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L
e site sacré de Taputapuätea/Te Pô, vallée de Öpoa est le plus grand ensemble de
marae du monde polynésien (Ao Mä’ohi) s’étendant sur toute la polynésien de l’Est,
dont le grand marae international Taputapuätea constitue, l’origine voire la « mère » de
tous les autres marae, lié à l’histoire du peuplement polynésien.
Les marae sont des lieux tapu ou sacrés, temples de pierres à ciel ouvert, que l'on retrouve
sous des formes diverses à travers le triangle polynésien, de Rapa Nui (l'île de Pâques) à
Aotearoa (Nouvelle-Zélande) ainsi qu'à Hawai'i.
Le complexe cérémoniel Te Pô, son grand marae international Taputapuätea ainsi que la
vallée de Öpoa adjacente étaient au coeur de l’art ancestral de la navigation traditionnelle
océanique à travers toute la Polynésie, ils constituent aujourd’hui une référence géographique
majeure et reconnue en la matière.
Taputapuätea est l’un des deux « marae internationaux » de toute la Polynésie française et
celui qui atteste et de l’ultime séquence de l’histoire des peuplements polynésiens au niveau
mondial, plus particulièrement en Polynésie orientale, juste avant le Contact européen dans le
Pacifique (Bougainville, Cook, De Bovis).
Ces échanges océaniques, établis au cours des siècles, couvrent des milliers de kilomètres et
attestent des extraordinaires qualités de navigateurs, de la hardiesse des marins polynésiens,
C'est en effet par cette passe que les grandes pirogues entreprirent de longues traversées
pour atteindre des îles aussi lointaines que Aotearoa (Nouvelle-Zélande) et Hawai'i. Le site
s’inscrit également dans la vallée de 'Opoa, qui jouxte le domaine Te Pô et qui comprend un
ensemble très important de maraes surplombé de deux pics montagneux Te A’e Tapu et
Teurufa’atiu, directement associés au site selon les traditions locales.
- Le site sacré de Taputapuätea/Te Pô, vallée de Öpoa, site d’origine de la dernière séquence
du peuplement du triangle polynésien, porte un témoignage véritablement unique de la
tradition culturelle polynésienne.
Il subsiste des marae en pierre par centaines en Polynésie française, aux Iles Cook, mais
également à Hawai'i, en Nouvelle Zélande et jusqu’ à l’Ile de Pâques, dont certains ont été
restaurés tandis que d’autres constituent aujourd’hui des sites archéologiques.
Taputapuätea a le statut reconnu de 'marae international' qui reflète son importance dès le
16ème siècle en tant que centre d'un réseau de voyages lointains entrepris par les polynésiens.
Si les échanges interinsulaires ne se font plus par pirogues océaniques, l’importance des
manifestations culturelles qui s’y déroulent encore aujourd’hui atteste du maintien et de la
vitalité de sa fonction de centre cultuel et culturel majeur de la Polynésie.
(NB : Seul un autre marae « international » existe en Polynésie française, il s’agit du marae
national Vaiahu à Maupiti (Iles sous le Vent, Archipel de la Société), qui témoigne lui d’un fait
historique ponctuel encore méconnu, à savoir l’intronisation collective en 1823-1824 de 9 rois
du Pacifique à l’initiative du jeune roi Hawaiien Kamehameha II)
Le site sacré de Taputapuätea/Te Pô, vallée de Öpoa, était aussi le centre rituel de la secte
Arioi adoratrice du dieu ‘Oro, communautés d’adorateurs, composés de prêtres, guerriers,
artistes, danseurs, musiciens et de jeunes gens qui se déplaçaient en flottes de pirogues pour
divertir les habitants et prendre part à des cérémonies religieuses fastes. Les Arioi portaient
ainsi les images du dieu et des pierres provenant du marae Taputapuätea, propageant le
culte de 'Oro d'île en île à travers toute la Polynésie orientale et établissant de nouveaux
marae dédiés à ce dieu dans tout le « triangle polynésien ».
C’est ainsi qu’à Hawai'i, on trouve également des lieux nommés respectivement Taputapuätea
et Kapukapuäkea. Réciproquement, des prêtres, venus de nombreuses îles, firent la traversée
jusqu'à Ra'iätea afin de s'associer aux rituels et cérémonies reliant Taputapuätea
matériellement et spirituellement aux marae de toute la Polynésie orientale.
Et c’est ainsi que le site sacré de Taputapuätea/Te Pô, vallée de 'Opoa se trouve aujourd’hui
au centre d’un « triangle polynésien » qui garde des traces de l’histoire de son peuplement.
Le site de Taputapuätea/Te Pô, vallée de 'Öpoa est actuellement sous la responsabilité directe
du gouvernement de Polynésie pour les lieux cérémoniels, les ensembles de marae sur la
partie sacrée Te Pô comme dans la vallée de Opoa ainsi que les parties maritimes.
De son côté, le gouvernement polynésien a pris un arrêté en conseil des ministres en août
2009 tendant à acter officiellement la volonté politique locale de porter les deux dossiers
UNESCO polynésiens précité, en créant notamment un « Comité de Pilotage » commun aux
deux sites.
Il s’agit donc de baser la conception du dossier et de l’articuler à partir d’une vision strictement
polynésienne du site, et donc de s’inspirer :
• Soit d’une déclinaison oratoire (orero, paripari fenua) au site reprise à partir de la
tradition orale recueillie et transmise ;
• Soit d’une déclinaison oratoire nouvelle mais spécifiquement composée à partir des
composantes culturelles et spirituelles intrinsèques au site que sont : le mana
polynésien, la symbolique de la grande Pieuvre polynésienne, la navigation
traditionnelle et la symbolique de la pirogue océanique, l’orientation solaire du ‘ahu
principal du grand marae international, l’identité polynésienne, les échanges
interinsulaires et la Grande Alliance amicale, le triangle polynésien, la dynastie royale
Tamatoa et la ceinture de souveraineté à plumes rouges Maro ‘Ura, Hiro le navigateur,
les 8 pierres de fondation du complexe cultuel, etc…
Le site de Taputapuätea/Te Pô, vallée de Öpoa a pour vocation d’être inscrit en tant que bien
culturel transnational. C’est sa raison d’être et son essence même.
Il peut entrer dans la catégorie spécifique des « paysages culturels associés », tant
l’interaction entre l’homme et son environnement naturel/marin est mise en évidence à travers
la description paysagère du site et le montage du dossier de nomination.
A ce jour, son inscription sur le liste indicative française obtenue, le dossier du site
Taputapuätea/Te Pô, vallée de Öpoa est en cours de conception et de rédaction, de même
que les outils nécessaires à la gestion et à la conservation du site sont en cours de
d’élaboration : plan de gestion et de conservation, etc…
- le Parc National Tongariro, près du Lac Taupo (Aotearoa-NZ) : site inscrit sur la Liste du
Patrimoine Mondial de l’UNESCO par la NZ ;
- le Parc National des Volcans de Hawai’i (Hawai’i, U.S.A) : site inscrit sur la Liste du
Patrimoine Mondial de l’UNESCO par les USA ;
- le Parc National de Rapa Nui (Rapa Nui, Iles de Pâques, Chili) : site inscrit sur la Liste du
Patrimoine Mondial de l’UNESCO par le Chili ;
- le Parc National de Pu’ukohola Heiau (Kona, Big Island-Hawai’i, U.S.A.) : Site classé Parc
National par les autorités USA ;
- le marae royal Taputapuätea de Avarua (Rarotonga, Iles Cook) : site en cours d’inscription
sur la Liste indicative rarotongienne ;
- le site d’envol des âmes maories du Cap Renga à l’extrême Nord de la Pointe de l’île du
Nord (Aotearoa-NZ) : site en cours d’inscription sur la Liste indicative NZ ;
- la Passe Avana (Rarotonga, Iles Cook) : site en cours d’inscription sur la Liste indicative
rarotongienne ;
Cela étant, une telle inscription sérielle transnationale, sachant qu’elle porte sur des biens du
patrimoine mondial qui se trouvent également dans la région Pacifique, n’est pas sans poser
des difficultés sérieuses dans sa mise en place :
3. La difficulté à trouver des référents officiels dans les Etats parties ou territoires sous
souverainetés hors-zone (Hawai’i, Rapa Nui) qui soient coutumièrement ou
traditionnellement « légitimes », si l’on considère l’impérieuse nécessité d’inclure
l’approche « communautaire » (5ème « C »), et les défis de l’héritage colonial ;
R. Ariihau TUHEIAVA
Président de Na Papa e Va’u
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