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Guide de conception des assemblages

pour les charpentes en bois


cecobois remercie Ressources naturelles Canada et le ministère
des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec pour leur contribution
financière à la réalisation de ce guide.
Avant-propos
Ce guide technique a pour but d’assister les ingénieurs et les architectes dans la conception d’assemblages
pour le gros bois d’œuvre, le bois de charpente composite et le bois lamellé-collé utilisés dans des construc-
tions non résidentielles. On y présente les généralités relatives au matériau bois ainsi qu’aux moyens d’assem-
blage. Il inclut également les principes de conception, les différentes normes de calcul utilisées et plusieurs
exemples de calculs.

Remerciements
Les conseillers techniques de cecobois remercient les spécialistes suivants pour leurs commentaires construc-
tifs sur les divers aspects techniques de ce guide :
• Julie Frappier, ing., Nordic Bois d’ingénierie
• Sébastien Gilbert, Goodlam et Produits de bois d’ingénierie
• Mohammad Mohammad, FPInnovations
• Alexander Salenikovich, Université Laval
Les images techniques ont été réalisées à l’aide du logiciel Cadwork.

Responsabilités du lecteur
Bien que ce guide ait été conçu avec la plus grande exactitude conformément à la pratique actuelle du calcul
des structures en bois, le Centre d’expertise sur la construction commerciale en bois n’est nullement respon-
sable des erreurs ou des omissions qui peuvent découler de l’usage du présent guide. Toute personne utilisant
ce guide en assume pleinement tous les risques et les responsabilités. Toute suggestion visant l’amélioration
de notre documentation sera grandement appréciée et considérée dans les versions futures.

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois i


Table des matières
Avant-propos i
Remerciements i
Responsabilités du lecteur i
Liste des tableaux iv
Liste des figures iv
1 Centre d’expertise sur la construction commerciale en bois 1
2 Avantages environnementaux de la construction en bois 2
3 Propriétés du bois 3
3.1 Structure anatomique 3
3.2 Propriétés mécaniques 4
Anisotropie 4
Compression et traction parallèle au fil 4
Compression perpendiculaire au fil 5
Traction perpendiculaire au fil 5
Résistance à l’enfoncement 6
Variabilité 6
Facteurs de modification 6
3.3 Produits 6
Bois d’œuvre 6
Bois d’ingénierie 7
3.4 Performance au feu 8
3.5 Variations dimensionnelles 8
Hygroscopicité du bois 8
Retrait et gonflement 8
Séchage du bois 9
3.6 Durabilité 10
4 Propriétés de l’assemblage 11
4.1 Résistance mécanique 11
Résistance et comportement 12
Vérification des éléments en acier 13
Géométrie de l’assemblage 13
Performance sismique 16
4.2 Effets de l’humidité 17
4.3 Résistance à la dégradation 18
4.4 Résistance au feu 19
Assemblages non protégés 19
Assemblages protégés 20

ii Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


4.5 Principes de conception 23
Étalement des connecteurs 23
Excentricités 23
Résistance perpendiculaire au fil 24
Combinaison des moyens d’assemblage 24
Facilité de mise en place 25
Simplicité 25
Esthétisme 25
Coûts 25
5 Assemblages mécaniques 25
5.1 Boulons et goujons 25
Généralités 25
Spécificités techniques 26
Calcul de la résistance 27
Exemples 32
5.2 Tire-fonds et vis 53
Généralités 53
Spécificités techniques 53
Calcul de la résistance 54
Exemples 55
5.3 Rivets 66
Généralités 66
Spécificités techniques 66
Calcul de la résistance 67
Exemples 68
5.4 Clous et pointes 73
Généralités 73
Spécificités techniques 73
Calcul de la résistance 74
Exemples 74
5.5 Goujons forcés 79
Généralités 79
Spécificités techniques 79
Calcul de la résistance 79
5.6 Nouveaux connecteurs 80
Vis à double filetage 80
Vis et goujons auto-taraudeurs 80
Connecteurs métalliques intégrés 81
Barres insérées collées 83

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois iii


6 Assemblages par contact 84
6.1 Embrèvements 84
Généralités 84
Calcul de la résistance 85
7 Exemple de calcul complet 88
8 Références 95

Liste des tableaux


Tableau 1 Teneur en humidité d’équilibre (THE) des éléments en bois 9
Tableau 2 Teneur en humidité des produits en bois au moment de l’installation 10
Tableau 3 Largeur bst minimale en fonction de la résistance au feu 20
Tableau 4 Largeurs minimales pour protéger les plaques métalliques 21
Tableau 5 Diamètre des trous 53

Liste des figures


Figure 1 www.cecobois.com 1
Figure 2 Cycle de vie des matériaux de construction 2
Figure 3 Comparaison des émissions de GES dues à la fabrication d’une poutre de 7,3 m
supportant une charge de 14,4 kN/m 3
Figure 4 Structure microscopique d’un bois résineux 3
Figure 5 Efforts exercés parallèlement à l’axe de l’arbre 4
Figure 6 Efforts exercés parallèlement au fil 4
Figure 7 Efforts exercés perpendiculairement au fil 5
Figure 8 Configurations propices à la traction perpendiculaire au fil 5
Figure 9 Résistance à l’enfoncement du bois 6
Figure 10 Bois lamellé-collé générique 7
Figure 11 Bois lamellé-collé propriétaire 7
Figure 12 Bois de placages stratifiés (LVL) 7
Figure 13 Bois de copeaux parallèles (PSL) 7
Figure 14 Bois de copeaux longs laminés (LSL) 7
Figure 15 Couche de carbonisation 8
Figure 16 Teneur en humidité d’équilibre du bois 8

iv Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


Figure 17 Influence de la teneur en humidité sur les changements dimensionnels du bois 9
Figure 18 Phénomène de retrait et de gonflement selon le sens du bois 9
Figure 19 Retrait des éléments en bois dû au séchage 10
Figure 20 Configuration des assemblages selon le type d’effort 11
Figure 21 Courbe charge – déformation pour différents types d’assemblages 12
Figure 22 Éléments métalliques utilisés pour les assemblages 14
Figure 23 Distances minimales 15
Figure 24 Définition du nombre de files 16
Figure 25 Courbe d’hystérésis représentant le comportement ductile d’un assemblage acier-bois 17
Figure 26 Courbe d’hystérésis d’un assemblage 17
Figure 27 Détail d’assemblage permettant de limiter l’impact d’un éventuel retrait du bois 18
Figure 28 Prévoir un assemblage qui facilite l’écoulement de l’eau et le séchage du bois 18
Figure 29 Exigences dimensionnelles relatives à la protection des plaques d’acier 21
Figure 30 Longueurs d’assemblages pour une charge équivalente 23
Figure 31 Situations à éviter : différentes causes d’excentricités dans un assemblage 24
Figure 32 Situations à éviter : appui en porte-à-faux, charge sous la poutre ou imprécision dans un joint 24
Figure 33 Goujon et boulon soumis à un chargement latéral 26
Figure 34 Distances et espacements minimaux pour les boulons et les goujons 27
Figure 35 Modes de ruptures ductile et fragile nécessitant une vérification 27
Figure 36 Modes de rupture ductile d’un assemblage par goujons reliant trois membrures de bois 28
Figure 37 Modes de rupture ductile unitaires selon le modèle européen 29
Figure 38 Épaisseurs t1 et t2 selon la disposition 29
Figure 39 Coefficient K LS selon les conditions de cisaillement 30
Figure 40 Valeur de a cr 30
Figure 41 Effort de cisaillement induit dans une poutre en fonction de la position de P 31
Figure 42 Utilisation du tire-fond 53
Figure 43 Préperçage des vis 54
Figure 44 Profondeur de pénétration et épaisseur des éléments minimaux 54
Figure 45 Modes de rupture ductile unitaires selon le modèle européen 54
Figure 46 Rivets 66
Figure 47 Rigidité des rivets vs disques de cisaillement 66
Figure 48 Fibres comprimées dans une membrure après l’insertion des rivets 66
Figure 49 Séquence de positionnement des rivets 67
Figure 50 Différents types de clous de construction 73
Figure 51 Goujon forcé 79
Figure 52 Usages des vis à double filetage 80
Figure 53 Vis auto-taraudeuses 80

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois v


Figure 54 Goujons auto-taraudeurs 81
Figure 55 Appareils de pose pour vis auto-taraudeuses 81
Figure 56 Système Bertsche BS 81
Figure 57 Application du système Bertsche BS – Pont d’Avoudray et Expo-Dach à Hannovre 82
Figure 58 Connecteur In-duo® 82
Figure 59 Connecteur NHT® 82
®
Figure 60 Système IdeFix 82
Figure 61 Assemblages par tiges insérées collées – Pont de Crest 83
Figure 62 Assemblage rigide par barre insérée collée 83
Figure 63 Charpente et joints traditionnels 84
Figure 64 Principaux types d’embrèvements 84
Figure 65 Embrèvement simple – Influence de l’angle de coupe 85
Figure 66 Longueur d’extrémité résistant au cisaillement longitudinal 85
Figure 67 Reprise de la composante verticale de la charge 86
Figure 68 Embrèvement arrière 86
Figure 69 Traction perpendiculaire au fil dans un embrèvement arrière mal conçu 86
Figure 70 Embrèvement double 87

vi Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


1 Centre d’expertise sur la construction
commerciale en bois
Le Centre d’expertise sur la construction commerciale en bois (cecobois) est un organisme à but non lucratif
dont la mission est d’appuyer sans frais les promoteurs, les développeurs ainsi que les firmes d’ingénieurs et
d’architectes en matière d’utilisation du bois dans les constructions non résidentielles au Québec.

cecobois est votre ressource première afin d’obtenir :


• des références sur les produits du bois, leurs propriétés et les fournisseurs ;
• des conseils techniques en matière de faisabilité d’utilisation dans les projets commerciaux ;
• des renseignements et des services sur des solutions constructives en bois.

Vous êtes promoteur, ingénieur ou architecte ? cecobois peut vous renseigner sur :
• l’interprétation du Code du bâtiment ;
• la démarche à suivre pour concevoir un bâtiment en bois ;
• les possibilités d’utilisation du bois en construction commerciale, industrielle ou institutionnelle ;
• les produits de structure, les bois d’apparence et les parements disponibles ;
• les propriétés mécaniques du bois et des bois d’ingénierie ;
• les outils et les manuels de calcul des structures disponibles ;
• les solutions constructives en bois appropriées ;
• les avantages du bois du point de vue des impacts environnementaux ;
• l’analyse du cycle de vie des matériaux, des bâtiments ou des systèmes de construction.

Visitez notre site Internet


www.cecobois.com
afin d’obtenir une vaste
gamme d’information
sur la construction non
résidentielle en bois,
des nouvelles, des fiches
techniques et des outils
de conception en ligne
(figure 1).

FIGURE 1 • www.cecobois.com

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 1


2 Avantages environnementaux
de la construction en bois
Dans un monde sensibilisé à l’environnement, le bois est L’analyse du cycle de vie quantifie les impacts qu’un
un matériau de premier choix. Il a beaucoup à offrir pour produit, un procédé ou une activité a sur l’environnement
améliorer la performance environnementale globale au cours de sa vie, à l’aide d’une méthode reconnue
des bâtiments. L’utilisation du bois permet de réduire scientifiquement. Elle considère l’ensemble des étapes
la trace environnementale en matière notamment de allant de l’extraction des matériaux, la transformation,
consommation d’énergie, d’utilisation des ressources le transport, l’installation, l’utilisation, l’entretien jusqu’à
ainsi que de pollution de l’eau et de l’air. l’élimination finale ou la réutilisation (figure 2). L’ana-
lyse du cycle de vie des matériaux est un outil précieux
Toutes les activités humaines ont des répercussions sur
pour quantifier le caractère écologique des projets de
notre environnement immédiat et il est pratiquement
construction et soutenir les systèmes de certification
impossible de construire un bâtiment n’ayant aucun
environnementale des bâtiments.
impact écologique. Les concepteurs et les construc-
teurs de bâtiments sont cependant de plus en plus L’évaluation de l’ensemble des impacts qu’ont les
conscients de l’importance de leurs choix pour bâtiments sur l’environnement est une tâche complexe
réduire l’empreinte environnementale des bâtiments et un défi de taille. L’Institut ATHENA a mis au point
sur le monde qui nous entoure. C’est pourquoi ces un outil permettant de calculer les impacts directs sur
décideurs adoptent majoritairement des concepts de l’environnement de différentes techniques de construc-
« construction écologique » et optent pour des solu- tion. Le logiciel ATHENA impact estimator (ATHENA™)
tions visant à réduire la consommation d’énergie, à est un instrument d’évaluation environnementale
favoriser l’emploi de matériaux renouvelables et à limi- basé sur l’analyse du cycle de vie qui s’adresse princi-
ter la pollution causée par la fabrication des différents palement aux professionnels de la construction.
produits.

SÉQUESTRATION EXTRACTION DES RESSOURCES

TRANSFORMATION

FIN DE VIE

Le cycle
de vie
des produits
du bois

DÉMOLITION CONSTRUC TION

UTILISATION ET ENTRETIEN

FIGURE 2 • Cycle de vie des matériaux de construction

2 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


Émissions de GES (kg equ. CO2)
Une récente étude réalisée par cecobois a permis de
comparer le potentiel de réchauffement climatique d’une
poutre en bois d’ingénierie de 7,3 m de portée suppor-
tant une charge non pondérée de 14,4 kN/m. Dans la
figure 3, l’équivalent d’émission de CO2 représente le
potentiel de réchauffement climatique obtenu lors de
l’analyse du cycle de vie à l’aide du logiciel ATHENA™.
Cette étude démontre que la poutre en bois d’ingénierie

Séquestration de CO2
émet près de 6 fois moins de GES que celle en béton et
environ 4 fois moins que celle en acier.
Le procédé de fabrication du bois de construction
requiert en effet moins d’énergie et est beaucoup
moins polluant que d’autres matériaux ayant davan-
tage d’impacts sur l’environnement. De plus, l'arbre
séquestrant du CO2 dans le bois au cours de sa
croissance, son bilan carbone total peut être considéré
comme positif.
1. Émissions de GES, calculées lors d’une analyse du cycle de vie
L’utilisation du bois en construction contribue aussi à l’aide du logiciel ATHENA TM 4.1.11
à l’efficacité énergétique du bâtiment, car sa faible 2. Estimé en fonction de la composition du bois pour une masse
conductivité thermique permet de réduire efficacement volumique de 500 kg/m3
les ponts thermiques dus à la structure. FIGURE 3 • Comparaison des émissions de GES
Respectueux de l’environnement, les éléments en bois dues à la fabrication d’une poutre1 de 7,3 m supportant
une charge de 14,4 kN/m
d’ingénierie permettent une meilleure utilisation de
la ressource en employant des arbres de plus petits
diamètres pour fabriquer un produit de haute qualité.

3 Propriétés du bois
Le bois, de par sa composition cellulaire, présente des au printemps et de cellules plus denses produites au
propriétés uniques qui le distinguent des autres maté- cours de l’été. Sa structure anatomique confère au bois
riaux de construction. Ses propriétés anisotropes (qui d’intéressantes propriétés mécaniques. L’hygroscopi-
diffèrent selon l’axe d’observation) et son hygroscopi- cité du bois le rend toutefois sensible à l’eau, propriété
cité (aptitude à absorber l’humidité) affectent directe- qui doit être prise en considération au moment de la
ment les caractéristiques physiques et mécaniques du conception pour assurer la longévité des constructions
bois. Quoi qu’elles soient inflammables, les construc- en bois.
tions en gros bois d’œuvre offrent cependant de bon-
nes performances en cas d’incendie. Bois d’été

Cerne annuel Bois de


Une bonne compréhension de ce matériau et de ses printemps
particularités est essentielle à la conception des as-
semblages afin de permettre un comportement prévi-
sible des structures. Cellules
(trachéides
longitudinales)

3.1 Structure anatomique


Direction
Le bois est formé d’un ensemble de cellules principa- longitudinale
lement orientées dans le sens longitudinal du maté- (parallèle au fil)
Direction
riau. Sa structure interne pourrait être comparée à radiale
une multitude de petits tubes collés les uns aux autres
(figure 4). Les conditions de croissance influençant
Direction tangentielle
la disposition et la densité de ces cellules, les cernes
annuels sont formés de cellules plus aérées produites FIGURE 4 • Structure microscopique d’un bois résineux

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 3


3.2 Propriétés mécaniques
Grandement influencées par la structure interne du
bois, les propriétés mécaniques varient selon la direc-
tion d’application de la charge par rapport à son fil
(sens des fibres). Cette anisotropie est causée prin-
cipalement par des modes de rupture qui diffèrent
selon le type de chargement et son orientation. Les
propriétés mécaniques du bois sont aussi liées à sa
densité, à sa teneur en humidité, à la durée de char-
gement ainsi qu’aux différents traitements du bois.

Anisotropie
Pour bien résister aux principaux efforts au cours de
sa croissance dans l’arbre, le bois est formé d’un
ensemble de cellules orientées dans le sens longitu-
dinal du matériau (figure 5). Du fait de cet alignement
des fibres, le bois est un matériau qui offre une résis-
tance différente selon la direction de chargement. La FIGURE 5 • Efforts exercés parallèlement à l’axe de l’arbre
résistance parallèle au fil, en compression comme en
traction, est considérablement supérieure à la résis-
tance perpendiculaire au fil. La résistance au char- COMPRESSION PARALLÈLE AU FIL
gement oblique se situe entre la résistance parallèle
et la résistance perpendiculaire. De plus, le mode de
rupture associé à chaque type de chargement varie
en fonction de son sens d’application. On considère
globalement qu’une sollicitation en traction ou en ci-
saillement mènera à une rupture fragile alors qu’une CELLULE
sollicitation en compression offrira un comportement DE BOIS
(GROSSIE)
plus ductile, en raison de l’enfoncement du bois.

Compression et traction parallèle au fil


En raison de l’orientation de ses fibres, le bois offre
une très bonne résistance aux contraintes de com-
pression et de traction parallèles au fil (figure 6). La TRACTION PARALLÈLE AU FIL
possibilité de flambage d’un élément long et mince
peut toutefois réduire la résistance en compression
et doit être considérée dans le calcul des éléments
porteurs. Pour les structures en gros bois d’œuvre ou
d’ingénierie, les efforts en compression sont habituel-
lement préférables aux efforts en traction, en raison CELLULE
des assemblages. DE
D BOIS
(GROSSIE)
(G

FIGURE 6 • Efforts exercés parallèlement au fil

4 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


Compression perpendiculaire au fil sur un encorbellement, etc. Une conception adaptée
de l’assemblage permettra donc de limiter la présence
La compression perpendiculaire au fil, souvent causée
de traction perpendiculaire, ou de prévoir des méthodes
par des charges concentrées aux appuis, est infé-
pour renforcer les zones sollicitées. Plusieurs exemples
rieure à la résistance parallèle car elle tente d’écra-
sont présentés dans le Guide de bonnes pratiques
ser les petits tubes que sont les cellules du bois. La
pour la construction commerciale en gros bois d’œuvre
résistance en compression perpendiculaire est sou-
ou d’ingénierie produit par cecobois.
vent sollicitée dans les assemblages, aux points de
jonction d’une structure. Des plaques en acier ou en
bois peuvent être utilisées pour augmenter la surface COMPRESSION PERPENDICULAIRE AU FIL
d’appui et ainsi diminuer les contraintes de compres-
sion perpendiculaire au fil (figure 7).
Le comportement du bois soumis à une charge per-
pendiculaire au fil varie cependant d’une situation à
l’autre selon des critères de disposition précis. Plu-
sieurs investigations ont mis en évidence l’influence
de différents facteurs, dont le nombre de bordures
mises à contribution, la longueur d’appui, le facteur
de surface et l’importance de la direction du grain CELLULE
DE BOIS
(Madsen, 2000). Il a été démontré que la simple (GROSSIE)

équation effort/aire d’appui ne représentait pas tou-


jours le comportement véritable et des facteurs de
modifications ont été inclus dans la norme de calcul
TRACTION PERPENDICULAIRE AU FIL
de charpentes en bois à cet effet (CSA O86, 2009).

Traction perpendiculaire au fil


La traction exercée perpendiculairement au fil cherche
à décoller les fibres du bois les unes des autres
(figure 7). Les contraintes en traction perpendiculaire
au fil peuvent entraîner le fendage du bois et pro-
voquer une rupture brusque et imprévisible qui se
produit le plus souvent à proximité des systèmes de CELLULES
DE BOIS
connexion (figure 8). Une bonne compréhension du (GROSSIES)

phénomène aidera le concepteur à éviter les détails à


risque, tels que la présence d’une charge suspendue
dans la partie inférieure d’une poutre, une attache
soumise au retrait différentiel, l’excentricité d’un effort FIGURE 7 • Efforts exercés perpendiculairement au fil

Fissure

FIGURE 8 • Configurations propices à la traction perpendiculaire au fil

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 5


Résistance à l’enfoncement Variabilité
La résistance à l’enfoncement, aussi appelée résis- Le bois étant un matériau naturel, ses caractéristiques
tance à la pression latérale, est la résistance qu’offre sont moins homogènes que celles d’un matériau pro-
le bois à l’enfoncement d’une tige métallique qui le duit industriellement. La variabilité de ses caractéris-
traverse lorsqu’un effort latéral est appliqué (figure 9). tiques physiques et de ses propriétés mécaniques
La résistance à l’enfoncement dépend de la densité a conduit vers l’adoption de différentes classes de
du bois, du diamètre et de la rigidité de la tige, ainsi bois établies selon des données empiriques. On re-
que de l’angle de chargement par rapport au fil. trouve le bois classé visuellement, qui regroupe la
plus grande part de la production actuelle, et le bois
Cette propriété est utilisée pour déterminer la résis-
classé par contrainte ou résistance mécanique. Le
tance à la rupture ductile d’un assemblage boulonné
classement mécanique permet de mieux évaluer les
ou avec goujons. Dans un tel assemblage, l’interaction
propriétés mécaniques du matériau et, donc, d’établir
complexe entre la déformation plastique de l’acier
des classes de résistance plus précises telles qu’on
et l’enfoncement du bois est décrite par les formules
les retrouve dans la norme CSA O86.
élaborées du modèle européen de rupture ductile
par Johansen (1949) et raffinée par Larsen (1973)
(CCB 2007). Ces équations mettent en relation les
Facteurs de modification
trois principaux paramètres de ce mode de rupture :
la résistance à l’enfoncement du bois, la limite d’élas- Les propriétés mécaniques du bois varient en fonc-
ticité de l’acier et la géométrie de l’assemblage tion de plusieurs facteurs tels que la durée de char-
(épaisseur des éléments, nombre de plans de cisaille- gement, la teneur en humidité et les traitements
ment, etc.). Lorsqu’il gouverne, il s’agit du principal chimiques. Leurs effets sont considérés dans les
mode de rupture du bois présentant un comporte- coefficients de calcul K D (CSA O86, art. 4.3.2), K SF
ment ductile. (CSA O86, tableau 10.2.1.5 pour les attaches) et K T
(CSA O86, art. 5.4.3). Ces paramètres modifient la ré-
sistance finale du matériau par rapport aux conditions
normales d’utilisation. L’influence de l’essence utilisée
et de la variabilité du bois est déjà incluse dans les
différents tableaux de résistance ou de densité de la
norme CSA O86.

3.3 Produits
Bois d’œuvre
Le bois d’œuvre est obtenu du sciage de la matière
brute, suivi de certaines manipulations telles que le
séchage, le rabotage ou le chanfreinage. Au Canada,
la norme CSA O141 régularise les méthodes et les
agences de classement du bois de sciage. Le bois
débité canadien se commercialise principalement
sous quatre combinaisons d’essences différentes :
Douglas-mélèze, pruche-sapin, épinette-pin-sapin et
essences nordiques. Les résistances prévues et les
modules d’élasticité du matériau devant être utilisés
pour le calcul sont présentés pour chaque catégorie
d’essence dans la norme CSA O86. Ces propriétés
mécaniques ont généralement été obtenues par des
tests de résistance sur l’essence la moins performante
de chaque combinaison et par des ajustements liés
à certains facteurs pénalisants susceptibles de dimi-
nuer sa fiabilité.
FIGURE 9 • Résistance à l’enfoncement du bois

6 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


Bois d’ingénierie collé, et les produits innovateurs ou « propriétaires »
qui doivent être préalablement évalués par le Centre
Les bois d’ingénierie sont des produits à valeur ajou-
canadien des matériaux de construction (CCMC)
tée fabriqués à partir de petites sections de bois.
(respectivement figure 10 et figure 11).
Ils permettent une optimisation de la matière et un
meilleur contrôle du produit fini. On trouve plusieurs Bois de charpente composite
types de gros bois d’ingénierie au Québec, dont le Les bois de charpente composites (structural compo-
bois lamellé-collé (BLC) et le bois de charpente com- site lumber ou SCL) sont une famille de bois d’ingé-
posite (SCL). Ces produits allient l’esthétique aux nierie structuraux fabriqués à partir de collage de pla-
propriétés structurales. Leur utilisation est permise cages ou de copeaux de bois au moyen d’un adhésif
lorsqu’une construction en gros bois d’œuvre est hydrofuge formant des éléments pleins, semblables
autorisée dans le Code national du bâtiment. Leur au bois de sciage traditionnel. Ces produits servent
usage est maintenant répandu et les détails techniques à substituer l’utilisation d’éléments de bois tradition-
sont inclus dans les normes de calcul. nels comme les solives, poutres, longerons, linteaux
Le bois lamellé-collé et le bois de charpente com- et colonnes.
posite sont décrits brièvement dans les prochaines Les bois de charpente composites doivent être fabriqués
sections. Plus d’information sur leurs spécificités et évalués conformément à la norme américaine ASTM
de fabrication et leur utilisation est disponible dans D5456 et se divisent en trois principales catégories :
le Guide technique sur la conception de poutres et • bois de placages stratifiés
colonnes en gros bois publié par cecobois. (Laminated Veneer Lumber ou LVL) (figure 12) ;
Bois lamellé-collé • bois à copeaux parallèles
Le bois lamellé-collé (BLC) (glued-laminated timber (Parallel Strand Lumber ou PSL) (figure 13) ;
ou glulam) est composé d’un empilage de pièces de
bois rabotées et aboutées, puis collées sous presse • bois de longs copeaux laminés
avec un adhésif hydrofuge. Il permet des sections (Laminated Strand Lumber ou LSL) (figure 14).
droites ou courbes au dimensionnement précis et
quasi infini. Le BLC possède une meilleure stabilité
dimensionnelle que les pièces en gros bois d’œuvre. Il
est utilisé comme poutre, colonne ou arche dans des
longueurs limitées principalement par le transport.
Le bois lamellé-collé se divise en deux catégories, soit
les produits traditionnels ou « génériques », conformes
à la norme CSA O122 Bois de charpente lamellé-
FIGURE 12 • Bois de placages stratifiés (LVL)

FIGURE 10 • Bois lamellé-collé générique (GoodlamTM)


Conforme à la norme CSA O122 FIGURE 13 • Bois à copeaux parallèles (PSL)

FIGURE 11 • Bois lamellé-collé propriétaire (Nordic LamTM) FIGURE 14 • Bois de longs copeaux laminés (LSL)
Rapport d’évaluation CCMC 13216-R

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 7


Dans les trois catégories, l’orientation du fil (grain de 3.5 Variations dimensionnelles
bois) des placages et des copeaux est parallèle au
sens de la longueur de l’élément afin d’utiliser la ré- Hygroscopicité du bois
sistance maximale des fibres. Ces bois de charpente L’hygroscopicité, soit l’aptitude à absorber l’humidité,
composites sont fabriqués en pièces rectilignes et est une propriété importante du bois qu’il convient de
doivent être uniquement utilisés dans un milieu sec bien comprendre pour assurer la pérennité des réali-
conformément à l’esprit de la norme de calcul CSA sations en bois.
O86. Ces produits sont plus stables dimensionnel-
lement que les bois de sciage traditionnels puisque La teneur en humidité (TH), exprimée en pourcentage,
leurs constituants ont été séchés avant la fabrication. est le rapport de la masse d’eau présente dans le
bois sur la masse du bois anhydre ou sec. Le bois
perd ou absorbe l’humidité jusqu’à ce que sa teneur
3.4 Performance au feu en humidité soit en équilibre avec celle de l’air am-
Les charpentes en gros bois d’œuvre et d’ingénierie biant. Cette teneur en humidité d’équilibre du bois est
offrent une bonne résistance au feu. Le bois ne perd fonction de la température et de l’humidité relative de
en effet que de 10 à 15 % de sa résistance totale sous l’air, comme l’illustre la figure 16.
l’effet de températures extrêmes générées par un in-
cendie (Lie, 1977). De plus, au moment d’un incendie,
une couche de carbonisation se forme autour des Retrait et gonflement
larges éléments de bois et protège le matériau central Le matériau bois peut contenir de l’eau sous deux
de la chaleur dégagée par les flammes (figure 15). Ce formes : l’eau libre dans les vides à l’intérieur des
phénomène réduit la vitesse de carbonisation à envi- cellules et l’eau absorbée par les parois cellulaires.
ron 0,65 mm/min. Après 45 minutes de combustion, Lorsque la teneur en humidité du bois est maximale,
une pièce de bois n’aura donc brûlé que d’environ l’eau est présente sous ces deux formes. En séchant,
29 mm et le centre de la pièce gardera sa résistance. le bois perd d’abord l’eau libre à l’intérieur des cavités
Le concepteur peut donc effectuer le dimensionne- et, ensuite, l’eau absorbée par les parois cellulaires.
ment des éléments porteurs en conséquence afin Le point de saturation des fibres (PSF) est la teneur
de fournir la résistance incendie recherchée. Plus la en humidité limite pour laquelle il n’y a plus d’eau libre
pièce sera grosse, plus elle supportera les charges dans les vides alors que l’eau absorbée dans les pa-
longtemps. rois cellulaires est maximale. Le PSF se situe à une
teneur en humidité autour de 30 % pour la plupart des
essences de bois.
Teneur en humidité du bois (%)

10 °C

21 °C

50 °C

75 °C

Couche de carbonisation
Limite de carbonisation
Zone de pyrolyse
Limite de la zone de pyrolyse
Bois intact
Humidité relative (%)
FIGURE 15 • Couche de carbonisation
FIGURE 16 • Teneur en humidité d’équilibre du bois
Source : adaptée de CSA O177.

8 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


Membrane
Eau libre saturée
Cellules Retrait dû au Membrane
du bois séchage sèche

Au-dessus du PSF
TH > 30 %
Au point de saturation
des fibres (PSF)
TH ~ 30 % Sous le PSF
TH < 30 %
FIGURE 17 • Influence de la teneur en humidité sur les changements dimensionnels du bois

Au-dessus du PSF (TH > 30 %), l’évaporation d’eau Séchage du bois


libre se trouvant à l’intérieur des cellules ne produit
La meilleure façon de minimiser l’effet du retrait après
donc pas de changements dimensionnels du bois
l’installation est d’utiliser des matériaux ayant une te-
(figure 17). Par contre, sous le PSF (TH < 30 %), l’éva-
neur en humidité la plus près possible de celle prévue
poration de l’eau contenue dans les parois cellulaires
en service. Les éléments en bois peuvent être séchés
engendre en effet un retrait du matériau proportionnel
naturellement ou au séchoir. En Amérique du Nord,
à la perte d’humidité.
la teneur en humidité des éléments bois en service
Le retrait longitudinal est pratiquement négligeable se situe habituellement entre 8 et 12 % et varie selon
alors que le retrait perpendiculaire (radial et tangentiel) les saisons et les conditions d’utilisation (tableau 1).
est beaucoup plus important (figure 18).
TABLEAU 1 • Teneur en humidité d’équilibre (THE)
des éléments en bois

Condition
Région du Canada THE moyenne
d’utilisation

intérieur 10-11 %
Côte Ouest
extérieur 15-16 %

intérieur 6-7 %
Prairies
Longitudinal extérieur 11-12 %

Radial intérieur 7-8 %


Canada central
Transversal extérieur 13-14 %

intérieur 8-9 %
Côte Est
extérieur 14-15 %

Note: Le bois utilisé dans ces régions se stabilise éventuellement


près de la THE moyenne.
FIGURE 18 • Phénomène de retrait et de gonflement selon le
Les concepteurs devraient cependant s’attendre à un certain retrait ou gonflement
sens du bois jusqu’à ce que la THE ait été atteinte.
Source : CCB, 2005.

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 9


La partie 9 du Code national du bâtiment exige que la 3.6 Durabilité
teneur en humidité des éléments d’ossature en bois
n’excède pas 19 % au moment de leur mise en œu- Le bois peut être sensible aux problèmes de détério-
vre. Les gros bois d’œuvre sont cependant rarement ration et de pourriture lorsqu’il est en contact direct
secs au cours de la pose, en raison de la difficulté avec l’eau ou qu’il se trouve dans des conditions
de sécher rapidement de grosses sections de bois. d’humidité relative très élevées pour une période pro-
Inversement, les bois d’ingénierie sont habituellement longée. La pourriture est causée par la présence de
séchés à des teneurs en humidité autour de 12 % champignons qui détruisent le bois.
afin d’assurer un collage adéquat des différents élé- Quatre conditions sont essentielles pour que la pour-
ments et minimiser le retrait (tableau 2). L’utilisation riture survienne, soit :
des produits de bois d’ingénierie réduit donc consi-
dérablement le retrait total puisque leur procédé de • la présence d’oxygène,
fabrication leur donne une teneur en humidité près • une température favorable (entre 20 et 30 °C ou
de celle d’utilisation. Ces produits peuvent cependant moins, selon l’humidité relative),
subir un léger effet de retrait et de gonflement selon
les changements d’humidité saisonniers et les condi- • une teneur en humidité du bois au-delà de 20 %
tions d’entreposage et de montage. sur une période prolongée,
TABLEAU 2 • Teneur en humidité des produits en bois • l’aliment : le bois.
au moment de l’installation
Les deux premières conditions ne peuvent être ex-
Teneur en humidité clues des bâtiments. Il est par contre possible d’agir
Produit du bois estimée à sur la teneur en humidité en concevant des détails
l’installation de construction qui limitent le contact direct des élé-
ments de bois avec l’eau ou une source d’humidité.
Bois de charpente sec 13 % à 19 % Lorsqu’il est impossible d’éliminer complètement
le contact direct du bois avec l’eau, il est important
Bois d’ingénierie (poutrelles en I, SCL) 4 % à 12 % de prévoir des assemblages qui faciliteront l’écoule-
ment de l’eau et le séchage rapide du bois. Plusieurs
Bois lamellé-collé 7 % à 15 %
exemples sont présentés dans le Guide de bonnes
Panneaux (OSB, contreplaqué) 4% à 8% pratiques pour la construction commerciale en gros
bois d’œuvre ou d’ingénierie de cecobois.
Le bois de sciage et les bois d’ingénierie n’ayant
habituellement pas la même teneur en humidité au
moment de l’installation, il est préférable ne pas les
mélanger dans un même système constructif pour
lequel un retrait différentiel ne serait pas souhaitable
(figure 19).

Bois de sciage Bois lamellé-collé


Vert À l'installation (séché) En service À l'installation En service
28 % 19 % 10 % 12 % 10 %
7/16”
(5,5 mm)

11 1/16”
(291 mm)

(11 mm)

(1,2 mm)
11 1/4”
1/2

3 9/16” 1/16” 1/8” 3 1/8”


(91 mm) (1,7 mm) (3,4 mm)

TH à l’installation = 19 % TH à l’installation = 12 %
TH en service = 10 % TH en service = 10 %
Retrait différentiel = 6,4 mm (¼ po) Retrait différentiel = 2,6 mm (1/16 po)

FIGURE 19 • Retrait des éléments en bois dû au séchage

10 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


4 Propriétés de l’assemblage
Les assemblages jouent un rôle essentiel dans le que la déformation maximale en service soit atteinte
comportement des charpentes en bois. L’expérience avant la rupture fragile de l’élément en bois (Herzog,
lors d’importants séismes ou de forts ouragans a dé- Thomas et al., 2005). Dans le calcul de structures en
montré leur importance. D’une part, les assemblages bois, la dimension des membrures étant souvent liée
peuvent être la cause de ruptures structurales, en rai- à la géométrie des assemblages, il convient de porter
son d’une conception inadéquate ou d’une erreur de une attention particulière à cette étape de la concep-
fabrication. D’autre part, la ductilité des assemblages tion. La norme canadienne de calcul des charpentes
assurent le bon comportement des structures en bois en bois énonce les règles de calcul assurant une
soumises à de fortes charges sismiques. résistance minimale de l’assemblage et détermine les
La performance d’un assemblage est tout d’abord règles de disposition des attaches (CSA O86, 2009).
caractérisée par sa résistance mécanique, sa rigidité Une bonne conception d’un assemblage adapté à
et sa ductilité qui assurent un comportement adéquat chaque situation doit aussi considérer un ensemble
sous les charges statiques ou dynamiques. De plus, de facteurs variés.
la stabilité dimensionnelle et la résistance à la dégra- Le choix d’un assemblage est fait en fonction du type
dation des assemblages garantissent la pérennité et de l’intensité du chargement auquel il sera soumis.
des constructions en bois. Le comportement au feu Selon le cas, un assemblage doit être en mesure de
est aussi un attribut important qui influence la stabilité transmettre des efforts de compression, de traction,
de l’ouvrage en cas d’incendie. D’autres critères de de cisaillement et/ou de flexion. La figure 20 présente
conception comme la facilité de mise en œuvre, la différentes configurations d’assemblages adaptées au
simplicité, l’esthétisme et le coût peuvent également type d’effort et à la géométrie envisagée. Quoique ces
guider le choix d’un assemblage. différentes options soient possibles, il est recommandé
pour les structures en bois de favoriser les assemblages
en compression pour obtenir un comportement ductile.
4.1 Résistance mécanique L’usage des assemblages en flexion est à éviter
On exige d’un assemblage idéal qu’il transmette les autant que possible, car ils génèrent fréquemment des
efforts de façon satisfaisante, sans déformation exces- contraintes en traction perpendiculaire au fil du bois
sive, tout en conservant assez de souplesse pour qui risquent de causer de la fissuration.

TYPE
D’EFFORT

GÉOMÉTRIE
Compression Traction Cisaillement Flextion

FIGURE 20 • Configuration des assemblages selon le type d’effort (adapté de Natterer et al., 2004)

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 11


Résistance et comportement Une bonne conception permet de contrôler le mode
de rupture le plus probable. Dans bien des cas et
Résistance
pour des raisons de sécurité, on cherchera à évi-
Au Canada, la résistance d’un assemblage doit être ter une rupture fragile qui se produit subitement. Au
calculée selon la section 10 de la règle de calcul des contraire, un comportement ductile est généralement
charpentes en bois (CSA O86-09). Les facteurs de considéré comme un atout, d’une part parce qu’il
modification influençant les propriétés mécaniques donne un avertissement avant la rupture et, d’autre
du bois, K D (CSA O86, art. 4.3.2), K SF (CSA O86, ta- part, en raison de sa capacité à diffuser l’énergie en
bleau 10.2.1.5 pour les attaches) et K T (CSA O86, art. cas de séismes. Ce dernier point sera mieux déve-
5.4.3), doivent être intégrés au calcul de la résistance loppé dans la section sur l’aspect sismique.
d’un assemblage. Pour les sollicitations latérales ou
le soulèvement, la résistance de l’assemblage à une Les connecteurs mécaniques qui sont utilisés de nos
inversion des efforts doit aussi être considérée. jours peuvent être divisés en deux catégories : les
connecteurs de type tige (boulons, tire-fonds, clous,
Lorsque l’assemblage requiert un perçage ou un vis, goujons, etc.) et les connecteurs de surface (an-
découpage de la membrure en bois, celle-ci est affai- neaux fendus, disques de cisaillement, connecteurs
blie par rapport à sa section pleine, il faudra donc métalliques). Ces deux catégories de connecteurs se
faire la vérification en deux parties : la résistance de distinguent par leur façon de transférer l’effort, soit
l’assemblage et celle des membrures de bois selon sur l’épaisseur de l’élément pour les premiers, soit par
leur section nette. Dans les cas où un assemblage distribution sur la surface de contact pour les se-
induit un effort tranchant dans une membrure, il fau- conds. Différents essais expérimentaux ont permis de
dra vérifier la résistance au cisaillement de la pièce démontrer que les assemblages par clous, par vis ou
avec une profondeur d e plutôt que d ; la profondeur par boulons de petite dimension offraient une bonne
d e représente la section de la membrure chargée en ductilité alors que les tiges de plus grande dimension
cisaillement (CSA O86-09, art. 10.2.1.4). étaient très résistantes mais peu ductiles lorsqu’elles
Une bonne compréhension du mode de transmission mènent à une rupture fragile du bois. Les connecteurs
des forces impliquées permet d’éviter que des lieux de
Charge Collé
concentration de contraintes créent des efforts en trac-
tion perpendiculaire au fil qui pourraient éventuellement Plusieurs
occasionner une rupture fragile par fendage du bois. petits clous ou vis

Enfin, la résistance des plaques d’acier, des soudures


ou de toute attache métallique sollicitée en traction ou
en cisaillement doit être vérifiée avec les Règles de calcul
des charpentes en acier (CSA S16, 2009).
Rigidité et mode de rupture
Anneaux fendus
La déformation des assemblages influence direc-
tement le comportement global d’une structure. La
figure 21 présente les courbes charge – déformation
déterminée expérimentalement pour plusieurs types
d’assemblages. Ces données indiquent que le jeu
initial et la rigidité globale d’un assemblage dépen-
dent du choix des connecteurs. Plusieurs clous de Gros boulons
petits diamètres permettent une meilleure distribution
de l’effort dans le bois et offrent donc plus de rigidité
qu’un assemblage utilisant des boulons de larges
diamètres.

Jeu initial Déformation

FIGURE 21 • Courbe charge – déformation pour différents


types d’assemblages (adapté de Natterer et al., 2004)

12 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


de surface sont aussi très performants, mais ils sont Les boulons peuvent être sollicités en traction axiale,
généralement à l’origine de ruptures fragiles par ci- en cisaillement ou selon une combinaison de ces
saillement du bois. Certaines combinaisons ou cer- deux types d’efforts. Dans ce dernier cas, une équa-
tains compromis permettent cependant de contrôler tion d’interaction est utilisée pour le calcul.
le comportement de l’assemblage, tout en préservant
Les plaques de transfert en acier sont soumises à plu-
de bonnes capacités de chargement.
sieurs types d’efforts : compression, traction, cisaille-
Effet de groupe ment ou flexion. Les plaques qui doivent résister à de
Un assemblage fait de connecteurs placés en files la compression dans leur plan peuvent nécessiter des
ou en groupe est normalement moins résistant que raidisseurs pour éviter les problèmes de voilement.
la somme des résistances de chaque connecteur en Pour les efforts de traction, la résistance ultime de
raison d’une distribution inégale des efforts entre les la section brute et la plastification de la section nette
connecteurs. C’est ce qu’on appelle l’effet de groupe. sont à vérifier. La résistance à l’enfoncement des
Le rapport de rigidité entre l’acier et le bois, le nombre boulons dans la plaque ainsi que les espacements
de connecteurs par file, le nombre de files, les espa- et les distances de rive et d’extrémité devront aussi
cements, le diamètre et l’élancement des connecteurs être respectés.
sont tous des facteurs déterminants dans l’estimation Les plaques d’assise transmettent une charge
de l’effet de groupe. Si aucune rupture fragile ne se jusqu’au sol ou jusqu’à un élément porteur et re-
produit, l’effet de groupe diminue lorsque la plastification prennent en général des efforts de compression ou
des attaches les plus sollicitées débute, amenant une de flexion. Il existe aussi une grande variété d’étriers
meilleure distribution de l’effort entre les connecteurs. métalliques qui transmettent les efforts d’une poutre,
Les assemblages plus ductiles, faits de tiges d’acier solive ou panne à un élément principal. Chaque plaque
de petits diamètres, sont d’ailleurs moins sensibles les composant doit être dimensionnée selon son
à cet effet. effort respectif. L’excentricité des forces dans l’as-
Plusieurs règles de calcul des charpentes en bois semblage peut causer des efforts supplémentaires
compensent cet effet par une limitation du nombre de dans les plaques. Une excentricité en traction peut
connecteurs utilisables par file ou par une diminution créer un effet de levier qui accentue l’effort dans les
du nombre de connecteurs effectifs au moment du connecteurs.
calcul. Il est à noter que les équations de calcul de Plusieurs assemblages requièrent la présence de
l’effet de groupe qui étaient incluses dans les coef- soudures pour joindre deux plaques placées à angle
ficients J G et J R de l’ancienne norme CSA O86-01 ou mises bout à bout. La résistance de la soudure
pour les boulons sont remplacées dans la norme CSA ainsi que celle du métal de base doivent être vérifiées.
O86-09 par un calcul plus détaillé qui tient compte
des possibilités de ruptures fragiles responsables de
la baisse de résistance d’un groupe d’attaches.
Géométrie de l’assemblage
La disposition des connecteurs formant un assem-
Vérification des éléments en acier blage doit répondre à certaines règles permettant
d’assurer une bonne distribution des efforts et d’éviter
Les valeurs de résistance d’un assemblage, calculées une rupture fragile causée par de la traction perpendi-
selon la norme CSA O86, ne considèrent que les pos- culaire au fil du bois. La résistance d’un assemblage,
sibilités de rupture dans le bois. Elles présument que calculée selon les équations de calculs du CSA O86-
les éléments en acier seront suffisamment résistants 09, est tributaire du respect des distances de rive et
pour transmettre efficacement les efforts sans défaillir. des espacements minimaux dans chaque direction.
Le concepteur doit donc s’en assurer en vérifiant les Ces distances minimales sont indiquées dans la norme
éléments métalliques à l’aide de la norme CSA S16 pour chaque type de connecteur et dépendent à la
– Règles de calcul des charpentes en acier. Le calcul fois de l’orientation du fil et de la direction des forces
de la résistance des boulons, des plaques de trans- (figure 23). Si la force est transmise selon un angle
fert, des plaques d’appui, des étriers et des soudures oblique par rapport au fil du bois, il est possible de
doit faire partie de ces vérifications (figure 22). calculer ces distances séparément et d’utiliser la plus
grande valeur obtenue.

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 13


(a) Boulons et tiges filetées (b) Plaque de transfert
Source : A. Salenikovich Source : A. Salenikovich

(c) Plaque d’assise (d) Étriers

(e) Soudures (f) Excentricité des efforts

FIGURE 22 • Éléments métalliques utilisés pour les assemblages

14 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


aL SR a SR a
aL
eP eP
SC SC
eP eP

eQ
eP
SR
eP SR
aL a eQ

eP SC eP eP SC eP
a L : distance de l’extrémité chargée Pour le calcul d’un assemblage, une file est définie
comme une série d’attaches qui se suivent dans le
a : distance de l’extrémité non chargée
sens d’application de la charge, indépendamment du
e Q : distance de la rive chargée fil du bois (CSA O86-09, art.10.2.2.3.3). Si les attaches
sont disposées en quinconce, il faut déterminer si
e P : distance de la rive non chargée elles forment des files distinctes ou si elles doivent
S C : espacement des files être considérées comme faisant partie d’une même
file (figure 24). Les attaches sont considérées sur une
S R : espacement des connecteurs dans une file même file si la distance entre deux attaches est plus
grande que quatre fois l’espacement entre les files.
Dans le cas d’un nombre impair de files, le choix du
FIGURE 23 • Distances minimales nombre d’attaches par file se fera selon l’agencement
ayant la plus faible résistance pondérée.
Dans le cas des connecteurs qui ne traversent pas
toute la pièce (clous, vis, rivets, tire-fonds), la profon-
deur minimale de pénétration doit aussi être respectée.

Nombre pair de files multiples : S > 4a


Si S > 4a, deux files de six attaches

a
a
a

S < 4a
Si S < 4a, quatre files de trois attaches

a
a
a

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 15


Nombre impair de files multiples :
Si S > 4a, on choisit l’agencement ayant la plus faible
résistance pondérée :
S > 4a
une file de six attaches et une file de trois attaches

a
a

ou S > 4a
trois files de trois attaches

a
a

S < 4a
Si S < 4a, trois files de trois attaches

a
a

FIGURE 24 • Définition du nombre de files

Performance sismique la déformation ultime sur celle mesurée au moment


Grâce à la ductilité de leurs assemblages, les struc- de la plastification. De plus, l’enveloppe de la courbe
tures en bois performent assez bien au moment de d’hystérésis (figure 26) permet d’évaluer le compor-
secousses sismiques (Frenette, 1997). Leur légèreté tement global d’un assemblage sous charge cyclique,
ainsi que leur faible fréquence naturelle contribuent telle que les séismes. Dans un assemblage acier-bois,
aussi à leur bon comportement. Les forces horizontales la ductilité est obtenue par la déformation plastique
qui agissent au cours d’un tremblement de terre du goujon métallique et par son enfoncement dans
doivent idéalement être reprises par des systèmes le bois (figure 25). Pour les cycles subséquents, la
latéraux semi-rigides, qui dissipent un maximum rigidité plastique du goujon métallique permet que la
d’énergie par une grande déformation plastique afin
courbe ne soit pas trop aplatie et continue à dissiper
de diminuer les risques d’effondrement de la structure.
Les murs de cisaillement et les cadres contreventés de l’énergie.
sont actuellement les options les plus répandues. L’utilisation de clous ou de goujons de faible diamètre
L’évaluation des dommages à la suite de tremblements
permet de bien répartir les efforts dans le bois et favo-
de terre a permis d’observer que les défaillances des
structures étaient rarement dues à la rupture des rise une grande ductilité de l’assemblage. Un autre
poutres et des poteaux, mais mettaient en cause type d’assemblage, par exemple collé, qui engendrerait
les jonctions entre les éléments structuraux. Le bon un mode de rupture fragile du bois est plutôt à éviter
comportement sismique d’une structure en bois puisque peu d’énergie est absorbée avant la rupture.
débute donc par une attention particulière apportée De plus, il est important que le comportement global
aux moyens d’assemblage. de la structure permette aux assemblages d’atteindre
La ductilité caractérise un système qui accepte de leur comportement ductile avant qu’un élément en
grandes déformations plastiques avant d’atteindre bois ne subisse une rupture fragile, que ce soit par
la rupture. Elle est calculée par le rapport entre fendage, en traction ou par cisaillement.

16 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


Plaque
interne Charge

Charge

Charge
Déplacement Déplacement

Boulon
1. Au premier chargement, la résistance provient de la déformation 4. Lorsque le boulon revient dans la zone endommagée,
du boulon et de l’écrasement du bois. la résistance est plus faible.
Charge

Charge
Déplacement Déplacement

2. Lorsque la charge est inversée, elle est reprise principalement 5. Au deuxième cycle, la résistance reprend la courbe initiale quand
par la déformation du boulon car le bois est déjà écrasé. le boulon retrouve le bois non-endommagé.

Charge
Charge

Déplacement Déplacement

3. De retour au centre, le boulon adhère de nouveau au bois 6. Ainsi, la courbe d’hystérisis montre le comportement ductile d’un
non endommagé et la résistance augmente. assemblage acier-bois soumis à un chargement cyclique.

FIGURE 25 • Courbe d’hystérésis représentant le comportement ductile d’un assemblage acier-bois (adaptée de Frenette, 1997)

4.2 Effets de l’humidité


Comme l’a décrit la section 3.5, l’hygroscopicité peut
causer des variations dimensionnelles d’un élément Charge
Charge initiale
en bois en fonction de sa teneur en humidité. Au
contraire, les connecteurs et autres pièces métal- Perte de rigidité due
liques sont relativement insensibles aux variations au jeu d’assemblage
d’humidité, mais pourraient varier selon le change-
ment de température.
Une bonne conception devrait respecter certains prin- Déplacement
cipes pour prévenir les contraintes parasites dues
au retrait du bois. Premièrement, il est préférable de
sécher préalablement les pièces de bois à une teneur
en humidité la plus près possible de celle en service.
De plus, les assemblages ne doivent pas entraver
le retrait qui pourrait causer le fendage de l’élément
en bois. Ceci est particulièrement important pour les FIGURE 26 • Courbe d’hystérésis d’un assemblage
assemblages en gros bois d’œuvre ou d’ingénierie de (adaptée de Herzog, Thomas et al., 2005)
grandes dimensions en raison de la grande surface
de connexion.

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 17


Pour soutenir une poutre, par exemple, il est habituel- exemples permettant d’assurer une bonne résistance
lement plus approprié d’utiliser un étrier qui reprend à la dégradation sont présentés dans le Guide de
les efforts en compression plutôt que des cornières bonnes pratiques pour la construction commerciale
latérales et une file de boulons qui risquent d’entra- en gros bois d’œuvre ou d’ingénierie de cecobois.
ver le mouvement du bois perpendiculairement au fil
(figure 27).

FIGURE 28 • Prévoir un assemblage qui facilite l’écoulement


de l’eau et le séchage du bois
FIGURE 27 • Détail d’assemblage permettant de limiter l’impact
d’un éventuel retrait du bois
Pour éviter la corrosion des pièces métalliques d’un
assemblage soumis à des conditions humides, il est
4.3 Résistance à la dégradation recommandé d’utiliser des attaches, plaques et quin-
Les éléments en bois et les pièces métalliques for- cailleries résistantes à la rouille ou de leur ajouter des
mant les assemblages peuvent subirent de la dégra- placages ou des couches de finition protectrices. Plu-
dation causée par la présence d’eau. La façon la plus sieurs solutions peuvent être envisagées. Les clous, par
facile et la plus efficace de lutter contre la dégradation exemple, peuvent être fabriqués en aluminium, en acier
consiste à limiter, sinon à éviter complètement, la pré- inoxydable ou plaqués d’un métal offrant une couche
sence de l’eau sur l’assemblage. de protection. La galvanisation des plaques et attaches
est généralement le moyen le plus économique et
Si l’assemblage se trouve en milieu extérieur, il doit répandu de protéger l’acier contre la rouille. L’acier est
donc être bien protégé contre la pluie. Il est important alors recouvert d’une couche de zinc qui, en s’oxy-
aussi de permettre un bon drainage du système et dant, forme une couche résistante. On pourra ajuster
d’éviter les détails qui favorisent l’accumulation de l’épaisseur de cette couche en fonction des conditions
l’eau. La base des poteaux, les étriers fermés et tous climatiques auxquelles l’assemblage sera soumis.
les points de jonction susceptibles de recevoir de
l’eau devront être vérifiés en conséquence. Finale- Les environnements corrosifs peuvent également être
ment, une bonne circulation de l’air est essentielle dommageables aux connecteurs en acier usuel. Il est
afin de permettre le séchage rapide du bois en cas important d’utiliser de l’acier inoxydable ou d’autres
d’humidification. Des cales d’espacement aux appuis métaux appropriés à ces milieux. Dans certains cas,
ou des plaques de transfert insérées plutôt qu’exté- l’utilisation de bois traité chimiquement peut créer
rieures sont des exemples de solutions visant à un environnement nécessitant l’utilisation de tels
permettre une bonne ventilation (figure 28). Plusieurs connecteurs (Mohammad et Salenikovich, 2010).

18 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


4.4 Résistance au feu tendance à transmettre la chaleur très rapidement au
bois qui l’entoure et à l’endommager par l’intérieur.
Bien que le bois soit un matériau combustible, on Pour obtenir un DRF adéquat, une attention particu-
attribue généralement l’apparition et les caractéris- lière doit donc être accordée aux lieux de jonctions
tiques de propagation d’un incendie au contenu du de la structure.
bâtiment plutôt qu’aux matériaux de structure. Le
comportement des éléments structuraux à la chaleur
intensive doit cependant être vérifié afin de préser- Assemblages non protégés
ver la stabilité du bâtiment au moment d’un incendie. On considère comme un assemblage non protégé
La partie 3 du Code national du bâtiment du Canada une jonction comprenant des pièces métalliques ap-
(CNBC) indique le degré de performance demandé à parentes. L’utilisation de plaques métalliques externes
la structure d’un bâtiment en cas d’incendie. ou d’une plaque métallique interne avec les têtes
Les avantages que procure la construction en gros de boulons exposées sont des exemples d’assem-
bois quant à la résistance au feu des éléments por- blages non protégés. On attribue aux assemblages
teurs sont reconnus dans le CNBC. En effet, si le bâti- non protégés conçus selon l’Eurocode 5 : partie 1-2,
ment est protégé par des gicleurs automatiques et similairement à la norme CSA O86, une résistance au
si les dimensions minimales des éléments porteurs feu de base de 15 minutes. Les méthodes de calcul
sont respectées, le CNBC considère qu’il est peu suggérées dans l’Eurocode 5 permettront toutefois
probable qu’un incendie gagne assez d’ampleur pour d’augmenter cette résistance au feu par l’ajout d’at-
menacer l’intégrité structurale des éléments en gros taches supplémentaires ou l’accroissement des dis-
bois, qu’ils soient en bois d’œuvre ou en bois d’ingé- tances d’extrémité ou de rive et l’augmentation des
nierie, et autorise donc ce type de construction dans dimensions des membrures.
plusieurs cas où une construction incombustible est Assemblages boulonnés non protégés
exigée (CNBC, article 3.2.2.16). Une nouvelle méthode de conception a été déve-
Le degré de résistance au feu (DRF) en minutes d’une loppée récemment pour les assemblages boulonnés
charpente en gros bois d’œuvre ou en bois lamellé- non protégés (Peng et al., 2010). Cette méthode est
collé est obtenu par l’établissement de dimensions valide pour les assemblages en cisaillement double
minimales pour les membrures. Comme décrit à la comportant trois éléments en bois ou une plaque
section 3.4, lorsqu’une pièce de bois est soumise à métallique insérée.
un feu, sa surface se carbonise et forme une couche L’épaisseur des éléments latéraux en bois, le diamètre
qui protège l’intérieur de la pièce et ralentit la pro- des boulons et le taux de sollicitation de l’assembla-
gression de la combustion. Les qualités structurales ge sont incorporés dans cette nouvelle méthode tel
de la partie intacte du bois sont ainsi préservées et qu’indiqué à l’équation 1. Cette dernière permet aux
la section transversale réduite continue de supporter concepteurs d’évaluer la résistance au feu (t feu ) de
les charges. On attribue par conséquent un DRF de leurs assemblages en faisant varier trois paramètres.
base de 45 minutes à une charpente en gros bois
d’œuvre si ses membrures excèdent les dimensions
minimales exigées au tableau 3.1.4.6 du CNBC. Le (1)
CNBC ne traite pas clairement de la résistance au feu
des attaches d’une construction en gros bois d’œuvre. Il où
est implicitement présumé que les attaches couramment
utilisées dans ce type de construction sont jugées accep- t feu est la résistance au feu de l’assemblage (minutes)
tables là où un DRF maximale de 45 minutes est exigé. t1 est l’épaisseur des éléments latéraux en bois (mm)
Au-delà de ces exigences, le concepteur doit cepen- est la vitesse ajustée de carbonisation du bois (mm/min)
dant s’assurer que les assemblages résisteront aussi
à la chaleur produite en cas d’incendie. Bien que le = 0,70 mm / min pour un assemblage
matériau bois conserve sa capacité structurale en à 3 éléments de bois (pour t ≤ 60 min)
cas d’incendie, les propriétés mécaniques des pièces = 0,65 mm / min pour un assemblage
métalliques composant les assemblages peuvent à 3 éléments de bois (pour t > 60 min)
être considérablement réduites sous l’effet des hautes
températures générées durant un incendie. De plus, = 0,80 mm / min pour un assemblage à
l’acier étant un excellent conducteur thermique, il aura plaque métallique insérée (pour t ≤ 60 min)

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 19


= 0,70 mm / min pour un assemblage à Le temps additionnel (tch) que procura une couche
plaque métallique insérée (pour t > 60 min) protectrice en bois est obtenue par le quotient de
l’épaisseur de la couche protectrice et de sa vitesse
est le taux de sollicitation de l’assemblage
de carbonisation unidimensionnelle ( o est générale-
= Rfeu / 3,3 Rd ment fixé à 0,65 pour le bois résineux). Ainsi, une
planche de bois de 19 mm ( ¾’’) retardera de 30 minutes
Rfeu est le cisaillement appliqué à l’assemblage en la combustion des éléments porteurs en bois. Lorsque
situation d’incendie (kN) des bouchons de bois sont utilisés pour protéger les
Rd est la résistance de l’assemblage en conditions têtes des boulons, l’épaisseur minimale du bouchon
ambiantes selon CSA O86 (kN) (af ) est obtenue à partir de l’équation 2.

d est le diamètre des boulons (mm) (2)


où : t feu, req = résistance au feu requise,
en minutes (15 à 60 minutes)
Assemblages protégés
n = taux de carbonisation
Les éléments métalliques exposés à la chaleur perdent (habituellement 0,70 mm / minute,
leur résistance et risquent d’endommager le bois en selon le type de bois utilisé)
lui transmettant la chaleur. Il est donc avantageux
d’isoler les pièces métalliques afin de prolonger la Une couche protectrice en gypse de Type X peut éga-
résistance au feu de l’assemblage. On parlera alors lement retarder la combustion des éléments porteurs
d’un assemblage protégé. en bois (t ch) à l’aide de l’équation 3. Cette méthode est
valide uniquement si les joints sont moins de 2 mm et
Des matériaux isolants comme le bois ou le gypse qu’ils sont entièrement remplis. L’épaisseur équivalente
peuvent être utilisés comme plaque de recouvrement de 2 couches protectrices en gypse Type X peut être
sur l’ensemble de l’assemblage ou encore comme considérée comme égale à l’épaisseur de la couche
bouchon individuel sur chaque connecteur afin que exposée additionnée de la moitié de la 2e couche
les éléments de l’assemblage non protégé ne soient (hgypse = hexposé + 0,5 hintérieur). Ainsi, un panneau de
exposés à la chaleur, retardant ainsi le début de la gypse Type X de 15,9 mm d’épaisseur retardera de 30
carbonisation des pièces de bois et la réduction des minutes la combustion des éléments porteurs en bois.
résistances des attaches métalliques. Cette solution
(3)
permet ainsi d’obtenir un DRF supérieur à celui obtenu
pour les assemblages non protégés. Cette protection La somme des temps alloués aux divers éléments,
doit toutefois être bien fixée afin qu’elle ne se détache couches protectrices et assemblage non protégé,
pas prématurément de l’élément qu’elle doit protéger. donnera la résistance au feu de l’assemblage protégé.

TABLEAU 3 • Largeur bst minimale en fonction de la résistance


au feu (EN 1995-1-2:2004)

bst
bst bst bst
A-A
Rives non protégées

en général sur un ou deux côtés A-A


bst
DRF 30 min ≥ 200 mm ≥ 120 mm

DRF 60 min ≥ 280 mm ≥ 280 mm

20 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


Plaques insérées Plaques externes
Les assemblages utilisant des plaques insérées pré- Bien que les plaques métalliques externes soient
sentent le meilleur comportement au feu puisque incombustibles, cela ne signifie pas pour autant
celles-ci sont isolées par le bois qui les entoure. Ils qu’elles sont résistantes au feu. Cependant, il est
permettent d’obtenir un DRF au-delà de 30 minutes possible d’atteindre un DRF élevé à l’aide de plaques
si les dimensions de la plaque sont suffisantes. Si les métalliques externes à la condition que l’on puisse
rives ne sont pas protégées, la largeur de la plaque démontrer que l’effet des températures élevées n’em-
d’acier doit être d’au moins bst (tableau 3). pêche pas l’assemblage de répondre à ses fonctions
prévues. La norme CSA S16-09 ainsi que l’Eurocode 3 :
Lorsque les plaques sont protégées sur leurs rives, il n’y
partie 1-2 procure des lignes directrices pour
a pas de largeur bst minimale à respecter (tableau 4).
déterminer la résistance des pièces métalliques en
fonction de la température.
TABLEAU 4 • Largeurs minimales pour protéger
les plaques métalliques Si elles sont recouvertes d’un panneau de bois ou de
gypse Type X, ces plaques pourront être considérées
Épaisseur plaque métallique DRF
comme protégées à la condition que l’épaisseur du
recouvrement dépasse les valeurs minimales définies
précédemment.
dg ≥ 20 mm 30 min
a) Plaque dissimulée dans interstice
dg ≥ 60 mm 60 min hp
dg dg

dg ≥ 10 mm 30 min
b) Bande collée
dg ≥ 30 mm 60 min

dg dg
hp
hp ≥ 10 mm 30 min
c) Panneaux de protection en bois
hp ≥ 30 mm 60 min FIGURE 29 • Exigences dimensionnelles relatives à la protection
des plaques d’acier (EN 1995-1-2: 2004)

Exemple de calcul de résistance au feu pour les assemblages


Assemblage en traction : bois lamellé-collé épinette-pin 14t-E de 80 mm x 175 mm
9 boulons d’un diamètre de 12,7 mm (1/2 po)
résistance souhaitée de l’assemblage en situation d’incendie Tf = 45,5 kN
résistance de l’assemblage à température ambiante Tr = 68,8 kN

Tf 80 x 190
/2
45
60 Tf
190
60 Tf
/2
45
130 x 190
65

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 21


Méthode 1
Taux de sollicitation ( ) = 45,5 / 68,8 = 0,66
Épaisseur des éléments latéraux (t1) = 80 mm
Diamètre des boulons (d) = 12,7 mm

Selon les paramètres de cet exemple, il faudra prévoir à protéger l’assemblage pour une durée de 30 minutes
afin d’obtenir un DRF de 45 minutes.
Méthode 2
Protéger l’assemblage

Il faut protéger les têtes de boulons par une plaque ou des bouchons de bois d’au moins 31,5 mm afin d’obtenir
une résistance au feu de 45 minutes.

OU

af af

Méthode 3
Utiliser une plaque métallique interne

30

40
190
40
25
30 30

Cette solution permet d’obtenir une résistance au feu de 60 minutes tout en conservant les dimensions initiales
des éléments en bois, si la plaque interne est protégée aux rives par une épaisseur d’au moins 30 mm de
bois. L’utilisation de plaques métalliques internes s’avère la solution la plus économique, tout en procurant les
meilleures résistances au feu et à température ambiante.

22 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


4.5 Principes de conception la rigidité globale de l’assemblage. Ces principes
peuvent toutefois varier selon la géométrie des mem-
Devant la grande diversité des moyens d’assemblage, il brures et de l’assemblage. Les coûts, l’impact visuel
peut parfois être difficile de sélectionner celui qui sera et les conséquences de l’installation d’un plus grand
le mieux adapté au type de chargement que l’on nombre d’attaches sont aussi à considérer.
désire transmettre, à son intensité ainsi qu’à l’es-
pace disponible. Le concepteur qui veut optimiser un
assemblage et lui assurer un bon comportement doit Excentricités
connaître les caractéristiques générales de chaque
Le processus de conception est basé sur une com-
type d’assemblage et maîtriser quelques principes
préhension schématisée du mode de transmission des
de conception lui permettant à la fois de gagner du
charges dans un assemblage. Pour que le chargement
temps et d’éviter les effets néfastes d’une disposition
puisse se transmettre selon le comportement anticipé,
inappropriée. il faut s’assurer que la disposition de l’assemblage
n’engendre pas d’excentricités qui causeraient des
contraintes parasites. L’excentricité dans un assem-
Étalement des connecteurs blage provoque habituellement des efforts de flexion
La première façon d’optimiser un assemblage est de qui s’ajoutent aux charges de dimensionnement.
bien utiliser la surface disponible sur la pièce princi- Cette excentricité peut provenir d’une disposition
pale. La superficie nécessaire pour transmettre une décalée des membrures ou d’une répartition asymé-
charge donnée est souvent proportionnelle au dia- trique des attaches sur la surface d’un assemblage.
mètre de l’attache utilisée. Plus on utilise de gros De plus, il est important de faire coïncider les axes
connecteurs, plus la surface requise sera grande des membrures à un seul point d’intersection et de
(figure 30). De plus, la mise en place d’un grand positionner les attaches également de part et d’autre
nombre d’attaches plus petites augmente généralement de ce point (figure 31).

Disques Gros boulons Petits boulons Clous


Pr
[kN]

425
122 clous
104 kN
3 po

540
15 boulons
101 kN
1/2 po

1280
14 boulons
100 kN
3/4 po

1400
5 disques de
cisaillement 109 kN
4 po

FIGURE 30 • Longueurs d’assemblages pour une charge équivalente

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 23


Des connecteurs asymétriques créent de la flexion
dans la diagonale

Des axes non concourants créent de la flexion Des axes dans des plans différents créent de la torsion
dans la membrure. dans la membrure
FIGURE 31 • Situations à éviter : différentes causes d’excentricités dans un assemblage (adapté de Natterer et al., 2004)

Résistance perpendiculaire au fil Combinaison des moyens d’assemblage


Comme il a été mentionné à la section 3.2, le concepteur Dans l’objectif de réaliser des assemblages au com-
doit veiller à ce que les détails d’assemblage favo- portement prévisible et stable, il est préférable d’éviter
risent la compression plutôt que la traction perpen- de combiner dans un même joint différents moyens
diculaire au fil du bois qui peut causer une rupture d’assemblage. La différence de rigidité provoquerait
fragile par fendage. Les appuis en porte-à-faux, les une répartition inégale de la charge en raison de la
efforts excentrés ou les charges suspendues sous compatibilité des déformations. Les attaches les plus
une poutre causent de la traction perpendiculaire au rigides seraient sollicitées plus rapidement et pourraient
fil et sont à éviter. Les imprécisions dans les joints, se trouver près de l’état de rupture alors que les attaches
particulièrement dans la construction en bois, peuvent les plus souples ne supporteraient qu’une fraction de
aussi être la cause d’effets nuisibles et imprévus l’effort. La résistance totale ne peut donc pas être
(figure 32). évaluée comme l’addition des résistances respectives.

Bras de levier

FIGURE 32 • Situations à éviter : appui en porte-à-faux, charge sous la poutre ou imprécision dans un joint (adapté de Madsen 2000)

24 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


Facilité de mise en place
La conception d’un assemblage doit tenir compte
5 Assemblages
des conditions de mise en œuvre. Les assemblages
ayant un maximum de composantes préfabriquées,
mécaniques
simples à mettre en place sur le chantier, permettent Les systèmes d’assemblage qui font appel à des
d’effectuer un montage rapide. Par exemple, toutes attaches métalliques afin de transmettre les charges
les opérations de soudure ne devraient pas être effec- sont inclus dans cette section. Les plus répandus
tuées sur le chantier mais en usine, là où les condi- au Canada, soit les boulons, goujons, tire-fonds, vis,
tions sont mieux contrôlées. La préfabrication permet rivets, clous, pointes et goujons forcés, sont présentés
aussi de mieux contrôler la qualité de l’assemblage. en détails, incluant leurs méthodes de calcul. Des
Il faut toutefois prévoir une certaine capacité d’ajus- exemples sont proposés afin de faciliter la compré-
tement des assemblages pour permettre de régler la hension de la norme CSA O86 et les étapes de calcul.
structure aux aléas du chantier et de tenir compte du Les systèmes qui ne sont pas encore inclus dans la
possible retrait ou gonflement du bois. norme canadienne mais qui présentent un intérêt
ont été rassemblés dans la section 5.6 – Nouveaux
connecteurs.
Simplicité
Un assemblage simple et rapidement compréhensible 5.1 Boulons et goujons
est profitable à plusieurs points de vue. Il permet de
Généralités
s’assurer que le transfert des charges est évalué adé-
quatement au moment de sa conception et facilite Les boulons et les goujons sont des tiges d’acier qui
une éventuelle évaluation de la structure durant la servent à assembler plusieurs éléments en les traver-
durée de vie du bâtiment. De plus, la simplicité de sant sur toute leur largeur.
mise en place réduit le temps de main-d’œuvre et les
complications sur le terrain, à l’usine ainsi que sur la Les boulons sont fixés à l’aide d’écrous et utilisent
planche à dessin. généralement des rondelles. Lorsque utilisés dans les
charpentes de bois, ils peuvent être chargés en trac-
tion selon l’axe de la tige, latéralement ou selon une
combinaison de ces deux types de chargement. Un
Esthétisme
boulon soumis à un effort latéral se comportera comme
L’une des grandes qualités d’une structure en bois une poutre totalement ou partiellement encastrée à
est sa beauté naturelle. Il est avantageux de préser- ses extrémités (figure 33). La déformation de la tige
ver cet atout par un souci esthétique au moment de en flexion et l’écrasement du bois procurent un com-
la conception d’un assemblage. Plusieurs projets de- portement ductile de l’assemblage. Il faut cependant
mandent des moyens de connexion invisible qui intè- que le diamètre du boulon soit suffisamment petit et que
grent les pièces d’acier à l’intérieur de la membrure les distances de rive et d’extrémité soient respectées
de bois. Dans d’autres cas, les pièces métalliques ou afin d’éviter une rupture fragile du bois par fendage ou
les attaches peuvent suivre une configuration raffinée par cisaillement.
pour répondre aux demandes architecturales.
Les goujons, appelés broches en France, sont des
tiges sans têtes ni écrous, qui reprennent les charges
latérales selon un mécanisme semblable aux boulons.
Coûts
Ils ne résistent cependant pas au chargement axial et
On estime le coût des assemblages à environ de 20 ne peuvent pas profiter du moment résistant créé aux
à 30 % celui d’une structure en bois lamellé-collé. extrémités du boulon par les rondelles qui empêchent
Le choix d’assemblages simples qui sollicitent le bois la rotation de la tige. Les goujons étant assemblés sans
en compression permet généralement d’optimiser les jeu entre la tige et le trou, ils présentent une rigidité su-
coûts de la structure. De plus, la répétition de confi- périeure à celle des boulons et sont mieux adaptés aux
gurations d’assemblages standards et la préfabrication structures exigeant un minimum de déformation initiale
des éléments en usine peuvent permettre une écono- (glissement). Dans certaines situations, la traction de la
mie et limiter la manipulation en chantier. La concep- plaque interne et la déformation des goujons peuvent
tion d’assemblages performants peut aussi diminuer risquer de causer l’écartement des éléments en bois. Il
le coût global de la structure en permettant de réduire est alors recommandé d’ajouter un ou deux boulons à
la dimension des membrures principales. l’assemblage par goujons pour prévenir ce phénomène.

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 25


Les boulons et goujons de petit diamètre sont géné- aux extrémités de la tige. Un bon serrage des boulons
ralement à favoriser. Ils offrent un bon comportement doit maintenir les pièces de bois en contact, sans trop
aux séismes et aux chargements cycliques en rai- comprimer les fibres superficielles du bois. En raison du
son de leur ductilité. De plus, les tiges élancées et retrait du bois, un resserrage est habituellement néces-
de faible diamètre, qui permettent une déformation saire six à douze mois après la pose ou lorsque le bois
combinée du bois et de l’acier, assurent une meilleure a atteint sa teneur en humidité d’équilibre.
distribution de la charge et réduisent par le fait même
l’effet de groupe. Les trous pour les boulons sont prévus de 1 à 2 mm
plus grands que le diamètre du boulon afin de per-
Il est possible de réaliser des assemblages boulon- mettre leur mise en place. Au contraire, les goujons
nés ou avec des goujons qui sont très intéressants sont entrés de force dans des trous ne dépassant
du point de vue esthétique, en utilisant des plaques
pas le diamètre de la tige pour assurer un assem-
de transfert internes ou dessinées pour répondre aux
blage sans jeu.
exigences architecturales.
Lorsque des plaques métalliques sont utilisées, celles-ci
devront être dimensionnées pour résister à la charge
Spécificités techniques pondérée et respecter la norme CSA S16.
La norme CSA O86 requiert l’utilisation de boulons ou Les distances minimales prescrites doivent être res-
de tiges filetées conformes aux exigences de la norme pectées pour s’assurer que l’assemblage ait le compor-
ASTM A307. Les dimensions des boulons disponibles tement prévu. Ces exigences touchent l’espacement
varient généralement de 8 à 25 mm (5/16 à 1 po) en des connecteurs dans une file, l’espacement entre
diamètre et de 75 à 405 mm (3 à 16 po) en longueur. les files, les distances d’extrémités et les distances
Certaines règles de bonnes pratiques permettent de de rives. Les distances minimales sont déterminées
profiter d’un maximum de résistance des attaches. en fonction du diamètre des connecteurs, dF, dans
Pour les boulons, l’usage de rondelles ou de plaques l’article 10.4.3 de la norme CSA O86-09 et varient
de répartition permet de distribuer la pression sur le selon l’orientation du fil du bois et l’axe d’application
bois et assure la création d’un moment d’encastrement des charges (figure 34).

Goujon Boulon

FIGURE 33 • Goujon et boulon soumis à un chargement latéral (adapté de Madsen 2000)

26 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


SR > 4dF
Charge parallèle au fil
ep > 1,5dF
ou 0,5SC

SC > 3dF
Charge appliquée sur la membrure
ep 2 files de 3 boulons

aL > 5dF ou 50 mm a > 4dF ou 50 mm


dF : diamètre des boulons
SC > 3dF
Charge perpendiculaire au fil aL : distance de l’extrémité chargée
eQ > 4dF a : distance de l’extrémité non chargée
eQ : distance de la rive chargée
SR > 3dF
eP : distance de la rive non chargée

ep > 1,5dF SC : espacement des files


3 files de 2 boulons
SR : espacement des boulons dans une file
a > 4dF
ou 50 mm Charge appliquée sur le groupe de boulons

FIGURE 34 • Distances et espacements minimaux pour les boulons et les goujons (CSA O86-09, figure 10.4.3.1)

Calcul de la résistance rupture fragile pour un chargement perpendiculaire-


ment au fil du bois, soit le fendage (figure 35). De
La résistance pondérée de l’assemblage doit être
plus, une vérification du cisaillement doit être effec-
supérieure ou égale à la charge prévue pondérée.
tuée si l’assemblage crée un effort tranchant tout en
La nouvelle norme de calcul CSA O86-09 permet de
réduisant la section efficace de la poutre.
prévoir et de contrôler le mode de rupture par une
étude plus détaillée du comportement à l’ultime. Le Cette nouvelle méthode de calcul permet de mieux éva-
calcul de résistance prévoit donc la vérification du luer les résistances des différents modes de rupture. Elle
mode de rupture ductile, de trois modes de rupture offre donc la possibilité au concepteur de modifier les
fragile pour un chargement parallèle au fil du bois, soit différents paramètres de l’assemblage pour contrôler
le cisaillement par files, le déchirement de groupe et son comportement à l’ultime et, éventuellement, d’éviter
la rupture par traction nette, ainsi que d’un mode de qu’un mode de rupture fragile soit prédominant.

Rupture ductile Fendage

Cisaillement par file Déchirement de groupe Traction nette

FIGURE 35 • Modes de ruptures ductile et fragile nécessitant une vérification (adaptée de CSA O86-09, figure 10.4.4.1)

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 27


Rupture ductile Les modes (a), (b), (d), (e), (f) et (g) doivent être vérifiés
La rupture ductile (CSA O86, art.10.4.4.3) survient pour un assemblage liant deux membrures en simple
lorsque l’écrasement local du bois intervient seul ou se cisaillement, alors que les modes (a), (c), (d) et (g) sont
combine à la plastification de la tige d’acier pour pro- possibles pour les assemblages liant trois membrures
voquer un déplacement excessif dans l’assemblage en cisaillement double. Le mode de déformation le plus
(figure 36). On la qualifie de ductile en raison de l’impor- probable dépend de la configuration de l’assemblage
tante déformation plastique qu’elle permet d’atteindre et est déterminé par l’équation donnant la moins grande
avant la rupture. Comme la résistance à l’enfoncement résistance. La plus faible valeur obtenue peut donc être
du bois varie selon l’orientation de la charge par rapport considérée comme la résistance unitaire de l’attache en
au fil, la vérification de la rupture ductile doit être faite à rupture ductile par plan de cisaillement.
la fois pour les chargements parallèles, perpendiculaires La résistance à l’enfoncement des différents maté-
ou à un angle par rapport au fil. riaux utilisée dans l’assemblage est indiquée dans la
norme CSA O86, à l’article 10.4.4.3.3.1 pour le bois
et à l’article 10.4.4.3.3.2 pour les autres matériaux
(acier ou béton).
Les épaisseurs t1 et t2 devront être déterminées,
conformément à la figure 10.4.2.2 de la norme CSA O86
(figure 38).
Cisaillement par files

Le calcul de la résistance au cisaillement par files


(CSA O86, art.10.4.4.4) est nécessaire en cas de
chargement en traction parallèle au fil. Si un effort à
angle est appliqué, seule la composante parallèle au
FIGURE 36 • Modes de rupture ductile d’un assemblage par fil sera utilisée pour ce calcul. Le cisaillement par files
goujons reliant trois membrures de bois
implique que chaque file de boulons cède de façon
indépendante en se détachant de la pièce principale.
L’élancement du boulon et la densité du bois jouent un Ce mode de rupture fragile dépend de l’essence utili-
grand rôle dans la détermination de la résistance duc- sée et de la disposition géométrique de l’assemblage
tile d’un assemblage. La norme CSA O86 fournit les (nombre de boulons, distances d’extrémité, entraxe,
équations qui permettent d’évaluer l’effort requis pour épaisseur de l’élément). Un coefficient K ls est utilisé
obtenir chacun des types de déformation possible pour tenir compte du nombre de faces chargées
(art. 10.4.4.3.2). Les équations (a), (b), (c) et (f) supposent (figure 39). La distance critique a cr est définie comme
que seule la résistance à l’enfoncement du bois est la plus petite valeur entre la distance d’extrémité
sollicitée, alors que les équations (d), (e) et (g) tiennent chargée (a L ) et l’espacement entre les connecteurs
aussi compte de la création d'une ou de plusieurs rotu- dans une file (S R ) (figure 40).
les plastiques dans la tige d’acier (figure 37).

28 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


a) e)

b) f)

c) g)

d)

FIGURE 37 • Modes de rupture ductile unitaires selon le modèle européen (Adaptée de CSA O86-09)

t1

t2 t1

t2
t1

t2

t1 t1a

t1b

t1b
t1
t2 t1a
t1

t = minimum ( t1a t1b )

FIGURE 38 • Épaisseurs t1 et t2 selon la disposition (adaptée de CSA O86-09, figure 10.4.2.2)

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 29


KLS = 0,65
KLS = 0,65 KLS = 1,0

KLS = 0,65

FIGURE 39 • Coefficient KLS selon les conditions de cisaillement (adaptée de CSA O86-09, figure 10.4.4.4)

SR SR acr SR SR SR SR aL1
aL1

SR aL2

SR SR aL2
File 1 : Files du bord :
File 2 : File du centre :

FIGURE 40 • Valeur de acr

Déchirement de groupe

Le déchirement de groupe peut être considéré comme L’aire nette (APGi ) est obtenue en multipliant l’épais-
la combinaison d’une rupture en cisaillement de files seur de l’élément par la longueur du bout de la section
et d’une rupture en traction nette. Ce type de rupture boulonnée, réduite en fonction du nombre de boulons
fragile ne peut se produire qu’en cas de chargement qu’elle contient (équation 4).
en traction parallèle au fil. On calcule la résistance
d’un assemblage au déchirement de groupe en utilisant (4)
la résistance au cisaillement des deux files d’extré-
mités, ainsi que celle en traction de l’aire nette (A PGi) où : t = épaisseur de la membrure (en mm)
(CSA O86, art.10.4.4.5).
nR = le nombre de files (en mm)
SC = distance entre les files (en mm)
dF = diamètre du boulon (en mm)

30 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


Traction nette Cisaillement net
L’effort de cisaillement transmis perpendiculairement à
une poutre par un assemblage doit être repris par la
hauteur effective (de ) et non par la hauteur totale (d)
(CSA O86, art.10.2.1.4). La résistance en cisaillement
doit donc être revue en fonction de la hauteur effective
(de ) à l’aide des équations des articles 5.5.5 et 6.5.7.
La résistance au cisaillement nette doit être supérieure
aux efforts de cisaillement prévus pondérés. Ces
La résistance à la traction d’une membrure au niveau
efforts de cisaillement dépendent de la position de
de l’assemblage est affaiblie par la présence des trous
l’assemblage sur la longueur de la poutre. Par exemple,
de boulons (CSA O86, art.10.4.4.6). La résistance à
comme l’indique la figure 41, l’effort de cisaillement
la traction doit être révisée en fonction de l’aire nette
maximal sera de P/2 si la charge P est située au
à l’aide des équations de l’article 5.5.9 pour le bois de
centre de la poutre, ou 3P/4 si elle est située au quart
sciage ou de l’article 6.5.11 pour le bois lamellé-collé.
de la poutre.
L’aire nette ne doit jamais représenter une réduction
de plus de 25 % de l’aire de la section brute. La rup-
ture du bois en traction étant brusque et fragile, il est
3P/4
souhaitable qu’elle ne gouverne pas la résistance de
l’assemblage.
- P/4
Fendage

P/2

- P/2

Lorsqu’un assemblage sollicite une membrure per-


pendiculairement au fil du bois, le concepteur doit
s’assurer que les attaches soient placées de façon à
éviter une rupture fragile en traction perpendiculaire.
FIGURE 41 • Effort de cisaillement induit dans une poutre
La résistance au fendage est fonction de la géomé- en fonction de la position de P
trie de l’assemblage car l’augmentation du rapport de
la hauteur effective sur la hauteur totale (de /d) dimi- Source : Quenneville et Salenikovich, 2010
nuera proportionnellement les risques de fendage
(CSA O86, art.10.4.4.7). La résistance au fendage
doit être plus grande que la charge pondérée appliquée
Boulon chargé axialement
perpendiculairement au fil du bois.
Si les boulons sont chargés axialement (ou une compo-
sante de la force est parallèle à l’axe du boulon), la résis-
tance de ces boulons doit être évaluée en deux étapes :
la résistance du boulon en traction et la résistance du
bois à l’écrasement. Cette dernière vérification est pro-
portionnelle à la surface comprimée, qui se calcule, par
exemple, comme l’aire de la rondelle moins celle du trou.
Les rondelles ou les plaques doivent respecter la taille et
l’épaisseur spécifiée (CSA O86, art.10.4.5).

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 31


Exemples
Les exemples présentés dans ce guide utilisent les formules du CSA O86-09. D’autres exemples de calcul
utilisant des tables simplifiées sont présentés dans le Manuel de calcul des charpentes en bois 2012 du
Conseil canadien du bois (Wood Design Manual 2010, CWC).
Exemple 1 – Boulons
Un assemblage est constitué de deux pièces de 64 x 184 mm et d’une pièce de 89 x 184 mm en bois d’œuvre
E-P-S no 1/no 2. Les boulons (ASTM A307) ont un diamètre de 12,7 mm (½ po) et sont distribués en trois files
de quatre boulons. On cherche la résistance de cet assemblage en traction parallèle au fil.

P/2

P
P/2

Les facteurs de modification doivent être déterminés :


Le présent calcul considère la charge totale pondérée, calculée selon une combinaison de la charge permanente
KD = 1 Tableau 4.3.2.2 et de la charge d’utilisation. La charge la plus courte de cette combinaison est utilisée pour déterminer KD,
à moins que la charge permanente ne soit plus grande que la charge de durée normale (art. 4.3.2.3).

L’assemblage est fabriqué à l’aide de bois sec (TH < 19 %) et sera utilisé en milieu sec,
KSF = 1 Tableau 10.2.1.5
c’est-à-dire qu’il ne sera pas ou rarement exposé à l’eau.

KT = 1 Tableau 5.4.3 Le bois utilisé n’est pas traité avec un produit ignifuge ou chimique, ni incisé.

La charge est appliquée parallèlement au fil du bois et sollicite l’assemblage en traction. La résistance ductile
doit être calculée en tout temps. Comme la charge est parallèle au fil, il faudra aussi déterminer la résistance
au cisaillement des files, au déchirement de groupe et à la traction nette.

• Géométrie
Distances minimales dF =12,7 mm
Pièces latérales Pièce centrale
> 51 > 51 > 51 > 64 > 64 > 51 > 51 > 51

> Max (19 ou 0,5Sc )

> 39

> 39

> Max (19 ou 0,5Sc )

Configuration choisie
70 55 55 55 70
2 - 64 x 184 89 x 184

42
50
184
50

42

32 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


• Calcul de la résistance ductile
art. 10.4.4.3.2

Résistance à l’enfoncement du bois


dF = 12,7 mm
G = 0,42 (densité du bois) tableau A10.1
Pièces latérales
art. 10.4.4.3.3.1

Pièce centrale
art. 10.4.4.3.3.1

Boulon
art. 10.4.4.3.3.3

Le calcul de la résistance ductile unitaire (par connecteur), nu, est déterminé par les équations de l’article
10.4.4.3.2. Pour un assemblage à trois membrures, quatre modes de rupture sont possibles : a), c), d) et g).

Équation a) = 14,9 kN

Équation c) = 10,4 kN

Équation d) = 6,5 kN

Équation g) = 7,0 kN

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 33


L’équation d) gouverne avec une résistance ductile latérale unitaire de 6,5 kN par plan de cisaillement. Pour ce
mode de rupture, deux rotules plastiques se forment dans le boulon à chaque interface entre deux membrures,
les déformations dans le bois apparaissant principalement dans les pièces latérales.
Résistance de l’assemblage
(nombre de plans de cisaillement)
(nombre de connecteurs)

La résistance ductile de l’assemblage est donc de 124,6 kN.

• Calcul de la résistance au cisaillement par files


art. 10.4.4.4

La résistance au cisaillement d’une file est fonction de la longueur de la file (l’aire cisaillée) et de la résistance de
l’essence utilisée au cisaillement longitudinal. Lorsqu’une seule face de l’élément en bois est chargée, comme
dans le cas des deux pièces latérales, un coefficient K ls vient réduire la résistance de la file d’attaches.
Pour les deux pièces latérales (64 x 184 mm)
(résistance prévue au cisaillement longitudinal) tableau 5.3.1A
(pièces de côté, chargées sur une seule face) figure 10.4.4.4
(épaisseur des éléments latéraux)
(nombre d’attaches dans chaque file)
(nombre de files)
La longueur a cri est la plus petite valeur entre a L, la distance d’extrémité chargée, et SR, la distance entre les
boulons dans une file.

Résistance d’une file d’attaches :

34 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


Résistance totale pour chaque pièce latérale (résistance d’une file x nombre de files) :

Résistance totale (résistance d’un élément x nombre d’éléments) :


(il y a deux pièces)

Pour la pièce centrale (89 x 184 mm)


(la pièce centrale est chargée sur les deux faces)

Résistance d’une file d’attaches :

Résistance totale pour l’élément (résistance d’une file x nombre de files) :

Résistance totale :
(il n’y a qu’une seule pièce)

• Calcul de la résistance au déchirement de groupe

On additionne la valeur moyenne de résistance au cisaillement des files extrêmes et la résistance à la traction
de la section nette en bout d’assemblage.

art. 10.4.4.5

Pour les deux pièces latérales


(résistance prévue à la traction de fil) tableau 5.3.1A

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 35


L’aire nette en traction est la distance nette entre deux files de boulons multipliée par le nombre de
sections qui résistent au déchirement et par l’épaisseur (t) de la membrure.

(résistance au cisaillement d’une file, calculée à l’étape 2)

Résistance au déchirement de groupe pour un élément latéral :

Résistance totale :

(il y a deux pièces)

Pour la pièce centrale

(résistance au cisaillement d’une file, calculée à l’étape 2)

Résistance au déchirement en groupe pour un élément :

Résistance totale :
(il n’y a qu’une seule pièce)

• Calcul de la résistance à la traction nette

art. 10.4.4.6

art. 5.5.9
Cette vérification reprend les équations sur la résistance en traction du chapitre 5 pour les pièces en bois d’œuvre
et du chapitre 6 pour celles en lamellé-collé.

36 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


Pour les deux pièces latérales
L’aire nette de la section est calculée à l’aide de l’aire de la section brute moins l’aire des trous pratiqués pour
les boulons. On considère que le trou du boulon sera 2 mm plus grand que le diamètre de la tige.
h = 184 mm (hauteur de l’élément)

art. 10.4.4.6.2

(résistance prévue à la traction de fil) tableau 5.3.1A

Kzt = 1,2 (coefficient de dimension) tableau 5.4.5

(il y a deux pièces)

Pour la pièce centrale


art. 10.4.4.6.2

Kzt = 1,3 (coefficient de dimension) tableau 5.4.5

(il n’y a qu’une seule pièce)

• Résistance de l’assemblage

Résistance ductile Nr = 124,6 kN 30,7 kN, soit 39 % plus faible, avec la distance d’extré-
mité minimale de 7d.
Pièces latérales
La résistance au déchirement en groupe est plus critique
Cisaillement par files PRr T = 69,4 kN
sur la pièce centrale (50,2 kN) que sur les pièces laté-
Déchirement en groupe PGr T = 59,8 kN rales (59,8 kN). On pourrait donc aisément améliorer la
capacité globale de l’assemblage en augmentant, par
Traction nette TNr T = 106,4 kN
exemple, l’épaisseur de la membrure centrale.
Pièce centrale
On peut toutefois constater que la résistance de l’assem-
Cisaillement par files PRr T = 73,9 kN blage en rupture ductile (N r ) est de loin supérieure
aux trois résistances en rupture fragile. La résistance
Déchirement en groupe PGr T = 50,2 kN
maximale que l’on peut obtenir avec 12 boulons de
Traction nette TNr T = 80,1 kN ½ po est de 124,6 kN. Pour atteindre cette valeur,
il faudrait modifier les distances a L, d F , S R ou SC
jusqu’à ce que la résistance ductile gouverne.
La résistance de l’assemblage est donc de 50,2 kN
Toutefois, la traction nette demeure problématique.
en raison du mode de rupture par déchirement de
Pour que l’assemblage atteigne un comportement
groupe dans la pièce centrale.
ductile, il faudrait augmenter l’aire de la section nette
Il est intéressant de noter qu’un calcul selon l’ancienne en diminuant le diamètre des boulons ou diminuer le
norme CSA O86-01 aurait donné une résistance de nombre de boulons. Deux options sont présentées.

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 37


Exemple 1 – Option 1
On utilise des boulons de 9,5 mm ( 3/8 po) au lieu de 12,7 mm (½ po) et on augmente SR et a L à 80 mm.

• Géométrie
Distances minimales dF = 9,5 mm
Pièces latérales Pièce centrale

> 38 > 38 > 38 > 48 > 48 > 38 > 38 > 38

> Max (15 ou 0,5Sc )

> 29

> 29

> Max (15 ou 0,5Sc )

Configuration choisie
80 80 80 80 80
2 - 64 x 184 89 x 184

42

50
184
50

42

• Résistance de l’assemblage

Résistance ductile Nr = 76,8 kN

Pièces latérales

Cisaillement par files PRr T = 100,6 kN

Déchirement en groupe PGr T = 73,5 kN Dans ce cas, la résistance au déchirement de groupe de


la pièce centrale (89 x 184 mm) est toujours inférieure à
Traction nette TNr T = 113,7 kN la résistance ductile. La performance du système a tout
Pièce centrale de même été améliorée de 27 % (63,6 kN vs 50,2 kN).

Cisaillement par files PRr T = 107,7 kN

Déchirement en groupe PGr T = 63,6 kN

Traction nette TNr T = 85,6 kN

38 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


Exemple 1 – Option 2
On utilise trois files de trois boulons 9,5 mm et l’on augmente la distance Sc à 60 mm (vérifier la distance de rive),
SR et aL restent à 80 mm.

• Géométrie
2 - 64 x 184 80 80 80 80 89 x 184

32

60
184
60

32

• Résistance de l’assemblage

Résistance ductile Nr = 57,6 kN

Pièces latérales
La résistance globale de l’option 2 est réduite par
Cisaillement par files PRr T = 75,5 kN
rapport à l’option 1 (57,6 kN au lieu de 63,6 kN), mais
Déchirement en groupe PGr T = 74,9 kN la rupture ductile gouverne. Cette configuration utilise
moins de boulons et offre une meilleure résistance
Traction nette TNr T = 113,7 kN ultime que la solution de départ, en augmentant légè-
Pièce centrale rement la longueur de l’assemblage (320 mm au lieu
de 305 mm pour la solution de départ et 400 mm pour
Cisaillement par files PRr T = 80,7 kN l’option 1). Il aurait aussi été possible d’envisager un
Déchirement en groupe PGr T = 61,5 kN assemblage de 2 files de 3 boulons de 12,7 mm (½ po)
espacés de 100 mm.
Traction nette TNr T = 85,6 kN

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 39


Exemple 2 – Boulons
L’assemblage est constitué d’un tirant supportant
une poutre à mi-portée. Les membrures sont en bois
lamellé-collé Douglas-mélèze. La jonction est assu-
rée par une plaque insérée de 6,35 mm d’épaisseur.
Seize boulons de 12,7 mm (½ po) sont utilisés dans
chaque membrure. On cherche à connaître la résis-
tance de cet assemblage en traction.
L’assemblage est en milieu sec, c’est-à-dire qu’il ne
sera pas ou rarement exposé à l’eau ; le bois n’est
pas traité avec un produit ignifuge ou chimique, ni
incisé, et les charges pondérées sont d’une durée
d’application normale.

Cette configuration d’assemblage nécessite une véri-


fication en deux étapes : la résistance du tirant et celle
de la poutre.

• Géométrie
Distances minimales dF =12,7mm Configuration choisie

175 x 228
Tirant
39 50 50 50 39

60
> 51
60
> 51
60
> 51
100
> 64
100
60
> Max (19 ou 0,5Sc ) > 39 > 39 > 39 > Max (19 ou 0,5Sc )

60 175 x 380
Poutre
> 38 > 38 > 38 60
100
> 51

> 38
> 38
> 38

> 19

40 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


Vérification du tirant
D-M 18t-E 175 x 228 mm
Les vérifications du tirant sont semblables à celles de
l’exemple 1.
• Calcul de la résistance ductile
art. 10.4.4.3

Pièces latérales en bois

art. 10.4.4.3.3.1

Pièce centrale en acier

(acier conforme à la norme CSA G40.21) art. 10.4.4.3.3.2

art. 10.4.4.3.3.2a

Boulon
art. 10.4.4.3.3.3

Le calcul de la résistance ductile unitaire (par connecteur), nu, est déterminé par les équations de l’article
10.4.4.3.2. Pour un assemblage à trois membrures, quatre modes de rupture sont possibles : a), c), d) et g).

Équation a) = 22,8 kN

Équation c) = 45,6 kN

Équation d) = 9,9 kN

Équation g) = 10,6 kN

L’équation d) gouverne. La résistance ductile unitaire est donc de 9,9 kN/plan de cisaillement.
(nombre de plans de cisaillement)
(nombre de fixations)
art.10.4.4.3.1

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 41


• Calcul de la résistance au cisaillement par files

art. 10.4.4
(résistance prévue au cisaillement) tableau 6.3

(pièce chargée sur une seule face) figure 10.4.4.4

(nombre d’attaches par file)

Résistance d’une file :

Résistance d’un élément :

Résistance totale :
(le tirant travaille comme deux pièces de 84 mm)

• Calcul de la résistance au déchirement de groupe

art. 10.4.4.5

Résistance d’un élément


(résistance prévue en traction) tableau 6.3

Résistance totale

42 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


• Calcul de la résistance à la traction nette

art. 10.4.4.6 et art. 6.5.11


tableau 6.3

✘ la réduction de l’aire est trop importante art. 10.4.4.6.2

Vérification de la poutre
D-M 20f-E 175 x 380 mm
La charge est perpendiculaire au fil du bois. On vérifie la
rupture ductile, le fendage et le cisaillement net dans
la poutre.

• Calcul de la résistance ductile


La résistance ductile dans la poutre est différente de celle du tirant puisque le chargement agit perpendiculai-
rement au fil.

art. 10.4.4.3
Pièces latérales en bois
art. 10.4.4.3.3.1

Pièce centrale en acier


(acier conforme à la norme CSA G40.21) art. 10.4.4.3.3.2

art. 10.4.4.3.3.2

Boulon
art. 10.4.4.3.3.3

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 43


Le calcul de la résistance ductile unitaire (par connecteur), nu, est déterminé par les équations de l’article
10.4.4.3.2. Pour un assemblage à trois membrures, quatre modes de rupture sont possibles : a), c), d) et g).

Équation a) = 10,0 kN

Équation c) = 45,6 kN

Équation d) = 5,5 kN

Équation g) = 7,1 kN

L’équation d) gouverne. La résistance ductile unitaire est inférieure dans le sens perpendiculaire au fil (5,5 kN
au lieu de 9,9 kN).
(nombre de plans de cisaillement)
(nombre de fixations)
art. 10.4.4.3.1

La charge étant appliquée perpendiculairement au fil dans la poutre, la vérification du cisaillement des files, du
déchirement en groupe et de la traction nette n’est pas nécessaire. La résistance au fendage (et au cisaillement)
de la poutre avec une hauteur effective de doit être vérifiée.

Calcul de la résistance au fendage

art. 10.4.4.7

44 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


Résistance totale :
(la poutre travaille comme deux pièces de 84 mm)

• Calcul de la résistance au cisaillement net art. 10.2.1.4


Supposons que l’assemblage soit placé à mi-portée,
l’effort de cisaillement est égal à donc et .

La résistance de la poutre au cisaillement net utilise la hauteur effective de pour le calcul de l’aire brute.

art. 6.5.7.2

de

(aire efficace pour la résistance au cisaillement)

(coefficient d’entailles) art. 6.5.7.2.2

(coefficient de partage des charges ne s’applique pas) art. 6.4.3

(coefficient de condition d’utilisation) art. 6.4.2

(résistance prévue au cisaillement) tableau 6.3

La poutre peut donc résister au cisaillement causé par une force de 112,8 kN appliquée en son centre.

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 45


• Résistance de l’assemblage La résistance de l’assemblage est gouvernée par le
fendage dans la poutre. Il est toutefois important de
Tirant noter que l’assemblage du tirant n’est pas adéquat
Résistance ductile Nr = 253,4 kN en raison d’une trop grande réduction de l’aire nette.

Cisaillement par files PRr T = 175,8 kN Pour augmenter la résistance de la poutre, il est pos-
sible d’augmenter son épaisseur ou de diminuer la
Déchirement en groupe PGr T = 346,6 kN distance de rive non chargée à son minimum afin
d’obtenir un de maximal. Avec e p = 50 mm et d e =
Traction nette TNr T = 587,1 kN
330 mm, on obtient une résistance au fendage de
Poutre 82,5 kN. Il s’agit de la valeur maximale que l’on peut
obtenir avec ces dimensions de poutre.
Résistance ductile Nr = 140,8 kN
Le nombre de boulons est trop important pour l’effort
Fendage QSr T = 53,8 kN
que peut supporter la poutre perpendiculairement au
Cisaillement de la poutre 2Vr = 112,8 kN fil selon cette configuration. La résistance ductile de
la poutre est environ deux fois et demie supérieure à
sa résistance au fendage (140,8 kN contre 53,8 kN).
Il est possible d’optimiser l’assemblage en diminuant
Exemple 2 – Option 1 le nombre de boulons utilisés.

Utiliser plutôt trois files de trois boulons 12,7 mm


• Résistance de l’assemblage – Option 1
(½ po) pour les deux assemblages et une distance de
rive non chargée, ep, de 50 mm pour la poutre.
Tirant

Résistance ductile Nr = 142,2 kN

Cisaillement de la file PRr T = 115,6 kN

Déchirement en groupe PGr T = 294,4 kN

Traction nette TNr T = 639,5 kN

Poutre

Résistance ductile Nr = 79,9 kN

Résistance au fendage QSr T = 82,5 kN

Cisaillement de la poutre 2Vr = 133 kN

• Géométrie La résistance ductile dans la poutre gouverne. Cet


assemblage nécessite moins de boulons et offre une
175 x 228 meilleure résistance que la première solution envisagée
54 60 60 54 (79,9 kN au lieu de 53,8 kN).
La poutre offre un bon comportement tout en étant
70
bien proportionnée. Les faibles différences entre les
valeurs de résistance indiquent que les espacements,
70
le dimensionnement et le nombre de boulons sont
adéquats.
100
On remarque cependant que la section du tirant est
nettement surdimensionnée par rapport à la résistance
130
globale de l’assemblage (639,5 kN contre 79,9 kN). La
100 dimension du tirant et le nombre de boulons pourraient
175 x 380 de = 330 donc être optimisés.
100

50

46 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


Exemple 3 – Boulons
L’assemblage est constitué d’un tirant (175 x 228 mm)
supportant une poutre (175 x 418 mm) à mi-portée.
Les membrures sont en bois lamellé-collé épinette-
pin. La jonction est assurée par deux plaques insé-
rées de 6,35 mm d’épaisseur. On utilise des boulons
de 12,7 mm (½ po). On cherche à connaître la résis-
tance de cet assemblage en traction.
L’assemblage est en milieu sec, c’est-à-dire qu’il ne
sera pas ou rarement exposé à l’eau ; le bois n’est
pas traité avec un produit ignifuge ou chimique, ni
incisé, et les charges pondérées sont d’une durée
d’application normale.

Cette configuration d’assemblage nécessite une véri-


fication en deux étapes : la résistance du tirant et celle
de la poutre.
Afin de simplifier les calculs, on considère deux as-
semblages bois-acier-bois avec t 1 = 40,1 mm et t 2 =
6,35 mm. Il faudra toutefois prendre cette hypothèse
en considération dans le calcul de la résistance duc-
tile, puisque tous les modes de déformation ne sont
pas compatibles avec une telle configuration. Puisque
l’assemblage réel n’est pas coupé en deux, on devra
tenir compte de la continuité des attaches.

• Géométrie
Distances minimales dF = 12,7 mm Configuration choisie

Tirant

175 x 228

64 100 64

> 51 150

150
> 64
128
> Max (19 ou 0,5Sc ) > 39 > Max (19 ou 0,5Sc )
120
Poutre 175 x 418 de = 368
> 38
120

> 51 50

> 38
> 38

> 19

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 47


Vérification du tirant
Épinette-pin 14t-E 175 x 228 mm
La charge est appliquée parallèlement au fil du bois.
Les vérifications à faire sont donc la résistance ductile,
le cisaillement par files, le déchirement de groupe et
la traction nette.
• Calcul de la résistance ductile
art. 10.4.4.3

Pièces latérales en bois

art. 10.4.4.3.3.1

Pièce centrale en acier


(acier conforme à la norme CSA G40.21) art. 10.4.4.3.3.2

Boulon
art. 10.4.4.3.3.3

Le calcul de la résistance ductile unitaire (par connecteur), nu, est déterminé par les équations de l’article
10.4.4.3.2. Pour un assemblage à trois membrures, quatre modes de rupture sont possibles : a), c), d) et g).

Équation a) = 9,8 kN

Équation c) = 45,6 kN

Équation d) = 7,0 kN

Équation g) = 10,1 kN

48 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


Selon les équations fournies, le mode de rupture d) offre le minimum de résistance. Ce mode de rupture n’est
cependant pas réaliste pour un assemblage incluant plusieurs plaques métalliques car il ne considère pas la for-
mation de rotules plastiques à mi-chemin entre les deux plaques métalliques. Le boulon étant continu, ces rotules
plastiques devront se produire et offriront une résistance supplémentaire qui n’est pas incluse dans l’équation d).

On utilisera donc l’équation a) avec une résistance de 9,8 kN/plan de


cisaillement.
(pour deux assemblages)

Rupture d) Rupture a)

• Calcul de la résistance au cisaillement par files

art. 10.4.4.4
(résistance prévue au cisaillement) tableau 6.3

figure 10.4.4.4

Résistance d’une file :

Résistance d’un élément :

Résistance totale :
(puisqu’on a deux pièces et deux assemblages)

• Calcul de la résistance au déchirement de groupe

art. 10.4.4.5

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 49


Résistance d’un élément
(résistance prévue à la traction) tableau 6.3

Résistance totale

(puisqu’on a deux pièces et deux assemblages)

• Calcul de la résistance en traction nette

art. 4.4.6

tableau 6.3

art.10.4.4.6.2

Vérification de la poutre
Épinette-pin 20f-E 175 x 418 mm
La charge est perpendiculaire au fil du bois. On vérifie la rupture ductile, le fendage et le cisaillement dans la poutre.

• Calcul de la résistance ductile


art. 10.4.4.3
Pièces latérales en bois

art.10.4.4.3.3.1

50 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


Pièce centrale en acier
(acier conforme à la norme CSA G40.21) art. 10.4.4.3.3.2

art. 10.4.4.3.3.2

Boulon
art. 10.4.4.3.3.3

Le calcul de la résistance ductile unitaire (par connecteur), nu, est déterminé par les équations de l’article
10.4.4.3.2. Pour un assemblage à trois membrures, quatre modes de rupture sont possibles : a), c), d) et g).

Équation a) = 4,3 kN

Équation c) = 45,6 kN

Équation d) = 4,2 kN

Équation g) = 6,7 kN

Le mode de rupture d) gouverne mais ce mode de rupture n’est pas compatible avec la continuité des boulons
pour un assemblage utilisant 2 plaques. Le mode de rupture a) est utilisé avec nu = 4,3 kN
(nombre de plans de cisaillement)

(nombre de fixations)

(puisqu’on a deux assemblages)

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 51


• Calcul de la résistance au fendage

art. 10.4.4.7

(deux pièces et deux assemblages)

• Calcul de la résistance au cisaillement net

art. 10.2.1.4 et art .6.5.7.2

(résistance prévue au cisaillement) tableau 6.3

(pas d’entaille) art. 6.5.7.2.2

(coefficient de partage des charges ne s’applique pas) art. 6.4.3

(coefficient de condition d’utilisation) art. 6.4.2

(pour une charge à mi-portée, )

Tirant

• Résistance de l’assemblage Résistance ductile Nr = 125.4 kN

La résistance de l’assemblage est limitée par la rupture Cisaillement des files PRr T = 92,0 kN
ductile dans la poutre (82,6 kN). La résistance du tirant
Déchirement en groupe PGr T = 221,2 kN
en traction nette étant assez élevée, il serait probable-
ment possible de réduire sa largeur. Il faut cependant Traction nette TNr T = 512,8 kN
s’assurer que la présence des deux plaques et des
Poutre
boulons ne réduit pas trop l’aire nette de la section.
Résistance ductile Nr = 82,6 kN

Fendage QSr T = 87,1 kN

Cisaillement de la poutre 2Vr = 123,9 kN

52 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


5.2 Tire-fonds et vis Les tire-fonds requièrent le perçage d’avant-trous per-
mettant d’éviter le fendillement du bois. Ces avant-
Généralités trous ont la même longueur que la tige et un diamètre
Les tire-fonds et les vis sont des tiges d’acier filetées déterminé en fonction de l’essence du bois et du dia-
avec une tête carrée, hexagonale ou rainurée et une mètre du tire-fond (tableau 5). Les tire-fonds sont uti-
pointe effilée qui s’enfonce dans le bois. Leur tige est lisés conjointement avec une plaque ou une rondelle
constituée de deux parties : une section lisse et une métallique pour répartir la pression de la tête sur le bois.
section filetée plus ou moins longue. La prise des filets Comme ce type d’attache ne traverse pas complè-
dans le bois offre une résistance latérale, ainsi qu’une tement l’élément, le calcul de la résistance latérale
résistance à l’arrachement sans que le côté opposé et à l’arrachement est influencé par la profondeur de
de la pièce ne soit accessible. Ils sont habituellement pénétration. Une longueur de pénétration minimale de
utilisés conjointement avec des plaques de jonction 5 dF dans la pièce principale est requise. La valeur de
en acier, en bois d’œuvre et en panneau structural. la longueur filetée utilisée pour le calcul de résistance
Quoique leur comportement soit similaire, les tire- n’inclut pas la pointe effilée du tire-fond.
fonds et les vis se distinguent par le diamètre de leur Les espacements entre les tire-fonds ainsi que les
tige, les tire-fonds ayant les plus grands diamètres. distances de rive et d’extrémité sont spécifiés à l’article
La norme de calcul CSA O86 traite des tire-fonds à 10.6.2 (CSA O86-09). Pour éviter le fendage dû au
la section 10.6 et a inclus, dans la version 2009, le retrait, la distance totale entre les files extrêmes de
calcul des vis à section 10.11 (CSA O86 2009). tire-fonds installés sur une même plaque de jonction
en acier ne devrait pas excéder 125 mm. L’utilisation
de plusieurs plaques distinctes peut être envisagée
Spécificités techniques afin de respecter cette condition.
Tire-fonds Vis à bois
Les tire-fonds disponibles au Canada varient de ¼ à Les vis à bois considérées dans la norme de calcul
1 po (6,4 à 25 mm) de diamètre et de 3 à 12 po (75 à CSA O86 doivent respecter les exigences de la norme
300 mm) de longueur. Ils sont généralement commer- ASME B18.6.1. Elles sont classées selon leur calibre,
cialisés en dimensions impériales et sont soumis à la qui est fonction de leur diamètre, ainsi que leur limite
norme ASME B18.2.1. d’élasticité (CSA O86-09, tableau 10.11.1).
Les avant-trous ne sont exigés que pour les essences
de densité supérieure à 0,5. Les règles de disposition
Pénétration
des filets dans et de préperçage dépendent du diamètre de la tige
l’élément principal dS, de sa partie filetée dR et de l’extérieur des filets dF
Lt (CSA O86-09, tableau 10.11.2.1).
Longueur
Diamètre de la pointe Les distances de rive et d’extrémité, les espacements
de la tige E ainsi que les profondeurs de pénétration requises
dF sont les mêmes que pour les clous et les pointes
Pénétration totale (CSA O86-09, tableau 10.9.2.1 et figure 10.9.2.2).
Plaque LP L’utilisation de vis supplémentaires décalées entre les
de jonction axes des files est permise (figure 44).
Longueur
Élément L
principal
FIGURE 42 • Utilisation du tire-fond (adaptée de CCB, 2007)

TABLEAU 5 • Diamètre des trous (CCB1998)

Avant-trous Section filetée


Section lisse
pour tire-fonds Feuillus denses Douglas-mélèze Essences moins denses

Diamètre de l’avant-trou Même que la tige 65 à 85 % de la tige 60 à 75 % de la tige 40 à 70 % de la tige

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 53


t 2 égale à la profondeur de pénétration du tire-fond
dans l’élément principal. Cette résistance est ensuite
dS multipliée par le nombre d’attaches, et réduite par les
coefficients JG et JP L pour tenir compte de l’effet des
L L groupes d’attaches et de la profondeur réduite. La
résistance latérale est également réduite si le tire-fond
est utilisé en bout de bois selon l’article 10.6.6.2.

(a) (d)
dR
dH
dF
(b) (e)
FIGURE 43 • Préperçage des vis
(Quenneville et Salenikovich, 2010)

Bois Acier Bois Bois (c) (f)

FIGURE 45 • Modes de rupture ductile unitaires selon le modèle


européen (CSA O86-09)

Vis à bois
La vis peut aussi être chargée axialement, latérale-
> 3dF > 5dF > 0,9 mm > 5dF > 3dF > 8dF > 5dF ment ou selon une combinaison de ces deux modes
FIGURE 44 • Profondeur de pénétration et épaisseur des
de chargement. La norme de calcul CSA O86 permet
éléments minimaux (CSA O86-09, figure 10.9.2.2) de calculer la résistance à l’arrachement, ainsi que
la résistance latérale pour les assemblages reliant
Calcul de la résistance deux ou trois éléments. Les grosses vis d’un calibre
supérieur à 12 doivent toutefois être calculées comme
Tire-fonds
étant des tire-fonds.
Le tire-fond peut être chargé axialement, latéralement
ou selon une combinaison de ces deux modes de La résistance latérale unitaire des vis à bois peut être
chargement. La norme de calcul CSA O86 permet de calculée pour des assemblages de deux ou trois élé-
calculer la résistance à l’arrachement et la résistance ments selon le modèle de rupture ductile. Cette résis-
latérale pour les assemblages reliant au maximum tance est ensuite multipliée par le nombre d’attaches,
deux éléments. et réduite par les coefficients JA et JE qui tiennent
La résistance à l’arrachement des tire-fonds est dé- compte respectivement des vis insérées en biais ou
terminée en fonction de la longueur de pénétration en bout de bois (CSA O86-09, art. 10.11.4)
de la partie filetée, de son diamètre, de sa direction La résistance à l’arrachement des vis ne peut être
d’enfoncement (en bois de bout ou perpendiculaire
sollicitée que pour des charges de vents ou sismi-
au fil) et de l’essence de bois utilisée (CSA O86-09,
ques. Le calcul de la résistance à l’arrachement inclut
art. 10.6.5).
deux parties : l’arrachement de la vis de l’élément
La résistance latérale est calculée selon le modèle principal et le poinçonnement de la tête à travers l’élé-
européen de rupture ductile (CSA O86-09, art. 10.6.6). ment latéral. La résistance à l’arrachement d’une vis
Les résistances unitaires parallèle (pu ) et perpendiculaire utilisée en bout de bois est considérée comme nulle
(qu ) au fil du bois sont calculées selon les six modes (CSA O86-09, art. 10.11.5).
de rupture ductile pour un assemblage de deux
membrures (figure 45), en considérant une épaisseur

54 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


Exemples
Les exemples présentés dans ce guide utilisent les • Géométrie
formules du CSA O86-09. D’autres exemples de
Distances minimales dF = 16 mm
calcul utilisant des tables simplifiées sont présentés
dans le Manuel de calcul des charpentes en bois 32
2012 du Conseil canadien du bois (Wood Design
Manual 2010, CWC). 24
Exemple 1 – Tire-fonds 48

Un étrier soutenant une panne est fixé sur une poutre 48


à l’aide de six tire-fonds de 16 mm (5/8 po) de dia-
mètre et de 140 mm (5½ po) de long. La longueur de
la pointe effilée est de 9,5 mm. La panne et la poutre
sont en bois lamellé-collé épinette-pin. On cherche la 64
résistance latérale de cet assemblage.

P
Configuration choisie
250

315 50
80
80

608 608
130 x 266
398 315 x 608

L’assemblage se retrouve en milieu sec, le bois n’est


ni traité ni incisé et les charges sont d’une durée
d’application normale.

• Profondeur de pénétration
Épaisseur de l’étrier = 6,35 mm
(longueur de la pointe effilée)

art. 10.6.3.3

Les tire-fonds qui traversent la poutre seront sollicités latéralement. Le moment qui pourrait être causé par une
force P excentrée par rapport à l’étrier est négligé ; on considère donc qu’il n’y a aucun effort axial dans les
tire-fonds. Le chargement étant appliqué perpendiculairement au fil du bois de la poutre, la résistance latérale
à calculer sera donc Qr.
• Résistance latérale de l’assemblage

art. 10.6.6
Calcul de qu art. 10.6.6.1.2

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 55


Pièce latérale en acier

Pièce centrale en bois


G = 0,44 (densité du bois) tableau A10.4

art. 10.4.4.3.3.1

Tire-fond
art. 10.4.4.3.3.3

Résistance latérale unitaire des tire-fonds, qu :

Équation a) = 153,2 kN

Équation b) = 16,1 kN

Équation c) = 35,9 kN

Équation d) = 603,6 kN

Équation e) = 33,9 kN

Équation f) = 10,4 kN

L’équation f) gouverne. Selon ce mode de déformation, le tire-fond se plastifie en deux points alors que le bois
et l’acier se déforment. La résistance qu est de 10,4 kN par tire-fond.

56 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


P
Résistance de l’assemblage
(nb de fixations)
Coefficient JG
Le coefficient JG tient compte de l’effet de groupe. Dans notre
cas, on a deux files de trois tire-fonds.
A m = aire de la section brute, élément principal
= 315 x 608 = 191 520 mm2
A s = somme des aires de section des éléments latéraux
= (6,35 x 50) x 2 = 635 mm2

Nombre d’attaches dans une file = 3


tableau 10.2.2.3.4B
Coefficient JPL art. 10.6.6.1.1
Le coefficient JPL tient compte de la profondeur de pénétration. Il intervient essentiellement pour les valeurs de
pénétration entre 5dF et 8dF. Pour des valeurs intermédiaires, l’interpolation linéaire est acceptée.

Interpolation linéaire :

Résistance de l’assemblage
art. 10.6.6
L’étrier peut résister à une charge pondérée maximale de 36,3 kN.
Il faut aussi calculer la résistance de la poutre au cisaillement en tenant compte de la hauteur effective, de.

Exemple 2 – Tire-fonds L’assemblage sous la poutre est constitué de deux


tire-fonds de 9,5 mm (3/8 po) de diamètre et de
Calculer la résistance au soulèvement de l’assemblage 1
125 mm (5 po) de long avec une cornière métallique
lorsqu’une charge est appliquée sur le porte-à-faux. La
de 6,35 mm d’épaisseur de chaque coté du poteau.
poutre (140 x 191 mm) et les poteaux (140 x 140 mm)
Les tire-fonds sont sollicités en arrachement lorsque
sont en bois d’œuvre E-P-S.
la poutre tend à se soulever.
L’assemblage dans le poteau est constitué de deux tire- Note : Cet assemblage en arrachement n’est pas recommandé
fonds de 9,5 mm (3/8 po) de diamètre et de 75 mm pour transmettre d’importants efforts car il sollicite la poutre en
(3 po) de long pour assembler une cornière métallique traction perpendiculaire au fil. Il est toutefois utilisé dans cet
de 6,35 mm d’épaisseur de chaque côté du poteau. exemple pour démontrer un calcul de résistance à l’arrache-
Les tire-fonds sont sollicités latéralement. ment d’un tire-fond.

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 57


P

E-P-S 140 x 191

100
E-P-S
140 x 140

L’assemblage se retrouve en milieu sec, le bois n’est 100 200


ni traité ni incisé et les charges sont d’une durée
d’application normale. 45
K SF = K T = K D = 1,0   50
45

Assemblage à l’extrémité du poteau


• Géométrie
Distances minimales dF=9,5 mm Configuration choisie
15 ou 0,5 Sc

15 ou 0,5 Sc

140

19 45 50 45

67 70

140 x 140

• Profondeur de pénétration
Épaisseur de l’étrier = 6,35 mm

P = 60 mm ≥ 5 ⋅Ed F= = mm  -longueur de la pointe effilée (MCCB tableau 7,15)


6,548mm
P =
LP = L − 6,L35 −E 75 −≥ 65,35
60=mm ⋅ d F− =
6,548=mm   
62 mm
LP = 60 mm ≥ 5 ⋅ d F = 48 mm  art.10.6.3.3

• Résistance latérale de l’assemblage


Pr = φ ⋅ pu (K D K SF K T )n f J G J PL   art.10.6.6
Calcul de pu art.10.6.6.1.2

58 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


Pièce latérale en acier

Pièce centrale en bois


G = 0,42 (densité du bois) Tableau A10.4

art.10.4.4.3.3.1

Tire-fond
art.10.4.4.3.3.3

Résistance latérale unitaire des tire-fonds, qu :

Équation a) = 90,9 kN

Équation b) = 11,2 kN

Équation c) = 21,0 kN

Équation d) = 180,4 kN

Équation e) = 20,4 kN

Équation f) = 5,6 kN

La résistance est gouvernée par l’équation f) qui considère la plastification du tire-fond en deux points, ainsi
que la déformation du bois et de l’acier. La résistance pu est de 5,6 kN par tire-fond.

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 59


Résistance de l’assemblage
(nombre de tire-fonds)

Coefficient JG tableau 10.2.2.3.4B


Le coefficient JG tient compte de l’effet de groupe. Dans notre cas, on a 2 files de 1 tire-fond.

Coefficient JPL art.10.6.6.1.1


Le coefficient JPL tient compte de la profondeur de pénétration. Il intervient essentiellement pour les valeurs de
pénétration entre 5dF et 8dF. Pour des valeurs intermédiaires, l’interpolation linéaire est acceptée.

Interpolation linéaire :

Résistance de l’assemblage
art.10.6.6

(une cornière de chaque coté du poteau)


L’assemblage sur le poteau peut résister à un effort de soulèvement de 10,4 kN.

Assemblage sous la poutre


• Géométrie
Distances minimales dF = 9,5 mm Configuration choisie

15 45
140

19 50 140 x 191

15 45

50 19 70 200

• Longueur effective de la partie filetée


Épaisseur de l’étrier = 6,35 mm
E = 6,4 mm = Longueur de la pointe effilée

MCCB tableau 7,15

60 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


• Résistance à l’arrachement
art.10.6.5

La résistance de base à l’arrachement d’un tire-fond est donnée par mm de pénétration de la partie filetée
(celle qui résiste à l’arrachement). Elle est fonction du diamètre du tire-fond (9,5 mm) et de l’essence (E-P-S).
tableau 10.6.5.1

(le tire-fond est positionné perpendiculairement au fil)

(nombre de connecteurs)

L’assemblage en arrachement sous la poutre peut résister à un effort de soulèvement de 10,0 kN.

Résistance de l’assemblage poteau-poutre


La résistance de l’assemblage poteau-poutre est le minimum entre la résistance latérale des tire-fonds sur le
poteau et la résistance en arrachement des tire-fonds sous la poutre. L’assemblage poteau-poutre peut donc
résister à une charge de soulèvement de 10,0 kN.

Exemple 3 – Vis à bois


Calculer la résistance de l’assemblage entre le poteau Les plaques et les connecteurs doivent être disposés
et la diagonale de contreventement lorsque sollicité symétriquement pour ne pas causer d’excentricité
par une charge latérale due au vent. L’assemblage dans l’assemblage.
est constitué de deux contreplaqués de résineux ca-
nadiens de 12,5 mm (1/2 po) vissées de chaque coté La structure est en milieu sec, le bois n’est ni traité ni
des pièces en bois E-P-S no 1/no 2 de 89 x 184 mm. incisé et l’assemblage est soumis à des charges de
Les vis sont de calibre 6 (3,5 mm) et ont une longueur courte durée (vent).
de 50 mm (2 po).
Des plaques en contreplaqué ont été choisies car,
dans la pratique, la mise en œuvre de vis relativement
courtes avec des plaques métalliques abime géné-
ralement le bois en raison de la difficulté d’arrêter le
vissage précisément lorsque la tête de la vis atteint la
plaque métallique.

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 61


• Profondeur de pénétration figure 10.9.2.2

12,5 37,5 14 37,5 12,5


89
• Géométrie
Distances minimales dF = 3,5 mm Configuration choisie
14 28 28 2814 32 40 40 40 32

57 57 57 77
56 56 56 42

vis supplémentaires
aux intersections

50
42

60

45
22
14

42
56

35

57
60
28

35
56
56
28

32

57
50
35
14
28

56

40
18

35
42

28

57
28

22

40
56
28

45
14

40
18
28

32

184
4
14

Diagonale Poteau Diagonale Poteau


23 vis de chaque côté 25 vis de chaque côté
• Calcul de la résistance latérale
art. 10.11.4.1
Calcul de nu art. 10.6.6.1.2
Pièce latérale en contreplaqué

Pièce centrale en bois


G = 0,42 (E-P-S) tableau A10.4

Vis
tableau 10.11.1

62 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


Résistance latérale unitaire :
Comme chaque vis traverse deux éléments, nous utiliserons les équations a), b), d), e), f) et g).

Équation a) = 1,24 kN

Équation b) = 2,66 kN

Équation d) = 0,713 kN

Équation e) = 1,21 kN

Équation f) = 0,780 kN

Équation g) = 0,828 kN

L’équation d) gouverne avec une résistance latérale de 0,713 kN par vis.


Résistance unitaire latérale pondérée :

Résistance de l’assemblage
(coefficient de vissage en biais)
(coefficient relatif au fil de bout)

Assemblage sur la diagonale


puisqu’il y a une plaque de chaque côté

Assemblage sur le poteau

La résistance de l’assemblage est donc gouvernée par l’assemblage sur la diagonale. Une force maximale de
30,2 kN peut être appliquée selon l’axe du contreventement. Les résistances en traction des éléments en bois
et en contreplaqué doivent cependant être vérifiées.

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 63


Exemple 4 – Vis à bois
Calculer la résistance à la pression négative du vent sur un mur en contreplaqué de 16 mm (5/8 po). On utilise
36 vis de calibre 8 de 50,8 mm (2 po) de long. Les vis sont sollicitées en arrachement. L’ossature du mur est
faite de poteaux de 38 x 140 mm en E-P-S no 1/no 2 placés aux 406 mm (16 po).
L’assemblage est en milieu sec et le bois n’est ni traité ni incisé . Comme les seules charges en
arrachement permises sont de courte durée (vents, séismes), le coefficient K D ne varie pas et est inclus dans
les équations de la norme.
Les vis qui sont soumises à une traction axiale ont deux modes de rupture possibles : l’arrachement de la pièce
principale et le tirage de la tête à travers le contreplaqué.
1,22 m

2,44 m

50 34 30,5

16

• Résistance à l’arrachement de l’élément principal

art. 10.11.5.2
La résistance à l’arrachement dépend de la longueur de pénétration de la partie file-
tée (L pt), en mm, dans l’élément principal. Elle dépend de la grosseur de vis et de
l’essence de bois utilisée. La résistance unitaire à l’arrachement est multipliée par le
nombre de vis utilisées (nF).

(calibre 8) tableau 10.11.1


tableau 10.11.1
tableau A10.1

Résistance unitaire à l’arrachement par mm :

Longueur de la partie filetée :

Les vis sont espacées aux 305 mm (12 po), il y a donc neuf vis par file, donc par montant.

Résistance totale à l’arrachement

64 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


• Résistance au poinçonnent de la tête à travers l’élément latéral

On calcule la résistance qu’offre l’élément latéral au passage de la tête de vis selon


s’il s’agit d’une plaque d’acier, d’une pièce en bois ou d’un panneau structural. La
résistance dépend de l’épaisseur de l’élément latéral (t1) et du nombre d’attaches (nF).

(pour un panneau structural) art. 10.11.5.3

• Résistance de l’assemblage
Résistance à l’arrachement de l’élément principal
Prw = 8,4 kN
Résistance au tirage de la tête à travers l’élément latéral
Ppt = 4,32 kN
La résistance à l’arrachement de cet assemblage sera donc de 4,32 kN pour chaque file de vis, en raison de
la résistance au poinçonnement de la tête de vis à travers le contreplaqué. Comme chaque file a une largeur
tributaire de 406 mm (16 po), l’aire tributaire de chaque file est :

Résistance à la pression négative


Le mur pourra résister à une pression négative du vent de 4,36 kPa.

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 65


5.3 Rivets 12,7 mm (1/2 po)

9,5 mm (3/8 po)

Fil du bois

FIGURE 46 • Rivets (Quenneville et Salenikovich, 2010) FIGURE 48 • Fibres comprimées dans une membrure après
l’insertion des rivets (Madsen, 2000)
Généralités
Les rivets pour gros bois, appelés aussi rivets pour Un assemblage avec rivets se comporte comme un
bois lamellé-collé, sont de gros clous ayant une tête bloc, combinant les caractéristiques des connecteurs
conique et une tige aplatie qui sont fabriqués d’un de surface et celles des connecteurs de type tige. Selon
acier très résistant. Ce type de connecteur procure sa configuration, l’assemblage peut être gouverné
un assemblage très rigide tout en permettant d’obtenir soit par une rupture ductile (plastification des rivets
un bon comportement ductile à la rupture (Mohammad et enfoncement du bois), soit par une rupture fragile
et Salenikovich, 2010). (arrachement en bloc). Des études ont par ailleurs
démontré que les assemblages rivetés soumis à un
Sa grande rigidité est obtenue par l’enfoncement de
chargement cyclique présentaient un comportement
la tige sans préperçage, ainsi que par l’encastrement
stable et ductile avant la rupture, ainsi qu’une courbe
de la tête du rivet de forme oblongue conique dans
d’hystérésis allongée, ce qui laisse présager une
le trou rond de la plaque de jonction. Ce type d’attache
réaction favorable aux séismes (Madsen, 2000).
permet d’éliminer le glissement initial (figure 47).
Quoique l’assemblage avec rivets requiert une plaque
De plus, la tige oblongue, qui glisse entre les fibres
de jonction et un grand nombre d’attaches, le temps
du bois sans les sectionner, ne cause pas de perte
de pose est relativement rapide et peut se faire à
de résistance de la section brute de la membrure en
l’aide de marteaux ou de systèmes pneumatiques. La
bois (figure 48). Le positionnement relativement serré
pose est facilitée par l’absence de préperçage ou de
des rivets crée une zone de bois comprimée qui as-
découpes préliminaires, permettant un ajustement au
sure une friction importante entre le bois et le rivet, et
chantier. Les rivets peuvent en outre transmettre de
réduit les risques de fendage du bois.
plus grandes charges que les autres types d’assem-
blages pour une même surface de contact. Ils sont
Disques
Rivets de cisaillement aussi plus rigides et sont facilement accessibles pour
les vérifications d’usage. Leur efficacité a été démon-
trée dans plusieurs structures en bois lamellé-collé de
grandes dimensions (CCB, 2007).
Spécificités techniques
Charge

Les rivets pour gros bois d’œuvre doivent avoir une


dureté Rockwell C32-39, une contrainte de rupture en
traction d’au moins 1 000 MPa et un fini de galvanisation
à chaud. Les rivets sont offerts en longueurs de 40, 65
et 90 mm. La longueur de pénétration dans la membrure
en bois (LP) est obtenue en soustrayant de la longueur
totale du rivet l’épaisseur de la plaque et l’épaisseur de
la tête dépassant la plaque (environ 3,2 mm). La pro-
Déplacement fondeur de pénétration des rivets ne doit pas dépasser
FIGURE 47 • Rigidité des rivets vs disques de cisaillement 70 % de l’épaisseur de l’élément en bois, même si une
(Madsen, 2000) seule face est rivetée (CSA O86-09, art. 10.7.1).

66 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


Calcul de la résistance
Les rivets sont habituellement soumis à une charge
latérale, quoi qu’il soit aussi possible de les solliciter à
l’arrachement pour des charges de durée courte ou
normale, dans un milieu sec (CSA O86-09).
Résistance latérale
La résistance latérale d’un assemblage riveté peut
être gouvernée par deux modes de rupture : une rup-
ture ductile impliquant la déformation simultanée du
bois et des rivets, ou une rupture fragile créée par
l’arrachement en bloc de la section rivetée. Pour cha-
que direction de chargement, parallèle ou perpendi-
FIGURE 49 • Séquence de positionnement des rivets
(Quenneville et Salenikovich, 2010)
culaire au fil, le mode de rupture présentant la plus
petite résistance gouverne. La résistance obtenue
est alors multipliée par le coefficient de résistance, Ø,
Les plaques de jonction en acier doivent être conformes
et le coefficient relatif au matériau, H, avant d’être
aux normes CSA CAN3-G40.21 ou ASTM A36. Ces
comparée à la charge prévue pondérée (Pf ou Q f ).
plaques sont calculées selon les efforts de chaque
Dans le cas d’un chargement à angle, l’équation
assemblage, mais doivent avoir une épaisseur mini-
d’Hankinson sera utilisée pour déterminer la résis-
male de 3,2 mm (1/8 po). De surcroît, les plaques uti-
tance Nr (CSA O86-09, art. 10.7.2.6).
lisées en milieu humide requièrent une galvanisation
par immersion à chaud (CSA O86-09, art. 10.7.1). Le calcul de la résistance est basé sur le résultat d’un
grand nombre de données expérimentales et inclut
Les trous percés dans la plaque de jonction ont un
implicitement l’effet de groupe (Madsen, 2000).
diamètre précis entre 6,7 et 7 mm, permettant à la
tête conique du rivet de s’y coincer fermement au Il est à noter que les équations de la norme donnent
moment de la pose. Les espacements minimaux ainsi la résistance pour une plaque d’acier, soit un plan de
que les distances de rive et d’extrémité à respecter sont cisaillement. La résistance obtenue peut être multipliée
présentés à la figure 10.7.1.1 de la norme CSA O86 par le nombre de plaques pour obtenir la résistance
pour les plaques d’acier, et au tableau 10.7.1.7 de la de l’ensemble.
norme CSA O86 pour la membrure en bois.
Certaines règles doivent être respectées pour la pose
Rupture ductile
d’un assemblage avec rivets :
• La tige du rivet doit être enfoncée pour que sa direc- La résistance pour une rupture ductile parallèle (Py ) et
tion allongée soit parallèlement au fil du bois afin perpendiculaire au fil (Qy ) est fonction du nombre de files,
d’empêcher le sectionnement des fibres qui rédui- du nombre de rivets par file, de la profondeur de péné-
rait la capacité de la pièce en traction (figure 48) ; tration, L p et du coefficient relatif à l’épaisseur de la
• Chaque rivet doit être enfoncé à sa pleine capa- plaque, JY (CSA O86-09, art. 10.7.2). Le nombre limité
cité pour assurer un bon encastrement de la tête de formes et de dimensions offertes pour les rivets
dans la plaque d’acier ; simplifie les équations de calcul.
• L’insertion des rivets doit débuter par la périphérie La résistance latérale des rivets enfoncés en bout de
pour se diriger selon une spirale vers l’intérieur de bois est considérée comme la moitié de celle perpen-
l’assemblage (figure 49). Cette procédure per- diculaire au fil (CSA O86-09, art. 10.7.2.7).
met d’assurer la compression des fibres du bois
qui élimine les risques de fendage et augmente la
rigidité de l’assemblage.

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 67


Rupture fragile 10.7.2.3). Dans ce tableau, la dimension b est l’épais-
seur de l’élément lorsque deux plaques de jonction
La résistance pour une rupture fragile parallèle (Pw )
sont présentes sur les faces opposées, ou le double
et perpendiculaire au fil (Qw ) est dépendante de la
de l’épaisseur si une seule plaque de jonction est uti-
direction de chargement par rapport au fil du bois
(CSA O86-09, art. 10.7.2). lisée. On peut également calculer pw à l’aide d’une
équation (CSA O86-09, art. A.10.7.2.3.1).
Dans le cas d’un chargement perpendiculaire au fil, la
rupture fragile se fait par traction perpendiculaire au fil du
bois. La résistance de l’assemblage est fonction de la
résistance latérale, q w (CSA O86-09, tableau 10.7.2.5A),
de la longueur de pénétration, Lp, et du coefficient Ct,
qui tient compte de la distance de rive non chargée, du
nombre de rivets par file et de la distance perpendiculaire
entre les rivets (CSA O86-09, tableau 10.7.2.5B).
Résistance à l’arrachement
L’emploi de rivets pour gros bois chargés en arrache-
ment n’est permis que dans des conditions d’utilisation
Dans le cas d’un chargement parallèle au fil, l’arra- en milieu sec et pour des durées d’application de charge
chement en bloc de la section rivetée se produit par courtes ou normales. La résistance à l’arrachement, Prw,
cisaillement du bois sur trois faces et par traction en des rivets dépend de la friction entre le bois et la tige
bout d’assemblage. La géométrie de l’assemblage métallique (CSA O86-09, art. 10.7.3). La résistance de
ainsi que la longueur des rivets jouent un rôle pré- base à l’arrachement yw, en N/mm, est fonction du type
pondérant. La résistance latérale de l’assemblage, pw, de bois utilisé, et doit être multipliée par la longueur de
dépend donc de sa géométrie (CSA O86-09, tableau pénétration, L p, et le nombre de rivets.

68 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


Exemples
Les exemples présentés dans ce guide utilisent les
Tf
formules du CSA O86-09. D’autres exemples de Tf
calcul utilisant des tables simplifiées sont présentés
dans le Manuel de calcul des charpentes en bois
2012 du Conseil canadien du bois (Wood Design
Manual 2010, CWC).
Exemple 1 – Rivets
Déterminer le nombre de rivets nécessaires dans la
poutre et dans les membrures obliques pour supporter la
charge appliquée. Les membrures forment un angle de
45° avec l’horizontal. Toutes les pièces sont en bois
lamellé-collé Douglas-mélèze.

L’assemblage est en milieu sec, il n’est ni traité ni incisé et les charges sont d’une durée d’application normale.

On choisit des rivets de 90 mm espacés aux 25 mm dans les deux sens (SP = SQ = 25mm) et des plaques
d’acier de 6,35 mm.

• Géométrie
Poutre - DM 215 x 342 Diagonales - DM 215 x 266
Configuration choisie (8 files de 8 rivets) Configuration choisie (6 files de 4 rivets)
a min = 75 mm, eP min = 25 mm et eQ min = 50 mm a min = 75 mm, eP min = 25 mm et eQ min = 50 mm
70
5

26
25 25 2

6
eP
142
eQ

25 5
25
25 25 25 25

70
342

5
25 25 25 25

eP
25
eP

25

12 25 25 25 12
75
25

25 25 25 25
a

Qf

Poutre
On doit s’assurer que (charge perpendiculaire au fil)

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 69


• Résistance ductile

art. 10.7.2.5

(nombre de files de rivets parallèles au sens d’application de la charge)


(nombre de rivets par file)
(coefficient relatif à l’épaisseur de la plaque)

• Résistance fragile

art. 10.7.2.5

tableau 10.7.2.5A

Interpolation : tableau 10.7.2.5B

La résistance ductile gouverne.

• Résistance latérale pondérée

art. 10.7.2.4

(minimum entre Qy et Q w)

(bois lamellé-collé en Douglas-mélèze)

• Résistance de l’assemblage comprenant deux plaques de jonction



La résistance obtenue dépasse la charge appliquée et favorise la rupture ductile. La résistance de l’assemblage
dans la poutre sera donc de 193,9 kN.

70 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


• Calcul de la résistance au cisaillement net

Calcul de Vr avec de plutôt que d : art. 10.2.1.4

de
d

Supposons que l’assemblage se trouve à mi-portée de la poutre :

art. 6.5.7.2

(coefficient de partage des charges ne s’applique pas) art. 6.4.3

(résistance prévue au cisaillement) tableau 6.3

(aire efficace pour la résistance au cisaillement)

(coefficient d’entailles) art. 6.5.7.2.2

La membrure a les dimensions suffisantes pour reprendre l’effort de cisaillement de 77,8 kN.

Diagonales
On doit s’assurer que (charge parallèle au fil)

Tf

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 71


• Résistance ductile
art. 10.7.2.3

nR = 6 (nombre de files de rivets parallèles au sens d’application de la charge)

nC = 4 (nombre de rivets par file)

(coefficient relatif à l’épaisseur de la plaque)

• Résistance fragile
art. 10.7.2.3

(car on a une plaque de chaque côté)

tableau 10.7.2.3

La résistance ductile gouverne.

• Résistance latérale pondérée


art. 10.7.2.2

(minimum entre Py et Pw)

(bois lamellé-collé en Douglas-mélèze)

Résistance de l’assemblage comprenant deux plaques de jonction

La résistance est suffisante pour reprendre la charge. De plus, le mode de rupture ductile est favorisé.

72 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


5.4 Clous et pointes

Généralités Spécificités techniques


Le clou est le type de connecteur le plus répandu dans Les valeurs de résistance indiquées par la norme
la construction traditionnelle en bois. Il est fabriqué CSA O86-09 s’appliquent aux clous et pointes ronds
par l’étirage à froid de l’acier, un mode de production ordinaires en fil d’acier et aux clous ordinaires vrillés
assurant une grande efficacité du matériau. Les clous jusqu’à la tête, comme le définit la norme CSA B111.
sont économiques, simples à poser, nécessitent peu
La longueur des clous disponibles varie de ½ po à 6 po
d’usinage des pièces assemblées et ne réduisent
et celle des pointes, de 4 po à 14 po. Les espace-
pas la capacité de la section nette. Leur pose sans
ments ainsi que les distances de rive et d’extrémité à
prépercage permet de s’ajuster aux imprécisions du
respecter dépendent du diamètre des clous utilisés,
chantier, mais leur utilisation est souvent restreinte
de l’orientation des membrures et de l’angle d’ap-
aux jonctions où l’apparence a peu d’importance.
plication de la charge (CSA O86-09, art. 10.9.2.1).
Les clous et les pointes sont offerts en dimensions Comme pour les vis, l’ajout de clous sur les diagonales
très variées, selon plusieurs profils. Les pointes sont entre les files est permis. Une profondeur de pénétra-
des tiges métalliques de plus grande dimension que tion minimale est aussi à respecter selon la configuration
les clous. de l’assemblage (CSA O86-09, art. 10.9.2.2).
Les clous et les pointes étant des connecteurs de type Le préperçage n’est habituellement pas requis. Il est
tige, la résistance latérale est obtenue par la résis- toutefois recommandé pour les clous ou pointes de
tance à l’enfoncement du bois ainsi que la résistance plus de 4,88 mm de diamètre afin de diminuer les
en flexion et en cisaillement de la tige du connecteur. risques de fendage du bois. Le trou de préparcage
Grâce à son élancement, le clou se déforme de façon est d’environ 75 % du diamètre du clou (CCB, 2007).
considérable avant la rupture du bois. Des essais de
Les distances et espacements indiqués prévoient une
chargement cyclique sur les assemblages cloués ont
teneur en humidité de 10 % et plus au moment de la
ainsi démontré une grande ductilité. La bonne per-
pose. Si la teneur en humidité du bois est inférieure
formance aux séismes des constructions à ossature
à 10 % au cours du clouage, les espacements mini-
légère en bois démontre aussi le bon comportement
maux et les distances de rive et d’extrémité devraient
sismique des assemblages cloués (Madsen, 2000).
être augmentés et les trous devraient être prépercés
En raison de leur petit diamètre, la résistance latérale des pour empêcher le fendillement du bois (CSA O86-09,
clous est beaucoup plus faible que celle des boulons art. 10.9.2.1).
ou des goujons. Un plus grand nombre d’attaches
est donc nécessaire pour atteindre une résistance
équivalente à celle d’un assemblage boulonné. Ce
nombre important de petits connecteurs permet une
meilleure répartition des efforts dans le bois et une
plus grande rigidité de l’assemblage.

> 2 dN dN dN

lG lG
< 120 °
lN lN lN

(a) Clou lisse. (b) Clou strié. (c) Clou torsadé.

FIGURE 50 • Différents types de clous de construction

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 73


Calcul de la résistance Exemples
Les exemples présentés dans ce guide utilisent les
Résistance latérale
formules du CSA O86-09. D’autres exemples de
La résistance latérale, N r , d’un assemblage cloué est calcul utilisant des tables simplifiées sont présentés
calculée selon le modèle européen de rupture ductile dans le Manuel de calcul des charpentes en bois
qui permet de connaître le mode de déformation et la 2012 du Conseil canadien du bois (Wood Design
résistance unitaire de l’attache. Celle-ci est calculée Manuel 2010, CWC).
en fonction de la résistance à l’enfoncement de l’élé-
ment principal et de la plaque de jonction, du diamètre Exemple 1 – Clous
de l’attache et de sa limite élastique (CSA O86-09, Calculer et disposer le nombre de clous nécessaires
art. 10.9.4). pour résister aux charges appliquées. La structure est
faite de bois de sciage E-P-S no 1/no 2.
Un coefficient JF intervient pour tenir compte des dif-
férentes dispositions et caractéristiques du clouage.
Étant donné le faible diamètre des connecteurs, la
résistance d’un assemblage cloué est calculée de la
même façon que la charge, soit appliquée parallèle-
ment ou perpendiculairement au fil. De plus, aucun
mode de rupture fragile n’est considéré dans le calcul
de résistance.
Résistance à l’arrachement
Les clous et pointes ne peuvent être utilisés en arra-
chement que pour les charges sismiques et les charges
de vent. La résistance unitaire à l’arrachement, yw, en
N/mm dépend du diamètre de l’attache et de l’essence
de bois utilisée. Elle est multipliée par la longueur de
pénétration, le nombre d’attaches et les coefficients
JA et JB pour le clouage de biais et le rivetage des
clous, pour obtenir la résistance totale è l’arrachement,
Prw (CSA O86-09, art. 10.9.5).
Le calcul de résistance est le même pour les clous
Le bois est exposé aux intempéries, il est traité sans
lisses et vrillés, même si ces derniers permettent habi-
incision et le chargement comprend le poids propre
tuellement un plus grand frottement entre l’acier et le
et les surcharges dues à l’usage.
bois. Si des clous vrillés sont utilisés, on considère
que le calcul de résistance est conservateur.

Chaque membrure doit donc résister


à 5,66 kN / 2 = 2,83 kN
Choisissons des clous de 76 mm (3 po)
avec un diamètre de 3,66 mm.

74 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


• Profondeur de pénétration

Vérification des longueurs minimales de pénétration art. 10.9.2.2

Épaisseur de l’élément latéral

Pénétration du clou dans l’élément principal

• Résistance latérale de l’assemblage


art. 10.9.4

Calcul de nu art.10.6.6.1.2
Résistance à l’enfoncement :

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 75


Comme les clous ne traversent que deux membrures, on calculera la résistance unitaire nu avec les équations
a), b), d), e), f) et g).
Résistance latérale unitaire nu :
art. 10.9.4.2

Équation a) = 2 809 N

Équation b) = 2 809 N

Équation d) = 1 004 N

Équation e) = 1 004 N

Équation f) = 1 124 N

Équation g) = 884 N

L’équation g) gouverne. La résistance latérale unitaire est donc de 884 N.

• Calcul du nombre nécessaire de clous


On ne connaît pas encore le nombre de clous nF. On sait par contre que :
, donc

(charge pondérée)

(nombre de plans de cisaillement d’un clou)

(les clous sont perpendiculaires au fil)

(les clous ne sont pas placés de biais)

(non riveté)

(relatif aux diaphragmes)

76 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


Choix on utilisera sept clous par membrure

• Géométrie

Distances minimales dF = 3,66 mm Configuration choisie


15 30

22 45
15

22
44

45
61
15
59

32
61
30 30 30 30

43 43 43 43
59

61
59

235

61
45
44
59

59 44 64 63
15

32
Ajout de clous
aux intersections Clous sur le
89

côté opposé

Exemple 2 – Clous
On reprend l’exemple du mur vissé résistant à une charge de vent négative, mais avec des clous de 64 mm
(2 ½ po). Calculer la résistance à l’arrachement d’un mur en contreplaqué de 16 mm cloué sur des montants
en bois E-P-S no 1/no 2 de 38 x 140 mm. Le diamètre des clous est de 3,25 mm. L’assemblage est en milieu
sec et le bois n’est ni traité ni incisé .

1 220

2 440

64 48

16

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 77


Pour calculer la pression de vent maximale à laquelle le système peut résister, la résistance à l’arrachement
des neuf clous positionnés sur un montant est divisée par l’aire tributaire supportée.
• Résistance à l’arrachement des clous
art. 10.9.5

(résistance unitaire à l’arrachement) tableau 10.9.5.2

(le clouage est perpendiculaire au fil)

(non riveté)

La résistance à l’arrachement est donc de 1,66 kN par file de clous. Chaque file a une largeur tributaire de 406 mm
(16 po). L’aire à considérer sera :

Résistance à la pression négative =


Le mur pourra résister à une pression négative du vent de 1,68 kPa (environ deux fois et demie moindre
qu’avec les vis).

78 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


5.5 Goujons forcés
Généralités
Les goujons forcés sont généralement faits d’acier,
bien qu’on puisse en trouver en bois ou même en
plastique. Les utilisations typiques de ce genre de
connecteur sont les murs de soutènement en claire-voie
avec joints chevauchés (CCB, 2007). Les assemblages
à goujons forcés ne doivent être utilisés que dans les
cas où le poids de l’ouvrage ou un moyen d’ancrage
empêche les goujons de subir des contraintes axiales
(CSA O86-09, art. 10.5.4).
Les goujons forcés étant peu utilisés dans les
constructions commerciales en bois, ils ne sont dé-
crits que brièvement dans le présent guide.

Spécificités techniques
Les calculs de la norme CSA O86-09 sont basés sur
l’utilisation de goujons en acier doux allant de 16 à
25 mm en diamètre qui respectent les exigences de
la norme CSA G40.21 ou ASTM A 307 (CSA O86-09,
art. 10.5.1). Barre d’acier arrondie
Les goujons forcés doivent être enfoncés dans des trous
qui sont de 0,8 à 1,0 mm plus petits que le diamètre de
la tige. Ils sont donc tenus en place par la friction entre le
bois et l’acier. Afin d’éviter les dommages causés au bois
au moment de la pose, le bout des goujons est légè-
rement chanfreiné. On recommande aussi d’utiliser des FIGURE 51 • Goujon forcé (Madsen, 2000)
goujons dont la longueur est 15 mm inférieure à l’épais-
seur des deux pièces de bois combinées.
Les distances de rives et d’extrémités doivent être
de 2,5dF et l’espacement entre les goujons, de 4dF
(CSA O86-09, art. 10.5.5). Les règles de bonnes
pratiques spécifient en outre que le diamètre d’une
attache ne devrait jamais être supérieur à 10 % de la
largeur des pièces de bois assemblées.

Calcul de la résistance
La résistance latérale d’un goujon forcé est égale à 60 %
de la résistance aux modes de rupture fragiles d’un
boulon de même diamètre (CSA O86-09, art. 10.5.6).
Les faibles distances d’extrémité admises et le fait
que les goujons soient forcés en place peuvent en
effet entraîner des problèmes de rétrécissement et de
fendillement qui réduisent la résistance.

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 79


5.6 Nouveaux connecteurs Vis et goujons auto-taraudeurs

En plus des moyens d’assemblage traditionnels,


il existe de nouveaux connecteurs ou systèmes
d’attache utilisés pour les structures en bois. Ces
nouveautés ont été développées dans le but d’amé-
liorer certaines propriétés de l’assemblage, comme
la résistance, la rigidité ou la ductilité. Dans d’autres
cas, ces attaches permettent une pose plus rapide,
sont plus simples ou plus économiques, ou offrent
une apparence plus discrète. Quelques exemples FIGURE 53 • Vis auto-taraudeuses (SFS Intec)
sont présentés dans ce guide.
Les vis et goujons auto-taraudeurs permettent d’assem-
bler des éléments en bois et des plaques d’acier sans
Vis à double filetage nécessiter de prépercage. Ces connecteurs peuvent
être installés après que les différents éléments de
l’assemblage soient mis en place.

La vis à double filetage comporte deux sections file- Plusieurs types de vis auto-taraudeuses sont offertes
tées séparées par une section lisse au centre. Le pas par différentes compagnies (SFS Intec®, Wurth®, Spax®,
de filetage étant différent entre les deux sections, ces Eurotec®, etc.) pour répondre à différents usages.
vis permettent de serrer plus efficacement les pièces Les goujons auto-taraudeurs peuvent être utilisés
de bois et d’obtenir une bonne résistance en traction. pour obtenir des assemblages avec plaques métal-
Leur utilisation peut être très diverse. Elles sont per- liques internes. Ils permettent des assemblages sans
formantes et peuvent remplacer avantageusement jeu car les différents éléments de l’assemblage sont
plusieurs types d’attaches classiques. percés dans une même opération.
Des appareils de pose manuels ou avec assistance
pneumatique sont disponibles auprès des fournisseurs
pour assurer une mise en place adéquate des vis et
goujons auto-taraudeurs. Ces outils sont particulière-
ment utiles lorsque les connecteurs sont très élancés.

FIGURE 52 • Usages des vis à double filetage (SFS Intec)

80 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


FIGURE 54 • Goujons auto-taraudeurs (SFS Intec)

FIGURE 55 • Appareils de pose pour vis auto-taraudeuses (SFS Intec)

Connecteurs métalliques intégrés


Système Bertsche BS®
Le système Bertsche BS® permet de transmettre L’ensemble est coulé dans un mortier de scellement
d’importants efforts en traction aux éléments de bois. qui permet d’éliminer tout jeu d’assemblage. Ce sys-
L’assemblage est composé d’un corps d’ancrage en tème d’ancrage est mis en place en atelier pour être
acier, inséré à l’extrémité de la membrure et traversé fixé sur le chantier à l’aide d’un gros boulon à haute
perpendiculairement par plusieurs tiges de petits dia- résistance. La figure 57 présente des réalisations en
mètres qui répartissent l’effort dans le bois (figure 56). bois utilisant ce système d’assemblage.

FIGURE 56 • Système Bertsche BS (Bertsche System)

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 81


FIGURE 57 • Application du système Bertsche BS – Pont d’Avoudray (Arborescence s.a.r.l.) et Expo-Dach à Hanovre
(Bertsche Burö)

Système In-duo® NHT®, STF®, TRI-Z® et IdeFix®


Le système d’assemblage In-duo permet aussi de Plusieurs autres types de connecteurs ont été déve-
transmettre les efforts au bois par de petites tiges loppés pour obtenir des assemblages invisibles ou
(figure 58). Il requiert cependant un usinage précis pour faciliter la mise en œuvre sur le chantier. Les
des pièces de bois. systèmes NHT®, STF®, TRI-Z® ou IdeFix® en sont des
exemples (www.holzverbindung.de). Ces assemblages
utilisent des vis positionnées à angle pour fixer une
pièce métallique dans le bois. Ils peuvent servir pour
raccorder une solive à une poutre, un poteau à un
pied ou servir d’ancrage de retenue.
Le connecteur NHT® permet de fixer une poutre avec
un assemblage invisible (figure 59). Le montage et
la pose de ce système performant sont simples et
rapides. De plus, il offre une bonne résistance au
feu en raison de l’absence de pièces métalliques
apparentes.
Le connecteur SIHGA IdeFix® a aussi été développé
pour faciliter les assemblages en bois du bout. Cette
FIGURE 58 • Connecteur In-duo® (www.induo.de) fixation à vissage invisible garantit une protection
constructive du bois et permet un assemblage sans
pièce métallique apparente (figure 60).

FIGURE 59 • Connecteur NHT® (www.holzverbindung.de)

FIGURE 60 • Système IdeFix® (www.sihga.com)

82 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


Barres insérées collées Les barres insérées collées firent aussi l’objet d’études
en Scandinavie, en Russie, en Nouvelle-Zélande et
La technique d’assemblage à l’aide de barres insé-
au Canada, dans le but d’élargir les possibilités d’uti-
rées collées (glued-in rods) permet de transférer des
lisation du bois lamellé-collé dans les constructions
efforts axiaux importants avec un impact visuel limité.
exigeant des assemblages rigides (Madsen, 2000).
Les efforts sont transmis au bois par de longues tiges
L’assemblage est principalement fait de barres d’acier
filetées fixées à l’aide de résine dans des trous pré-
intégrées aux membrures de bois à l’aide d’une colle
percés. Ces assemblages sont souvent utilisés en
à l’époxy. Ces barres sont ensuite soudées à une
Europe pour obtenir des connexions invisibles trans-
plaque d’appui qui, elle-même, est fixée à une plaque
mettant des efforts de traction (figure 61). La perfor-
de jonction qui transmet les charges d’une membrure
mance de cet assemblage est, bien sûr, tributaire du
à l’autre (figure 62). Il a été observé lors d’essais sur
bon comportement à long terme de la résine utilisée.
ce type d’assemblage que le critère gouvernant la
conception était plutôt le comportement en service
(déformations, courbures) que la solidité.

Boulons

Plaque interne

Barres d’armature #20

Plaque de liaison
FIGURE 61 • Assemblages par tiges insérées collées
– Pont de Crest

FIGURE 62 • Assemblage rigide par barre insérée collée (Madsen, 2000)

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 83


6 Assemblages 6.1 Embrèvements
Généralités
par contact Les embrèvements sont des configurations d’assem-
Les assemblages par contact permettent de joindre blage qui transmettent des efforts par compression
des éléments en bois sans avoir recours à l’utilisation entre deux membrures qui s’appuient l’une sur l’autre.
de connecteurs métalliques. Ces techniques d’as- Les embrèvements peuvent comporter plusieurs angles
semblage sont utilisées depuis des siècles par les pour augmenter les surfaces de contact. Une distribu-
artisans charpentiers dans la réalisation de charpen- tion uniforme des charges sur les surfaces de contact
tes traditionnelles en bois. Elles sont principalement dépend d’une bonne conception et d’une réalisation
basées sur la bonne capacité du bois à transmettre soignée. La résistance réelle de ce type d’assemblage
des forces en compression, mais utilisent aussi des est donc tributaire des défauts de fabrication et des
moyens, tels les goujons en bois, pour supporter un variations dimensionnelles possibles. Une conception
inversement des charges. Ces assemblages peuvent adaptée doit aussi éviter de créer des efforts en traction
ainsi transmettre des efforts allant de faibles à modérés. perpendiculaire au fil.
Comme elles nécessitent habituellement l’enlèvement L’embrèvement simple est le plus courant, mais
d’une quantité assez importante de bois au joint, ces l’embrèvement arrière peut être utilisé si la distance
méthodes peuvent exiger l’utilisation de pièces de d’extrémité est trop courte. L’embrèvement double
charpente plus grosses (CCB, 1997). combine les deux pour permettre d’augmenter la
La bonne performance des assemblages par contact surface d’appui totale (figure 64).
est assurée par un travail de charpenterie précis, ainsi
que par une compréhension poussée des propriétés
mécaniques du matériau bois. De nos jours, les ma-
chines de taille à commande numérique facilitent la
réintégration de ce type d’assemblages en permettant
la production rapide de façonnage précis des pièces
de bois.
La norme de calcul canadienne ne traite pas directe-
ment de ces techniques d’assemblage. Les hypothèses
de calcul proposées par les normes européennes
peuvent cependant aider l’ingénieur à concevoir ces
joints. Des hypothèses conservatrices doivent être
favorisées afin de pallier les imprécisions possibles au
moment de la fabrication.

FIGURE 63 • Charpente et joints traditionnels FIGURE 64 • Principaux types d’embrèvements


(Charpentes Montmorency) (adaptée de Natterer et al., 2004)

84 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


Calcul de la résistance (bois de printemps), lorsque deux pièces de bois sont
mises bout à bout ou avec un angle faible. Ce phéno-
Le calcul de la résistance d’un embrèvement fait appel
mène touche peu les membrures qui se rencontrent
aux résistances du bois en compression parallèle,
perpendiculaire et à angle par rapport au fil. La résis- avec un angle élevé, s’approchant de 90°.
tance au cisaillement parallèle au fil est aussi sollici- Embrèvement simple
tée lorsque l’embrèvement est près de l’extrémité de
l’élément principal. Selon le modèle de calcul présenté dans la norme
suisse SIA pour un embrèvement simple, toute la
La norme de calcul canadienne ne traite pas direc- charge axiale est reprise par la surface de contact du
tement de ces techniques d’assemblage. Quoi que le bout de l’entaille. La résistance de l’embrèvement est
calcul des embrèvements soit traité dans l’Eurocode 5 donc basée sur la résistance en compression oblique
(EN 1995-1-2:2004), il s’avère difficile pour les transférée bois sur bois. La résistance réelle de l’em-
concepteurs canadiens d’utiliser les hypothèses de
brèvement est dépendante de la précision de l’as-
calcul proposées par la norme européenne en raison
semblage car une surface de contact inégale pourrait
d’une grande différence dans les règles d’évaluation
modifier le cheminement des forces.
de la résistance en compression perpendiculaire au fil
du bois. L’utilisation des résistances données par la Comme la résistance en compression du bois paral-
norme CSA O86 avec les équations proposées par lèle au fil est supérieure à celle perpendiculaire, l’angle
l’Eurocode 5 occasionnerait une importante suresti- de coupe influence la résistance de l’embrèvement
mation de la résistance de ces assemblages. Le présent (figure 65). Si la pièce secondaire est coupée à
chapitre traite donc uniquement de concepts généraux 90°, elle offrira une résistance maximale, mais la
portant sur la résistance de ce type d’assemblage résistance sera réduite sur l’élément principal (a). Si
(Natterer et al., 2004). la coupe est perpendiculaire au fil de la pièce princi-
Le phénomène d’interpénétration des fibres de bois pale, c’est la résistance de la pièce secondaire qui
peut réduire la résistance d’un assemblage par em- sera réduite (b). On obtient une résistance optimale
brèvement et augmenter les déformations. Ce phéno- lorsque l’angle est égal sur les deux membrures (c).
mène est causé par l’enfoncement du bois plus dur L’angle de coupe ( ) optimal est donc la bissectrice
(cernes de bois d’été) dans les cernes plus tendres entre les deux membrures.

Pièce secondaire Pièce secondaire


Pièce secondaire

Pièce principale Pièce principale Pièce principale

(a) (b) (c)


FIGURE 65 • Embrèvement simple – Influence de l’angle de coupe

Dans les cas où l’embrèvement se trouve près de l’extrémité, une longueur minimale v est établie pour résister
à l’effort de cisaillement. (figure 66)

FIGURE 66 • Longueur d’extrémité résistant au cisaillement longitudinal

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 85


La composante verticale de la charge est reprise par Seul le talon peut donc servir d’appui et résister à
la surface arrière de l’embrèvement. La profondeur la force appliquée. La résistance en compression
de l’élément secondaire, d, doit être suffisante pour oblique dans la pièce principale et la résistance en
assurer une résistance adéquate. Cette restriction est compression parallèle de la pièce secondaire doivent
rarement contraignante pour des angles inférieurs être vérifiées. Si les deux membrures ont les mêmes
à 60°. valeurs de résistance unitaire, la membrure principale
contrôle le calcul car la résistance oblique est plus
faible que la résistance parallèle au fil.
d
Une telle disposition diminue l’efficacité du transfert
des charges puisque l’angle de contact n’est pas
identique sur les deux pièces, mais elle permet d’aug-
menter la distance entre l’embrèvement et l’extrémité
de la membrure principale pour résister au cisaille-
ment longitudinal.
FIGURE 67 • Reprise de la composante verticale de la charge
La profondeur d’entaille est plus importante pour ce
type d’embrèvement. La longueur de bout pour résis-
Finalement, une dernière attention doit être apportée ter au cisaillement est calculée de la même façon que
à l’élément embrevé pour s’assurer que la section pour un embrèvement simple.
réduite résiste aux efforts appliqués.
Afin d’éviter la fissuration, on laisse généralement un
Embrèvement arrière espace de 1 à 2 mm entre la partie avant de l’embrè-
Dans un embrèvement arrière, l’angle de coupe est vement et la pièce principale (figure 69).
généralement perpendiculaire à l’axe de la membrure
secondaire. Cette configuration permet d’éviter un
transfert de charge sur la partie avant de l’embrèvement,
ce qui induirait des efforts en traction perpendiculaire
au fil (figure 68).

FIGURE 68 • Embrèvement arrière

FIGURE 69 • Traction perpendiculaire au fil


dans un embrèvement arrière mal conçu

86 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


Embrèvement double
L’embrèvement double combine les avantages de L’embrèvement double est la méthode qui affaiblit le
l’embrèvement simple et arrière, c’est-à-dire que moins la section principale car les profondeurs d’en-
l’angle de coupe est optimisé et que la longueur de taille sont plus faibles. La quantité de travail qu’il né-
cisaillement est maximale. La partie avant est configu- cessite est toutefois beaucoup plus importante que
rée comme un embrèvement simple avec une profon- pour un embrèvement simple.
deur t1 et l’arrière est coupé à 90° sur une profondeur
t2. Ce type d’assemblage est plus complexe à réaliser
que les deux précédents. Pour que les hypothèses
de calcul soient valides, il faut toutefois que le contact
entre les surfaces soit assuré par un découpage pré-
cis ou par l’insertion de cales d’ajustement à l’avant.
La profondeur t1 doit être plus petite que t2 afin de
bien séparer les plans de cisaillement.
La longueur de bout pour résister au cisaillement et
la reprise de la composante verticale de la charge par
le fond de l’embrèvement sont calculées de la même
façon que pour un embrèvement simple.
FIGURE 70 • Embrèvement double

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 87


7 Exemple de calcul Le présent calcul considère la
charge totale pondérée, calculée
complet selon une combinaison de la
charge permanente et de la charge
Cet exemple vise à détailler les étapes d’un calcul d’utilisation. La charge la plus
KD = 1 tableau 4.3.2.2
complet d’un assemblage. Dans les exemples pré- courte de cette combinaison est
cédents, seules les vérifications propres à chaque utilisée pour déterminé KD, à moins
que la charge permanente ne soit
catégorie d’attache étaient présentées. Tous les élé-
plus grande que la charge de durée
ments composant un assemblage doivent toutefois normale (art. 4.3.2.3).
être vérifiés selon la norme de calcul applicable et le
matériau utilisé. L’assemblage, fabriqué à l’aide de
bois sec (TH < 19 %), sera utilisé en
Exemple 1 – Calcul complet KSF = 1 tableau 10.2.1.5
milieu sec, c’est-à-dire qu’il ne sera
On désire calculer et configurer un assemblage sup- pas ou rarement exposé à l’eau.
portant une solive sur une poutre principale. L’effort
à transmettre est de 60 kN. Un étrier avec raidisseur Le bois utilisé n’est pas traité avec
KT = 1 tableau 5.4.3 un produit ignifuge ou chimique,
interne et six boulons 19 mm (3/4 po) ASTM A307
ni incisé.
sont utilisés pour transférer la charge de la solive vers
la poutre. La poutre et la solive sont en bois lamellé-
collé Douglas-mélèze 20f-E. Les distances entre les boulons, de rive et d’extrémité,
ont été calculées pour satisfaire les distances mini-
males. De plus, comme les deux files de boulons sont
perpendiculaires au fil du bois de la poutre principale,
la longueur totale des files ne devrait pas dépasser
125 mm afin d’éviter les effets indésirables du retrait
du bois sur l’assemblage. Des files de boulons trop
longues pourraient faire fendre la poutre.
Les vérifications à faire sont :
• la résistance de l’assemblage boulonné,
• le calcul de la longueur d’appui de la solive,
• le système de résistance au soulèvement de la solive,
• la résistance des boulons,
• la résistance à la compression du bois sous les
rondelles (boulons en traction),
• la résistance des soudures,
• la résistance du métal de l’étrier.

Résistance de l’assemblage boulonné


Le calcul de résistance se fait selon la section 5.1
– Boulons et goujons. Dans ce cas, il faut vérifier la
résistance ductile de l’assemblage ainsi que la résis-
tance au fendage de la poutre.

88 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


Résistance ductile
N r = 73,3 kN (mode de rupture g) – deux rotules plastiques)
N r ≥ Pf = 60 kN 

Résistance au fendage
QS rt == 169
QS kN
169,,55 kN
rt

kN 
60 kN
QS rtrt ≥ Pff = 60

Calcul de la longueur d’appui de la solive


L’appui de la solive sur l’étrier doit être d’une longueur suffisante pour que la contrainte ne dépasse pas la
résistance perpendiculaire du bois ( Qr ≥ Q f  ).

Qr = φ ⋅ Fcp Ab K B K Zcp   art. 6.5.9


φ = 0,8
Fcp = f cp (K D K Scp K T ) = 7 MPa tableau 6.3
Ab = 84,3 × 2 × Lb = 168,6 mm × Lb  
KB = 1 art. 5.5.7.6
Comme on ne respecte pas la condition a), l’appui se trouve à l’extrémité de l’élément, on ne peut pas augmenter
la résistance d’appui par un coefficient K B .

K Zcp = 1 (Le rapport largeur/hauteur est inférieur à 1,0) tableau 5.5.7.5

Qr = 0,8 ⋅ 7 MPa ⋅ 168,6 mm ⋅ Lb ⋅ 1 ⋅ 1 = 945,3 N / mm ⋅ Lb  


0,9453 kN / mm ⋅ Lb ≥ 60 kN  
Lb ≥ 63,5 mm  → Choix : Lb = 70 mm 
Qr = 66,1 kN ≥ Q f = 60 kN  
 

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 89


Système de résistance au soulèvement de la solive
Un boulon de 9,5 mm (3/8 po) est installé afin de ré-
sister à une force de soulèvement de 5 kN. Ce boulon
doit être positionné dans le bas de la solive afin d’éviter
qu’un retrait éventuel dans le bois ne fasse perdre
le contact entre la solive et l’appui de l’étrier, ce qui
pourrait créer de la fissuration.

Résistance ductile

Résistance au fendage

Résistance des boulons


La résistance des boulons eux-mêmes doit être véri-
fiée. Pour cet assemblage, la situation la plus critique
est celle des boulons supérieurs, qui résistent à un
chargement combiné en traction-cisaillement en raison
de l’excentricité de la charge. On doit dans ce cas
utiliser l’équation d’interaction suivante :

CSA S-16-01, art. 13.12.1.3

Boulons ASTM A307


Fy = 310 MPa
Fu = 414 MPa
Plaques d’acier (G40.21M 300W)
Fy = 300 MPa
Fu = 450 MPa
Puisque le cisaillement est concentrique, il est réparti
également entre les six boulons.

90 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


Calcul de la résistance au cisaillement (filets exclus du plan de cisaillement) :
CSA S-16-01, art. 13.12.1.1

Les deux boulons supérieurs sont soumis à un effort en traction Tf en raison de l’excentricité ex. Cette excen-
tricité produit un moment sur l’assemblage :

L’effort Tf dans les boulons supérieurs peut être calculé comme suit (Picard et Beaulieu, 1991) :

Q étant l’effort supplémentaire causé par un effet de levier éventuel.


Considérons en premier lieu que Q = 0.

Les deux boulons supérieurs sont sollicités par un effort de traction de 3,2 kN (sans tenir compte de l’effet de levier).
Calcul de l’effet de levier :
Au-delà d’une épaisseur tmax, la plaque est suffisamment rigide pour que l’effet de levier soit nul.

Comme l’épaisseur de la plaque (6,35 mm) excède l’épaisseur pour laquelle = 0 (4,91 mm), l’effet de levier
est nul et il n’y a pas d’accroissement de l’effort en traction. Tf demeure égale à 3,2 kN.
Calcul de Tr :
CSA S-16-01, art. 13.12.1.2

On doit finalement vérifier la résistance au cisaillement et à la traction combinés avec l’équation d’interaction :

La résistance des boulons est donc largement suffisante.

Résistance à la compression du bois sous les rondelles


Comme certains boulons sont sollicités en traction, la surface d’appui des
rondelles sur le côté opposé de la poutre doit être assez grande pour que le
bois puisse résister à l’effort de compression.

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 91


L’aire d’appui est égale à l’aire de la rondelle moins celle du trou de boulon.
Pour des rondelles de 38 mm :

La charge est perpendiculaire au fil. On doit vérifier que

art. 6.5.9.2

Résistance des soudures


Les plaques d’acier perpendiculaires entre elles seront fixées à l’aide de soudures d’angle. Il faut vérifier la
résistance des soudures sous les charges appliquées.

Soudures verticales
L’assemblage soudé est concentrique en cisaillement et
excentrique en flexion. On utilise des cordons de sou-
dure de 6 mm.
En raison de l’excentricité, la résistance de l’assem-
blage soudé est inférieure à celle d’un assemblage Électrode E480
sans excentricité. Comme celle-ci n’est toutefois pas Xu = 480 MPa
très grande, on utilise l’équation d’interpolation para-
bolique présentée dans Picard et Beaulieu (1991).

équation 5.56

= résistance des soudures sans excentricité

a = rapport d’excentricité = ex/L

= résistance des soudures avec une excentricité théorique de 0,4 (a = 0,4) :

Interpolation parabolique (avec a = 0,115) :

92 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


Soudures horizontales
Pour ces soudures, l’excentricité est négligée. On vérifie la
résistance au cisaillement du métal de base, la résistance
au cisaillement de la soudure et la résistance à la traction
du métal de base.
Électrode E480
Xu = 480 MPa
Cisaillement du métal de base :
CSA S-16-01, art. 13.13.2.1

Cisaillement de la soudure :
CSA S-16-01, art. 13.13.2.1

Traction du métal de base (Xu ≥ Fu) :


CSA S-16-01, art. 13.13.3.2

Résistance du métal de l’étrier


Deux modes de mise hors service sont possibles pour l’acier en traction : la plastification de la section brute
et la rupture de l’aire nette. Une rupture en traction et cisaillement combinés par arrachement des deux coins
de l’étrier peut aussi survenir. Finalement, la résistance à la pression diamétrale des boulons doit être calculée.

Plastification de la section brute


Aire brute juste au-dessous des boulons du bas :

(CSA S-16-01, art. 13.2)

Rupture de la section nette


Aire nette vis-à-vis des boulons du bas :

(CSA S-16-01, art. 13.2)

Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois 93


Rupture en traction et cisaillement combinés (CSA S-16-01, art. 13.11a)
Traction :

Cisaillement :
Rupture de la section nette :

ou
Plastification de la section brute :

Total :

Rupture en cisaillement des files


Rupture de la section nette (CSA S-16-01, art. 13.11a)ii) :

Plastification de la section brute (CSA S-16-01, art. 13.11a)i) :

Résistance à la pression diamétrale


(CSA S-16-01, art. 13.10(c))

Toutes les vérifications sont concluantes.


L’assemblage est donc gouverné par la résistance perpendiculaire du bois
sur l’appui. La résistance de l’assemblage est ainsi de 66,1 kN.

94 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


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96 Guide de conception des assemblages pour les charpentes en bois


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Septembre 2015

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