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CAA de PARIS
N° 16PA01856
8ème chambre
M. LAPOUZADE, président
EFTIMIE-SPITZ, avocat(s)
REPUBLIQUE FRANCAISE
Vu la procédure suivante :
Par une requête enregistrée le 6 juin 2016, et des mémoires enregistrés le 8 septembre
2016 et 3 mars 2017, le SPER, représenté par Me B..., demande la Cour :
3°) de condamner la Polynésie française à lui verser la somme de 360 000 F CFP en
application de l’article L. 761-1 du code de justice administrative ainsi que les entiers
dépens de l’instance.
Il soutient que :
- il a intérêt à agir dès lors que ses intérêts sont lésés, le système du FPPH venant
subventionner les énergies fossiles ;
- l’arrêté attaqué est illégal en ce qu’il est rétroactif puisqu’il est daté du 23 juillet 2015 et
porte sur le prix du fioul transporté par un navire dont la date d’arrivée est fixée au 16
juillet ;
- cette subvention renforce l’opacité des coûts et n’est pas suffisamment répercutée sur
les usagers ;
Vu :
- le rapport de MmeA...,
4. L’article 3 des statuts du SPER dispose que : “ Le syndicat a exclusivement pour objet
l’étude et la défense des droits ainsi que des intérêts matériels et moraux, tant collectifs
qu’individuels des personnes visées par leurs statuts, notamment pour : resserrer les liens
professionnels entre les membres qui y adhèrent, défendre les intérêts moraux et
professionnels de ce secteur d’activité, faciliter toute étude d’ordre général et économique
concernant le secteur professionnel concerné, acquérir à titre gratuit ou onéreux, des
biens, meubles ou immeubles, sachant que les biens, immeubles et objets nécessaires à
leur réunion sont insaisissables, assurer la promotion des énergies renouvelables,
informer les membres du syndicat et répondre aux questions professionnelles qui lui
seraient posées, de façon générale, d’user de toutes prérogatives conférées par les
dispositions légales ou réglementaires aux syndicats professionnels “. Aux termes de
l’article 9 : “ peuvent faire partie du syndicat les personnes physiques ou les entreprises
dûment enregistrées au tribunal de commerce (...), dans la mesure où leur activité
professionnelle, d’une manière ou d’une autre, entre dans l’objet du syndicat “.
5. Ainsi, et contrairement à ce qu’ont estimé les premiers juges, il ressort clairement des
statuts du SPER, dont l’objet est la défense des intérêts des professionnels qui
interviennent dans le secteur des énergies renouvelables et la promotion de celles-ci, que
ce syndicat a, nonobstant la diversité professionnelle de ses adhérents, un intérêt à
demander l’annulation de l’arrêté fixant les tarifs d’achat du fioul transporté par le pétrolier
James Cook dont la cargaison était destiné à la SA EDT, concessionnaire de la production
et de la distribution électrique, dès lors qu’il n’est pas contesté que lesdits tarifs,
répercutés sur le prix de l’électricité distribuée, ont un impact sur le développement des
énergies renouvelables. Par suite, c’est à tort que le tribunal a regardé les conclusions du
SPER comme irrecevables. Il y a lieu, dès lors, pour la Cour d’annuler le jugement attaqué
et de statuer immédiatement, par la voie de l’évocation, sur la demande présentée par le
SPER devant le Tribunal administratif de la Polynésie Française.
6. En premier lieu, le SPER soutient que l’arrêté litigieux prévoit une application antérieure
à son adoption, contrairement au principe de non-rétroactivité des actes administratifs.
Toutefois, la circonstance que cet arrêté du 23 juillet 2015, publié le 31 juillet 2015, fixe les
tarifs du fioul transporté par le pétrolier James Cook arrivé en Polynésie française le 16
juillet 2015, n’a pas pour effet de rendre ces tarifs rétroactifs. Le moyen manque donc en
fait.
7. Le SPER soutient, en second lieu, que l’arrêté litigieux est contraire aux règles du droit
de la concurrence en entraînant une distorsion de concurrence au détriment des
producteurs d’énergies renouvelables et fait notamment valoir que la fixation des prix du
fioul et du montant de stabilisation par l’arrêté en cause, est assimilable à une subvention
pour la production d’électricité créant un avantage concurrentiel au bénéfice de la SA
EDT. Toutefois, un tel moyen est inopérant à l’encontre de l’arrêté critiqué, lequel se borne
à faire application des règles déterminées par arrêté n° 293 CM du 28 décembre 2004
fixant le cadre général du prix de vente de fioul destiné à la SA EDT.
8. Il résulte de tout ce qui précède que le SPER n’est pas fondé à demander l’annulation
de l’arrêté n° 972 CM du 23 juillet 2015. Ses conclusions aux fins de remboursement des
dépens de l’instance ne peuvent qu’être rejetées.
Sur les conclusions présentées sur le fondement de l’article L. 761-1 du code de justice
administrative :
DÉCIDE :
Article 3 : Les conclusions des parties présentées au titre de l’article L. 761-1 du code de
justice administrative sont rejetées.
Article 4 : Le présent arrêt sera notifié au Syndicat Polynésien des énergies renouvelables,
à la Polynésie française et à la SA Electricité de Tahiti.
La rapporteure,
M. A...Le président,
J. LAPOUZADE La greffière,
N° 16PA01856