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Claire
Bordes
2
Table
des
matières
:
I/
L’eau
comme
ressource
stratégique
?
........................................................................................................................................
2
1.
Une
ressource
devient
stratégique
lorsqu’elle
recoupe
deux
caractéristiques
fondamentales
:
indispensable
et
rare
.......................................................................................................................................................................
2
2.
Le
contrôle
d’une
ressource
stratégique
dépend
de
trois
facteurs
:
sa
localisation,
son
acheminement,
son
industrie
d’exploitation
.........................................................................................................................................................
3
II/
La
rareté
de
l’eau
tient
de
son
inégale
répartition
géographique
liée
à
la
pression
démographique
..........
4
III/
L’indispensable
propreté
de
l’eau
............................................................................................................................................
6
1.
Lutter
contre
la
pollution
.........................................................................................................................................................
6
2.
Enjeu
sanitaire
:
lutte
contre
les
maladies
hydriques
:
................................................................................................
7
III/
L’eau
au
cœur
des
conflits
du
XXIe
siècle
?
........................................................................................................................
10
1.
Fleuves
et
bassins
versants
:
la
question
du
partage
des
eaux
.............................................................................
10
2.
Le
Nil
:
de
l’hydro-‐hégémonie
à
l’hydro-‐diplomatie
?
...............................................................................................
11
IV/
le
marché
de
l’eau,
l’autre
facette
de
la
géopolitique
de
l’eau
...................................................................................
15
1.
Enjeu
politique
:
la
rivalité
entre
les
acteurs
publics
et
privés
.............................................................................
16
2.
Enjeu
économique
:
les
entreprises
privées
à
la
conquête
du
monde
?
............................................................
16
V/
Conclusion
:
Le
temps
des
utopies
?
.......................................................................................................................................
17
VI/
Bibliographie
..................................................................................................................................................................................
18
VII/
Annexes
...........................................................................................................................................................................................
19
Annexe
1
:
L’année
internationale
de
l’eau
sonnera-‐t-‐elle
le
glas
du
Fleuve
Columbia
?
par
P.
da
Costa
et
al.
............................................................................................................................................................................................................
19
Annexe
2
:
Annexe
scientifique
et
technique
sur
l’eau,
par
D.
Pareau
et
al.
...........................................................
21
1
Sixième
séance
du
MOOC
de
Développement
Durable
(FUN),
sous
la
responsabilité
de
Pascal
da
Costa
(Ecole
Centrale
Paris).
2
Enseignante
à
l’INALCO
et
à
l’ECP.
1
Le
début
des
années
2000
a
été
l’âge
d’or
d’une
littérature
florissante
sur
la
thématique
des
conflits
hydriques,
présentés
comme
les
nouvelles
guerres
du
siècle
à
venir.
On
parlait
alors
de
l’or
bleu
et
on
présentait
sa
possession
comme
LE
nouvel
enjeu
stratégique
d’un
XXIe
siècle
naissant.
Aujourd’hui,
cette
thématique
s’est
fondue
dans
une
littérature
beaucoup
plus
large,
portant
sur
les
défis
du
développement
durable
et
les
enjeux
du
changement
climatique.
Se
pose
actuellement
plus
volontiers
la
question
des
réfugiés
climatiques
et
des
nouveaux
flux
migratoires
qui
se
dessineront
dans
le
futur.
Est-‐ce
pour
autant
que
les
conflits
hydriques
n’auront
pas
une
place
centrale
au
XXIème
siècle
?
L’eau
devient-‐elle
(à
défaut
de
ne
jamais
l’avoir
été
jusqu’à
lors)
une
ressource
stratégique
comme
le
pétrole
ou
l’uranium,
dont
l’appropriation
peut
devenir
source
de
conflits
entre
deux
pays
ou
deux
régions
du
monde
?
Au-‐delà
de
la
seule
question
de
l’appropriation
des
ressources
hydriques,
le
XXIe
siècle
marquera
sans
doute
une
prise
de
conscience
de
la
finitude
des
réserves
terrestres
et
des
conséquences
souvent
dramatiques
de
la
stratégie
de
l’homme
sur
ces
réserves
exercées
jusqu’à
présent.
L’humanité
aura
compris
qu’elle
habite
un
monde
fini
dont
les
ressources
ne
sont
pas
inépuisables
et
qu’il
va
falloir
apprendre
à
partager
de
façon
plus
pérenne.
En
attendant
que
cet
âge
de
la
sagesse
soit
atteint,
comment
l’humanité
va-‐t-‐elle
gérer
la
pression
croissante
sur
des
ressources
limitées
?
L’enjeu
que
représente
le
partage
de
l’eau
est
une
illustration
exemplaire
des
différents
scénarios
qui
nous
attendent.
2
B/
Elle
est
rare
Cette
deuxième
caractéristique
est
essentielle.
Le
meilleur
contre-‐exemple
est
l’air
que
nous
respirons
:
c’est
une
ressource
indispensable
à
la
survie
de
l’espèce
humaine,
mais
il
n’est
pas
stratégique
car
l’air
existe
partout
autour
de
nous
:
nous
n’avons
pas
à
l’acheter,
à
aller
le
chercher,
à
l’exporter,
etc.
C/
Une
ressource
n’est
stratégique
que
si
elle
est
exploitable
et
qu’il
existe
l’industrie
pour
la
rendre
exploitable
Le
processus
de
transformation
d’une
ressource
brute
en
une
ressource
consommable
est
fondamental.
Si
une
telle
industrie
de
transformation
n’existe
pas,
l’exploitation
de
la
ressource
devient
inutile.
Ainsi,
cette
étape
introduit
un
nouveau
partage
de
l’importance
stratégique
de
la
ressource.
Si
l’on
prend
l’exemple
de
l’uranium,
celui-‐ci
doit
être
enrichi
pour
être
utilisé
comme
combustible
nucléaire
ou
encore
comme
arme
nucléaire.
C’est
la
maitrise
de
ces
procédés,
dont
principalement
celui
d’usage
militaire,
qui
inquiète
la
communauté
internationale.
La
réponse
aux
différentes
questions
soulevées
par
cette
définition
d’une
ressource
stratégique
va
nous
permettre
de
comprendre
les
enjeux
liés
à
l’eau
dans
le
contexte
géopolitique
actuel
:
-‐ A
quoi
l’eau
est-‐elle
indispensable
?
-‐ Est-‐elle
rare
?
-‐ Comment
est-‐elle
répartie
à
la
surface
du
globe
?
-‐ Comment
est-‐elle
distribuée
?
3
Ces
questions
vont
nous
permettre
d’esquisser
une
géopolitique
de
l’eau,
d’identifier
ses
potentiels
crisogènes,
tout
comme
ses
possibilités
de
collaboration
et
d’avenir
commun.
II/
La
rareté
de
l’eau
tient
de
son
inégale
répartition
géographique
liée
à
la
pression
démographique
L’eau
est
la
ressource
de
tous
les
paradoxes.
Alors
que
la
Terre
est
appelée
planète
bleue,
l’eau
potable
(non
salée)
et
accessible
(qui
n’est
pas
emprisonnée
dans
les
glaciers
par
exemple)
ne
représente
que
0,7
%
de
l’eau
sur
Terre.
Ce
chiffre
semble
confirmer
le
sentiment
général
de
pénurie
d’eau
et
de
sa
rareté.
Or,
il
existe
un
second
chiffre
tout
aussi
déroutant
sur
la
quantité
d’eau
globale
exploitable
par
an
par
l’homme
:
une
étude
de
2002,
réalisée
dans
le
cadre
de
l’International
Hydrological
Programm
de
l’UNESCO,
estime
à
42700km3/an
(soit
une
quantité
moyenne
par
personne
de
6500
m3/an)
les
ressources
exploitables
en
eau
potable.
L’homme
exploite
actuellement
un
peu
moins
de
10
%
du
potentiel
disponible,
soit
650m3/personne/an3.
Que
faut-‐il
comprendre
?
Actuellement,
l’eau
existe
en
moyenne
en
quantité
suffisante
pour
les
besoins
tant
agricole
(70
%
de
l’utilisation
mondiale
de
l’eau),
industriel
(22
%)
que
domestique
(8
%
restant).
Mais
derrière
cette
moyenne,
se
cache
la
réalité
de
l’inégale
répartition
de
l’eau.
Si
elle
existe
en
moyenne
et
actuellement
de
façon
suffisante
pour
couvrir
l’ensemble
des
besoins
humains,
l’eau
est
une
ressource
dont
la
rareté
va
dépendre
du
croisement
de
deux
facteurs
:
1. Sa
répartition
géographique
;
2. La
densité
humaine.
Ainsi
apparait
l’un
des
premiers
paradoxes
qui
tend
à
faire
de
l’eau
une
ressource
rare
pour
certaines
populations
:
les
zones
arides
ou
semi-‐arides
(donc
en
déficit
d’eau)
sont
également
des
zones
de
forte
concentration
humaine.
3
Toutes
les
données
chiffrées
de
cette
partie
proviennent
de
Jeanine
&
Samuel
Assouline,
Géopolitique
de
l’eau,
Studyrama,
2012.
4
Carte
n°1
:
Disponibilité
en
eau
douce
par
Philippe
Rekacewicz,
19
mars
2008
(Cartothèque
du
Monde
Diplomatique)
Carte n°2 : Densité de population, cartothèque de Sciences Po, 2010
La
superposition
des
deux
cartes
précédentes
fait
très
clairement
apparaitre
les
zones
potentiellement
crisogènes
:
l’Afrique
Nord,
le
Moyen-‐Orient,
le
sous-‐continent
indien
et
l’intérieur
de
la
Chine.
Dans
ces
régions,
c’est
bien
la
jonction
des
deux
facteurs,
pénurie
d’eau
et
5
pression
démographique,
qui
génère
une
situation
potentiellement
crisogène.
Comme
on
le
verra
par
la
suite,
le
stress
hydrique,
s’il
n’a
que
très
rarement
été
un
facteur
déclenchant,
est
un
facteur
aggravant
des
conflits
sous-‐jacents
ou
existants.
Par
ailleurs,
cette
tension
risque
d’aller
croissante
puisque
la
population
mondiale
augmente,
faisant
peser
de
plus
en
plus
sur
cette
réserve
collective
et
limitée
qu’est
l’eau
les
besoins
en
irrigation,
en
consommation
domestique
et
en
production
industrielle.
Dans
certaines
zones,
on
constate
déjà
un
déclin
des
volumes
d’eau
disponibles
depuis
les
cinquante
dernières
années,
en
lien
justement
avec
l’accroissement
de
la
population
et
de
ces
besoins
agricoles,
domestiques
et
industriels.
La
moyenne
mondiale
est
ainsi
passée
de
16800m3/personne/an
à
6500m3/personne/an.
A
l’horizon
2025,
ce
volume
sera
passé
à
5100m3/personne/an.
Et
cette
diminution
se
fera
sentir
sur
l’ensemble
de
la
planète
(exception
faite
des
pays
ayant
une
prédiction
démographique
négative
:
Allemagne,
Japon,
Danemark,
Russie,
etc.).
4
Toutes
les
données
chiffrées
de
ce
paragraphe
sur
la
rareté
de
l’eau
sont
issues
de
Jeanine
&
Samuel
Assouline,
Géopolitique
de
l’eau,
Studyrama,
2012.
5
Jeanine
&
Samuel
Assouline,
Géopolitique
de
l’eau,
Studyrama,
2012,
p85
6
2.
Enjeu
sanitaire
:
lutte
contre
les
maladies
hydriques
:
«
Le
Gange
indien
reçoit
1,1
million
de
litres
par
minute
d’eaux
d’égout
à
l’état
brut,
chiffre
alarmant
quand
on
sait
qu’un
gramme
d’excréments
peut
contenir
10
millions
de
virus,
1
million
de
bactéries,
1000
kystes
parasitaires
et
100
œufs
de
vers
intestinaux
»6
rappelle
le
rapport
d’information
sur
la
géopolitique
de
l’eau
de
l’assemblée
nationale
(voir
encadré
n°1
ci-‐
dessous).
Le
désastre
sanitaire
est
à
l’échelle
mondiale
:
selon
les
chiffres
de
l’ONU,
il
meurt
plus
de
personnes
ayant
bu
de
l’eau
polluée
à
travers
le
monde
que
dans
le
cadre
de
conflits
armés.
L’enjeu
est
tel
qu’il
fait
partie
des
objectifs
du
Millénaire
de
l’ONU
(voir
graphique
n°1,
objectif
7).
Encadré
n°1
:
les
tristes
records
des
maladies
hydriques
(Rapport
d’information
sur
la
géopolitique
de
l’eau
de
l’assemblée
nationale,
France)
«
–
3,2
millions
de
personnes
meurent
chaque
année
par
manque
d’accès
à
l’eau
potable
et
à
l’assainissement,
soit
environ
6
%
des
décès,
et
un
enfant
toutes
les
trois
secondes
;
–
80
%
des
maladies
mortelles
en
Afrique
sont
dues
à
des
problèmes
d’épuration
et
plus
d’un
tiers
des
décès
dans
les
pays
en
développement
sont
dus
à
la
consommation
d’eau
contaminée
;
–
4000
personnes
meurent
chaque
jour
de
maladies
associées
au
mauvais
assainissement
de
l’eau
;
–
1,5
million
d’enfants
meurent
chaque
année
de
diarrhée.
Un
tiers
de
ces
morts
pourraient
être
évitées
grâce
à
la
mise
en
place
de
services
adéquats
d’assainissement.
La
diarrhée
est
la
deuxième
cause
de
mortalité
chez
les
enfants
de
moins
de
cinq
ans
après
la
pneumonie.
Le
simple
lavage
des
mains
divise
le
risque
de
diarrhée
par
deux
;
–
plus
de
la
moitié
des
lits
d’hôpitaux
dans
le
monde
sont
occupés
par
des
personnes
développant
des
maladies
liées
à
l’usage
d’une
eau
insalubre
;
–
100
millions
de
personnes
souffrent
en
permanence
de
gastro-‐entérites
hydriques
;
–
les
maladies
liées
à
l’eau
empêchent
en
moyenne
chaque
individu
de
travailler
pendant
un
dixième
de
sa
vie
active
;
–
443
millions
de
jours
d’école
sont
perdus
chaque
année
du
fait
de
maladies
d’origine
hydrique
ou
liées
à
l’absence
de
services
d’assainissement
;
–
260
millions
de
personnes
sont
atteintes
de
bilharziose,
près
de
2
millions
de
décès
sont
observés
chaque
année
parmi
les
personnes
impaludées
et
30
millions
d’onchocercose
sont
dénombrées.7
»
1. Tout
d’abord,
inégalités
géographiques
:
entre
les
pays
disposant
de
tout
le
réseau
d’assainissement
(l’ensemble
des
pays
industriels)
et
ceux
qui
n’ont
pas
un
assainissement
de
base
(toilettes
raccordées
à
un
réseau
d’égout,
etc.).
La
carte
qui
se
dessine
(carte
n°3,
page
suivante)
reflète
la
fracture
entre
pays
développés
et
pays
en
développement.
Mais
la
situation
n’est
pas
seulement
inégalitaire
au
niveau
mondial,
elle
l’est
également
au
sein
des
pays
;
2. Entre
villes
et
campagnes
:
la
faible
densité
de
population
en
milieu
rural
explique
des
réseaux
très
peu
développés
et
des
puits
relativement
peu
nombreux
;
3. Entre
centre
et
périphéries
:
certaines
périphéries
sont
illégales
(comme
les
bidonvilles)
ou
trop
lointaines
et
leur
approvisionnement
dépend
soit
de
sources
non
potabilisées
(directement
dans
les
rivières)
soit
de
systèmes
de
distribution
alternatifs
très
onéreux
6 °
La
géopolitique
de
l’eau,
Rapport
d’information
de
l’Assemblée
Nationale,
13
décembre
2011,
N
4070,
p35
:
http://www.assemblee-‐nationale.fr/13/pdf/rap-‐info/i4070.pdf
7 °
La
géopolitique
de
l’eau,
Rapport
d’information
de
l’Assemblée
Nationale,
13
décembre
2011,
N
4070,
p35
:
http://www.assemblee-‐nationale.fr/13/pdf/rap-‐info/i4070.pdf
7
(le
rapport
sur
l’eau
de
l’assemblée
nationale
rapporte
l’exemple
de
l’Argentine
où
les
périphéries
pauvres
sont
dépendantes
des
porteurs
d’eau,
dont
la
qualité
est
moins
bonne
dans
un
rapport
de
1
à
100,
voire
1000,
à
celle
des
robinets
des
quartiers
centraux
riches8).
Carte
n°
3
:
Petite
géographie
des
toilettes
par
Philippe
Rekacewicz,
9
juin
2010,
le
Monde
Diplomatique.
8 °
La
géopolitique
de
l’eau,
Rapport
d’information
de
l’Assemblée
Nationale,
13
décembre
2011,
N
4070,
p32
:
http://www.assemblee-‐nationale.fr/13/pdf/rap-‐info/i4070.pdf
8
Graphique
n°1
:
Tableau
du
suivi
des
Objectifs
pour
le
Millénaire
de
l’ONU,
2011
:
http://unstats.un.org/unsd/mdg/Resources/Static/Products/Progress2011/11-‐31330
%20
%28F
%29
%20MDG
%20Report
%202011_Progress
%20chart
%20LR.pdf
9
III/
L’eau
au
cœur
des
conflits
du
XXIe
siècle
?
1.
Fleuves
et
bassins
versants
:
la
question
du
partage
des
eaux
La
pression
démographique
qui
va
peser
sur
cette
ressource,
couplée
à
son
inégale
répartition,
fait
donc
plus
que
jamais
apparaitre
le
XXIe
siècle
comme
le
siècle
de
l’or
bleu.
Pour
reprendre
la
définition
de
la
ressource
stratégique
et
vérifier
si
l’eau
y
répond
ou
non,
il
apparait
bien
que
le
caractère
rare
de
l’eau
est
relatif
(en
fonction
de
la
situation
géographique
des
populations)
mais
tendra
à
se
généraliser
(compte
tenu
de
la
croissance
démographique
mondiale
et
de
la
pollution
dégradant
les
réserves)
si
nos
modes
de
vie
et
de
consommation
(agricole,
domestique
et
industrielle)
n’évoluent
pas
vers
plus
de
durabilité.
Or,
l’eau
propre
à
la
consommation
est
d’une
telle
nécessité
pour
la
survie
des
êtres
vivants
qu’il
se
pose
la
question
de
reconnaitre
l’eau
comme
un
droit
pour
tous
et
pas
seulement
comme
un
besoin
ce
qui,
au
niveau
international,
a
une
implication
pour
le
règlement
de
tous
les
enjeux
liés
à
l’eau.
L’eau
pourrait
donc
bien
être
une
ressource
stratégique
tant
au
niveau
régional
que
mondial
dans
le
futur.
Il
existe
d’ores
et
déjà
à
travers
le
monde
de
nombreuses
situations
de
tension
entre
deux
ou
plusieurs
pays
qui
se
cristallisent
sur
des
enjeux
hydriques
(carte
n°4,
page
suivante).
Les
fleuves
et
le
partage
des
bassins
versants
sont
les
principales
raisons
de
ces
crispations.
Un
fleuve
ne
représente
pas
seulement
une
source
d’eau
(nécessaire
à
l’irrigation,
au
développement
industriel,
également
urbain
et
social)
mais
aussi
une
manne
économique
pour
toutes
les
raisons
évoquées
précédemment,
auxquelles
s’ajoute
le
développement
de
l’énergie
hydraulique.
Les
tensions
apparaissent
donc
entre
pays
en
amont
et
pays
en
aval
du
fleuve
et
principalement
lorsque
le
pays
amont
décide
de
mettre
en
place
des
infrastructures
(barrages,
centrales
hydroélectriques…)
pour
stocker,
dériver,
canaliser,
drainer
les
eaux
ou
produire
de
l’énergie.
Le
risque
pour
le
pays
en
aval
est
la
perte
d’une
partie
conséquente
du
débit
du
fleuve,
une
dégradation
de
la
qualité
de
son
eau
(avec
une
pollution
liée
aux
activités
humaines
en
amont),
voire
des
catastrophes
écologiques
(comme
la
mer
d’Aral)
ou
sociales
(on
peut
citer,
bien
que
ce
cas
n’implique
pas
un
litige
entre
deux
pays,
le
barrage
des
Trois
Gorges,
en
Chine,
qui
a
entrainé
le
déplacement
de
2
à
4
millions
de
personnes).
10
facteurs
multiples
et
d’une
longue
évolution
historique.
Néanmoins,
l’eau
reste
un
enjeu
de
politique
interne
et
régionale
incontournable
pour
ces
gouvernements.
Un
fleuve
cristallise
ces
problématiques
ainsi
que
la
charge
symbolique
qui
est
souvent
attachée
à
l’eau,
surtout
quand
on
en
manque
:
c’est
le
Nil.
Nous
étudierons
donc
comment
le
partage
du
bassin
versant
plonge
ses
racines
dans
l’histoire
et
la
géopolitique
d’une
région
et
comment
le
rééquilibrage
des
pouvoirs
de
cette
région
se
concrétise
dans
une
volonté
nouvelle
de
gestion
collective.
Coulant
dans
la
région
de
grande
aridité
mais
pour
autant
de
dense
foyer
de
peuplement,
le
Nil
est
le
fleuve
nourricier,
qui
fertilise
et
irrigue
les
plaines
égyptiennes.
Or,
nous
verrons
que
cette
fonction
fertilisante
a
été
perdue
par
une
mauvaise
anticipation
des
conséquences
écologiques
des
grands
travaux
égyptiens
d’aménagement
du
fleuve.
Le
grenier
à
blé
s’est
tari
et
l’Egypte
est
maintenant
en
situation
de
dépendance
alimentaire.
Les
droits
historiques
dont
se
réclame
l’Egypte
sont
actés
par
les
accords
de
1929
et
1959
:
la
Grande-‐Bretagne
et
Egypte
nouvellement
indépendante
signent
en
1929
un
accord
très
favorable
à
l’Egypte,
qui
reçoit
un
droit
de
prélèvement
de
48
milliards
de
mètres
cubes
par
an
et
l’assurance
d’être
consultée
par
la
puissance
coloniale
britannique
pour
tous
travaux
d’aménagement
du
fleuve
dans
ses
territoires,
amont
de
l’Egypte.
L’indépendance
du
Soudan
en
1956
conduit
à
un
amendement,
signé
en
1959,
concédant
à
L’Egypte
et
au
Soudan
non
seulement
90
%
du
débit
annuel
du
fleuve
(66
%
pour
l’Egypte,
22
%
pour
le
Soudan),
mais
également
un
droit
de
veto
sur
tous
les
projets
amont.
Or,
ces
pays
amont
sont
aussi
les
pays
où
le
Nil
prend
sa
source
:
Ethiopie
est
aux
sources
du
Nil
Bleu
qui
fournissent
plus
de
70
%
du
débit
annuel
du
Nil
;
Rwanda,
Burundi,
Tanzanie
et
Kenya,
du
Nil
Blanc
(voir
la
carte
n°4).
Leur
indépendance
prise,
les
accords
de
1929
et
1959
font
grincer
des
dents,
notamment
en
Ethiopie.
11
Carte
n°4:
Guerre
des
eaux
sur
le
cours
du
Nil,
supplément
géo&politique
du
Monde,
20
juin
2013.
12
B/
La
marche
vers
la
contestation
et
l’enjeu
de
la
maitrise
des
infrastructures
hydrauliques
La
contestation
de
2010
En
mai
2010,
l’Ethiopie
lance
une
contestation
des
accords
historiques
de
partage
des
eaux
du
Nil.
Elle
s’appuie
sur
les
autres
pays
amont
du
Nil,
Kenya,
Tanzanie,
Rwanda,
Burundi,
Ouganda,
et
questionne
l’hydro-‐hégémonie
du
Soudan,
mais
surtout
de
l’Egypte.
Le
moment
de
cette
contestation
n’est
pas
fortuit
:
il
est
à
la
jonction
de
deux
phénomènes
:
-‐ Tout
d’abord,
l’Ethiopie
sort
d’un
cycle
de
violences
et
d’instabilités
(Ogaden,
Erythrée).
Elle
affirme
sa
puissance
militaire
et
sa
stabilité.
Elle
peut
alors
faire
face
à
ses
importants
besoins
de
développements
:
ses
précipitations
sont
irrégulières,
plongeant
le
pays
dans
l’insécurité
alimentaire.
Les
besoins
d’irrigation
sont
donc
fondamentaux.
-‐ Au
contraire,
l’Egypte
est
elle
frappée
par
l’instabilité
politique
et
la
menace
de
chaos
(Printemps
Arabes).
Affaiblie
sur
le
plan
interne,
la
contestation
de
sa
puissance
sur
le
plan
extérieur
ne
se
fait
donc
pas
attendre.
Or,
la
population
est
la
première
frappée
par
le
contexte
d’insécurité
interne.
Elle
n’est
pas
prête
à
entendre
la
contestation
des
pays
amont
sur
son
usage
du
fleuve
nourricier.
Ce
qui
explique
un
discours
particulièrement
virulent
des
autorités
égyptiennes
qui
ne
correspond
pas
forcément
à
la
réalité
des
négociations
engagées.
Le
projet
de
barrage
éthiopien
Symptomatique
du
lien
entre
l’émergence
d’une
puissance
régionale
en
devenir,
l’Ethiopie,
et
des
revendications
sur
le
plan
international
sur
la
place
qu’elle
considère
devoir
lui
revenir,
le
projet
du
Grand
barrage
de
la
Renaissance
devrait
voir
le
jour
en
2016.
Les
travaux
de
détournement
du
Nil
Bleu
ont
commencé
fin
mai
2013.
Ce
barrage
a
pour
ambition
d’être
le
plus
grand
d’Afrique
avec
une
puissance
de
6000
mégawatts
(trois
fois
plus
que
le
barrage
d’Assouan,
en
Egypte).
Par
ailleurs,
ce
projet
hydraulique
est
révélateur
d’un
rééquilibrage
plus
profond
des
puissances
au
niveau
international.
Si
avant,
l’accompagnement
et
l’expertise
technique
et
financière
étaient
recherchés
auprès
des
puissances
occidentales,
l’Ethiopie
s’est
aujourd’hui
tournée
vers
la
Chine
pour
ce
faire.
On
voit
donc
s’affirmer
non
seulement
la
place
et
l’influence
de
la
Chine
en
Afrique,
mais
également
la
maitrise
technologique
de
la
Chine,
devenant,
au
même
titre
que
les
puissances
occidentales,
une
référence
dans
ces
domaines
(et
donc
un
concurrent).
9
Cf.
Jeanine
&
Samuel
Assouline
(Géopolitique
de
l’eau,
Studyrama,
2012,
p130)
et
texte
1
en
Annexe
de
ce
chapitre.
13
ressources
en
eau
et
agir
ainsi
comme
un
leader
vis-‐à-‐vis
des
autres
pays
riverains
du
bassin
»
10
:
Chine,
Turquie
par
exemple)
à
celui
de
l’hydro-‐diplomatie
:
les
pays
ont
plus
intérêt
à
coopérer
pour
une
gestion
commune
de
l’eau,
qui
leur
apportera
plus
qu’une
gestion
unilatéral.
Des
travaux
de
l’Université
de
l’Oregon
menés
sur
soixante
ans
et
2000
interactions
(http://www.transboundarywaters.orst.edu/),
montrent
que
les
cas
de
coopération
sont
deux
fois
plus
nombreux
que
les
cas
de
conflits
(graphique
n°2).
Graphique
n°2
:
Les
évènements
lies
aux
cours
d’eau
transfrontaliers
de
1948
à
1998,
d’après
A.
Wolf.
Une
quatrième
doctrine
est
souvent
utilisée
pour
justifier
certains
états
de
fait
et
éviter
leur
remise
en
cause,
c’est
celle
du
droit
du
premier
utilisateur.
10
David
Blanchon,
dans
«
La
question
de
l’eau
en
Afrique
:
de
la
variabilité
climatique
aux
tensions
hydropolitiques,
à
paraître,
d’après
la
définition
donnée
par
M.
Zeitoun
et
J.
Warner,
Hydro-‐Hegemony
:
A
framework
for
analysis
of
transboudary
water
conflicts,
Water
Policy
8,
2006,
435-‐460,
cité
par
La
géopolitique
de
l’eau,
Rapport
d’information
de
l’Assemblée
Nationale,
13
décembre
2011,
N°
4070,
p.71
:
http://www.assemblee-‐nationale.fr/13/pdf/rap-‐info/i4070.pdf
14
Le
fleuve
comme
une
unité
économique
Le
cas
du
Nil
permet
une
bonne
étude
de
l’évolution
des
mentalités
vis-‐à-‐vis
de
la
ressource
en
eau.
Longtemps
utilisées
dans
une
logique
prédatrice
et
sans
se
soucier
de
leur
durabilité,
les
ressources
fluviales
tendent
de
plus
en
plus
à
être
appréhendées
dans
leur
ensemble
et
continuité,
et
non
plus
seulement
en
fonction
des
frontières
territoriales
des
pays
d’elles
traversent.
L’enjeu
est
donc
majeur
:
il
s’agit
de
dépasser
l’intérêt
individuel
pour
viser
l’intérêt
durable
et
collectif,
sans
rééditer
les
erreurs
du
passé.
L’exemple
du
barrage
d’Assouan
permet
d’illustrer
les
erreurs
commises,
inhérentes
à
l’époque
et
à
la
difficulté
d’anticiper
les
conséquences
écologiques.
Sans
avoir
provoquer
un
désastre
de
l’ampleur
de
la
mer
d’Aral,
le
barrage
d’Assouan
a
sapé
les
pratiques
traditionnelles
des
paysans
égyptiens
et
les
a
fait
entrer
dans
une
ère
de
la
dépendance
:
-‐ Les
limons
venus
des
hauts
plateaux
éthiopiens
sont
retenus
par
le
barrage
qui
s’envase
un
peu
plus
d’année
en
année
;
-‐ Les
terrains
n’étant
plus
fertilisés
par
ce
limon,
l’agriculture
égyptienne
a
recours
à
des
engrais
chimiques
;
-‐ On
suspecte
le
recours
à
ces
engrais
d’être
à
l’origine
du
développement
de
certains
cancers
;
-‐ La
concentration
saline
en
aval
du
lac
Nasser
s’élève
et
accroit
la
salinisation
des
sols
;
-‐ Le
barrage
a
contribué,
avec
les
prélèvements
massifs,
à
la
quasi-‐disparition
du
poisson
du
Nil.
Les
paysans
dépendant
maintenant
de
la
pisciculture
du
lac
Nasser
et
doivent
payer
pour
une
ressource
alimentaire
qu’avant
ils
péchaient.
IV/
le
marché
de
l’eau,
l’autre
facette
de
la
géopolitique
de
l’eau
La
maitrise
de
l’infrastructure
est
un
enjeu
clé
de
la
géopolitique
de
l’eau.
Pour
des
raisons
stratégiques
(comme
l’illustre
le
cas
israélo-‐palestinien),
mais
également
politiques
(rivalités
entre
acteurs
privés
et
publics),
économiques
(rivalités
entre
les
entreprises
mondiales
pour
la
conquête
de
nouveaux
marchés),
sanitaires
et
de
santé
publiques
(lutte
contre
les
maladies
hydriques)
et,
bien
sûr,
écologiques
(traitement
des
eaux
usées,
lutte
contre
la
pollution
liée
à
l’exploitation
agricole
et
industrielle).
Enfin,
le
cumul
de
deux
facteurs,
l’accroissement
démographique
et
l’accroissement
de
la
pollution
et
de
la
dégradation
des
sources
d’eau,
pose
un
enjeu
énorme
à
l’humanité
:
sa
capacité
à
offrir
de
l’eau
potable
à
tous
dans
le
futur.
Est-‐il
possible
d’initier
une
gestion
durable
de
la
ressource,
qui
passe
nécessairement
par
des
innovations
technologiques
(dessalement
et
recyclage
des
eaux
usées
notamment)
?
Or,
la
question
centrale
tient
au
statut
de
l’eau
:
Est-‐elle
un
bien
monnayable
?
Est-‐elle
un
droit
?
Les
débats
actuels
sur
la
part
de
l’acteur
publique
et
la
part
de
l’acteur
privé
dans
le
cycle
complet
de
l’usage
de
l’eau
sont
intenses
et
relatifs
à
l’approvisionnement,
la
distribution,
le
traitement
des
eaux
usées,
etc.
11
Au
sujet
des
enjeux
du
bassin
du
Nil,
lire
l’article
Egypte
:
une
hydro-‐hégémonie
contestée
sur
le
Nil,
p.
22
à
25
de
la
revue
Diplomatie
(juin-‐juillet
2013)
et
l’article
Afrique,
Guerre
des
eaux
sur
le
cours
du
Nil
du
supplément
géo&politique
du
Monde
du
20
juin
2013
(références
dans
la
bibliographie).
15
1.
Enjeu
politique
:
la
rivalité
entre
les
acteurs
publics
et
privés
L'accès
à
l'eau
potable
est
un
droit
universel
reconnu
désormais
par
les
Nations
Unies.
Elle
est
aussi
devenue
un
marché.
Si
aujourd’hui
seul
9
%
de
la
population
mondiale
est
desservie
en
eau
par
une
entreprise
privée,
elle
n’était
que
de
2
%
il
y
a
20
ans.
Le
modèle
français
du
partenariat
public-‐privé
(PPP)
s’est
exporté
et
en
est
devenu
la
norme
:
ce
sont
les
bailleurs
de
fonds,
tels
que
la
banque
mondiale,
le
FMI
ou
encore
l’OMC,
qui
ont
poussé
au
développement
de
ces
partenariats
et
sont
apparus
comme
des
instruments
de
la
privatisation
du
secteur,
généralement
sans
consultation
de
la
population
locale.
Le
cas
de
la
France
est
particulièrement
emblématique
de
certaines
dérives
d’une
délégation
de
service
public,
quelques
fois
mal
contrôlée,
à
un
acteur
privé,
de
la
disponibilité
de
l’eau.
Les
entreprises
françaises
sont
les
leaders
mondiaux
sur
le
marché
de
l’eau
(Véolia,
Suez,
Saur)
même
si,
on
le
verra
plus
loin,
elles
doivent
faire
face
à
une
compétition
internationale
agressive
dans
ce
secteur.
Alors
que,
comme
on
l’a
dit,
seule
9
%
de
la
population
à
l’échelle
de
la
planète
est
desservie
par
des
entreprises
privées,
en
France
le
pourcentage
monte
à
80
%.
Les
collectivités
publiques
ont
largement
déléguées
leur
gestion
de
l’eau
aux
acteurs
privés,
or
ces
délégations
se
sont
faites
dans
des
conditions
contractuelles
largement
déséquilibrées.
Aussi
assiste-‐t-‐on
aujourd’hui
à
un
mouvement
de
retour
de
la
gestion
dans
le
giron
public.
Ce
mouvement
de
remunicipalisation
de
l’eau
a
lieu
aussi
bien
au
niveau
français
qu’international.
Il
s’appuie
sur
une
dénonciation
de
la
surfacturation
des
services.
Les
renouvellements
de
délégation
de
services
publics
aux
sociétés
privées
sont
l’occasion
de
renégocier
les
contrats.
Les
prix
ont
été
revus
à
la
baisse,
ce
qui
indique
que
les
termes
de
l’échange
se
rééquilibrent.
Dans
certaines
villes
françaises,
la
baisse
de
prix
à
qualité
égale
a
pu
atteindre
jusqu’à
40
%.
Au
niveau
international,
notamment
pour
les
pays
émergents,
la
problématique
est
la
même.
Les
prix
pratiqués
par
les
acteurs
privés
se
sont
confrontés
tout
d’abord
à
l’absence
de
compréhension,
de
la
part
du
consommateur,
des
raisons
de
payer
son
eau,
et
également
au
fait
que
la
population
n’avait
financièrement
pas
les
moyens
de
payer
le
prix
demandé.
L’acteur
privé
a
souvent
présenté
une
facture
sans
tenir
compte
de
l’environnement
socio-‐économique,
pourtant
primordial
pour
la
réussite
d’un
tel
projet.
Le
discours
au
début
des
années
2000
a
donc
évolué
du
full
cost
recovery
(recouvrement
intégral)
au
sustainable
cost
recovery
(recouvrement
soutenable
des
coûts)12.
De
nombreux
pays
s’orientent
donc
vers
une
remunicipalisation
de
la
distribution
de
l’eau
(en
Amérique
du
Nord
comme
du
Sud
notamment).
Une
cartographie
des
marchés
de
l’eau
s’est
dessinée
en
fonction
des
déceptions
des
acteurs
privés
et
de
la
solvabilité
des
clients
:
L’Amérique
latine
a
réservé
de
bien
mauvaises
surprises13,
l’Afrique
n’enregistre
que
quelques
contrats
garantis
par
de
l’argent
public,
l’Europe,
12
La
marchandisation
de
l’eau
s’accélère
par
Marc
Laimé,
mercredi
19
mars
2008,
le
monde
diplomatique.
13
Le
cas
de
Cochabamba,
la
troisième
ville
de
Bolivie,
en
est
le
meilleur
exemple
:
poussées
par
les
bailleurs
de
fond
internationaux,
les
autorités
boliviennes
délèguent
la
gestion
de
l’eau
de
Cochabamba
à
Aguas
de
Turani,
un
consortium
mené
par
la
multinationale
américaine
Bechtel.
Face
au
doublement
des
prix,
la
mobilisation
sociale
entre
janvier
et
avril
2000
va
se
conclure
par
l’annulation
du
contrat
accordant
pour
40
ans
la
concession
de
ce
service
public.
16
bien
qu’elle
soit
un
marché
mûr,
a
dégradé
la
qualité
de
sa
ressource
et
a
de
gros
besoins
en
dépollution,
l’Asie,
avec
la
Chine
en
tête
et
le
sous-‐continent
indien,
sont
des
zones
stratégiques
pour
le
développement
de
nouveaux
marchés14.
Ainsi
Veolia
a
annoncé,
en
mars
2012,
la
signature
d’un
premier
contrat
en
Inde,
avec
la
dixième
ville
du
pays,
Nagpur,
pour
une
durée
de
25
ans.
Ce
contrat,
qui
va
générer
387
millions
d'euros
de
chiffre
d'affaires
pour
Veolia,
a
été
remporté
avec
le
groupe
de
BTP
et
de
services
indien
Vishvaraj
Environment15.
L’un
des
objectifs
est
de
couvrir
les
besoins
non
seulement
de
la
classe
moyenne
mais
également
des
bidonvilles
jusque-‐là
non
desservis.
Les
travaux
devraient
coûter
60
millions
d’euros,
payés
pour
70
%
pour
l’Etat
indien,
les
30
%
restants
étant
à
la
charge
de
l’industriel.
Dans
son
article
intitulé
Une
manipulation
cauchemardesque,
pour
l’Atlas
des
utopies16,
Stéphane
Foucart
écrit
une
fable
qui
dresse
le
tableau
imaginaire
de
la
Terre
en
2082.
Organisés
en
régions
(fédération
européenne,
fédération
américaine,
fédération
est-‐asiatique…)
ayant
adopté
depuis
2038
la
Convention
des
Nations
Unies
pour
la
gestion
des
rayonnements
solaires
(CCNUGRS),
les
pays
de
la
planète
ont
préféré,
suite
à
la
multiplication
de
cataclysmes
météorologiques
liés
au
changement
climatique,
plutôt
que
de
questionner
et
modifier
leur
modèle
industriel
et
leur
production
de
biens,
injecter
annuellement
deux
millions
de
tonnes
d’hydrogène
sulfuré
(H2S)
dans
la
stratosphère
pour
faire
baisser
les
températures
et
réduire
la
fonte
des
glaces
du
Groenland.
Les
particules-‐aérosols
injectées
dans
la
stratosphère
réfléchissent
ainsi
une
partie
du
rayonnement
solaire
et
contrebalancent
le
déséquilibre
radiatif
induit
par
les
gaz
à
effet
de
serre.
17
Que
nous
apprend
cette
fable
?
Qu’il
y
a
urgence
à
faire
face
au
problème,
mais
surtout
à
faire
face
au
bon
problème.
Qu’il
y
a
urgence
également
à
modifier
nos
comportements
pour
préserver
l’équilibre
fragile
des
milieux
dans
lesquels
nous
vivons.
Le
seul
progrès
scientifique,
s’il
est
indispensable
(en
matière
d’eau
:
dessalement,
lutte
contre
la
pollution,
etc.),
n’est
pas
suffisant
et
doit
s’accompagner
d’innovations
sociales
et,
surtout,
d’un
changement
massif
de
mode
de
perception
de
nos
ressources,
notamment
de
l’eau.
Cette
fable
nous
interroge
aussi
sur
la
nécessité
d’une
gestion
globale
des
ressources
par
une
instance
mondiale…
14
La
marchandisation
de
l’eau
s’accélère
par
Marc
Laimé,
mercredi
19
mars
2008,
Le
Monde
diplomatique.
15
Veolia
part
à
la
conquête
de
l'Inde,
latribune.fr
(source
AFP),
13/03/2012.
16
L’atlas
des
utopies,
hors-‐série
La
Vie
–
Le
Monde,
p168.
17
Cf.
à
ce
propos
les
critiques
du
GIEC
sur
cette
méthode
de
géo-‐ingénierie,
critiques
exposées
par
Valérie
Masson
Delmotte
(Univ.
Paris
Sud
et
CEA)
pour
le
MOOC
DD
(FUN).
17
VI/
Bibliographie
18
VII/
Annexes
par Marion Moneuse (étudiante ECP), Simon Bunieski (étudiant ECP), Pascal da Costa (ECP).
Pour
quelques
semaines
encore,
2013
est
«
l'année
internationale
de
la
coopération
dans
le
domaine
de
l'eau
».
Force
est
de
constater
que
les
manifestations
organisées
par
l’ONU
et
l’UNESCO18
ont
été
assez
peu
médiatisées.
Pourtant,
l’eau
douce,
ressource
naturelle
paradoxalement
rare
sur
la
planète
bleue,
reste
fort
menacée
et
très
disputée.
Il
a
aussi
été
prévu
que
le
Canada
et
les
Etats-‐Unis
puissent
mettre
un
terme
à
cet
accord
soixante
ans
après
sa
ratification
(soit
en
2024),
si
et
seulement
si
l'une
des
entités
avertit
l'autre
de
ses
intentions
dix
ans
à
l'avance.
Cela
correspond
donc
au
16
septembre
2014
très
exactement,
d'où
le
dynamisme
actuel
autour
de
la
renégociation
du
Traité.
18
Cf.
http://www.unwater.org/water-‐cooperation-‐2013/events/milestone-‐events/en/
19
Le
calcul
du
montant
de
la
compensation
financière
(Canadian
Entitlement)
est
le
résultat
de
longues
études
sur
la
capacité
hydroélectrique
du
fleuve
avec
et
sans
barrages.
Ce
montant
est
variable
selon
des
plans
de
production
et
de
stockage
annuels
prévus
cinq
ans
à
l'avance,
sauf
demande
exceptionnelle.
19
pêchés,
témoin
de
l’impact
de
la
construction
des
barrages
sur
la
fraye
(le
cycle
de
reproduction)
des
poissons.
Alors
qu’en
1800,
20
millions
de
kg
de
saumons
étaient
pêchés
par
an,
on
est
aujourd'hui
à
moins
de
900
000
kg.
Pour
pallier
cela
(et
la
baisse
d’activité
économique
dans
le
secteur
de
la
pêche),
des
échelles
à
poissons,
qui
se
sont
avérées
peu
efficaces,
ont
été
installées
sur
certains
barrages
du
fleuve
pour
en
assurer
la
continuité
piscicole.
Mais
le
ralentissement
des
courants
fluviaux
induit
par
les
barrages,
même
équipés
de
ces
échelles,
allonge
le
voyage
migratoire
des
poissons,
passant
de
quelques
semaines
à
plusieurs
mois,
augmentant
ainsi
fortement
leur
taux
de
mortalité.
En
1994,
le
démantèlement
de
plusieurs
barrages
nuisibles
à
la
migration
des
saumons
fut
donc
proposé
par
des
écologistes
locaux.
En
2007,
le
premier
d'entre
eux
fut
démantelé
:
le
barrage
Marmot
sur
la
rivière
Sandy.
Depuis,
vu
le
succès
engendré
pour
la
pêche,
de
nombreux
autres
démantèlements
ont
suivi.
Parmi
les
scénarii
proposés
par
le
Groupe
d'experts
intergouvernemental
sur
l'évolution
du
climat
(GIEC),
le
scénario
dit
A2
a
été
retenu
dans
le
cadre
de
la
renégociation
actuelle
du
Traité
du
Fleuve
Columbia.20
Dans
cette
région,
il
est
prévu
une
augmentation
de
3
à
4°C,
d’ici
2090,
qui
provoquerait
un
recul
important
des
manteaux
neigeux
et
glaciaires.
Les
climatologues
prévoient
également
une
diminution
des
précipitations
en
été,
avec,
le
restant
de
l’année,
une
importante
augmentation
de
la
fréquence
des
précipitations
extrêmes.
Cela
entraînerait
une
augmentation
des
risques
de
crue
et
de
sécheresse
qui
aurait
des
impacts
certains
sur
les
ouvrages
hydroélectriques.
Ces
barrages,
conçus
il
y
a
cinquante
ans,
ne
seront
peut-‐être
plus
suffisants
pour
gérer
les
inondations,
de
même
que
les
réserves
d’eau
pour
l’irrigation
manqueront,
et
les
turbines
des
centrales
hydroélectriques
subiront
des
pressions
trop
fortes,
ou
trop
faibles,
selon
les
saisons.
En
outre,
la
production
électrique
sera
au
plus
bas
en
été,
au
moment
même
où
la
demande
est
au
plus
haut
(les
américains
étant
les
premiers
utilisateurs
de
climatiseurs
au
monde).
L'augmentation
de
température
ne
fera
donc
qu'aggraver
les
choses.
Au
final,
la
mise
à
jour
du
Traité
constitue
une
opportunité
unique
pour
prendre
en
compte
et
anticiper
les
effets
du
changement
climatique.
Les
débats
autour
du
prochain
Traité
font
donc
largement
appel
aux
modélisations
des
climatologues,
bien
que
des
incertitudes
soient
inhérentes
à
leurs
travaux.
Ceci
soulève
un
point
primordial
et
absent
dans
le
Traité
actuel
:
le
futur
Traité
Columbia
devra
être
adaptable
au
cours
de
son
application,
afin
de
suivre
au
mieux
l'évolution
effective
du
climat.
Que
ce
soit
du
côté
du
climat
ou
de
la
biodiversité
(et
des
activités
humaines
qui
sont
liées),
il
faut
donc
espérer
un
succès
du
prochain
Traité,
pour
le
Fleuve
Columbia
lui-‐même
et
ses
riverains
bien
entendu,
et
également
pour
tous
les
autres
fleuves
transfrontaliers
dans
le
monde
qui
souffrent
des
mésententes
des
pays
qu’ils
traversent…
et
dont
les
riverains
doivent
attendre
avec
impatience
que
leur
gouvernements
copient
un
jour
les
avancées
politiques,
juridiques
et
économiques
du
Traité
Columbia.
20
A2
considère
une
très
rapide
croissance
démographique
au
cours
de
laquelle
la
population
mondiale
atteindrait
un
maximum
en
milieu
de
siècle.
Ce
scénario
prévoit
des
convergences
dans
les
politiques
régionales
et
un
renforcement
des
interactions
culturelles
et
sociales.
Il
estime
qu’en
conséquence
le
taux
de
C02
dans
l’atmosphère
doublerait
d’ici
la
fin
du
siècle.
20
Annexe
2
:
Annexe
scientifique
et
technique
sur
l’eau
Cette
deuxième
Annexe
a
été
réalisée
à
partir
:
du
cours
de
Dominique
Pareau
(ECP)
et
de
synthèses
réalisés
par
Noémie
Blaise
(étudiante
à
l’ECP).
I/
Qu’est-‐ce
que
la
ressource
en
eau
?
Qu’est-‐ce
que
l’eau
?
Du
point
de
vue
chimique,
il
s’agit
de
la
molécule
bien
connue
H2O,
que
l’on
trouve
dans
la
nature
sous
trois
états:
l’état
gazeux,
l’état
liquide
et
l’état
solide.
L’eau
est
très
répandue
sur
la
terre.
En
effet,
70
%
de
la
surface
de
la
terre,
soit
1
360
000
000
km²,
est
recouverte
d’eau,
c’est
pourquoi
on
l’appelle
la
«
planète
bleue
».
Son
abondance
et
sa
qualité
varient
très
fortement
en
fonction
du
lieu
et
de
la
saison.
Par
exemple
l’index
de
montant
d’eau
annuel
par
habitant
est
très
variable,
il
varie
ainsi
entre
19
m3
à
Djibouti
et
660
000m³
en
Islande.
Le
stock
d’eau
actuel
total
sur
la
planète
est
de
1,4
milliards
de
km³,
réparti
entre
les
mers
et
océans
(97,5
%),
l’eau
douce
(2,5
%)
et
l’eau
de
surface
et
atmosphérique
(0,4
%).
Deux
types
d’eau
douce
peuvent
être
distingués,
comme
l’a
proposé
le
professeur
suédois
Malin
Falkenberg
en
1995:
-‐ L’eau
bleue
:
il
s’agit
de
l’eau
de
surface
(lacs,
fleuves,
rivières),
de
l’eau
souterraine
(aquifères
et
nappes)
et
des
glaciers.
Les
aquifères
sont
des
couches
de
terrain
ou
de
roche
contenant
de
l’eau
douce
relativement
libre,
sous
forme
de
nappes.
Les
nappes
phréatiques
(water
table
en
anglais)
sont
peu
profondes
et
permettent
d’alimenter
les
puits
et
forages.
Les
nappes
captives
beaucoup
plus
profondes
contiennent
de
l’eau
sous
pression
et
peuvent
donner
lieu
à
des
puits
artésiens.
L’eau
de
surface
et
l’eau
souterraine
sont
connectées
naturellement:
le
flux
de
la
rivière
vers
l’aquifère
s’inverse
selon
le
niveau
de
la
nappe
phréatique.
Il
apparaît
donc
que
pomper
de
l’eau
en
grande
quantité
dans
une
rivière
peut
abaisser
significativement
le
niveau
de
la
nappe
phréatique
et
assécher
certains
puits.
-‐ L’eau
verte
:
il
s’agit
de
l’eau
emprisonnée
dans
les
sols
et
accessible
par
les
plantes.
Lors
des
précipitations
40
%
de
l’eau
atteignant
le
sol
contribue
à
alimenter
l’eau
bleue
(par
ruissellement
superficiel
et
par
percolation
à
travers
le
sol
vers
les
nappes
d’eau
souterraines)
;
le
reste
constitue
l’eau
verte.
Il
y
a
bien
sûr
des
échanges
constants
entre
ces
types
d’eau.
L’eau
bleue
est
transformée
en
eau
verte
par
l’irrigation
des
cultures;
l’eau
verte
est
transformée
en
eau
bleue
par
le
drainage
des
sols.
L’eau
bleue
peut
être
transportée,
contrairement
à
l’eau
verte
qui
ne
peut
être
récupérée
que
par
le
biais
des
plantes.
L’eau
verte
est
un
réservoir
d’eau
majeur,
encore
mal
connu
et
probablement
sous-‐évalué.
21
III/
Les
usages
de
l’eau
L’eau
est
vitale
pour
les
êtres
humains,
les
animaux
et
les
plantes.
Elle
compose
le
corps
des
êtres
humains
à
65
%,
celui
des
animaux
à
60
%
et
intervient
dans
la
constitution
des
végétaux
à
hauteur
de
75
%.
L’eau
est
une
ressource
limitée.
Cette
limitation
est
d’autant
plus
problématique
que
c’est
une
ressource
unique
comme
l’air:
il
n’existe
pas
de
sources
alternatives.
Notons
à
titre
de
comparaison
que
d’autres
types
de
ressources
peuvent
être
remplacés,
comme
l’énergie
(remplacement
du
pétrole
par
le
nucléaire
et/ou
les
énergies
renouvelables)
ou
les
ressources
alimentaires
(remplacement
du
blé
par
le
riz…).
L’eau
est
utilisée
partout
et
pour
tout
:
survie
des
êtres
vivants,
plantes
et
industrie.
L’agriculture
intensive
aujourd’hui
conduit
à
des
sur-‐consommations
d’eau
liées
à
l’irrigation
massive
des
terres.
L’eau
est
également
très
employée
dans
l’industrie,
notamment
pour
le
refroidissement
des
centrales
de
production
d’énergie
;
elle
sert
également
de
source
d’énergie
renouvelable
(énergie
hydraulique),
dont
l’exploitation
permet
de
lutter
contre
l’émission
de
CO2,
mais
qui
peut
entraîner
des
dégâts
environnementaux
majeurs
(grands
barrages…).
En
2050
la
planète
comptera
9
milliards
d’êtres
humains
qui
devront
vivre,
se
nourrir,
cultiver,
produire
des
biens
et
services…
On
est
donc
confronté
à
une
continuelle
croissance
de
la
demande
en
eau,
les
solutions
doivent
être
trouvées
dès
à
présent.
Ainsi,
le
principal
problème
soulevé
par
le
fait
que
l’eau,
que
nous
pouvons
considérer
comme
le
«
sang
de
la
biosphère
»,
est
une
ressource
unique,
consiste
donc
en
l’accès
à
une
eau
de
qualité.
Il
est
alors
essentiel
de
s’interroger
sur
la
consommation
de
l’eau,
liée
directement
à
son
accès,
ainsi
qu’à
sa
purification,
en
lien
direct
avec
sa
qualité.
1. La
consommation
d’eau
L’homme
consomme
l’eau
douce,
puisée
dans
les
ressources
naturelles,
essentiellement
pour
trois
usages
qui
sont
l’agriculture,
l’industrie
et
l’usage
domestique
(figure
1
de
cette
Annexe).
Domes<que
(usages
Industrie
(
des
efforts
indivuels
et
récents
pour
quo<dien:
hygiéne,
économiser
et
boisson,
cuisine
…
)
recycler
une
10%
consomma<on
en
Agriculture
(l'agriculture
irriguée
forte
hausse
depuis
représente
17%
des
1950)
20%
terres
mais
40%
de
la
produc<on
agricole
mondiale)
70%
Toutefois
cette
répartition
entre
les
secteurs
consommateurs
est
très
inégale
selon
le
degré
de
développement
des
pays.
Les
Etats-‐Unis
prélèvent
l’eau
dans
les
ressources
naturelles
essentiellement
pour
l’industrie
(45
%)
;
l’Europe
l’utilise
à
hauteur
de
50
%
dans
l’industrie,
majoritairement
pour
l’énergie.
Quant
à
l’Afrique
et
l’Asie,
au
contraire
des
pays
précédents,
la
consommation
industrielle
est
réduite
(environ
5
%),
la
majeure
partie
étant
réservée
à
l’agriculture
(environ
80
%).
22
sortante,
par
exemple
pour
une
usine
entre
l’eau
pompée
dans
la
nappe
phréatique
et
l’eau
purifiée
rejetée
dans
un
cours
d’eau.
Selon
l’indicateur
que
l’on
choisit,
le
poids
relatif
des
secteurs
peut
varier.
Selon
l’industrie
concernée,
l’eau
peut
servir
à
produire
de
l’énergie
mécanique
et/ou
de
la
vapeur,
elle
peut
être
utilisée
comme
fluide
de
refroidissement
;
elle
peut
servir
de
réactif
dans
le
procédé
de
production
considéré.
A
la
sortie
du
procédé,
l’eau
liquide
peut
être
polluée
;
elle
est
donc
traitée
avant
d’être
recyclée,
valorisée
ou
rejetée
dans
le
milieu
naturel.
Dans
le
cas
des
aéro-‐réfrigérants
qui
permettent
le
refroidissement
de
l’eau
chaude
issue
d’échangeurs
de
chaleur,
il
y
a
production
et
rejet
de
vapeur
d’eau
dans
l’atmosphère.
Une
des
sources
les
plus
importantes
de
consommation
d’eau
dans
l’industrie
est
le
refroidissement
des
industries
productrices
d’énergie.
Dans
ce
cas,
la
majeure
partie
de
la
consommation
d’eau
se
fait
par
évaporation
et
transfert
vers
l’atmosphère.
On
observe
des
différences
fortes
entre
les
différents
secteurs
d’activité,
mais
aussi
pour
un
même
secteur
en
fonction
du
temps.
On
voit
que
les
prélèvements
bruts
dans
le
domaine
de
l’agriculture
ont
augmenté
de
façon
considérable
par
rapport
aux
prélèvements
dans
les
autres
domaines.
On
observe
des
tendances
analogues
en
ce
qui
concerne
la
consommation
nette
mondiale.
Toutefois,
la
consommation
mondiale
est
une
moyenne
de
valeurs
très
disparates.
En
effet,
pour
la
consommation
domestique
en
2002,
alors
que
les
Emirats
Arabes
Unis
consommaient
500L/jour/personne
d’eau,
le
Canada
un
peu
plus
de
300,
les
Etats-‐Unis
300,
et
le
Japon
un
peu
moins
de
300,
cette
même
consommation
était
inférieure
à
100
en
Pologne
et
République
Tchèque,
et
bien
inférieure
à
50
en
Inde.
D’après
J.
Gebel,
S.
Yüce
(Pollutech
2007),
on
trouve
des
empreintes
très
variées
dans
l’industrie
et
l’agriculture,
confirmant
l’influence
considérable
de
ce
dernier
secteur
(entre
10
et
100
fois
plus
prégnant
que
l’industrie)
(figure
2
de
cette
Annexe)
:
23
100000
Consomma<on
eau
en
L
10000
1000
100
10
1
Figure
2
:
Empreinte
eau
de
différents
produits
industriels
et
alimentaires
Le
procédé
de
potabilisation
de
l’eau
se
compose
de
plusieurs
étapes
:
Etape
1
:
Dégrillage
et
tamisage
L'eau
est
d'abord
filtrée
à
travers
une
simple
grille,
afin
d'arrêter
les
plus
gros
déchets
présents
dans
l'eau
(feuilles,
insectes,
particules
de
plus
de
1
mm…).
Elle
passe
ensuite
dans
des
tamis
à
mailles
fines
retenant
les
déchets
les
plus
petits.
Etapes
2
à
4
:
Floculation
et
décantation
Un
coagulant
est
ajouté
à
l'eau
pour
rassembler
en
flocs
les
déchets
encore
présents
dans
l'eau
(poussières,
particules
de
terre,
oeufs
de
poissons,
etc…).
Ces
flocs,
plus
lourds
que
l'eau,
se
déposent
au
fond
du
bassin
de
décantation
et
90
%
des
matières
en
suspension
sont
ainsi
éliminées.
Etape
5
:
Filtration
L'eau
traverse
un
filtre,
lit
de
sable
fin
et/ou
filtre
à
charbon
actif.
La
filtration
sur
sable
élimine
les
matières
encore
visibles
à
l'oeil
nu.
Les
filtres
à
charbon
actif
retiennent
les
24
micro-‐polluants
comme
les
pesticides.
NB
:
Il
existe
des
procédés
de
filtration
encore
plus
poussés
comme
la
filtration
sur
membranes
(ultra
et
nanofiltration).
Etape
6
:
Ozonation
L'eau
est
désinfectée
grâce
à
l'ozone
qui
a
une
action
bactéricide
et
antivirus.
Ce
gaz,
mélangé
à
l'eau,
agit
aussi
sur
les
matières
organiques
en
les
cassant
en
petites
molécules.
Il
améliore
également
la
couleur
et
la
saveur
de
l'eau.
L'ozone
est
un
gaz
légèrement
bleuté
résultant
de
la
transformation
de
l'oxygène
contenu
dans
l'air
sous
l'action
de
décharges
électriques
(ou
de
rayons
ultra-‐violets).
Il
est
fabriqué
dans
des
ozoneurs.
Etape
7
Filtration
sur
charbon
actif
Une
grande
partie
de
la
matière
organique
détruite
par
l'ozone
est
adsorbée
sur
le
charbon
actif.
Etape
8
:
Chloration
On
ajoute
du
chlore
à
la
sortie
de
l'usine
de
production
et
sur
différents
points
du
réseau
de
distribution
afin
d'éviter
le
développement
de
bactéries
et
maintenir
la
qualité
de
l'eau
tout
au
long
de
son
parcours
dans
les
canalisations.
Les
traitements
à
réaliser
sur
l’eau
«
naturelle
»
pour
la
rendre
potable
sont
à
adapter
selon
la
source
dans
laquelle
on
puise
l’eau.
En
effet,
si
l’eau
est
souterraine,
donc
si
elle
provient
de
sources,
de
puits
ou
d’aquifères,
elle
sera
généralement
très
pure
sur
le
plan
bactériologique,
mais
elle
pourra
être
polluée
chimiquement
(nitrate
par
exemple).
Si
l’eau
provient
de
lacs
et
de
barrages,
situés
en
amont
des
zones
à
approvisionner,
elle
se
trouvera
en
général
peu
contaminée
car
issue
d’une
zone
protégée.
Cette
eau
se
caractérise
essentiellement
par
la
présence
d’algues,
mais
aussi
par
un
taux
de
bactéries
faible
et
un
pH
souvent
acide.
En
revanche,
si
l’eau
est
issue
de
rivières
et
de
fleuves,
les
bactéries
seront
souvent
présentes
en
quantité
significative.
On
y
trouvera
également
des
algues,
des
solides
en
suspension,
ou
des
constituants
dissous.
25
Il
est
alors
nécessaire
de
mettre
au
point
des
procédés
de
dessalement
efficaces
et
applicables
dans
les
différentes
conditions
rencontrées.
Nous
consacrerons
un
paragraphe
à
ces
procédés
très
importants
car
ils
représentent
l’avenir
pour
nombre
de
régions
arides
;
l’enjeu
est
surtout
économique
car
il
convient
de
développer
des
procédés
les
moins
coûteux
possible.
Le
principe
du
dessalement
est
donc
d’obtenir
à
partir
d’eau
salée,
de
l’eau
pure
pour
la
consommation,
l’agriculture,
l’assainissement,
les
centrales
thermiques,
etc.
Pour
y
parvenir,
plusieurs
procédés
sont
envisageables,
mais
nous
trouvons
principalement
deux
procédés
développés
industriellement,
qui
sont
la
distillation
(évaporation
d’eau
pure)
et
l’osmose
inverse
(passage
d’eau
pure
à
travers
une
membrane
qui
retient
les
sels).
La
distillation
consiste
à
chauffer
l’eau
salée
pour
évaporer
de
l’eau
pure
que
l’on
condense
ensuite.
Elle
peut
être
mise
en
œuvre
de
diverses
façons
:
distillation
à
un
étage
ou
simple
effet
et
distillation
multi
étagée
ou
multiple
effet.
Cette
dernière
permet
une
utilisation
plus
méthodique
de
l’énergie
grâce
à
plusieurs
étages
de
distillation
et
une
économie
d’énergie
totale
par
rapport
au
simple
effet.
Cependant
le
fonctionnement
est
beaucoup
plus
complexe
et
l’investissement
plus
important.
Comme
tout
procédé,
la
distillation
a
des
avantages
et
des
inconvénients.
Ainsi,
elle
permet
d’obtenir
une
qualité
de
production
très
correcte
avec
une
salinité
résiduelle
de
l’ordre
de
20
à
80
mg/L.
L’énergie
thermique
peut
être
de
différents
types
:
moteur
Diesel,
turbine
à
gaz,
centrale
thermique
(turbine
à
vapeur...,
ce
qui
représente
une
souplesse
intéressante.
Cependant
l’énergie
nécessaire
est
considérable,
il
s’agit
d’évaporer
des
quantités
très
importantes
d’eau
;
par
ailleurs
les
matériaux
employés
doivent
résister
à
une
très
forte
corrosion
(eau
salée
à
forte
température),
ils
sont
donc
onéreux.
Il
est
enfin
nécessaire
de
dégazer
dans
chaque
cellule
et
de
prétraiter
l’eau
en
termes
de
désinfection
(chloration),
d’élimination
de
particules
solides
et
de
prévention
de
formation
de
tartre.
On
trouve
des
usines
de
distillation
gigantesques
comme
celle
d’Al
Khobar-‐2
qui
compte
dix
unités
de
26700
m3/jour
combinées
à
cinq
centrales
thermique
(Sidem).
Le
procédé
d’osmose
inverse
quant
à
lui
s’inspire
du
phénomène
d’osmose
bien
connu.
Ces
procédés
comportent
deux
compartiments
:
un
avec
de
l’eau
de
mer
ou
de
la
saumure
(brine)
et
l’autre
avec
de
l’eau
pure.
Lors
de
l’osmose
naturelle,
l’eau
passe
à
travers
la
membrane
(qui
retient
le
sel),
du
compartiment
eau
pure
vers
le
compartiment
eau
salée
;
ce
transfert
de
matière
a
lieu
dans
le
sens
classique,
des
zones
de
faible
concentration
de
sel
vers
les
zones
de
forte
concentration,
pour
équilibrer
le
système
en
terme
de
concentration
de
sel
et
d’activité
d’eau.
Pour
ralentir
ce
flux
d’eau
ou
même
l’arrêter,
il
est
nécessaire
d’appliquer
une
surpression
sur
le
compartiment
eau
de
mer.
La
pression
nécessaire
pour
stopper
le
flux
d’eau
est
appelée
pression
osmotique
.Afin
d’avoir
un
flux
d’eau
inverse,
à
savoir
du
compartiment
eau
de
mer
vers
le
compartiment
eau
pure,
il
est
nécessaire
d’appliquer
au
premier
une
pression
strictement
supérieure
à
la
pression
osmotique.
Les
membranes
d’osmose
inverse
sont
coûteuses
car
très
complexes,
de
plus
étant
soumises
à
de
très
fortes
différences
de
pression
(quelques
dizaines
de
bars),
elles
ont
une
durée
de
vie
assez
limitée.
Par
ailleurs
le
procédé
en
lui-‐même
est
également
gourmand
en
énergie.
On
trouve
des
usines
d’osmose
inverse
de
très
grande
taille
comme
celle
d’Ol-‐
Ashkelon
en
Israël,
où
sont
produits
330
000
m3/jour,
dont
13
%
pour
la
consommation
domestique,
grâce
à
un
investissement
de
212
M$.
Elles
sont
constituées
d’un
très
grand
nombre
de
modules
en
série
et
parallèle.
D’autres
procédés
de
dessalement
existent,
comme
l’électrodialyse
(ED/
EDR)
;
son
principe
est
basé
sur
le
transfert
d’ions
sous
l’effet
d’un
champ
électrique
et
à
l’aide
d’une
succession
de
membranes
sélectives
:
membranes
échangeuses
de
cations
(ne
laissant
passer
que
les
cations)
et
membranes
échangeuses
d’anions
(ne
laissant
passer
que
les
anions).
Ainsi
le
sel
NaCl
est
séparé
en
ses
deux
ions:
Na+
migre
d’un
côté
et
Cl-‐.
Choix
d’un
procédé
de
dessalement
Le
facteur
coût
est
évidemment
très
important,
mais
il
évolue
grandement
avec
le
temps.
On
peut
comparer
les
procédés
de
distillation
et
d’osmose
inverse
pour
l’eau
de
mer
en
fonction
du
coût.
La
technique
d’osmose
inverse
a
été
privilégiée
depuis
1972
et
son
coût
a
constamment
26
diminué
avec
le
temps.
Il
en
est
de
même
pour
le
coût
de
distillation
qui
a
également
baissé
par
suite
des
économies
d’énergie
notamment,
les
coûts
des
deux
techniques
sont
à
peu
près
comparable
aujourd’hui,
mais
avec
une
tendance
à
la
baisse
plus
forte
pour
l’osmose
inverse.
On
construit
par
ailleurs
beaucoup
plus
d’unités
d’osmose
inverse,
toujours
plus
grandes,
ce
qui
permet
des
économies
d’échelle.
Ainsi
en
Israël,
l’usine
d’Ashkelon
fut
une
des
premières
très
grosses
unités
à
voir
le
jour
en
2005,
avec
une
capacité
de
120
millions
m3/an
et
un
coût
de
0,7$
par
m3
;
le
coût
était
le
même
en
2009
avec
l’usine
d’Hadera
dont
la
capacité
est
de
127
millions
m3/an.
En
2013,
une
autre
usine
ouvrira
avec
un
coût
plus
bas
de
0,58
$
par
m3.
Afin
de
réaliser
l’intérêt
de
l’investissement
d’une
usine
de
dessalement,
il
est
intéressant
de
comparer
son
coût
avec
celui
du
transport
d’eau
douce
depuis
un
point
de
pompage
:
Figure
3
:
comparaison
des
coûts
entre
dessalement
et
aqueducs
pour
une
ville
littorale
(source
cours
Ecole
Centrale
Paris,
J.
Labre)
On
constate
qu’au-‐delà
d’une
certaine
distance,
le
dessalement
est
toujours
moins
cher
que
le
réseau
d’aqueducs.
Par
ailleurs
le
coût
du
dessalement
dépend
peu
de
la
capacité
à
produire,
alors
que
le
coût
du
transport
dépend
fortement
de
la
quantité
d’eau
à
véhiculer
(économie
d’échelle).
Par
exemple,
le
secteur
de
l'agro-‐alimentaire
doit
faire
face
aux
énormes
quantités
d'eau
utilisées
et
au
problème
majeur
qu’elles
créent
dans
les
usines.
L'eau
est
utilisée
comme
un
ingrédient,
un
agent
nettoyant,
pour
chauffer
et
refroidir,
pour
le
transport
et
le
conditionnement
de
matières
premières...
C’est
pourquoi
on
observe
aujourd’hui
un
fort
développement
du
recyclage
d'eaux
usées
retraitées,
en
particulier
dans
les
pays
arides
(Australie,
Israël,
etc.),
de
25
à
60
%
selon
les
régions
concernées
depuis
quelques
années.
Aujourd'hui,
plus
de
40
millions
de
mètres
cubes
d'eau
usées
municipales
sont
recyclées
par
jour
dans
le
monde.
Les
avantages
principaux
de
cette
solution
sont
au
nombre
de
deux
:
elle
permet
non
seulement
d'améliorer
la
disponibilité
des
ressources,
notamment
en
cas
de
sécheresse
27
dans
certaines
régions
du
monde,
mais
aussi
de
réduire
les
rejets
dans
l'environnement.
Elle
peut
être
mise
en
œuvre
pour
satisfaire
de
nombreux
besoins,
en
particulier
non
domestiques
:
irrigation,
substitution
de
l'eau
potable
pour
les
usages
industriels,
réinfiltration
et
stockage
d'eau
dans
les
nappes
souterraines
après
un
traitement
complémentaire,
etc.
Concrètement,
les
industriels
comme
Veolia,
Suez
ou
la
SAUR,
valorisent
les
eaux
usées
récupérées
en
sortie
de
station
d'épuration
après
leur
avoir
appliqué
un
traitement
adapté.
Le
niveau
de
traitement
est
défini
en
fonction
de
la
qualité
requise
par
le
type
d'usage
des
eaux
usées
recyclées.
Les
techniques
ainsi
employées
pour
recycler
l’eau
sont
diverses,
voici
les
principales
avec
leurs
utilisations:
-‐ l’ultrafiltration
(technique
de
filtration
sur
membrane):
Désinfection
des
eaux,
Recyclage
d’eau
de
lavage,
Valorisation
des
eaux
d’ateliers
de
couchage
en
cartonnerie,
Valorisation
des
«eaux
blanches»
en
laiterie,
Traitement
des
eaux
de
lavage
d’atelier
d’encres,
Traitement
des
eaux
de
conserverie
de
Poissons
-‐ la
nanofiltration
(technique
de
filtration
sur
membrane):
Fabrication
d’eaux
de
procédés,
Elimination
des
nitrates
de
l’eau,
Adoucissement
des
eaux
de
surface
ou
souterraines,
d’eaux
potables
avec
élimination
d’ions
multivalents
et/ou
de
petites
molécules
toxiques
-‐
la
pervaporation
(vaporisation
à
travers
une
membrane):
Traitement
des
effluents,
dépollution
des
effluents
aqueux,
Séparation
des
solvants
organiques
pour
la
récupération
et
le
recyclage
des
eaux
qui
contiennent
des
solvants
-‐
l’électrodialyse
(électrolyse
à
membranes):
Recyclage
des
eaux
usées
industrielles,
Recyclage
de
l’eau
de
rinçage.
5. Assainissement
Pour
finir,
étudions
le
traitement
des
effluents
liquides
domestiques
(toilettes,
douches,
cuisine…)
qui
sont
collectés
dans
les
égouts.
Ce
traitement
est
appelé
assainissement,
et
ne
s’applique
pas
uniquement
à
l’eau
domestique,
mais
aussi
aux
effluents
des
commerces
et
des
petites
industries.
L’assainissement
concerne
très
souvent
également
les
eaux
de
pluie
qui
sont
recueillies
avec
les
eaux
usées
dans
les
égouts.
Les
eaux
à
traiter
sont
l’eau
grise
qui
est
l’eau
usée
savonneuse
et
l’eau
noire,
eau
usée
provenant
des
toilettes
et
devant
subir
un
traitement
plus
fort.
Après
un
dégrillage
pour
enlever
les
solides,
l’eau
usée
subit
une
élimination
des
matières
organiques
par
voie
biologique
aérobie
;
des
filtres
biologiques
achèvent
la
destruction
de
la
matière
organique
et
permettent
une
dénitrification.
Après
clarification,
les
eaux
traitées
sont
contrôlées
et
renvoyées
dans
le
milieu
naturel.
Les
boues
humides
peuvent
être
valorisées
de
diverses
façons
:
méthanisation,
épandage
agricole
après
séchage…
28
Sources
et
lectures
complémentaires
pour
l’Annexe
:
Atlas
mondial
de
l’eau.
De
l’eau
pour
tous ?,
David
Blanchon,
Autrement,
2009
FAO.
2011.
The
state
of
the
world's
land
and
water
resources
for
food
and
agriculture
(SOLAW)
-‐
Managing
systems
at
risk;
Food
and
Agriculture
Organization
of
the
United
Nations,
Rome
and
Earthscan,
London.
Facing
the
Challenge.
World
Water
Development
Report
3,
Unesco,
2009.
Disponible
sur :
www.unesco.org/water/wwap/wwdr/wwdr3/case_studies/index.shtml
Municipal
water
reuse
markets
2010,
Global
Water
Intelligence
http://www.globalwaterintel.com/home/
Rapport
mondial
sur
le
développement
humain
2006,
PNUD,
Economica,
2006.
Disponible
sur :
http://hdr.undp.org/fr/rapports/mondial/rmdh2006/
Technologies
propres
et
eau
dans
l’industrie
»,
ARIST
Bourgogne,
2004,
disponible
sur
http://www.technologies-‐propres.com/pdf/livret_fiches_papier.pdf
29