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Comment lire un rythme?

Qu’est-ce que le rythme?


La notion de rythme en musique africaine est plus beaucoup plus simple et accessible
que ce que nous pouvons croire. En fait, le rythme est quelque chose qui transcende la
race humaine et qui est omniprésent partout autour de nous. Que ce soit le son de la
goutte d’eau qui tombe du robinet, du pic-bois creusant son trou sur l’écorce de l’arbre,
des chevaux qui galopent dans les champs ou de notre propre cœur qui bat, le rythme
est partout et est un rouage très important de la vie.

En musique, le rythme définit sa couleur, c’est-à-dire la façon dont il sera perçu à nos
oreilles. Par le fait même, le rythme musical est connecté directement à l’émotion qu’il
engendrera chez l’auditeur. Traditionnellement donc, à cause de cette réalité, le rythme
se transmet de façon orale de génération en génération, subissant les contrecoups
d’importantes modifications au passage, aucune référence écrite n’étant maintenue. Ce
n’est que dans la seconde moitié du 20e siècle que commencera à apparaître les
fameuses partitions de rythmes telles que nous les connaissons aujourd’hui.

Ce petit guide vous introduira à la façon de lire les rythmes africains. Nul besoin de
savoir lire la musique, seules quelques notions de base vous seront nécessaires pour
comprendre la mécanique des rythmes. Sachez d’emblée et n’oubliez jamais ceci : les
rythmes changent selon les pays et les individus, donc ne prenez jamais pour
acquis que ce qui est écrit est définitif et officiel. C’est la beauté de la musique
africaine, sa richesse prenant racine dans les multiples variations de chaque rythme.
Les partitions exposées ici sont donc un squelette, une base sur laquelle vous pouvez
vous référer. Rien de mieux que de pratiquer avec un maître pour découvrir la
profondeur et la richesse de l’univers des rythmes africains.

Le squelette du rythme
Le rythme se définit comme étant la répétition d’une série de sons ou de frappes
successives à des moments bien précis, toujours selon une durée définie dans le temps.
Il est primordial de comprendre comment fonctionne cette logique car beaucoup de
rythmes partagent les mêmes séquences de sons, mais ces sons sont placés dans le
temps à des endroits différents.

Chaque rythme est composé de « sous-rythmes », appelés accompagnements. En


général, il y a au minimum 2, voire 3 ou 4 accompagnements de djembés qui composent
le rythme, en plus des 3 accompagnements des doum-doum. Chacun étant différent et
axé sur l’alternance des frappes complémentaires, l’oreille humaine qui entend la
synthèse de tous les accompagnements d’un rythme perçoit alors ses nuances. Cet

Les partitions rythmiques se trouvent sur le site www.martinledjembefola.com


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Comment lire un rythme?
aspect de synthèse du rythme s’appelle la polyrythmie. Il est important
de pouvoir maîtriser tous les accompagnements d’un rythme afin de savoir exactement
à quel moment il faut exécuter chacune des frappes.

Tout d’abord, les rythmes africains se divisent en temps. Le temps en musique


s’apparente au mètre qui représente l’unité de longueur, le litre pour les liquides, le
gramme pour la masse, etc. Par contre, le temps n’a pas de dimension fixe. C’est le
tempo qui va établir « l’élasticité » du temps, et ainsi faire varier la vitesse du rythme.
Chaque temps peut être subdivisé en trois ou quatre parties égales. Ces subdivisions
vont être classées en deux catégories, les temps ternaires et binaires. Cette
mécanique est très importante, puisque la manière de jouer et de sentir le rythme sera
complètement différente. Cette notion s’appelle la pulsation du rythme. De manière
écrite, elle va être représentée de la façon suivante :

4.... 3...
Les frappes seront donc distribuées de façon précise à l’intérieur de ces espaces. À
gauche, la notation correspond à un temps dit binaire (chaque point représentant quatre
endroits possibles où placer une note ou une frappe), alors qu’à droite, la notation
correspond à un temps dit ternaire.

Chaque temps de trois ou quatre subdivisions se suit pour former l’identité ou l’unité du
rythme, le phrasé. C’est la boucle qui sera répétée indéfiniment pour créer le rythme.
Pour identifier le début et la fin d’une boucle ou d’un phrasé, chaque unité rythmique est
comprise entre deux crochets doubles. Les deux-points indiquent que la boucle doit être
répétée aussi longtemps que souhaitée. Arrivé à la fin du phrasé, il s’agit de reprendre
au début, tout de suite après le premier crochet double.

:4....4....4....4....;

:3...3...3...3...;
En résumé, un rythme est composé de plusieurs accompagnements. Ces
accompagnements sont formés de phrasés qui se répètent à l’infini. Chaque phrasé est
formé d’une ou plusieurs mesures de quatre ou huit temps. Ces temps se divisent eux-
même en trois (ternaire) ou quatre (binaire) subdivisions qui sont les endroits possibles
où placer les frappes ou les sons.

Maintenant que le squelette du rythme est connu, il s’agit maintenant de voir les
différents symboles représentant les frappes et les sons.

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Comment lire un rythme?
Les sons du djembé
Les trois sons de base
Trois sons principaux composent les rythmes africains au djembé. Il s’agit de la basse,
du ton ouvert et de la claque. Ces sons correspondent donc aux notes de musique de
n’importe quel instrument. On représente symboliquement les frappes de la façon
suivante :

b Basse

t Ton ouvert

s Claqué

Les autres sons spéciaux 1


Il existe également des sons spéciaux qui peuvent servir dans le jeu des percussions,
lors des solos notamment, afin d’ajouter des particularités.

f Flam

m Claque étouffée (muffled slap)

s=os Roulement claqué

L’ordre des mains


g Main gauche (left)
d Main droite (right)

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Les trois sons peuvent être remplacés par des basses ou des tons ouverts, ou encore des combinaisons.

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L’anacrouse et les appels
Le concept d’appel a été inventé au vingtième siècle pour aider les toubabs à
comprendre comment démarrer un rythme. Il est important de savoir que le concept
d’appel n’est pas traditionnel dans les villages africains. En effet, un seul joueur
commence un rythme et les autres qui l’accompagnent le suivent à tour de rôle.

Ainsi, pour entamer ou démarrer un rythme, le leader joue une séquence unique de
sons : l’appel. Durant généralement une mesure, l’appel dicte la vitesse du rythme et
oblige les joueurs à harmoniser leur pulsation pour jouer ensembles. En général 2, les
deux appels les plus utilisés sont les suivants :

Appel binaire :

[4wt.tt4.t.t4t.t.4t...]

[4wt.tt4.t.t4t.ss4s...]
Appel ternaire :

[3wt.t3t.t3t.t3t..]

[3t=itt3tt.3tt.3t..]
Dans les appels, les crochets n’ont pas de deux-points car ils ne sont pas joués en
répétition. Le leader le joue une fois pour annoncer le début du rythme et à nouveau à la
fin pour indiquer aux joueurs d’arrêter tous ensembles.

Normalement, chaque accompagnement commence sur la mesure qui suit. Cependant,


certains accompagnements, surtout ceux des doum-doums, peuvent commencer avant
la fin de l’appel, alors que dans un même rythme, d’autres accompagnements
commenceront à la fin de l’appel. Le moment où il faut démarrer l’accompagnement est
appelé anacrouse. Dans les partitions, lorsque l’anacrouse est située ailleurs qu’à la fin
de l’appel, elle est indiquée par une flèche située au-dessus de la première frappe
à exécuter.

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Certains rythmes possèdent des appels spéciaux et même une introduction qui remplace les appels
traditionnels.

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Comment lire un rythme?
En voici un exemple. Dans le rythme soli rapide, l’appel ternaire est
exécuté (partition du haut). Le dununba doit partir à la fin du 3e temps, là où est placée
la flèche.

[3wt.t3t.t3t.t3t..]

:3xt.xt3.x..3x..xt3xt.xt;

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