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Nous dénonçons la réforme de l’AME

Aide Médicale d’Etat

Au cours d'une conférence de presse organisée pour marquer leur opposition


à la suppression de l'accès aux soins des étrangers en situation irrégulière,
plusieurs associations ont dénoncé la réforme de l'aide médicale d'Etat
(AME), discutée le 26 octobre à l'Assemblée nationale, en soulignant que ce
projet n'apporterait aucun bénéfice financier - Collectif interassociatif sur la
santé (Ciss), Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion
sociale (Fnars), Observatoire de la santé des étrangers (ODSE), Union
nationale interfédérale des oeuvres et organismes privés sanitaires et
sociaux (Uniopss).

La réforme de l'AME, qui était voulue par des députés UMP dans le projet de loi sur
l'immigration, a été renvoyée à l'examen du projet de finances (PLF) pour 2011.
Plusieurs amendements ont été déposés pour renforcer l'encadrement de l'AME. L'un
des amendements instaure "le paiement d'un droit annuel d'un montant de 30 euros
par bénéficiaire majeur" de l'AME.

Les quatre associations demandent que l'accès gratuit à la couverture santé AME soit
conservé dans l'attente d'une généralisation de la couverture maladie universelle
(CMU) à toutes les personnes à très bas revenus, y compris les sans-papiers.

Répondant à certaines allégations selon lesquelles les étrangers en situation irrégulière


seraient mieux lotis que les Français en matière de couverture santé, elles rappellent
que l'AME s'adresse aux étrangers les plus précaires, des personnes qui ont moins de
634 euros par mois pour vivre. Aujourd'hui, 216.000 personnes en bénéficient,
précisent-elles.

Elles signalent que la couverture maladie garantie au bénéficiaire de l'AME est "plus
faible que celle d'un bénéficiaire de la CMU complémentaire [CMU-C]": les bénéficiaires
de l'AME, ainsi que leurs enfants, ne bénéficient "pas en effet d'une prise en charge
effective des prothèses dentaires et des lunettes, à la différence des bénéficiaires de la
CMU-C".

Les étrangers en situation irrégulière ont donc, "à revenu équivalent, une moins bonne
couverture maladie que les assurés français", renchérissent les associations. Elles
ajoutent que leur accès aux soins est rendu "particulièrement difficile en raison de
nombreux refus de soins (...) encore plus fréquents que pour les bénéficiaires de la
CMU-C".

Elles expliquent que les étrangers en situation irrégulière ne peuvent pas payer 30
euros pour l'accès à une couverture médicale car ils font partie des "personnes les plus
pauvres, celles qui ont les plus grandes difficultés à faire face aux dépenses
quotidiennes, en premier lieu le logement et la nourriture".

Pour "repousser" cette dépense qui représenterait au minimum 5% de leurs revenus


mensuels, beaucoup d'entre elles retarderaient leur entrée dans le dispositif et seraient
donc prises en charge à un stade plus avancé de leur pathologie, compromettant ainsi
l'efficacité du traitement et avec un coût plus élevé pour la collectivité, font valoir les
associations.
Aucun bénéfice financier pour cette réforme
Le "surcoût" entraîné par les retards de prise en charge ainsi que les frais de
fonctionnement pour collecter cette somme réduiraient donc "à néant les bénéfices
escomptés de l'ordre de 6 millions d'euros", pointent-elles.

Concernant l'évolution des dépenses d'AME qui ont progressé de 13% entre 2008 et
2009, les associations l'expliquent en partie par la hausse du nombre de bénéficiaires,
qui elle-même trouve ses origines "dans le passage de nombreux ressortissants de
l'Union européenne de la CMU à l'AME". Les quatre organisations rappellent que
jusqu'en 2008, les citoyens européens pauvres pouvaient être affiliés à la CMU.

En outre, les entraves et les refus de régularisation par les préfectures d'étrangers
gravement malades ont aussi "pour effet de reporter sur l'AME les frais
d'hospitalisation de malades qui devraient normalement bénéficier de l'assurance
maladie", soulignent-elles. Enfin, elles expliquent la hausse des dépenses par
l'augmentation du prix des actes dans les hôpitaux, notamment dans le cadre de la
tarification à l'activité (T2A). Elles font remarquer aussi que le montant moyen des
dépenses par bénéficiaire AME, "pourtant comparable à celui des assurés sociaux", est
en fait "surévalué parce que ces derniers ne demandent l'AME qu'en cas de besoin de
soins, tandis que les assurés sociaux sont affiliés, même sans consommation de soins".

Pour contrer l'argument selon lequel les étrangers viendraient se faire soigner en
France, les associations font valoir que l'AME est réservée aux personnes "pouvant
justifier d'une résidence habituelle et permanente en France, ce qui exclut les
étrangers de passage". Elles rappellent aussi que l'immigration thérapeutique est
"extrêmement marginale": seuls 6% des sans-papiers en Europe citent la santé comme
l'un des motifs de migration, selon une enquête menée par Médecins du Monde.

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