5-3
L2 αd 3600
A 3 = f ( A1 , A 2 ) courbe de Heisler
Éq. 5-4
La prise en compte des différentes composantes des WPC se fait par l’estimation des
coefficients de diffusivité et de conductivité grâce à la simple loi des mélanges. Le tableau
5-2 indique la gamme des durées estimées selon la nature du composite et de la température
souhaitée (seule la proportion de PP est prise en compte en plus des caractéristiques des
panneaux MDF). L’épaisseur des panneaux est environ 11x10-3 m. La présence d’autres
fibres naturelles n’a pas été prise en compte dans les calculs. Les données pour le
polypropylène sont fournies sous forme d’intervalles ce qui a conduit à une estimation
d’une durée maximum pour le cas le plus défavorable, et à l’estimation d’une durée
minimale. Les durées obtenues sont de l’ordre d’une demi-heure pour atteindre un équilibre
à 170°C en partant d’un échantillon à température ambiante et une température du four de
150
Tableau 5-2 : Estimation du temps nécessaire pour atteindre une température d’équilibre
Ti Text T0,t αd k t
WPC
(°C) (°C) (°C) (x10-7 m2.s-1) (W.m-1.K-1) (heures)
Panneau MDF* 25 180 170 1,22 0,114 0,45
WPC(70/30) max 25 180 170 1,03 0,110 0,53
WPC(70/30) min 25 180 170 1,28 0,146 0,48
WPC(85/15) max 25 180 170 1,12 0,112 0,49
WPC(85/15) min 25 180 170 1,25 0,130 0,44
Panneau MDF* 25 90 85 1,22 0,114 0,41
WPC(70/30) max 25 90 85 1,03 0,110 0,49
* données de Planche (1999) et avec WPC ( % MDF / %PP )
E ’’
E * = E ’ + iE ’’
h u ile É ta t fo n d u
p o ly m è r e
δ M é ta l ( r e s s o r t)
E’
E * = E ′ + i E ′′ Éq. 5-5
G *
= G ′ + i G ′′ Éq. 5-6
Pour les solides, il est intéressant de noter que le module d’élasticité dynamique est
toujours supérieur au module d’élasticité statique. En fait, le module dynamique est
équivalent au module statique pour une fréquence nulle, puis il augmente avec la fréquence
de sollicitation. Ce comportement est valable pour l’ensemble des solides qui n’ont pas, en
réalité, un comportement élastique idéal (Ouis, 2002).
5.3.1 Échantillonnage
Les éprouvettes utilisées lors d’essai DMTA sont relativement petites. Les
rhéomètres sont généralement dévolus à l’étude de matériaux polymères, minéraux et
métalliques homogènes et peu poreux. Le dispositif est de dimensions modestes, il intègre
un four et un système capable de réaliser des sollicitations dynamiques. Les échantillons
sont rectangulaires avec quelques dizaines de millimètres de long, une dizaine de
millimètres de large et quelques millimètres d’épais. Ils sont prélevés à l’intérieur d’une
éprouvette qui devait servir aux tests de flexion. L’éprouvette de flexion est découpée en
deux selon son épaisseur, puis chaque morceau est découpé aux largeurs et longueurs
spécifiques de chacun des essais. La mise aux dimensions exactes se fait par un ponçage
qui s’est avéré assez délicat à cette échelle.
température du laboratoire. Elle se termine aux alentours de 200°C avec une cinétique de
chauffe variable afin de mieux observer la réponse du composite. L’ensemble des essais est
entièrement contrôlé par un ordinateur.
CERSIM, Université Laval). Les éprouvettes subissent une torsion en mode dynamique qui
permet la mesure du moment MT qui conduit à l’expression d’un module de cisaillement.
⎛ ⎛ e ⎞ ⎞ ⎞
⎜ 3 + ⎜⎜ 1 . 8 ⎛⎜ ⎟ ⎟⎟ ⎟
⎜ ⎝ ⎝ l ⎠ ⎠ ⎟ Éq. 5-8
K τ = 1000 × ⎜ ⎟G
l × e 2
⎜⎜ ⎟⎟
⎝ ⎠
τ = K τ × M T γ = K γ × θ Éq. 5-9
∆ L ⎛ 1 ⎞
α (T ) = ⎜ ⎟⎟ en K − 1
Éq. 5-10
∆ T ⎜⎝ L 0
t
⎠
La mesure de la dilatation thermique linéaire αt(T) est faite entre 20°C et 200°C
sous une tension constante de 6 N imposée par l’essai de torsion (figure 5-5).
pince
épaisseur3mm
épaisseur 3 mm
Torsion rectangulaire
en mode dynamique
longueur
longueur
45mm
45 mm
largeur
largeur 12 mm
12mm
efforts de torsion
pince
La figure 5-6 donne une vue d’ensemble du comportement des différents composites lors
du thermoformage. Les figures 5-6a et 5-6b reprennent les mêmes courbes que la figure
principale avec une séparation en catégories pour offrir une meilleure lisibilité. Seuls les
composites, fabriqués par mélange homogène contenant 30% de PP et des fibres naturelles
autre que des fibres MDF, présentent d’excellentes aptitudes au thermoformage (une forte
flèche pour de faibles forces exercées) avec des vitesses assez rapides et une force
appliquée relativement faible (tableau 5-3). La plupart des WPC1 se comportent selon les
mêmes étapes : une première phase élastique au cours de laquelle la force exercée
augmente, une seconde phase plastique à force constante, et enfin une phase de
“durcissement” qui correspond à la limite de cintrage avant rupture de l’échantillon
(possibilité d’apparition de zones comprimées pour certains WPC1). L’importance de la
zone visqueuse et la force correspondante représentent l’aptitude au cintrage de
l’échantillon. Le palier en force correspond à l’état ramolli ou fondu du thermoplastique qui
flue à l’intérieur du matériau.
Nous allons discuter des résultats sur les trois types de composites :
• Les stratifiés : post mise en forme à 180°C
La figure 5-6a montre deux courbes représentatives de mise en forme de
stratifiés avec 1 ou 3 couches. Les courbures obtenues sont acceptables et présentent
une flèche qui augmente de 4 à 6 fois par rapport au panneau MDF1 de référence.
Cependant, même si le matériau conserve sa rigidité, des zones de délaminations
aux interfaces bois/plastique ont été observées. En particulier, des décollements ont
été observés aux points de courbure maximale que ce soit des monocouches ou
tricouches plastiques. Lors d’essais préalables sur le cintrage de stratifié
MDF/LDPE (Faessel, 1999), les couches thermoplastiques autorisaient le
glissement des différentes strates les unes sur les autres. Il s’agissait, dans ce cas,
plutôt d’une courbure simple sur un empilement de panneaux minces que d’un
véritable thermoformage. L’essai de flexion 5 points est plus coercitif, le glissement
155
n’est pas suffisant car le matériau est sollicité dans de multiples directions (voir
figure 5-6).
Les vitesses de mise en forme regroupées dans le tableau 5-3 démontrent la rapidité des
mélanges homogènes ayant réussis leur post-thermoformage. L’ensemble des essais a été
effectué à une vitesse constante de 0,1 mm/s. L’essai en tant que tel dure quelques minutes
156
(voir moins d’une minute) alors que la montée en température de l’enceinte est
extrêmement plus longue, soit une à deux heures pour atteindre l’équilibre.
mixte MDF(85)/PP(10)/PE(5)
MDF(70)/PP(30)
400
MDF(90)/PP(10)
MDF-FL(70)/PP(30)
MDF-BR(70)/PP(30)
stratifié MDF(70)/PP(3*10)
mixte MDF-FL(85)/PP(10)/PE(5)
stratifié MDF-BR(95)/PE(5)
Force appliquée (N)
300
MDF-FL(90)/PP(10)
200
100
0
0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 20 22
a. Ensemble des composites mixtes et stratifiés b. Ensemble des composites à mélange homogène
MDF avec FL
10% de PP
200 200
? Stratifié 1 couche PE
Mixte avec FL
MDF avec BR ou FL
30% de PP
Composites mixtes
4 8 12 16 mm 4 8 12 16 20 mm
h h
Figure 5-6 : Essai de thermoformabilité sur les composites WPC1
(flexion 5 points à 180°C)
a. Courbes sur les WPC1 mixtes et stratifiés b. Courbes sur les mélanges homogènes
157
La figure 5-7 montre le résultat d’un thermoformage réussi. L’échantillon présente une
triple courbure caractéristique de l’essai de flexion 5 points. Ce sont les zones de transition
entre deux courbures qui sont les plus sollicités mécaniquement.
158
Les modules de flexion mesurés présentent des coefficients de variation assez élevés. Il est
probable que la quantité plus ou moins exacte de thermoplastique présent dans l’éprouvette
soit à l’origine de l’augmentation de la variabilité. Au même titre, la variabilité intra
panneau des différents constituants influence les propriétés et leur dispersion.
3. Le contraste 15% vs 30% plastique est hautement significatif pour les quatre
grandeurs présentées. Les propriétés diminuent avec l’augmentation de la
quantité du thermoplastique. Ce comportement est conforme à nos attentes
puisqu’il rend compte de l’influence de l’ajout du thermoplastique. En
revanche, la baisse du MOR, bien qu’elle soit logique, n’est pas une
caractéristique souhaitable.
4. Le rôle du MAPP vs PP est hautement significatif. L’agent de couplage
améliore de beaucoup les propriétés mécaniques, le contraste explique
jusqu’à 34% des variations du modèle pour le MOE notamment. Ceci
renforce le constat selon lequel l’adhésion influence davantage une
sollicitation en traction plutôt qu’en flexion.
5. Le contraste 30,75,0 B.R vs 30,75,3 B.R est lui aussi significatif voir
hautement significatif ce qui vient confirmer la comparaison précédente sans
équivoque (ce contraste se soustrait aux interactions entre les différents
facteurs).
contrainte
Comportement fragile
Comportement semi ductile
Comportement ductile
déformation
Figure 5-8 : Schématisation des comportements possibles en contrainte-déformation
600
MDF/pMDI
500
30,75,0 F.L
15,75,0 B.R
Force appliquée (N)
400
30,75,0 B.R
15,75,3 F.L
300
30,75,3 B.R
200
100
0
0 2 4 6 8 10 12 14
flèche au centre (mm)
400
30,75,0 B.R
350
MDF/pMDI
300
30,75,3 B.R
Force appliquée (N)
15,75,0 B.R
200
15,75,3 F.L
150
100
50
0
0 2 4 6 8 10 12 14
flèche au centre (mm)
La première remarque à faire sur la figure 5-11 est la différence entre la traction et la
flexion. Alors que le panneau composite référence MDF/pMDI se déforme d’environ 30%
de plus à 180°C qu’à 20°C, à la fois en traction et en flexion, les autres WPC2 se
comportent très inégalement selon la nature de la sollicitation.
Les résultats du gain en déformation pour la flexion des WPC2 montrent peu d’aptitude au
thermoformage. Nous parlons de gain puisque l’objectif est d’obtenir un matériau qui, à
haute température, soit le plus malléable possible. Seul le composite 30,75,3 B.R semble un
peu tirer profit de la composante thermoplastique (gain > 30%) mais pas dans les
proportions observées lors de l’essai de thermoformage d’un composite WPC1 quasi
semblable, du moins en quantité pour le thermoplastique. C’est donc, vraisemblablement,
dans les modifications apportées aux WPC2 qu’il faut chercher les réponses. Les deux
principales modifications sont le changement de la colle UF pour une colle pMDI (plus
efficace, mieux distribuée et en quantité légèrement plus élevée) et la morphologie des
fibres PP2 (beaucoup plus petites en longueur et en diamètre). La quantité de colle peut
entraîner une cohésion trop grande conduisant à un réseau trop rigide mais c’est davantage
la morphologie des fibres de polypropylène, en particulier leur écoulement à haute
température qui pourrait expliquer ces gains faibles.
165
50% traction
flexion
40%
30%
20%
10%
0%
MDF 30,75,0FL 15,75,0BR 30,75,0BR 15,75,3FL
30,75,3BR
L’architecture des panneaux est celle d’un nontissé qui peut se décrire comme un
assemblage aléatoire (avec une isotropie dans le plan du panneau) de maillons
interconnectés. Les maillons de fibres de bois sont maintenus par des points de colle et des
liaisons chimiques. L’insertion de fibres PP revient à créer des maillons qui, contrairement
aux fibres de bois sont extrêmement sensibles à la température de thermoformage. La
réduction des dimensions des fibres réduit le nombre de connections qu’une fibre plastique
possède avec le réseau de fibres de bois. Les réarrangements fibreux sont, de fait, moins
importants ce qui peut constituer une explication. La disposition des éprouvettes lors de
l’essai de flexion est plus propice aux écoulements de la matière plastique dans les pores du
réseau qui sont disposés perpendiculairement au plan du panneau composite. Ces
écoulements par gravité s’opèrent lors de la phase d’essai qui comporte une phase de
chauffage d’au moins une demi-heure. Le thermoplastique ne remplissant pas son rôle
d’élément favorisant l’étirement alors ce sont uniquement les fibres naturelles et le réseau
qu’elles forment qui sont à même de se déformer. Il est logique, dans ces conditions, que la
sciure ne favorise que peu la déformation par rapport aux fibres longues ; si les composites
contiennent moins de matériau cellulosique que le composite référence, ils sont moins
déformables. Le cas du composite 30,75,3 B.R, comparé au composite 30,75,0 B.R, est un
166
peu à part, puisque l’on obtient la meilleure aptitude à la déformation. Le lien crée entre le
thermoplastique et le bois via l’agent de couplage MAPP, a sans doute permis de profiter
un minimum du thermoplastique moins à même de s’écouler ou de migrer inutilement vers
les zones poreuses du réseau fibreux.
L’essai de traction est un peu différent puisque les éventuels écoulements par gravité,
susmentionnés, se font dans le plan des fibres ce qui entraîne davantage de friction et
visiblement une meilleure utilisation du thermoplastique. Les résultats de la figure 5-11
pour la traction sont pour l’ensemble des WPC2 assez conforme à nos attentes, puisque
l’augmentation de la quantité de thermoplastique améliore la capacité de déformation.
Toutefois, les résultats pour le 30,75,3 B.R sont étonnamment faibles. La présence du
MAPP et des forts liens qu’il engendre, semble empêcher l’allongement du composite en
traction.
Globalement, le comportement des WPC2 en déformation, s’il devient bien ductile avec le
thermoplastique, n’est pas dans les proportions observées pour l’essai de thermoformage
des WPC1. Aux vues des résultats de traction et de flexion, il semble que l’impact du
thermoplastique est tributaire de sa nature et de sa morphologie. Cependant, les différences
entre les différents WPC2 persistent, ce qui laisse penser que la nature et l’architecture du
réseau fibreux sont aussi primordiales. Une des caractéristiques du réseau fibreux est sa
cohésion qui dépend beaucoup de l’adhésif. En ce sens, la quantité d’adhésif et sa
distribution sont aussi importantes.
# 0,100,0 référence
# 30,75,0 FL
8,08 # 15,75,0 BR
7,88
(module
7,78
log E''Log
7,68
7,58
7,48
20 40 60 80 100 120 140 160 180 200
Temperature (°C)
Température (°C)
9,30
Log E’ (élastique
9,20
Pa)
9,10
(module
9,00
8,90
log E'
8,80
8,70
20 40 60 80 100 120 140 160 180 200
Temperature(°C)
Température (°C)
0,085
# 0,100,0référence
0,100,0 F.L
# 30,75,0FLF.L
30,75,0
# 15,75,0BR
15,75,0 B.R
0,075 # 30,75,0
30,75,0BRB.R
# 15,75,3
15,75,3FLF.L
# 30,75,3
30,75,3BRB.R
0,065
tan delta (E''/E')
0,055
0,045
0,035
0,025
40 60 80 100 120 140 160 180 200
Temperature (°C)
Température (°C)
Figure 5-14 : tan δ vs température des WPC2 soumis à une flexion dynamique 3 points
(lissage par moyenne mobile sur 20 points)
Pour plus de clarté, le code couleur des WPC2 est le même pour les trois graphiques ci-
dessus et sera conservé par la suite.
Les courbes du module dynamique E* sont quasi identiques aux courbes du module E’ car
l’ordre de grandeur du module visqueux E’’ est nettement plus petit. Il faut noter qu’il n’est
pas certain qu’il y ait réellement la même quantité de PP2 dans le petit échantillon que dans
le panneau au complet. Cette remarque peut s’appliquer aux autres constituants et constitue
une anomalie dont il est important de tenir compte lors des analyses.
Le module visqueux fait apparaître des zones de transition qui se manifestent sous la
forme d’inflexions pour la tan δ(T) (figure 5-14). Afin d’identifier correctement les
facteurs, nous avons réalisé quelques essais sur des éprouvettes de bois massif de picea
170
0,05
epinette
épinette (longitudinal)
(longitudinal)
0,03
tan δ
0,1 α1
α2
0,02 β
0,05
épicéa (10% MC)
- - - érable (10% MC)
Il existe une atténuation de ce phénomène avec l’incorporation du plastique dans les WPC2
(figure 5-14). La zone la plus intéressante d’analyse se situe à haute température. Le
composite 30,75,3 B.R réagit de manière singulière puisque le facteur de perte subit une
violente augmentation. Une explication possible est l’amélioration de l’adhésion
bois/plastique par l’agent MAPP qui induit une zone de reprise correspondant à
l’augmentation en proportion du comportement visqueux. En effet, le plastique étant
davantage lié à la partie structurelle du matériau, son influence est nettement plus grande.
Ce phénomène n’a pas été confirmé par le composite 15,75,3 F.L qui ne présente
probablement pas une quantité suffisante de thermoplastique, anomalie qui a déjà été mis
en évidence pour le module E’. C’est un comportement de thermodurcissable réticulé
171
typique qui est caractéristique du MAPP lorsqu’il est associé à un autre composé et qu’il est
soumis à une excitation thermique. Cependant il est censé n’y avoir qu’environ 3% de
MAPP dans le composite.
Des essais avec des balayages intermédiaires ont été mis en œuvre afin de vérifier la
pertinence des analyses. Les deux types de balayage ci-dessus représentent les solutions
extrèmes déployées pour tous les composites. Il faut mentionner que le second balayage,
plus rapide, a donné, globalement, les résultats les plus satisfaisants à tous les points de
vue. En effet, le balayage à 1°C/min est beaucoup trop long (une matinée entière). Il
n’apporte pas beaucoup d’informations supplémentaires et est beaucoup plus bruité. C’est
davantage un moyen de contrôler et de vérifier la pertinence des essais à plus grande
vitesse. De plus, le balayage lent permet un lissage plus efficace par les moyennes mobiles.
Les problèmes soulevés par la cinétique de température sont valables pour chacun des
essais dynamiques. Ils ont, d’ailleurs, fait l’objet de la même attention à chaque reprise.
172
Zone de ramollissement
du thermoplastique
8,88
8,78
T°
8,68
8,58
log G' (Pa)
8,48
8,38 15,75,0 BR
30,75,0 BR
8,28
30,75,3 BR
8,18 MDF/pMDI
15,75,3 FL
8,08
30,75,0 FL T°
7,98
20 40 60 80 100 120 140 160 180 200
Température(°C)
30,75,0 FL 15,75,0 BR
30,75,0 BR 15,75,3 FL
7,50 30,75,3 BR MDF/pMDI (référence)
7,40
7,30
7,20
log G'' (Pa)
7,10
7,00
6,90
Schématisation du cycle
T° initiale
6,80
T° max
6,70 Log G’’
T° finale
6,60
20 40 60 80 100 120 140 160 180 200
Température (°C)
Figure 5-17 : Log G’’ vs température pour les WPC2 (essai de torsion)
Les essais de torsion nous donnent aussi accès à des caractéristiques de viscosité ou
de dilatation thermique. La dilatation, mesurée longitudinalement, n’est pas constante en
fonction de la température (figure 5-18b). Le composite référence voit son coefficient de
dilatation thermique chuter aux alentours de 60-80°C, ce qui correspond aux pics observés
pour le bois lors des mesures de tan δ (E’’/E’). La présence du thermoplastique atténue ce
phénomène. La viscosité dynamique évolue de par son expression, équation 5-13, de façon
similaire au module de cisaillement (figure 5-18c).
175
Température (°C)
a. b. 20,00 80,00 140,00 200,00
1,E-04
-1) -1)
°C°K
MDF/pMDI (référence)
t (enou
1,E-05 30,75,0 BR
30,75,0 BR
αt (enα°C -1
15,75,0 BR
15,75,3 FL
30,75,3 BR
1,E-06
a.
0,09 b.
15,75,0 BR 30,75,0 BR c.
Pa.s)
Pa.s)
en Pa.s)
6,7 8,1
0,08
enPa.s)
15,75,3 FL 30,75,3 BR
0,07
MDF/pMDI (référence) 30,75,0 FL
(G’’/ω en
(G*/ωωen
6,5 7,9
log η’’ (G’’/ω
0,06
(G''/G')
logη*η*(G*/
0,05
tan δ η’
30,75,0FL
Log
30,75,0FL
0,03 15,75,0BR 15,75,0BR
6,1 30,75,0BR 7,5 30,75,0BR
0,02
15,75,3FL 15,75,3FL
0,01 30,75,3BR 30,75,3BR
5,9 7,3
0,00
20 80 140 200 20 80 140 200
20 40 60 80 100 120 140 160 180 200
Température(°C)
Température (°C) Température (°C)
Figure 5-18 : Grandeurs mesurées vs température pour les WPC2 (essai torsion)
a. Tan δ (G’’/G’) en fonction de la température
b. Coefficient de dilatation thermique linéaire mesuré sous légère tension
c. Viscosité complexe soit le rapport G* sur la fréquence angulaire
5.5 Conclusion
L’ensemble des techniques employées pour caractériser l’aptitude au
thermoformage des WPC fournit des renseignements qui sont plus ou moins facile à
interpréter. Les WPC1 ont permis d’identifier, grâce à un large éventail de solutions testées,
quels étaient les composites aptes au post-thermoformage. Les résultats de flexion 5 points
sont sans équivoque puisqu’ils révèlent que seuls sont post-thermoformables les mélanges
homogènes contenant suffisamment de thermoplastique (30%) et ayant une partie des fibres
MDF1 remplacée par soit des fibres longues (F.L) soit de la sciure de bois rétifié (B.R).
Cette première série a été entièrement réalisée et testée au LRBB, en France. Le test de
flexion 5 points n’est pas un standard pour le thermoformage mais sa relative facilité de
mise en œuvre et la nature assez coercitive des sollicitations en jeu le rende pertinent. Cette
première partie très exploratoire a guidé le choix des compositions des WPC2. Cette
176
deuxième série, entièrement réalisée et testée à l’Université Laval, n’a pas été testée en
flexion 5 points car ce test, bien que très révélateur est beaucoup trop complexe pour
pouvoir en retirer une interprétation mécanique classique. Les tests entrepris sur les WPC2
sont les tests dynamiques en fonction de la température sur de petites éprouvettes et les
tests de flexion ou traction à température ambiante et élevée (20°C, 180°C).
thermoplastique (figure 5-19). Ce type de courbe est exactement ce qui est souhaitable pour
les WPC lorsqu’on les sollicite à haute température lors d’un essai de thermoformage.
Contrainte
Résistance ultime
Point limite
Point de rupture
Région plastique
Région élastique
Déformation
Figure 5-19 : Courbe contrainte vs déformation typique des thermoplastiques
Gearing J: Handbook of polymer testing, Chap 21: Dynamic Mechanical (Thermal) Analysis.
published by Marcel Dekker, NY, USA, (1999)
Kelley Stephen S, Rials T.G, Glasser W.G : Relaxation behaviour of amorphous components of
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Ouis D : On the frequency dependence of the modulus of elasticity of wood. Wood Sci. Tech., 36,
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Planche A : Caractérisation mécano physique des panneaux de fibres de moyenne densité (MDF),
Application au cintrage de panneaux épais. Thèse de doctorat de l’Université Bordeaux I, France,
(1999)
Saha A.K, Das S, Bhatta D, Mitra B.C : Study of jute fiber reinforced polyester composites by
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formed wood fiber/polymer fiber composites. Forest Prod. J., 42(6), 42-48, (1992)
Chapitre 6
Modélisation
6. Modélisation
La modélisation d’un matériau est un moyen de transcrire son comportement et les
lois qui le régisse. Il existe de nombreuses possibilités de modélisation qu’elle soit
analytique, numérique, rhéologique, statistique et autres. Ce chapitre se décompose en une
revue bibliographique avec présentation des différents types de modèles ou approches
employés pour les matériaux composites et les théories qui s’y rattachent. Par la suite, nous
allons exposer le modèle analytique développé pour décrire le comportement des WPC2 à
température ambiante. Une seconde approche, de type rhéologique, via l’usage de modèles
mécaniques sera présentée pour décrire le comportement à haute température (température
de thermoformage soit 180°C) des composites WPC.
L’homogénéisation peut s’effectuer sous différentes formes que sont les méthodes
empiriques, analytiques, numériques, statistiques ou une combinaison de ces dernières
appliquées aux théories d’élasticité, de viscoélasticité, de plasticité, de la rupture ou autres.
Les études scientifiques, sur les matériaux composites à renforts fibreux cellulosiques ou
autres, couvrent toutes ces approches qui sont plus ou moins complexes. De plus, les
composites bois/polymères peuvent aussi être considérés dans de nombreux cas comme des
milieux poreux. Les milieux poreux font aussi l’objet d’approches spécifiques qui
permettent de mieux tenir compte de leurs caractéristiques. Les modélisations existantes
sont multiples mais sont souvent dans le cas des composites très spécialisées. En effet, les
composites unidirectionnels à renfort fibreux sont probablement les plus étudiés, malgré
cela le renfort fibreux n’est pas supposé posséder une architecture propre (réseau
tridimensionnel) capable d’influer fortement sur les propriétés du matériau. Il est plus
182
souvent question de modéliser des inclusions prises dans une matrice homogène. Etant
donné la complexité et la diversité des composites bois/polymères en général, et de ceux
conçus lors de ce projet, il semble nécessaire de présenter les approches susceptibles
d’apporter des solutions à notre démarche de modélisation.
Dans un premier temps, nous allons nous attarder sur les modèles analytiques
simples qui sont proposés dans la plupart des études sur les composites à renforts. La
théorie des stratifiés sera notre second centre d’intérêt puisqu’il s’agit d’une théorie qui
permet entre autre de rendre compte du comportement mécanique de composites à isotropie
plane (cas de nos composites). De plus, il sera question d’appliquer cette théorie aux WPC2
au §6.2. Puis, nous présenterons certaines possibilités de modélisation numérique. Enfin,
cette section s’achèvera par une brève présentation des modèles rhéologiques qui seront à la
base de la modélisation du comportement rhéologique des WPC exposée au §6.3.
Le modèle série est aussi connu sous le nom de loi des mélanges. Ce modèle est
simple et représente la borne supérieure de Voigt (1889) en ce qui concerne les modules
alors que le modèle de Reuss (1929) représente la borne inférieure. Le modèle de Voigt fait
l’hypothèse de la déformation constante contrairement au modèle de Reuss qui fait
l’hypothèse d’une contrainte constante. Ces deux types d’approches sont des
approximations qui ne tiennent nullement compte de la morphologie du matériau.
M mM f
Mc = Éq. 6-3
M mν f + M fν m
σ mσ f
σc = Éq. 6-4
σ mν f + σ f ν m
Outre les bornes de Voigt et Reuss, Hashin et Shtrikman (1963) ont eux aussi défini une
borne supérieure et inférieure pour les composites (basées sur les limites de Kerner).
L’hypothèse avancée est d’ordre géométrique puisqu’il s’agit de considérer une phase
continue et l’autre discontinue.
Réf : Dalväg et al, 1985 ; Oladipo et al, 1999 ; Li et al, 2000 ; Kalaprasad et al, 2000
• Modèle de Hirsch
M mM
M c = x (M mν m + M f ν ) + (1 − x ) f
f
M mν + M fν m Éq. 6-5
f
σ mσ f
σ c = x (σ mν m + σ f ν ) + (1 − x ) Éq. 6-6
f
σ mν f + σ f ν m
Ce modèle est une combinaison des deux précédents modèles (série et parallèle). Le
paramètre x est un paramètre qui détermine en quelque sorte le transfert de contraintes entre
la fibre et la matrice. x est toutefois considéré comme principalement déterminé par
l’orientation des fibres, la longueur des fibres et la concentration de contraintes aux
extrémités des fibres.
Réf : Sreekala et al, 2002 ; Li et al, 2000
• Modèle Halpin-Tsai :
Les équations d’Halpin-Tsai permettent de prédire de façon simple et semi-empirique les
modules d’un composite renforcé par des fibres courtes alignées. Il s’agit d’une
généralisation de l’équation de Kerner (1956) qui, elle, traite des renforts sphériques.
⎛ 1 + ζην f ⎞
M c = M m⎜ ⎟
⎜ 1 − ην ⎟ Éq. 6-7
⎝ f ⎠
⎛ 1 + ζ η ′ν f ⎞
σ c = σ m⎜ ⎟ Éq. 6-8
⎜ 1 − η ′ν ⎟
⎝ f ⎠
184
M f M m −1
η=
M f Mm +ζ Éq. 6-9
σ f σ m −1
η′ =
σ f σm +ζ Éq. 6-10
Dans ces équations ζ est un facteur dépendant de la géométrie des fibres, de la distribution
des fibres et de la fraction volumique de fibres. Les termes η et η’ prennent en compte,
respectivement, le module et la résistance relative de la fibre et de la matrice.
La connaissance des équations précédentes peut conduire à l’estimation du module d’un
composite renforcé par des fibres courtes non orientées (orientation aléatoire) dans le plan
ou dans le volume. Le module d’élasticité d’un composite à fibres courtes orientées
aléatoirement dans le plan est calculé par l’approche de Tsai-Pagano (équation 6-11,
fondée sur la théorie de l’élasticité orthotrope).
3 5
Ec = E // + E ⊥ Éq. 6-11
8 8
Si l’on se réfère aux modèles de Voigt et Reuss, qui dans le cas d’un composite
unidirectionnel nous donne respectivement le module longitudinal (//) et le module
perpendiculaire (⊥) du composite, alors l’équation de Tsai-Pagano peut s’écrire :
3 5
Ec = E cVoigt + E c Re uss Éq. 6-12
8 8
L’approche Halpin-Kardos est sensiblement la même avec cette fois un composite quasi-
isotrope. En effet le composite est considéré comme étant un stratifié composé de couches
unidirectionnelles (dont les modules sont estimés par Halpin-Tsai) empilées selon un angle
précis (le tout étant symétrique du point de vue angulaire). Cette dernière approche sera
généralisée lors de la présentation de la théorie des stratifiés (§6.1.2).
Réf : Halpin et Kardos, 1978 ; Halpin, 1992 ; Cichocki et Thomason, 2002 ; Chandra et al,
2002
⎛ 1 + ζην ⎞
M c = M m⎜ f
⎟ Éq. 6-13
⎜ 1 − ηϕν ⎟
⎝ f ⎠
185
⎛ 1 + ζ η ′ν ⎞
σ c = σ m ⎜⎜ f
⎟
⎟ Éq. 6-14
⎝ 1 − η ′ϕν f ⎠
ζ = K − 1 et K = 1 + 2 l d Éq. 6-16
Le terme φmax qui est la fraction maximum de « packing » du renfort. Cette fraction prend
différentes valeurs selon la nature de l’arrangement des fibres. Par exemple, pour un
arrangement carré des fibres la fraction vaut 0,785 alors que pour un « packing » aléatoire
des fibres sa valeur est donnée à 0,82. Le terme ℓ/d représente le facteur de forme de la
fibre.
Réf : Canché-Escamilla et al, 1999 ; Li et Narh, 2001 ; Li et al, 2000
• Modèle de Cox :
⎛ tanh β l 2 ⎞
M c = M f ν f ⎜⎜ 1 − ⎟⎟ + M mν m
⎝ β l 2 ⎠
Éq. 6-17
⎛ tanh β l 2 ⎞
σ c = σ f ν f ⎜⎜ 1 − ⎟ + σ mν m
⎝ β l 2 ⎟⎠ Éq. 6-18
1
⎡ ⎤
2
2π G m
β =⎢ ⎥ Éq. 6-19
⎢⎣ M f A f ln (R r ) ⎥⎦
M c = M f K 1 K 2ν f + M mν m
Éq. 6-20
σ c = σ f K 1 K 2ν f + σ mν m Éq. 6-21
K2 = l − l c
2l si l > lc Éq. 6-22
K2 = l
2lc si l < lc
Éq. 6-23
186
σ c = σ f ν f ε 0 ε 1 + σ mν m Éq. 6-26
Avec ε0 tenant compte de l'orientation des fibres (≤1) et ε1 le paramètre tenant compte du
transfert de charge par rapport au facteur de forme rapporté au facteur de forme critique
soit : (ℓ/d)c=σf /(2τI). τ la contrainte de cisaillement et τI le cisaillement interfacial.
Réf : Michell et Willis, 1978 ; Bigg, 1985 ; Garkhail et al, 2000 ; Van den Oever et al, 2000
σ tu = σ mu ⎛⎜ E 22 E ⎞⎟ 1 − ν
⎝ m ⎠
( 2
f
3
) adhésion efficace Éq. 6-28
f
3
) Éq. 6-29
σ tu = σ mu ⎛⎜ E 22 E ⎞⎟ 1 − ν
⎝ m ⎠
( 1
f
3
) adhésion parfaite Éq. 6-30
Cette expression n’est valable que s’il est admis que l’élongation est la même pour le
polymère qu’il soit ou non chargé.
Tous les modèles présentés sont des approximations, plus ou moins réalistes et plus
ou moins simples, reposant à la fois sur l’expérience et la théorie. Cependant, à l’exception
187
Il existe d’autres modèles de type empirique comme celui de Danusso ou bien des
modèles tenant davantage compte de l’interaction polymère-charge comme Pukanszky
(Marcovich et al, 1998b). D’autres auteurs présentent de nouveaux modèles et les équations
constitutives correspondantes pour décrire des matériaux tels des composites multiphases
fibre/matrice (Kalamkarov et Liu, 1998) ou des composites poreux renforcés par des
particules (Yin et al, 2002). Par ailleurs, Sawyer et al (1998) mettent en avant la nécessité
de développer une théorie constitutive unifiée pour modéliser le papier. En effet, les
modélisations du type réseau ou stratifié semblent limitées dans la plupart des cas au
domaine élastique. La multiplicité des théories employées pour les matériaux composites
correspond aux infinités de combinaisons et de caractéristiques possibles, sachant que
chaque composite ne possède pas un modèle propre mais des spécificités qui sont
habituelles à certains types de modélisation (caractère ductile ou rigide, porosité, nature du
renfort, géométrie). Ces remarques sont d’autant plus valables si l’on prend en
considération le comportement de rupture des matériaux composites.
éléments finis par exemple (Batoz et Dhatt, 1990). Nous allons donc présenter cette théorie
(Halpin, 1992 ; Decolon, 2000 ; Gay, 1991) de manière assez complète tout en insistant sur
les points se rattachant le plus à nos préoccupations et qui seront développés dans la partie
modélisation des WPC.
∂u ∂v ∂w
εx = , εy = , εz =
∂x ∂y ∂z
∂w ∂v ∂u ∂w ∂v ∂u Éq. 6-31
γ yz = + , γ zx = + , γ xy = + ,
∂y ∂z ∂z ∂x ∂x ∂y
Avec εx, εy, εz les déformations normales selon x, y, z et γyz, γzx, γxy les déformations de
cisaillement. u, v, w sont les déplacement suivant les trois directions de l’espace.
Les relations entre les contraintes et les déformations pour un milieu élastique linéaire
anisotrope en 3 dimensions, connues comme la loi de Hooke, s’expriment selon la matrice
suivante :
Cette expression prend en compte les symétries Cij=Cji. Dans le cas d’un matériau isotrope
la matrice des rigidités s’exprime plus simplement en fonction de deux constantes
indépendantes C11 et C12 qui sont directement reliées au module d’élasticité E (module de
Young) et au coefficient de Poisson νPoisson selon les équations suivantes :
189
C11 =
(1 −ν Poisson )E et C12 =
ν Poisson E
(1 +ν Poisson )(1 − 2ν Poisson ) (1 + ν Poisson )(1 − 2ν Poisson )
C11 − C12 E Éq. 6-33
avec C 44 = C55 = C 66 = = =G
2 2(1 + ν Poisson )
⎡C11 C12 C 12 0 0 0 ⎤
⎧σ x ⎫ ⎢C C 11 C 12 0 0 0 ⎥⎧ ε x ⎫
⎪σ ⎪ ⎢ 12 ⎥⎪ ⎪
⎪ y⎪ ⎢C12 C12 C11 0 0 0 ⎥⎪ ε y ⎪
⎪⎪σ z ⎪⎪ ⎢ C11 − C 12 ⎥⎪ ε ⎪
⎨ ⎬= ⎢ 0 0 0 0 0 ⎥ ⎪⎨ z ⎪⎬,
⎪τ yz ⎪ ⎥ ⎪γ yz ⎪
⎢ 2 Éq. 6-34
⎢ 0 C 11 − C12 ⎥⎪ ⎪
⎪τ zx ⎪
⎪ ⎪ ⎢ 0 0 0
2
0 ⎥ ⎪γ zx ⎪
⎪⎩τ xy ⎪⎭ ⎢ C11 − C12 ⎥ ⎪⎩γ xy ⎪⎭
⎢ 0 0 0 0 0 ⎥
⎣ 2 ⎦
Ces relations permettent de décrire le comportement élastique linéaire d’un matériau (Bodig
et Jayne, 1982). Le bois est un matériau viscoélastique qui s’apparente en première
approximation pour des sollicitations statiques mesurées par rapport à ses critères de
rupture comme un solide élastique. C’est d’ailleurs le cas de beaucoup de solides en
première approximation.
Il faut ajouter qu’il est souvent plus judicieux d’étudier une déformation en pure
flexion sans déformation plane. Dans le cadre de la flexion des laminés, les hypothèses
classiques de flexion pure sont celles de Kirchhoff-Love. La première hypothèse est qu’un
segment perpendiculaire au plan moyen conserve sa perpendicularité, sa rectitude et la
seconde hypothèse fait état de la conservation de la longueur du segment. Ces hypothèses
associées à l’hypothèse d’une adhésion parfaite (avec un adhésif fin et indéformable)
constituent la classical lamination theory ou CLT. Il faut noter que la supposition d’une
déformation nulle dans l’épaisseur de la CLT n’est pas valable dans le cadre de la
supposition des contraintes planes. Cependant, la CLT donne une base pour de nombreuses
analyses et s’avère adéquate dans la plupart des applications d’ingénierie.
Les coefficients Aij sont liés à la traction ou à la compression dans le plan, les coefficients
Bij sont liés aux couplages et les coefficients Dij sont liés à la flexion.
Cette expression matricielle va nous permettre d’exprimer plus simplement les relations
entres les contraintes et les déformations dans le cas le cas de l’hypothèse des contraintes
planes (modélisation de contraintes de traction dans le plan du panneau composite) ou alors
dans le cas de déformations de flexion (Halpin, 1992).
Les coefficients D16 et D26 s’annulent si le laminé est entièrement composé de pli à 0 ou
90°. De même, ces deux coefficients peuvent s’annuler (la somme des termes s’annulent) si
pour chaque pli θ le laminé possède un équivalent (par rapport au plan moyen) par le biais
d’un pli -θ. Ceci implique, dans ce cas de figure, que le laminé n’est plus symétrique et par
conséquent Bij ≠ 0.
usuelles (x, y, z). Etant donnée la nature bidimensionnelle de l’étude d’un laminé, les
relations de transformation sont données en deux dimensions (Equation 6-36). Cette
matrice T (annexe D) est indépendante du matériau avec toutefois le postulat d’un
continuum.
⎧σ 1 ⎫ ⎧σ x ⎫
⎪ ⎪ ⎪ ⎪
⎨σ 2 ⎬ = [T ]⎨σ y ⎬ Éq. 6-36
⎪τ ⎪ ⎪τ ⎪
⎩ 12 ⎭ ⎩ xy ⎭
⎧σ 1 ⎫ ⎡Q11 Q12 ⎤ ⎧ ε1 ⎫
⎪ ⎪ ⎢ ⎥ ⎪ε ⎪
⎨σ 2 ⎬ = ⎢Q12 Q22 ⎥ ⎨ 2 ⎬
⎪τ ⎪ 2Q66 ⎥⎦ ( k ) ⎪⎩ 12 γ 12 ⎪⎭ ( k )
⎩ 12 ⎭ ( k ) ⎢⎣
où
Éq. 6-38
E11 E 22
Q11 = , Q22 = ,
(1 − ν 12ν 21 ) (1 − ν 12ν 21 )
ν 21 E11 ν 12 E 22
Q12 = = ,
(1 − ν 12ν 21 ) (1 − ν 12ν 21 )
Q66 = G12 et Q16 = Q26 = 0
⎪τ ⎪ ⎪1 γ ⎪
⎩ xy ⎭ ( k ) ⎩ 2 xy ⎭ ( k )
⎧σ x ⎫ ⎡Q11* Q12* Q16* ⎤ ⎧ ε x ⎫ Éq. 6-40
⎪ ⎪ ⎢ * * ⎥⎪ ⎪
⎨σ y ⎬ = ⎢Q12 ⎥⎨ ε y ⎬
*
soit Q22 Q26
⎪τ ⎪ ⎢ * * ⎥⎪ 1 ⎪
⎦ ⎩ 2 γ xy ⎭
*
⎩ xy ⎭ ( k ) ⎣Q16 Q26 Q66
(k )
La matrice de rigidité dans le repère (x, y) régit donc les équations d’une couche
laminaire généralement orthotrope. Les rotations T sont usuellement en accord avec
le repère (x, y) de la plaque ou laminé et non avec le repère du matériau (attention
donc aux transformations car le signe des composantes 16 et 26 peut devenir négatif
si cette convention est changée).
la connaissance des caractéristiques mécanique du pli unidirectionnel soit E11, E22, G12 et
ν12. Par la suite, les coefficients de la matrice de rigidité réduite Q sont calculés puis
transformés en Q*, pour être en accord avec les axes de référence du laminé (x, y). La
somme des Q* se transforme en une intégration des Q*(θ) entre π/2 et -π/2 (Equation 6-
41).
⎧ N x ⎫ h / 2 ⎧σ x ⎫
⎪ ⎪ ⎪ ⎪
⎨ N y ⎬ = ∫ ⎨σ y ⎬dz avec h l ' épaisseur du stratifié
⎪ N ⎪ −h / 2 ⎪τ ⎪
⎩ xy ⎭ ⎩ xy ⎭
⎧σ x ⎫ ⎧ Nx ⎫ ⎧σ x ⎫
(z k − z k −1 )
z
⎪ ⎪ 1⎪ ⎪ 1 n k ⎪ ⎪
soit ⎨σ y ⎬ = ⎨ N y ⎬ = ∑ ∫ ⎨σ y ⎬
⎪τ xy ⎪ h ⎪ N ⎪ h 1 zk −1 ⎪τ ⎪ Éq. 6-41
(k )
⎩ ⎭ ⎩ xy ⎭ ⎩ xy ⎭ ( k )
⎧ N x ⎫ ⎛ ⎡Q11 Q12 0 ⎤ ⎞⎧ ε x0 ⎫ ⎡ A11 A12 0 ⎤ ⎧ ε x0 ⎫
⎪ ⎪ ⎜ n ⎢ ⎟⎪ ⎪ ⎪ ⎪
⎨ N y ⎬ = ⎜ ∑ ⎢Q12 Q11 0 ⎥⎥ (z k − z k −1 )⎟⎨ ε y0 ⎬ = ⎢⎢ A12 A11 0 ⎥⎥ ⎨ ε y0 ⎬
⎪ N ⎪ ⎜ k =1 ⎢ 0 Q66 ⎦⎥ k
⎟⎪ 0 ⎪ ⎢
A66 ⎦⎥ ⎪⎩γ xy0 ⎪⎭
⎩ xy ⎭ ⎝ ⎣ 0 ⎠⎩γ xy ⎭ ⎣ 0 0
π /2
A11 = ∫Q (θ )dθ
*
11
π
− /2
A partir des relations entre les Aij et les modules de l’ingénieur on obtient les
caractéristiques d’un stratifié isotrope plan équivalent (Equation 6-43).
1 ⎛ A A − A122 ⎞ A
E P = ⎜⎜ 11 22 ⎟⎟ et ν P = 12
h⎝ A22 ⎠ A22
Éq. 6-43
A
de plus GP = 66
h
L’approche par la théorie des stratifiés est traitée dans plusieurs travaux sous des
angles différents. Fukunaga (1990) propose un travail sur la configuration de plis
orthotrope de type [(+θ/-θ)i] dans le but d’obtenir un laminé isotrope (figure 6-1). Un total
de 40 plis, selon une séquence précise, est apparu nécessaire à la réalisation d’un composite
195
Yeh et Yeh (2000) ont réalisé une étude statistique qui aboutit à la conclusion que
statistiquement un stratifié de 40 plis ou plus, peut être raisonnablement envisagé comme
macroscopiquement isotrope. Enfin, Melo et Radford (2002) ont effectué une étude
originale basée sur les coefficients d’expansion thermique des laminés, dans le but
d’obtenir les constantes élastiques d’un stratifié isotrope transverse.
La modélisation par la méthode des éléments finis (F.E.M) peut se faire à plusieurs
niveaux. Par exemple, le comportement mécanique non linéaire du bois appliqué au
défibrage a été modélisé par Holmberg et al (1999). Le pressage de composites
bois/polymère a aussi été simulé numériquement par différents auteurs (Yang et al, 1994 ;
Bolton et Humphrey, 1988 ; Bolton et al, 1989abc, Yang et Sasaki, 1994). De manière plus
courante, ce sont les composites polymériques qui font davantage l’objet de F.E.M. que ce
soit pour des problèmes de diffusion de chaleur (Thrasher, 1997), ou bien de diffusion d’un
polymère à l’état liquide ou fondu dans un matelas fibreux grâce au moulage par transfert
de résine noté RTM (Lin et al, 1998 ; Kang et al, 2001). Les problèmes de formage ou
thermoformage sont aussi traités pour des composites à renforts fibreux, souvent
unidirectionnels, ou pour des textiles (Lim et Ramakrishna, 2002 ; Warby et al, 2003). Les
éléments finis fournissent des solutions numériques à ces problèmes de formage en utilisant
différentes modélisations allant des modèles élastiques (Polynkine et al, 1996) aux modèles
plastiques en passant par des modèles visqueux, élastoplastiques, ou hyperélastiques. Le
modèle d’hyperélasticité connu sous le nom de néo-Hookéen est présenté pour des
simulations de thermoformage par les travaux de Song et al (1991) ou Kouba et al (1992).
Il permet de s’occuper de cas avec de larges déformations sans toutefois prendre en compte
la viscosité en tant que telle. D’autres modèles, comme la méthode généralisée des cellules,
sont appliqués avec une F.E.M sur des composites à renforts discontinus (Pahr et Arnold,
2002). Dans le cas d’un composite à renforts fibreux, Xia et al (2002) ont comparé la
197
méthode « shear-lag » avec une F.E.M basée sur un modèle élastique/matrice plastique. Il
est intéressant de noter que l’étude de Chandra et al (2002) porte sur des composites à
renfort fibreux en utilisant les propriétés dynamiques comme les modules complexes et la
viscosité lors d’une F.E.M micromécanique en 2D.
L’information obtenue par microscopie confocale a été traitée afin d’obtenir par des
approches probabilistes (Serra, 1999 ; Jeulin, 1994, 1998, 1999) un modèle de structure
aléatoire. Des résultats intéressants comme la granulométrie, la porosité, le nombre
d’intersections entre les fibres, leurs tailles et leur nombre ont été obtenus (tableau 6-1).
Figure 6-2 : Simulation d’un modèle 3D de fibres (droites de Poisson), Delisée et al 2001b
198
Tableau 6-1 : Données issues de la simulation par un milieu aléatoire de panneaux MDF
(Michaud, 1999 ; Delisée et al, 2001ab)
Caractéristiques granulométriques et paramètres simulés
issus du modèle anisotrope de droites aléatoires de Poisson
Densité apparente 0,25 0,42
Rayon des fibres R(µm) estimé par ajustement du modèle 13,3 15,5
Nombre de fibres Nd (mm-2) déduit du modèle 45 48
Nombre moyen d’intersections Nint (mm-1) déduit du modèle 4,88 5,81
Taille des pores 〈r〉 et écart-type (µm) mesurés par analyse d’images
34 38,4
(6) (21,3)
L’état de contraintes sous sollicitations dans des réseaux fibreux aléatoires quasi-
plans a été étudié par Ostaja-Starzewski et al (1999). Le réseau fibreux est présenté comme
une construction de droites de Poisson. Le modèle de Cox est remis en cause et modifié afin
de tenir compte des relations entre les fibres. Les fibres sont envisagées comme des poutres
rigides reliées par des pivots rigides ce qui satisfait davantage aux conditions d’un solide
réel. L’étude, proposée dans le §6.1.3.2, relève du même type de démarche puisqu’il est
question d’une simulation de l’enchevêtrement fibreux d’un panneau MDF. Ces deux
études permettent d’insister sur le rôle que peut avoir la structure en réseau du composite
sur ses propriétés physiques.
200
Une caractéristique des nontissés est la longueur des fibres impliquées. En effet
selon la longueur des fibres il est possible ou non de considérer qu’elles sont continues ou
discontinues grâce aux relations suivantes :
σ fdf
Xc = avec σ f = σ uf (adhésion parfaite )
4τ i
Éq. 6-44
2Xc
si << 1, alors continuité
lf
Cette vérification de l’hypothèse de continuité guide le choix des modèles qui sont
applicables aux composites nontissés.
La notion de réseau aléatoire n’est pas facile à prendre en compte car cela nécessite
de considérer le matériau à l’échelle mésoscopique. De plus, la porosité de ces réseaux
implique un comportement complexe notamment si l’intérêt de l’étude porte sur des critères
de rupture.
Modèle de Bingham
σseuil plastique
Eplastique
ηplastique
σ <σs ⇒ σ = Eε
⎧⎪ε = ε e + ε p
σ ≥σs ⇒ ⎨ Éq. 6-46
⎪⎩σ = Eε e = σ s + η p ε& p
εe déformation élastique, εp déformation plastique, ηp viscosité plastique, σs contrainte seuil (de plasticité)
La notion de seuil est importante pour nos WPC puisqu’un palier a été observé lors des
essais de thermoformage en flexion 5 points. C’est sur la base de ces deux modèles que sera
constitué la modélisation rhéologique des WPC au §6.3.
Tsai). Ces méthodes sont susceptibles d’être mise en œuvre dans le cadre de la
modélisation de nos panneaux composite bois/thermoplastique. À ce titre, nous nous
proposons de présenter quelques travaux alliant une combinaison de modèles afin de
caractériser les propriétés d’un matériau.
L’étude de Giurgiutiu et Reifsneider (1994) présentée dans le paragraphe 6.1.2.2 est un bon
exemple d’association de modèle puisqu’il s’agit d’utiliser un modèle simple, une méthode
inverse et la théorie des stratifiés afin d’estimer les propriétés mécaniques d’un composite à
renfort fibreux aléatoirement distribué.
Igl et Osswald (1993) proposent une étude sur la thermoformabilité de composites fibres de
bois/polyoléfine. Le but de ce travail était de réaliser une simulation du thermoformage en
utilisant une relation contraintes-déformations appropriée et des éléments finis de type
coque. Les résultats simulés et expérimentaux ont aussi été confrontés à des résultats
analytiques.
présentées tableau 6-2, plus ou moins en accord avec les données expérimentales (Etraction à
20°C, §4.2.4.2 tableau 4-9).
Figure 6-5 : Processus de modélisation des propriétés dans le plan des WPC2
à température ambiante
L’estimation des propriétés du panneau référence MDF/pMDI est très proche des données
expérimentales puisque nous avons effectué un processus d’optimisation afin d’obtenir, à
partir des estimations, le laminé équivalent MDF le plus fiable possible. Cette optimisation
est contrôlée par une autre estimation des propriétés du laminé équivalent faite à l’aide de
données sur les matériaux brutes et des équations de Halpin-Tsai (voir annexe D).
Les estimations ne prennent pas en compte, sauf pour les modules transverses, de la nature
des fibres naturelles. Ceci explique les résultats assez similaires pour les estimations
composites contenant 15% de PP2 (15,75,0 B.R et 15,75,3 F.L). Il en est de même pour les
composites à 30% de thermoplastique. En réalité, la nature des fibres naturelles (B.R ou
206
F.L) influence fortement les propriétés surtout lorsque la cohésion est un facteur important.
Il est donc logique d’obtenir globalement des surestimations des modules puisque
l’adhésion est supposée pour tous les modèles utilisés sauf Nielsen. Cependant, le
composite 30,75,3 B.R est le seul qui soit notablement sous-estimé (1919 MPa pour 2368
MPa en expérimental). Cela signifie que l’apport de l’agent de couplage n’est visiblement
pas suffisamment pris en compte par le modèle.
Tableau 6-2 : Estimations des propriétés dans le plan des WPC2 à température ambiante
WPC2 ρ porosité2
MOEtraction MOEestimé Gestimé νestimé Poisson
1
(densité ) mesuré (MPa) (MPa) (MPa) (coeff de Poisson)
MDF/pMDI 0,65 0,545 2590 2525 1014 0,245
30,75,0 F.L 0,65 0,531 1700 1891 783 0,208
15,75,0 B.R 0,65 0,532 2224 2171 893 0,216
30,75,0 B.R 0,65 0,531 1811 1912 787 0,215
15,75,3 F.L 0,65 0,532 1990 2187 896 0,220
30,75,3 B.R 0,65 0,531 2368 1919 788 0,217
1
choix cohérent avec données expérimentales, 2 valeur calculée (équation 4-4, tableau 4-2, §4.2.1.1)
Dans une moindre mesure, il y a une légère sous-estimation (une cinquantaine de MPa)
pour le composite 15,75,0 B.R La présence en plus grande quantité de la sciure de B.R tend
vraisemblablement à créer une meilleure cohésion que les hétérogénéités dues aux F.L. Le
modèle est de fait plus proche de la réalité. Ces observations confirment les résultats
obtenus et le rôle attribué aux différents constituants jusqu’alors.
La composante bois des WPC se traduit par les éléments du modèle de Burger. Ce modèle
nécessitant la détermination de 4 paramètres, un modèle plus simple à 2 paramètres
(Maxwell) a été pris en considération dans l’expression du modèle complet (équation 6-47).
Le modèle de Bingham exprime la composante thermoplastique des WPC. Étant donné que
la quantité de plastique est limitée dans le réseau fibreux composant le matériau, alors nous
avons introduit un élément supplémentaire (une butée en analogie mécanique). Cet élément
agit comme une limite en déformation du plastique.
⎛ η ⎞ ⎛ −⎛⎜ E ⎞⎟ ε ⎞
σ (ε ) = ⎜η ⋅ C +
⎜ ⎟
σ seuil ⎟ ⋅ ⎜⎜1 − e ⎝ η ⎠ ⎟⎟
⎝ η plastique ⎠ ⎝ ⎠
Éq. 6-48
⎛η ⋅η ⎞ ⎛ E ⋅E ⎞
η = ⎜⎜ plastique bois ⎟⎟ et E = ⎜ plastique bois ⎟
⎜E ⎟
⎝ η plastique + ηbois ⎠ ⎝ plastique + Ebois ⎠
imaginé le domaine de comportement des WPC lors d’une sollicitation en traction simple à
température de thermoformage.
plateau plastique
viscoélasticité Déformation
εseuil plastique
6.4 Conclusion
Les possibilités offertes et développées pour modéliser les matériaux composites
sont nombreuses. Nous avons vu que malgré cette abondance, il est difficile de trouver une
approche capable de rendre compte du comportement complexe de nos panneaux
composites WPC. Cette difficulté provient de la nature même des WPC qui sont poreux, et
structurés selon un réseau fibreux isotrope plan. De plus, la matrice est en quantité limitée,
elle ne forme pas un ensemble unique (pas de percolation), qui enroberait les fibres de bois,
211
comme c’est le cas de la majorité des composites étudiés. Cette spécificité des WPC nous a
conduit à développer une approche combinant plusieurs types de modèles analytiques afin
de prédire les propriétés des WPC2 à température ambiante. Les propriétés ou plutôt le
comportement de nos WPC à haute température (plage de thermoformage) implique de
grandes déformations ce qui n’est pas compatible avec les modèles utilisées pour
l’approche à température ambiante. Afin d’obtenir une simulation du comportement
rhéologique à température de thermoformage, nous avons développé une seconde approche
basée sur des modèles mécaniques simples.
La première approche a pour objectif de prédire les propriétés mécaniques des WPC2 à
20°C dans le plan des panneaux. Ce modèle à température ambiante est construit à partir
des équations de Nielsen, Halpin-Tsai et la théorie des stratifiés. Les équations de Nielsen
permettent de tenir compte des propriétés d’adhésion par l’intermédiaire de l’estimation des
modules d’élasticité perpendiculaires aux panneaux WPC2. Les équations d’Halpin-Tsai
permettent de définir les propriétés d’un laminé unidirectionnel équivalent pour les
différents WPC2 à partir de données expérimentales et de données prises dans la littérature.
Enfin, grâce à la théorie des stratifiés il est possible de construire des stratifiés isotropes
plans à partir des laminés unidirectionnels équivalents (E1, E2, G12, ν12). Ces stratifiés
constituent les prédictions des propriétés (EP, GP, νP) dans le plan des WPC2 à 20°C. Cette
dernière étape rend ainsi compte de l’architecture du réseau fibreux des WPC, de même la
porosité des composites a été prise en compte. Une étape préliminaire, semblable, a été
effectuée afin d’optimiser les estimations des propriétés du laminé unidirectionnel
équivalent au MDF à partir de données expérimentales et de données sur le MDF ou les
constituants des WPC2 prises dans la littérature. Les résultats obtenus, bien qu’ils ne soient
pas complètement satisfaisants du point de vue de la prédiction pour l’ensemble des WPC2,
sont révélateurs. C’est principalement la difficulté de prise en compte de l’adhésion, malgré
l’utilisation des équations de Nielsen, qui est à l’origine des écarts d’estimation. La
comparaison avec les résultats expérimentaux confirme l’impact négatif des F.L et des
hétérogénéités qu’elles représentent, ainsi que le rôle extrêmement positif de l’agent de
couplage MAPP.
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A notre connaissance, un tel matériau n’existe pas, ce qui nous a conduit à envisager de
nombreuses possibilités. Il est apparu, dans cette étude, que quelques panneaux composites
fibres de bois/thermodurcissable/thermoplastique sont à même de rencontrer les exigences
prérequises. En effet, seuls les composites WPC, obtenus par un mélange homogène de
l’ensemble des constituants (encollés avec environ 10% de thermodurcissable sur la masse
totale), contenant 70% des fibres de bois et 30% de thermoplastique ont montrés une
aptitude au post-thermoformage. De plus, les fibres de bois doivent comporter des fibres de
MDF associées soit à des fibres longues (F.L) soit à de la sciure de bois rétifié (B.R), dans
les proportions ¾ et ¼ . Toutes les autres formulations expérimentées se sont avérées
220
D’une façon plus générale, les procédés de fabrication et l’analyse des constituants, comme
nombre des propriétés relatant le comportement rhéologique de nos WPC, nous ont conduit
à utiliser des techniques empruntées à d’autres domaines que les sciences du bois.
221
16
MDF/pMDI
14
30,75,0 F.L
15,75,0 B.R
12
30,75,0 B.R
10 15,75,3 F.L
Contrainte (Mpa)
30,75,3 B.R
8
0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0,9
Déformation
12 MDF/pMDI
30,75,0 F.L
10
15,75,0 B.R
30,75,0 B.R
8
15,75,3 F.L
Contrainte (Mpa)
30,75,3 B.R
6
0
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 1,2 1,4
Déformation
⎪ ⎪ ⎢ ⎥⎪ ⎪
⎨σ 2 ⎬ = ⎢ sin θ cos 2 θ − 2 sin θ cosθ ⎥ ⎨σ y ⎬
2
(
⎪τ ⎪ ⎢− sin θ cosθ sin θ cosθ cos 2 θ − sin 2 θ ⎥ ⎪τ ⎪
⎩ 12 ⎭ ⎣ ⎦ ⎩ xy ⎭ )
⎧ ε 1 ⎫ ⎡ cos θ
2
sin 2 θ 2 sin θ cosθ ⎤ ⎧ ε x ⎫ Éq. D-1
⎪ ⎪ ⎢ ⎥⎪ ⎪
⎨ ε 2 ⎬ = ⎢ sin θ cos θ − 2 sin θ cosθ ⎥ ⎨ ε y ⎬
2 2
(
⎪ 1 γ ⎪ ⎢− sin θ cosθ sin θ cosθ cos 2 θ − sin 2 θ ⎥ ⎪ 1 γ ⎪
⎩ 2 12 ⎭ ⎣ ⎦ ⎩ 2 xy ⎭ )
Cette matrice de passage et les relations qui en découlent ne sont rien de plus que
l’expression matricielle des relations du cercle de Mohr.
Tableau D-3 : Module transverse des laminés unidirectionnels équivalents selon Nielsen
Calcul du Module transverse (E2) du laminé unidirectionnel équivalent à partir des
équations de Nielsen et des résultats de cohésion des WPC2
E2 selon Nielsen (MPa)
IB σmatrice ultime Ematrice
Composite νfibres mauvaise bonne adhésion
(MPa) (MPa) (MPa)
adhésion adhésion parfaite
MDF/pMDI 0,83 40 3000 0,405 104,6 137,4 239,1
30,75,0 F.L 0,28 35 1500 0,327 17,8 22,9 38,6
15,75,0 B.R 0,6 35 1500 0,397 42,7 56,0 97,1
30,75,0 B.R 1,23 35 1500 0,327 78,4 100,4 169,6
15,75,3 F.L 0,95 35 1500 0,397 67,6 88,6 153,7
30,75,3 B.R 1,22 35 1500 0,327 77,7 99,6 168,2
Figure D-2 : Influence de l’estimation du module transverse via les propriétés IB sur la
modélisation des propriétés du WPC
Références Annexe D
Berthelot J-M : Matériaux composites : comportement mécanique et analyse des structures.
Edition : Masson, Paris, p620, (1992)
Gay D : Matériaux composites. 3ème edition revue et augmentée, Hermès, Paris, (1991)
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Force (N)
400
350
( ) ( )
300
250
F = Fseuil 1 − e − x + P e x
200
150
Fseuil
100
0
0 5 10 15 20 Déplacement
25 (mm)
ou flèche maximale
Contrainte (Pa)
Modélisation : Rhéologie Essai 5 pts de thermoformage
Courbe
Courbe obtenue
obtenue à partir
à partir de l’équation
de l’équation 6-48 77
LesLes données
données d’entrée
d’entrée sont issues :
sont issues:
des modulesdynamiques
des modules dynamiques expérimentaux
expérimentaux
etetde
de la
la littérature
littérature
Seuil de de
le seuil contrainte
contraintechoisi à 10àMPa
est choisi 10 MPa
déformation