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Introduction
L'importance du droit des obligations. Le droit des obligations est l'ensemble des
règles régissant les liens de droit par lesquels les membres de la société sont tenus les uns
envers les autres. Comme l'a relevé un auteur (Climanlo COULIBALY), le droit des
obligations revêt une importance considérable à la fois pratique et théorique.
L'importance pratique de la matière est évidente, car la théorie des obligations constitue
la base de la vie juridique. Par ailleurs, le droit des obligations n'est pas autre chose que la
mise en oeuvre des rapports économiques entre les hommes.
Au plan théorique, ce droit, ce droit a toujours retenu l'attention des juristes, car il revêt
un capital scientifique considérable.
Mais, indépendamment de ce droit, les principes du droit des obligations ont envahi tous
les domaines du droit, non seulement toutes les branches du droit civil, mais les branches du
droit du travail, et aussi le droit public (droit administratif...).
Les sources du droit des obligations. Il convient de noter ici qu'à la différence du droit
de la famille, le droit ivoirien des obligations ne présente aucune spécificité par rapport au
droit français, pour deux raisons :
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1° Les droits traditionnels, s'ils n'ignorent pas la notion de contrat, ne l'ont toutefois pas
systématisée comme dans les droits occidentaux.
2° Après l'accession à l'indépendance, le législateur ivoirien n'a pas jugé nécessaire d'adopter
une législation spécifique comme il l'a fait en droit de la famille : il a décidé de reconduire le
droit français. Cette position qui est celle de la majorité des législateurs africains a été écartée
par le législateur sénégalais.
Il faut enfin noter que les sources du droit des obligations sont le Code civil français dans
son état en vigueur avant 1960; la jurisprudence française et la jurisprudence ivoirienne, ainsi
que la doctrine.
Annonce du plan. L'étude des obligations que nous entamons aujourd'hui comprendra
trois chapitres :
Ch. 1. - La notion d'obligation
Ch. 2. - Les sources des obligations
Ch. 3. - La responsabilité civile.
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Dans le langage courant, le verbe "obliger" signifie directement "contraindre, forcer à ".
Est obligé celui qui est contraint de faire quelque chose même s'il ne le veut pas ou ne le veut
plus. Quelque chose est obligatoire lorsque l'on ne peut s'y soustraire sans conséquences, et en
particulier sans engager sa responsabilité.
Exemple : chaque citoyen a l’obligation de payer ses impôts.
En droit, une obligation est définie plus précisément comme un lien entre deux ou
plusieurs personnes, en vertu duquel l'une d'entre elles est tenue envers une ou plusieurs
autres de faire quelque chose. Une obligation implique dès lors au moins deux personnes,
celui qui doit (le débiteur, tenu d'une dette), et celui à qui l'on doit (le créancier, titulaire d'une
créance).
Le lien d'obligation a ainsi un double aspect : vu du côté passif, l'obligation est appelée
dette ; vu du côté actif, on l'appelle créance ; mais il s'agit des deux aspects de la même
obligation.
Exemple 1 : Akissi emprunte 10 000 F CFA à Aya ; Akissi a l’obligation de rembourser
à Aya les 10 000 F CFA qu'elle lui a prêtés. Akissi est débiteur envers Aya (elle a une dette
envers Aya). En revanche, Aya est son créancier ; elle est titulaire d’une créance envers
Akissi. Dans l’exemple ici, l’obligation prend sa source dans un contrat de prêt qui a été
conclu entre Aya et Akissi.
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Il suffit de reprendre la définition de l’obligation qui a été donnée plus haut (lien de droit
existant entre deux personnes en vertu duquel l’une, le créancier, est en droit d'exiger de
l’autre, le débiteur, quelque chose), pour pouvoir affirmer que l’obligation à trois caractères :
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La première catégorie est constituée par les obligations naturelles qui ont succédé aux
obligations civiles ; la seconde catégorie est constituée par les obligations naturelles
indépendantes de toutes obligations civiles.
Exemple : en droit de la famille, chaque parent est tenu d’une obligation alimentaire
envers ses enfants, s’il s’agit d’enfant légitime ou reconnu : l’obligation alimentaire est une
obligation civile. L’enfant peut saisir la justice pour ses droits. Mais si l’enfant est adultérin
non reconnu, il n’y a pas de droit entre l’enfant et le parent. Le parent a l’obligation de fournir
des aliments à l’enfant, c’est une obligation morale. Si le parent ne s’exécute pas, l’enfant ne
pourra exiger le payement d’une pension.
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Au contraire, le droit personnel que l’on appelle également droit de créance, est le
pouvoir juridique qu’a une personne d’exiger d’une autre personne, de donner, de faire ou de
ne pas faire quelque chose.
1° - Ils diffèrent quant à leur origine et quant à leur transmission entre vifs.(entre personnes
vivantes)
Elle est aisée pour les droits réels, beaucoup plus difficile pour les droits personnels : la
cession de créance est possible, certes, mais nécessite un certain formalisme (v. Droit civil.
Les obligations) ; quant à la cession de dette, elle est en principe impossible.
Par contre, la transmission à cause de mort est toujours possible : l'héritier qui accepte
la succession reçoit les dettes comme les créances de son auteur.
Le droit réel est opposable à tous, à la seule condition que certaines formalités de
publicité soient dans certains cas respectées. Cela signifie que les tiers doivent respecter le
droit réel mais que son titulaire ne peut ne peut rien exiger d'eux.
Le droit personnel, en revanche, n'est opposable qu'au débiteur qui est, en principe,
seul tenu d'exécuter soit un fait positif : donner une chose ou faire quelque chose, soit un fait
négatif : s'abstenir de faire quelque chose. C'est pourquoi on dit que le droit personnel a un
effet relatif, c'est-à-dire qu'il ne concerne que les deux parties en présence.
Le droit réel constitue uniquement un élément d'actif dans le patrimoine de son titulaire,
alors que le droit personnel se dédouble : il est un élément de l'actif dans le patrimoine du
créancier, élément du passif dans le patrimoine du débiteur.
4° - Ils diffèrent, enfin, quant aux prérogatives qu'ils confèrent à leur titulaire.
Alors que le droit réel comporte un droit de suite (le droit de suite lui permet de faire
saisir et vendre le bien, même s'il se trouve entre les mains de quelqu'un d'autres) et un droit
de préférence (le droit de préférence lui permet de se faire payer en priorité, avant les autres
créanciers), le droit personnel ne confère aucune de ses prérogatives, il ne confère au
créancier chirographaire qu'un droit général sur l'ensemble du patrimoine de son
débiteur (C. civ., art. 2285) et c'est pourquoi le créancier, qui veut être sûr d'être remboursé,
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doit garantir son droit en prenant une sûreté, c'est-à-dire un droit réel de garantie qui lui
conférera le droit de suite et le droit de préférence ; de simplement chirographaire, le
créancier deviendra hypothécaire, gagiste ou nanti.
Les obligations sont très variées. On ne peut les énumérer mais seulement les classer
généralement en fonction de leur source, de leur objet ou de leur force.
On appelle source d'une obligation le facteur qui lui donne naissance. Nous distinguerons
les classifications du Code civil (A) et celles de la doctrine (B).
1 – Le contrat
Le contrat est source d'obligations. Dans une première approche, un contrat est un accord
de volontés entre deux ou plusieurs personnes destiné à créer des obligations [ou ayant pour
effet de créer des obligations ou en vue de créer des obligations]. Les contrats sont multiples
et variés. Exemple : le prêt, la vente, le bail, le contrat de travail, etc. Le droit des obligations
étudie plus précisément le droit commun des contrats, c'est-à-dire l'ensemble des règles
communes applicables à tous les types de contrat. Les contrats concrets sont ensuite étudiés
dans le droit des contrats dits "spéciaux" (appelé parfois le droit des contrats civils et
commerciaux) qui détaille les autres règles applicables à chaque contrat précis en plus du
droit commun des contrats.
2 – Le quasi-contrat
Un quasi-contrat est un fait volontaire de l'homme dont il va résulter des obligations
similaires à celles qui seraient nées d'un contrat, mais sans qu'on puisse caractériser un contrat
dans la mesure où ces obligations n'ont pas leur source dans un échange de consentements.
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L’article 1371 du Code civil donne des quasi-contrats la définition suivante : « les quasi-
contrats sont les faits purement volontaires de l’homme, dont il résulte un engagement
quelconque envers un tiers, et quelques fois un engagement réciproque des deux parties ».
Les quasi-contrats, ainsi définis et complétés par la jurisprudence, comprennent trois faits
juridiques bien distincts. Ce sont : la gestion d’affaire (art. 1372 du Code civil), le paiement
de l’indu (art. 1376 du Code civil) et l’enrichissement sans cause (origine jurisprudentielle).
Il est à noter toutefois, concernant les quasi-contrats, que si les faits qui sont à leur
origine sont sont voulus par les auteurs, les obligations qui en résultent sont en revanche
involontaires. Elles sont imposées par la loi. Ainsi, c'est la loi qui par exemple prescrit la
répétition de l'indu à laquelle s'expose celui qui a reçu par erreur ou même sciemment une
prestation qui ne lui était pas due (cf. art. 1376 du C. civ.).
De même, en matière de gestion d'affaires, les obligations réciproques qui pèsent sur lé
gérant et le géré ne résultent pas de l'accord de volonté de ces personnes ; elles sont prescrites
par la loi (cf. art. 1372 à 1375 du C. civ.).
3 – Le délit et le quasi-délit
Un délit, au sens du droit civil, est le fait de causer un dommage à autrui
intentionnellement. L'auteur de cet acte sera tenu d'une obligation de réparer ce dommage. Le
délit au sens civil du terme est différent du sens pénal où le délit est, au sens général,
synonyme d'infraction, et, dans un sens plus précis, vise la catégorie d'infractions
intermédiaire entre les contraventions et les crimes.
Un quasi-délit est un fait illicite mais non intentionnel, c'est-à-dire commis sans
l'intention de causer le dommage mais uniquement par imprudence ou négligence. Exemple :
un accident de la circulation dû à une inondation.
Prévus par les articles 1382 et s. du Code civil, les délits et quasi-délits sont des faits
qui, ayant causé un dommage à autrui, obligent son auteur à le réparer. Le droit des délits et
des quasi-délits constitue ce que l'on appelle le droit de la responsabilité civile (voir chapitre 3
de la deuxième partie.
Il y a lieu de préciser que la différence entre le délit et le quasi-délit réside dans le fait
que le délit est intentionnel dans sa genèse (on a voulu causer le dommage) alors que le quasi-
délit procède d'un fait non intentionnel (on a causé le dommage par imprudence ou par
négligence).
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4 – La loi
La loi est bien évidemment source d'obligations. Exemple : les obligations légales qui
naissent entre propriétaires voisins, ou les obligations du tuteur. L'obligation naît ici non pas
de la volonté, mais de la loi. Mais étudier toutes les hypothèses où la loi oblige à faire quelque
chose, reviendrait à étudier toutes les branches du droit : le droit civil, le droit du travail, le
droit pénal, ou encore le droit administratif contiennent des obligations mises à la charge des
particuliers. Les obligations légales seront laissées de côté dans la mesure où elles sont
étudiées dans toutes les matières du droit.
Remarque : Cette présentation des sources des obligations par le Code civil a été
critiquée par la doctrine qui a proposé une autre classification.
Remarque : le fait juridique est un événement d'où découlent des conséquences de droit,
sans que celles-ci aient été directement voulues. C'est la loi qui attache de tels effets à
certaines circonstances qu'elle détermine.
Ce qui caractérise le fait juridique, c'est l'effacement total du rôle de la volonté quant aux
effets de droit déclenchés par l'événement considéré. Mais peu importe que cet événement lui-
même soit volontaire ou non.
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2° – L'obligation de faire est celle qui astreint le débiteur à accomplir une prestation
positive en faveur du créancier (art. 1142 à 1144 du C. civ.). Il en va ainsi de l'obligation du
vendeur de livrer la marchandise à l'acheteur ; du médeçin de soigner le malade ; de l'avocat
de défendre son client.
3° – L'obligation de ne pas faire est une prestation passive, consistant en une abstention
(art. 1142, 1143 et 1145 du C. civ.). Le débiteur s'engage vis-à-vis du créancier à ne pas agir,
à ne pas accomplir d'actes.
Il en va ainsi de la clause d'exclusivité, par laquelle l'une des parties au contrat s'engage
à ne pas accorder d'avantages ou de privilèges identiques à des tiers.
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Une première classification doctrinale consiste à opposer les obligations de moyens aux
obligations de résultat.
L'obligation de résultat est celle en vertu de laquelle le débiteur est tenu d'obtenir un
résultat précis, bien déterminé.
Au contraire, l'obligation de moyens est celle en vertu de laquelle le débiteur est tenu,
non plus d'obtenir un résultat, mais de tout mettre en oeuvre pour atteindre celui-ci.
L'exemple type est celui du médecin. Il n'est pas tenu d'obtenir la guérison du malade,
mais de le soigner en vue de la guérison en mettant en oeuvre tous les moyens et toute sa
diligence. Il en va de même de l'avocat, qui ne promet pas à son client de gagner le procès,
mais de faire de son mieux pour obtenir ce résultat.
Exemple : dans un contrat de transport, la simple constatation que le voyageur n'est pas
arrivé à destination ou que la marchandise n'a pas été livrée ou l'a été, mais en mauvais état
suffit à engager la responsabilité du transporteur. Ce dernier reste tenu de l’inexécution, s’il
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ne parvient pas à établir une cause étrangère (un cas de force majeure) l’exonérant de sa
responsabilité.
Les obligations en nature sont des prestations en nature fournies par le débiteur. Il en va
ainsi du travail à effectuer ; de l'obligation du peintre de faire un tableau. L'on recourt à cette
forme d'obligation pour contourner la dépréciation monétaire susceptible d'affecter les droits
de créance.
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Cours de droit civil, Introduction au droit, Les obligations
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peut être restitué : il n'y a pas paiement indu et nulle action en répétition de l'indu n'est donc
possible.
2° En second lieu, s'il y a engagement de payer sa dette par le débiteur (même
purement oral, dès lors que le créancier arrive à en faire la preuve), toujours de façon
volontaire et consciente, cet engagement transforme l'obligation naturelle en une obligation
juridique qui est donc désormais exécutoire devant les tribunaux. Selon la formule de la Cour
de cassation, "l'engagement unilartéral pris en connaissance de cause d'exécuter une
obligation naturelle [transforme] celle-ci en obligation civile". Si par exemple deux
concubins de longue date se séparent, et que l'un prend l(engagement de verser à l'autre une
pension mensuelle, les tribunaux pourront le forcer à payer s'il revient sur sa promesse : celle-
ci aura transformé l'obligation naturelle en obligation juridique. De même, un père biologique
qui s'engage volontairement à verser à son fils, une somme mensuelle jusqu'à la fin de ses
études, a pu vouloir exécuter un devoir de conscience et transformé une obligation
naturelle en une obligation civile. Il faut cependant qu'un véritable engagement ait pu être
caractérisé.
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