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CHAPITRE 62

(La peste et les épidémies en général; leur cause psychique. La bonne diète pour
préserver les enfants du démon de la colère et de ses conséquences. Diète pour les enfants au
sang ardent et pour les nourrissons au sein. Le choix de la nourrice. Avec l'apparition des
dents la mémoire commence à fonctionner chez l'enfant. Farine de blé bouillie mélangée à du
miel pur : c'est le meilleur régime diététique pour les enfants au sang ardent. On peut en dire
tout autant des décoctions d'orge, de figues bouillies et des carottes cuites. La bouillie de
lentilles indiquée pour les plus grands. Que l'on évite au commencement le lait animal,
particulièrement l’hiver, parce qu'il n'est pas trop sain. La compote de fruits cuits et ses
effets. L'usage modéré de la viande, seulement après la seconde dentition, et sa raison. Autres
règles diététiques en regard avec les occupations, etc.. Ne pas négliger au moment opportun
la punition, particulièrement le jeûne. Importantes indications diététiques pour la période qui
suit l'enfance. Comme ces hommes au sang ardent sont plus que d'autres sujets à des
tentations, ils sont d'autant plus proches de la Grâce.)

- 7 avril 1847 -

Etant donné crue ce démon de la colère est un être aussi dangereux lorsqu'il arrive à
prendre possession de la chair de l'homme, il est donc souvent nécessaire de faire mourir
corporellement les enfants, et même Parfois de tuer dans le corps des générations entières au
moyen de la reste et d'autres maladies dévastatrices, avant qu'il ne soit rendu possible à ce
démon d'attraper complètement les âmes dans leur essence; d'un autre coté, il est aussi en
premier lieu de la plus grande importance pour chaque créature humaine appelée à protéger sa
propre âme, ou bien s'il s'agit d'un père ou d'une mère, à protéger aussi les âmes de leurs
enfants, il est très importants, dis-Je, de connaître et ensuite de suivre la juste diète, grâce à
laquelle non seulement sont sauvées les âmes, mais il est aussi donné moyen au corps humain
d'atteindre un âge le plus possible avancé aux fins du bien-être éternel de sa propre âme. Mais
cela ne peut arriver si les hommes ne connaissent pas en grande partie une semblable diète, ou
si, bien que la connaissant, ils ne la mettent pas en pratique.
Comment alors doit se comporter un homme déjà depuis la naissance, ou bien
comment doit-il être traité depuis le commencement, afin de pouvoir dans les années de
maturité observer cet ordre diététique psychique et corporel, grâce auquel seulement il lui est
rendu possible d'atteindre une vieillesse tranquille et avancée, et d'assurer à sa propre âme,
justement grâce à cet âge avancé, une consistance vraie, effective et persistante pour
l'éternité ?
Si l'enfant, déjà dans le berceau montre qu'il est de nature très sensible et facilement
excitable à l'effet de n'importe quelle influence, tant que la mémoire n'est pas encore active, il
doit être nourri avec des éléments non aptes à allumer le sang, et même avec des éléments qui
puissent agir seulement comme calmants et sédatifs.
Si la mère allaite elle-même le bébé, il est nécessaire qu'elle s'abstienne de l'usage de
boissons spiritueuses, et particulièrement qu'elle se garde des commotions d'esprit; car avec
cela elle prédispose sa poitrine à accueillir des éléments spécifiques tels, qu'ils servent
d'aliment à cet esprit enflammé; bref, elle doit s'abstenir des aliments et des boissons qui
produisent en quantité excessive la bile, ou bien qui éveillent à trop d'activité celle déjà
produite. Les légumes en général, particulièrement les haricots et les fèves ne sont absolument
pas à recommander à une semblable mère, qu'elle prenne au contraire des bouillons pas trop
chargés, de la viande d'animaux purs rôtie, et des gâteaux de froment, de seigle ou de maïs
blanc; l'orge et le riz cuits dans le lait pas trop gras sont en des cas semblables une nourriture
très indiquée.
Mais si une mère n'allaite pas elle-même son propre bébé, et le confie au contraire à la
poitrine de ce que l'on appelle une nourrice - ce qui n'est vraiment jamais une bonne chose - il
est nécessaire que l'on connaisse bien avant tout qui est une telle nourrice, et de quel esprit
elle est fille; et quand on a la conviction qu'elle est une âme douce et de bon caractère, il faut
en second lieu, qu'elle observe dans le manger et dans le boire la même diète et qu'elle veille
au calme de son esprit comme il est prescrit pour la vraie mère.
Mais que ce soit la mère ou la nourrice qui ait à allaiter le bébé, celui-ci doit être sevré
dès que commencent à pointer les premières dents; car avec l'apparition des dents commence
à fonctionner aussi chez l'enfant la mémoire.
Cependant pour un semblable enfant, la meilleure chose serait de l'élever sans l'aide du
sein.
De la farine de froment cuite et mélangée avec un peu de miel vierge représente le
meilleur aliment initial pour un enfant au sang enflammé. On peut par ailleurs très bien
employer aussi l'eau d'orge adoucie avec du miel ou bien du sucre; tout aussi indiquées et
parfois meilleures sont encore les figues et les carottes cuites. Plus tard, pour certains enfants,
une légère bouillie de lentilles serait aussi un aliment très digne d'être noté, pour ceux il
s'entend qui sont déjà un peu plus grands.
Le lait animal n'est pas à conseiller, parce que les animaux bien souvent, ne sont pas
sains eux-mêmes, et ils ne peuvent par conséquent pas fournir un lait sain, ce qui d'habitude
est le cas durant l'hiver. D'autre part souvent déjà les animaux-mêmes sont de constitution
pléthorique et violents de nature, et leur lait serait donc très mal à propos fourni à un
semblable enfant déjà en lui de nature pléthorique et ardente; ce n'est seulement qu'entre la
première et la seconde année que l'on peut donner à ces enfants du lait plutôt maigre et
allongé avec de l'eau.
Au contraire ils ne pourront en avoir aucun dommage si on leur donne de temps en
temps de la compote de fruits cuits; parce que les fruits, particulièrement de bonnes pommes
ou bien des poires de bonne qualité sont on ne peut plus aptes à dépurer et à affaiblir le sang.
On ne peut donner à manger de la viande à de tels enfants que lorsqu'ils ont changé les
dents. Si aux petits, particulièrement à ceux dont on a déjà parlé, on donne de la viande
comme aliment avant cette époque, on arrive à une hyper-nutrition du sang; leur chair même
se sature de substances grasses, et leur appareil de la transpiration en est obstrué, ce qui a pour
conséquence une quantité de maladies dangereuses.
Quand de semblables petits enfants ont grandi au point de pouvoir marcher et parler, il
serait bon de les tenir occupés avec des passe-temps divers, mais d'un genre tranquille, et en
même temps utiles et dignes; il faudrait en outre faire continuellement attention à ce que de
tels enfants n'aient jamais trop à s'exciter, pour aucun motif, soit avec le mouvement
physique, soit avec les commotions d'esprit.
Doit être évité tout ce qui, ne serait-ce que peu, pourrait les irriter.
Cependant, si en certains enfants, en dépit du scrupuleux accomplissement de ces
prescriptions, on devait observer souvent que se manifestent des effervescences d'esprits et
des déclenchements de colère, il ne faut jamais négliger en temps et lieu une punition
appropriée, qui toutefois ne doit pas se transformer aussi vite en coups, mais bien plutôt - ce
qui est beaucoup plus efficace et salutaire - en infligeant opportunément des jeûnes; car il n'y
a rien qui calme la colère comme la faim, et ceux qui jeûnent depuis longtemps sont de tous
les moins disposés à organiser des révolutIons, tandis que, quand ils sont rassasiés, il ne
faudrait pas se fier beaucoup à eux.
Quand il y a nécessité de punir des enfants pour de semblables causes, on agit très bien
si l'on cherche à leur faire comprendre, qu'eux ayant été méchants, le Père Céleste n'a pas
envoyé de pain pour eux, mais que, dès qu'ils voudraient redevenir bons, et dès qu'ils
prieraient le Père Céleste de leur accorder à nouveau le pain, Celui-ci certes ne le refuserait
pas davantage. Avec cela ces petits sont rendus attentifs sur l'influence rue Dieu exerce en
toute chose, et puis dans leurs jeunes âmes s'imprime toujours plus l'idée qu'ils dépendent de
Dieu en tout, et que Lui est le plus Fidèle rémunérateur de tout bien et de tout mal.
Et quand ces petits enfants sont devenus vraiment bons et honnêtes, il ne faut pas
hésiter à leur montrer, de manière compréhensible, comment le Père Céleste a pour eux une
grande complaisance, et comment est quotidien Son appel en leur faveur que l'on répète le
matin, à midi et le soir.

« Laissez venir à Moi ces chers petits ! »

Si les petits enfants sont guidés de cette manière, plus tard on aura bien peu de
difficultés avec eux; mais si l'on ne procède pas ainsi, il sera déjà plus difficile de les ramener
sur la bonne voie dans les années à venir, et trouvera confirmation le dicton selon lequel, un
vieil arbre ne se laisse plus plier, exception faite parfois, par l'action de l'ouragan et de la
foudre, mais en ces cas bien rarement l'arbre en sort sans dommages.
Quand de semblables petits enfants ont déjà bien grandi, et ont atteint la conscience
complète d'eux-mêmes, jusqu'à la limite il s'entend où ce concept veut être étendu dans des
considérations naturelles, et qu’en eux se manifestent encore de temps en temps des
symptômes sensibles d'une susceptibilité exagérée et d'une excitabilité d'esprit, il est très
recommandable pour eux qu'ils mènent sous tous aspects une vie très modérée, qu'ils se
couchent de bonne heure, mais se lèvent plus encore de bonne heure, qu'ils s'abstiennent
durant de longues périodes de temps d'user de boissons alcoolisées, ainsi que de chairs
d'animaux impurs et qu’ils évitent de se rendre en ces lieux où l'on offre toutes sortes de
spectacles fous pour le très mauvais plaisir des spectateurs, principalement ensuite en ceux où
l'on danse et où l'on joue. Qui a la tête chaude et encline à l'irascibilité, fait bien de se tenir
éloigné de semblables divertissements durant longtemps, sinon vraiment pour toujours,
comme il faudrait le conseiller à plus d'un.
Il est aussi très bon pour ces personnes des deux sexes qu'ils se marient vite; car
l'ardeur érotique dans une tête chaude est beaucoup plus violente que chez une personne
douce, particulièrement ensuite, en plus d'observer ces règles diététiques naturelles, de
semblables individus devraient prier souvent, et lire des livres spirituels ou bien se les faire
lire, dès lors qu'ils ne sachent pas lire eux-mêmes. Tout cela contribue à renforcer leur âme et
à dénouer leur esprit de ses entraves, esprit qui se rend facilement libre quand de tels
individus sont arrivés saisir Mon Amour; et puisqu'ils sont exposés à une plus grande
tentation en comparaison des autres, ils sont aussi justement pour ce motif d'autant plus
proches de Ma Grâce que plus grande est la tentation à laquelle ils sont appelés à résister. Ce
sont justement ces hommes dont on peut attendre quelque chose de grand quand ils sont
arrivés sur la Bonne Voie, pour la raison qu'ils ont en eux le courage nécessaire. Ceci est
l'homme matériel avec lequel, spirituellement parlant, sont construits des navires et des palais
- comme de chêne et de marbre - dans Mon Royaume ; tandis qu'en se servant d'éponges et de
roseaux de marécages, on obtiendra difficilement quelque chose de mieux que ce que peuvent
donner de semblables matériaux dans leur espèce.
Il était nécessaire d'ajouter ce régime à la présente remarquable communication; et vu
que désormais nous l'avons clairement exposé afin que chacun puisse l'observer avec certitude
et pour son plus grand avantage personnel, la prochaine fois nous passerons à considérer
encore une autre question assez digne d'être posée.
CHAPITRE 63

(L’ambition, autre démon de la pire espèce. Rapport entre celui-ci et le démon de la


colère. Le sexe féminin plus fortement prédisposé à en subir l’influence. La preuve que l'on
peut en faire sur une jeune fille et sur un jeune homme. Ses dangers et ses conséquences;
pour la femme la coquetterie et la dissolution; pour l'homme : la grossièreté et la manie de se
battre, etc... L'ambition le plus mauvais parmi les démons, est la source de tout les maux
parmi le genre humain. Exemples cités pour preuve. C’est un bien pour les hommes quand ils
sont dominés par des tyrans. Documentations. "Qui parmi vous veut être le premier, qu'il soit
le serviteur de tous." Les dirigeants détiennent les pouvoirs de Dieu. Les femmes - et les
mères aussi - tendent a faire des conquêtes ; pourquoi pas au contraire des renoncements
selon l’Evangile ? - "Que la véritable humilité soit le solide fondement de votre être.'' La voie
vers le bonheur en ce monde et en l'autre. " Qui veut rendre les autres meilleurs, qu’il se
rende avant tout meilleur lui-même " Tant que la pure doctrine du Christ ne se rend pas
vivante, il ne pourra y avoir d'amélioration ni en ce monde ni dans l’Au-Delà." La raison
pour laquelle une amélioration est si difficile est à rechercher en ce que les hommes eux-
mêmes, se complaisent grandement de ce démon capital. Aujourd’hui, Jésus représente une
affliction et un déshonneur.)

- 8 avril 1847 -

Presque pire et plus dangereuse encore que l'irascibilité ou le démon de la colère dans
la chair humaine est l’ambition, qui marche bien sûr du même pas que la colère, mais en est
toutefois le fondement, parce que celui qui est humble ne se laisse pas facilement entraîner
par la colère;tandis qu'un orgueilleux, selon ce que vous avez l'habitude de dire, s'enflamme
immédiatement comme une allumette. L'ambition est le véritable démon principal dans
l'homme, et il est presque tout à fait semblable à Satan. Seulement cet esprit malin prend
possession des enfants seulement quand ils sont arrivés à un certain degré de connaissance
d'eux-mêmes.
Des prédispositions en ce sens, on peut certes en observer aussi avant, quand les
enfants peuvent encore à grand-peine parler. Essayez de rassembler quelques enfants, et
observez-les durant leurs jeux, et vous vous apercevrez vite comment l'un veut surpasser
l'autre ; car il plaît déjà à un semblable petit être qui sait à peine balbutier quelques mots, que
de la part des autres il lui soit rendu hommage.
Cette tendance est particulièrement marquée dans le sexe féminin ; la jeune fille se
trouvera bien vite être belle, et elle commencera à se parer et pour qui voudra s'insinuer dans
l'âme d'une jeune fille ainsi faite, il suffira qu'en toute occasion elle mette en relief sa beauté,
et elle commencera alors à sourire avec un doux embarras apparent et ne se trouvera pas trop
à son aise si en sa compagnie il y a une seconde jeune fille très belle. Beaucoup plus sérieuse
serait ensuite l'affaire au cas où il y aurait présente là une autre jeune fille réellement plus
belle encore ; pas mal de larmes s'écouleraient, si pas réellement en public, mais certainement
au moins en secret.
Chez les garçons, quand ils sont encore petits, la beauté physique ne représente pas
encore une grande part, mais beaucoup plus par contre la force. Chacun veut être le plus fort ;
avec sa force il veut vaincre complètement ses compagnons, et il est toujours prêt à cueillir
n'importe quelle occasion pour fournir des preuves de sa force, avec les mains et avec les
pieds, sans grâce ni pitié, des preuves parfois même meurtrières, uniquement pour être
considéré comme le plus fort et donc, le plus craint de la compagnie.
En de telles occasions on s'aperçoit avec beaucoup de facilité de la présence du démon
sataniquement méchant déjà dans les enfants.
Qu'un semblable démon doive être combattu sans délai, cela est suggéré déjà par la
nature elle-même, même si personne ne devait posséder en ce domaine une quelconque
connaissance supérieure et plus profonde, car il est évident qu'une semblable ambition peut
aussi trop souvent dégénérer dans les pires vices.
Une jeune fille qui désire ardemment plaire, devient très vite une coquette et sitôt
après une prostituée, état dans lequel elle vient déjà à se trouver d'une certaine manière au
point où Satan voulait la conduire ; le garçon de son coté devient en très peu de temps un être
grossier, querelleur, et en général un individu pour qui rien n'est sacré hormis lui-même.
Il ne se passe guère de temps que ceux-ci ne deviennent des intrigants, des médisants
et des critiques de Dieu et de tout ; ils savent et comprennent tout mieux que n'importe qui, et
leur jugement doit être le plus exact uniquement parce que c'est eux qui l'ont exprimé. Qui ne
veut pas se soumettre à une telle sentence, est, dans le meilleur des cas, un âne ; mais il se
peut que le cas soit aussi un peu plus démonstratif, et alors l'intéressé attrape des coups de
bâton.
Mais que peut-on espérer d'un semblable individu ? Qui donc sera capable d'enseigner
un tel personnage qui connaît tout mieux que toute autre : Personne ? Et si même quelqu'un se
donne la peine de lui faire voir avec beaucoup de clarté sa sottise, il montera sur ses grands
chevaux, et ce qu'il ne pourra pas obtenir avec l'éloquence de sa propre bouche il le remettra à
l'énergie de ses propres mains, qui ordinairement sont plus robustes que la langue de
l'adversaire. Une paire de bons coups de poings, ou quelques revers de mains appliqués tout
aussi énergiquement, ont pour le moment un plus grand effet que le plus beau chapitre tiré des
Epîtres de Paul, et que toute la sagesse de Socrate ; parce que là où il y a un cheval qui donne
des coups de pieds, même Socrate et Cicéron se retirent prudemment en arrière; dans un cas
semblable tout au plus Samson ou David en tenue de combat pourraient exercer une contre-
attaque efficace.
Or, tout cela a ses origines dans l'ambition, en raison de laquelle chacun veut être le
premier et le plus grand, même si effectivement il est le plus petit et le dernier ; et quand bien
même l'une et l'autre arme dont il dispose se sont épointées, il lui reste toujours encore une
bouche pour maudire, et une inextinguible soif de vengeance. Naturellement en de telles
occasions, l'ambition et la colère s'en vont bras-dessus, bras-dessous ; mais à leur service
entrent alors la simulation et l'envie.
Ce très perfide d'entre tous les démons dans la chair humaine est la source de tous les
maux de l'humanité, et il s'identifie parfaitement avec le plus acerbe et le plus profond Enfer,
car en lui se trouvent réunis tous les maux.
Y aurait-il jamais eu une guerre, si ce démon n'avait pas si corrompu la chair
humaine ? Il n'y a pas de vice qui puisse attirer autant de victimes entre ses spires que
l'ambition. Un homme qui a en lui beaucoup de cet élément diabolique, ne tardera pas à se
rendre sujets un certain nombre d'autres hommes, au commencement sans doute avec le titre
d'amis ; mais il ne se passera pas beaucoup de temps que de tels amis par excès d'amitié
devront finir par faire ce qui leur sera imposé par l'ami principal, et ce pour la raison qu'il les
aura attirés dans le cercle de son propre démon de l'ambition. Ces amis se choisiront à leur
tour d'autres amis et les attireront dans les spires du même démon en lesquelles ils ont été
eux-mêmes attirés. Mais de cette façon le chef de bande initial devient un commandant
supérieur, et comme la chose promet bien, il commence à donner des ordres à droite et à
gauche, et rapidement son démon aura attraper avec son filet des milliers, qui tous devront
danser selon la musique qu'il lui plaira de jouer.
Ainsi naissent ensuite les dynasties ; alors un se tient à la tête de tous, dicte et
sanctionne des lois selon que le caprice l'inspire, et des milliers doivent les observer, soit au
milieu de larmes de sang, soit avec bonne volonté soit à contrecœur, cela importe peu ; parce
que lorsqu'une puissance s'est concentrée dans un groupe, toute résistance particulière reste
vaine, et raison, intelligence et sagesse doivent céder le champ là où un despotisme tyrannique
s'est assis sur le trône. S'il plaît au tyran d'aveugler ses sujets, il n'y a qu'à commander, et ses
assistants animés par le même démon leur arracheront les yeux, car ils sont prêts à faire tout
ce que le despote commande. Cependant, pour les hommes, il est bon que dominent sur eux
des tyrans, qui, même s'ils ne sont pas des tyrans au vrai sens du mot, sont cependant des
despotes obstinés qui, comme les tyrans, exigent la plus stricte obéissance, qui considèrent la
plus petite contradiction comme un crime de lèse-majesté et la punissent si pas réellement
avec la mort, du moins avec une période de dure prison. Mais comme on l'a dit, si cela arrive
ainsi, c'est juste et bon.
Ce sont les hommes eux-mêmes qui ont mis dans un coin leur Dieu, et qui ont par
contre placé sur le trône le démon de leur propre orgueil, et ce qu'ils firent autrefois, ils le font
présentement encore ; car partout les parents ambitionnent que leurs enfants deviennent
quelque chose de mieux et de plus élevé que ce qu'ils n'ont été eux-mêmes. Le simple paysan,
bien qu'il ne puisse réaliser son propre désir, caresse au moins dans son cœur l'idée de faire de
son propre fils un grand monsieur, et pour sa propre fille, pour peu qu'elle soit d'un aspect
gentil, il rêve au moins d'un mariage avec quelque bourgeois aisé ou bien avec quelque
employé de l'Etat. Un cordonnier ne pense même pas de loin à faire apprendre à ses propres
fils son propre métier ; et s'il a une fille plutôt plus mignonne que laide, il ne peut certes
conseiller à aucun autre cordonnier de la demander pour épouse, parce qu'elle peut facilement
devenir la femme de quelque employé ou même quelque chose de mieux encore ; et le fils du
cordonnier doit naturellement étudier pour devenir quelque chose de plus et de mieux. Et si
donc à la fille d'un semblable sot, il arrive vraiment de devenir l'épouse d'un conseiller d'état,
et au fils d'atteindre tout bonnement à la charge de greffier d'état, il arrive ensuite que le père
ne peut absolument plus se permettre l'acte audacieux de s'approcher avec le chapeau sur la
tête de ses enfants désormais haut placés.
La chose sans aucun doute lui fait de la peine, et souvent il pleure amèrement parce
que ses enfants ne veulent plus le reconnaître. Mais c'est bien pour lui ! Parce qu'il a été ainsi
imprudent, et il a éprouvé de la joie à élever deux tyrans au lieu de deux soutiens pour sa
vieillesse !
Et c'est pourquoi il arrive à chacun selon la justice, et pour l'humanité tout est
parfaitement bien si elle est tyrannisée à outrance de haut en bas ; car elle-même trouve la
plus grande satisfaction à façonner des tyrans à partir de ses propres enfants.
Qui est-ce qui fait étudier les enfants ? Les parents ; et pourquoi ? Afin qu'ils puissent
devenir quelque chose ; mais quelle chose doivent-ils devenir ? Naturellement, si jamais c'est
possible, toujours plus que ce que sont les parents; car dans la bouche de tous on n'entend que
cela : "Je fais étudier un fils afin qu'il puisse un jour devenir prêtre ou employé de l'Etat, et
plus cher que tout me serait qu'il puisse arriver à un poste de conseiller aulique ou tout
bonnement de ministre, ou bien, s'il entre dans la carrière sacerdotale, qu'il réussisse à se faire
consacrer évêque." Ainsi s'exprime l'intention d'un père, et pareillement aussi le cœur d'une
mère. Mais on n'entend pas par contre aussi facilement de la bouche d'un père les paroles : "Je
fais étudier mon fils dans le but qu'il ait à acquérir des connaissances utiles, pour devenir
ensuite avec un sage avantage ce que je suis moi-même, ou bien même quelque chose de
moins, mais toujours dans les limites du bon et du juste." Et moins encore on ne donne écoute
à Ma Parole qui dit :

"Qui parmi vous veut être le premier,


qu'il soit le dernier et le serviteur de tous.

Tel a été Mon commandement, mais voilà qu'à grand-peine quelque mendiant,
l’accomplit ; mais ce que Satan commande au moyen de ses propres démons, cela devient loi
à laquelle petits et grands, jeunes et vieux rivalisent pour s'y conformer ; mais c'est pourquoi,
pour le monde aussi, il est dix fois et cent fois bien quand il est tyrannisé avec l'épée et avec le
feu, car lui-même y trouve la plus grande satisfaction spirituelle.
Cessez d'élever des tyrans en vos enfants, et soyez vous-mêmes plutôt les derniers que
les premiers, et alors bien vite les tyrans se trouveront seuls sur leurs trônes ; et puisque vous,
vous vous trouverez beaucoup plus bas, ils seront eux contraints de descendre profondément
de leur hauteur, pour ne pas courir à la rencontre de leur propre ruine, abandonné de tous.
Mais si vous, à partir de vos propres enfants, vous vous efforcez de construire toujours
de plus nombreux degrés qui conduisent au trône, il est certain que celui-ci devra toujours
plus s'élever ; cependant d'autant plus haut il devient, d'autant plus loin il pourra jeter ses
foudres depuis ses sublimes sommets, et par conséquent d'autant plus durement serez-vous
frappés vous qui vous vous trouvez en bas. Et MOI, Je permets volontiers que la puissance
des haut placés s'accroisse, afin que les fous qui sont au-dessous aient quelque chose qui les
éperonne à l'humilité et qui leur montre ce qu'ils devraient être, mais qu'au contraire ils ne
sont pas. Désormais les régnants réclament de Moi leur force, et ils font très bien quand ils
oppriment le plus qu'il est possible la stupide humanité, parce qu'elle ne mérite absolument
pas un meilleur traitement.
Un père ne veut-il pas acheter pour son propre fils un manteau meilleur que celui qu'il
endosse lui-même, et une mère ne va-t-elle pas avec ses filles dans les magasins de mode, et
ne s'y rend-elle pas, et ne choisit-elle pas pendant de longues heures ce qu'il y a de mieux pour
qu'elles puissent faire, comme on dit, la meilleure figure possible afin de procéder au plus
grand nombre de conquêtes ? Mais pourquoi vraiment faut-il conquérir et s'élever ? -
S'abaisser au contraire, c'est à ceci que devrait tendre l'humanité selon Ma Parole ! Mais
puisqu'on insiste à conquérir et à s'élever, que viennent donc aussi les tyrans ; Je dis que ceux-
ci sont des anges qui abaissent le plus possible l'esprit de conquête au moyen d'impôts et de
taxes en tout genre et au moyen d'autres lois onéreuses.
Voici quel est le langage du père à son propre fils : "Tu dois acquérir et te rendre
propre un comportement capable d'attirer sur toi les yeux et les oreilles de tous de façon à
devenir indispensable à toute une société", ou bien, dit en d'autres termes : "Cherche à devenir
le premier dans ta société !" - Mais pourquoi le père ne dit-il pas plutôt :
" Mon fils ! Tiens-toi à l’arrière ; il est mieux que tu sois toi, depuis ta basse position à
regarder la société, plutôt que celle-ci n'ait à tourner tous ses regards vers toi ; ou bien, est-il
mieux d'être la pierre fondamentale d'un édifice ou bien le faite d'un toit ? Mais s'il éclate un
ouragan qui détruit et toit et maison, réussira-t-il à déplacer aussi les fondations ? "
Qui se tient le plus bas de tous, celui-là est aussi le plus en sécurité; le pinacle d'un
clocher est au contraire à la merci de chaque tempête.
Que ce soit donc votre principe : descendre ; et que la vraie humilité soit la base solide
de votre existence. Alors le démon malin de l'ambition abandonnera chacun, et la tyrannie
aura trouvé sa fin pour l'éternité.
Oh! Croyez-vous peut-être que pour un prince il importe en quoi que ce soit d'être
reconnu comme tel par la masse du peuple ? Il ne tirera certainement pas d'aliment de cela
pour son honneur de prince ; mais comme prince il demande par contre aux très hauts milieux
et à la classe de ses pairs la reconnaissance de sa propre dignité.
Si donc l'humanité, sans exception, descendait jusqu'en bas aux fondements de
l'humilité, le prince pourrait aller chercher ses pairs ou la reconnaissance de sa propre dignité
avec une petite lanterne, mais il ne la trouverait absolument pas, de même qu'on ne trouve pas
de diamants déjà taillés à facettes au milieu de la caillasse des fleuves.
Voilà, ceci est la voie vers le bonheur, en ce monde et dans l’autre ; ainsi on peut
espérer en une amélioration tant des peuples que des princes, et non pas avec la désobéissance
et moins encore avec les insurrections contre un pouvoir ordonné. Si quelqu'un veut construire
une maison, il faut qu'il commence par le bas ; commencer par le toit est une chose qui ne va
vraiment pas. Ou bien, comment pourra-t-on fixer un étendard ou une croix sur la cime d'un
campanile, quand pour édifier la tour on n'a même pas encore placé les fondations ?
Qui veut améliorer les autres, qu'il s'améliore avant tout soi-même, et qu’il mène une
vie de juste ; alors les autres le suivront quand ils en auront vu les avantages. Et qui veut
humilier les autres qu’il s'humilie d'abord lui-même ; ce faisant il enlèvera à son propre
voisin, dans sa propre personne, ce degré sur lequel celui-ci ne manquerait pas de monter.
Mais si quelqu'un porte son frère sur les épaules, celui-ci viendra-t-il au bas de la montagne, si
celui qui le porte ne veut rien savoir de descendre ? Celui qui est porteur, qu'il dirige donc lui
le premier ses pas vers le bas et ainsi descendra aussi celui qu'il porte ; si l'âne grimpe sur la
montagne, il est bien certain que montera aussi avec lui toujours plus celui qui est assis sur
son échine et qui lui pèse.
Donc, tant que Ma Doctrine ne sera pas parfaitement observée en chaque circonstance,
cela ne pourra pas aller mieux ni ici ni dans l'au-delà, et ni en général ni en particulier.
Mais si par contre quelqu'un suit Ma Doctrine en chaque chose, pour celui-là cela ira
bien en ce monde comme aussi dans l'autre ; car une âme humble ne tarde jamais à se tirer
d'embarras en n'importe qu'elle circonstances, et comme elle est la plus proche de Moi, elle a
aussi toujours à portée de main la plus sûre et la meilleure des assistances.
Mais malheureusement, n’importe quel mal est plus facile à extirper que celui-ci,
parce que les hommes eux-mêmes y trouvent la plus grande satisfaction, et préfère être un
monsieur très honoré plutôt qu'un très humble serviteur au vrai sens du mot. Les hommes se
saluent, il est vrai avec un « votre très dévoué serviteur » mais ils ne le font pas parce qu'ils
sentent et entendent vraiment l'être, mais bien plutôt en raison d'un acte de courtoisie
conventionnelle, afin que celui qui est salué, ait en contrepartie à le considérer d'autant plus.
Oh, l’immense sottise humaine ! Quand t’apercevras-tu, ô homme, que sans un solide
point central aucun monde n'est imaginable ? Or le point central est certes le point le plus
profond en chaque corps de l'univers ; pourquoi donc l'homme ne veut-il pas descendre dans
les profondeurs de lui-même, où il pourrait trouver pour l'éternité la véritable assurance sur la
vie qui est expliquée avec tant de clarté et de précision dans Ma Doctrine ?
Mais à quoi peut servir Ma Doctrine, quelle signification peut-elle avoir, si Jésus, Son
fondateur, n'a désormais plus Lui-Même l'honneur d'être quelque chose, à l'exception parfois
d'être un malheureux supplément d'un Socrate ou d'un Platon, et même ceci, par concession
particulière ? Ou bien on transforme JESUS en une vaine idole qui de Jésus n'a que le Nom
seulement, avec l'adjonction peut-être de quelques miettes de Sa Doctrine en forme de
hiéroglyphes égyptiens, sur lesquels d'ailleurs il est sévèrement défendu d'arrêter un instant sa
pensée.
En résumé, Jésus, on L'a façonné comme on aurait pu le mieux en tirer profit, afin qu'il
ait à apporter quelque chose et non à coûter comme quand IL donne le commandement en
disant : "Si quelqu'un vous prie de lui donner un habit, donnez-lui aussi le manteau". Celui au
contraire qui devrait être le dernier et le serviteur de tous, domine au poste suprême sur des
millions d'hommes.
Mauvais exemple vraiment pour l'Humanité. Mais il ne peut en aller autrement ; parce
que, encore de nos jours il y a de nombreux milliers de personnes qui n'ont pas de désir plus
ardent que de voir leurs enfants exaltés comme des papes. Il y a donc encore un amour très
accentué pour la papauté. Mais tant qu'il en est ainsi, cela ne peut absolument pas aller mieux.
Et ici pour aujourd'hui nous arrêterons, nous réservant de revenir encore sur ce sujet.

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