Vous êtes sur la page 1sur 2

Grand

Canyon
Homme - Nature : 0-1 !

Jeudi 5 mars – On the road again!


16 h 48 - Highway 66
La Highway 66 est une route, comme son nom
l’indique. Une route, c’est-à-dire un coulis de béton
orné de voitures. Tout pour me plaire, a priori. Le
croirez-vous? Parcourir la Route 66 fut une excellente
expérience que je ne suis pas près d’oublier.

Il faut dire que ce n’est pas n’importe quelle route, la


Historic Route 66. John Steinbeck, un gars du coin (à
qui on ne la fait pas) l’a baptisée la Mother Road dans
Les Raisins de la Colère. La Route 66 traverse les États-
Unis de part en part et, à vrai dire, fut la première à
accomplir cette performance, d’où son statut quelque
peu mythique, dans un pays où la voiture est
omniprésente et signifie beaucoup aux yeux des
habitants (des articles scientifiques ont été écrits sur
les rapports particuliers et ambigus des Américains à
l’automobile, considérée comme un vecteur de
liberté individuelle).

Le tronçon que nous avons parcouru s’étend de


Kingman (première ville en revenant de Las Vegas) à
Flagstaff, localité - station de ski située au nord de
Phoenix (voir carte). Il présente cet avantage d’avoir
été supplanté en termes de rapidité et d’efficacité par
une autoroute - bien moderne, celle-là, ce qui élague
très considérablement le trafic (très dense partout
ailleurs). Voilà qui est bien plus confortable pour
rouler pépère et admirer les somptueux paysages. Car
somptueux, ils le sont. Arpenter les paysages
mythiques de l’Ouest américain, les grandes plaines
sillonnée d’une voie de chemin de fer historique, les
étendues d’herbe jaunie et de petits buissons, parfois
les forêts, toujours les horizons splendides... Ce fut
magnifique de bout en bout. Qui a dit : «le bonheur, 36
c’est le chemin»?
Photo volée du
gyrophare

Jeudi 5 mars - Mais la police vei%ait ! (à tonner d’une voix forte, sur l’air
de «Mais la justice vei%ait !», de la chanson «Les Dalton» de Joe Dassin)
17 h 08
Nous avons passé la nuit dans un motel de bord de grand-route typique lui aussi du road trip
américain, à Williams (proche de Flagstaff, déjà assez élevée en altitude et située au coeur d’une
forêt de conifères). De retour d’avoir été souper à Flagstaff, nous avons eu droit au scénario, tout
aussi typique, de l’arrestation par l’agent de police américain. Rien ne nous a été épargné du
cliché que vous pouvez voir et revoir dans vos films préférés : la conduite tranquille au plus
profond de la nuit noire ; un air faussement léger fredonné par la radio pour tromper les
ténèbres ; un oubli total de soi sur ce trajet entre nulle part et nulle part. Et soudain, les lumières
aveuglantes, hurlant le vacarme des décibels silencieux en leur nom et place. Pas de sirène, mais
des gyrophares éblouissants et intimidants. Intimidé, donc, vous vous glissez subrepticement en
bord de route en déroulant, l’espace d’un éclair, le fil de votre trajet, avec en tête l’obsédante
question : «Que me reproche-t-on?».

La portière claque, un homme descend. D’âge moyen, l’uniforme beige réglementaire. Il ne lui
manque que les lunettes de soleil qu’à coup sûr il aurait porté pendant la journée. Pendant
quelques secondes qui semblent durer des heures, il s’achemine lentement vers le véhicule, pesant
de tout le poids de l’autorité dont il est investi. La fenêtre du conducteur est ouverte ; par
prudence, il opte pour celle du passager.

Un de nos phares était en rade. Voilà tout. Le brave policier s’est contenté d’un rapide constat et
d’un ordre de réparation, accompagnés de sourires sympathiques et d’oeillades appuyées à
Catherine (l’obscurité nous aurait-elle induit en erreur?). Échanges cordiaux, sourires, pas de
tracas. Et en prime, le plaisir d’un souvenir marquant de plus - inoubliable, lui aussi. Pour
l’anecdote, après en avoir ri avec Walter, le généreux prêteur de voiture, nous avons rebaptisé
cette dernière The Cyclop.

37

Vous aimerez peut-être aussi