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Réforme de l'AME
Réforme de l'AME
La réforme de l'AME, qui était voulue par des députés UMP dans le projet de loi sur
l'immigration, a été renvoyée à l'examen du projet de finances (PLF) pour 2011.
Plusieurs amendements ont été déposés pour renforcer l'encadrement de l'AME. L'un
des amendements instaure "le paiement d'un droit annuel d'un montant de 30 euros
par bénéficiaire majeur" de l'AME.
Les quatre associations demandent que l'accès gratuit à la couverture santé AME soit
conservé dans l'attente d'une généralisation de la couverture maladie universelle
(CMU) à toutes les personnes à très bas revenus, y compris les sans-papiers.
Elles signalent que la couverture maladie garantie au bénéficiaire de l'AME est "plus
faible que celle d'un bénéficiaire de la CMU complémentaire [CMU-C]": les bénéficiaires
de l'AME, ainsi que leurs enfants, ne bénéficient "pas en effet d'une prise en charge
effective des prothèses dentaires et des lunettes, à la différence des bénéficiaires de la
CMU-C".
Les étrangers en situation irrégulière ont donc, "à revenu équivalent, une moins bonne
couverture maladie que les assurés français", renchérissent les associations. Elles
ajoutent que leur accès aux soins est rendu "particulièrement difficile en raison de
nombreux refus de soins (...) encore plus fréquents que pour les bénéficiaires de la
CMU-C".
Elles expliquent que les étrangers en situation irrégulière ne peuvent pas payer 30
euros pour l'accès à une couverture médicale car ils font partie des "personnes les plus
pauvres, celles qui ont les plus grandes difficultés à faire face aux dépenses
quotidiennes, en premier lieu le logement et la nourriture".
Concernant l'évolution des dépenses d'AME qui ont progressé de 13% entre 2008 et
2009, les associations l'expliquent en partie par la hausse du nombre de bénéficiaires,
qui elle-même trouve ses origines "dans le passage de nombreux ressortissants de
l'Union européenne de la CMU à l'AME". Les quatre organisations rappellent que
jusqu'en 2008, les citoyens européens pauvres pouvaient être affiliés à la CMU.
En outre, les entraves et les refus de régularisation par les préfectures d'étrangers
gravement malades ont aussi "pour effet de reporter sur l'AME les frais
d'hospitalisation de malades qui devraient normalement bénéficier de l'assurance
maladie", soulignent-elles. Enfin, elles expliquent la hausse des dépenses par
l'augmentation du prix des actes dans les hôpitaux, notamment dans le cadre de la
tarification à l'activité (T2A). Elles font remarquer aussi que le montant moyen des
dépenses par bénéficiaire AME, "pourtant comparable à celui des assurés sociaux", est
en fait "surévalué parce que ces derniers ne demandent l'AME qu'en cas de besoin de
soins, tandis que les assurés sociaux sont affiliés, même sans consommation de soins".
Pour contrer l'argument selon lequel les étrangers viendraient se faire soigner en
France, les associations font valoir que l'AME est réservée aux personnes "pouvant
justifier d'une résidence habituelle et permanente en France, ce qui exclut les
étrangers de passage". Elles rappellent aussi que l'immigration thérapeutique est
"extrêmement marginale": seuls 6% des sans-papiers en Europe citent la santé comme
l'un des motifs de migration, selon une enquête menée par Médecins du Monde.