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De la lecture à la pratique !

Compte rendu de l’ouvrage

L’ESTIME DE SOI
S’AIMER POUR MIEUX VIVRE AVEC LES AUTRES

André, C. et Lelord, F., (2008),


L’estime de soi – S’aimer pour
mieux vivre avec les autres.
Poches Odile Jacob. ISBN : 978
2 7381 2204 9

Recension d’ouvrage réalisé par :


Chantal Oligny, étudiante à la maîtrise en carriérologie, UQÀM

Sous la direction de Louis Cournoyer, Ph.D., c.o. et Professeur (counseling de carrière)


Université du Québec à Montréal
Octobre 2013

 
 

1. Haute ou basse, l’estime de soi influence toute notre vie


La confiance en soi, l’amour propre, la connaissance de soi, l’affirmation de soi,
l’acceptation de soi, la croyance en soi et la fierté de soi sont autant d’expressions pour
désigner un concept plus grand : l’estime de soi. Bien ancrée dans la relation que nous
entretenons avec nous-mêmes et les autres, l’estime de soi est un véritable baromètre de
notre fonctionnement psychologique. En effet, s’accorder de la valeur et se sentir digne
d’être aimé permet d’entrer plus facilement en contact avec les autres, une meilleure
gestion de ses émotions, une meilleure communication, une plus grande tolérance aux
aléas de la vie, une sécurité émotionnelle et bien d’autres. Dans le cas contraire, ne pas
s’estimer peut rimer avec un manque de persévérance, de l’anxiété, des troubles de
comportement, un sentiment dépressif, une passivité et évidemment beaucoup de
souffrance. L’importance de l’estime de soi, Christophe André et François Lelord l’ont
bien compris et nous offre cet ouvrage clé en la matière. À travers un foisonnement
d’illustrations pratiques, de tableaux récapitulatifs et d’exemples concrets empruntés à
la psychologie quotidienne, ce guide nous propose de comprendre l’estime de soi et ses
mécanismes, d’en connaître ses origines et d’évaluer notre niveau d’estime afin
d’établir un bilan personnel. Et enfin, il propose des méthodes efficaces pour réparer,
reconstruire ou tout simplement entretenir notre estime de soi. «Pour se réjouir
d’exister et pour s’ouvrir au monde, il faut faire taire la douleur de soi. Pour être bien
avec les autres, il faut être bien avec soi-même. Pour tout cela, il faut simplement
s’estimer» (André et Lelord, 2007).

2. Présentation des ces auteurs pour grand public


Tous deux psychiatres et psychologues, Christophe André et François Lelord en sont à
leur troisième collaboration d’écriture avec L’estime de soi. Ils ont également coécrits
Comment gérer les personnalités difficiles (1996) et La force des émotions (2001).
Spécialiste des troubles anxieux et dépressifs et particulièrement dans la prévention des
rechutes, Christophe André est à ce jour l’un des leaders des thérapies
comportementales et cognitives, il fut également l’un des premiers à introduire la

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méditation en psychothérapie. Soucieux de rendre accessible ses ouvrages, il a écrit de


nombreux livres destinés au grand public dont Imparfaits, Libres et Heureux. Pratique
de l’estime de soi (2006) qui lui a valu le prix Psychologies Magazine. Psychiatre pour
la Fondation Alain Carpentier, François Lelord, pour sa part, se reconnaît surtout par
son style d’écriture. Tout comme son acolyte Christophe Andrée qui s’adresse
essentiellement à des lecteurs du grand public, François Lelord fait également le choix
de ne pas destiner ses écrits aux experts. Influencé par Saint-Exupéry et Voltaire, ses
ouvrages prennent la forme de comtes modernes tout comme son livre Le voyage
d’Hector à la recherche du bonheur (2002) qui a connu un grand succès et qui fut
publié à des millions d’exemplaires dans le monde (sources : Wikipédia et
www.psychologies.com)

3. Compte rendu commenté de l’ouvrage


C’est à travers 11 chapitres répartis sur 297 pages et divisés en 3 parties que les auteurs
nous révèlent tous les secrets de l’estime de soi. La première partie «Vous estimez-
vous ? Faites votre propre diagnostic» couvrant les chapitres 1 à 4, explique les bases
de l’estime de soi, ses différentes manifestations et propose au lecteur de faire son
propre diagnostic. On retrouve un questionnaire à la fin du chapitre 2 afin d’évaluer son
niveau d’estime de soi. La deuxième partie «Comprendre les mécanismes de l’estime
de soi» regroupe les chapitres 5 à 8. Bien qu’appuyée par des illustrations pratiques,
cette partie se veut un peu plus théorique puisque les auteurs tentent de retracer
l’origine et les sources de l’estime de soi à travers l’enfance, la vie d’adulte et les
dimensions sociales. Enfin la troisième partie «Faire face - Comment entretenir et
réparer son estime de soi» regroupant les chapitres 9 à 11, aborde les maladies de
l’estime de soi et, sous un angle beaucoup plus pratique, propose des stratégies de
protection et de développement de l’estime de soi. Cette partie se termine par un
questionnaire permettant des indications sur les changements à apporter en matière
d’estime de soi.

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LE CHAPITRE 1 «Les trois piliers de l’estime de soi» met en lumière les 3


composantes de l’estime de soi et l’importance d’un équilibre entre elles afin d’obtenir
une estime de soi harmonieuse. On retrouve d’abord l’amour de soi qui se veut la plus
importante puisqu’elle repose sur l’amour que l’on se porte, et ce, inconditionnellement.
Cet amour permet de se relever suite à des échecs et de rester debout dans l’adversité. Il
prend essentiellement racine à travers l’amour reçu par la famille et de ce fait, peut
expliquer l’origine des carences affectives et dans certains cas, les troubles de la
personnalité. La deuxième composante est celle de la vision de soi c'est-à-dire le regard
que l’on se porte ou encore, l’évaluation que l’on se fait de nos forces et de nos
faiblesses. Plus complexe, cette composante se retrouve dans le regard subjectif de soi
sur soi. Une personne détenant une faible vision de soi aura un regard critique envers
elle et s’attribuera des défauts que l’entourage ne perçoit pas. Tout comme l’amour de
soi, la vision de soi se forgera à travers l’environnement familial. Une vision de soi non
ajustée pourrait expliquer le phénomène (fréquent dans le domaine de l’orientation
professionnelle) des jeunes adultes qui font leur choix professionnel et scolaire en
fonction des espoirs non assouvis de leurs parents. La dernière composante, très souvent
confondue avec l’estime de soi est celle de la confiance en soi. Cette dernière fait
référence à nos actes, c'est-à-dire à la foi que l’on porte à notre capacité d’agir. Elle est
facilement identifiable puisqu’elle se reflète dans nos comportements, ce qui n’est pas
le cas de l’amour et la vision de soi. L’éducation et les valeurs familiales reçues jouent
un rôle considérable dans la formation de cette dernière composante. Distinction faite
de ces trois composantes, les auteurs enchainent avec la notion d’équilibre entres-elles
puisqu’elles sont dépendantes l’une de l’autre. En effet, l’amour de soi avantagera une
vision positive de soi et cette dernière sera d’une influence notable sur la confiance en
soi. L’estime de soi qui se veut fluctuante a donc besoin d’être régulièrement alimentée
par deux besoins fondamentaux; le sentiment d’être aimé et le sentiment d’être
compétent.

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LE CHAPITRE 2 «Estime et mésestime de soi. Haute ou basse ?» permettra aux


lecteurs de situer leur propre estime de soi à travers divers comportements. Dans un
premier temps, les auteurs nous expliquent que la façon dont les gens parlent d’eux est
fort révélatrice du degré d’estime qu’ils se portent. Sans se déprécier, les personnes qui
s’estiment peu ne vont pas se mettre en valeur, mais parler d’elles en termes neutres,
évitant ainsi les extrêmes. Par exemple «se vendre» pour obtenir un emploi peut
s’avérer fort inconfortable pour ces sujets. Ces personnes détiennent donc une image
floue d’elles-mêmes et par souci d’approbation sociale, n’oseront que très rarement
contredire ou déplaire. Dans la prise de décision, il arrive fréquemment que ces sujets à
basse estime hésitent, tergiversent et procrastinent pouvant entraver des décisions
importantes et existentielles telles qu’un choix professionnel par exemple. Cette
difficulté de choisir viendrait du fait que ces gens sont convaincus qu’il existe une
bonne et une mauvaise solution et qu’ils doivent définitivement choisir la bonne sous
peine de représailles. Cela les pousse donc à se reposer sous l’influence de l’entourage.
Une estime de soi haute permettra la persévérance dans ses choix et l’atteinte de ses
objectifs contrairement à une basse estime de soi qui fera renoncer à la moindre
difficulté ou avis contraire. Si les sujets à basse estime persistent dans une voie, c’est
souvent par conformisme social qui peut parfois entrainer un travail peu intéressant ou
un couple peu épanouissant. La sensibilité à l’échec et la critique est un autre aspect
déterminant d’une haute ou basse estime de soi. L’échec et la critique font toujours mal
quoiqu’on en dise, mais la capacité à s’en remettre sera plus difficile pour les sujets à
basse estime. Ces derniers auront de la difficulté à s’engager dans d’autres activités afin
de passer à autre chose de même qu’à relativiser la critique et l’échec qui prendront des
dimensions disproportionnées, ce qui viendra par le fait même alimenter les émotions
négatives entretenues par ces sujets. Enfin, la réaction au succès fera la différence entre
des sujets à haute et à basse estime. Ces derniers ressentent une perte de contrôle
lorsque ces événements surviennent et souffrent souvent du bonheur anxieux. Ils
peuvent également souffrir du syndrome de l’imposteur consistant en un sentiment de
ne pas être à la hauteur malgré la réussite. Ce chapitre se termine sur un petit
questionnaire donnant une indication du niveau d’estime de soi que l’on peut détenir.

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LE CHAPITRE 3 «Votre estime de soi n’est pas haute ? Ne désespérez pas!» est
particulièrement intéressant puisqu’il illustre les bienfaits d’une basse estime de soi et
nous montre également qu’une haute estime de soi comporte son lot d’inconvénients.
Valorisée dans notre société de performance et d’entreprenariat, la haute estime de soi
semble le but ultime à atteindre. Cependant une bonne estime de soi n’est pas
systématiquement haute puisque des avantages considérables semblent ressurgir à
travers une basse estime de soi. L’un des premiers avantages est l’écoute dont fait
preuve une personne qui en est pourvue. Cherchant à être apprécié de ses pairs, le sujet
à basse estime évitera de froisser son entourage, il sera donc plus enclin à écouter les
critiques lui permettant de s’ajuster et d’être au diapason avec les autres. De ce fait, il
tiendra davantage compte des conseils qu’on pourra lui donner afin d’améliorer son
sort. Les auteurs font également référence à l’humilité qui permettra à ce sujet le respect
des autres dans le sens qu’il ne se considérera pas comme étant supérieur. La modestie,
cousin de l’humilité est également l’une des forces du profil à basse estime de soi. Elle
permet au sujet qui détient ce profil une certaine réserve et une orientation altruiste dans
son comportement servant ainsi la collectivité plutôt que ses seuls intérêts. Une trop
grande estime de soi, pour sa part, s’illustre par une certaine arrogance et une tendance
à écraser, voir mépriser les autres en situation de compétition. Elle peut s’avérer
également dangereuse puisque le sujet qui se surestime sera hermétique aux conseils qui
lui sont adressés. En effet, ne détenant pas cette facilité ou ce réflexe de se remettre en
question, il aura tendance à trouver la faille ou les coupables à l’extérieur de lui et ainsi
réduire considérablement les occasions d’apprentissage. Bien que le sujet à haute estime
de soi fait preuve de persévérance, il peut arriver que ce sujet tombe dans l’obstination
afin de ne pas perdre la face. Enfin, une haute estime de soi rappelle étroitement
l’orgueil, considéré comme un péché par de nombreuses religions. En terminant ce
chapitre, André et Lelord précisent le rôle du thérapeute dans une problématique
d’estime de soi. Ils conseillent à ces professionnels d’orienter l’estime de soi de
l’individu en accord avec son milieu. Un patron d’entreprise aura tout avantage à
augmenter son estime de soi tandis que la modestie sera de mise pour un intervenant en
milieu communautaire.

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LE CHAPITRE 4 «Stable ou instable ? Testez la solidité de votre estime de soi» est


pour moi un chapitre clé de ce livre puisqu’il établit une typologie de l’estime de soi
permettant une illustration claire de ses quatre grands types. Il ne suffit pas de
déterminer si l’estime de soi est haute ou basse pour comprendre le fonctionnement
psychologique d’un individu en regard de son estime de soi. Il est important de relever
également le degré de résistance aux événements de la vie quotidienne soulignent les
auteurs. Cette notion de résistance s’exprime par la stabilité et l’instabilité de l’estime
de soi. Nous retrouvons donc deux profils d’une haute estime de soi et deux profils
d’une basse estime de soi. Le premier profil, estime de soi haute stable accordera à la
personne un tempérament plus positif et posé puisque les circonstances extérieures ont
peu d’emprise sur son estime de soi. Ce sujet sait garder une certaine contenance face à
l’adversité. De manière générale, il ne cherche pas à se justifier ni ne consacre du temps
à promouvoir son image. Il n’en est pas de même pour le profil estime de soi haute
instable. Ce sujet, beaucoup plus vulnérable à la critique et à son environnement
extérieur, réagira fortement à la compétition et à l’échec. Le cas échéant, il pratiquera
l’autopromotion de façon excessive afin de contrer toute menace à l’endroit de sa
valeur. Il est important de clarifier que ces deux profils soient très similaires «au repos»
ou autrement dit dans une situation ou l’estime de soi n’est pas menacée. La différence
apparaît dans des contextes de compétition, d’échec ou encore de remise en question.
Le profil basse estime de soi instable quant à lui est beaucoup plus modeste que le profil
précédent. Tout comme son acolyte à haute estime, il est très sensible aux événements
extérieurs et de ce fait, voit son estime fluctuer selon les circonstances. Cependant,
lorsqu’il est déstabilisé ou confronté, il n’aura pas le même réflexe d’autopromotion ou
de justification du sujet à haute estime instable. La particularité de ce profil c’est qu’il
attribue à ses sujets le désir constant de se donner à eux-mêmes et aux autres une
meilleure image précise les auteurs. Ce que le profil à haute estime instable ne possède
pas puisqu’il ne calcule pas les autres dans son inconfort. Finalement, le profil basse
estime de soi stable est le plus inhibé puisqu’il accepte de se situer tout en bas. Il est
peu mobilisé par les événements favorables, il adopte donc une attitude résignée et ne
consacre aucun effort à se valoriser à ses yeux ni à ceux des autres.

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LE CHAPITRE 5 «D’où vient l’estime de soi ? Que faire avec bébé?» se positionne
sur les débuts de la formation de l’estime de soi. En effet les auteurs sont d’avis qu’elle
prend forme en même temps que la conscience de soi c'est-à-dire vers l’âge de 8 ans où
les enfants de cet âge peuvent accéder à des représentations psychologiques d’eux-
mêmes. Avant cet âge, les premiers matériaux de l’estime de soi se mettent en place
puisque l’enfant de 3-4 ans commence déjà à se préoccuper de son acceptation sociale.
Entre 6-8 il tente de se valoriser aux yeux des autres et particulièrement à travers leurs
parents. À l’école, il faut se rappeler que la compétition et la comparaison sociale sont
très fortes et l’impact de cet environnement sur l’estime de soi n’est pas à négliger. La
constitution de l’estime des enfants et adolescents se fait à travers 5 domaines
importants soit : l’aspect physique, les compétences athlétiques, la popularité auprès des
pairs, la conformité comportementale et la réussite scolaire. Les enfants sont donc
capables à l’âge scolaire de classer leur camarade selon des critères comme la beauté ou
la popularité, se situer dans ce classement et en tirer des conclusions telles que : «Lucie
est plus belle que moi alors la maitresse la préfère». L’importance accordée à ces
domaines ne dépend pas du jugement de l’enfant, mais bien des personnes significatives
dans son entourage qui seront à même d’évaluer ses compétences. On y retrouve les
parents, les enseignants, les amis et les camarades de classe. À l’adolescence, les
nombreuses tentatives de suicide corrèlent souvent avec une basse estime de soi. Bien
que la dépression en est la principale cause, cette période difficile est traversée par des
changements corporels, une crise identitaire, l’échec scolaire et/ou le conformisme
social donnant bien du fil à retorde à l’établissement d’une bonne estime de soi. Les
auteurs soulèvent également l’impact d’être l’ainé de la famille à l’effet que la
naissance d’un frère ou d’une sœur porte toujours un coup à l’estime de soi. Du jour au
lendemain, l’ainé devra partager l’attention de ses parents avec un nouveau membre
dans la famille. Tandis que pour le cadet, l’affection des parents est partagée dès la
naissance ce qui lui permettra d’être moins sensible à la menace d’une perte possible.
Ce chapitre se termine sur l’influence du milieu scolaire et ses conséquences sur
l’estime de soi et adresse des conseils aux parents pour bien soutenir leurs enfants dans
cette épreuve hautement compétitive.

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LE CHAPITRE 6 «Des adultes sous influence : amour, couple, travail et estime de


soi» nous renseigne sur les événements qui peuvent jouer sur l’estime de soi à l’âge
adulte. Ce chapitre débute avec les risques de la séduction. En effet, la vie amoureuse
est fortement corrélée avec l’estime de soi, ce n’est pas une surprise puisqu’on parle
d’amour. Certains sujets à basse estime de soi ressentent le besoin de séduire à tout
moment afin de vérifier leur degré de désirabilité. D’autres sujets se retrouvent dans
l’incapacité d’aborder une personne de sexe opposé par peur du rejet. Des expériences
ont été menées établissant que l’estime de soi joue sur le comportement amoureux. Les
hommes affichant une haute estime de soi seront plus susceptibles de tenter leur chance
auprès des femmes et ces dernières sont plus réceptives à la séduction lorsqu’elles se
sentent dévalorisées. Le choix d’un partenaire dépend également de l’estime de soi. Par
exemple, les sujets à basse estime ont tendance à préférer des partenaires qui leur
renvoient une juste évaluation d’eux plutôt qu’un regard trop favorable qui pourrait
déclencher le sentiment de n’être pas à la hauteur de cette considération. Au sein du
couple, il importe qu’un partage des compétences s’établisse afin que l’estime de soi de
chacun soit nourrie. Certains couples sont fonctionnels sans ce partage des compétences
comme c’est le cas par exemple pour un des conjoints qui a réussi professionnellement
et l’autre pas. Mais cet équilibre pourra s’écrouler si ce dernier réussit. La présence des
disputes dans un couple sert souvent à ramener l’estime de soi du conjoint à des
proportions plus justes. Cependant, il faut faire la distinction entre des conflits normaux
et pathologiques où l’objectif de ces derniers sont de diminuer l’estime de soi de l’autre.
La fin du couple affecte grandement l’estime de soi, particulièrement le chagrin
d’amour puisque celui qui le vit a tendance à se dévaloriser. Les relations amicales,
pour leur part, serviront à nourrir et stabiliser l’estime de soi. C’est pourquoi les gens
ont tendance à se faire des amis à leur image afin de se voir confirmer dans ce qu’ils
sont. Le travail peut représenter l’occasion pour les sujets à faible estime de se réaliser,
mais s’il occupe une part trop importante de l’estime de soi globale, il risque de rendre
le sujet dépendant de son métier. Le chômage est une puissante source de dévalorisation
qui peut laisser des traces indélébiles sur l’estime de soi. Le rôle des professionnels
pour l’aide à l’emploi doit donc consister à protéger ou reconstruire l’estime de soi.

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LE CHAPITRE 7 «Estime de soi ou image de soi ? Êtes-vous prisonnier des


apparences ?» met en lumière le poids des apparences sur l’estime de soi et la réaction
différente des hommes et des femmes sur cette question. En effet, dès l’enfance les
garçons ont tendance à se surestimer contrairement aux filles. L’environnement social y
joue un grand rôle et l’écart entre les hommes et les femmes sur l’estime de soi tend à
se réduire considérablement de nos jours. Cependant l’image que les filles ont de leur
corps demeure problématique. Le corps idéal chez la femme repose sur les modèles
féminins parfaits affichés par l’industrie de la mode et la publicité et qui plus est,
retouchés au point de ne plus représenter la réalité. Cette pression culturelle engendre
une augmentation inquiétante de troubles de conduite alimentaire particulièrement chez
les femmes détenant une faible estime. Le doute de soi peut les pousser à la boulimie et
parfois à des troubles pathologiques sévères. Les hommes quant à eux, moins sensibles
à leur beauté n’en demeurent pas moins préoccupés par la question de la taille. Bien que
la taille de leur sexe soit une préocupation, il s’agit surtout de leur stature puisqu’une
personne de grande taille est associée à une marque de puissance. En fait, l’importance
de l’aspect physique dans l’estime de soi repose sur son immédiateté sans égard au
contexte. Les compétences scolaires ou athlétiques doivent être démontrées par des
examens ou des épreuves tandis que l’aspect physique se manifeste en tout temps. Les
avantages de la beauté sont nombreux puisqu’on y accorde beaucoup de crédibilité dans
notre société. Les plus beaux s’attirent plus de faveurs et sont traités avec plus de
clémence. Malheureusement la beauté n’est pas répartie équitablement et malgré ce
qu’on peut en penser, elle n’est pas que dans la tête. Par conséquent, la mode
vestimentaire sert davantage à parer notre estime de soi que se protéger du froid.
D’ailleurs qui ne voit pas son estime de soi augmenter à l’achat de nouveaux vêtements
? Sans suivre les dernières tendances, le souci du look vestimentaire sera pour certain
une façon de se démarquer, pour d’autres l’adoption d’un style voire d’une personnalité.
Peu importe le but recherché, la façon de s’habiller sert souvent de bouclier à l’estime
de soi. Les industries de l’image l’ont bien compris puisque la beauté sous toutes ses
formes est ouvertement recherchée.

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LE CHAPITRE 8 «Théories» explique 4 des plus importantes théories sur l’estime de


soi. La première nous vient de Willim James, médecin et philosophe américain, mais
également l’un des pionniers à travailler sur l’estime de soi. Il s’est rendu compte
qu’une absence de lien existait entre les qualités objectives d’une personne et le degré
de satisfaction qu’elle a d’elle-même. Il en a conclu que la satisfaction ou non de soi
dépend bien sûr de nos réussites, mais particulièrement des critères sur lesquels nous la
jugeons. Prenons par exemple un étudiant reçu au bac avec la mention «bien». Ce
résultat sera un succès pour l’étudiant qui craignait de ne pas y arriver, mais un échec
pour l’étudiant qui visait la mention «très bien». Donc, dans le premier cas, l’estime de
soi se voit augmentée et dans l’autre diminuée. La deuxième repose sur une analogie
avec le domaine de la finance. Des psychologues en sont venus à la conclusion que la
quantité d’amour reçu à l’enfance est une sorte de capital de l’estime de soi et qui sera
déterminante plus tard. Tout comme les investisseurs qui disposent d’un bon capital de
départ, il s’agit de jouer gros pour gagner gros. La peur de perdre est moins grande pour
ces derniers puisqu’ils disposent de beaucoup d’argent. Les moins nantis quant à eux
ont peur de perdre le peu qu’ils possèdent, ils seront donc beaucoup plus prudents, mais
les gains seront en conséquence. Le modèle financier de l’estime de soi explique donc
les stratégies différentes adoptées par les sujets à haute et à basse estime. La troisième
suggère l’estime de soi comme un sociomètre étant donné son étroit rapport avec la
critique et l’approbation des autres. L’estime de soi serait donc un moyen de mesurer la
perception que nous avons de notre popularité puisqu’elle fluctue dans le même sens
que l’acceptation sociale. La peur du rejet qui se cache derrière l’importance accordée à
l’évaluation des autres provoquerait l’adoption d’un conformiste social. La dernière
approche est en rapport avec nos idéaux. En effet, il est plutôt rare d’atteindre ses
idéaux dans la vie et c’est pourquoi nous nous appuyons sur des modèles pour nous en
rapprocher. Tant qu’il n’y a pas de compétition avec les personnes qui représentent nos
modèles, leur fréquentation nous permet d’imiter leurs compétences et d’augmenter
notre savoir-faire et notre estime de soi. Les antimodèles aussi peuvent augmenter notre
estime puisqu’en comparaison avec eux, nous nous sentons mieux lotis. Cultiver les
deux permettra donc à l’estime de soi d’être rassuré vers le bas et stimulé vers le haut.

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LE CHAPITRE 9 «Les maladies de l’estime de soi» illustre les difficultés


psychologiques découlant de l’estime de soi. Bien que la dépression soit une maladie et
l’estime un trait de personnalité, les deux sont liées puisque les personnes aux prises
avec un problème d’estime sont plus à risque de devenir dépressives. Les travaux de
Beck démontrent que le passage à la dépression est facilité par deux dimensions de la
personnalité; la sociotropie et l’autonomie. En effet, c’est lorsque les deux fondements
de l’estime de soi sont altérés c'est-à-dire le sentiment d’être aimé pour le sociotrope et
le sentiment d’être efficace pour l’autonome que l’état dépressif survient. Parfois on
assiste à des dérapages de l’estime de soi. Les sujets bipolaires, passant d’un état
dépressif à un état mégalomane et le narcissique avec son sentiment de supériorité en
sont des manifestations. Les complexes ne sont pas des diagnostics psychiatriques, mais
les gens qui en souffrent présentent une estime de soi gravement diminuée et
entretiennent un sentiment d’infériorité. Poussés à leur extrême, les complexes peuvent
devenir pathologiques, on parle alors de dysmorphophobie. Un regard négatif sur soi
peut également pousser certaines personnes à l’alcoolisme. Une personne qui s’estime
faiblement recherchera les effets euphorisant de l’alcool et lui permettre une certaine
liberté d’action par la désinhibition. Du même coup, cela lui permettra également
d’oublier son sentiment d’échec. Conséquemment un cercle vicieux s’enclenche
puisque l’alcoolisme altère considérablement l’estime de soi et peut pousser à la
dépression. Les traumatismes psychologiques ébranlent grandement l’estime de soi de
ses victimes. Ces dernières ressentent de la honte, de l’humiliation dans les cas de viol,
d’agression ou encore de la culpabilité pour les rescapés de catastrophes. Ces
sentiments éprouvés provoquent à leur tour des problèmes chroniques de souffrance
poussant les personnes touchées à s’isoler. D’ailleurs c’est souvent l’agression sur
l’estime de soi qui provoque plus de mal que l’agression sur la personne physique. Les
auteurs soulignent également l’importance du rôle des parents et de l’estime de soi et
mettent en lumière les effets dévastateurs des parents contrôleurs, alcooliques,
agresseurs (verbal, physique) et abuseurs (sexuel). En résumé, l’estime de soi joue un
rôle considérable dans la pathologie puisque soit elle est à l’origine du trouble, soit elle
l’aggrave, soit elle le chronicise ou encore elle bloque la réduction du trouble.

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LE CHAPITRE 10 «Petits arrangements avec l’estime de soi : comment la protéger


à court terme» explique comment des comportements quotidiens servent à augmenter
ou protéger notre estime de soi. D’abord les mécanismes de défense servent avant tout à
éviter des émotions et pensées souffrantes à notre conscience. Les personnes fragiles
ont tendance à les utiliser plus souvent, car ils protègent l’estime de soi, mais l’effet
pervers c’est qu’ils fragilisent la personne également puisqu’ils évitent des remises en
questions. Les principaux mécanismes de défense sont l’évitement ou retrait, le déni, la
projection, les fantasmes et rêveries, la rationalisation et la compensation. Tout le
monde a recours à ces mécanismes un jour ou l’autre et peu importe le niveau d’estime
de soi, car ils font partie du quotidien de la nature humaine. Les personnes à basse
estime de soi adoptent souvent une attitude prudente et réservée, car elles craignent
avant tout l’échec et consacrent donc plus de temps à protéger leur estime qu’à son
développement. Les mécanismes de défense privilégiés par ces sujets sont l’évitement
et le retrait de même que le déni. Ils vont également utiliser le succès par procuration
c'est-à-dire bénificier de la réussite des proches tels les enfants, le conjoint ou encore un
icône sportif. Enfin, les personnes à basse estime de soi s’adonnent également à la
rêverie pour éviter la réalité trop douloureuse. Pour les personnes à haute estime de soi,
il en est tout autrement. Pour elles qui ont tendance à foncer, elles connaissent plus de
réussites, mais également plus d’échecs. Elles vont donc préférer les mécanismes
d’externalisation des causes de l’échec reportant ainsi la faute de l’échec à quelqu’un ou
quelque chose d’extérieur. Il en est de même pour la spécificité dans l’autocritique qui
permet de réduire l’échec à un petit détail qui n’a pas marché. Et finalement, ne rien
remettre en question c’est-à-dire être convaincu que ça marchera la prochaine fois sans
réviser ce qui a fait défaut. Enfin, l’autohandicap, qui consiste à se mettre soi-même des
bâtons dans les roues réduisant ainsi les chances de succès est un mécanisme qui est
utilisé autant par les sujets à basse qu’à haute estime de soi. Pour le premier, il servira à
protéger son estime en cas d’échec (limiter les pertes) et pour l’autre pour augmenter
son estime en cas de succès (augmenter les gains).

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LE CHAPITRE 11 «Je m’aime, donc je suis. Comment développer son estime de


soi» propose des moyens pour ceux qui désireraient améliorer considérablement leur
estime de soi. D’abord, changer c’est possible nous disent les auteurs, mais il faut
garder à l’esprit que l’estime de soi est un phénomène qui s’auto-entretient. Pour
modifier son estime de soi, ce chapitre propose de porter ses efforts dans trois domaines
et dans chacun de ces domaines se trouvent trois clés. Le premier domaine est le rapport
à soi-même et dans lequel on retrouve les trois clés suivantes : se connaître, s’accepter
et être honnête avec soi-même. Le deuxième domaine est le rapport à l’action et les clés
pour y parvenir sont : agir, faire taire le critique intérieur et accepter l’échec. Le
troisième et dernier domaine est le rapport aux autres ayant comme clés : s’affirmer,
être empathique et s’appuyer sur le soutien social. Bien entendu, les auteurs définissent
ces clés et fournissent des trucs accessibles à tous pour les atteindre. D’autres stratégies
sont proposées pour changer par exemple; transformer ses plaintes en objectifs; choisir
des objectifs adaptés ou encore procéder par étapes, c'est-à-dire introduire des étapes
intermédiaires entre la situation actuelle et celle voulue. Enfin, ce chapitre se termine
sur l’aide qui peut être apportée par les thérapies. Quant faut-il consulter, qu’attendre
d’une thérapie, comment choisir le bon thérapeute, quels sont les droits du patient et les
obligations du thérapeute sont autant de questions auxquelles les auteurs répondent. Ces
derniers exposent les tenants et aboutissants des thérapies comportementales et
cognitives et des thérapies analytiques, constituant les deux grandes familles de la
psychothérapie et prodiguent quelques conseils quant à l’arrêt d’un choix de thérapie. À
la dernière page de ce chapitre se trouve un questionnaire proposant de donner des
indications sur les efforts à fournir pour ceux qui désirent procéder à un changement de
son estime de soi. En guise de conclusion, les auteurs nous laissent sur une lettre très
touchante et pleine d’espoir d’une patiente envoyée à son thérapeute exprimant les
bienfaits d’une estime de soi bonifiée.

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4. Pertinence pratique
À la lumière de cet ouvrage, la pertinence de travailler avec l’estime de soi apparaît
incontournable dans un processus d’orientation professionnelle. En effet, comprise dans
l’estime de soi, la vision de soi lorsqu’elle est ajustée permet de bien se projeter dans
l’avenir et assurément mieux choisir le rôle professionnel que nous désirons jouer
(Michaud, 2009). Mais s’estimer sainement passe d’abord par la connaissance de soi. À
cet égard, les professionnels de l’orientation sont tout désignés dans l’exploration des
intérêts, aptitudes, valeurs, forces et limites d’un individu désireux de se connaître
davantage. L’estime de soi fournit également de précieuses indications sur le
fonctionnement psychologique d’une personne. Par exemple, l’évaluation de la
confiance en soi, composante de l’estime de soi, permettra une compréhension de la
difficulté à envisager le succès et la facilité à appréhender l’échec (Michaud, 2009).
Cela permettra également de comprendre les effets d’une basse estime de soi et
d’expliquer la tendance de certains à suivre une voie qui n’est pas la leur afin d’obtenir
l’approbation des autres ou encore la difficulté à se positionner voir même l’incapacité
de choisir (Michaud, 2009). Enfin, travailler sur l’estime de soi permettra aux
conseillers d’orientation d’amener plus facilement ses clients vers l’action et de
s’engager dans un choix éclairé, un changement ou tout simplement le maintien d’une
situation satisfaisante. Présente dans bien d’autres concepts tels la maturité
vocationnelle, le concept de soi, le sentiment d’efficacité personnelle ou encore
l’actualisation de soi, l’estime de soi touchera donc tout type de clientèle (jeunes,
adultes, immigrants, chômeurs, etc.) de même que différentes problématiques reliées à
des changements ou transitions effectués au cours d’une vie (passage à l’âge adulte,
immigration, transition de carrière, retour aux études, retraite, etc.). Cet ouvrage sera
donc une lecture de choix à suggérer à toute clientèle aux prises avec des difficultés
d’estime de soi puisque son contenu, bien vulgarisé et appuyé d’exemples du quotidien,
est accessible au grand public. Somme toute, l’estime de soi est une notion complexe
qui influe énormément sur nos émotions, nos pensées et notre comportement. Il est
donc indispensable pour tous professionnels en relation d’aide de s’y attarder
puisqu’elle est un facteur clé dans nombreux domaine de notre existence.

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5. Références

André, C. et Lelord, F., (2008). «L’estime de soi – S’aimer pour mieux vivre avec les
autres». Poches Odile Jacob. ISBN : 978 2 7381 2204 9

Biographie de Christophe André. En ligne: http://fr.wikipedia.org/wiki/


Christophe_Andre

Biographie de Christophe Andrée. En ligne : http://www.psychologies.com/Les-


experts-de-Psychologies/Andre-Christophe 

Biographie de François Lelord. En ligne : http://fr.wikipedia.org/wiki/Francois_Lelord

Biographie de François Lelord. En ligne :


http://www.psychologies.com/Auteurs/Lelord-Francois 

Michaud, I., (2009). «Orientation professionnelle et estime de soi» La presse


(Montréal) le 18 septembre, En ligne : http://lapresseaffaires.cyberpresse.ca/cv/
conseils/ 200909/18/01-903307- orientation-professionnelle-et-estime-de-soi.php

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