REPUBLIQUE DHANTI
Le Sénat
Le Président ~~ Port-au-Prince, le 05 décembre 2014
‘SRH-PS-SDD/49-2423
Monsieur le Président de la République,
Le Bureau du Sénat de la République a fhonneur de vous informer que du 03
au 05 décembre 2014, le Grand Corps a organisé une retraite & Club Indigo
afin d'explorer les voies et moyens permettant de trouver une issue a la crise
politique actuelle.
Suite & de nombreux débats sur ce sujet, les parlementaires signataires de la
présente ont convenu de lancer aux grands pouvoirs de I'Etat un appel a la
concertation afin de déboucher sur un consensus dans I'ntérét de la nation
tout entiére. A cet effet, le Bureau du Sénat vous prie de bien vouloir trouver
ci-joint le document final.
Tout en vous souhaitant bonne lecture, le Bureau du Sénat demeure convaincu
que cette démarche retiendra votre meilleure attention et saisit occasion pour
vous renouveler, Monsieur le Président de la République, ‘expression de ses
sentiments patriotiques.
a
Simon Dieuseul Desras, AV.
Président du Sénat
‘Son Excellence
Monsieur Michel Joseph Martelly
Président de la République
Palais national.- = 3
‘Avenue Marie Jeanne, Cité de Exposition, Port-au-Prince, Halti
wunupresidencesenath@yahoo.fr / Té.: (509) 2222-8541 / Fax: (509)
3903REPUBLIQUE O'HAITI
Le Sénat
APPEL A LA CONCERTATION
Mise en contexte
La crise s'envenime !
La nation agonise !
II devient de plus en plus évident que nous cheminons inexorablement vers une
échéance promise a tous les aléas, & toutes les aventures, a toutes les catastrophes.
Les extrémismes s’affrontent sans aucune inclination & se rejoindre sur le terrain du
dialogue et du compromis, qui demeure le lieu privilégié du jeu démocratique.
Ce cloisonnement étanche, cette polarisation des forces politiques, l'entétement des
uns et arrogance des autres, tout cela compromet l'espoir d’un rapprochement dans
la recherche d'une issue a la crise politico-sociale actuelle.
La formation par le Président de la République d'une commission consultative de onze
(11) membres a tout Pair d’un faux-fuyant: le Chef de lEtat, incapable de trancher
aprés les longues consultations de septembre @ novembre, se décharge sur une
commission plurielle de la responsabilité qui est sienne de faire Iui-méme la synthése et
de prendre la décision appropriée.
Co-dépositaire de la souveraineté nationale et donc détenteur d'une légitimité que lui
confére onction populaire, le Sénat estime le moment venu de se positionner devant la
nation et devant histoire. C'est avec une profonde tristesse qu'il constate que le cri
d'alarme du lundi 17 novembre lancé par les Sénateurs par la voix du Président du
Corps n’a pas provoqué chez les uns et les autres un sursaut de conscience
patriotique.
La situation, au lieu de cheminer logiquement vers une solution pacifique et partagée,
s'enfonce dans une impasse aveugle ; et le plus grand perdant sera encore le peuple
‘Avenue Marie Jeanne, Cité de l Exposition, Port-au-Prince, Haitiqui a, par son bulletin de vote, mandaté des élus a la sauvegarde de ses droits
fondamentaux a la vie, a la sécurité, a la paix et au progres.
C’est pour prévenir les catastrophes qui s'annoncent que le Sénat a décidé de se réunir
et de réfléchir dans isolement et la sérénité d'une retraite afin d'offrir une proposition
de solution susceptible de reoueillir 'adhésion des forces hostiles apparemment, mais
indissolublement liges dans lintérét commun de la paix publique, de la stabilité politique
et de la survie nationale.
L- LA NATURE REELLE DE LA CRISE.
La crise actuelle, dans son contenu, son déroulement, ses manifestations et ses
prolongements, va au-dela d'une banale crise électorale. Si pour certains analystes elle
dévoile une lutte de classe, laffrontement de deux tendances idéologiques ou de deux
catégories sociales, pour d'autres, elle s'affirme comme une crise de souveraineté. Elle
ne réussit pas a dissimuler le projet déja centenaire de certaines grandes puissances
alliées & des nationaux de contréler le pays haitien dans tous ses compartiments
&conomique, financier, minier, politique, électoral, etc. Aujourd’hui que le monde est
traversé par une nouvelle doctrine dominée par la consolidation des possessions, la
ruée vers lor et la résurgence de l’étalon or, et qu'on a découvert qu'Haiti est habitée
par un peuple affamé couché sur des mines d'or, de pétrole et autres ressources, les
convoitises s’allument. Certes, en 1986, les protagonistes de cette mainmise ont été
pris de court par les révolutionnaires patriotes et progressistes qui ont placé dans la
Constitution de 1987 des balises a leur boulimie en accordant au peuple une
participation réelle la conduite de son destin, notamment dans les ASECs, les
CASECs, dans la nomination des Juges, le choix des Membres du Conseil Electoral
Permanent, etc. En 2011, un amendement constitutionnel pervers a dépouillé le peuple
souverain de ses prérogatives pour les retourner a la classe dominante, 4 la
bourgeoisie administrative soumise aux grandes puissances de l'intemational. La nation
haitienne ne controle plus rien sur son territoire, ni ses ressources naturelles ni son
destin politique ni méme le choix de ses dirigeants, puisque les élections sont
délaissées entre les mains des étrangers qui les financent et qui détiennent les bases
de données et méme nos registres électoraux
La ctise actuelle couvre peut-étre, probablement, certainement une lutte de classe,
mais aussi le combat d'une frange de la société nationale qui veut rapatrier cette
souveraineté perdue et accaparée par une puissance étrangére avec la complicité et le
consentement conscient ou inconscient d'une catégorie de nationaux.
Si on ne pose pas bien le diagnostic de la maladie qui ronge notre corps social et
politique, il est peu probable qu'on lui oppose la thérapeutique appropriéeIl- LES NEGOCIATIONS
La crise haitienne entre dans une phase de pourrissement qui ne présage rien de bon
pour le futur immédiat de la société haitienne. Le raidissement de ‘opposition comme
Ventétement du Gouvernement, les manifestations qui glissent aux dérapages
meurtriers Comme les propos vulgaires du Pouvoir, tout cela tisse une conjoncture qui
semble promise & une explosion prochaine susceptible de balayer les institutions et la
‘communauté nationale.
Tout le monde est conscient que nous cheminons sur la route sans issue d'une aventure
qui hypothéque lavenir d’Haiti. La quéte objective et sereine d'une sortie a la crise
actuelle écarte les positions extrémes et irréconciliables :
1- Et du c6té de lopposition qui réclame la démission du Président constitutionnel.
Dans le jeu de la politique et de la démocratie, il est contre-indiqué de tronquer
les mandats d’élus et créer des précédents délétéres.
2. Et du c6té du Pouvoir en place qui claironne la menace de la gouvernance par
décrets, sur le souhait de la disparition de Institution parlementaire qui,
pourtant, reste et demeure une composante indispensable et incontournable de
la grande trilogie du systéme démocratique.
Il est obligatoire, pour la survie de la nation haitienne, d’organiser un dialogue
fructueux, hors des faux-fuyants et des manceuvres dilatoires, et surtout entre les
véritables protagonistes de la crise. Das le départ, pour étre sérieux, on doit accepter
de déblayer le terrain des quelques irritants tels que: 'arrét des persécutions politiques,
la libération des prisonniers politiques, la cessation de toute provocation verbale de part
et dautre,
LE PROBLEME FONDAMENTAL.-
Le probléme fondamental renvoie a la dislocation prochaine de |'Etat-Nation qui
n'existera peut-étre plus au 12 avril, au 12 juin ou au 28 juillet 2015. L'issue n'est pas le
vote de la loi électorale. Les Sénateurs ont pris le soin d'étudier les quatorze (14)
propositions de l'amendement ; elles ne facilitent ni n’empéchent la tenue d’élections.
Crest la volonté politique qui fait défaut. Nous cheminons vers la rupture de I'Etat-
Nation ; il faut empécher une telle catastrophe. Pour cela, il est impérieux de convoquer
les grands pouvoirs de I'Etat qui ont tous la responsabilité de la préservation de I'Etat-
3la mise en place d'un conseil électoral suivant esprit et la forme de l'article 289 de la
Constitution, la gouvernance démocratique,ete.
Il est contre-indiqué que 'un ou l'autre de ces grands pouvoirs de I'Etat délégue ses
attributions régaliennes a des entités non revétues du sceau de Ia légitimité populaire.
Nous devons comprendre que ce qui nous menace est une dislocation de I'Etat-Nation
d'Haiti et que nus devons prendre toutes les dispositions pour freiner cette descente
dans les abimes. Au terme des articles 59 a 60-1 de la Constitution de 1987 amendée,
le peuple a.délégué l'exercice de la souveraineté nationale a trois pouvoirs : 'Exécutif,
le Législatif et le Judiciaire. Et, a ce carrefour crucial de la vie nationale, c'est d’eux que
doit venir la concertation pour préserver I'Etat-Nation d’Haiti. L’heure est venue pour
chacun d'assumer ses responsabilités citoyennes et patriotiques.
En janvier 2015, le Sénat et 'Exécutif deviendront dysfonctionnels. Le Président, ne
pouvant fonctionner seul, se trouvera en dehors du cadre constitutionnel. Le Parlement,
réduit & sa plus simple expression, ne pourra plus remplir ses fonctions.
A cet égard, des antécédents historiques peuvent étre évoqueés afin d’éclairer les
chemins d’aujourd’hui:
- Janvier 1999, le Président René Préval a constaté la caducité du parlement dans
un discours qui a eu tout de méme des incidences politiques et administratives.
Néanmoins, il fut acculé a conduire des négociations qui ont abouti a l’Accord du
6 mars 1999, lequel accord a prévenu la rupture de I'Etat et conduit aux élections
de 2000.
- Février 2004 : Il n'y eut pas de négociations, mais une primauté insolente des
acteurs internationaux a conduit a la chute de I'Exécutif, au départ du Président
Jean-Bertrand Aristide, au renvoi du parlement et a T'instauration d'un
gouvernement provisoire mené par un Premier Ministre disposant de plus de
pouvoirs que le Président de la République.
Dans Ie sillage de ce précédent douloureux mais concluant, le Sénat invite le Chef de
Etat imiter la sagesse du passé en évitant a la nation "humiliation d’une solution
imposée de l'extérieur, en convoquant le parlement a l'extraordinaire, une convocation
qui pourrait s'étendre jusqu’a entrée en fonction de la nouvelle législature. Ainsi sera
appliqué de facon stricte le 7* considérant de la loi électorale de 2013 en vigueur qui
édicte de maniére claire et explicite que seuls des élus remplacent des élus.
La situation qui prévaut actuellement dans le pays nous rappelle étrangement les
risques d'effondrement des années passées en nous dennant de constater1) La possibilité d'une rupture annoncée de l'Etat, l'avénement du chaos, une
dislocation voire une liquéfaction des grands pouvoirs de I'Etat.
2) Un marronnage des décideurs principaux qui déléguent leurs pouvoirs a des
entités impersonnelles et illégitimes, notamment la Commission consultative qui
ne jouit d'aucune légitimité républicaine et dont les recommandations ne
sauraient lier aucun des Grands Pouvoirs de I Etat.
x
PROPOSITIONS
Pour éviter tels rupture, dislocation et chaos, le Sénat réclame que des assises
sérieuses soient convoquées dans le plus bref délai autour des questions de :
1) La gouvernance démocratique
2) Les élections souveraines et crédibles
3) Les revendications populaires fondamentales
4) La dysfonctionalité de certaines institutions républicaines.
Le Sénat, dans une saine lecture de l’article 136 de la Constitution, interpelle le
Chef de I’Etat 4 convoquer dans I’urgence les grands pouvoirs de I'Etat aux fins
arréter toutes les mesures visant 4 sauvegarder I'Etat-Nation d’Haiti. Ces
assises doivent prendre fin avant les fétes de Noé! 2014.
En tout état de cause, le Sénat exhorte tous les grands Pouvoirs de I’Etat a faire
leur Purgence d'une solution concertée.
Fait a Club Indigo, le 05 décembre 2014
‘Sénateur Steven Irvenson BENOIT
Sénateur Joseph Joé! JOHN Sénateur Jean-Baptiste BIEN-AIMESénateur Pierre Franky EXIUS
4
jateur Jean JEAN- STE
SEhateur Fréingois Anick JOSEPH
Sénateur Derex E LOUIS
‘Sénateur +5) ime ROUMER
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sénateur Edwin Daniel (lg
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tdeg ya
‘Sénateur Mélius HYPPOLITE
‘Sénateur Jean William JEANTY
‘Sénateur Francisco DELACRUZ
‘Sénateur Jean Charles MOISE
‘Sénateur Westner POLYCARPE
‘Sénateur Jocelerme PRIVERT