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CONSEIL MUNICIPAL DU 25 MARS 2010

INTERVENTIONS DE PHILIPPE ROSAIRE

Prise de parole de début de conseil

1/ 9 points à l'ordre du jour de la dernière séance, 50 à celui de cette semaine dont le budget qui donne
toujours lieu à de copieux débats. Je suis étonné, monsieur le maire de la disproportion entre les deux
séances. Est-ce que vous pensez sérieusement qu'un ordre du jour de cette importance permet de traiter
en profondeur, et avec sérieux, les sujets présentés ?

Votre prédécesseur dédoublait les séances et sur ce point au moins il avait raison. Une collectivité
locale de la taille de Saint-Maur devrait réunir son conseil environ une fois par mois. A limiter les
séances du conseil au strict minimum, vous donnez l'impression que le conseil municipal est un
exercice pesant, auquel vous sacrifiez, législation oblige, mais dont vous voulez à tout prix réduire la
fréquence.
Cette manière de faire ne peut que durcir les rapports. On est décidément bien loin d'une pratique
démocratique moderne et apaisée dans laquelle on reconnaît à l'opposition un rôle d'amélioration des
délibérations.

Si vous ne souhaitez pas aller au-delà d'une répartition des rôles très convenue, nous nous
contenterons d'exercer ce qui est la mission traditionnelle de l'opposition : contrôler l'action de
l'exécutif.

2/ Nombre de Saint-Mauriens ont été choqués par la lettre très ambiguë que vous avez fait distribuer
quelques jours avant le 1er tour des municipales et dans laquelle vous laissiez entendre que ne pas voter
V. Pecresse, c'était perdre les subventions de la Région.
Lorsque vous laissez entendre cela, monsieur le maire, vous ne rendez pas service à la démocratie. Les
subventions régionales vont aux communes qui en font la demande dès lors qu'elles respectent les
critères d'attribution. Et nous membres de l'opposition de gauche en sommes les garants.

Nous espérons, bien sûr, que le compte de campagne de madame Pecresse intégrera les frais
d'impression de ce tract mensonger. Nous ferons en sorte de le vérifier !

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Affaire n°11 : dématérialisation de la convocation du conseil municipal

Il me semble que l'on mélange plusieurs choses qui sont de nature différente. Il faut bien sûr profiter
pleinement des facilités offertes par les moyens de communications électroniques pour l'information
des conseillers. D'ailleurs le dispositif que vous proposez ne fait qu'entériner une situation de fait
puisque les dossiers de commissions et de conseils sont déjà envoyés par messagerie électronique
depuis plus d'un an au moins. Il est de plus assez timide et très en deçà de ce que l'on peut trouver dans
d'autres collectivités.

Cela étant dit, il ne faudrait pas que le dispositif que vous nous demandez d'institutionnaliser aboutisse
à faire reposer sur les conseillers municipaux la charge de l'impression des dossiers qui est une phase
incontournable.

Le zéro papier n'existe pas et il est très difficile de travailler efficacement les dossiers sans avoir le
document en main. Et ne venez pas me dire que ceux qui refusent de s'user les yeux sur un écran
d'ordinateur ne sont pas éco- responsables, ce serait vraiment traiter les problèmes par le petit bout de
la lorgnette et faire de la petite politique. Le développement durable et la responsabilité des personnes,
c'est autre chose que cela.

Je crois donc qu'il faudrait que vous précisiez votre démarche. Oui à une démarche qui améliore
l'efficacité globale du fait de la réduction des délais de transmission, évidemment, mais par contre,
pas question de supprimer l'envoi papier qui ne serait qu'un transfert de charges mesquin, une
économie de bout de chandelle. Merci de préciser votre position.

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Affaire n°13 : avis sur les décisions prises par le CA de l'OPH le 19 février 2010

Je crois que je n'aurais jamais de mots assez durs pour qualifier l'attitude d'un exécutif qui brade le
patrimoine communal, ce bien commun qui a été payé par les Saint-Mauriens au travers de leurs
impôts.

La vente des logements sociaux a valeur de symbole, vous êtes un homme intelligent, vous ne pouvez
pas l'ignorer. Ce n'est pas qu'une décision de gestion que vous prenez ce soir comme vous aimez à le
faire croire, c'est une décision politique lourde de sens, cohérente avec votre parcours et qui en dit long
sur la manière dont vous envisagez le lien à l'autre. En vendant les logements de l'OPHLM, ce n'est
pas uniquement du patrimoine qui s'en va, c'est une conception du vivre ensemble que vous liquidez.
Une conception républicaine qui trouve aussi sa source dans la guerre et le compromis social qui en a
résulté, compromis qui permettait de dépasser les antagonismes idéologiques.

Le logement social, c'est le logement des plus défavorisés, le fait que vous refusiez de le gérer en
direct traduit une volonté de se désengager de ce secteur qui ne vous intéresse pas, qui n'intéresse pas
votre électorat et qui n'est donc pas rentable pour vous.

J'ai encore en mémoire les mots lourds de sens que vous avez prononcés à plusieurs reprises à propos
des résidences du Pont-de-Créteil. Vous disiez : "il est hors de question que les Saint-Mauriens payent
pour la réhabilitation". Tout était dit dans cette phrase. Elle signifiait que les gens qui vivent dans ces
résidences ne sont pas des véritables Saint-Mauriens, ils n'ont pas cette qualité à vos yeux. Il y a
quelque chose d'insupportable dans ces propos, quelque chose d'inacceptable. Certaines de ces
personnes que vous rejetez ont peut-être voté pour vous.

Alors bien sûr, vous allez nous affirmer le contraire, nous dire une fois de plus que vous avez tout
essayé que c'est la faute des autres (l'ancienne équipe), qu'il n'y a pas d'autres solutions, que nous
n'avons pas les moyens financiers de faire autrement. Ces propos sonnent faux. Ils ne sont que
l'habillage d'une décision, prise il y a bien longtemps, et que vous auriez mis en œuvre
indépendamment de l'état des finances de la ville.

L'analyse que vous faîtes est erronée. L'OPH est confronté à un problème de liquidités, qui est par
définition un problème de court terme, et vous lui opposez une solution définitive, la vente. Il y a un
décalage entre les deux horizons.

Avec les membres du groupe Saint-Maur Solidaire, j'ai proposé, à plusieurs reprises, des solutions
permettant d'apporter à l'OPHLM les ressources qui lui manquaient tout en conservant le patrimoine
(fusion de l'OPH et de la SIEM, convention de gestion avec l'OPAC ou un autre opérateur, bail
emphytéotique à réhabilitation. Ces propositions sur lesquelles des opérateurs étaient prêts à s'engager
vous ne les avez même pas examinées ; elles contrecarraient le projet qui est le votre : liquider l'OPH.

Des considérations financières à court terme ne peuvent pas être les seuls éléments du débat. L'intérêt
général, et la politique, c'est la prise en compte du temps long. Ce n'est pas la même chose de
distribuer des subventions à des opérateurs sociaux que de se constituer petit à petit un patrimoine dont
on est le propriétaire. Dans un cas, on acquière une assurance contre les aléas de l'avenir, dans l'autre,
on a rien, si ce n'est un droit de réservation à durée limitée.

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La vente massive de logements sociaux est prônée aujourd'hui par le gouvernement. J'y vois la marque
d'une nouvelle étape dans le désengagement de l'État et d'une accélération. Jusqu'à présent, c'est au
nom de l'idéologie du "tous propriétaires" que le gouvernement incitait les bailleurs publics à vendre
les logements sociaux, à leurs occupants principalement. La motivation était essentiellement politique.
La vente de la totalité du parc de l'OPHLM procède, elle, d'une toute autre logique. Le gouvernement
que vous soutenez, dont le déficit est abyssal, ne souhaite plus investir directement dans le secteur du
logement social et préfère mobiliser l'épargne privée, quel qu'en soit le coût.

La décision que vous prenez monsieur le maire est une mauvaise décision. Vous vendez au son du
canon, en pleine crise immobilière, et vous vendez donc à un prix dérisoire, 40 M€ alors que
l'estimation chiffre le patrimoine à 80 M€. Les conséquences pour notre ville seront nombreuses :
perte d'un patrimoine de grande valeur, et des loyers qui lui sont attachés, diminution des droits
d'attribution et éloignement des lieux de décision, réduction du pouvoir d'intervention de la ville, etc.

Il y dans cette assemblée, un certain nombre de personnes qui ont une sensibilité sociale. A ces
personnes, je dis que ce qui fait la qualité d'un individu, c'est la fidélité à ses valeurs et que cette
fidélité elle passe avant la solidarité politique. Ne vous laissez pas embarquer dans cette mauvaise
aventure.

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Affaire n°19 : budget primitif 2010

1er point :

Je vais indiquer la position du groupe sur ce point et puis je donnerai quelques éléments d'explication.
Nous allons voter contre ce budget pour une raison simple. Le budget, c'est un acte qui traduit un
projet, une vision, des valeurs, une conception du vivre ensemble et des rapports entre personnes dans
la cité. Or le projet politique que vous défendez ne nous convient pas.

Cela ne veut pas dire pour autant, et je tiens à le préciser, que tout est mauvais dans ce budget. Il y a
des actions qui vont dans le bon sens et lorsque ces actions reviendront devant le conseil et bien nous
les examinerons au fond et si besoin nous les voterons. Mais approuver en bloc un budget d'un peu de
100 M€ pour ce qui est du fonctionnement et de 22 millions d'investissement, ce n'est bien sûr pas
possible.

2ème point :

Une mise en perspective est nécéssaire. C'est le budget de Saint-Maur que l'on discute mais ce qui se
passe en dehors a évidemment une influence. Et je crois que l'on peut difficilement parler du budget de
la ville sans avoir en tête le contexte national dans lequel il s'inscrit et les contraintes qui en résultent.
Le gouvernement que vous soutenez est confronté à une équation insoluble : diminuer le déficit du
pays sans augmenter les impôts nationaux. C'est devenu un dogme dans lequel il s'est enfermé illustré
par l'affaire du bouclier fiscal que tous les experts dénoncent. Pour s'en sortir, il n'a rien trouvé de
mieux que limiter les moyens des collectivités locales et transférer des charges supplémentaires sans
leur donner les moyens de les financer. Les dotations ne progressent pas alors que les charges qu'il
transfère ont-elles un profil de croissance très dynamique.

Dans un tel contexte, les communes qui souhaitent augmenter les services rendus n'ont plus qu'une
solution : augmenter les impôts locaux qui sont les plus injustes. Beaucoup de Saint mauriens
attendent de leur député qu'il rappelle ce point au gouvernement. C'est aussi le sens du vote de la
semaine dernière.

3ème point et ce sera le dernier car les interventions fleuves ne sont pas toujours les plus pertinentes loin
s'en faut.

Vous qualifiez le budget que vous nous présentez d'exemplaire, de réaliste et d'ambitieux. Pour ma
part j'accolerai 3 autres adjectifs à ce budget et je dirai qu'il est injuste, insincère et marqué par le
sceau du court terme.

Injuste : pourquoi est-il injuste ?

Tout d'abord parce qu'il contient une augmentation d'impôt mal pensée, +3% pour les taux, +1,2%
pour les bases, augmentation qui va surtout pénaliser les personnes les moins fortunés puisqu'elle va
frapper indistinctement locataires et propriétaires. La justice sociale voudrait que l'on augmente plus
l'impôt foncier. Question : pourquoi ne pas le faire, pourquoi ne pas être plus sélectif pourquoi ne pas
mettre la question en débat ?
Injuste aussi parce qu'il traite tous les quartiers de la même manière. Saint-maur Créteil et la Pie
comme la Varenne ou le Parc. Or il suffit de s'y promener pour savoir que l'on ne vit pas de la même

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manière et que les besoins ne sont pas les mêmes. Ce n'est pas un hasard si la majeure partie des
quartiers du canton de Saint-Maur Ouest a mis la gauche en tête dimanche dernier

2/ Insincère : pourquoi ce qualificatif ? Parce que à partir d'éléments techniques qui ne sont pas
discutables, il avance des explications qui ne sont pas les bonnes.

- Premier exemple d'insincérité : la dette est contenue. Faux, le montant de la dette va


augmenter puisque vous allez cette année emprunter plus (11 M€) que vous ne rembourser
(9,4 M€),

- second exemple : vous dites que nous ne payons plus d'amende SRU. Vous savez parfaitement
que ce n'est pas vrai. Pour ne plus payer d'amende il faudrait que nous ayons 20% de
logements sociaux et nous n'en prenons pas la direction, nous ne décollons pas de 5,6%. Le
montant de l'amende SRU, c'est tous les ans 153 € x 5 000 x 2 du fait du constat de carence
qui a été dressé par le Préfet.

- Troisième exemple : vous dites que notre capacité de désendettement (le ratio dettes sur
autofinancement) s'améliore ainsi qu'un certain nombre d'autres ratios. Vous dites vrai mais le
raisonnement est partiel vous le savez bien car si amélioration, il y a elle est due avant tout
aux deux augmentations d'impôt. Est-ce le signe d'une meilleure gestion, je n'en sais rien, peut
être mais ce n'est pas vraiment prouvé. Je pourrais continuer ainsi, les exemples ne manquent
pas mais je vais passer à mon troisième point

3/ un budget marqué par le sceau du court terme

C'est sans doute le reproche le plus fort que l'on peut faire car ne pas préparer l'avenir c'est nous
appauvrir à moyen terme.

Lorsque l'on regarde la nature des investissements qui sont programmés, on s'aperçoit qu'ils
appartiennent plus à la catégorie de la maintenance lourde qu'à celle de l'investissement de préparation
de l'avenir. Sans doute, il faut rénover les routes et les bâtiments, les mettre aux normes, et nous
avions du retard, j'en conviens tout à fait mais il faut aussi essayer de se projeter plus loin et mettre en
place ce qui fera de notre ville une ville phare dans les domaines de l'éducation, du logement et de
l'aménagement urbain.

En matière de logement et d'hébergement d'urgence, la loi pose des règles. Nous devrions avoir 7 000
logements sociaux, nous en avons à peine 2 000. Où est le plan de rattrapage sachant que cela nous
vaut aujourd'hui une amende de 2,5 M€ et demain peut-être plus
En matière de développement durable, où sont les investissements dans les véhicules propres, où est
l'aide aux habitants qui souhaiteraient recourir à des énergies renouvelables,
En matière d'aménagement, où sont les crédits d'étude pour le basculement du POS vers un PLU, pour
le lancement d'une réflexion sur l'aménagement de la place des marronniers, sur la ZAC des facs. On
ne les trouve pas !

Dans ce budget, il n'y a pas de vision au delà de l'année en cours. C'est insuffisant. Dans beaucoup de
villes de même taille que la nôtre il existe une programmation pluriannuelle des investissements sur
plusieurs années. Nous on navigue avec l'année comme horizon.

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En deux ans, vous avez vendu une partie non négligeable du patrimoine de la ville. Ce patrimoine était
la contrepartie de la dette, il la garantissait. Deux ans après votre arrivée, nous avons toujours le même
niveau de dette mais le patrimoine, nos actifs ont considérablement diminué. La ville s'est donc
appauvrie et vis-à-vis de l'extérieur son niveau de risque a augmenté.

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Affaire n°21 : approbation de la charte de bonne conduite

Je vais approuver cette charte qui va dans le bon sens indubitablement. Elle reprend les points
principaux des 6 engagements de la charte Gissler eux-mêmes inspirés du rapport particulier de la
Cour des Comptes sur les produits structurés qui concluait à la nécessité d'améliorer l'information de
l'assemblée délibérante concernée, le conseil municipal pour nous. C'est donc une bonne chose mais je
pense que nous devrions aller plus loin. Et je m'explique :

Lorsque l'on a débattu de ce thème en janvier dernier, j'ai attiré votre attention sur le fait que l'exécutif
municipal avait trop de pouvoir en matière d'emprunts. Au conseil, nous ne votons que les enveloppes
d'emprunts jamais les modalités. Les modalités sont définies par le maire avec les services de manière
unilatérale et les décisions sont prises par arrêtés. C'est ce que l'on appelle le pouvoir réglementaire du
maire qui résulte d'une délégation très large que vous avez demandée au conseil municipal en début de
mandat. Or aujourd'hui on se rend compte qu'elle est dangereuse cette délégation du fait de l'absence
de contrôle. C'est pour cette raison qu'en ce qui me concerne je serai favorable à un système où les
modalités de l'emprunt seraient fixées par une délibération. C'est un garde fou plus fort qu'une simple
charte qui n'a pas vraiment de valeur juridique.

Je souhaiterai aussi à notre époque où l'argent est roi et rend fou un bon nombre de personnes que l'on
introduise un peu d'éthique dans nos finances.

Je souhaite donc que l'on s'engage à ne pas traiter avec des banques qui ont une localisation directe ou
indirecte dans des paradis fiscaux. La Région et ses partenaires s'y sont engagés dès le lendemain du
premier tour des élections régionales. C'est un signal fort à envoyer aux citoyens !

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