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Lundi 9 mars – Bisbee

11 h 15
Anne et moi avons découvert Bisbee bien avant notre décollage pour les States. Évidemment, nous
n’avions pas alors la moindre idée qu’il s’agissait d’une ville, et encore moins que nous aurions un jour
la chance d’y mettre les pieds. Pour l’anecdote, les charmes de Bisbee nous furent dévoilés par une
magnifique chanson d’un groupe de Tucson nommé Calexico. Si vous avez la chance de prêter l’oreille
à leur magnifique chanson Bisbee Blue, placée en ouverture de leur album Garden Ruin, surtout
n’hésitez pas une seule seconde (petit coup de pouce).

Bisbee, à nouveau, est une de ces villes qui rappelle avec une très forte acuité la toute grande
proximité de l’histoire des États-Unis. Une troupe de soldats à la poursuite d’indiens atterrit presque
par accident dans cette vallée abrupte, hostile, et y découvre un filon riche en minerai d’argent, ce
dont l’armée avait grandement besoin. Le développement est à nouveau fulgurant mais, en lieu et
place de l’argent, c’est principalement des gisements de cuivre qui sont découverts et exploités. De
très importants gisements, ce qui explique que l’inévitable déclin (lié à toute activité minière?) se
produisit de manière progressive, languissante. La dernière exploitation a fermé ses portes en 1975.
Quand je vous dis à quel point cette histoire est récente - son encre est à peine sèche - et à quel point
elle fait écho à notre propre histoire et notre passé houiller. A la question de savoir si nous irions
visiter la mine de cuivre et son petit tour en wagonnet, Anne me rétorqua qu’elle n’avait jamais été
visiter Blégny-mine!

Les stigmates du déclin économique sont encore fortement imprimés à


même la chair de la ville de Bisbee, par ailleurs magnifique et tapie avec
coquetterie dans son écrin de verdure et sa petite vallée rougeoyante sous les
rayons du soleil. La ville, beaucoup moins «spectaculaire» que Tombstone,
n’est pas l’objet d’un acharnement touristique, et bénéficie de ce fait d’une vie
authentique, avec des vrais morceaux d’habitants et d’économie locale dedans.
On trouve à Bisbee énormément de boutiques d’antiquaires, de fripes, de
barnum d’occasion. Anne et moi y avons fait moisson avec délectation et avons ramené un splendide
sac-à-main en cuir artisanal, une veste adidas à la mode de mes vertes années, un poster «belge» de film
américain et surtout, pour ce qui me concerne, une magnifique paire de chaussures en cuir dont je suis
absolument fan.

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Peanut butter, sirop
4th avenue, son d’agave, en vrac et
tramway self-service

Mardi 10 mars – Tucson bis .


05 h 15
Le dimanche, Anne et moi avons décidé de passer la matinée à Tucson avant de nous diriger vers
le très renommé Desert Museum, qui est en fait un zoo et un «jardin divers» du désert. Je me dois
ici de réitérer mes impressions précédentes ; Tucson n’a rien d’une ville agressive, speedée,
couverte d’automobiles 24/24 h, entièrement dédiée au business, tout le rebours. Alors qu’à
Phoenix, le mot d’ordre est manifestement «show must go on», ici à Tucson l’on sent très
nettement qu’une place importante est réservée à la qualité de vie, à l’ambiance méditerranéenne,
à la détente. Le dimanche, avant midi, les rues sont vides, les magasins fermés. L’atmosphère est
douce.

Nous nous rendons sur la 4th avenue, située en plein centre et qui est une espèce de rue des
hippies. Les petites maisons mignonnes et colorées située de part et d’autre de la voirie abritent
des échoppes flower power, des fringues vintage authentiques ou encore une coopérative
alimentaire. Calquée sur le modèle que Anne et moi entendons respecter en matière de
nourriture (cf. p. 22), cet endroit délicieux proposait à la vente, en vrac, du sirop d’agave
biologique produit localement (l’agave est un type de plante/cactus qui pousse très bien ici et
produit un délicieux sirop, ce qui n’empêche pas bon nombre de lobotomisés du commerce
mondial de lui préférer le sirop d’érable) ainsi qu’un miel divin. Mais le sommet fut atteint avec la
machine à broyer les cacahouètes bios qui fabrique en direct, sous vos yeux, le meilleur des
beurres de cacahouètes. N’en jetez plus, la coupe est pleine!
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