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Comment mieux décrypter le langage du corps
Comment mieux décrypter

le langage du corps
MICHAEL CURTIS
(avec la collaboration de ROBERT DENRYCK)
1
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Sommaire
Sommaire.............................................................................................. 2
INTRODUCTION................................................................................ 3
CHAPITRE 1....................................................................................... 6
COMMENT TROUVER LE CODE DE BASE................................. 6
POUR "ENTRER" DANS CHAQUE PERSONNE......................... 6
CHAPITRE 2..................................................................................... 18
COMMENT MIEUX OBSERVER LE LANGAGE DU CORPS... 18
CHAPITRE 3..................................................................................... 43
COMMENT MIEUX ÉCOUTER LA VOIX.................................... 43
DE CEUX QUI VOUS PARLENT................................................... 43
CHAPITRE 4.................................................................................... 52
COMMENT MIEUX "LIRE" DANS LES YEUX.......................... 52
CHAPITRE 5.................................................................................... 58
COMMENT DÉTECTER INFAILLIBLEMENT........................... 58
SI ON VOUS MENT......................................................................... 58
CHAPITRE 6.................................................................................... 79
COMMENT MIEUX MAÎTRISER................................................. 79
VOTRE PROPRE LANGAGE CORPOREL................................... 79
POUR ATTEINDRE VOS OBJECTIFS......................................... 79
CHAPITRE 7.................................................................................. 100
COMMENT MIEUX UTILISER................................................... 100
ET DÉCODER LE NON-VERBAL............................................... 100
POUR SÉDUIRE............................................................................ 100
CHAPITRE 8.................................................................................. 114
3 OBSTACLES MAJEURS AU DÉCRYPTAGE.......................... 114
DU LANGAGE CORPOREL......................................................... 114
CONCLUSION................................................................................ 124
2
INTRODUCTION
Environ 90 % de la communication s'effectue avec le

corps et le ton de la voix. Et c'est encore plus vrai chez les
femmes, qui, naturellement, s'expriment davantage que les
hommes avec leur corps.
Mais ce n'est pas tout le monde qui a le temps de lire de
gros ouvrages de caractérologie ou d'analyse du langage non
verbal ! Et même si vous aviez le temps de le faire, encore
faudrait-il avoir le temps de mémoriser des listes
interminables de signaux corporels, assimiler le tout, le
mettre en pratique, etc. Et vous en souvenir quand viendra le
moment de vous en servir...
Par exemple...
Supposons que vous deviez par exemple vous présenter
pour un nouvel emploi très intéressant qu'on vient de vous
proposer au moment où vous n'espériez plus rien.
Il faut parer au plus pressé. Vous n'avez donc pas le temps
de devenir un expert en communication non verbale pour
mettre toutes les chances de votre côté.
Comment paraître à votre meilleur ? Comment décoder le
langage corporel de l'employeur pour réagir de la manière la
plus pertinente.
Tout le monde est ainsi appelé à faire face à des situations
inattendues pour lesquelles on n'est pas bien préparé. Ces
situations peuvent représenter des enjeux importants, voire
très importants. Par exemple :
• Vous faites face à un voleur, dans la rue ou à la maison.
3
Comment repérer rapidement des signes qui vous

permettront de bien cerner l'état mental de l'agresseur et
son potentiel de violence.
Est-ce un drogué en manque, capable de tout ?
Quelle attitude et quel langage corporel adopter pour ne
pas y laisser votre peau ?
Comment le calmer et lui faire entendre raison ?
• Dans un pays étranger, vous prenez des vacances bien

méritées. Mais vous êtes confronté à un chauffeur de
taxi ou à un vendeur très habile qui essaye de vous
"faire avaler des couleuvres" ou de vous en embarquer
dans quelque chose de louche. (Le cas n'est pas rare, ça
m'est arrivé !).
• Cet homme a une très grande force de persuasion et

vous sentez qu'il essaye de "vous tordre le bras" le bras
psychologiquement. Vous sentez que vous avez mis les
pieds dans un piège. Mais la situation est assez confuse
parce que vous ne comprenez pas très bien ce qu'il vous
dit.
Comment lire son langage corporel pour voir clair et
vous arracher à son influence ou le neutraliser ?
• Au hasard d'un événement fortuit ou d'un voyage, vous

rencontrez une personne de l'autre sexe qui semble
s'intéresser beaucoup à vous. Mais vous soupçonnez
que cela pourrait entraîner certains problèmes (...) ou
que cette personne a d'autres intentions que de
simplement vous séduire. Comment tirer votre épingle
du jeu le plus élégamment possible ?
Comment passer plus vite à l'action

Ce guide pratique vise donc à vous fournir les clés
essentielles qui vous permettront de décoder rapidement le
4
langage non verbal des gens que vous rencontrez. (Voyez les
chapitres 1, 2, 3 et 4.)
Quand vous avez les compétences de base, une bonne
partie se déduit de soi-même par la pratique et l'expérience.
Pas besoin de mémoriser des "dictionnaires" de langage non
verbal. L'important est d'avoir un solide point de départ !
En possédant de telles clés de base - véritables "passe-
partout" -, il vous devient très facile d'ouvrir les portes les
mieux fermées pour pénétrer dans l'esprit des personnes les
plus manipulatrices ou repérer très facilement les menteurs.
(Voyez le chapitre 5.)
Et les choses seront encore plus faciles si vous arrivez à
éliminer les 3 principaux obstacles qui peuvent vous
empêcher de bien décrypter les gens. (Voyez le chapitre 8.)
Mais ce n'est pas tout. En connaissant les clés essentielles
du langage non verbal, vous pourrez aussi améliorer
considérablement votre image sociale, qui dépend surtout de
votre attitude et de votre gestuelle. Et, en vous permettant
d'harmoniser vos paroles et votre langage non verbal, ces clés
vous aideront à mieux réussir dans vos entreprises. (Voyez le
chapitre 6.)
Autre avantage non négligeable, il deviendra également
bien plus facile de "cartonner" lorsque vous serez dans un
contexte de séduction, en boîte ou n'importe ailleurs. La
maîtrise du langage non verbal constitue la base de l'art de la
drague. (Voyez le chapitre 7.)
Bienvenue donc dans l'univers fascinant du langage non
verbal. Et bon décryptage !
5
CHAPITRE 1
COMMENT TROUVER LE CODE DE BASE
POUR "ENTRER" DANS CHAQUE PERSONNE
"Une pâleur fugitive nuança le visage intelligent du

premier ministre. Il regarda la reine avec inquiétude. Son
visage était tellement impassible, qu'il en était, comme les
autres, à ne pouvoir lire ce qui se passait dans son coeur.
(...)
Mazarin la regardait, et maintenant qu'elle se croyait
seule et qu'elle n'avait plus tout un monde d'ennemis pour
l'épier, il suivait ses pensées sur son visage, comme on voit
dans les lacs transparents passer les nuages, reflets du ciel
comme les pensées."
Alexandre Dumas (Vingt ans après)
Si vous vous intéressez un tant soit peu à l'histoire de la

Seconde guerre mondiale, vous connaissez sûrement Enigma.
Cette machine de codage inventée par les Allemands leur
permettait d'envoyer des messages codés quasi impossibles à
déchiffrer parce que le code de base changeait à chaque fois,
contrairement aux techniques de codages habituelles.
L'utilisation du bluff, des messages codés ou des "mots de
passe" est intrinsèquement liée à l'art de la guerre. L'ennemi
ne doit surtout pas connaître nos vraies intentions. Et la
réussite des meilleures stratégies dépend du secret qui les
entoure.
6
Dans la "petite guerre du quotidien", nous devons aussi

nous protéger contre les "ennemis" potentiels même si notre
survie physique n'est pas comme telle en jeu. Peu importe
qu'il s'agisse d'un supérieur hiérarchique, d'un collègue, d'un
subalterne, d'un concurrent en affaires, d'un voisin, d'un
conjoint, d'un membre de notre famille ou même de l'un de
nos propres enfants.
Et la naïveté ou la sincérité stupide ne sont surtout pas de
mise dans cette "petite guerre du quotidien", qui est souvent
sans pitié ! Par exemple, si, à chaque fois que nous parlons à
une certaine personne, nous nous sentons déprimés, diminués
ou confus, ce n'est pas parce ce que nous sommes
"paranoïaques" ou "complexés". Nous avons subi une
agression psychique. Il faut en prendre acte. Et agir en
conséquence...
Or, l'une des façons de se protéger contre des "ennemis"
potentiels est d'apprendre à lire leurs vraies intentions. Mais
pour cela, il vous faut, comme les experts en décryptage de la
Seconde guerre mondiale l'ont fait pour Enigma, apprendre à
décoder le "code de base" des personnes avec qui nous
faisons affaire. Après cela, le reste de leurs "codes gestuels"
se décodent bien plus facilement.
Certains sont plus énigmatiques que d'autres...

Certaines personnes sont de véritables machines Enigma,
très difficiles à saisir en raison de leur intelligence
stratégique, de leur complexité ou de leur capacité à bluffer
ou à jouer la comédie. D'autres, plus naïves ou moins
intelligentes se décodent en général assez facilement - même
quand elles mentent comme elles respirent.
Si vous lisez ce guide pratique, il va de soi que vous
aimeriez "lire" le langage corporel des personnes plus
difficiles à décoder. Mais il ne faudrait pas négliger pour
autant les autres. Certaines personnes naïves en apparence
7
peuvent s'avérer bien plus retorses ou rusées qu'on ne

l'imagine. Il ne faut jamais sous-estimer un adversaire...
Il ne suffit pas de connaître par cœur une liste de

signaux corporels
Les livres de caractérologie et d'analyse du langage
corporel peuvent laisser la fausse impression qu'il suffit
d'apprendre et de mémoriser toute une série de signaux ou de
comportement pour "cataloguer" les gens. S'il est vrai qu'un
certain nombre de signes semblent assez universels, il y a
plusieurs facteurs qui peuvent faire varier le sens des codes
de notre "body language".
En fait, un signe non verbal s'apparente à un mot. Il peut
avoir plusieurs sens en fonction de sa place dans la phrase. Sa
signification peut être :
- minimisée, niée ou inversée ;
- intensifiée, positivée ou renforcée ;
- transformée ou élargie.
Pour bien comprendre un geste, vous devez donc lire la
"phrase gestuelle" - ou la séquence de gestes - dans son
ensemble. Il faut le lire en fonction du contexte de l'instant
présent, car il suffit d'une fraction de seconde pour que son
sens change.
Par ailleurs, il y a plusieurs facteurs fondamentaux qui
peuvent modifier ou moduler le sens apparent de ces gestes
ou de cette séquence de gestes. Et c'est ce qui fait des autres
ou de nous-mêmes une énigme, une sorte de machine
Enigma en chair et en os...
Les 9 facteurs de codage gestuel

Dans cette section, nous examinerons les 9 principaux
facteurs qui déterminent le code de base du langage corporel
8
d'une personne. Pour décrypter ce code de base, il faut bien

les connaître et pouvoir rapidement en faire la synthèse.
1. Tout dépend du sexe de la personne

Cela peut sembler une évidence, mais il est néanmoins
important d'en parler. Ainsi, les jambes croisées d'une
certaine façon peuvent avoir une signification différente
selon qu'il s'agit d'un homme ou d'une femme.
Pour démontrer sa force, un homme a intérêt à ne pas
dissimuler son bas-ventre.
Pour lui, il n'est donc favorable de se tenir debout avec les
mains croisées devant son sexe, car cela témoigne d'une gêne
ou d'un manque d'affirmation de soi. Le fait de croiser les
jambes en compressant les organes génitaux produit le même
effet.
À l'inverse, il est normal que la femme s'efforce de
dissimuler ses organes génitaux. C'est une forme de
protection normale. Et cela fait aussi partie de sa manière de
pratiquer la parade amoureuse, où alterne évitement
(fermeture) et rapprochement (ouverture).
Mais il y a bien d'autres signaux corporels, anodins ou
non, dont la signification varie d'un sexe à l'autre.
En fait, les différences en matière d'attitudes et de gestes
traduisent bien le mode de pensée respectif de l'homme et de
la femme, ainsi que sa façon de s'exprimer en mots :
• L'homme du type yang pur va plus facilement droit au

but quand il s'exprime verbalement. Cela correspond à
sa façon de marcher droit, sans trop bouger son corps,
avec plus de raideur.
• La femme du yin pur a plutôt tendance à prendre des

chemins en zigzag ou des chemins de traverse. Elle
9
préfère une logique en courbe, tout comme son corps

ondule en marchant. Souvent, on dirait même qu'elle
danse plus qu'elle ne marche. (Pensez à un défilé de
mannequins !)
Les signaux physiques diffèrent aussi en fonction du degré
de yang ou de yin de l'homme ou de la femme. En fait,
beaucoup de gens combinent ou alternent des attitudes des 2
sexes. Mais il y a normalement une polarité dominante, celle
du sexe physique.
N. B. : C'est là un vaste sujet ! Il en sera plus longuement

question au chapitre 7 consacré aux stratégies de
communication dans l'univers de la séduction et de la drague.
L'homme a plutôt tendance à dire 1 chose à la fois. Par son
langage plus riche et plus complexe, la femme exprime
souvent plusieurs choses en même temps
2. Tout dépend de la maîtrise de soi de la personne

Une personne qui a généralement une bonne maîtrise de
soi ou qui exprime peu ses émotions ne se "lit" pas comme
une autre qui a une sensibilité à fleur de peau. Son langage
corporel est plus étudié et plus "conscient".
Peut-être même que cette personne a un peu étudié la
psychologie du langage corporel. Elle sait qu'en faisant ceci
ou cela, elle aura l'air de ceci ou cela. Par exemple, même si
elle est en proie à un stress extrême, elle saura éviter de se
croiser les jambes de la mauvaise façon.
Vous devrez donc faire un effort supplémentaire pour
percer son armure en le "lisant" au-delà de sa gestuelle
apparente. Pour cela, il s’agira en particulier de déterminer
dans quelle mesure les soi-disant bons gestes sont naturels,
raides ou forcés.
Le degré de fluidité des gestes est un indice important.
10
3. Tout dépend des capacités d'expression de la

personne
Qu'elles soient nordiques ou latines, certaines personnes
sont naturellement plus expressives - et donc moins réservées
- que d'autres.
Mais cela ne signifie pas pour autant que ce genre de
personnes soient toujours faciles à décoder. Il peut arriver
que ce qu'elles expriment ne reflètent pas nécessairement
leurs pensées profondes.
Par exemple, une telle personne peut en fait se sentir très
déprimée ou agressive. Mais, en discutant avec une personne
joyeuse ou dynamique, elle commence à oublier ses
préoccupations.
De plus, par mimétisme inconscient, son langage corporel
change, surtout s'il s'agit d'une personne proche avec qui elle
"fusionne" naturellement quand elle n'est pas sur la
défensive. (Voyez ce qui est dit sur l'effet miroir au chapitre
5.)
4. Tout dépend des origines culturelles

Il n'y a pas de langage corporel universel à 100 %. Une
bonne part de notre langage corporel est conditionnée par
notre milieu culturel ou même social.
Certes, plusieurs de nos réflexes gestuels associés à nos
émotions les plus primaires se retrouvent dans toutes les
cultures et remontent à nos plus lointains ancêtres. Lorsqu'un
être perd le contrôle de ses émotions sous l'effet de la peur,
de la jalousie, de la perte d'un être cher, etc., il est soumis à
l'action des mêmes hormones que ces plus lointains ancêtres,
partout sur la planète.
11
De toute façon, à ce niveau, il n'est pas nécessaire d'être

doué pour la télépathie pour deviner ce que ressent
quelqu'un.
C'est plutôt dans la façon d'exprimer modérément ou de

cacher une émotion que certaines les différences culturelles
se manifestent.
Prenons un exemple. Au Texas, il existe une équipe de
football américain (rubgy), le Texas Longhorn. Le signe de
cette équipe symbolise fort bien le Longhorn, une variété de
bovidés à longues cornes ("Longhorn" signifiant "longues
cornes"). C'est un signe d'encouragement, de ralliement ou de
célébration, comme le V britannique (avez l'index et le
majeur), popularisé par Winston Churchill.
Par contre, dans les pays méditerranéens, le même signe
est une insulte qui signifie "T'es cocu !".
Selon que vous avez affaire à un Italien ou un Texan, vous
éviterez ou non de faire ce signe
De façon générale, interrogez-vous toujours sur les
origines culturelles de la personne dont vous essayez de
décrypter le langage corporel.
5. Tout dépend du phénomène du mimétisme (surtout

si c'est une femme)
Cela rejoint la question des habitudes culturelles.
Inconsciemment, pour nous mettre en harmonie avec les gens
de notre milieu, nous avons tendance à imiter leur façon de
bouger et de parler. C'est une manifestation naturelle de
l'effet miroir (cf chapitre 6).
Cela nous amène à adopter certaines postures qui ne
correspondent pas nécessairement aux émotions qu'elles
sous-tendent. Et c'est encore plus vrai chez les personnes
moins individualistes, plus grégaires.
12
Par exemple, s'il s'agit de postures suggérant l'insécurité ou

la gêne, peut-être ressentons-nous un certain malaise par
empathie. Mais il se peut fort bien que nous nous sentions en
fait plutôt relax et à l'aise avec l'autre.
Notez d'ailleurs que les femmes, plus intuitives ou
empathiques, ont généralement plus tendance à mimer les
attitudes de leurs interlocuteurs. Cela ne signifie pas qu'elles
ressentent les émotions de leurs interlocuteurs avec la même
intensité que ceux-ci.
Observez les postures que vous adoptez quand vous êtes
seul - autrement dit, quand il n'y a aucune menace sociale.
Vous pourrez ainsi faire la part des choses et mieux
comprendre ce qui se passe chez les autres.
6. Tout dépend si la personne est une "comédienne

naturelle"
Vous l'avez vu plus haut : une personne qui a une bonne
maîtrise de ses émotions peut adopter une gestuelle qui
dissimule ses pensées profondes. Le comédien né va encore
plus loin. Il peut passer rapidement d'une expression
émotionnelle à une autre et cacher ses véritables sentiments
derrière des personnages qui représentent différentes facettes
de lui-même.
Essayez donc de repérer si, dans des circonstances banales,
la personne se comporte généralement comme un "comédien
naturel". C'est un indice important.
7. Tout dépend si vous connaissez la personne depuis

longtemps
À beau mentir qui vient de loin. Il est facile de raconter
n'importe quoi à un étranger. Mais s'il s'agit d'un de vos
proches, que vous connaissez - en principe - sur le bout des
doigts, il y a fort à parier que celui-ci s'arrangera pour faire
13
preuve d'une certaine inventivité pour dissimuler ses

émotions ou ses pensées profondes.
Avec un proche, il faut souvent plus de pénétration
mentale pour deviner ce qu'il pense et le "coincer".
Une bonne façon de lui "faire cracher le morceau"

consiste, en un premier temps, à passer rapidement d'un sujet
à l'autre pour voir comment il réagit dans divers contextes.
Revenez ensuite sur le sujet au moment où la personne s'y
attend le moins.
Appelons cela "la méthode du coq à l'âne".
8. Tout dépend si la personne veut consciemment

brouiller les signes
Une personne peut avoir consciemment une raison de
dissimuler quelque chose. Ainsi, une personne qui cherche
un emploi voudra certainement "cacher sous le tapis" certains
éléments qui ne la favorisent pas.
Pour décoder la personne, il faut donc partir de ce que la
personne pourrait vouloir cacher dans une situation donnée.
Il s'agit de vérifier comment elle réagit face à une question
banale qui n'a rien à voir avec la situation et comment elle se
comporte quand on aborde un sujet qui a un rapport direct
avec la situation et son objectif.
9. Tout dépend si la personne veut inconsciemment

brouiller les signes
Des personnes naturellement insécurisées développent à la
longue des mécanismes de comportement qui leur permettent
de se protéger. Par exemple, elles se cachent derrière une
gestuelle très variée et inventive, voire distrayante ou
14
amusante. Et quand elles parlent, elles vont dans toutes les

directions avec un brio inépuisable.
C'est tout le contraire de ceux qui se protègent par le
silence et une gestuelle rigide ou minimale. Ou bien, elles
adoptent un genre "silencieux", en affichant un air sévère ou
impénétrable.
Ou encore, elles affichent un style agressif, en utilisant un

vocabulaire cru ou vulgaire.
Tout cela, ce sont des attitudes de compensation qui
peuvent, en apparence, former une muraille très opaque, mais
qui n'est pas si difficile à percer.
Dans beaucoup de cas, vous pouvez passer à travers celle-
ci en appliquant le principe suivant : "Une personne affiche
souvent le contraire de ce qu'elle est en réalité."
L'enfer est pavé de bonnes intentions...
Faites la synthèse du code de base

Pour décrypter le code de base d'une personne, il s'agira
d'abord de passer en revue (le plus vite possible) les 9
facteurs décrits ci-dessus. Résumons-les :
1. Son sexe.
2. Sa degré de maîtrise de soi.
3. Sa capacité naturelle d'exprimer ses sentiments
(extroversion/introversion).
4. Ses origines culturelles.
5. Ce qu'elle fait par mimétisme (surtout si c'est une
femme).
6. Son talent de "comédien naturel".
15
7. Le fait de connaître cette personne depuis longtemps

(ce qui implique qu'il faut souvent encore de pénétration
mentale à cause du non-dit).
8. Sa volonté consciente de brouiller les signes.
9. Sa volonté inconsciente de brouiller les signes.
Après avoir passé rapidement en revue ces 9 facteurs, il

s'agir ensuite de faire une synthèse du caractère, qui
s'apparente à une forme de "portrait robot" ou de "type
psychologique". Vous disposez ainsi d'un code de base pour
commencer à décrypter le langage corporel de la personne.
Par exemple, vous savez maintenant que vous avez affaire
à un homme d'origine méditerranéenne, qui affiche un bon
self-control mais qui exprime assez facilement ses "feelings"
à la manière d'un extraverti. Cependant, il semble avoir un
côté cabotin, comme s'il essayait de se dissimuler derrière
une gestuelle très fantaisiste et une façon bien à lui de tourner
les choses les plus sérieuses à la blague. Tout va un peu trop
vite. Et c'est un parfait inconnu. Vous ne savez rien de lui, si
ce n'est ce qu'il veut bien vous en dire.
Les choses sont claires : si vous devez conclure des
affaires avec lui, arrangez-vous pour avoir des preuves
concrètes de ce qu'il avance. Ne vous laissez surtout pas
embobiner.
Il s'agira ensuite de passer ensuite à l'étape suivante du
décryptage : observer les réactions non verbales dans leur
immédiateté pour déterminer si elle concorde avec les
paroles. C'est là un point déterminant pour finir d'établir le
code de base de la personne.
Puis, à un stade ultérieur, vous pourrez tenter de découvrir
l'ultime CODE-SOURCE de la personne.
16
Mais avant d'en arriver là, il faut apprendre l'art d'observer

le langage du corps avec une précision chirurgicale. Pour en
savoir plus, rendez-vous dans le prochain chapitre !
17
CHAPITRE 2
COMMENT MIEUX OBSERVER LE LANGAGE

DU CORPS
"Dans le monde réel

comme dans les rêves
rien n'est tout à fait ce qu'il semble être."
Dean Koontz
Un vieil adage chinois dit : "Celui qui chevauche au galop

n'a pas le temps de voir les fleurs sur le bord du chemin."
La grande majorité des gens actifs ont rarement le temps
de s'arrêter pour méditer et prendre le temps d'observer les
petits détails de la vie. Peut-être voient-ils les fleurs, mais ils
n'ont pas le temps d'examiner toutes les subtilités de leurs
formes (pistils, étioles, feuilles, etc.), ou encore toutes les
nuances de leurs couleurs.
Les êtres humains aussi sont des fleurs à leur manière. Et
ils méritent tous d'être observés, dans leur immense variété,
des plus jeunes au moins jeunes.
Mais pour cela, il faut arrêter son cheval, en descendre et
se mettre vraiment à leur niveau pour bien les regarder. C'est
ainsi que vous deviendrez un fin connaisseur de la nature
humaine...
Rien n'est jamais tout à fait ce qu'il y paraît

Pour arriver à deviner ce que les autres pensent à travers
leur langage corporel, gardez toujours à l'esprit le principe de
18
base suivant : tout le monde ment, joue la comédie ou

déforme la réalité, que ce soit un peu, beaucoup ou
passionnément - et ce, la plupart du temps, consciemment ou
non.
Bref, même si nous faisons un gros effort de franchise,
rien n'est jamais tout à fait ce qu'il y a paraît. Et ce pour une
raison bien simple : aussi bien intentionné soit-il le conscient
ne peut en empêcher totalement l'inconscient de se
manifester. Nul n'est tenu à l'impossible !
En fait, nous sommes programmés biologiquement pour
mentir (voyez le chapitre 5). C'est une question de survie
physique ou psychologique !
Revenons-en à la "petite guerre du quotidien"... Quand
nous sommes plus jeunes, ces "ennemis" peuvent d'abord être
nos parents, nos frères ou nos sœurs. Même dans les familles
les mieux intentionnées, toutes sortes de facteurs peuvent
corrompre les rapports frères-sœurs ou parents-enfants. Bien
des chefs d'œuvres de la tragédie grecque n'auraient pu voir
le jour sans la famille !
Il y aussi les enfants de notre âge qui peuvent se moquer
de nous pour toutes sortes de raisons. Les professeurs, etc.
Tôt ou tard, nous développons ainsi divers mécanismes de
défense pour nous protéger. Le mensonge ou la dissimulation
en est un...
Le très jeune enfant peut se lire comme un livre ouvert.
"What you see is what you get"... C'est pourquoi on accole
volontiers l'adjectif "enfantine" aux termes "innocence" ou
"candeur". Difficile d'imaginer une "candeur adulte" !
Mais en vieillissant, le jeune enfant apprend rapidement
qu'il peut manipuler ses parents avec ses émotions pour
obtenir ce qu'il veut. Et comme il n'aime pas être grondé, il
développe beaucoup d'ingéniosité pour mettre la faute sur les
autres ou trouver de bonnes excuses pour se défiler.
19
Même les enfants les plus honnêtes et les plus obéissants

se permettent quelques petits mensonges ou omissions quand
ils se sentent "en danger". Et les choses n'iront pas en
s'améliorant avec l'âge. La fin justifie les moyens.
Dans la vie courante, les moments de vraies sincérités sont
donc assez rares. Nous avons plutôt tendance à brouiller les
signes pour qu'on ne devine pas trop nos pensées ou nos
sentiments.
Et pour cause ! Notre ego est toujours menacé, que ce soit
au travail ou à la maison. Il a tellement peur du ridicule. En
plus des menaces territoriales (compétition, jalousie, etc.) et
des attaques ouvertes (critiques, reproches, etc.), il y les
blagues et les taquineries, qui cachent souvent une agressivité
larvée ou diffuse.
Même avec nos proches, nous protégeons nos arrières - ne
fût-ce qu'inconsciemment -, car il y a toujours le risque qu'on
se serve de nos points faibles. Et c'est cette faiblesse que nous
essayons de dissimuler avec tous nos petits mensonges et nos
manœuvres de diversion.
Prenons quelques exemples :
• Si nous n'avons pas compris une blague ou une allusion

subtile, nous aurons tendance à faire semblant d'avoir
compris pour ne pas avoir l'air stupide.
• De même, nous faisons souvent semblant de

comprendre une explication ou de connaître quelque
chose pour éviter de passer pour un idiot ou quelqu'un
qui n'est pas "dans le coup". Les diverses formes de
snobisme nous poussent d'ailleurs à jouer sans cesse un
rôle pour être à la hauteur de l'image que nous nous
sentons obligé de présenter aux autres. Il est difficile
dire avec un total détachement : "Ah non, je n'en ai
jamais entendu parler...", "Non, je ne sais pas..."
Surtout quand on est sensé savoir en raison de notre
20
profession, de notre âge, etc.
Et souvent, nous théâtralisons notre réponse ou nous

tentons de nous justifier avec de pieux mensonges.
Mais comme dit un adage chinois : "Celui qui se
justifie lui-même ne convainc personne."
• Si une personne nous dit quelque chose qui nous

blesse, il peut être risqué de trop le montrer. La
personne saura mieux où frapper la prochaine fois.
• Si nous n'osons pas dire certaines choses assez dures à

un proche, est-ce vraiment par gentillesse ? Ne serait-ce
pas plutôt que nous craignons les représailles, des
critiques encore plus sévères ou même des
« vacheries » ?
Et même un grand esprit comme Descartes disait : "Je

m'avance masqué."
Mais si nous vous parlons de tout cela, ce n'est pas pour
faire un éloge du mensonge ou de la duplicité. C'est
évidemment pour en venir à ceci : étant donné que, dans la
vie sociale, rien n'est jamais tout à fait ce qu'il y paraît,
comment deviner les vraies intentions des gens, comment ne
pas se faire avoir...
Pour voir clair - et cela peut sembler une lapalissade -, il
faut tout simplement apprendre à bien regarder. Mais ne c'est
pas si facile.
Ce que signifie bien "regarder" les autres

Il ne se suffit pas d'appliquer des listes de signaux
corporels préétablies par d'autres.
21
En fait, ces "images mentales" risquent de former un écran

qui vous cachera la personne réelle ou ses vraies pensées. Ce
ne sont pas des observations directes.
Certes, il n'est pas mauvais de commencer à vous initier au
langage non verbal Cela vous donne un certain d'indice sur
ce qu'il faut observer.
Mais, l'idéal, c'est d'apprendre à VOIR par vous-même
sans aucun filtre intellectuel. Et il viendra un moment où
vous commencerez à avoir des "flashes", des espèces
d'"illumination" (au bon sens du terme !). C'est comme si
vous allumiez soudain la lumière dans une pièce plongée
dans une semi-pénombre.
Vous aurez alors la profonde conviction que vous avez
vraiment vu à travers l'autre comme si vos yeux étaient des
rayons X.
Cela peut s'apparenter à l'expérience amoureuse où les 2
bien-aimés se sentent totalement sur la même longueur
d'onde, sans qu'il y ait le moindre obstacle entre leurs cœurs
et leurs corps. Leurs gestes, leurs paroles ou leurs
mouvements de danse s'accordent merveilleusement, avec
une parfaite fluidité.
La communication efficace s'apparente d'ailleurs à une
danse. Et selon le cas, c'est vous ou votre partenaire qui la
dirigez avec une autorité naturelle.)
Cependant, ici, ce sera plutôt l'impression que vous avez si
bien vu ce que pense l'autre que vos réactions sont
parfaitement justes et adaptées aux circonstances, comme
dans un combat d'art martial. Et vous aurez le contrôle de la
situation plutôt que le contraire !
Mais avant d'en arriver là, il faudra vous entraîner à "voir"
avec les yeux du cœur ou de l'instinct plutôt que ceux de la
tête. Pour cela, vous pourrez notamment vous entraîner avec
l'exercice du miroir psychique.
22
L'exercice du miroir psychique
Rares sont ceux qui n'aiment pas s'asseoir sur une

terrasse et observer les passants en sirotant quelque chose.
Il s'agira de faire la même chose mais en regardant
réellement les passants.
Qu'est-ce à dire ?
Il ne s'agit pas de juger l'autre, de le critiquer ou de "se
rincer l'oeil". Mettez de côté toute idée préconçue. Votre
mental doit devenir une sorte de miroir d'excellente qualité
qui reflète parfaitement ce qu'il voit.
Cette pratique consiste en fait à fusionner psychiquement
avec la personne observée, à la façon dont le font les
acteurs ou les imitateurs doués. Oubliez votre propre
existence et marchez littéralement dans les chaussures de la
personne.
Arrangez-vous donc pour que ce miroir psychique soit le
plus "propre" possible. Pour cela, il est essentiel de vous
dissocier au maximum de toute pensée qui vous "traversera
l'esprit". Laissez passer les pensées comme si elles n'étaient
que de simples nuages qui traversent votre ciel intérieur.
Les pensées proviennent de la mémoire, d'impressions ou
d'expériences que vous avez enregistrées - donc du passé.
De ce fait, elles ne constituent pas une "source
d'informations" fiable à 100 %.
Essayez de voir le plus possible ce qui se passe
réellement en ce moment quand la personne passe devant
vous. Que ressentez-vous ?
Vous verrez, c'est une pratique très plaisante. Vous ne
vous ennuierez pas !
23
Et mettez aussi à profit les périodes où vous êtes de toute

façon forcé d'attendre : dans les files d'attente, etc.
N.B. : Il existe une autre manière de pratiquer l'exercice

du miroir psychique. C'est la technique de l'effet miroir.
Voyez le chapitre 6.
Cela peut aussi se faire avec la TV ou un DVD

Comme nous l'avons mentionné plus haut, la majorité des
gens n'ont plus le temps de s'arrêter pour observer calmement
les petits détails de la vie. L'être humain moderne est
rarement d'humeur contemplative. Il faut aller toujours plus
vite...
Par contre, ces mêmes personnes si pressées trouvent le
temps de "contempler" un écran de TV ou d'ordinateur
pendant des heures. (Et même si elles n'ont plus de temps de
parler à leurs proches ou à leurs connaissances, elles peuvent
aussi passer des heures à chatter ou à communiquer par email
!).
Alors tant qu'à faire pourquoi pas. S'il vous est plus facile
de "contempler" un écran que la vraie vie, faites l'exercice
suivant. Cela dit, c'est aussi un bon exercice d'observation
pour ceux qui ne sont pas des drogués de l'écran.
En voici les principes de base :
Il s'agit tout simplement de faire jouer un DVD en

coupant le son.
Si c'est trop difficile, essayez ensuite avec le sous-titrage,
mais en le regardant le moins possible. Ou seulement pour
vérifier vos intuitions au fur et à mesure.
24
L'idéal est de visionner des scènes réelles, comme dans

des documentaires ou des interviews. S'il s'agit d'un film, ce
sera du réel recréé même si ce sont d'excellents acteurs.
Ce type d'exercice d'observation exige une intuition toute

féminine !
Lors d'une étude effectuée par des chercheurs en
psychologie de l'Université Harvard, des personnes des 2
sexes ont eu à visionner - mais sans le son - des courts
métrages où un homme et une femme discutaient. La tâche
des participants consistaient à deviner le sens de ces
conversations en observant les expressions des visages.
Les résultats ont de quoi faire rougir le sexe fort : 87 % des
femmes réussirent cet exploit contre seulement 42 % chez les
hommes.
Mais il y a de l'espoir pour les hommes : parmi les
participants masculins, il y avait notamment des artistes et
des acteurs. Or ceux-ci ont performé presque aussi bien les
femmes !
N.B. : Il est particulièrement utile de voir et revoir des
débats télévisés. Sous la direction d'expert en
communication, les politiciens s'entraînent comme des
sportifs à peaufiner leur langage corporel. Mais sous l'effet
des attaques perfides et du stress, il y a des moments où ils se
trahissent. D'une façon ou d'une autre, ce genre de débats
peuvent vous en apprendre beaucoup sur le langage non
verbal.
L'observation en situation réelle étape par étape

Pour un observateur expérimenté du langage corporel,
l'analyse efficace commence par une observation globale et
intuitive du langage corporel. Puis celle-ci est suivie d'une
25
étude détaillée, qui permet de repérer certains mouvements

ou gestes plus révélateurs dans l'instant présent.
Dans le fond, c'est comme lire un livre. Vous examinez
brièvement la table des matières. Ensuite, vous jetez un coup
d'œil sur ce qui vous frappe le plus. Enfin, vous lisez le texte
pour de bon en fonction de vos priorités.
Cela dit, pour "lire" les corps, les débutants ont tout intérêt
à fonctionner dans l'ordre inverse pendant un certain temps.
Voici pourquoi.
Pour les débutants

Au tout début, pour vous entraîner à "lire" les autres "en
un clin d'œil", il vaut mieux d'abord apprendre à observer
minutieusement les détails gestuels. En faisant cela
régulièrement, vous développerez peu à peu des réflexes
d'observation des détails du langage corporel. Autrement dit,
sans même y penser, vous commencerez à noter les détails
plus significatifs. Il est très important de développer de tels
mécanismes inconscients.
En procédant ainsi, il vous sera beaucoup plus facile, à la
longue, de faire la lecture globale du langage corporel.
Pendant un certain temps, disons au moins 1 journée,
n'observez qu'une partie du corps en particulier.
Voici donc l'ordre d'observation que nous vous suggérons :
1. Les pieds et les jambes ;
2. Les mains et les bras ;
3. Les hanches et le bas du tronc ;
4. Les épaules et le haut du tronc ;
5. Les mouvements du cou et la tête ;
6. Les expressions du visage.
26
Cet ordre, qui va de bas en haut, n'a pas été établi au

hasard.
En voici la raison. D'habitude, on a tendance à plutôt

regarder les parties du corps les plus "visibles" - comme le
visage. Le langage non verbal du visage est effectivement
très riche ! Mais il est tout aussi important d'observer les
autres parties du corps, car elles "parlent" tout autant, sinon
plus. D'où le principe de commencer par observer
systématiquement ce qu'on a le moins tendance à observer
pour élargir notre "champ de vision".
Au bout d'un certain temps, vous serez surpris de voir à
quel point la main, par exemple, "parle" beaucoup et possède
un "vocabulaire" très riche.
En fait, une personne "parle" en tout temps... même quand
elle ne dit pas un mot. Même son langage non verbal en
dormant nous révèle beaucoup de choses sur elle.
Ensuite : la posture générale de la personne

Si vous avez consacré 1 journée pour observer chaque
section du corps dans l'ordre suggéré plus haut, vous aurez
normalement fini au bout de 6 jours. Pour clore cette semaine
d'observation, vous passerez le 7e jour à observer la posture
générale et permanente qu'une personne développe à la
longue.
Cette attitude à la fois physique et psychologique reflète
une attitude intérieure de base qui s'est développée à la
longue en fonction des émotions dominantes d'une personne.
Elle peut varier grandement selon chacun. Tout dépend de
notre vécu.
Par exemple :
• Une personne qui est souvent découragée ou déprimée
27
pourrait avoir le dos plus ou moins courbé, les épaules

tombantes et tournées vers l'avant, la tête baissée, les
coins de la bouche dirigés vers le bas, etc.
• À l'inverse, une personne qui est généralement
dynamique, fière d'elle-même et positive se tient plutôt
droite, les épaules dégagées, le torse bombé, etc.
Ce sont là 2 exemples très simples. Mais il existe une très
grande variété de "postures générales", tantôt élégantes ou
vulgaires, sympathiques ou déplaisantes, sérieuses ou
amusantes, puissantes ou pitoyables, etc.
Essayez de bien cerner la posture générale de gens que
vous rencontrez. Vous pouvez notamment le faire avec la
technique No 1, décrites ci-dessous.
2 techniques faciles d'observation
Les 2 techniques qui suivent vous serviront dans

différents contextes.
1. La technique du mimétisme
Pour comprendre ce que les autres pensent ou ressentent,
profitez d'un moment de solitude pour essayer de mimer
leur comportement non verbal. Ressentez le plus possible le
non-dit qui y est associé.
Les acteurs ou humoristes imitateurs peuvent procéder
ainsi pour saisir l'âme d'une personnalité connue ou non
dans le but l'incarner ou de la caricaturer.
N.B. : Cette technique de mimétisme n'est pas
l'équivalent de la technique de l'effet miroir. Ici, il s'agit
d'imiter le plus possible la personne. Avec l'effet miroir, on
essaie plutôt de se mettre sur la même longueur d'onde en
adoptant certains de ces comportements de manière très
28
discrète pour que cela ne paraisse aucunement. Pour plus de

détails, voyez les chapitres
2. La technique de la photographie ou de la vidéo

mentale
Intérieurement, visualisez-vous en train de photographier
ou de filmer une personne présente avec un appareil
numérique.
Puis fermez les yeux et, avec votre imagination, regardez
à plusieurs reprises cette photo ou cette courte vidéo.
C'est une excellente façon de ressentir la personne et de
deviner ses réactions futures.
En même temps, vous développez votre mémoire
multisensorielle et vous vous habituez à observer une
personne dans son ensemble.
L'attitude intérieure du moment

À travers tout ce que nous faisons, nous conservons une
certaine posture générale qui nous caractérise. Si nous
sommes assez originaux, les gens peuvent même nous
reconnaître de loin.
Revenons-en à l'exemple de la personne souvent
découragée et celle qui est dynamique. Cette dernière
pourrait avoir ses moments de découragement. Mais il y a de
bonnes chances pour que son attitude intérieure négative du
moment ne l'amène pas à adopter une "posture générale" qui
ressemble à celle de la personne défaitiste. Sa posture
générale conservera sans doute plus de dignité dans le
malheur.
29
Habituez-vous à distinguer ce qui appartient à la posture

générale (donc plus ou moins permanente) et ce qui relève de
l'attitude intérieure.
Et avant de trop étudier les détails de la gestuelle, il est

important de saisir l'attitude intérieure du moment. Vous
comprendrez alors plus facilement la logique de la gestuelle.
Et puis il y a les mini-mouvements : démangeaisons,
auto-caresses, etc.
En plus de se manifester par de grands gestes bien visibles,
notre langage corporel possède un vaste vocabulaire de mini-
mouvements : tapotements avec un doigt, agitation frénétique
du genou, grattage répété, effleurements, frottements sur soi
ou sur un objet, clignements des yeux, tics, etc.
Certains de ces mini-mouvements ne disent rien de
particulier si ce n'est, par exemple, que le corps a un trop
plein d'énergie après une longue station assise. La personne
n'est pas spécialement stressée et n'a pas d'arrières pensées,
mais son corps a un besoin bien légitime de bouger. C'est le
temps d'aller promener le chien...
D'autres mini-mouvements sont par contre la
manifestation de pensées conscientes ou semi-conscientes, de
désirs inavoués, d'irritation, de frustrations, voire de pulsions
de violence. Ils expriment un non-dit (conscient ou non) et
servent à évacuer des tensions locales. Vous devez donc
pouvoir les décoder.
Prenons un exemple simple : un léger tapotement du doigt.
Il peut être quasi imperceptible mais traduire néanmoins une
forte irritation par rapport aux propos d'un interlocuteur.
Et puis, sur un mode plus agréable, il y a les petites
caresses qu'on se fait. Selon le cas, elles peuvent traduire :
- un état de bien-être (on se caresse parce qu'on se sent
bien avec soi-même) ;
30
- un désir de rapprochement avec l'autre (on se caresse

parce qu'on voudrait caresser l'autre).
Notez par ailleurs que ces mini-mouvements peuvent être
l'expression d'une réflexion en cours. Il arrive souvent que la
pensée logique "dessine" ou "traduise" ses intentions sur
notre corps.
Examinez donc les 2 facteurs suivants :
• La zone où s'effectuent les mini-mouvements. Par

exemple, dans certains contextes, le fait de se gratter le
dos peut indiquer qu'on s'apprête à partir, car la porte
est justement dans notre dos. Ou si nous nous grattons
les jambes à répétition, c'est que celles-ci
• La direction du mini-mouvement. Un grattage ou un

effleurement répété sur le bras qui est tourné vers la
porte pourrait indiquer que nous aimerions partir mais
que nous nous sentons mal à l'aise de le faire.
• Ou si nous grattons le coude gauche plutôt que le droit,
c'est peut-être qu'il y a quelque chose de particulier sur
la gauche.
L'ultime CODE-SOURCE
L'attitude intérieure de base qui est associée à notre
posture générale est la source première de toutes les diverses
manifestations de notre langage corporel. Tous nos petits et
grands gestes en "découlent".
Et quand nous analysons les petits et grands gestes d'une
personne, c'est une façon de remonter jusqu'à leur source
première.
Si vous arrivez à bien saisir l'attitude intérieure de base
d'une personne, c'est comme si vous veniez enfin d'accéder à
31
son ultime CODE-SOURCE, comme disent les

programmeurs. Ce code-source est le commun dénominateur
qui unit la grande variété de petits et grands gestes qu'une
personne effectue tout au cours de sa vie.
Alors que le CODE DE BASE vous ouvrait la porte de la
personnalité consciente, le CODE-SOURCE vous permet
d'entrer en contact avec son ESSENCE (ou son ÂME, selon
la terminologie que vous préférez). C'est la communication à
son plus haut niveau : votre propre mystère communique
avec le mystère de l'autre !
3 moments clé pour observer une personne

Pour vous faire une idée assez juste et définitive du
caractère d'une personne, arrangez-vous pour l'observer dans
les circonstances suivantes :
1. A l'état calme, surtout quand elle ne sent pas observée.
2. Lorsqu'elle est sous l'empire d'une émotion intense,
voire violente.
3. Dans une situation où elle se sent - ou est - obligée de
refréner ou dissimuler ses émotions.
Ces 3 moments sont très révélateurs. Mais il n'est pas
possible toujours de les réunir pour jauger un inconnu.
À tout le moins, arrangez-vous pour voir la personne à un
moment où elle se sent fragile ou déstabilisée.
S'il le faut, fragilisez-la ou déstabilisez-la grâce à des
questions ou des propos très bien ciblés. Faut-il le préciser,
c'est ce que tout enquêteur professionnel s'efforce de faire...
Les 5 principales portes pour "entrer" dans l'esprit des

autres
32
Toutes sortes d'aspect de la personne sont révélatrices.

Mais certaines le sont encore plus que d'autres. Ces éléments
d'observation sont de véritables "portes d'accès" dans l'esprit
de l'autre.
Il vous sera particulièrement utile de les connaître si vous

estimez être un débutant dans l'art d'observation d'autrui.
1re porte : l'aspect ouverture/fermeture

==> Pour se protéger, on apprend très jeune à se "fermer"
le corps, que ce soit avec les bras, les jambes ou les mains.
La FERMETURE correspond à un état de contraction.
Ce n'est pas différent de ce qui se passe lors d'un combat.
On serre les poings ou on se protège avec l'avant-bras ou la
main.
C'est un phénomène très physiologique. Sous l'effet de
l'anxiété ou de la peur, diverses hormones (comme
l'adrénaline) sont relâchées dans l'organisme et nous amènent
inconsciemment à faire certains gestes. La crispation des
poings et des muscles augmente la tension artérielle, ce qui
augmente la circulation du sang et notre capacité de réaction
physique. Tout notre organisme est prêt pour le combat ou la
fuite (fight or flight response).
Mais cette réaction ancestrale est généralement fort
disproportionnée par rapport aux petites agressions du
quotidien !
Pour l'observateur du langage non verbal, elle
présente néanmoins l'avantage d'amplifier certaines réactions
et de les rendre plus faciles à interpréter. Et c'est encore plus
le cas avec les gens nerveux ou manquant de self-control,
Il est important aussi d'examiner dans quelles parties du
corps se manifestent principalement les gestes de fermeture
33
(ou de contraction). Elles sont notamment très révélatrices

dans les rapports de séduction.
Observez également les fermetures avec fixation (ou
immobilité). Par exemple : se mettre la main devant la
bouche pendant un certain temps sans bouger du tout. Ce
signe pourrait notamment vouloir dire que la personne
aimerait vraiment dire quelque chose mais qu'elle doit faire
un gros effort pour ne pas le dire, qu'elle ne veut pas entrer en
conflit avec son interlocuteur, ou qu'elle met une barrière
entre les 2 parce qu'elle n'est pas d'accord avec lui, etc. En
tous les cas, elle ressent une forte tension.
==> Par ailleurs, si la fermeture correspond à un état de
contraction, l'OUVERTURE est un état d'expansion, voire de
bien-être. On ouvre les bras ou la paume des mains. On
bombe le torse. Etc. Et de façon générale, notre gestuelle est
plus fluide, alors qu'en état de contraction, la raideur domine.
L'opposition fermeture/ouverture est donc très révélatrice
de l'état d'esprit d'une personne. Elle permet d'évaluer si la
personne est en mode de stress ou de détente, si elle est ou
non sur la défensive, si elle veut s'en aller ou rester, etc.
Autant d'éléments qui joue un rôle important dans le
quotidien !
2e porte : la direction des différentes parties ou de

l'ensemble du corps
D'une certaine façon, cela rejoint notamment la question
de l'ouverture/fermeture des gestes. Tout en indiquant une
fermeture, un geste peut aussi indiquer une direction.
Par exemple, la jambe est croisée face à la personne, avec
le pied en sens opposé à la personne.
Cette attitude montre une fermeture face à cette personne
mais aussi un désir (conscient ou non) de s'éloigner de celle-
ci.
34
Une partie du corps peut aussi pointer en direction d'une

personne tandis que le reste du corps est tourné vers une
autre personne.
Prenons un exemple. Vous êtes assis à une table et vous
avez les jambes croisées, avec un pied en l'air qui pointe vers
une jolie femme assise en face de vous à gauche. Cependant,
le haut de votre corps est tourné vers une femme plutôt
moche, installée à votre table, du côté droit. Étant donné
qu'elle est votre voisine et qu'elle joue un rôle important dans
votre organisation, vous vous sentez obligé de lui parler.
Mais vos pensées vont vers cette jolie inconnue avec qui
vous comptez faire connaissance sous peu...
3e porte : la concordance/discordance entre les mots et

le langage corporel
Si une personne vous dit que cela lui fait très plaisir de
vous voir, mais qu'en même temps, elle garde les bras ou les
jambes croisés, vous êtes en droit de douter de ses
sentiments.
À l'inverse, si elle décroise ses jambes et ouvre les bras
dans votre direction et qu'en plus elle hausse les sourcils,
vous aurez de bonnes raisons de la croire.
La concordance entre les mots et le langage corporel est
l'une des choses les plus importantes à examiner. L'intérêt
qu'il y a à décrypter le non-verbal ne réside-t-il pas
précisément dans la possibilité de vérifier si le non-verbal ne
trahit pas ce que disent en apparence les mots ?
Normalement, le langage du non-verbal doit soutenir ou
même renforcer au maximum le langage des mots. Mais s'il
le contredit, mieux vaut "écouter" les gestes que les mots.
4e porte : les parties du corps que la personne croit

cachées
35
Il peut s'agir par exemple des jambes ou des mains cachées

sous la table.
Ces parties cachées sont particulièrement révélatrices,
précisément parce que la personne croit que cette partie de
son langage corporel n'est pas observée. Elle met ainsi son
code de base à nu !
Étant donné que votre interlocuteur n'est pas conscient de

cette discordance, celle-ci est une sorte de "porte arrière" qui
vous permettra d'accéder aux vraies pensées de cette
personne.
Il s'agira simplement de trouver une bonne façon de vous
placer pour bien voir cette partie cachée du corps. C'est un
exercice facile à faire notamment dans un restaurant. Avec un
bon angle, mettez-vous près d'une table (sans nappe) où un
couple parle.
5e porte : l'instant présent du geste

Tout le monde connaît l'importance d'être dans l'instant
présent. Cela nous rend plus serein et plus efficace tout en
nous permettant de profiter plus de la vie.
Et c'est également très utile pour devenir ce qui se passe
dans la tête ou le coeur des gens.
Plus haut, nous avons insisté sur l'importance d'observer
dans leur immédiateté le langage non verbal pour vérifier s'il
est en harmonie avec les paroles prononcées. Une analyse a
posteriori est facilement faussée, car elle plus appel à la
pensée analytique ou à la mémoire qu'à l'intuition.
Il est certain qu'un geste prend tout son sens dans l'ici et
maintenant. En plus, le fait d'être totalement présent, nous
permet de noter des détails imperceptibles pour un esprit
agité.
36
Il y a aussi une vibration particulière qui peut passer au

moment où la personne dit certaines choses en bougeant
d'une façon particulière. Il suffit d'un moment d'inattention
pour que la vérité du dit et du non-dit nous échappe !
C'est comme si une étoile filante traversait soudain le ciel

obscur de la situation. Ou cela ressemble à ce qui se passe à
la chasse : en une fraction de seconde, le gibier est hors de
portée.
Apprenez à mieux observer avec... votre nez

C'est bien connu : un animal sent la peur. Et un chien
agressif peut devenir dangereux s'il sent que vous avez peur...
Quand une personne est assez proche de vous, vous
pouvez sentir son énergie. Ce type de contact peut même
sembler très "intime" quand il s'agit d'un inconnu (par
exemple, dans une foule ou dans un wagon de métro bondé).
Entraînez-vous à vous concentrer sur votre nez quand vous
êtes ainsi dans l'"espace privé" d'une personne - peu importe
son sexe ou la nature de ce contact rapproché. "Sentez"-la au
maximum, comme si le sens dont vous disposiez était votre
nez. "Écoutez" et "voyez" à travers votre nez.
Sentez sa présence, son odeur, sa chaleur, ses
mouvements. Vous serez surpris de tout ce que vous pouvez
apprendre ou deviner ainsi !
Observez-vous dans diverses circonstances

Observez les postures que vous adoptez quand vous êtes
seul - autrement dit, lorsqu'il n'y a aucune menace sociale ou
possibilité de faire des choses par mimétisme (facteur No 5,
chapitre 1). Puis observez-vous quand vous êtes avec des
37
gens, que ce soit des gens qui vous mettent à l'aise ou, au
contraire, qui vous insécurisent.
De façon générale, ressentez en profondeur vos gestes,
leur lien avec ce que vous pensez ou vivez
émotionnellement. Vous pourrez ainsi faire la part des choses
sur vos postures, gestes et attitudes...
Mieux vaut d'abord connaître son propre langage corporel
pour bien comprendre celui des autres. Et à un certain stade,
vous vous direz : "Il est assez étonnant de constater à quel
point je me connais si peu..."
C'est le temps de mettre en pratique l'adage "Connais-toi
toi-même et tu connaîtras l'univers et les dieux" paraphrasé
comme suit : connais-toi toi-même et tu connaîtras l'univers
et les autres.
Rappelons que le "connais-toi toi-même" était au centre de
l'enseignement de Socrate.
Observez les autres avec les 2 cerveaux

Comme vous le savez, le cerveau comprend 2 lobes,
appelés aussi hémisphères cérébraux. Ceux-ci fonctionnent
de concert mais ils ont aussi des rôles spécialisés :
• L'hémisphère gauche correspond principalement au
langage et à la pensée abstraite ou analytique. C'est
surtout cet hémisphère que privilégient les hommes,
naturellement plus rationnel, moins intuitif et moins
émotionnel.
• L'hémisphère droit correspond surtout à la pensée non
verbale, intuitive et synthétique. Il est le siège des
sensations, de l'imagination, de la conscience spatiale et
de la créativité. Chez la femme, il est plus développé.
Cela explique pourquoi elle se montre nettement plus
intuitive et possède un système sensoriel plus sensible.
Tout indique aussi que la femme synchronise plus
facilement le fonctionnement ses 2 hémisphères cérébraux.
38
Dans plusieurs domaines, cela lui donne un net avantage sur

l'homme, qui se sert principalement du cerveau gauche.
• D'une part, la capacité d'écoute chez la femme est plus
étendue. Elle peut englober simultanément les aspects
verbaux (vocabulaire, logique, etc.) et non verbaux
(intonation, etc.) de la communication vocale.
• D'autre part, la femme possède aussi une vision

périphérique plus large, qui fait un angle de 45 degrés
vers le haut et le bas ou des 2 côtés du corps. Elle peut
ainsi observer plus facilement plusieurs parties du
corps en même temps.
• De son ancêtre chasseur, l'homme a par contre hérité
d'une "vision en tunnel" qui lui permettait de
poursuivre plus efficacement ses proies, mais qui limite
sa vision périphérique. Cette tendance correspond à la
prédominance de l'hémisphère gauche qui privilégie un
mode de pensée logique et linéaire. Sa vision est plutôt
séquentielle. Et il a plutôt tendance à faire seule une
chose à la fois.
• En comparaison, la femme est naturellement plus
douée pour voir et faire plusieurs choses à la fois. (C'est
d'ailleurs pour cela qu'elle trouve plus facilement les
objets perdus ou des produits dans le frigidaire !)
La femme possède donc une écoute et une vision globales
qui pourrait expliquer le fait qu'elle est généralement plus
performante lors des études consacrées au "body language"
(voyez plus haut).
Morale de cette histoire : que ce soit pour observer le
langage non verbal ou pour d'autres raisons, les hommes ont
tout intérêt à développer la capacité de synchroniser leurs 2
hémisphères cérébraux comme le font généralement les
femmes.
La suggestion de vous servir du nez comme outil
d'observation (voyez plus haut) est une bonne façon de le
39
faire. Mais il y en a bien d'autres : méditation, pratique du

chant, etc.
Comment être le plus neutre possible en observant les

autres
Que ce soit en pratiquant l'exercice du miroir psychique ou
en observant les gens dans le quotidien, voici quelques
conseils qui vous permettront de devenir un champion de
l'observation neutre :
==> Allez au-delà des apparences (vêtements, etc.) et

de l'image que la personne semble vouloir projeter d'elle-
même. C'est surtout l'attitude intérieure qu'il s'agit de
ressentir et le langage corporel qui en découle.
==> Ne cataloguez pas la personne dans une catégorie

conventionnelle et définitive. Cette personne peut avoir
plusieurs facettes. Il peut aussi s'agir de quelqu'un qui joue un
rôle pour une raison ou une autre.
Imaginons par exemple que vous êtes de passage Tokyo et
que vous voyez un homme au coin de la rue en train de
chanter à tue-tête ?
Sans doute penserez-vous qu'il est un peu timbré. Peut-être
est-ce vrai. Mais il pourrait aussi s'agir d'un homme qui
participe à un entraînement de vendeurs et qui a reçu
expressément la consigne d'aller faire ça pour se dégêner et
se blinder contre les réactions des prospects.
Autrement dit, laissez votre perception ouverte. Soyez
charitable... L'"étiquetage" est une forme de violence
psychique.
Rappelez-vous cet adage d'Héraclite : "On ne baigne
jamais 2 fois dans le même fleuve." Pour la lecture des âmes
40
et des corps, on pourrait la traduire comme suit : "On ne voit

jamais tout à fait la même personne, même si elle ressemble
à ce qu'elle a été et à ce qu'elle sera."
Ou pensez à ce que Jean-Jacques Rousseau disait dans
Émile ou De l'éducation : "Ne jugez point, vous ne vous
abuserez jamais. C'est la leçon de la nature aussi bien que
de la raison." "Juger" s'entend ici bien sûr au sens de
"étiqueter" ou de "critiquer".
==> Observez les autres à distance quand vous n'êtes

pas impliqué émotionnellement ou professionnellement.
Vous pouvez pratiquer l'exercice du miroir partout. Mais au
début, il est très important de le faire dans des circonstances
où vous n'êtes nullement impliqué d'un point de vue
émotionnel ou professionnel.
L'idéal, c'est de faire cela avec de parfaits étrangers. Vous
limiterez ainsi au maximum le risque que votre miroir mental
ne déforme trop vos bonnes intuitions.
==> "Voir" à travers les autres, c'est aussi les

"comprendre"
Pour faire la synthèse d'un caractère, tenez compte
évidemment du fait que nous avons tous plusieurs côtés,
plusieurs visage. Et il est important d'évaluer la nature et le
caractère d'une personnalité avec neutralité et compassion.
Comprendre les autres, c'est aussi les "comprendre"...
Si vous avez un parti pris ou si vous éprouvez un malin
plaisir à voir les gens sous leur plus mauvais jour, votre
regard sera nécessairement biaisé. Vous devinerez peut-être
leurs desseins secrets, mais vous n'aurez pas forcément une
idée juste de leurs raisons d'agir ainsi !
Jauger une personne, ce n'est pas la "juger".
41
42
CHAPITRE 3
COMMENT MIEUX ÉCOUTER LA VOIX
DE CEUX QUI VOUS PARLENT
"Le médium est le message."

Marshall Mc Luhan
La voix en dit plus que 1.000 mots pourrait-on dire. Elle

"parle"...
Paradoxalement, la voix appartient d'abord au registre du
non-verbal même si elle est le support par excellence de la
communication verbale. Souvent, elle en dit plus que ce
qu'elle dit. Et elle peut même contredire les mots qu'elle fait
vibrer sur les cordes vocales.
Si vous apprenez à vraiment bien l'écouter, vous aurez un
net avantage dans une conversation. C'est aussi un gros atout
au téléphone où vous pouvez seulement "lire" la voix. Et cela
peut également vous servir si vous écoutez des gens parler à
une certaine distance sans les voir (de dos, etc.), à travers une
porte ou un mur, ou si vous essayez de savoir si l'on vous
ment.
Voici quelques précisions et conseils pour mieux décrypter
une voix.
Quels sont les éléments à observer dans la voix ?

En plus de tenir compte de ce que dit une personne,
observez bien les divers éléments de sa voix. Chacun d'eux, à
43
des degrés divers, exprime un non-dit dont il faut tenir

compte pour bien comprendre ce que dit la personne.
Le timbre
C'est la partie la plus évidente et reconnaissable de la voix,
sa couleur ou sa signature sonore, son empreinte vibratoire.
Même un timbre de voix assez conventionnel possède une
fréquence si personnelle et unique qu'on peut utiliser la
reconnaissance vocale pour actionner des systèmes
électroniques sécurisés.
C'est ce qui permet aussi authentifier des enregistrements
comme on l'a fait pour les vidéos où Ben Laden apparaît.
Certains timbres de voix sont plus originaux que d'autres.
Le débit
Il peut être lent ou rapide. L'important est que la voix soit
bien posée, résonne bien, semble "couler de source".
Quelques indices à surveiller :
- Un débit lent traduit normalement un bon self-control, un
calme intérieur. Mais vérifiez si cette lenteur n'est pas forcée
ou factice, comme c'est le cas chez une personne qui fait un
énorme effort pour garder son calme. Par ailleurs, une
intonation particulière (menaçante par exemple) peut donner
un certain sens à ce débit lent.
- Un débit saccadé ou chaotique trahit l'agitation ou la
confusion mentale, l'énervement, le manque de maîtrise de
soi.
- Un débit retenu, laborieux ou étouffé donne l'impression
qu'il y a quelque chose qui accroche, qui bloque, qui n'est pas
clair. La personne est coupée de son énergie, éprouve
beaucoup de difficulté à mettre en mots ses émotions ou ses
pensées. Ou tout simplement ment...
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- Une grande fluidité de la voix est généralement un signe

de franchise, de certitude, de maîtrise de soi, de vitalité.
Attention, la personne est branchée sur son pouvoir !
- Le bégaiement représente une forme extrême de
mauvais débit vocal.
Le rythme de la respiration
Il est associé au débit vocal. Observez-le bien :
- Un rythme respiratoire anormal (respiration haletante,
etc.) peut être symptomatique d'un problème de santé mais
montrer que la personne est en proie à des émotions très
violentes : panique, confusion, colère, etc. Elle pourrait
même s'avérer sur le point de perdre le contrôle et de devenir
dangereuse.
- Une respiration lente et régulière dénote une bonne
maîtrise de soi.
- Une respiration qui sembler s'arrêter peut trahir une forte
tension, une obsession ou une fixation mentale, un état de
réflexion intense.
Les silences
Ils sont révélateurs à plusieurs titres. "Écoutez"-les bien !
Peut-être entendrez-vous un ange passer...
Et il est important de capter le moment où la personne se
remet à parler.
Les intonations
Dans la mesure où elles modifient ou modulent le débit ou
le timbre de la voix, celles-ci sont particulièrement
significatives. Elles peuvent notamment s'apparenter à une
forme de "ponctuation sonore".
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Un changement d'intonation indique que la personne

ressent soudain une forte émotion ou même qu'elle ment.
La résonnance de la voix
La résonnance est un indice important :
- Une voix bien placée peut résonner et remplir l'espace de
la communication. Vous avez affaire à une personne ouverte,
en pleine possession de ses moyens !
- Une voix grave ou riche en harmoniques graves
représente un des mécanismes d'attirance biologique de base.
- Une voix éteinte traduit la fatigue, la déprime, la
confusion, le manque d'enthousiasme.
La partie du corps d'où vient la voix

Que la voix résonne bien ou non, posez-vous aussi la
question suivante : la voix vient-elle plutôt de la tête, de la
gorge, du ventre ?
En observant le phénomène de la résonnance, vous aurez
certaines indications utiles :
- Une voix de tête, plutôt aiguë, est surtout associée à la
réflexion, à la précision intellectuelle, mais peut-être aussi à
une cérébralité excessive.
- Une voix qui résonne au niveau du ventre est associée à
des émotions plus primaires, à l'intuition, à une forte vitalité.
- Et quand on utilise le terme "voix vaginale" (style
Marlen Dietrich") pour une femme, il n'est pas trop difficile
de deviner à quel type de femme on a affaire !
Le CHI (énergie subtile) de la voix
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Voilà un aspect très important de la voix ! Mais il faut une

certaine pratique pour apprendre à capter cette énergie qui se
cache derrière les mots ou les émotions primaires.
Le CHI (appelé aussi KI) est cette énergie vitale, à la fois
physique et psychique, qui joue un rôle central dans la
pratique des arts martiaux. Les termes TAÏ CHI, AI-KI-DO
ou QI-GONG font directement allusion à l'éveil et à l'usage
du CHI (ou au KI). Plus un adepte éveille son CHI, plus il a
de force et de vélocité (et peu importe qu'il soit du genre
costaud ou maigrichon !).
Le CHI peut s'exprimer par le mouvement mais aussi par
la voix. Sa libre expression confère une vraie puissance à la
voix.
Ceux qui les connaissent un tant soit peu les arts martiaux,
savent que le HARA, c'est-à-dire le centre d'énergie situé
sous le nombril, est une source inépuisable de CHI. Ce n'est
donc par pour rien qu'une voix qui vient des "tripes" a bien
plus de force qu'une voix projetée avec les centres de
résonnance présent dans le haut du corps. (Fait intéressant, le
chanteur Claude Nougaro, qui avait été boxeur, a déjà qu'il
adoptait un peu une position de boxeur en chantant pour
mieux se servir de sa voix.)
Le fameux Kiaïe du karaté représente une manière
d'utiliser toute la puissance de la voix sans se servir des mots.
Pousser ce cri augmente considérablement la force physique
et déstabilise l'adversaire. (Notez que ce n'est pas le seul son
de puissance utilisé dans les arts martiaux.)
Ce qu'il y a au-delà des mots
Si vous écoutez des gens parler dans une langue

étrangère ou s'exprimer avec des onomatopées ou des cris,
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vous saisirez comprendrez sans doute un certain nombre de

choses. Avec La guerre du feu, qui met en scène des
hommes et des femmes préhistoriques, Jean-Jacques
Annaud a réussi l'exploit de faire un film où l'on ne
comprend pas un mot mais où, néanmoins, l'on comprend
tout..
L'énergie émotionnelle ou psychique qui passe à travers
la voix constitue la matière première de la communication
verbale. Le "médium" est le message.
Au-delà des mots, essayez donc toujours de saisir
l'énergie subtile du psychisme profond véhiculée par la
voix. Restez constamment en contact avec celle-ci.
Plus qu'un échange de mots, la communication verbale
est un échange d'énergie. Et selon le cas, il peut s'agir d'une
énergie positive, négative, mixte ou neutre.
Si vous pouvez sentir clairement l'énergie secrète de la
voix et sa coloration particulière d'instant en instant, vous
comprendrez bien mieux ce que disent et ne disent pas les
mots qu'elle porte. Et cette forme de sensibilité est donc
l'une des façons les plus sûres de savoir si l'on vous ment.
Les auditifs et ceux qui ont une bonne oreille musicale
sont avantagés en partant. Mais les visuels et les tactiles
peuvent aussi améliorer leur capacité d'écoute.
Quelques trucs pour mieux décrypter la voix

Avec un peu d'entraînement, vous arriverez à décrypter de
mieux en mieux la voix de vos interlocuteur. Voici quelques
suggestions d'exercices pour réveiller la sensibilité innée que
l'éducation ou les circonstances de la vie ont peut-être
étouffée à la longue.
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Écoutez la voix comme si c'était de la musique

Nous sommes tous musiciens quand nous parlons. Le
parlando est une forme de chant. Et la vie est une comédie
musicale !
En parlant, nous organisons des sons pour leur donner un
sens. "La musique c'est du bruit qui a du sens," disait Victor
Hugo.
Cela dit, même en parlant, nous pouvons faire des fausses
notes, des "couacs". Il y a aussi le fait que notre voix résonne
plus selon les circonstances. Elle est même capable de
produire 2 sons à la fois, comme dans le chant de gorge
(chant diphonique) de certaines traditions (inuit, tibétaine,
etc.).
Tant de nuances et de subtilités se cachent derrière la
"masse sonore" de la voix parlée ! Si vous êtes très sensible
au charme de la poésie récitée, vous le savez mieux que
d'autres.
Et si vous êtes de sexe féminin, vous êtes doublement
avantagée. La femme, dont l'hémisphère gauche du cerveau
est dominant, possède généralement une meilleure ouïe que
l'homme. Son audition serait même 2 à 3 fois plus
développée !
Qui plus est, comme elle synchronise plus facilement
l'usage des 2 hémisphères cérébraux, elle possède une
capacité d'écoute plus étendue. Elle peut englober
simultanément les aspects verbaux (vocabulaire, logique,
etc.) et non verbaux (intonation, etc.) de la communication
vocale.
Par comparaison, l'homme tend à n'écouter que l'aspect
verbal de la voix.
Cela dit, de même qu'un musicien développe son oreille à
force de s'entraîner, tout le monde peut améliorer la finesse
49
de son oreille pour mieux écouter et "entendre" les divers

aspects de la voix.
Écoutez la voix des autres vibrer en vous

Cela va dans le sens du conseil précédent : étant donné que
la voix est avant tout vibration, elle fait vibrer l'air et votre
système nerveux. Quand la voix d'un chanteur ou d'une
chanteuse vous donne des frissons, ce phénomène vibratoire
entre en jeu.
Imaginez donc que vous êtes dans un océan ou un champ
vibratoire, que rien ne vous sépare des autres. (Faut-il le
rappeler : tout est un ! Et si la télépathie existe, ce serait une
façon de l'expliquer.)
Essayez de sentir que la vibration de la voix de l'autre fait
vibrer quelque chose en vous, ou atteint votre peau, comme
le font les basses quand le volume de la musique est assez
fort. Sentez la voix de l'autre avec tout votre corps.
Votre effort d'écoute correspond au fait d'augmenter le
"volume" de votre potentiel de sensibilité et d'intuition. Et
vous y arrivez à synchronisant mieux le fonctionnement des
2 hémisphères cérébraux.
Entraînez-vous à l'écoute de la voix sans interaction

directe
• Écoutez souvent des émissions en direct à la radio :
interview, lignes ouvertes, etc. Concentrez-vous
davantage sur la voix que sur les propos de gens.
• Allez dans des restaurants ou des endroits fréquentés

par des personnes parlant des langues que vous ne
connaissez pas du tout. Écoutez-les parler tout en
observant leur gestuelle.
• (Dans la mesure où vous payez pour être là, comme
50
c'est le cas au restaurant, vous êtes dans un laboratoire

d'observation idéal. Personne ne vous reprochera d'être
là seul dans votre coin.)
• Il est bon également d'écouter des enregistrements de

conversation. Vous pouvez même faire l'expérience
d'enregistrer des conversations de voisins ou de
proches. Réécoutez-les quand vous êtes seul à la
maison ou en voiture.
• Les messages téléphoniques représentent aussi un
merveilleux moyen d'étudier le langage non verbal de
la voix chez vos connaissances. Observez bien le
rapport entre le dit et le non-dit.
51
CHAPITRE 4
COMMENT MIEUX "LIRE" DANS LES YEUX
"Il est beaucoup moins indécent de coucher ensemble que

de se regarder dans les yeux." Boris Vian
Il y a tout un langage corporel lié aux yeux : yeux

obliques, fixés droit devant, agités, fuyant, etc. En examinant
ce qui se passe dans cette partie du visage, vous pouvez
commencer à savoir ce qui se passe sur dans la tête ou le
cœur de votre interlocuteur.
Cependant, si vous apprenez à vous concentrer sur le
centre de l'œil sans vaciller, vous pourrez en savoir encore
plus, car vous entrerez littéralement dans l'esprit de votre
interlocuteur. En établissant un VRAI contact oculaire, c'est
comme si vous captiez sa longueur d'onde ou sa fréquence
radio.
Voici donc quelques conseils pour devenir un champion
du contact oculaire.
Pourquoi ce n'est pas toujours facile de regarder une

personne droit dans les yeux
Dans la vie courante, on évite généralement de trop fixer
les gens parce que cela crée un malaise. Jadis, les hommes
pouvaient même se battre pour un regard trop appuyé dans
leur direction.
Ce type de réaction émane d'un conditionnement ancestral
qui perçoit le regard fixe comme une forme de défi ou de
52
provocation. Les animaux eux-mêmes ne se regardent pas

très longtemps dans les yeux ou s'ils maintiennent un certain
contact oculaire, c'est qu'ils se préparent au combat.
S'ajoutant à ce conditionnement ancestral, une certaine
forme d'éducation peut nous amener à ressentir comme
impoli le fait d'accrocher le regard d'un(e) inconnu(e). Et de
fait, beaucoup perçoivent encore cela comme une forme
d'intrusion ou d'agression.
Bien des gens éprouvent même beaucoup de difficulté à
regarder des proches droit dans les yeux pendant un certain
temps. Ce type de contacts leur semble trop intimes, donc
très gênants. Généralement, cela est lié au fait que, dans leur
milieu, la communication verbale est plutôt superficielle et
laisse peu de place à l'expression des vrais sentiments. Tout
ce non-dit crée un climat de gêne permanent. C'est assez
fréquent dans les milieux bourgeois traditionnels.
Quoi qu'il en soit, si vous voulez décoder le langage non
verbal des gens (ou à les draguer !), vous n'avez pas le choix :
il faut oser regarder les gens droit dans les yeux.
Quelques conseils de base pour bien regarder dans les

yeux
==> Vous avez le choix entre fixer l'autre entre les 2 yeux
ou de fixer l'un des 2 yeux.
==> Si vous choisissez de vous concentrer sur un des 2
yeux, ne passez pas sans cesse d'un oeil à l'autre. Cela dénote
de la nervosité ou de l'anxiété.
Si vous finissez par changer d'oeil, faites-le au bout d'un
certain, avec une certaine lenteur, d'une façon très cool.
==> Ne clignez pas des yeux. Ou le moins possible. Cela
traduit une nervosité ou un malaise.
53
==> Ne regardez l'autre avec un regard trop fixe, en

ouvrant les yeux tout grand ! N'allez pas donner l'impression
que vous voulez l'hypnotiser.
==> Il s'agit simplement de montrer que vous voulez
réellement communiquer, établir un contact direct. Regardez
d'une manière franche, naturelle et détendue, sans peur et
sans agressivité. Imaginez que vous ouvrez toute grande les
portes de votre monde intérieur. Ce faisant, la personne sera
encouragée à s'ouvrir également. Et il sera plus facile de la
"lire".
==> Prenez l'habitude de fixer les gens droit dans les yeux
dans les situations courantes (magasin, bureau de poste, etc.)
quand vous leur parlez. Sauf exception, soyez le dernier à
détourner le regard.
==> Si c'est vraiment trop difficile, fixez d'abord des
personnes tout à fait banales, qui ne vous insécurisent pas.
Après cela, faites ça avec des personnes dont la beauté ou le
pouvoir vous fascine ou vous impressionne. Peu à peu, par la
confrontation, vous développerez le magnétisme de votre
regard.
Mais il est important aussi de maîtriser les muscles
oculaires avec les exercices qui suivent.
Quelques exercices pour mieux maîtriser le contact

oculaire
Ce n'est pas si facile de maîtriser le contact oculaire direct.
Et il n'y a pas que le malaise ou la gêne que suscite le regard
d'autrui !
Si, au début de votre entraînement, vous avez tendance à
passer vite d'un oeil à l'autre oeil ou à cligner des yeux, cela
pourrait s'expliquer tout simplement par des causes
musculaires. Quand vous n'avez pas l'habitude de concentrer
votre regard sur un point fixe (à part l'ordinateur ou la TV !),
il est normal que vos muscles oculaires forcent un peu.
54
Par ailleurs, vous n'êtes peut-être pas non plus accoutumé

à vous concentrer mentalement de la sorte. Chez bien des
gens, le mental se laisse facilement distraire par les divers
stimuli de l'environnement. Le rythme trépidant de la vie
moderne et la TV, en particulier, nous ont habitué à faire du
zapping mental en permanence. (Les professeurs en savent
quelque chose, eux qui doivent redoubler d'effort pour capter
l'attention de leurs élèves !)
Bref, pour mieux maîtriser votre regard, il va s'agir de
conditionner la musculature des yeux et/ou d'améliorer votre
pouvoir de concentration. Voici comment faire.
Avec un miroir
Regardez-vous dans un miroir comme si vous fixiez des
yeux une autre personne. Ne vous jugez pas - ni en bien ou ni
en mal. Ne vérifiez pas si vos cheveux sont bien placés ou si
vous êtes bien rasé. Oubliez toute préoccupation esthétique.
Concentrez-vous sur le point médian entre les 2 yeux ou
sur un oeil en particulier. "Plongez" dans votre œil, dans le
trou noire qui est au centre de la pupille. Faites le vide
mental. Oubliez complètement le reste. Observez
minutieusement - comme si vous travailliez avec un
microscope - tous les détails de la pupille.
Pour arriver à faire cet exercice plus longtemps, asseyez-
vous et pratiquez-le avec un petit miroir.
N.B. : En pratiquant régulièrement cet exercice, vous aurez
peut-être la surprise de voir apparaître d'autres visages de
vous-même. C'est aussi une bonne façon de mieux vous
connaître.
Éventuellement, vous pourriez aussi faire cet exercice avec
un proche. C'est une excellente façon de faire plus ample
connaissance.
55
Avec une photo

Vous pouvez aussi faire le même exercice avec des photos
en gros plan où la personne semble vous regarder face à face.
C'est également très intéressant de pratiquer cette méthode
pour essayer de deviner le caractère de cette personne.
N.B. : Si vous vous entraînez pour la drague, il est bon de
pratiquer cet exercice avec la photo d'une personne de l'autre
sexe qui vous allume tout particulièrement. Ce sera une
bonne façon d'apprendre à rester mieux "centré" quand vous
serez dans une situation de séduction, face à une personne
qui vous trouble beaucoup.
Ces messieurs auront même tout intérêt à faire le même
exercice avec une photo de femme très décolletée. Ils
pourront s'entraîner à regarder une femme droit dans les yeux
sans se laisser distraire par ses seins.
Avec n'importe quel point fixe

Peu importe où vous êtes, amusez-vous de temps en temps
à vous concentrer mentalement sur un point fixe : bouton de
porte, centre d'une horloge, etc. En plus de vous aider à faire
le vide, cela vous relaxera. Très bon pour la santé !
Vous pouvez faire ce petit exercice partout : salle d'attente,
arrêt d'autobus, etc. C'est un très bon passe-temps. Mieux
vaut faire cela que ruminer des problèmes ad nauseam ?
Un avantage supplémentaire de ces exercices

Ce genre d'exercices de concentration vous profitera à un
autre niveau. En apprenant à faire le vide, vous vous libérez
de la tyrannie de votre blablabla intérieur.
Plus précisément, l'hémisphère gauche du cerveau
(principal centre de la pensée analytique) ralentit son activité
pour laisser l'hémisphère droit (principal centre de l'intuition,
56
des émotions et des sensations) travailler à plein régime.

Généralement, c'est plutôt le contraire...
Ainsi, votre 6e sens peut se développer de plus en plus et
mieux faire son boulot. Quand vient le temps de deviner ce
qui se passe dans la tête des autres, votre 6e sens est bien plus
utile que l'intelligence analytique !
57
CHAPITRE 5
COMMENT DÉTECTER INFAILLIBLEMENT
SI ON VOUS MENT
"Si vous faites confiance à tout le monde, vous êtes un

idiot. Si vous vous méfiez de tout le monde, vous êtes
handicapé. La confiance est un lubrifiant pour faire notre
chemin dans la vie. Peu à peu, nous apprenons à observer et
écouter le monde autour de nous. Mais si nous nous
reposons uniquement sur nos sens, nous pouvons nous duper
nous-mêmes."
James Randi, prestigiditateur et expert en fraudes
Un jour, après une réunion avec des conseillers au

Kremlin, Staline s'aperçoit qu'un important dossier a disparu.
Il téléphone au chef du KGB et lui ordonne d'interroger les
conseillers présents à cette réunion.
Cependant, quelques heures plus tard, Staline retrouve le
fameux dossier enfoui sous un amas de journaux. Il
téléphone aussitôt au chef du KGB pour l'avertir.
Celui-ci, soudain très mal à l'aise, lui dit : "Oui, mais on a
un petit problème sur les bras. Ils ont tous avoué..."
Ce n'est qu'une blague bien entendu (quoiqu'elle doit sans
doute avoir un certain fond de vérité !). Mais elle nous
permet d'illustrer un problème évident lié à la recherche de la
vérité : il y a moyen de croire tout le monde coupable et
même de faire avouer des innocents.
En regardant d'un air sévère une personne sensible, vous
pouvez la faire rougir et bafouiller, lui donnant ainsi un air de
58
coupable ou de menteur. Mais vous ne connaissez toujours

pas la vérité : votre employé vous a-t-il volé ? Votre femme
vous a-t-elle trompé ? Etc.
De plus, quand on a certaines raisons de se méfier, il y a
moyen de soupçonner de tout le monde de mentir. (Staline
lui-même était passablement parano !) Soudain, tout devient
suspect. Même ceux qui sont au-dessus de tout soupçon.
Que ce soit en amour ou en affaires, comment donc faire la
part des choses, ne pas vous laisser dominer par une
méfiance excessive ou de faux signaux et trouver enfin la
vérité ? C'est ce que nous allons voir.
Et tant qu'à être dans le domaine du mensonge, nous
examinerons aussi comment pratiquer l'art du mensonge
d'auto-défense, c'est-à-dire l'art de mentir "comme un
guerrier". Car il y a des situations où la sincérité stupide n'est
pas de mise..
La raison biologique du mensonge

Nous sommes d'abord programmés biologiquement pour
mentir et ruser. Pas pour dire la vérité...
Selon les psychologues behavioristes, le mensonge est
inhérent à l'espèce humaine. Ce phénomène s'explique par 2
raisons génétiquement programmées :
- recevoir une récompense ;
- éviter les punitions.
En somme, c'est en calculant les possibilités d'être
"récompensé" ou, au contraire, d'être puni que nous décidons
si nous serons honnêtes ou non.
Les nombreux exemples du monde animal montrent bien à
quel point la ruse - forme primitive du mensonge - est
directement lié à l'instinct de survie. C'est toujours le plus
59
rusé qui adopte les meilleurs comportements de survie. La

Vie n'est ni morale ni amorale.
Mais l'être humain est aussi programmé pour avoir un

sens moral
Lorsqu'il est en situation de survie physique ou
psychologique, l'instinct animal de l'homme le force à faire
certains compromis avec sa conscience.
Néanmoins, en grandissant, l'être humain normal
développe une conscience sociale et une identification avec
son groupe. Quand il ment, il s'isole de son milieu et c'est une
source de stress.
En nous isolant des autres, le mensonge à répétition
représente un stress extrême. D'ailleurs, comme le montre
généralement les approches thérapeutiques, le refoulement de
certains sentiments nous opprime tandis leur expression nous
libère.
Aussi doué soit-on pour le mensonge, c'est une situation
qui finit aussi par être insupportable.
Il y a aussi un autre phénomène : notre instinct de survie
nous dicte aussi que notre survie dépend de la survie du
groupe. Dans la mesure où un comportement malhonnête ou
immoral nuit à la survie du groupe, il menace notre propre
survie.
Les émotions associées au sens moral joue un rôle de
contrôle préprogrammé biologiquement. Comme l'explique
Marc Hauser, co-directeur du programme "Mind, Brain and
Behavior" à l'Université Harvard :
"Les émotions sont des mécanismes sélectionnés par
l'évolution au sein des espèces, car elles permettent à leurs
membres de répondre de manière adéquate aux situations
qui concernent leur survie. Si nous les éprouvons, c'est que
nous avons été génétiquement programmés pour cela au
cours de notre histoire.
60
Les chercheurs ont même découvert qu'il existe 9 grandes

zones dans le cerveau qui gèrent notre sens moral inné.
Bref, en définitive, que ce soit pour des raisons pratiques
ou morales, la plupart des humains adhèrent à la sagesse de
cet adage anglais : "Honesty is the best policy". (On pourrait
le traduire littéralement par "l'honnêté paie" ou "l'honnêteté
est la meilleure ligne de conduite". C'est une version plus
positive de notre adage "Le crime ne paie pas.")
Ce qui nous empêche de bien mentir

Toutes ces considérations nous amène à un constat bien
simple. Parce nous craignons d'être puni ou que nous pensons
que c'est mal, le fait de mentir crée un conflit intérieur, donc
un stress. Et cet état de stress peut nous trahir, car il nous fait
agir autrement qu'en temps normal.
Cela va sans dire, ce niveau de conflit et de stress est
proportionnel à la gravité du mensonge :
• Imaginons que, dans le cadre de votre travail, vous
disiez à votre patron que vous aimez beaucoup la
nouvelle toile abstraite qu'il y a accrochée sur le mur de
son bureau. En vous n'en pensez rien. Vous détestez
l'art abstrait...
• De tels petits mensonges - des "pieux mensonges"
comme on dit - ne causent de conflit interne majeur. Et
donc peu ou pas du tout de stress. Il n'y a guère de
risque que vous affichiez les signes habituels du
mensonge.
• Imaginons maintenant la situation d'un important cadre
d'une société de courtage qui organise un système
complexe de détournement de fonds. S'il est mis sous
enquête, il subira un stress énorme. D'abord, il craint
d'être pris et puni (amende, prison, etc.). Ensuite, s'il est
normalement constitué, il vivra un grave conflit
intérieur associé à la honte d'être accusé de fraude
(réputation de sa famille, etc.).
61
Tout l'art de ceux qui viendront l'interroger reposera

d'abord sur leur capacité à repérer les signes de stress chez ce
cadre. Ceux-ci se divisent en 2 groupes :
- les signes verbaux ;
- les signes non verbaux.
Examinons-les de plus près.
Comment devenir un bon "détecteur de mensonge"

Il est très important d'observer le langage non verbal qui
accompagne les réponses d'une personne que vous
soupçonnez de mentir. Mais avant d'aborder le langage non
verbal comme tel, commençons par les "réponses en mots".
Les stratégies expliquées ici sont utilisées par les experts
en fraude qui enquêtent dans les grandes sociétés. Mais elles
conviennent aussi dans la vie de tous les jours, avec des
proches, des associés, des élèves, etc.
Le vocabulaire utilisé fournit déjà certaines indications

Les indices qui suivent ne sont pas forcément révélateurs
en soi. C'est l'accumulation de ces indices qui alourdit la
preuve. Plus il y en a, plus votre interlocuteur risque d'être un
menteur ou un fraudeur.
==> 1. Faire preuve de mémoire sélective. C'est un signe
de mensonge très fréquent. Si la personne se souvient fort
bien de certaines choses mais pratique le flou artistique pour
répondre à des questions cruciales, c'est potentiellement
suspect.
Question : Étiez-vous là à 9 h quand c'est arrivé ?
Réponse : J'étais peut-être là, mais je n'en suis pas sûr. En
fait, je ne m'en souviens pas.
62
==> 2. Répéter une question importante. Exemple :

Question : Avez-vous une idée pourquoi quelqu'un aurait
pu faire cela ?
R : Si j'ai une idée de qui aurait pu fait cela ?
L'écoute active, c'est bon pour les relations humaines en
général. Pas qu'on nous interroge dans le cadre d'une
enquête...
Cela ressemble plutôt à une façon de gagner du temps pour
préparer une fausse réponse.
==> 3. Répondre par une question. Cela s'apparente à
l'indice précédent.
Question : Est-ce que vous aviez des motifs pour faire cela
?
Réponse : Pourquoi est-ce que j'aurais des motifs pour
faire cela ?
Cette façon de répondre sert 2 objectifs :
- Sous peine d'être découvert, on préfère ne pas mentir si
on a un autre choix.
- On cherche à savoir ce que l'enquêteur sait.
==> 5. Éviter les mots émotifs. Les coupables emploient
rarement des mots qui les déstabiliseraient ou les feraient se
sentir coupables. Par exemple, ils diront plutôt :
- Pour un vol de document : "La personne qui vous a pris
de document..." (au lieu de "voler").
- Pour des malversations comptables : "La personne qui a
modifié les livres comptables..." (au lieu de "trafiqué").
- Pour une lettre de menace : "Celui qui vous a écrit cette
lettre..." (au lieu de "lettre menace").
==> 6. Faire appel au témoignage des autres.
63
Question : Qu'est-ce qui me prouve que vous dites la

vérité ?
Réponse : Je suis une personne très honnête. Vous n'avez
qu'à vérifier avec mes collègues ou mes amis.
==> 7. Jurer tous ses grands dieux.
Question : Qu'est-ce qui me prouve que vous dites la
vérité ?
Réponse : "Vous devez me croire que je ne l'ai pas fait. Je
le jure devant Dieu.//Je le jure sur la tête du Christ." (Ou si
la personne est plutôt agnostique : "Je le jure sur la tête de
ma fille."
==> 8. Avoir une attitude obséquieuse ou faire preuve
d'un respect excessif. Cela peut faire penser à certains des
coupables sur lesquels enquête le célèbre inspecteur
Colombo !
Quand on est faussement accusé, il est bien rare qu'on se
mette à flatter l'interrogateur dans le sens du poil. On sera
plutôt porté à s'indigner ou à se mettre en colère.
Il est plutôt suspect de dire des trucs comme :
- "Vous faites vraiment un excellent travail pour essayer
de découvrir qui a modifié les livres comptables. Je vais faire
tout mon possible pour vous aider, au meilleur de ma
connaissance."
- "J'ai entendu parler de vous. On dit de vous le plus grand
bien dans le coin."
Les signes non verbaux

Un ou 2 de ces 8 signes non verbaux ne suffisent pas à
déterminer que vous avez affaire à un menteur. Par exemple,
bien des gens sont obséquieux sans être coupable de quoi que
ce soit.
64
C'est donc l'accumulation de ces signes qui révèlent le

menteur. En plus, il faut les mettre en rapport avec les signes
non verbaux que voici.
• Ne pas montrer les mains. L'enfant qui ment ou qui a

fait un mauvais coup a tendance à se mettre les mains
derrière le dos. À l'inverse, quand on veut inspirer
confiance, on tend les mains vers l'avant, paume
ouverte.
• Mais si, par exemple, un homme veut raconter une

version "officielle" de sa soirée à sa femme, il se mettra
sans doute les mains dans les poches ou se croisera les
bras en position de fermeture (mains cachées).
• Changer de sujet et s'activer à des tâches diverses.

Plutôt que de se cacher les mains, c'est ce que fera une
femme quand elle a des choses à cacher à son homme.
• Détourner le regard (regard fuyant). On a tendance à

soupçonner les menteurs qui détournent souvent les
yeux. Mais ce n'est pas forcément un comportement
généralisé chez ceux-ci.
• Lors d'une petite étude, seulement 30 % de ceux qui
devait dire un mensonge l'ont fait.
• Pour ne pas être découvert, les autres 70 % ont fixé
constamment leurs interlocuteurs. Et ils ont bien fait
puisqu'on n'a deviné en moyenne que 25 % de leurs
mensonges alors que dans le premier groupe 80 % des
mensonges ont été découverts
• Placer le corps en direction de la porte quand le

menteur se sent menacé. Lors d'un interrogatoire
serré, le corps est en état de stress et il reste
difficilement en place. La menace active le réflexe
ancestral du "fight or flight" ("faire face ou fuir").
65
• Changer souvent de position. Quand on est sur des

charbons brûlants, il est normal de vouloir bouger sans
cesse. Aucune position n'est confortable.
• Changement nettement de position (avec

déplacement de tout le corps) quand on pose une
question difficile.
• Le fait de se frotter le nez. Voyez l'encadré Ceci n'est

pas une pipe.
• Croiser fréquemment les bras ou les jambes.

Lorsqu'une personne se croise les bras ou les jambes au
moment de répondre à une question difficile, c'est
qu'elle tente inconsciemment de se protéger.
• Se couvrir souvent la bouche. Il peut arriver que

certains se mettent la main devant la bouche quand ils
mentent. C'est là évidemment un geste enfantin. Mais
faut-il s'en étonner : sous l'effet du stress, nous avons
souvent tendance à régresser vers des émotions ou des
comportements d'enfant
• Changements d'intonation. C'est là un indice

extrêmement précis. Quand l'intonation change très
soudainement, cela peut signifier qu'à ce moment-là, la
personne est déstabilisée par son mensonge. Sa pensée
n'est pas synchrone avec sa voix.
• Faux sourire. Un vrai sourire est symétrique. Or les

menteurs ont plutôt tendance à sourire du côté gauche
de la bouche. Cela s'expliquerait par le fait que les
expressions sont contrôlées par le cerveau droit, qui est
relié au côté gauche du visage. (Voyez ce qui est dit sur
66
la spécialisation des hémisphères cérébraux au chapitre

2.)
Ceci n'est pas une « pipe »...
Si vous pouvez obtenir des vidéos montrant les

déclarations de Bill Clinton lors de l'affaire Monica
LewinskyORT, vous aurez un merveilleux sujet d'étude
pour apprendre à décoder les signes du mensonge. Sur
internet, c'est assez facile à trouver.
Observez en particulier comment le pauvre Bill se frotte
souvent le nez, un signe fréquent de mensonge.
En étudiant son témoignage, le neurologue Alan Hirsh et
le psychiatre Charles Wolf ont noté ceci : lorsque Bill
Clinton mentait, il fronçait les sourcils durant une fraction
de seconde puis il se touchait le nez. Il a répété ce geste 26
fois avec un intervalle de 4 minutes. Par contre, quand il
disait la vérité, il ne faisait pas ce geste.
Il pourrait être amusant d'imaginer Bill Clinton jouant le
rôle de Cyrano de Bergerac !
• Signes involontaires : pupille dilatée, rougissement,

transpiration. Parce qu'ils sont involontaires, de tels
signes sont particulièrement révélateurs.
Vérifiez l'incohérence/cohérence entre les divers

signaux
L'incohérence entre certaines déclarations et le langage
non verbal peut vous laisser croire qu'une personne vous
67
ment. Méfiez-vous aussi s'il en existe entre certains signaux

non verbaux.
Pour cela, apprenez à faire la différence entre les signaux
volontaires et instinctifs. Par exemple, imaginons un suspect
qui essaye d'avoir l'air sincère en gardant la paume des mains
ouvertes ou en ne quittant pas l'enquêteur des yeux. Mais ce
dernier pourrait avoir des soupçons s'ils remarque des signes
comme ceux-ci : rougissement, pupille dilatée. Ce sont là des
gestes programmés biologiquement qu'il est très difficile de
contrôler par la volonté.
Certains mini-gestes réflexes propres à une personne
peuvent aussi la trahir. Par exemple : un tic dans le visage,
contraction d'un coin de la bouche, haussement d'un sourcil,
etc.
N.B. : Précisons que ces comportements verbaux et non
verbaux peuvent vous permettre de repérer un menteur
"normal", c'est-à-dire un homme doué d'un minimum de
conscience normale. Étant stressé parce qu'il sait qu'il ment,
il adopte sans le vouloir un comportement inadéquat dans les
circonstances.
Dans le cas des menteurs du type psychopathe, la situation
est bien différente.
N'oubliez pas de faire ceci

Lorsque vous voulez vérifier si une personne vous ment,
arrangez-vous pour le faire dans un endroit qui soit le plus
dégagé et le plus éclairé possible. C'est d'ailleurs ce que fait
la police.
Pour lire l'ensemble des signes non verbaux, il ne faut pas

que la personne soupçonnée puisse cacher une partie de son
corps derrière une table ou tout autre mobilier. Quant à
l'éclairage, il faut qu'il permette de bien observer les mini-
mouvements, en particulier ceux très révélateurs du visage.
68
Attention aux faux menteurs

Faut-il le préciser : il est important de bien repérer si une
personne est du type timide, réservée ou fragile. Avec un
regard fixe, il est facile de faire régresser de telles personnes
jusqu'à une stade infantile où elles montreront tous les signes
de l'enfant pris en faute. Aussi innocentes soient-elles...
(Comme dans le cas de la blague sur Staline !)
Certains rougissent même pour un rien !
Si vous voulez vous assurer qu'une personne de ce type
ment (car il y en a bien entendu !), mieux vaut donc prendre
une voie oblique qui n'active pas ce mécanisme.
Prenons l'exemple d'un modeste comptable, du genre
"inodore, incolore et sans saveur", qui est soupçonné de
malversation comptable. S'il vous paraît très timide,
n'essayez pas de l'"intimider" avec la voix ou le regard.
Quand vous lui posez des questions, examinez-le de côté,
sans le fixer directement.
Également, vous pourriez à profit le miroir présent dans la
pièce. Interrogez votre suspect de dos mais observez ses
réactions dans le miroir. (Même si la personne sait qu'il y a
un miroir, elle risque fort d'oublier sa présence sous le feu de
vos questions.)
Quand on ne sent pas directement observé, on réagit avec
plus de spontanéité.
Les secrets du "mensonge d'auto-défense"

Au début de cd guoide pratique, j'ai bien insisté sur l'idée
que, dans la "petite guerre du quotidien", la naïveté n'est pas
de mise. Et il y a des situations très sérieuses où l'art de
bluffer et de brouiller les pistes est une question de survie
professionnelle, psychologique ou même physique :
négociations cruciales dans divers domaines, fausses
69
accusations, kidnapping, invasion de domicile, tentative de

suicide, situation de guerre, etc.
Dans ce cas, la fin justifie les moyens. C'est-à-dire que
vous pouvez vous permettre de recourir au "mensonge
d'auto-défense". Le contraire serait vraiment stupide. Il faut
savoir écouter votre instinct vital et défendre chèrement votre
peau !
Mais encore faut-il être capable de mentir comme un
guerrier en terrain ennemi...
Peut-être connaissez-vous Michael Levine, auquel l'auteur
Donald Goddard a consacré son ouvrage Undercover. Ce
livre raconte la vie d'agent double que Levine a mené pour le
compte de la DEA (la Drug Enforcement Administration), un
des principaux organismes américains qui s'efforcent -
officiellement - d'éradicter le trafic de la drogue.
Grâce à son physique impressionnant et à son adolescence
mouvementée dans le Bronx, à New York, il parvint assez
facilement à jouer le rôle d'un narcotrafiquant. De surcroît, en
mémoire de son frère héroïnomane mort d'une surdose, il
était fortement motivé à risquer sa peau pour une bonne
cause : la "War On Drugs" (la guerre contre la guerre).
Reste qu'il fallait aussi être un sacré bon menteur pour
jouer un rôle aussi dangereux auprès de narcotrafiquants sud-
américains. Imaginez son niveau de self-control et sa
capacité de bluffer lors qu'il rencontrait de tels individus !
Diverses circonstances peuvent aussi nous "forcer" à
mentir pour une "bonne cause" ou des "intérêts supérieurs" (à
chacun de juger en fonction de ses principes moraux !). Dans
cette section, il sera donc question des meilleures stratégies
pour pratiquer le "mensonge d'auto-défense".
Un bon menteur est un bon prestidigitateur

Ceux qui connaissent un tant soit peu les techniques de
prestidigitation savent que les prestidigitateurs doivent avant
70
tout maîtriser l'art de diriger l'attention des spectateurs vers

des détails qui n'ont rien à voir avec leur tour de passe-passe
tout en donnant l'impression qu'ils jouent un rôle
déterminant. Pendant qu'ils occupent l'esprit des spectateurs
avec de fausses suppositions, les prestidigitateurs peuvent
dissimuler certains mouvements suspects.
Ce détournement d'attention s'effectue avec des gestes ou
des paroles. Et c'est là un truc de base qu’utilisent aussi les
bons menteurs.
Pour être un bon prestidigitateur (et donc un bon menteur),
il faut aussi 2 autres atouts dans son jeu :
Ne dites pas que vous NE mentez PAS. Faites comme si

vous disiez la vérité. Autrement dit : ne niez pas,
affirmez, et vous inspirerez confiance. Comme l'explique
le réputé prestidigitateur James Randi:
"Le magicien professionnel ne fait jamais référence à un
paquet de cartes comme à un paquet de carte "régulier".
Cela pourrait justement donner aux spectateurs des raisons
de croire que ces cartes ne sont pas régulières. Le fait
d'extraire le paquet de son emballage, d'ouvrir la boîte puis
d'enlever les cartes de rechange, tout en s'adressant au
public sur d'autres sujets, permettra automatiquement
d'inspirer la confiance ».
==> Tout en affichant une autorité naturelle, soyez

aimable et distrayant. Même si elle a du leadership, une
personne sombre et désagréable risque fort de susciter la
méfiance.
Toujours selon James Randi :
"Le magicien inspire la confiance par ses manières, ses
expressions et son autorité. Dans bien des cas, les néophytes
prennent du temps à le réaliser. Ce n'est souvent qu'après un
long apprentissage qu'ils comprennent que cela fait
71
intrinsèquement partie du métier d'être plaisant et aimable,

que cela amène la confiance et donc le succès."
Un bon menteur est un bon acteur

Les bons menteurs possèdent aussi un talent inné d'acteur.
(Certains penseront sans doute à des gens comme Bernard
Tapie...)
Qu'est-ce à dire au juste ? Et comment faire si vous ne
vous sentez pas un talent inné d'acteur ?
En réalité, l'art de l'acteur repose largement sur sa capacité
de VISUALISER intensément la réalité qu'il essaie de
projeter. Il atteint ainsi un état de dédoublement où il reste
conscient de lui-même tout en vivant en même temps dans
une réalité virtuelle. C'est une sorte de TRANSE AUTO-
HYPNOTIQUE où la réalité virtuelle devient aussi réelle -
sinon plus - que la réalité ordinaire.
En d'autres termes, l'acteur ou le menteur doué arrive à
croire si bien à ce qu'il imagine que cela devient une forme
de réalité parallèle. Libéré du stress lié au doute, il peut
afficher un langage corporel au-dessus de tout soupçon.
Pour bien mentir, commencez donc par bien visualiser
votre "rôle". Ainsi, la bonne gestuelle viendra d'elle-même,
naturellement.
Et pour mieux "visualiser" la "réalité" ou la "vérité" que
vous souhaitez projeter, il y a un moyen bien simple :
appuyez-vous sur des souvenirs réels ou des éléments
concrets de votre réalité actuelle. "Ancrez" votre mensonge.
Revenons-en à l'exemple des acteurs. Pour projeter une
certaine émotion, ceux-ci fouillent dans leur passé personnel
pour trouver un souvenir qui provoque l'émotion qui
s'apparente à celle qu'ils doivent projeter pour leur rôle. C'est
la méthode classique de l'Actor Studio.
72
Un bon menteur est un "joueur"

Peut-être l'avez-vous vu le film "Attrape-moi si tu peux",
avec Leonardo Di Caprio, qui retrace la vie de Frank W.
Abagnale, un imposteur de génie. Le scénario se base sur son
autobiographie, Catch me if you can, qui est encore plus
impressionnante que le film qu'on en tiré.
Frank W. Abagnale n'avait pas son pareil pour falsifier des
chèques et des papiers officiels. En plus, c'était un comédien
doué d'un sens inouï de l'à-propos.
Il s'est notamment fait passer pour un pilote d'avion de
ligne, ce qui lui a permis de faire nombreux voyages gratuits
d'un bout à l'autre des États-Unis. (Les pilotes de ligne ont le
droit de voyager gratuitement par avion pour aller jusqu'à
l'aéroport où ils doivent piloter un avion.)
Pendant plusieurs mois, Frank W. Abagnale a même réussi
à jouer parfaitement le rôle d'un médecin à l'urgence de nuit
d'un hôpital. Pour savoir le minimum nécessaire, il passait
beaucoup de temps à la bibliothèque pour étudier les bases de
la médecine - ce qu'il lui avait d'ailleurs donné la réputation
d'un médecin qui se tenait vraiment à jour...
Et quand il y avait un problème de santé qu'il ne pouvait
pas résoudre avec un médicament courant, il demandait aux
étudiants en médecine qui faisaient leur internat ce qu'il
fallait faire avec l'air du professeur qui voulaient vérifier
leurs connaissances.
Puis quand ceux-ci avaient répondu, il leur disait tout
bonnement : "Et bien messieurs, faites-le donc. Qu'attendez-
vous !" En procédant ainsi, il n'a jamais eu à faire la moindre
chirurgie. Parce qu'il leur donnait ainsi confiance en eux, les
étudiants l'appréciaient beaucoup et disaient même qu'ils
n'avaient jamais eu un aussi bon professeur !
À son crédit, précisons que Frank W. Abagnale n'était pas
totalement malhonnête puisqu'il s'est reconverti dans la
détection des fraudes pour le FBI. Rien de mieux qu'un loup
devenu végétarien pour garder la bergerie !
73
Reste qu'on peut tirer une importante leçon de son

autobiographie : de tels imposteurs sont avant tout des
joueurs. Pour eux, la vie est un jeu. Un jeu risqué mais un
jeu.
C'est ce qui leur donne une telle audace dans le mensonge
et l'imposture. L'état de plaisir ou d'amusement associé au jeu
diminue considérablement les inhibitions et le stress lié à la
culpabilité qui génèrent un langage corporel suspect.
Un bon menteur sait rapidement "recadrer" les

situations
Quand vous êtes "forcé" de mentir, mettez-vous dans la
peau d'un joueur cosmique, comme on en voit par exemple
dans les romans de science-fiction de Van Vogt...
Notez que, dans la cosmogonie hindoue, l'univers est
décrit comme un leela, un grand jeu où Dieu joue à cache-
cache avec lui-même à travers toutes les créatures vivantes.
Alors si Dieu lui-même nous fait des cachettes...
Un joueur, c'est un acteur. Quand vous avez des raisons
sérieuses - c'est-à-dire vitales - de mentir, entrez dans la peau
d'un acteur qui joue une pièce de théâtre. L'état de
distanciation et de transe propre à l'acteur chassera le stress
associé à la culpabilité qui perturbe le langage corporel.
Pensez à (ou répétez-vous intérieurement) ce que dit
Shakespeare à travers un des personnages de sa comédie
Comme il vous plaira : "Le monde entier est une scène, les
hommes et les femmes n'y sont que des acteurs."
Par exemple, mettez-vous dans la peau d'un acteur qui joue
dans une pièce de théâtre policière ou dans un film du genre
"jeu du gendarme et du voleur". Mais arrangez-vous pour
avoir le bon rôle...
74
D'un point de vue moral, vous pouvez aussi voir cela

comme une forme d'entraînement pour devenir par exemple
un agent double pour un organisme gouvernemental : police,
répression des fraudes, agent double, etc.
Ou encore imaginez-vous dans un jeu vidéo. C'est une
façon d'être un "joueur". En espérant que vous ne verrez pas
trop vite l'indication "game over"...
Un bon menteur maîtrise parfaitement sa voix et sa

respiration
En éliminant tout stress et toute hésitation par rapport au
fait de mentir ou de jouer la comédie, il est déjà beaucoup
plus facile de le faire. Le corps fait des gestes plus naturels
quand le "stress moral" disparaît.
Mais il est important que la voix soit à la hauteur pour dire
certaines choses ! Lorsque la voix, le rythme cardiaque et
respiration sont synchrones, tous les meilleurs détecteurs de
mensonge n'y voient que du feu !
Voici comment vous entraîner à réaliser cet exploit :
1. Isolez-vous.
2. Faites quelques respirations profondes.
3. Visualisez ce que vous comptez présenter comme vision
de la "réalité" ou de la "vérité" à la personne concernée.
4. Ensuite, imaginez-vous regardant cette personne droit
dans les yeux.
5. Et dites-lui ce que vous comptez lui dire (c'est-à-dire
votre vision de la "réalité"), mais en utilisant des sons sans
signification improvisé (comme dans le jazz vocal). Tout en
continuant de respirer profondément, sentez ces sons
résonner en vous dans la poitrine et le ventre. Centrez votre
voix. Faites-la bien résonner.
75
6. Quand vous sentirez que vous arrivez à le dire d'un air

vraiment convaincu, dites les vrais mots que vous voulez
arriver à prononcer sans vous troubler, avec un parfait
aplomb.
Les hommes et les femmes ne mentent pas de la

même façon
Sans faire preuve de machisme excessif, il faut bien

l'avouer : les femmes mentent souvent mieux que les
hommes. Et ce sont d'ailleurs de bien meilleures
"détectrices de mensonges" que les hommes !
Faut-il s'en étonner ? En général, elles sont bien plus
souples, plus intuitives, plus pénétrantes, plus psychiques et
bien meilleures comédiennes que l'homme. À moins d'être
un acteur professionnel ou de s'envoyer du poivre de
cayenne dans les yeux, y-a-t-il beaucoup d'homme qui
peuvent pleurer sur commande de manière convaincante !
Bref, les hommes qui veulent apprendre à devenir de
bons menteurs ont sans doute tout intérêt à se mettre à
l'"école des femmes".
Et c'est avec tout le respect qu'on leur doit que nous
tenons ici de tels propos...
Petit exercice préliminaire pour vous amuser à mentir

Si vous voulez développer votre talent de menteur sur
commande, exercez-vous d'abord avec des petits mensonges
amusants.
76
Par exemple, amusez-vous à surprendre les gens avec des

nouvelles tout à fait absurdes que vous débiterez avec un
"poker face". Ensuite, allez-y avec des plus gros mensonges.
Le côté "amusement" permet de dédramatiser ce genre de
comédie.
5 règles pour mieux mentir

Contrairement au menteur ordinaire qui s'efforce de
masquer sa nervosité, un bon menteur est d'autant plus
redoutable qu'il n'affiche pas de signes subtils de son stress.
Le premier sait qu'il ment et il en ressent un malaise ou un
conflit intérieur qui le stresse. Le second parvient à oublier
qu'il ment grâce à un processus qui s'apparente à
l'autohypnose. N'étant pas "divisé", il n'est donc pas stressé et
ne montre pas les signes habituels du mensonge.
Résumons ce qu'il faut faire pour y parvenir :
1. "Recadrez" votre démarche stratégique. Très
important !
2. Respirez profondément. Centrez-vous dans votre ventre
avec la respiration abdominale. (Voyez ce qui est dit sur le
HARA) Même quand vous parlez, restez conscient de votre
respiration qui va et qui vient. Cela vous donne une
"fondation" intérieure solide. Il sera plus difficile de vous
déstabiliser si vous êtes bien "centré".
En toutes circonstances, la respiration profonde diminue le
stress et l'excitabilité du système nerveux.
3. N'essayez pas trop d'éviter - consciemment - les gestes
qui trahissent le mensonge. Le simple de TROP PENSER à
NE PAS montrer que vous mentez crée un stress - fut-il léger
- qui vous amènera inconsciemment à faire certains gestes
susceptibles de vous trahir.
77
4. Plutôt que de penser à ce qu'il ne faut pas faire ou dire,

visualisez intensément la "réalité" ou la "vérité" que vous
avez décidé de projeter. Comme un acteur professionnel.
5. Créez de temps en temps des manœuvres de diversion
comme les prestidigitateurs.
Il reste une question

Faut-il passer votre vie à vous demander toujours si les
autres mentent et à s'en méfier ? James Randi, déjà cité plus
haut, fait bien la part des choses :
"Personnellement, les 78 ans et plus que j'ai passé sur
cette planète ont généralement été très satisfaisants. Peut-
être ai-je eu de la chance, ou peut-être suis-je un peu naïf,
mais, dans les moments cruciaux (...), faire confiance aux
gens a créé plus de générosité que si je ne leur avais pas fais
confiance."
Il est bon de passer du temps à vous entraîner à jouer au
"détecteur de mensonges". C'est très utile en affaires. Et
parfois, cela peut même devenir une question de vie ou de
mort.
Mais si vos finances ou votre vie ne sont pas en danger, il
n'y a pas de raisons de vouloir à tout prix deviner les
intentions des autres. Sachez vous abandonner à ce que les
gens cherchent à projet sans trop vous interroger. C'est le
charme de la vie.
Et il faut aussi savoir "laisser une chance au coureur". Par
exemple, si vous employez un jeune ado lui ment quand il dit
qu'il a déjà fait tel job. Mais s'il a le cran de le faire, c'est qu'il
a des chances d'y arriver.
Nous avons tous eu la chance, un jour, qu'une personne
nous ait "donné notre chance" en faisant semblant de nous
croire...
78
CHAPITRE 6
COMMENT MIEUX MAÎTRISER
VOTRE PROPRE LANGAGE CORPOREL
POUR ATTEINDRE VOS OBJECTIFS
"Le monde entier est une scène, les hommes et les femmes
n'y sont que des acteurs. Chacun fait ses entrées, chacun fait
ses sorties et notre vie durant, nous jouons plusieurs rôles
dans une pièce en sept âges."
Shakespeare (Comme il vous plaira, acte II, scène 7)
"Sculpte sans cesse ta propre statue."

Plotin
Le langage non verbal peut jouer un rôle déterminant dans

votre réussite, au même titre que vos diplômes ou que votre
expérience. Un bon communicateur est toujours mieux perçu
et mieux apprécié. Et que ce soit, consciemment ou
instinctivement, il utilise toujours le plus possible les
ressources du langage corporel.
Voici donc divers conseils pour améliorer le vôtre.
Nous sommes tous des machines Enigma en puissance

Plus haut, il a été question d'Enigma, la machine à coder
des Allemands. Ce qu'il y a d'intéressant avec la machine
79
Enigma, c'est qu'elle permettait de modifier

systématiquement l'encryptage des messages à chaque
communication.
En tant qu'être humain, vous pouvez aussi vous arranger
vous devenir "illisible" sur le plan du langage non verbal - ou
du moins faire lire ce que vous voulez bien. C'est ce qu'on
pourrait appeler aussi "devenir insaisissable". Et c'est très
profitable dans certains contextes professionnels !
Pour y arriver, vous tiendrez compte, entre autres, de ce
qui a été dit dans le chapitre précédent sur les signes non
verbaux du mensonge. La technique de l'effet miroir décrite
ci-après est une autre très moyen de vous rendre
insaisissable, tel un caméléon. Et en plus, cette technique
peut décupler vos capacités de communicateur.
Pour influencer les autres : la magie de l'effet miroir

Vous l'avez certainement déjà observé. Quand de vieux
amis se retrouvent lors d'une soirée, ils font souvent des
gestes identiques ou adoptent des attitudes similaires.
Par exemple, si l'un deux se penche vers l'avant, l'autre en
fait autant. Et souvent, leur façon de parler se ressemble :
même débit vocal, mêmes intonations, etc. Les mêmes mots
ou les mêmes idées peuvent aussi surgir de manière
parfaitement synchrone.
Tel est l'effet miroir, qui s'installe naturellement avec le
temps entre des conjoints ou des amis.
Certains professionnels ont compris qu'il y avait moyen de
recréer artificiellement ce phénomène pour installer plus vite
un climat d'intimité et de confiance entre 2 personnes. C'est
qu'on fait notamment ceux qui ont conçu la Programmation
Neurolinguistique (PNL) - et en particulier à des fins
thérapeutiques. Avec cette stratégie de communication, les
praticiens en PNL peuvent accélérer beaucoup le processus
thérapeutique.
80
Mais ils n'imitent pas bêtement le comportement du

patient, comme pour le caricaturer. Ils pratiquent l'effet
miroir de manière subtile et indirecte.
Ces praticiens vont par exemple :
- se gratter l'oreille gauche pendant que leur client se gratte
l'oreille droite ;
- balancer leur pied droit si leur client balance le pied
gauche ;
- adopter un débit verbal plus ou moins similaire.
De même, vous pouvez "refléter" les manières, la façon de
parler ou les attitudes physiques des gens avec qui vous
parlez. Commencez par essayer les 3 stratégies décrites ci-
dessus. Puis, peu à peu, rajoutez d'autres éléments d'imitation
- et toujours de manière aussi discrète.
L'effet miroir peut s'utiliser de manière verbale ou non
verbale.
L'effet miroir verbal

Il s'agit de faire une forme d'imitation verbale discrète sans
pour autant caricaturer la personne. Pour ce faire, repérez
d'abord des mots ou des expressions qui reviennent souvent
dans sa bouche. Ensuite, vous les réutilisez et les "remixez"
quand vous parlez avec cette personne.
C'est donc une forme d'"écoute active" combinée avec une
forme d'"écho verbal".
2 autres avantages de l'effet miroir

L'effet miroir produit 2 autres effets positifs :
• Dans sa version verbale, l'effet miroir donne
81
l'impression à votre interlocuteur que vous l'écoutez et

que le comprenez vraiment. L'effet peut même s'avérer
quasi hypnotique. On parle d'ailleurs de mots-transe
pour qualifier ce vocabulaire emprunté à l'autre.
• En général, l'effet miroir vous permet de repérer
rapidement quels sont les patterns verbaux et gestuels
d'une personne. C'est qu'on appelle le calibrage.
Dès le contact initial, commencez à pratiquer une discrète

imitation gestuelle et/ou verbale.
Mais à mesure que la communication s'approfondira, vous
remarquerez éventuellement que l'effet miroir fonctionne de
plus en plus dans les 2 sens. C'est-à-dire que, mise en
confiance, la personne commence à "fusionner" avec vous et
qu'elle se met à vous imiter inconsciemment.
Soyez-en conscient. Car si votre but est de saisir ce que
pense ou sent réellement une personne, c'est plutôt au début
de l'utilisation de l'effet miroir que vous aurez les
informations les plus claires.
Les bonnes positions de base

Règle générale : sauf exception (comme pour marquer
votre franche indignation), adoptez des positions ouvertes.
En agissant ainsi, vous ne pouvez pas vous tromper.
Voici néanmoins quelques précisions.
La bonne façon de croiser les bras

En général, il vaut mieux ne vous croiser les bras. Cela
peut créer une impression de fermeture ou de distance.
En tous cas, si vous les croisez, il ne faut surtout pas le
faire en cachant les mains sous les bras. Ni le faire en serrant
les poings.
82
Nettement plus positive est le croisement de bras où les

mains restent visibles avec le pouce en l'air. C'est une attitude
de dominant. Mais il faut l'utiliser à bon escient.
La bonne façon de vous servir de vos mains

• Apprenez à détendre les mains et les doigts tout en
parlant. Sentez la chaleur qui l'habite. Ainsi, vous vous
servirez de votre main de manière plus naturel, comme
de véritables prolongement de vous-même. Pas comme
des pinces ou un autre outil...
• Ces messieurs éviteront la position "cache-sexe" avec

les mains que bien des hommes font en se croisant les
bras devant eux. Pour l'homme, toute position qui
"expose" ses organes génitaux est avantageuse. Les
cacher reflète par contre une gêne ou un manque de
confiance en soi.
La bonne façon de placer les jambes en position assise

Lorsqu'un chien a honte ou se sent coupable, il se met la
queue entre les pattes de derrière. La raison : pour un chien,
l'odeur de son anus est comme sa carte de visite. (C'est
d'ailleurs pour cela que les chiens, peu importe le sexe, se
sentent le derrière quand ils se rencontrent.)
Mais s'il la cache, c'est qu'il a peur.
Quand un homme se croise les jambes en comprimant ses
organes génitaux, c'est un peu la même chose qui se passe sur
le plan énergétique.
Si, pour des raisons d'inconfort, vous ressentez le besoin
de croiser les jambes, faites-le en adoptant la "posture du 4".
Autrement dit, soyez détendu, ne serrez pas les jambes l'une
contre l'autre.
83
Cela dit, l'idéal est d'avoir les 2 pieds bien "enraciné". Il

s'en dégagera une impression de solidité.
Résistez aux démangeaisons et maîtrisez les mini-

mouvements
Les oiseaux ou les mammifères se grattent notamment
parce que des puces ou autres bestioles agressent leur peau.
Mais en état de stress, ils se grattent frénétiquement.
L'être humain ne fait pas exception quand il est stressé. Et
cela peut facilement paraître... Si vous avez l'air trop stressé
lors d'une négociation ou d'un entretien d'embauche, cela
vous nuira.
Toute démangeaison peut même devenir potentiellement
suspecte dans certaines circonstances. (Comme par exemple
si l'on vous "chauffe les fesses" d'un peu trop près, que ce
soit justifié ou non : discussion, négociation, enquête, ennuis
divers, etc.
Mieux devenir capable de résister victorieusement à toute
démangeaison. Appliquez la règle du "0 démangeaison". Et
vous ne vous tromperez pas !
Et c'est le même principe pour les mini-mouvements
associés au stress. Moins vous bougez, le mieux c'est.
Quelques bons trucs pour avoir l'air plus grand

Si vous avez déjà visité Rome, vous avez peut-être vu le
balcon sur lequel Mussolini faisait généralement ses
discours ? Situé sur la Piazza Venezia, ce balcon est
étonnamment petit.
Et ce n'est pas pour rien ! Mussolini l'avait fait construire
exprès de cette taille afin de paraître plus imposant lorsqu'il
prononçait des discours.
84
Que ce soit chez l'être humain ou l'animal, la taille fait

effectivement partie intégrante du langage corporel dans les
situations de pouvoir.
Du côté de l'animal, les exemples ne manquent pas : le

gorille qui bombe le torse et se tient debout, le chat qui
hérisse ses poils, le dindon qui dresse ses plumes, etc.
Quant à l'être humain, il ne marche plus sur 4 pattes. Il ne
peut donc faire comme le gorille ou l'ours qui se dresse sur
ses 2 pattes arrière pour se grandir et en imposer à son
adversaire.
Mais il y a d'autres solutions bien connues. Par exemple,
une petite femme peut facilement porter des chaussures à
(très) haut talon pour s'allonger les jambes ou adopter une
coiffure qui lui ajoute quelques centimètres. De même,
l'homme peut mettre des chaussures à semelle compensée et
coiffer ses cheveux en l'air. Mais il faut que ce soit fait avec
un minimum de discrétion sous peine d'avoir l'air ridicule de
Kim Jong-il, l'actuel président de la Corée du nord.
Il existe aussi d'autres stratégies moins connues qui
peuvent convenir a tant à l'homme qu'à la femme qui doit "se
battre" dans un monde d'hommes :
• Faites asseoir votre interlocuteur à l'autre bout de la
table ou à une certaine distance de vous. Cela semblera
très naturel.
• Trouvez une bonne raison pour rester debout pendant
que la personne plus grande est assise.
• Si c'est vous qui êtes assis et qu'un plus grand vous
défie, levez-vous et allez près d'une fenêtre. Regardez
au loin pendant que vous poursuivez la discussion.
• Si vous avez des sièges de différentes hauteurs, faites
asseoir les plus grands sur les plus petits. Et choisissez
le siège le plus élevé. Mais il ne faudrait quand même
pas qu'il ressemble à un trône. Le ridicule tue plus
qu'une taille moindre !
85
Comment vous défendre avec le regard

Le regard est un outil de pouvoir, une arme. Référez-vous
au chapitre 4, notamment aux conseils donnés dans la section
"Quelques conseils de base pour bien regarder dans les
yeux".
Voici 2 autres précisions :
En fixant le point entre les 2 yeux, un peu plus haut que la
lignes des sourcils (là où les hindous situent le 3e oeil), vous
êtes sûr d'intimider la personne qui vous fait
Pour des situations de confrontation, fixez fermement les
gens sans cligner des yeux. En même temps, resserrez un
peu les paupières. (C'est ce que font les prédateurs quand ils
s'élancent vers une proie.)
Évaluez le niveau de "centration" ou d'agitation de

votre interlocuteur
C'est très important quand il s'agit d'une situation
professionnelle risquée où le moindre faux pas peut vous
coûter cher : négociations, etc.
Au début de la confrontation, évaluez si la personne est
"centrée" ou agitée. Une personne peut avoir généralement
très confiance en elle, mais si elle est décentrée pour une
raison ou une autre, son énergie est instable. Il vous sera plus
facile d'avoir avantage sur elle.
Mais si la personne semble très centrée, soyez prêt à
défendre chèrement votre peau ! Recentrez-vous avec la
pratique de la respiration profonde ainsi qu'avec une posture
aussi détendue que possible. Gardez notamment les mains
"ouvertes" sur vos jambes ou sur les accoudoirs de votre
siège. Faites l'effort de prendre conscience des doigts et de
les détendre. Quand les mains sont détendues, cela agit sur
tout le système nerveux.
86
N.B. : Il est plus difficile d'évaluer la déstabilisation d'un

adversaire si celui-ci un bon self-control. Dans ce cas, c'est
plutôt dans les mini-mouvements du visage que son stress se
trahira : clignement des yeux, tressautement d'un muscle du
visage, tic facial, etc.
Comment améliorer votre voix

Comme nous l'avons vu au chapitre 3, la voix fait
intrinsèquement partie du langage non verbal même si elle
est le véhicule de la parole. Elle joue un rôle déterminant
quand il s'agit d'asseoir votre leadership ou vous imposer
dans un nouveau milieu.
Qu'importe si une personne dit les choses les plus
intelligentes qui soient. Si sa voix la dessert (haut perchée,
mal posée, ridicule, etc.), elle aura bien plus de difficulté à se
faire respecter.
L'un des 2 auteurs a déjà eu un patron qui avait tendance à
bégayer. Étant donné que cela nuisait à son image de leader,
il compensait cette faiblesse par des comportements
autoritaires plutôt désagréables qui, en définitive, nuisaient
aussi à son leadership. C'était un cercle vicieux...
À l'inverse, en jouant un rôle quasi hypnotique, une bonne
voix peut détourner l'attention d'autres aspects du langage
non verbal qui vous nuisent.
Voici donc quelques conseils pour améliorer votre voix et
utiliser tout son potentiel :
• Pour améliorer votre voix, il faut la connaître. Pour cela

:
- Pratiquez l'auto-observation dans la vie courante.
- Servez-vous de votre index et appuyez l'index gauche
dans l'oreille gauche. Dites quelque chose et vous
entendrez votre véritable voix.
- Enregistrez-vous avec un magnétophone.
87
- Ou servez-vous de votre cellulaire pour laisser de longs

messages sur votre téléphone fixe. D'un point de vue
professionnel, il est essentiel d'apprendre à laisser des
messages efficaces.
• Pour un homme, il est préférable d'avoir une voix

plutôt grave. Mais le plus important reste que la voix
soit chaleureuse, vibrante et riche en harmoniques -
tout comme pour une femme d'ailleurs.
• Rappelons - si cela est bien nécessaire - qu'il est

essentiel de maîtriser le bégaiement ! Heureusement,
comme le montre notamment l'exemple célèbre de
Démosthène, un grand orateur de l'antiquité grecque, il
y a moyen de se débarrasser de ce problème si l'on fait
les démarches nécessaires. Démosthène y était parvenu
en s'exerçant au bord de l'océan avec des cailloux
placés dans sa bouche.
• Un débit de voix assez lent est préférable. Ceux qui ont

une voix très rapide aurait intérêt à ralentir un peu et à
développer une voix plus posée ou plus "centrée". Mais
à défaut de ralentir, il faut au moins s'assurer d'articuler
suffisamment pour que le commun des mortels nous
comprennent.
• Avec la lecture à voix haute, apprenez à bien placer

votre voix. Quand elle sera bien placée, chaque mot
que vous prononcerez atteindra sa cible.
• Cultivez le potentiel d'originalité de votre timbre de

voix. Laissez-vous plus aller. N'imitez personne.
• En parlant, restez conscient de votre voix et de votre

respiration.
88
Augmentez votre niveau d'énergie avant un moment

important
Vous devez rencontrer un employeur pour un nouvel
emploi ? Vous devez négocier quelque chose d'important
avec un concurrent, un associé ou votre patron ? Vous devez
faire un speech ou une présentation devant des collègues, des
clients, etc. ?
Ce ne sont pas des situations banales. Pour atteindre votre
objectif, il s'agira d'abord de bien vous préparer
intellectuellement et psychologiquement.
Mais il faudra aussi que votre langage corporel soit à la
hauteur. Pour cela, il s'agira d'avoir un corps détendu et de
faire des gestes puissants qui renforceront le plus
efficacement possible vos paroles.
C'est d'abord avec notre énergie physique que nous
occupons l'espace lors d'une rencontre professionnelle. Et la
meilleure façon d'y parvenir, c'est d'avoir un niveau d'énergie
physique supérieur à la moyenne !
Malheureusement, quand nous sommes "trop dans la tête"
(autrement dit quand "nous pensons trop"), nous avons moins
d'énergie physique. Tout se passe comme si nous
désinvestissions alors la partie inférieure de notre corps :
c'est-à-dire le ventre et les jambes.
Autrement dit, nous sommes comme un arbre à moitié
déraciné, et donc privé d'une partie importante des nutriments
vitaux qui viennent de la terre-mère.
À cet égard, il y a moyen de faire un parallèle avec les arts
martiaux. Ceux qui les connaissent un tant soit peu savent
l'importance du HARA, c'est-à-dire le centre de l'énergie
vitale qui est situé sous le nombril. Lors d'un combat, il est
extrêmement important d'être bien centré dans le hara pour
avoir un maximum de puissance et de stabilité - que ce soit
sur le plan physique ou psychique. Il faut aussi se camper
89
solidement sur ses jambes, comme un vieil arbre solide aux

racines profondes.
Ainsi, on se sent plus détendu et l'on peut réagir plus vite
et plus efficacement.
Même si le type de rencontres dont il est question ici
relève plus du combat mental, vous aurez bien plus de
chances d'atteindre vos objectifs si vous appliquez la même
stratégie de base que pour un combat physique.
Pensez par exemple au langage corporel de Vladimir
Poutine, qui est ceinture noire en judo (comme beaucoup
d'anciens membres du KGB). Souvenez-vous en particulier
de sa façon de marcher. Avez-vous noté sa précision, sa
souplesse féline et son économie de mouvements ?
Comparez cela à la gestuelle maladroite et "décentrée" de
Georges W. Bush...
Voici donc quelques bons trucs pour augmenter votre
niveau d'énergie physique ainsi que votre "centration" dans le
bas du corps sans avoir à pratiquer un art martial :
==> Peu avant la rencontre, faites un exercice vraiment

vigoureux comme le jogging. (Et bien entendu, prenez
ensuite une douche sinon la personne pensera qu'elle vous
fait "suer" de stress...) Nicolas Sarkosy ne me contredirait
pas...
==> Tout juste avant la rencontre professionnelle, prenez

aussi quelques minutes pour marcher. Détachez-vous de vos
pensées et centrez-vous physiquement. Très important,
concentrez-vous sur l'énergie physique des pieds et des
jambes. Amplifiez votre sensation de stabilité en marchant.
Pour cela, vous pouvez imaginer qu'un fil doré venant du
Ciel vous traverse de haut en bas et vous relie aux
90
profondeurs de la Terre. L'union du Ciel et de la Terre est la

suprême harmonie. (C'est une pratique classique en Taï Chi.)
==> La voix fait partie intégrante du langage corporel.

Pour rester dans l'exemple des arts martiaux, c'est à travers
elle que vous ferez passer toute la force de votre CHI.
Rappelons que le CHI est cette énergie vitale, à la fois
physique et psychique, qui peut s'exprimer par le mouvement
ou la voix (cf chapitre 3). Sa libre expression confère une
vraie puissance à la voix. Et ce, sans même devoir élever le
ton ou crier !
Profitez des minutes que vous passerez dans la voiture
pour libérer votre voix - et votre CHI. Chantez, poussez des
cris pour évacuer les tensions, amusez-vous à faire des sons
sans signification et à les moduler spontanément, etc. C'est
très libérateur et relaxant.
==> S'il vous faut attendre quelques minutes assis,

profitez-en pour pratiquer encore la respiration profonde.
Cela vous permettra de garder le contact avec votre hara et
votre énergie vitale. Évitez de trop penser à ce qui va se
passer ou à ce que vous direz. Restez dans l'instant présent.
De façon générale, un corps unifié et bien centré fait des
mouvements plus harmonieux et plus puissants. Votre
langage corporel parlera plus en votre faveur...
Même si, physiquement, vous êtes moins imposant que
d'autres, vous pouvez intensifier votre "présence" face à vos
"adversaires" en appliquant ces moyens bien simples.
Souriez de la bonne façon

• Un sourire gêné ou coincé est certainement
désavantageux en affaires. Il faut aussi éviter les
sourires de "yes-man", c'est-à-dire de gens qui sentent
91
trop obligés de plaire. Dans un contexte professionnel,

il vaut mieux se montrer "couillus", quitte à ne pas
réagir.
• Si vous souriez, faites au moins un sourire

convaincant ! Un vrai sourire implique à la fois le bas
du visage et le pourtour des yeux. Mais souvent les
gens font un faux sourire avec le bas du visage. Pour ne
pas vous tromper, commencez à sourire avec le haut et
le reste suivra naturellement.
• Attention aux sourires de menteur ! Rappelons qu'un

vrai sourire est symétrique et que les menteurs ont
plutôt tendance à sourire du côté gauche de la bouche.
Adaptez-vous au contexte culturel

Voilà quelques années, le premier canadien d'alors, Jean
Chrétien était de passage au Japon. Participant à une
cérémonie du thé, il s'est servi des baguettes mises à sa
disposition pour s'amuser à faire semblant de se raser avec
celles-ci. Cette blague aurait sans doute pu faire rire un
Américain comme Georges W. Bush... Mais pour les
Japonais, c'était un manque flagrant de savoir-vivre et de
goût.
Par contre, certaines maladresses cultures peuvent avoir
des conséquences plus graves ! Si à la suite d'une panne,
vous êtes obligé de faire de l'auto-stop en Grèce, il ne faut
surtout pas faire le signe habituel de l'auto-stoppeur avec le
pouce levé. Là-bas, il signifie là-bas "Va te faire f...".
Autre exemple à risque. Pour un Nord-Américain, le signe
du zéro formé avec le pouce et l'index (les autres doigts
restant en l'air) signifie OK. Il peut même avoir une
connotation positive comme "délicieux", par exemple, pour
commenter un plat. C'est donc une approbation sans réserve.
92
En France ou en Belgique, un tel signe signifie "zéro" ou

"nul". Si vous êtes un Nord-Américain qui veut s'attirer les
bonnes grâces d'une française ou d'une Belge qui vous a
concocté un bon petit plat, vous ferez attention.
Mais une fois qu'on le sait...
Il faut aussi tenir compte des contradictions d'un pays à

l'autre. En Bulgarie, un hochement de la tête signifie "non".
Par contre, au Japon, il ne signifie pas "oui" (comme chez
nous), mais seulement "je vous écoute". C'est une façon
d'encourager poliment un interlocuteur à poursuivre ses
explications.
L'importance de s'informer sérieusement : l'exemple

des Japonais
Généralement très réservés, comme on sait, les Japonais
ont des codes verbaux et gestuels qui diffèrent radicalement
de ceux des Occidentaux. (Notez que 90 % des Japonais
disent être timide gêné ou l'avoir été !)
Dans une interview récente, l'écrivaine belge Amélie
Nothomb, qui est née et a été élevée au Japon, rapportait qu'il
lui arrive de réagir en Japonaise quand elle entend des gens
discuter vigoureusement de politique comme cela se pratique
couramment en France. Selon ses propres termes, elle aurait
plutôt à se cacher sous la table dans ce temps-là.
Chez les Japonais, on cherche plutôt à minimiser les
différences d'opinion dans la conversation courante. La
confrontation verbale, même plus ou moins ludique (comme
c'est le cas pour un sujet "léger" tel que la politique), passe
pour très grossière.
Avant tout, il ne faut surtout pas faire perdre la face à
l'interlocuteur. Et diverses conventions verbales ou non
verbales permettent d'éviter une telle situation.
93
La gestuelle qui accompagne les paroles doit donc être très

modérée pour ne manifester aucune forme d'agressivité. Pas
de doigt pointé, de grands gestes emphatiques, etc. Bref, pas
d'extraversion outrancière.
De même, lors d'une première rencontre, la ferme poignée
de main à l'Occidentale doit être remplacée par un salut
effectué en inclinant le haut du corps. Et plus le statut de
l'interlocuteur est important, plus on se penche.
En fait, les contacts physiques paraissent généralement
impolis aux yeux des Japonais. Les embrassades ou les
simples baisers sur les joues sont donc aussi à éviter.
Les gens d'affaires qui travaillent avec des personnes très
étrangères à leur culture ont tout intérêt à adapter leur
discours et leur gestuelle en conséquence. Et il s'agira aussi
d'apprendre à mieux lire leur langage corporel pour ne pas
interpréter de travers une apparente froideur.
Il existe plusieurs livres qui traitent de la manière de faire
des affaires dans de tels pays.
Comment mieux utiliser votre langage corporel lors

d'une situation de conflit avec une personne de l'autre
sexe
Dans le chapitre suivant, vous verrez comment décoder le
langage des personnes que vous voulez séduire. Ici, nous
nous intéresserons aux situations de "négociation" dans le
couple déjà formé.
Comme des gens sages l'ont bien observé, la meilleure
façon de conclure une dispute de couple n'est pas de clouer le
bec à l'autre avec une phrase assassine. Tôt ou tard, l'autre
cherchera à se venger.
L'idéal est la négociation de type win-win (gagnant-
gagnant) où chacun a le sentiment d'être vraiment écouté et
de gagner quelque chose.
94
Cependant, vous avez intérêt à rester conscient que vous

êtes dans une situation de combat psychique et qu'il faut
parer à toute attaque possible. Pour cela, vous devrez
maîtriserez votre langage corporel et bien observer celui de
votre partenaire pour savoir où il/elle en "est".
Voici quelques suggestions :
==> Utilisez subtilement la magie de l'effet miroir au

niveau du langage non verbal. Dans plusieurs cas, elle peut
s'avérer très utile pour neutraliser la négativité.
==> Adoptez des postures d'ouverture dans votre corps.
==> Essayez de percevoir l'émotion réelle de l'autre :

colère, tristesse, frustration, etc. Observez bien le langage
non verbal de votre partenaire. Cela vous permettra de saisir
quelle est la cause réelle de l'agression verbale : bien des
sursauts d'agressivité ne sont pas nécessairement dirigé
contre le partenaire, toutes ces pensées ou émotions refoulées
se manifestent physiquement.
==> Adoptez des postures d'ouvertures : ne croisez pas les

jambes ou les bras en position fermée, ouvrez les mains, etc.
==> Pour les hommes :

- Évitez toute geste d'impatience pseudo autoritaire, en
particulier les gestes ou les intonations qui évoquent une
régression vers le "gamin" capricieux.
95
- Ne tendez pas non plus le doigt d'une main comme pour

dire "toi là..." Chez bien des femmes, les attitudes
paternalistes sont totalement contreproductives.
- N'argumentez pas face aux accusations et aux reproches.
Moins vous essayerez de "prouver" que vous faites de votre
mieux, le plus vite vous mettrez fin à cette absurde dispute.
Comme il a été dit plus haut, il faut savoir quelle est la vraie
émotion qui se cache derrière les accusations et les reproches.
Il y a de bonnes chances qu'elle n'ait pas beaucoup de rapport
avec ce qu'on vous reproche.
==> Pour les femmes :

- Il va sans dire qu'il faut éviter un langage non verbal qui
met de l'huile sur le feu. Toute posture de défi (comme les
regards très ironiques) amplifie le conflit, à moins d'avoir
affaire à un mou ou un masochiste.
- Les arguments du type culpabilisant ne font
qu'envenimer ou compliquer les choses. Mieux vaut
expliquer ce que vous ressentez vraiment en réduisant l'usage
du mot "tu...".
Comment réagir dans les situations d'agression

physique
Avez-vous déjà été menacé physiquement dans un lieu
public ? Personne n'est à l'abri de ce genre d'agression, même
si l'on est prudent - ou à moins peut-être de ressembler à une
armoire à glace...
D'une façon ou d'une autre, il faut faire quelque chose.
Mais quoi ?
Si vous êtes ceinture noire dans un art martial ou même
"armé" d'une cannette de poivre de cayenne, vous pouvez
bien entendu tenter de neutraliser physiquement votre
adversaire.
96
Mais si vous êtes totalement vulnérable d'un point de vue

physique, il vous reste la possibilité d'utiliser votre force
psychique et votre connaissance du langage non verbal. En
appliquant les 4 stratégies suivantes, vous avez de bonnes
chances de tirer votre épingle du jeu.
==> 1. Avant tout, ne montrez surtout pas de signes de
panique. Cela peut sembler facile à dire, mais c'est très
important. Si vous "craquez" et montrez de la peur, vous
jouez le jeu de votre agresseur.
La plupart de ceux qui menacent physiquement un
inconnu prennent plaisir à voir la peur et le désarroi chez leur
victime. D'abord, parce que cela les rassure sur eux-mêmes :
ils ont besoin de sentir en contrôle de la situation. Par
ailleurs, certains éprouvent une joie cruelle à terroriser les
plus faibles qu'eux.
Ne leur donnez pas ce plaisir. En restant calme, vous
déstabiliserez le sinistre individu. Et vous gagnez déjà un peu
de temps. (Cela peut suffire à donner le temps à quelqu'un
pour venir prêter main forte, ou à des témoins gênants de
passer par là.)
Pour y arriver, commencez par respirer TRÈS
profondément. En même temps, essayez de décrisper les
épaules, les bras et les mains.
Ensuite, adoptez le bon langage corporel :
- Campez-vous bien sur les jambes.
- Tenez-vous droit, les épaules dégagées, l'air sûr de vous
mais sans arrogance.
(Précision : il n'est pas mauvais non plus d'invoquer votre
ange gardien si vous entretenez un bon contact avec celui-
ci... Cela peut inspirer du calme !)
==> 2. Essayez au maximum de pas faire paniquer

l'agresseur. Le conseil peut sembler curieux (pas facile
97
d'oublier sa propre panique !), mais il faut effectivement

maintenir le niveau de tension, le plus bas possible pour
éviter le pire. Toute perte de contrôle de la part de l'agresseur
peut s'avérer très dangereuse.
En d'autres termes :
- N'utilisez pas des mots qui risquent de mettre de l'huile
sur le feu : pas de propos arrogant, pas de défi, pas de morale.
- Ne faites aucun geste menaçant ou culpabilisant : pointer

l'autre avec le doigt, etc.
- Si vous faites des gestes avec les bras ou les mains,

faites-les lentement, sans aucune brusquerie.
- Privilégiez des "gestes ouverts" : paume ouverte, etc.
- Ne résistez pas trop physiquement si l'autre vous pousse

ou vous malmène. Gardez votre équilibre avec souplesse. (Le
principe de non-résistance joue un rôle clé dans la pratique
du judo et de l'ai-ki-do.) Si l'autre a l'impression qu'il
"défonce des portes ouvertes", il se calmera ou appliquera
moins de force.
==> 3. Maintenez un contact oculaire, mais sans trop

insister. Il ne faut pas que cela dénote de l'arrogance ou une
forme de défi. Montrez seulement que vous êtes solide,
déterminé et calme.
Par ce contact oculaire, ou durant une pause, surveillez
aussi le langage non verbal du visage de l'agresseur.
Continuez de respirer pour vous détendre et vous centrer
98
physiquement dans la région de l'abdomen. (Voyez ce qui est

dit sur le Hara.)
==> 4. Parlez, parlez, parlez. Et de n'importe quoi s'il le

faut ! Vous gagnerez encore du temps. Ce faisant, la
détermination de l'agresseur ira normalement en diminuant.
En appliquant ces 4 stratégies relativement assez simples,

vous avez de très bonnes chances de vous épargner bien des
ennuis !
César a déjà dit : "Si vis pacem, para bellum". Autrement
dit : "Si tu veux la paix, prépare la guerre." Pour vous
entraîner à une éventualité, prenez quelques instants pour
visualiser une telle situation. Imaginez-vous réagissant de la
bonne façon.
99
CHAPITRE 7
COMMENT MIEUX UTILISER
ET DÉCODER LE NON-VERBAL
POUR SÉDUIRE
"Ne courez jamais après une femme ou un taxi. Il en

passera d'autres."
Paul Reboux (Le Nouveau Savoir-Aimer)
Même si cela risque de sembler peu galant pour certaines

de nos lectrices, nous aborderons surtout les techniques de
séduction du point de vue masculin. Mais c'est pour leur plus
grand bien ! Étant donné qu'on attend généralement des
hommes qu'ils fassent les premiers pas, il est normal, après
tout, qu'on les conseille en premier. À tout seigneur tout
honneur !
En plus, le cerveau n'est pas forcément bien équipé pour
capter les signaux d'intérêt de la femme ! (Voyez plus haut.)
Cela étant précisé, si les dames veulent draguer
activement, elles peuvent grosso modo appliquer les mêmes
principes de base, tout en leur donnant une touche féminine
bien à elles. De plus, il est bon qu'elles connaissent "de
l'intérieur" les stratégies non verbales de ceux qui tentent de
les draguer. Il leur sera bien plus facile de décoder leur
"parade amoureuse"... et d'en faire ce qu'elles veulent bien.
En procédant ainsi, nous faisons donc d'une pierre deux
coups.
100
COMMENT DÉCRYPTER LES SIGNAUX

D'INTÉRÊT DE LA FEMME
Si vous allez dans un lieu de drague pour trouver une fille,
vous serez vite confronté à une question du genre : "Il me
semble que cette fille s'intéresse à moi. Mais je me fais peut-
être des illusions ?"
Sans, une fois de plus, énumérer des listes interminables
de signes à mémoriser, nous irons droit au cœur du sujet.
Voici, dans les grandes lignes, ce qu'il faut savoir pour mieux
décrypter les signaux émis par les femmes et qui peuvent
nous laisser penser qu'elles s'intéressent à nous.
Les signes d'intérêt de la femme sont souvent plus

"subtils" ou plus "ambigus"
Les femmes possèdent un langage non verbal bien plus
varié et expressif. En comparaison, les hommes n'ont
qu'environ le 1/3 de leur éventail d'expressions faciales.
Cependant, même si elles sont plus expressives que les
hommes, les femmes ont un langage corporel naturellement
plus subtil et ambigu.
Pour signaler son intérêt à un homme situé, par exemple, à
l'autre bout d'une pièce, une femme se contentera de faire
ceci : elle croisera son regard, fixera l'homme durant 2 ou 3
secondes puis détournera les yeux. Pour elle, le message
d'intérêt est assez clair. Mais en réalité, c'est insuffisant pour
que l'homme le comprenne bien.
C'est ce que montre une expérience de la psychologue
Monica Moore, de l'Université Webster à Saint-Louis. Celle-
ci a pu observer que le cerveau de l'homme n'est fait pour
capter ce 1er signal. Il faudra que la femme le répète
plusieurs fois pour qu'un homme saisisse son message.
Et le nombre de fois nécessaire peut varier selon le type
d'hommes :
101
- 3 fois pour un homme moyennement libéré ;

- 4 fois pour un homme qui a plus de difficulté à se
détendre ;
- 5 fois ou plus dans le cas d'un homme plus "innocent".
Par la suite, quand elle constatera que son signal a été
capté, elle confirmera à l'homme visé qu'il s'agit bien de lui
en haussant brièvement ses sourcils. (Le haussement de
sourcils correspond à un agrandissement des yeux.)
Précisons cependant que l'intensité des signaux émis par
une femme peut varier selon qu'elle est moyennement ou très
belle. Sûre de l'effet qu'elle produise, les très belles femmes
réduisent leur parade amoureuse ou sexuelle au minimum.
Au tout début, elles envoient quelques brefs et subtils
signes d'intérêt. Peut-être continueront-elles d'émettre des
signaux mais ils se feront de plus en plus rares et subtils.
Observez donc l'ensemble du corps d'une femme de haut
en bas pour avoir une meilleure idée de ce qu'il vous dit.
N.B. : Que les femmes qui lisent cet ouvrage aient pitié de
ces pauvres hommes dont le cerveau est si mal équipés pour
les comprendre !
Toute posture ou tout geste d'ouverture est

généralement un signe positif
C'est le cas par exemple de ces 5 signes :
- Elle hausse les sourcils, ce qui correspond à un
agrandissement de l'oeil.
- Sa pupille se dilate.
- Elle présente le pied légèrement tourné en présentant la
maléole du pied face à l'homme.
- La femme, qui est à la même table, en vis en vis, ne crée
pas de barrière avec un verre, une cigarette, etc.
102
- Si l'ensemble ou une partie (tête, bras ou jambes) du

corps est tourné vers un homme situé plus loin dans la pièce,
il est dans sa "ligne de mire". La direction du corps peut aussi
indiquer une forme d'ouverture.
À l'inverse, les signes de fermeture (bras ou jambes
croisés, etc.) indique généralement que vous n'avez aucune
chance ou que vous avez encore pas mal de chemin à faire.
Certains signes apparents de fermeture peuvent néanmoins
s'avérer positifs. C'est le cas par exemple si elle se tient très
droite, un peu tendue, comme très alerte.
3 comportements d'ouverture très encourageants
Agissez au plus vite si une femme fait ceci :

- Elle imite vos attitudes corporelles et vos gestes. C'est
le fameux "effet miroir".
- Elle vous heurte ou vous touche par hasard ou par
mégarde.
- Elle apparaît souvent là où vous êtes.
Autres conseils pour interpréter les signes d'intérêt

Comme pour les autres situations, remettez-les toujours les
signes d'intérêt dans leur contexte global.
Gardez à l'esprit que, dans les situations de séduction, les
choses évoluent très rapidement. L'intérêt d'une femme peut
varier d'intensité en fonction de tout ce qui se passe autour.
Certains signaux sont contradictoires quand la femme est
indécise ou trop peu sûre d'elle. Il faut alors agir vite pour
103
donner une direction plus claire à ses pensées grâce à une

parole, un geste ou un mouvement.
LES 5 MEILLEURES STRATEGIES NON-

VERBALES
POUR MIEUX DRAGUER
Nous examinerons maintenant les principales techniques

d'approche et de contact non verbales.
1. Attirez avant de séduire

L'école américaine de drague (Mystery, David De Angelo,
etc.) insiste sur une idée très simple : avant d'essayer de
parler à une fille puis d'essayer de la mettre à l'aise et de la
séduire pour la convaincre d'aller au lit avec vous, il faut
créer une ATTIRANCE.
L'attirance positive est un phénomène automatique,
déclenché par des mécanismes inconscients dont certains
remontent à nos plus lointains ancêtres tandis que d'autres
sont conditionnés par diverses influences culturelles.
Et bonne nouvelle, ce phénomène d'attirance ne dépend
pas forcément du fait que vous soyez plus beau, mieux
habillé ou plus riche que les autres. Au-delà de ces facteurs, il
y en a plusieurs autres qui jouent un rôle tout aussi important
- sinon plus - et que vous pouvez contrôler ou influencer.
En fait, l'attirance dépend avant tout de notre ATTITUDE.
Résumons-la ainsi : avant de faire une approche directe,
montrez - et même démontrez - que vous avez un statut
supérieur dans la "meute", que vous êtes un mâle alpha, c'est-
à-dire un dominant ou un battant. Et cette supériorité est
surtout liée à l'énergie et à la vitalité que vous dégagez et que
vous communiquez par votre langage corporel.
104
Plus que vos diplômes et votre compte en banque, c'est

davantage la confiance en vous et le dynamisme que vous
projetez qui vous rend sexy et attirant.
Que soit sur le plan conscient ou subconscient, les femmes
sont très sensibles à tout ce que les hommes affichent par
leurs attitudes, leurs gestes et leurs interactions avec les
autres.
Grosso modo, votre travail de base consiste d'abord à
établir votre statut supérieur (ou votre valeur supérieure) à
ses yeux avant même de lui parler ou de l'approcher.
Ce principe fonctionne parfaitement dans tous les
contextes : café, restaurant, boîte, fête populaire ou party
privé.
Quelques suggestions pour créer l'attirance à distance

==> Établissez le plus de contacts possibles avec d'autres
personnes, hommes ou femmes, de tout âge.
==> Arrangez-vous pour avoir l'air le plus "vivant"

possible. Sans forcément jouer au boute-en-train, ayez l'air de
vous amuser. Riez ou souriez souvent.
==> Très important : ne restez tout seul dans votre coin à

jouer au "mystérieux chevalier" qui jette des regards furtifs
sur les filles, d'un air sombre ou fermé. Cela risque surtout
d'inquiéter et de donner l'impression que vous êtes un rapace
guettant une proie sur une branche d'arbre.
N'oubliez jamais ce principe très simple : une femme sera
plus attirée par un homme qui attire les gens. Si vous n'attirez
personne, c'est que vous n'êtes pas attirant...
105
==> Si vous arrivez dans un nouvel endroit (ou que vous

fréquentez peu), comportez-vous comme un habitué. Donnez
l'impression que vous vous sentez en terrain connu, que vous
êtes en confiance.
À défaut de connaître quelqu'un, commencez par discuter
avec le barman ou la serveuse. Une interaction en attire une
autre ! Et quand vous serez un peu réchauffé, vous établirez
plus facilement d'autres contacts, qu'il s'agisse d'hommes ou
de femmes.
L'important est d'afficher le langage corporel d'un homme
dynamique et sociable.
==> Si vous êtes avec un groupe de gens ou si vous

connaissez certaines personnes, positionnez-vous comme un
mâle alpha, c'est-à-dire dominant. Faites preuve de
leadership, d'autorité dans les discussions.
Faites des gestes amples et montrez que vous n'avez pas
peur de prendre votre place. Ne parlez ni trop bas ni trop
discrètement. Faites-vous entendre haut et fort pour appeler
le barman ou la serveuse.
==> Ne passez pas votre temps à jeter fréquemment des

regards furtifs vers certaines femmes sans oser maintenir le
contact oculaire ne fût-ce qu'un petit peu. Voyez plus loin la
section "Maîtrisez l'art du contact oculaire".
==> Ne bougez pas de place tout le temps, comme si vous

cherchiez une personne à qui parler ou un groupe auquel
vous joindre.
106
==> N'ayez pas l'air de draguer les femmes d'une manière

trop évidente. Interagissez avec tout le monde.
==> Si vous notez le numéro de téléphone d'une fille ne le

faites d'une manière trop évidente. Vous risquez de la mettre
à l'aise, surtout si ses copines ou copains sont là.
==> De façon générale, il s'agit donc de projeter une

énergie de confiance en soi, d'amusement et de convivialité.
"Ajoutez" vraiment quelque chose à la situation aux lieux
que vous fréquentez.
N. B. : Ce n'est pas forcément obligatoire de passer par
cette phase de l'attirance. Mais dans la majorité des
contextes, vous maximiserez vos chances en "préparant le
terrain" de manière indirecte avant de passer à la phase du
contact direct : oculaire ou verbal.
2. Cultivez ce qu'il y a de mystérieux et d'insaisissable

en vous
Au chapitre 6, nous avons parlé de l'utilité d'être
insaisissable. Rajoutons que cela vous servira aussi pour la
drague. C'est l'une des meilleures stratégies pour créer une
attirance automatique avant de passer à la phase de contact
direct et de séduction. Cependant, à toutes les étapes de la
parade amoureuse et même si vous formez finalement un
couple, restez toujours insaisissable.
C'est bien connu. On associe souvent le charme d'une
femme à son côté insaisissable et mystérieux. Pour l'homme,
il en est tout autant.
Cette fascination s'explique notamment par le fait que,
consciemment ou non, les personnes mystérieuses
représentent un défi pour le chasseur ou la chasseresse. Nous
107
sommes automatiquement attirés par ce qui semble

insaisissable ou inaccessible.
Et puis, d'un point de vue intellectuel, tout mystère - quel
qu'il soit - déclenche en nous le besoin de savoir.
Sur le long terme, il faut toujours laisser l'impression à
notre partenaire qu'une partie de nous n'est pas encore
conquise, reste inatteignable. Même après bien des années...
Pour toutes ces raisons, vous avez tout intérêt à développer
votre potentiel de mystère et d'inaccessibilité. Voici quelques
conseils pour y arriver que ce soit avec le langage verbal ou
non verbal :
==> Rappel important : ne restez pas tout seul dans votre

coin à jouer au "mystérieux chevalier". Être insaisissable ne
signifie pas vous isoler et vous couper des autres.
==> Avant tout, évitez l'attitude du "(trop) bon gars" ou de

la "bonne pâte". Être trop gentil, trop empressé, trop
compréhensif ou trop serviable vous desservira auprès des
plus belles filles qui sont sans cesse sollicitées. Mieux vaut
miser sur l'attitude du "bad boy", plus provocante et
nettement plus sexy.
==> En parlant, soyez à la fois drôle, impertinent et

audacieux. Combinez cela avec une gestuelle fluide, créative
et imprévisible.
==> De façon générale, ayez des propos et des attitudes

qui déstabilisent la femme qui vous intéresse. Brisez sa
routine mentale et créez une forte émotion d'une manière ou
d'une autre. Une femme remarquera plus un homme "qui lui
108
fait vivre quelque chose" qu'un homme qui vient simplement

lui dire qu'elle est belle ou lui offrir un verre.
==> Au début, soyez bref dans vos interactions avec une

femme. Essayez même d'y mettre fin le premier. Et durant la
conversation, positionnez votre corps comme si vous vous
apprêtiez à partir.
==> Arrangez-vous pour ne pas paraître trop disponible

comme tous ces gars qui traînent des heures dans un bar, tels
des âmes en peine. Ayez plutôt l'air de quelqu'un d'actif ou de
très occupé - par exemple en regardant votre montre de
temps en temps ou en vous servant de votre cellulaire (mais
sans en abuser !).
3. Maîtrisez l'art du contact oculaire

Si vous essayez d'établir un contact préliminaire avec un
inconnue, une bonne maîtrise du contact oculaire représente
un véritable "sésame ouvre-toi".
Un bon contact oculaire produit un quadruple effet :
• Vous montrez votre statut supérieur sans prononcer un
seul mot. C'est la puissance du langage non verbal à
l'état pur.
• Vous évaluez le niveau d'énergie et la force de
caractère de la femme qui vous intéresse.
• Vous créez un pont qui vous permettra de "passer à
l'abordage" bien plus facilement.
• Enfin, vous éviterez de perdre du temps à draguer une
femme qui n'est pas disponible ou qui n'a pas d'atomes
crochus avec vous - fût-ce même au niveau quantique.
Si, à plusieurs reprises, elle fuit votre regard, mieux
vaut le diriger ailleurs...
109
Mais si elle vous fixe à son tour avec plus ou moins

d'insistance, que devez-vous faire ?
La règle est simple : regardez-la droit dans les yeux et

continuez ainsi jusqu'à ce soit elle qui abandonne la partie.
Ne vous contentez pas de soutenir un certain temps le contact
oculaire avec cette fille.
En agissant ainsi, celle-ci saura que vous avez vraiment
confiance en vous et que vous êtes un "vrai gars" qui a de
l'expérience avec les femmes.
À l'inverse, il ne faut surtout pas faire ceci : détourner

rapidement le regard dès qu'elle vous regarde et la fixer de
nouveau furtivement à quelques reprises.
Votre cote baisse à chaque tentative ! Si vous n'avez assez
de culot pour la regarder droit dans les yeux assez longtemps,
vous finirez par disparaître de son écran radar...
La règle des 3 secondes
C'est Mystery, auteur de la Mystery Method, qui a

formulé ce concept. La règle des 3 secondes stipule que,
dès que notre intérêt est éveillé (et surtout si l'autre montre
un certain intérêt ou soutient notre regard), il faut foncer
immédiatement.
En agissant ainsi, vous neutralisez à la source les pensées
de peur, d'hésitation et d'insécurité. Et vous aurez l'air d'un
vrai mâle alpha !
110
Mieux vaut s'exposer au risque d'essuyer un refus que de

perdre de plus en plus d'énergie tout au cours de la soirée.
Rappelez-vous l'adage : la fortune sourit aux audacieux.
4. Utilisez l'effet miroir

Il en a déjà été question dans le chapitre 6. Cet effet miroir
permet d'entrer en fusion avec les autres pour mieux les
connaître et projeter une meilleure image de vous-même.
Utilisé dans la drague, c'est une arme de séduction
redoutable.
L'effet miroir vous sera particulièrement utile quand vous
aurez passé la phase de l'attirance et du contact direct. Il
permet de mettre la femme à l'aise et de la rassurer. Et c'est
normal : on se sent plus relax quand l'autre se comporte à peu
près comme nous.
Si vous maîtrisez bien l'"effet miroir", vous êtes capable de
voir rapidement quels sont les patterns verbaux et gestuels
d'une femme. (Ce processus est appelé calibrage.)
Autre avantage de l'effet miroir : en imitant ou en
"reflétant" une femme d'une manière indirecte et subtile,
vous lui donnerez l'impression que vous l'écoutez et que vous
la comprenez vraiment.
5. Pratiquez la KINO
Le terme kino est une abréviation du mot "kinesthésique"
que la Programmation Neurolinguistique (PNL) utilise pour
désigner l'influence conjuguée de plusieurs sens. Quand il
s'agit de draguer, la KINO consiste à stimuler plusieurs sens
en même temps pour établir un contact plus puissant. En
somme, c'est une forme de langage non verbal
multisensoriel.
111
Jouez en particulier avec l'audition (avec la voix donc), le

le toucher et l'odorat.
Vous pouvez aussi stimuler l'odorat avec un parfum,
l'encens, l'odeur d'un aliment, etc. L'utilisation de parfum
pour l'homme, ne fût-ce qu'à petite dose, est devenu un
"must".
Voici maintenant 2 exemples de KINO qui combinent
l'audition, le toucher et l'odorat :
• Vous êtes avec une femme que avez rencontré il y a

environ une heure. La chimie est bonne,
potentiellement explosive même.
• Rien n'interdit une certaine proximité, surtout que la
musique est très forte. Dites-lui quelque chose dans
l'oreille, d'une voix plutôt grave, lente et bien posée.
(Pour un homme, il est important d'avoir une voix
plutôt grave - ou en tous les cas, qui résonne bien et qui
est bien placée.)
• En même temps, prenez la main de cette demoiselle et
serrez-la lentement avec beaucoup de douceur et de
sensualité. Puis faites-lui remarquer que ses cheveux
sentent bons. Avec votre main libre, approchez-les
d'abord de votre nez, en les humant. Puis (étant donné
qu'ils sont longs) mettez-les lui devant le nez (sans la
chatouiller bien entendu !).
• Et n'oubliez pas de combiner cela avec un contact
oculaire franc et prolongé.
• En s'"ancrant" ainsi dans plusieurs sens, le contact
deviendra de plus en plus fusionnel...
• Un contact effectué à travers une danse torride est un
autre bon exemple d'approche KINO. Son effet peut
être "foudroyant". L'utilisation combinée du
mouvement, du son, du toucher et de l'odorat stimule
l'ensemble du système nerveux.
112
PRÉCISIONS SUR L'OBSERVATION

Les lecteurs ou les lectrices qui souhaitent s'améliorer en
matière de drague ont tout intérêt à pratiquer l'observation
systématique des jeux de séduction dans les endroits qui leur
sont particulièrement consacrés : boîtes de nuit, etc. Il s'agira
simplement d'appliquer les principes décrits au chapitre 2
dans ce contexte particulier.
Le mieux est de vous dire que vous ne draguerez pas ce
jour-là. Cela vous ôtera la pression de vos épaules. En n'étant
pas impliqué émotionnellement, vous pourrez ainsi vous
concentrer entièrement à votre travail d'observateur et vous
serez aussi plus objectif.
Imaginez-vous dans la peau d'une sorte de sociologue ou
de Desmond Morris extraterrestre venu étudier la parade
amoureuse chez les humains !
Placez-vous surtout là où il y a des top dragueurs et des
"canons". Observez bien leur body language dans le détail.
Apprenez en particulier à repérer les signes d'intérêts qui sont
envoyés et observez comment les "intéressés" y réagissent.
Rappelez-vous qu'environ 90 % de la communication
s'effectue avec le corps et le ton de la voix. Ce pourcentage
peut même s'avérer encore plus élevé chez les femmes, car
elle a davantage tendance à s'exprimer par le non verbal.
Très important : essayez de fusionner psychiquement avec
ceux que vous admirez en vous visualisant à leur place.
Laissez leur influence bénéfique pénétrer en vous.
Voyez aussi comment certains se cassent les dents. Ils
vous montrent ce qu'il ne faut surtout pas faire.
113
CHAPITRE 8
3 OBSTACLES MAJEURS AU DÉCRYPTAGE
DU LANGAGE CORPOREL
"Peu d'amitiés subsisteraient, si chacun savait ce que son

ami dit de lui lorsqu'il n'y est pas."
Blaise Pascal (Pensées)
"Il n'est pas dans l'amitié de peste comparable à

l'adulation, la flatterie, la basse complaisance."
Cicéron (Sur l'amitié)
Vous disposez maintenant de clés de base pour lire le

langage non verbal. Mais il y a certaines portes plus difficiles
à ouvrir que d'autres... Et pas seulement parce qu'elles ne
correspondent pas à des "modèles standards".
Ici, la difficulté que vous risquez d'éprouver ne réside pas
tant chez l'autre qu'en vous-même ! Dans ce chapitre, il sera
donc question de 3 obstacles majeurs qui peuvent vous
empêcher de décrypter efficacement le langage corporel
d'autrui.
OBSTACLE NO 1 :
LE FAIT DE TROP S'ÉCOUTER PARLER
114
Ce qui empêche bien des gens de "lire" les autres, c'est

que, entraînés ou enivrés par leurs propos ou trop satisfaits
d'eux-mêmes, ils ne remarquent pas ce que sentent vraiment
les autres. Ils ne font que monologuer ou, au mieux,
dialoguer avec une certaine image qu'ils se font des autres.
On pourrait les comparer à un musicien de jazz qui se
perdrait dans son improvisation sans écouter ce que les autres
musiciens jouent. Si ceux-ci arrivent à le suivre malgré tout,
ce musicien "offbeat" aura peut-être l'illusion qu'il a joué
avec ses compères.
Pour vraiment communiquer avec les autres et lire leur
langage corporel, il s'agit de rester constamment en contact
avec le senti et la gestuelle de l'autre. Bien communiquer,
c'est être totalement dans l'instant présent de la
communication, seconde après seconde, sans se perdre dans
ses pensées.
La communication efficace, c'est comme la danse ou la
musique. Il suffit d'un moment d'inattention pour marcher sur
le pied de votre partenaire. Un moment d'inattention suffit
également pour faire une fausse note.
OBSTACLE NO 2 :
LA NON-DIFFÉRENCIATION DES
DIVERSES STRATES PSYCHOLOGIQUES
"Je m'avance masqué."

René Descartes
Quand il est question de deviner les pensées des gens, il y

a une erreur très fréquente : de QUI, exactement, essayez-
vous de deviner les pensées ou les intentions ?
115
Car il ne faut jamais oublier que le psychisme de l'être

humain est composé de plusieurs strates.
1re strate : la personnalité de base ou le moi conscient

La strate la plus évidente est ce qu'on appelle la
"personnalité", c'est-à-dire le PERSONNAGE qui vous sert à
fonctionner en société. Rappelons que le mot "personnalité"
vient du grec "persona", qui signifie "masque".
Ce masque commode est la partie la plus superficielle de
nous-mêmes. Beaucoup de gens - surtout ceux qu'on dit
"superficiels" ne sont conscients que de cette partie d'eux-
mêmes. Ils vivent à la "surface" d'eux-mêmes, s'identifiant à
leur seule fonction sociale. C'est-à-dire qu'ils sont ce que les
autres pensent qu'ils sont.
On pourrait dire que la personnalité est notre "robot
social", conditionné par l'éducation et la société où nous
vivons.
Cette partie robotique a des réflexes relativement
prévisibles et répétitifs, mais elle peut aussi être détraquée
par certains traumatismes, l'abus de drogue ou d'alcool ou
même l'usage de certains médicaments comme les anti-
dépresseurs.
Notre visage est la partie la plus significative ou plus
expressive de notre personnage. C'est le "masque" par
excellence. Et la vie sociale est un bal masqué permanent !
Quand vous observez un visage, étudiez-le comme un
masque mobile.
Conseil No 1 : ne vous contentez pas d'observer le

"personnage" de votre interlocuteur. Essayez de voir ce qui
se cache derrière son masque social. Bas les masques !
116
2e strate : l'inconscient humain

Sous cette "surface", il y a le domaine de l'inconscient où
cohabitent différents egos ou différentes "entités" qui, selon
le cas, s'harmonisent ou s'opposent avec la personnalité
consciente.
Normalement, nous avons tous un ego central qui
chapeaute ou dirige nos egos secondaires. Ces derniers
correspondent à nos différentes pulsions, tendances ou
aspirations, connues ou non des autres.
"J'aurais voulu être un artiste..."

Par exemple, vous pouvez être un homme d'affaires très
terre à terre tout en ayant un côté très artiste. Ce côté artiste,
vous pouvez l'exprimer lors d'un karaoké mais aussi dans la
façon de gérer vos affaires, quand vous faites preuve de
créativité, que vous vous préoccupez de la dimension
esthétique de votre bureau. Votre côté terre à terre n'en
demeure pas moins votre ego central.
Nous pouvons ainsi avoir plusieurs personnalités très
différentes, dont une ou plusieurs peuvent même être
totalement ignorées des autres. L'important est de ne pas
perdre la carte... de soi-même.
C'est ce qu'illustre bien l'histoire de Superman. Né sur la
planète Krypton, Kal-El a été élevé sur terre sous le nom
Clark Kent et est devenu un reporter doux et timide
travaillant pour le Daily Planet. Mais, quand le Mal se
manifeste, il se transforme en Superman, pour rétablir l'ordre
sur terre. Néanmoins, qu'il soit Clark Kent ou Superman,
Kal-El n'oublie jamais ce qu'il est : un "big blue boyscout",
un être habité par de hautes valeurs morales.
Par contre, dans certains états pathologiques, l'ego a
tendance à s'effacer au profit de personnalités secondaires.
C'est le phénomène des personnalités multiples, où une
personnalité secondaire prend le contrôle de tout l'appareil
117
psychique. Cette personnalité secondaire peut même poser

des gestes très graves dont le moi conscient ne se souvient
pas ultérieurement.
À un niveau plus normal, nous avons tous des pulsions ou
des egos contradictoires qui s'affrontent et qui essaient
parfois de "faire un putsch" (notamment sous l'effet d'une
émotion extrême ou de l'alcool). Mais ce n'est que
temporaire.
Qui est à l'appareil ?

En blague, on pourrait dire qu'il y a en nous tout un asile
d'aliénés dont nous sommes le psychiatre en chef...
Plus sérieusement, il faut tenir compte de ces diverses
manifestations souterraines quand nous essayons de lire le
langage corporel d'une personne. Il y a souvent plusieurs
egos qui essaient de se manifester en même temps.
Cependant, ici, il ne s'agit pas seulement d'éléments que la
personne essaie consciemment de cacher (mensonge, stress,
etc.), mais bien de certaines choses qu'elle tente
inconsciemment d'exprimer.
C'est comme si une personnalité était enfermée quelque
part chez une autre. Par exemple, dans une pièce du sous-sol.
Elle est bâillonnée et ligotée. Un jour, elle entend qu'un
visiteur vient d'entrer dans la maison. Étant donné qu'elle ne
peut crier, elle va donner des coups de pied sur le plancher ou
un des murs pour essayer de signaler sa présence.
Mais le visiteur comprendra-t-il le message ? Va-t-il tenter
de la libérer ? Ou bien croira-t-il qu'il s'agit simplement des
coups de marteau d'un menuisier ou du bruit d'une machine à
laver ?
À cet égard, il est particulièrement intéressant d'observer
les gens saouls ou simplement un peu pompette. C'est un
moment privilégié pour voir apparaître des éléments refoulés
118
ou des egos secondaires de la personne. L'alcool est un bon

sérum de vérité !
Il est même fréquent d'observer des "dédoublements de
personnalité" temporaires chez les gens qui boivent plus qu'il
ne faut...
Conseil No 2 : Quand la personne est très divisée, voire

confuse, cela se traduit par un langage corporel fort
ambigu, difficile à décoder.
3e strate : l'inconscient animal

Cette strate encore profonde est enracinée dans l'instinct et
nos pulsions les plus primitives. On pourrait même parler ici
de "cerveau reptilien".
C'est aussi le domaine de la "Bête". Des histoires comme
celle du Dr Jekyl et Mister Hyde illustre parfaitement - et de
manière extrême - cette dualité entre le "personnage" et la
"Bête". Et nous avons tous l'intuition qu'il existe au plus
profond de nous-mêmes un être primitif potentiellement
dangereux.
C'est pourquoi le thème des "tueurs en série" fascine tant.
Vous vous rappelez sûrement le cas de ce médecin anglais,
X, qui, tel un moderne Dr Jekyl, a tué environ 160 de ses
patients. Comment se fait-il que des hommes qui semblent si
banals ou respectables en apparence puissent à certains
moments laisser émerger le monstre qui sommeille en chacun
de nous ?
Mais heureusement, la Bête en nous est rarement
monstrueuse...
À un niveau plus ordinaire, la strate de l'inconscient
animal appartient aux pulsions de base de notre corps :
besoin de nourriture, de sommeil, de sécurité, d'affection, etc.
119
On y retrouve aussi les comportements de peur, de fuite et

d'évitements.
Conseil No 3 : Observez bien les mini-mouvements ou

les démangeaisons d'une personne. Elles révèlent les
manifestations de cet inconscient animal et de nos besoins
de base.
Ce qu'il faut faire en pratique

• Ainsi, il ne suffit pas toujours pas de deviner ce qu'une
personne croit qu'elle pense :
• Il faut aussi deviner ce qu'elle pense inconsciemment,
réellement.
• En plus, il est important de percevoir ce que son corps
veut même si la personne n'en a pas conscience.
Souvent, l'être humain s'interdit de penser ou de sentir
certaines choses. Soit il en a peur, soit il juge ses
pensées ou ses sentiments inacceptables ou craint que
les autres ne le pensent.
• Pire : bien des gens ne sentent pas vraiment leur corps.
(C'est ainsi qu'on a vu des hommes tellement "coupés
de leur corps" ne pas se rendre compte qu'ils étaient en
train de faire une crise cardiaque. Et ils en sont morts
faute d'avoir eu des soins adéquats à temps... De façon
générale, plus que les femmes, les hommes ont
tendance à ne pas sentir leur corps.)
• Néanmoins, toutes ces pensées, émotions ou sensations
refoulées se manifestent physiquement par des mini-
mouvements ou des démangeaisons.
Un exemple très simple

Sur le plan conscient, un homme veut afficher la
personnalité de quelqu'un sûr de lui, mais, inconsciemment, il
doute énormément de lui. Cela entraînera un langage
120
corporel ambigu qui n'est pas toujours facile à décoder. Une

partie du corps fonce vers l'avant, une autre veut s'enfuir au
plus vite.
Imaginons maintenant que vous soyez obligé de négocier
un point important avec cette personne. Comment allez-vous
lui parler ?
Devez-vous vous adresser à la partie qui VEUT avoir l'air
sûre d'elle ?
L'ULTIME OBSTACLE :
LA PEUR DES ÉMOTIONS DE L'AUTRE
Savez-vous quelle est l'ultime raison qui nous empêche de

décoder le langage corporel ?
• La peur ou le choc de voir ce qu'il y VRAIMENT dans

la tête et le coeur de l'autre ! Quand vous commencerez
à mieux deviner les pensées des autres, ils ne faut pas
vous attendre à des choses toujours très positives.
• Plus souvent qu'autrement, ce sont des émotions

négatives que nous risquons de percevoir chez les
autres. Derrière les beaux sourires et les belles façades,
il y a beaucoup de stress, de colère, de peine et
d'angoisse.
• Le poète Shelley disait : "Le rire est gros de larmes."

Même le rire peut cacher des émotions difficiles à
digérer.
• Il y a aussi des pensées très sévères, critiques ou
121
négatives à votre égard - y compris de la part de vos

meilleurs amis, de votre conjoint ou des membres de
votre famille. Cela signifie que pour deviner les
pensées des autres, il faut aussi être prêt à se sentir bien
seul...
Bref, quand vous entrez dans l'esprit des autres, c'est un

peu comme aller fouiller dans les poubelles d'autrui : ça ne
sent pas bon... Et cela prend beaucoup de compassion et de
miséricorde pour supporter le spectacle d'une âme en 1 000
morceaux.
Pour survivre dans la jungle émotionnelle du quotidien,
nous sommes donc souvent obligés d'anesthésier notre
sensibilité. Et c'est d'autant plus difficile d'avoir de
l'empathie, qui est indissociable de l'effet miroir.
Dès l'enfance...
Cette habitude de nous auto-anesthésier émotionnellement,
nous l'avons généralement prise dès l'enfance. Tel un animal
ou une "éponge", l'enfant ressent intensément tout ce qui se
passe autour de lui : les angoisses ou les peines de ses
parents, etc. Pour tenir le coup, il s'arrange pour se
déconnecter de sa sensibilité profonde.
Peu à peu, il se contentera de limiter sa perception à la
surface des choses, de se contenter des "tout va très bien
madame la marquise".
La double contrainte
Le problème s'aggrave encore plus si l'enfant a été soumis
à ce qu'on appelle la "double contrainte" dans le langage du
psychologue Gregory Bateson. Un exemple très simple : pour
diverses raisons, une mère déteste son enfant, mais elle se
sent coupable. Elle se sent donc obligée de dire à son enfant
122
des choses comme : "Viens embrasser ta Maman !" Étant

donné qu'il a besoin d'affection physique comme tous les
enfants, l'enfant va s'approcher. Mais en même temps, il sent
bien que le corps de sa mère le repousse plus ou moins
inconsciemment. À la longue, il aura plutôt tendance à
s'approcher d'elle "à reculons".
Le rapport entre les mots de la mère et l'énergie qu'elle
projette est tellement discordant qu'il produit une fausse note,
une "dissonance cognitive". Un enfant qui a vécu la "double
contrainte" aura toujours de graves problèmes à percevoir
exactement ce que disent et font les autres. Et dans les pires
cas, cela pourrait même mener à la schizophrénie.
Cela prend du courage

À un niveau plus courant, nous avons tous subi dans
l'enfance ce genre d'incohérence entre le "dit" et le "senti".
Pour nous en libérer, il s'agit d'avoir le courage de vraiment
ressentir ce qu'on ressent face à l'autre et d'apprendre à faire
confiance à ce que nous sentons.
Dès lors, il devient beaucoup plus facile d'interpréter le
langage non verbal et de déterminer dans quelle mesure il est
en phase avec ce que l'autre pense et dit.
123
CONCLUSION
Derrière les beaux sourires, les paroles de circonstance ou

les aimables taquineries, il y a des egos qui s'affrontent ou se
manipulent les uns les autres. Généralement, cette mini-
guerre d'egos est plutôt un jeu. Le jeu de la Vie. Pas de quoi
en faire un drame !
Il y a des circonstances très sérieuses où il faut apprendre à
savoir ce qui ce cache réellement derrière ces beaux sourires,
ces paroles de circonstance ou ces aimables taquineries. C'est
une question de simple bon sens ou même d'auto-défense.
D'où l'extrême importance de développer un 6e sens pour
apprendre à décrypter le langage non verbal. Cette faculté
permet de deviner plus facilement les pensées et les émotions
des autres. Du même coup, nous pouvons vérifier s'il y a une
cohérence entre ce que la personne dit et pense (ou sent).
Pour un observateur expérimenté du langage non verbal,
une analyse efficace commence par une observation globale
et intuitive. Puis celle-ci est suivie d'une étude détaillée qui
permet de confirmer ou d'infirmer certaines observations.
Tout cela se fait grâce à des réflexes d'observation très
précis qui se sont développés à force de nous intéresser
attentivement à tous ceux que nous croisons dans le
quotidien. La passion de l'observation est aussi une passion
des gens, quels qu'ils soient !
Et lorsque nous connaissons les véritables intentions d'une
personne, il devient possible d'établir une meilleure
communication ou d'éviter de tomber dans un piège qui peut
nous coûte cher - d'une manière ou d'une autre.
Cependant, l'art de décrypter le langage non verbal
présente un autre avantage de plus haute importance. Il nous
permet de savoir exactement quand nous pouvons enfin
déposer les armes, oublier la "petite guerre du quotidien" et
124
nous relaxer en présence de personnes qui nous veulent

vraiment du bien et que nous aimons...
125

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2. Tout dépend de la maîtrise de soi de la personne

3. Tout dépend des capacités d'expression de la

4. Tout dépend des origines culturelles

De toute façon, à ce niveau, il n'est pas nécessaire d'être

C'est plutôt dans la façon d'exprimer modérément ou de

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Par exemple, s'il s'agit de postures suggérant l'insécurité ou

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8. Tout dépend si la personne veut consciemment

9. Tout dépend si la personne veut inconsciemment

amusante. Et quand elles parlent, elles vont dans toutes les

Ou encore, elles affichent un style agressif, en utilisant un

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Après avoir passé rapidement en revue ces 9 facteurs, il

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