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COLLOQUE AgressionTransgression2
COLLOQUE AgressionTransgression2
2 éme partie
Jean-Pierre VOUCHE
Psychologue clinicien, psycho criminologue
Avril 2011 1
Agression Transgression
Comment peut-on vivre le rapport à l'obéissance (la loi) et à la
transgression après avoir subi des agressions?
Ou pour ceux qui ne l'ont pas été, et qui sont auteurs d’agression
diverses : comment s'imaginent-ils le rapport à l'obéissance et à la
transgression pour leurs victimes d’aujourd'hui.
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Tous soumis ?
Des foules qui se rassemblent pour prier avec dévotion un gourou manipulateur, des quidams qui se
transforment en tortionnaires, une petite victime qui s’éprend de son bourreau, etc.
Jusqu’où sommes-nous soumis?
Les situations extrêmes révèlent parfois ce qui, dans la vie ordinaire, pourrait passer inaperçu.
En 1991, Jaycee Dugard, une jeune Californienne de 11 ans, est enlevée devant sa maison par un couple de
ravisseurs sous les yeux de son beau-père. En août 2009, dix-huit ans plus tard, Jaycee est retrouvée à
quelques dizaines de kilomètres de là dans la petite ville d’Antioch. La jeune femme, qui a maintenant 29
ans, vit dans des tentes de fortune à l’arrière d’un petit pavillon. Elle a eu deux petites filles de son ravisseur.
En dix-huit ans, Jaycee a eu mille occasions de s’enfuir mais ne l’a jamais fait. Comment se fait-il que la
jeune femme se soit soumise aussi longtemps? Comment se fait-il que la femme de Philip Garrido, le
ravisseur, ait participé à l’enlèvement et à la séquestration? La peur et la menace suffisent-elles pour
expliquer la soumission des victimes à leurs bourreaux. Le pouvoir n’est jamais si fort que quand il
réussit à rendre ses victimes consentantes.
Quand on aborde l’épineux mystère de la soumission consentie, la première référence est l’incontournable
Discours de la servitude volontaire d’Etienne de La Boétie (1530-1563). Le point de départ est le même que
celui de son contemporain Machiavel: dévoiler les sources du pouvoir. Mais plutôt que de se situer du
point de vue du prince, La Boétie se place du point de vue du peuple. Au départ, cette énigme: d’où vient
que les hommes acceptent d’obéir à un maître, qui est parfois un tyran? Pour La Boétie, il est clair que
la domination politique et l’esclavage ne sont en rien naturels. De plus, le peuple, par son nombre et par sa
force, possède la capacité de renverser tous les pouvoirs. Dès lors, comment comprendre la soumission à
l’autorité, à l’oppression?
La Boétie évoque plusieurs raisons: d’abord la coutume et les habitudes qui font croire aux hommes
que leur condition est «naturelle», que les choses sont ainsi et que l’on n’y peut rien. S’y ajoute toute
une série d’autres mécanismes d’assujettissement: l’admiration pour le chef, pour ses insignes de
pouvoir, mais aussi la résignation et la passivité. Il y aurait donc bien une part de responsabilité du
peuple dans une servitude volontaire. La Boétie souligne un autre point essentiel: le maître sait diviser pour
régner. Le tyran saura toujours user des divisions internes au peuple; de même, il saura accorder à certains
des privilèges et des parcelles de son pouvoir. En multipliant les niveaux hiérarchiques et les faveurs, il
s’assure des clients, des partisans et des courtisans. Voilà un autre point essentiel: se soumettre à la loi du
prince peut aussi procurer des avantages…
« Je veux vous dire ceci : vous avez souffert mais cela ne vous rend pas meilleur
que ceux qui vous ont fait souffrir. Ce sont des gens comme vous et moi. Le mal
est en chacun de nous. »
(« Murambi. Le livre des ossements », Boubacar Boris Diop)
Il serait confortable de croire que les bourreaux sont des monstres, des
psychopathes, des sadiques ou des êtres pervertis par de mauvais traitements
subis durant leur enfance. Ces hypothèses sont néanmoins inopérantes à
expliquer pourquoi de nombreuses personnes d’une communauté affables et
débonnaires en temps de paix, et pas uniquement quelques individus isolés, se
métamorphosent en tortionnaires cruels et invétérés dans les contextes de conflit .
Les victimes de la guerre en Bosnie le savent, elles qui ont parfois eu à souffrir
des tortures infligées par de proches connaissances.
Si la personnalité ou l’histoire individuelle peut promouvoir des vocations de
bourreaux, ces seuls éléments sont cependant nettement insuffisants à
expliquer ce phénomène. Devenir bourreau, violeur résulte, en effet, d’une
association complexe d’éléments individuels, sociaux, politiques et/ou culturels
qui autorisent ou promeuvent la violence et la cruauté.
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1. Les conflits communautaires, facteurs favorisant le phénomène de la torture
Toute société régule, codifie, fixe, voire légifère, l’accès aux biens, à la procréation (par le
biais de la sexualité) et au pouvoir.
Par exemple, on peut acquérir des biens en les acquittant à l’aide de monnaie, de troc ou
de contre-dons mais on ne peut les voler ; on peut entretenir une relation sexuelle avec un
partenaire répondant à des critères spécifiques mais l’envisager dans tout autre cadre est
interdit (viol) ; on peut accéder au pouvoir par des procédures établies mais on ne peut
l’usurper. Des règles, des lois, des procédures fixées ou implicites prescrivent et régissent
également la circulation et la transmission des biens, des partenaires sexuels (et donc, des
enfants) et du pouvoir, nous obéissons à ces lois.
Dans la majorité des conflits armés opposant clans, ethnies, nations, etc., les belligérants
cherchent à renverser l’ordre social et à s’assujettir ce qui le fonde : les biens, la
procréation/la sexualité et le pouvoir. Ils volent, pillent, violent et s’approprient les biens de
la communauté adverse. Ils violent, castrent et engrossent leurs ennemis. Ils prennent le
pouvoir et dominent par leurs transgressions leurs adversaires en les réduisant à
l’impuissance (siège prolongé des villes, famine des populations, mauvais traitements et
torture, profanation des symboles culturels, etc.). Peut-on résister à ces mauvais
traitements?
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Dans la torture, le viol : l’emprise des tortionnaires des violeurs
et l’aliénation (l’obéissance, la soumission) des victimes
atteignent leur acmé.
La situation expérimentale mise en scène par Milgram n'est pas sans analogie
avec la torture. En effet, le moniteur obéit à des ordres délivrés par une
autorité, sa victime est à sa merci et il est mandaté pour lui infliger des sévices
douloureux.
- l'obéissance à l'ordre,
- le déni de la réalité,
- la justification de l'acte
- et le refus de la responsabilité.
Le bourreau, le violeur, le tueur justifient leurs actes et considèrent que celui qu’il
torture est coupable, menaçant, nuisible ou qu’il viole est indigne du genre humain
(par exemple agressions homophobes, viols de « femmes qui l’ont bien cherché »). Les
individus qui se livrent à des atrocités ou qui exhortent autrui à en commettre ne
conçoivent généralement pas leurs actes comme relevant de l’agression. Le plus
souvent, ils minimisent, voire éludent leur responsabilité en tant qu’agresseur. En
effet, ils argumentent leur brutalité en la parant d'élaborations et de conceptions culturelles
(distorsions cognitives) qui dévoient l'idée de violence en tant qu'agression. Par exemple,
les cruautés sont perçues comme un moyen de rétablir l'ordre moral, de chasser les
« mauvais » et de permettre à la communauté (le clan, l’ethnie, le pays, etc.) de poursuivre
son existence en paix. Dès lors, la meilleure défense étant l’attaque, l’idée prévaut qu’il
vaut « mieux vaut leur faire ce qu'ils nous font ou nous feraient si nous les laissions faire ».
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4. La fabrication des tortionnaires
Pour F. Sironi, « on ne naît pas tortionnaire, on le devient ; soit par une violente expérience de
déculturation, soit par une initiation spécifique qui utilise des techniques traumatiques ». C’est le cas
par exemple, de la formation de certaines unités spéciales de corps militaires et policiers dont les
entraînements spécifiques sont particulièrement traumatogènes.
S'inspirant de la formation des tortionnaires grecs sous la dictature des colonels, Sironi décrit les 4
éléments autour desquels s’articule
le processus d'initiation des tortionnaires:
1.La séparation totale avec le monde social ordinaire : isolement de la famille, interdiction de sortir de
l’école militaire, etc.
2.La rupture avec les univers de référence des novices : abolition de tous les repères, nouvelles règles
dont certaines à l'encontre de toute logique, etc. Obéissance totale au nouvel ordre.
3.La consécration d’une nouvelle identité au sein du nouveau groupe d'appartenance au cours d'une
cérémonie officielle clôturant le processus d'initiation.
4.La création d'êtres nouveaux différents de ce qu'ils étaient avant leur initiation et de tous les autres,
civils et militaires. Il leur était dit explicitement qu’ils étaient désormais à part et au-dessus des lois
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régissant le monde commun. Donc la transgression est banalisée. 15
Cette transformation de l'identité comporte quatre étapes :
1.Les préliminaires : les instructeurs mettaient en valeur l'identité initiale des candidats en
mobilisant leur idéal de justice, de vérité et d'absolu et construisaient la conception qu'ils
étaient porteurs des attributs d'une « virilité idéale » (fierté, dureté et obéissance).
La torture est un traumatisme complexe. Judith Herman, professeur à la Harvard Medical School,
définit les traumatismes complexes comme le résultat d’une victimisation chronique
d'assujettissement (obéissance forcée) à une personne ou à un groupe de personnes .
Dans ces situations, la victime est généralement captive sous le contrôle de l’auteur des actes
traumatogènes et incapable de lui échapper. Ma liberté et ma capacité de faire des choix personnels
ont du mal à résister à ces épreuves traumatiques répétées sous contrainte.
La particularité des faits de traumatisme dans le cadre de la torture tient à l’intentionnalité. Les
tortionnaires infligent des cruautés dans le but de produire intentionnellement un traumatisme.
Pour le viol il y a également intentionnalité d’imposer un acte agressif, et pour certains
psychopathes et pédophiles (immaturo-pervers/ prédateurs), les actes sont réalisés avec une cruauté
et une volonté d’élimination.
Les lois qui régissent l’humanité sont profanées et bafouées par les hommes eux-mêmes.
La transgression ultime. La mort, la douleur, les blessures, les sévices et la souffrance sont
provoqués, entretenus et exacerbés intentionnellement par des individus malveillants .
Les valeurs essentielles de l’existence telles que la paix, l’altruisme, la solidarité, l’amitié,
l’éthique, le prix de la vie et la compréhensibilité du sens des choses, sont brusquement reniées.
Ma liberté et ma capacité de faire des choix personnels ont du mal à résister face à ces
destructurations mentales intentionnelles.
Sans compter que de nombreuses victimes, contraintes de quitter leur pays d’origine, sont
confrontées aux multiples difficultés et souffrances liées à l’exil (perte du statut social,
éclatement de la cellule familiale, installation précaire dans un pays d’accueil, insertion
dans une nouvelle culture, etc.).
Nous l'avons vu, la torture, cette agression massive a pour but de détruire les victimes et d’anéantir leur
groupe d’appartenance. Dès lors, il n’est donc pas étonnant qu’elle ait des effets au niveau individuel, familial
et communautaire.
Au niveau individuel, le but de la torture est de produire intentionnellement un traumatisme . Les réactions qui
dérivent de cette attaque contre la personnalité sont multiples et provoquent une altération des capacités
cognitives, émotionnelles et comportementales (syndrome post-traumatique et symptômes associés) ainsi qu’un
changement de personnalité.
Au niveau familial, la torture engendre fréquemment des dysfonctionnements. En effet, le retrait affectif ou à
contrario, les attitudes de dépendance vis-à-vis des proches, l’irritabilité et l’agressivité , la perte de curiosité
pour les activités professionnelles et de loisirs, la perte de motivation pour quoi que ce soit et l’apathie
entravent le bon déroulement de la vie de famille. Par ailleurs, de nombreuses victimes sont amenées à s’exiler
loin des leurs.
Au niveau social, la torture entraîne une baisse globale du fonctionnement psychosocial. Du fait même que les
sévices sont intentionnels et sont perpétrés dans le cadre d’une relation humaine, le viol - la torture sapent les
fondements même des rapports interpersonnels que sont la confiance et le respect .
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2. Les conséquences au niveau individuel
* l’état confusionnel
* une alternance entre un émoussement (état d’impuissance, dépression, retrait affectif, etc.) et une
hyperactivité émotionnelle (anxiété, colère, « rage aveugle », violences, transgressions) qui peut voir
apparaitre des reproductions des violences subies. Mais pas systématiquement. Mais même dans ce
cas la victime qui se trouve dans cette reproduction n’est pas de l’ordre du choix personnel
conscientisé mais plus inconscient. C’est aussi une révolte pour éviter de vivre dans un monde de
domination, de soumission.
Dans leur revue de la littérature, F. Somnier et coll. (1992) remarquent que les signes
symptomatiques les plus fréquemment rencontrés sont, par ordre de fréquence
décroissant, les troubles du sommeil et les cauchemars, les maux de tête, l’anxiété, la
dépression, le retrait social, les troubles de la mémoire et de la concentration, la
fatigue, l’agressivité et l’hypersensibilité.
« Il y a d’une part les symptômes « bruyants », caractérisés par le mouvement, l’agitation, l’explosion :
l’irritabilité, l’agressivité, l’hallucination, les cauchemars, les réveils en sursaut, les cris dans la nuit, les
insomnies, les frayeurs, les troubles psychosomatiques, les tremblements, les changements de personnalité, tout
ceci aboutissant à une extériorisation, à un débordement des limites. Avec dans ce cas une perte de sa capacité
de faire des choix personnels raisonnés.
D’autre part, il y a toute une série de symptômes qui peuvent être caractérisés par la fermeture, l’arrêt, le
silence, la perte ou l’absence de mouvement : la tristesse, l’apragmatisme, la fatigue, le besoin de s’isoler, la
clinophilie (qui est la tendance à passer la quasi-totalité de la journée dans son lit), en somnolant plus qu'en
dormant. Les pleurs, la méfiance, les troubles de la concentration et de la mémoire, l’impossibilité de penser,
les changements de personnalité allant vers la fermeture.
Quand elle présente une souffrance traumatique consécutive à la torture, une même personne peut être décrite
des deux manières, en référence à deux catégories diamétralement opposées. On peut dire qu’en elle, il y a une
partie qui est encore directement sous influence (donc sous domination), et une autre qui lutte bruyamment et
activement contre cette influence (rébellion de survie, de sortir le mal déposé en soi).
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Enfin sont également présents les signes spécifiques qui témoignent d’un accès
« sauvage » à des connaissances cachées sur l’humain : la recherche systématique de
l’intention de l’interlocuteur, les rêves prémonitoires, les coïncidences troublantes
dans la vie de tous les jours, la perception à distances des événements, la découverte de
dons nouveaux et l’appétence pour l’étrange et l’inexpliqué. » Mais cette attitude est
une aliénation aux violences subies, pour se défendre en anticipation de la
reproduction de domination dangereuse! Mais alors quel monde?
F. Sironi distingue les signes relatifs à l’effraction, ceux relatifs à l’influence du
tortionnaire intériorisé et ceux relatifs à l’accès à des connaissances cachées. Elle
propose un regroupement des signes selon ces différentes catégories :
Effraction
- sursauts, cris, tremblements, peurs incontrôlées
- céphalées, atteinte de la sphère cutanée (démangeaisons, eczéma…), ulcère
doute, étrangeté, isolement, souffrance liée au sentiment d’être différent des autres
- troubles de la mémoire et de la concentration
- cauchemars
- autoaccusation et culpabilité d’avoir une identité propre
- peur qu’on puisse lire sa pensée, peur d’être transparent et influencé
Influence du tortionnaire
* Une recherche de sensations fortes: de vouloir exister très fort, une notion de
surexistence. C’est une résistance au traumatisme.
* Quand les limites ne sont plus posées, on peut les côtoyer, dans une quête de
sensations. On va chercher les limites dans l'excès, tromper la mort "il ne va rien
m'arriver, de toute façon, j'aurai toujours le contrôle, ou je suis déjà mort
psychiquement". Ce n’est pas le choix d’un monde sans domination, mais d’un
monde de confrontation aux risques, aux limites pour avoir la certitude de bien
être en vie!
L'engagement- défi : la prise d'initiative est une prise de risque délibérée et
nécessaire pour survivre. L'engagement génère de l'incertitude. C'est dans cette
incertitude que le sujet tente d'apposer la marque de son individualité, qu'il s'autorise
à affronter ce qu'il nomme ses « limites ».
Il flirte avec le danger non par goût mais par nécessité.
Le rapport au risque est toujours une épreuve de vérité.
J'y ai déjà largement pensé. Le côté noble du truc, c'est une réparation,
pour que les autres ne vivent pas ce que j'ai vécu ».
* Le cas inverse est également observé: il arrive que des ravisseurs relâchent leurs captifs sans
nécessité, par sympathie pour eux, se privant ainsi de leur planche de salut. On parle alors de
syndrome de Lima, du nom d’une prise d’otages de 1996.
* Exemple de jeune fille agressée sexuellement à 12 ans→ elle développe des
conduites à risque sexuelles→ elle fait une fausse couche à 14 ans. Elle est à la fois
dans la transgression et pas.
Cette jeune fille a déjà été agressée, elle continue à se faire agresser, et à
s'exposer. Elle va s’inscrire dans un monde de soumission déterminé par elle du
fait de son exposition aux risques, plus dans une dynamique de destruction que
de survie, elle se condamne à rester ce que l’agresseur à fait d’elle.
* Autre exemple des jeunes filles, qui étaient abusées par leur père. Très tôt la petite
on la retrouvait dans des voitures, à l'autoroute, n'importe où, ivre, droguée. La petite
sœur, allait le long de la route et pour un paquet de cigarettes faisait des petits
plaisirs. Comment comprendre cela: « j'ai été salie, j'ai plus d'estime de moi, »
mais en même temps je profite de cela pour avoir ce que je veux, elle utilisait les
hommes, mais ceux desquels elle pouvait profiter, les autres elle les rejetait. Elle se
met quand-même en position d'objet. Son choix est de vivre dans un monde de
domination de l’homme, c’est une aliénation et non un vrai choix personnel
constructif!
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Autres idées:
Tous les gens qui ont été agressés, n'agressent pas forcément 33%.
Les bourreaux cherchent à faire perdre aux victimes leur identité. Eux-
mêmes passent par un processus de dépersonnalisation. c'est comme un
arrêt sur image qui est tellement fort qu'ils n'arrivent pas à en décoller.
Bettelheim dans son livre parle aussi de bourreaux et victimes dans les camps
de concentration et de deux positions: obéir ou s'identifier au bourreau pour
ne pas souffrir (identification à l'agresseur). Il y a des programmes de
formation comme cela dans les armées pour faire obéir leurs hommes.
Pour les anciens accidentés de la route, qui veulent travailler dans la
prévention, où on peut devenir comme cela très rigide ou au contraire très
ouvert dans la transmission, avoir une grande ouverture d’esprit et de
tolérance. Ne pas être dans le jugement, comprendre…Le seul fait d'être
victime, son message sera « ne fait pas ça », il y en a qui ne s'engagent pas
dans cette voie.
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4 VOIES possibles:
1. La transgression contre soi, la répétition traumatique compulsive (la voie
mortifère, continuer à se faire agresser, transgresser, s’exposer), continuer dans la
voie de l’agresseur;
2. La transgression agressive: en reproduisant l'acte en tant qu'agresseur cette
fois, voir ce que cela produit sur autrui, fascination maladive;
3. Une lutte exagérée militante contre cette agression, la défense de la cause des
victimes, qui est aussi compulsive;
4. Obéissance dans le rapport à la loi, Une résilience est aussi possible.
Ma vie ne doit pas s’arrêter à cet évènement, je rebondis .
La victime qui subit en ayant pleine conscience qu'elle subit, serait moins détruite que celle
qui subit en confusion.
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Dans la résilience, ce qui est frappant c'est « la capacité à mettre en
sens une expérience insensée, d'en faire un récit cohérent »
(Guedeney, 1999). Le fait de donner sens est une manière d'avoir
prise, la déprise totale étant justement dans le non-sens (Esparbès-
Pistre et Tap, 2000). Il s'agit d'être autonome, de se constituer ses
propres valeurs.
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