Vous êtes sur la page 1sur 17

Techniques de la haute tension

II. Coordination de l’isolement

Introduction
Les appareillages des postes et des réseaux de distributions à haute tension sont soumis en
exploitation à des surtensions d’origine atmosphérique ou de service provenant de
manœuvres, de mises à la terre, de courts-circuits ou d’autres incidents conduisant à des
problèmes transitoires.

On entend par coordination de l’isolement, l’ensemble des mesures qui sont prises pour
éviter des décharges disruptives de perforation ou de contournement dans le matériel des
installations.

Ces conditions sont obtenues en respectant des tensions de tenue minimales pour les
diverses parties des installations. Il s’est donc avéré nécessaire de fixer des règles
internationales et nationales (Commission Electrotechnique Internationale –CEI-- et
Association Suisse des Electriciens –ASE-). Ces règles définissent d’une part les tensions
d’essais du matériel électrique et, d’autre part, les conditions dans les quelles ces essais
doivent être effectuées. Par une gradation des tensions d’essai, on obtient ainsi une
coordination de l’isolement correcte.
Techniques de la haute tension

II. Coordination de l’isolement: introduction

Différents niveaux de tensions présents dans les réseaux MT-HT

Fig.1. différents niveaux de tension dans un réseau


Techniques de la haute tension

II. Coordination de l’isolement: introduction

Distance d’isolement

Distance d’isolement : cette appellation regroupe deux notions, l’une de «distance dans les gaz
(air, SF6, etc. ...)» et l’autre de «ligne de fuite» des isolants solides (Figure ci-dessous).
La distance dans les gaz est le plus court chemin entre deux parties conductrices.

La ligne de fuite est également le plus court chemin entre deux conducteurs, mais suivant la
surface externe d’un isolant solide (on parle de cheminement).

Fig.2. ligne de fuite dans un isolant solide


Techniques de la haute tension

II. Coordination de l’isolement

1. Isolation et isolants
Les systèmes d’isolations peuvent être composés des trois états de la matière: solide,
liquide et gazeux. Les caractéristiques diélectriques doivent répondre aux sollicitations
maximales, à long terme. La valeur du champ maximum juste avant un claquage définit
la rigidité diélectrique d’un matériau. Cette valeur est différente pour les ondes de
choc et les ondes alternatives

2. Gradation de l’isolement
Les appareils dont la coordination de l’isolement est correcte présentent les niveaux de
tension de la figure suivante:
u
up tension de perforation (isolation interne).
uc tension de contournement ou cheminement (isolation externe).
ue tension d’essai fixé par les règles de coordination des isolement (CEI).

um tension maximale pour le réseau


Techniques de la haute tension

II. Coordination de l’isolement

2. 1. Tension de perforation ou de claquage


C’est la tension qui conduit à la perforation ou percement de l’isolant interne. Décharge
complète ou destructive au travers de l’isolant. Cette tension doit être évidemment plus
grande que la tension de contournement de l’appareil.

2. 2. Tension de contournement, tension de cheminement


C’est la tension disruptive, qui produit une décharge dans l’air, le long de l’isolation
externe de l’appareil. Cette tension doit être plus élevée que la tension d’essai. En effet,
selon les règles précitées, l’appareil soumis à la tension d’essai ne doit présenter aucun
contournement au cours des essais.

2. 2. Tension d’essai
La tension d’essai ou de tenue est fixée par les règles nationales ou internationales et
permet une coordination correcte de l’isolant..
Technique de la haute tension

II. Coordination de l’isolement

2.3. Tension d’essai


Exemple d’essai au choc sur un isolateur en résine Époxy :
Tension nominale la plus élevée :24 kV efficace.
Tension d’essai: 125 kV, Onde 1,2/50 s.

Fig.3.

Pour déterminer la tension de perforation de l’isolateur, il faut immerger ce dernier dans de


l’huile ou dans du gaz sous pression (par exemple N 2, SF6)
Technique de la haute tension

II. Coordination de l’isolement

Tenue en tension
Elle diffère, en particulier, suivant le type de surtension appliquée (le niveau de tension, le front
de montée, la fréquence, la durée ...).
De plus, les lignes de fuite peuvent être sujettes à des phénomènes de vieillissement, propres
à la matière isolante considérée, entraînant une dégradation de leurs caractéristiques.

Les facteurs influents sont principalement :


- les conditions d’environnement (humidité, pollution, rayonnement UV),
- les contraintes électriques permanentes (valeur locale du champ électrique).

La tenue des distances dans les gaz est également fonction de la pression :
- variation de la pression de l’air avec l’altitude ,
- variation de la pression de remplissage d’un appareil.
Technique de la haute tension

II. Coordination de l’isolement

Tension de tenue

Dans les gaz, la tension de tenue d’un isolement est une fonction fortement non-linéaire de la
distance. Par exemple, dans l’air, une contrainte de tension efficace de 300 kV/m est
admissible au-dessous de 1 m, mais elle peut être réduite à 200 kV/m entre 1 et 4 m, et à 150
kV/m entre 4 et 8 m.

Il faut aussi noter que cette distance n’est pratiquement pas modifiée par la pluie.
Ce comportement macroscopique est dû à l’inhomogénéité du champ électrique entre des
électrodes de forme quelconque et non pas aux caractéristiques intrinsèques des gaz.

Il ne serait pas observé entre des électrodes planes de taille «infinies», (champ homogène).
Les lignes de fuite des supports de barres, des traversées de transformateurs, des chaînes
d’isolateurs sont déterminées pour obtenir une tenue similaire à la distance directe dans l’air
entre deux électrodes extrêmes lorsqu’elles sont sèches et propres. Par contre, la pluie et
plus encore la pollution humide réduisent notablement leur tension de tenue.
Technique de la haute tension

II. Coordination de l’isolement

On appelle tension de tenue à fréquence industrielle la valeur efficace la plus élevée de la


tension à la fréquence de service que le matériel doit supporter pendant une minute entre sa
partie active et la masse, sans qu’il ne se produise de décharge disruptive de perforation ou
de contournement. La figure suivante fournit un comparatif des tensions de tenue entre l’air et
le SF6 en fonction de la pression.

Fig. 4. tension disruptive du SF6 et de l’air en fonction de la pression


Technique de la haute tension

II. Coordination de l’isolement

On appelle tension de tenue au choc la valeur de crête de la tension de choc en onde pleine
de forme normalisée que le matériel doit supporter dans des conditions spécifiées.

Tenue aux surtensions de manœuvre.

Les distances soumises à des chocs de manœuvre réunissent les quatre propriétés
fondamentales suivantes :
 la non-linéarité, déjà mentionnée, dans la relation distance/tension,
 la dispersion, qui fait que la tenue doit être exprimée en termes statistiques,
 la dissymétrie, (la tenue peut être différente selon que l’onde est de polarité positive et
négative),
 le passage par un minimum de la courbe de la tension de tenue en fonction de la durée de
front. Lorsque la distance entre les électrodes croît, ce minimum évolue vers des durées de
front de plus en plus élevées (fig. 5). Il se situe en moyenne, autour de 250ms, ce qui
explique le choix du front de montée de la tension d’essai normalisée (essais normalisés
selon CEI 60 : application d’une onde de durée de front de 250ms et d’une durée de demi-
amplitude de 2500ms).
Technique de la haute tension

II. Coordination de l’isolement

Tenue aux surtensions de manœuvre.

Fig. 5. tracé des minimums de tenue en fonction de la durée de front du choc appliqué en polarité positive.
Technique de la haute tension

II. Coordination de l’isolement

Tenue aux surtensions atmosphériques.

En choc de foudre, la tenue se caractérise par une beaucoup plus grande linéarité que pour les
autres types de contraintes. Ici encore, le phénomène de dispersion existe, avec une tenue à la
polarité positive (le plus appliqué à l'électrode la plus pointue) moins bonne qu'en polarité
négative.
Deux formules suivantes, simples, permettent d'apprécier pour les réseaux THT et MT, les
performances au choc de polarité positive 1,2 ms/50ms d'un intervalle d'air :

U50 = d/1.9.
U50 (en MV) est la tension pour laquelle la probabilité de claquage est de 50%,
Uo =d/2.1
Uo (en MV) est la tension de tenue et d la distance d’isolement en mètres.
De nombreuses études expérimentales ont donc permis de dresser des tables précises de
correspondance entre la distance et la tension de tenue, en prenant en compte différents
facteurs tels que les durées de front et de queue, la pollution environnante et la nature de
l’isolant.
Technique de la haute tension

II. Coordination de l’isolement

Tenue aux surtensions atmosphériques.

A titre d’exemple, la figure 6 fournit les variations de la tension U 50 en fonction de la distance et


de la durée de queue T2 pour un intervalle pointe positive plan.

Fig. 6. U50 en fonction du temps T2 de décroissance à mi-amplitude la valeur maximale obtenue pour des
intervalle entre la pointe et le plan, d=4m, d=6m et d=8m.
Technique de la haute tension

II. Coordination de l’isolement

Le niveau d’isolement d’un matériel donnée est défini par les valeurs de tenue à fréquence
industrielle et de tenue au choc.

Le niveau de protection au choc d’un dispositif de protection est la valeur de crête la plus
élevée de la tension qui peut exister entre ses bornes lors de l’application d’une onde de choc
normalisée .
Pour un parafoudre à résistance variable, ce sera la tension résiduelle correspondant à
l’intensité de décharge la plus élevée à laquelle on puisse s’attendre. Il est clair qu’il faudra
veiller à ce qu’une relation convenable existe entre ce niveau de protection et le niveau
d’isolement du matériel. Roth [3] recommande un niveau de protection d’environ 25% au-
dessous du niveau d’isolement.
Technique de la haute tension

II. Coordination de l’isolement

La figure suivante représente la courbe U=f(t) d’un parafoudre pour un front d’onde donnée.
On appelle tension résiduelle Ur sous l’effet d’un courant de décharge, la valeur du plafond de
tension établi par le parafoudre, découlant du dimensionnement et des propriétés de la
résistance variable. Siemens mentionne par exemple, pour un parafoudre destiné à un réseau
de 30KV,
I=1KA Ur=93KV, I=5KA Ur=114KV, I=10KA Ur=122KV, I=65KA Ur=135KV

Onde incidente (tension de choc de la foudre par exemple


Tension d’amorçage

Tension résiduelle
Tension établie aux bornes du parafoudre

Ur dépend du courant de la décharge


Ua dépend de la raideur du front de l’onde
Techniques de la haute tension

II. Coordination de l’isolement

3. Gradation des niveaux d’isolement dans un réseau

Il est pratiquement impossible, pour des raisons économiques d’isoler, parfaitement un


réseau. Des surtensions très fortes créeront ainsi des perturbations, d’où les dispositions
suivantes:

1. Limiter l’importance de ces perturbations, si possible pas d’interruption de service.

2. Limiter les dégâts à des parties secondaires facilement accessibles et remplaçables.

3. Les lignes étant peu accessibles, seront bien isolées. Dés 30kV, fil de garde.

4. Les sous-stations étant bien surveillées, les surtensions peuvent être bien contrôlées.

De ces principes, on comprend que la gradation des niveaux d’isolement des diverses parties
est indispensable. L’exemple suivant illustre bien ce problème.
Techniques de la haute tension
II. Coordination de l’isolement

NL: niveau d’isolement de la ligne.


NP: niveau de protection du parafoudre (fixé par
Urisiduelle)
Ni: niveau intermédiaire fixé par exemple par un
éclateur aux bornes d’une traversée d’un
transformateur d’essai.
Na: niveau d’isolement de l’appareillage.

Vous aimerez peut-être aussi