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Thème : La nullité

11 ème séance de méthodologie


Droit des contrats
Collège Universitaire Français de
Moscou
Par Matthieu Escande

1) Cas pratique: vous qualifierez les contrats, vous observerez leurs


conditions de validité et vous en déduirez les conséquences qui découlent de
vos analyses pour chacun d’entre eux.

2) Fiches des arrêts suivants : Cass. Civ. 1ère, 28 Novembre 2006 ; Cass. Civ 3ème, 2
Juillet 2008 ; Cass. Com, 3 Octobre 2006 ; Cass. com, 25 avril 2006.

1
Cas pratique

De retour à Toulouse après un séjour en Russie de 5 ans comme expatrié pour une grande
Société pétrolière française, Jonathan est obligé de passer un bon nombre de contrats pour son
réaménagement dans la Ville Rose.

-En premier lieu il trouve un appartement pour lequel il signe un bail. Le propriétaire de
l’appartement lors de la visite lui indique que la surface est de 70 m2. Dans l’empressement,
Jonathan prend place et se rend compte plus tard que son habitation ne mesure que 62m2. Ne
sachant quoi faire il vous demande conseil. Il s’interroge toutefois s’il ne serait pas
convenable de rester dans cet appartement pour ne pas avoir à une nouvelle fois à déménager
d’autant plus qu’il a déjà réglé son premier loyer.

- Ayant besoin d’une perceuse pour décorer les lieux, il contacte par téléphone la société
« Onloutou » qui lui réserve l’objet en question au nom de Monsieur Dupont. Pressé de
déballer ses cartons il envoie son fils Steve, âgé de 17 ans, louer l’outil. Steve prend la
perceuse et signe le contrat au nom de Dupont. Deux jours après, Jonathan restitue la perceuse
en mauvais état et ne souhaite pas payer pour les réparations.

-Ensuite, il contracte avec un fournisseur d’accès à internet afin d’avoir une ligne
téléphonique, internet ainsi que les chaînes TV. Il choisit le fournisseur « Cyberespace » car il
offre deux mois d’abonnement gratuits. La pratique de cette société veut que le raccordement
au réseau internet s’effectue en de 2 mois. Jonathan s’aperçoit qu’il ne bénéficie pas de ses
deux mois gratuits et que le conseiller s’était bien privé de lui indiquer cela lors de la
signature du contrat. Jonathan est fou de rage et vous demande conseil.

-Voyant toutes ces dépenses Jonathan souhaite gagner de l’argent rapidement et surtout
facilement. Alors il accepte l’invitation de son voisin Florent pour une longue partie de poker.
Malgré sa bonne étoile, Jonathan perd une valeur de 350 euros à la table de poker. Jonathan,
mauvais perdant, s’enfuit pour ne pas avoir à payer. Quelques jours plus tard, Florent
persuade Jonathan de régler sa dette de jeu en le menaçant d’intenter une action devant le
tribunal. Jonathan paye mais il reste convaincu qu’il est victime d’une supercherie et que tous
les autres joueurs se sont entendus pour le voir perdre. Il vous demande conseil.

-Pour couronner le tout, l’oncle de Jonathan, prénommé Sam, avait avancé à son neveu, pour
son départ en Russie, la somme correspondante au montant de son billet d’avion. Aujourd’hui
l’oncle Sam souhaite récupérer son argent que son neveu devait lui restituer avant son départ.
Jonathan prétend avoir retourné cette somme à son oncle avant de partir pour Moscou.
Quelles solutions juridiques s’offre à lui ?

Étant pressé de s’installer mais accumulant les petites dettes, il vous demande s’il ne pourrait
pas éteindre quelques unes de ses créances au regard des faits qui vous a relatés.

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Nullité et Vice du consentement
Sur le second moyen :

Cass. Civ. 1ère, 28 Novembre 2006, N° 04- Attendu que Mme Z... A... X... fait encore
19.109 grief à l'arrêt attaqué d'avoir prononcé
l'annulation de son mariage avec M. Y...,
Attendu que Mme Z... A... X..., alors, selon le moyen, que le mariage est
ressortissante camerounaise, a épousé le 27 nul lorsque les époux ne se sont prêtés à la
mai 1995 M. Y... de nationalité française ; cérémonie qu'en vue d'atteindre un but
qu'une enfant née le 7 février 1997 est étranger à l'union matrimoniale avec la
issue de cette union ; que le 19 septembre volonté délibérée de se soustraire à toutes
2000, M. Y... a engagé une action en ses autres conséquences légales ; qu'en
nullité de son mariage, soutenant que Mme relevant seulement que M. Y... avait
Z... A... X... l'avait épousé dans le seul but véritablement compris, en août 2000,
d'acquérir la nationalité française et l'avait l'unique intention de Mme Z... A... X...
trompé sur ses intentions véritables ; d'obtenir par le mariage la nationalité
française puis, par l'adoption par son mari
Sur le premier moyen : de ses enfants nés au Cameroun, la
régularisation en France de la situation de
Attendu que Mme Z... A... X... fait grief à ces derniers, sans établir que l'épouse
l'arrêt confirmatif attaqué (Bourges, 1er entendait se dérober aux obligations
octobre 2003) d'avoir déclaré l'action découlant pour elle de son union
recevable, alors, selon le moyen, qu'il officiellement proclamée avec M. Y... avec
résulte de l'article 181 du code civil que lequel elle a vécu plus de cinq ans et de
l'action n'est plus recevable si le mari, par laquelle est née en 1997 une petite fille, la
une cohabitation continue et par son cour d'appel a privé sa décision de base
comportement, a confirmé librement le légale au regard des articles 146 et 180 du
mariage ; qu'en relevant que le point de code civil ;
départ du délai de six mois doit s'entendre
du moment où l'époux demandeur a eu Mais attendu que la cour d'appel a
pleine conscience de la simple recherche souverainement estimé qu'il ressortait des
par l'épouse étrangère d'une nationalité divers documents produits aux débats et
française, tout en précisant que la vie du notamment de deux lettres adressées l'une
couple a été particulièrement tumultueuse, à son mari et l'autre à son notaire que Mme
faite de ruptures et de réconciliations, ce Z... A... X... n'avait jamais eu l'intention
qui implique une confirmation tacite du sincère de fonder un foyer avec M. Y...
mariage par l'époux demandeur, attestée qu'elle n'avait épousé que dans le but
par ses propres courriers, la cour d'appel a d'acquérir la nationalité française et
violé l'article 181 du code civil ; d'obtenir la régularisation de la situation de
ses enfants issus d'un premier lit ; que le
Mais attendu que dès lors que l'arrêt moyen, qui ne tend qu'à remettre en cause
prononce la nullité du mariage tant sur le cette appréciation souveraine, ne peut être
fondement de l'article 146 du code civil accueilli ;
pour défaut de consentement de l'épouse PAR CES MOTIFS :
que sur celui de l'article 180 du code civil REJETTE le pourvoi ; Condamne Mme
pour vice du consentement de son conjoint, Z... A... X... aux dépens ; Ainsi fait et jugé
le grief s'attaque à un motif surabondant, par la Cour de cassation, première chambre
l'acte frappé de nullité absolue pour civile, et prononcé par le président en son
absence de consentement n'étant pas audience publique du vingt-huit novembre
susceptible de confirmation ; deux mille six.

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Qu'en statuant ainsi, sans rechercher si la
société Immo Demolin, mandataire, dont
Nullité et confirmation elle relevait qu'elle avait le même gérant et
le même siège social que la SCI Audrey,
Cass. Civ 3ème, 2 Juillet 2008, N° 07- ne s'était pas portée acquéreur, par
15.509 personne morale interposée, du bien qu'elle
était chargée de vendre, la cour d'appel n'a
Attendu, selon l'arrêt attaqué (Bordeaux, 5 pas donné de base légale à sa décision ;
mars 2007), que, le 9 avril 2004, la société
Scop Bordeaux International School (la Et sur le premier moyen, pris en sa seconde
société Scop BIS) a donné à la société branche :
Log'Immo, agent immobilier, mandat non
exclusif de vendre un immeuble au prix de Vu l'article 1338 du code civil ;
390 000 euros, comprenant le montant de
la commission, fixé à 15 000 euros ; que, le Attendu que l'acte de confirmation ou
2 septembre 2004, elle a donné à la société ratification d'une obligation contre laquelle
par actions simplifiée Demolin la loi admet une action en nullité ou en
Investissements (la société Immo rescision, n'est valable que lorsqu'on y
Demolin), agent immobilier, mandat non trouve la substance de cette obligation, la
exclusif de vendre le même bien au prix de mention du motif de l'action en rescision,
401 000 euros, dont 19 000 euros de et l'intention de réparer le vice sur lequel
commission ; que, le 7 octobre 2004, la cette action est fondée ;
société Immo Demolin a fait parvenir à son
mandant un "compromis de vente" au prix Attendu que pour accueillir la demande de
de 401 000 euros, signé par le gérant de la la société Immo Demolin, l'arrêt retient
société civile immobilière Audrey, qui était que la société Scop BIS ne pouvait ignorer
également le gérant de la société Immo l'identité de dirigeants puisque le mandat
Demolin ; que le 22 octobre 2004, la qu'elle avait reçu était signé par le
société Scop BIS a informé la société dirigeant de la SCI Audrey qui était aussi
Immo Demolin qu'ayant retenu une autre le gérant de la société Immo Demolin, que
offre négociée par la société Log'Immo, les dirigeants de la SCI Audrey avaient été
elle ne donnait pas suite à l'offre de la SCI reçus entre le 7 et le 11 octobre 2004 par la
Audrey et résiliait le mandat ; que la dirigeante de la société Scop BIS qui
société Immo Demolin l'a assignée en n'avait pas été surprise par l'identité de
paiement de dommages-intérêts dirigeant et qu'ainsi, à supposer qu'une
correspondant au montant de la nullité puisse être encourue, il ne s'agirait
commission ; que d'une nullité relative qui a été couverte
par l'acquiescement de la société Scop BIS
Sur le premier moyen, pris en sa première qui ne peut prétendre ne pas avoir au
branche : moins fait le rapprochement entre le nom
de l'agence à laquelle elle avait donné un
Vu l'article 1596 du code civil ; mandat de vente et le nom du représentant
de son acquéreur, ces deux sociétés ayant
Attendu que pour accueillir la demande, au surplus leur siège à la même adresse ;
l'arrêt retient que le mandataire n'est pas
l'acquéreur du bien mais que cet acquéreur Qu'en statuant ainsi, alors que la
est la SCI Audrey, personne morale confirmation d'un acte nul exige à la fois la
différente de la première même si elles ont connaissance du vice l'affectant et
toutes les deux le même dirigeant ; l'intention de le réparer et que la réalisation
de ces conditions ne pouvait résulter de la

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connaissance, avant la conclusion de l'acte, octobre 1998, a censuré l'arrêt au motif que
de l'identité de dirigeants de la société la caisse n'avait pas obtenu d'agrément ;
mandataire et de la société acquéreur, la que devant la cour d'appel de renvoi, les
cour d'appel a violé le texte susvisé ; consorts Y... ont invoqué plusieurs moyens
de nullité de l'acte de prêt ; que la cour
PAR CES MOTIFS, et sans qu'il y ait lieu d'appel de renvoi a validé la saisie arrêt des
de statuer sur le second moyen : parts en considérant qu'à supposer nul le
contrat de prêt, l'obligation de restitution
CASSE ET ANNULE, dans toutes ses inhérente au contrat de prêt demeurait
dispositions, l'arrêt rendu le 5 mars 2007, valable, les sommes restant dues en capital
entre les parties, par la cour d'appel de excédant la valeur des parts de la SCI en
Bordeaux ; remet, en conséquence, la liquidation judiciaire ;
cause et les parties dans l'état où elles se
trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait Sur le premier moyen :
droit, les renvoie devant la cour d'appel de
Bordeaux, autrement composée ; Attendu que les consorts Y... font grief à
l'arrêt d'avoir rejeté leur demande de sursis
Condamne la société Demolin à statuer et d'avoir validé la procédure de
Investissements, exerçant sous l'enseigne saisie-arrêt, alors, selon le moyen :
Achat Immo Demolin, aux dépens ;
1 / que le juge civil a l'obligation de
Nullité, rétroactivité et restitution surseoir à statuer dès lors que l'action
publique est de nature à influer sur la
Cass. Com, 3 Octobre 2006, N° 04-14.611 solution de l'instance civile ; que les
consorts Y... avaient fait valoir qu'une
Attendu, selon l'arrêt attaqué, statuant sur action publique avec constitution de partie
renvoi après cassation (Chambre civile avait été exercée par eux en Belgique
commerciale financière et économique, 20 contre l'ANHYP et M. de Z..., dirigeant de
octobre 1998, pourvoi n° 95-21.898), que ladite banque, des chefs de faux en
par acte reçu le 20 juillet 1989 par M. X..., écritures de commerce et en écritures
notaire à Paris, la société de droit belge, privées, faux en écriture de commerce et
Caisse hypothécaire Anversoise ANHYP, escroquerie et que ladite procédure
aux droits de laquelle est venue la société régulièrement instruite avait fait l'objet
Axa bank (la caisse) a consenti à MM. d'une décision de dessaisissement au profit
Lucien, Denis et Roland Y... (les consorts des autorités judiciaires françaises par un
Y...), à la société civile La Brenta (la SCI), arrêt du 27 décembre 2001 de la Chambre
et à la société Eldeer, en qualité de co- des mises en accusation de la cour d'appel
emprunteurs solidaires, une ouverture de de Bruxelles ; qu'en outre, les consorts Y...
crédit s'élevant à 80 625 000 francs belges avaient soutenu qu'une autre procédure
soit une contre-valeur de 12 900 000 francs pénale, cette fois-ci en France, avec
français ; qu'à la suite de la défaillance des constitution de partie civile avait été
emprunteurs dans le remboursement des dirigée contre Maître X..., notaire rédacteur
échéances, la caisse a fait pratiquer entre de l'acte de prêt, du chef de faux en
les mains de la SCI, mise ultérieurement en écritures publiques, et que si l'acte
liquidation judiciaire, la saisie-arrêt des authentique constatant que ce prêt est jugé
parts dont les consorts Y... étaient faux, la saisie-arrêt pratiquée en vertu de
propriétaires, sur le fondement de l'acte de ce prêt serait nécessairement nulle ; que,
prêt notarié, et les a fait assigner en validité dès lors, l'arrêt attaqué, en se bornant à
de cette saisie et en vente des parts saisies ; affirmer que les éléments de la cause ne
que la Cour de cassation, par arrêt du 20 justifiaient pas que l'action publique puisse

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influer sur le sort de l'instance pendant résiliation acquise pour défaut de
devant la juridiction civile quand la paiement, et qui a validé la saisie-arrêt
constatation des infractions poursuivies pratiquée entre les mains de la SCI à
était de nature à entraîner l'annulation du concurrence de cette somme, sans
contrat de prêt litigieux et celle rechercher, dans la ligne des conclusions
subséquente de la saisie-arrêt litigieuse, soutenues par les consorts Y..., si
l'arrêt attaqué a violé l'article 4 du code de l'annulation du contrat de prêt en vertu de
procédure pénale ; l'adage fraus omnia corrumpit et des
infractions pénales commises ne privaient
2 / que l'arrêt attaqué, qui a confirmé pas la Caisse de tout droit à restitution, n'a
l'insuffisance des éléments produits par les pas donné de base légale à sa décision au
consorts Y... au soutien de leur demande regard de l'article 6 du code civil ;
de sursis à statuer sans procéder à une
analyse sommaire de ces pièces n'a pas 2 / qu'aucune obligation de restitution
justifié le rejet de cette demande de sursis à n'existe même en cas d'annulation d'un prêt
statuer et a, partant, violé l'article 455 du d'argent, lorsque celle-ci est paralysée par
nouveau code de procédure civile ; l'exception d'indignité en vertu de la règle
nemo auditur propriam suam turpitudinem
Mais attendu que les dispositions de allegans, que dès lors les consorts Y...
l'article 4 du code de procédure pénale ne ayant soutenu que la Caisse était mal venue
s'appliquent pas aux procédures à invoquer une règle morale quand elle
d'exécution ; que par ce seul motif, avait violé délibérément les lois belges et
substitué à ceux critiqués, l'arrêt se trouve françaises dans le seul but de s'enrichir et
justifié ; que le moyen, non fondé dans sa avait tout aussi délibérément trompé les
première branche, ne peut être accueilli contractants, la cour d'appel, qui n'a pas
pour le surplus ; recherché si l'exception ainsi invoquée
devait recevoir application en la cause, n'a
Sur le second moyen, pris en ses première, pas justifié l'existence de l'obligation de
deuxième, quatrième, cinquième et sixième restitution à la charge des consorts Y... et
branche : n'a, partant, pas donné de base légale à sa
décision au regard des dispositions de
Attendu que les consorts Y... font encore l'article 6 du code civil et de l'adage précité
grief à l'arrêt d'avoir validé la procédure de ;
saisie-arrêt, alors, selon le moyen : 3 / que l'annulation d'un contrat entraîne
l'anéantissement de la stipulation de
1 / qu'aucune obligation de restitution ne solidarité passive entre plusieurs débiteurs,
saurait résulter de l'annulation d'un contrat de sorte qu'en exécution de l'obligation de
de prêt d'argent conclu en réalisant une restitution réciproque, chaque partie doit
fraude à la loi et aux intérêts des seulement restituer ce qui lui a été
emprunteurs, que dès lors, l'arrêt attaqué, effectivement donné, l'obligation de
qui a retenu que, à supposer nul ce contrat restitution étant nécessairement conjointe,
de prêt, chacune des parties serait tenue de que les consorts Y... soutenaient dans leurs
restituer ce qu'elle a reçu de l'autre et que écritures que seule une fraction du prêt leur
les consorts Y... sont à tout le moins avait été personnellement destinée, le solde
débiteurs envers la Caisse d'une créance ayant été versé aux sociétés civiles
certaine dans son existence à hauteur d'un immobilières pour payer leurs dettes, ce
montant au moins égal à 1 931 892,21 montage ayant été élaboré sur le
euros, que ce contrat soit nul, comme le fondement des produits financiers de la
soutiennent les appelants, ou qu'il soit Caisse et sur les conseils du Cabinet Luce ;
valide, conformément à la clause de qu'en cas d'annulation du contrat de prêt,

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l'obligation de restitution devenait que la cause illicite d'une obligation ne fait
conjointe du fait de l'annulation de la pas obstacle à l'action en répétition
stipulation de solidarité passive entre les résultant de la nullité d'un acte de prêt qui
consorts Y... et les sociétés civiles a pour effet de remettre les parties dans la
immobilières de sorte que les consorts Y... situation initiale ; qu'il s'ensuit que la cour
ayant restitué les sommes qui leur avaient d'appel, sans avoir à procéder à la
été versées dans le cadre du recherche qui ne lui était pas demandée, a
remboursement du prêt, la saisie-arrêt justifié sa décision ;
visant au paiement du solde du prêt et
portant sur les parts qu'ils détenaient dans Attendu, en deuxième lieu, que l'arrêt
le capital desdites sociétés civiles relève que tant que les parties n'ont pas été
immobilières n'avaient plus d'objet ; qu'en remises en l'état antérieur à la conclusion
affirmant que les consorts Y... devaient de de leur convention annulée, l'obligation de
toute manière restituer le capital emprunté, restitution inhérente au contrat de prêt
ce qui rendait sans intérêt la recherche de demeure valable ; qu'il en résulte que la
la nullité du prêt, la cour d'appel a violé les solidarité passive stipulée entre les
articles 1234 et 1202 du code civil ; consorts Y..., la SCI et la société Eldeer au
profit de la caisse, conservait ses effets
4 / que la personnalité morale des sociétés pour garantir les éventuelles restitutions
se distingue de celle de leurs associés, que consécutives à l'annulation du contrat ;
la cour d'appel, ayant relevé qu'il ressortait qu'ainsi, la cour d'appel, abstraction faite
de l'économie générale du prêt litigieux du motif surabondant critiqué par la
qu'il était destiné à payer les dettes des cinquième branche, qui a décidé que les
deux sociétés civiles immobilières mais demandes en nullité du prêt étaient sans
qu'il s'en déduisait que les fonds avaient incidence sur l'obligation solidaire des
été utilisés au profit de leurs associés, les consorts Y... de restituer le capital
consorts Y..., a méconnu le principe de la emprunté, a pu statuer comme elle a fait ;
distinction précitée, et a, partant, violé
l'article 1842 du code civil ; Et attendu, en troisième lieu, que la
personnalité morale d'une société
5 / que la société prend fin par l'effet d'un subsistant pour les besoins de sa
jugement ordonnant la liquidation liquidation, les parts ou actions des
judiciaire de la société et que seule subsiste associés conservent, jusqu'à la clôture de
sa personnalité morale pour les besoins de celle-ci, leur caractère mobilier, et peuvent
sa liquidation, que, dès lors, l'arrêt attaqué être cédées, c'est à bon droit que la cour
n'a pas pu valider la saisie-arrêt des parts d'appel a jugé que la saisie-arrêt des parts
sociales d'une société civile immobilière de la SCI en cours de liquidation judiciaire
dès lors qu'il constatait que celle-ci avait était encore réalisable ; D'où il suit que le
pris fin par l'effet d'un jugement de moyen, qui n'est pas fondé en première,
liquidation judiciaire, qu'en retenant qu'une deuxième, quatrième et sa sixième
telle saisie-arrêt était encore réalisable en branche, ne peut être accueilli en sa
raison de l'existence et de l'autonomie cinquième branche ;
patrimoniale d'une société en liquidation
judiciaire, l'arrêt attaqué a violé les articles Mais sur le second moyen, pris en sa
1844-7, 7 et 1844-8, alinéa 3, du code civil troisième branche : Vu l'article 557 du
; code de procédure civil, alors applicable ;
Mais attendu, en premier lieu, que les
consorts Y... n'ont pas établi ni même Attendu que pour valider la saisie-arrêt
allégué que le contrat litigieux aurait dû pratiquée à l'initiative de la caisse entre les
être annulé pour une cause immorale, et mains de la SCI des parts dont étaient

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propriétaires les consorts Y..., la cour Attendu, selon l'arrêt attaqué (Caen, 13
d'appel retient qu'à supposer nul le contrat janvier 2005) , rendu sur renvoi après
de prêt, chacune des parties serait tenue de cassation (chambre commerciale,
restituer ce qu'elle a reçue de l'autre, et que financière et économique, 9 octobre 2001,
tant que les parties n'ont pas été remises pourvoi n° 98-20.978) que la Banque
dans l'état antérieur à la conclusion de leur hypothécaire européenne, aux droits de
convention annulée, l'obligation de laquelle vient la Compagnie européenne
restituer inhérente au contrat de prêt d'opérations immobilières BIE (la banque)
demeure valable ; a consenti un prêt à M. et Mme Z..., dont le
remboursement était garanti par un
Attendu qu'en se déterminant ainsi, en se cautionnement hypothécaire souscrit par la
fondant sur l'obligation de restituer société à responsabilité limitée
inhérente au contrat de prêt, sans examiner établissements Jean Z... (la société); qu'à la
la validité de l'acte exécutoire sur le suite du décès de son mari, Mme Z... a
fondement exclusif duquel avait été mis en cédé la totalité des parts qu'elle détenait
oeuvre la saisie-arrêt, la cour d'appel n'a dans le capital de la société ; que celle-ci a
pas donné de base légale à sa décision ; fait l'objet d'un plan de cession dans le
PAR CES MOTIFS : cadre d'une procédure de redressement
judiciaire ; que Mme Z... ne réglant pas les
CASSE ET ANNULE, mais seulement en échéances de remboursement du prêt, la
ce qu'il a validé la procédure de saisie-arrêt banque l'a assignée en paiement d'une
engagée à l'initiative de la société Axa certaine somme ;
bank entre les mains de la société civile La
Brenta des parts dont sont propriétaires les Sur le premier moyen :
consorts Y... dans la mesure de la créance
mentionnée dans l'arrêt, l'arrêt rendu le 3 Attendu que la banque fait grief à l'arrêt
mars 2004, entre les parties, par la cour d'avoir accueilli l'exception de nullité du
d'appel de Paris ; remet, en conséquence, contrat de prêt soulevée par Mme Z...
sur ce point, la cause et les parties dans alors, selon le moyen :
l'état où elles se trouvaient avant ledit arrêt
et, pour être fait droit, les renvoie devant la 1 / que l'exception de nullité peut
cour d'appel de Paris, autrement composée seulement jouer pour faire échec à la
; demande d'exécution d'un acte juridique
Condamne la société AXA Bank aux qui n'a pas encore été exécuté ; qu'un prêt
dépens ; Vu l'article 700 du nouveau Code doit être regardé comme ayant reçu un
de procédure civile, rejette la demande de commencement d'exécution lorsque le
la société Axa bank et la condamne à payer prêteur à mis les fonds à disposition de
la somme globale de 2 000 euros aux l'emprunteur ; qu'en énonçant que Mme
consorts Y... ; . Z... était recevable à solliciter par voie
d'exception l'annulation du contrat de prêt
dès lors que les échéances avaient été
remboursées non par elle mais par la
Nullité et ordre public SARL Z..., sans avoir égard au fait non
contesté, et expressément invoqué dans les
Cass. com, 25 avril 2006, N° 05-12.734 conclusions de la BIE, que le prêteur avait
entièrement reçu les fonds faisant l'objet du
prêt, ce qui faisait obstacle au jeu de
Donne acte à la Compagnie européenne l'exception de nullité, la cour d'appel a
d'opérations immobilières BIE de son privé sa décision de base légale au regard
désistement envers MM. X... et Y... ; de l'article 1304 du Code civil ;

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2 / que le remboursement des échéances 2 / que la nullité, prévue par l'article L.
d'un prêt constitue l'exécution de 223-21 du Code de commerce, du
l'obligation née de la remise des fonds et cautionnement donné par une société en
prive le débiteur de la possibilité garantie des engagements personnels de
d'invoquer par voie d'exception la nullité son gérant, est destinée à protéger la
du prêt, peu important que ce société contre les engagements
remboursement émane directement dudit inconsidérés et contraires à l'intérêt social
débiteur ou d'un tiers qu'il se serait que le gérant lui ferait souscrire ; que cette
substitué ; qu'en retenant que Mme Z... nullité, relevant de l'ordre public de
était recevable à solliciter par voie protection présente un caractère relatif et
d'exception l'annulation du contrat de prêt ne peut donc être invoquée que par la
dès lors que les échéances avaient été partie qu'elle protège ; qu'en autorisant
remboursées non par elle mais par la néanmoins Mme Z..., emprunteur, à se
SARL Z..., la cour d'appel a statué par un prévaloir de la nullité de l'opération en
moyen inopérant en violation de l'article cause prononcée en raison de la violation
1304 du Code civil ; de la règle interdisant à une société de se
porter caution des engagements de ses
Mais attendu que la nullité fondée sur les dirigeants, la cour d'appel a violé le texte
dispositions de l'article 51 de la loi du 24 susvisé, ensemble les articles 1131 et 1134
juillet 1966, devenu l'article L. 223-21 du du Code civil ;
Code de commerce, est une nullité absolue
qui, soulevée par voie d'exception pendant Mais attendu que l'arrêt énonce que la
le délai de la prescription trentenaire, est nullité résultant de la violation de
recevable nonobstant l'exécution du contrat l'interdiction faite aux gérants et associés
de prêt ; que le moyen n'est fondé en de faire garantir leurs engagements par la
aucune de ses branches ; société, prévue à l'article 51 de la loi du 24
juillet 1966, devenu l'article L. 223-21 du
Sur le deuxième moyen : Code de commerce, est d'ordre public et
sanctionnée par une nullité absolue ; qu'il
Attendu que la banque fait grief à l'arrêt de retient que la banque avait en réalité
l'avoir condamnée à payer à Mme Z... une consenti le prêt sous condition du
certaine somme alors, selon le moyen : cautionnement, clause déterminante du
contrat de prêt et que ce dernier dépendait,
1 / que même lorsque le cautionnement au sens de, l'article 1172 du Code civil, de
constitue une condition du prêt, cette la garantie expressément prohibée par la
condition est stipulée exclusivement en loi ; qu'il en déduit que la banque avait
faveur du prêteur et n'est déterminante que ainsi mis en place une opération dont les
de son propre consentement, en sorte que éléments étaient indissociables et dont
l'emprunteur ne saurait se prévaloir de la l'économie était contraire à l'ordre public et
nullité du cautionnement pour conclure, au illicite ; qu'en l'état de ces énonciations et
prétexte d'indivisibilité de l'opération, à la appréciations, la cour d'appel a pu statuer
nullité du prêt ; comme elle a fait ; que le moyen n'est
fondé en aucune de ses branches ;
en sorte qu'en autorisant Mme Z... à se
prévaloir contre la banque de la nullité du Et sur le troisième moyen :
prêt ensuite de la nullité du cautionnement,
au motif que le prêt "dépendait" de ladite Attendu que la banque fait grief à l'arrêt de
sûreté, la cour d'appel a violé les articles l'avoir condamnée à verser à Mme Z... une
1131, 1134 et 1172 du Code civil ; certaine somme à titre de dommages-
intérêts alors, selon le moyen :

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1 / qu'en condamnant la banque à verser à
Mme Z... 10 000 euros de dommages- Attendu que toutes clauses contraires aux
intérêts, sans faire ressortir l'existence dispositions des articles 6 à 37, 42 et 46 de
d'une faute de la banque à l'égard de Mme cette loi et celles du règlement
Z... ni caractériser le préjudice que celle-ci d'administration publique prises pour leur
aurait subi du fait de l'inefficacité de la application sont réputées non écrites ;
sûreté qui avait été consentie en garantie
du prêt qu'elle avait elle-même souscrit, la Attendu, selon l'arrêt attaqué (Basse-Terre,
cour d'appel a privé sa décision de base 10 février 2003), que la société Bazar des
légale au regard de l'article 1147 du Code Iles (la société), condamnée à payer un
civil ; arriéré de charges de copropriété, a assigné
le syndicat des copropriétaires de la
2 / que prive sa décision de base légale au résidence La Darse en annulation des
regard de l'article 1147 du Code civil la clauses du règlement de copropriété lui
cour d'appel qui condamne la banque à imposant de contribuer aux charges
verser des dommages-intérêts à l'égard de d'ascenseur pour le lot en rez-de-chaussée
l'emprunteur sans caractériser l'abus de la dont elle est propriétaire et à celles
banque dans l'exercice de son droit d'entretien pour des parkings qu'elle ne
d'obtenir, au besoin par l'exercice d'une possède pas ;
action judiciaire, le recouvrement des
sommes qu'elle avait prêtées ; Attendu que pour condamner la société à
payer à ce titre une certaine somme au
Mais attendu qu'ayant retenu que la syndicat des copropriétaires, l'arrêt qui
banque, professionnel du crédit et ne annule ces clauses énonce que sa décision
pouvant en ignorer les règles, a mis en n'a pas de caractère rétroactif et retient que
place une opération contraire à l'ordre la nouvelle répartition des charges ne
public et illicite et que ces fautes ainsi prendra effet qu'après la signification de
caractérisées ont entraîné pour Mme Z... l'arrêt qui, au vu du résultat d'une mesure
pendant plusieurs années, des peines et d'instruction, la déterminera ;
soins divers et perte de temps, la cour
d'appel, appréciant souverainement Qu'en statuant ainsi, alors qu'une clause
l'existence du préjudice, a légalement réputée non écrite est censée n'avoir jamais
justifié sa décision ; que le moyen n'est existé, la cour d'appel a violé le texte
fondé en aucune de ses branches ; susvisé ;

PAR CES MOTIFS : PAR CES MOTIFS :

REJETTE le pourvoi ; CASSE ET ANNULE,

Nullité et clause réputée non écrite

Cass. 3ème Civ., 2 mars 2005, N° 03-6.731


Bulletin 2005 III N° 53 p. 47

Sur le moyen unique :

Vu l'article 43, alinéa 1er, de la loi du 10


juillet 1965 ;

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