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Régulation

« Régulation : fait d’agir sur un système complexe et d’en coordonner les actions en vue d’obtenir un fonctionnement
correct ou régulier ; processus par lequel un mécanisme ou un organisme se maintient dans un certain équilibre, conserve
un régime déterminé ou modifie son fonctionnement de manière à s’adapter aux circonstances » (Dictionnaire Le Robert
1985).

En économie, on parlera de régulation d’un marché, d’un type de marché ou de l’ensemble du système économique pour désigner les
mécanismes et les moyens permettant d’en assurer le bon fonctionnement.

Le mot anglais « regulation » est souvent traduit par réglementation et fait référence à un ensemble de règles et de comportements.
En français, le mot englobe des formes d’interventions plus larges des pouvoirs publics. Par exemple dans la sphère monétaire elle
inclut notamment la politique monétaire des banques centrales. Au niveau de l’ensemble du système économique, la régulation
publique mobilise différentes politiques (budgétaires, sociales…), l’intervention de l’Etat ou d’autres collectivités publiques comme
acteur économique ou financier direct.

Dans le domaine financier, le terme "régulation" est parfois utilisé pour désigner à la fois l'aspect
réglementation -c'est à dire le fait d'édicter des normes applicables à l'ensemble des acteurs
financiers- et l'aspect supervision -c'est à dire le fait de contrôler la bonne application par les
acteurs financiers des normes qui s'imposent à eux- contrôle sans lequel la réglementation serait
vraisemblablement inappliquée. Toutefois, le fait de savoir si le terme "régulation" doit englober
aussi l'aspect "supervision" ne fait pas l'objet d'un consensus. Ainsi, par exemple, l'Autorité de
Contrôle Prudentiel et de Résolution -l'organisme français de supervision des banques et des
assurances- fait très souvent référence dans ses publications au terme "régulation" ou au
"régulateur" pour désigner explicitement le Comité de Bâle, qui édicte les règles et non elle-même
qui s'assure de leur application effective. Mais édiction et contrôle des règles sont très liées,
puisque par exemple, dans sa fonction de supervision, l'ACPR est amenée à préciser un certain
nombre de dispositions.

Règles du jeu indispensables


Il y a un large accord pour considérer qu’il n’existe pas de marché qui fonctionne correctement sans que des règles du jeu soient
mises en place pour encadrer le comportement des acteurs et sans qu’un arbitre les fassent respecter. Par exemple, pour que le
signal des prix fonctionne correctement, il faut empêcher les ententes entre producteurs, il faut favoriser l’entrée sur le marché de
nouveaux producteurs, il faut que les consommateurs soient bien informés.

Toutefois, il n’y a pas de point de vue unique et constant sur la définition des objectifs et des moyens de la régulation .
Comme le souligne l’économiste Roger Guesnerie (« L’économie de marché », Poche le Pommier 2008) « le débat sur les rôles
respectifs (du marché et de l’Etat dans la régulation économique) apparait en filigrane de toute la réflexion économique. Il est aussi
présent, et d’une certaine manière plus que jamais, dans le débat politique ».

Pour certains économistes et politiques, l’intervention régulatrice des pouvoirs publics doit être la plus légère possible. Son
but doit être essentiellement de permettre le libre jeu des forces du marché. Celle-ci est la meilleure régulation naturelle possible. La
régulation publique doit seulement chercher à en réaliser les conditions. Cette position plonge ses racines au 18ème siècle lorsque
l’économiste écossais Adam Smith évoque « la main invisible » du marché : « l’individu est dirigé par une main invisible vers un but
qui n’entrait nullement dans ses intentions… En poursuivant ses propres intérêts, il sert souvent d’une manière plus efficace les
intérêts de la société que lorsqu’il s’efforce de le faire consciemment. » (« Richesses des Nations... »). Pour ceux qui s’inspirent de
cette tradition, le libre jeu du marché mu par la recherche du profit personnel incite à la progression économique dans son ensemble.
Il favorise l’innovation et le progrès de la productivité. Une régulation publique trop lourde qui aurait d’autres finalités risquerait de faire
plus de mal que de bien.

D’autres économistes et politiques insistent sur les insuffisances de la régulation naturelle du marché. Dans le contexte de la
grande dépression des années 1930, l’économiste anglais John Maynard Keynes a mis l’accent sur l’équilibre de sous-emploi durable

http://www.lafinancepourtous.com/Decryptages/Mots-de-la-finance/Regulation
auquel peut aboutir le fonctionnement de l’économie de marché. Dans cette situation, l’intervention régulatrice de l’Etat ne doit pas
simplement permettre le fonctionnement de la main invisible, mais doit modifier le fonctionnement de certains marchés ou de
l’ensemble du système économique, en fonction d’objectifs d’intérêt général (plein emploi, justice sociale, développement durable,
lutte contre le réchauffement climatique, accélération ou ralentissement de la croissance, etc). Action qui peut donc être volontaire et
transformatrice du fonctionnement de l’économie de marché, la régulation est cependant très différente de la « planification ». Elle
vise à inciter les acteurs, à orienter leurs comportements tout en les laissant libres d’agir dans ce cadre.

Autorités de Régulation
La réglementation et la supervision sont souvent exercés par l’Etat directement ou par l’intermédiaire d’autorités administratives
publiques qui peuvent être plus ou moins indépendantes et dotées d’une certaine autonomie (cf par exemple le Conseil supérieur de
l’Audiovisuel, la Commission de Régulation de l’Energie, l’Autorité de Régulation des Télécommunications , et bien sûr dans la sphère
monétaire et financière, la Banque centrale Européenne, la Banque de France, l’Autorité des Marchés Financiers et l'Autorité de
Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR). A noter qu'en matière bancaire, la réglementation est très largement issue de normes
européennes ou internationales qui sont transposées en droit français.

Le recours croissant à des autorités de régulation est généralement justifié par leur plus grande impartialité, leur réactivité, leur
efficacité, et la participation de personnalités d’origines diverses à leur processus de décision et à leur fonctionnement.
Cependant l’intervention de l’Etat ou d’institutions administratives publiques n’est pas une règle absolue. On parlera « d’autorégulation
» ou de « soft regulation (régulation douce)» lorsque ce sont les acteurs économiques privés qui mettent en place les règles (chartes,
codes de bonne conduite, par exemple) et désignent les arbitres.

Monnaie, banque, finance : un secteur depuis toujours très régulé


Ce sont des secteurs où l’intervention régulatrice des Etats est depuis longtemps si ce n’est depuis toujours, très importante.
Plusieurs raisons à cela :

La monnaie n’est pas une marchandise comme les autres. Elle est un bien public dont l’existence a toujours reposé sur la puissance
publique (Souverains, Etats).

Les banques ont acquis progressivement un pouvoir de création monétaire.

Elles ont donc une responsabilité essentielle dans la gestion du bien public que constitue la monnaie. En contrepartie de cet énorme
pouvoir social « elles subissent une réglementation spécifique sous forme de réserves obligatoires, de ratios prudentiels et d’autres
restrictions dans leurs activité d’intermédiaires financiers ». ( Michel Aglietta « Macroéconomie financière » La Découverte 2008).

L’interrelation entre les intermédiaires financiers entraîne le risque que la faillite d’une institution financière particulière génère des
effets en chaîne déstabilisant tout le système financier (c'est ce que l'on désigne par la notion de " risque systémique"). Les autorités
publiques ne peuvent laisser se réaliser la faillite d’institutions financières de taille importante. Or c’est l’une des modalités de la
régulation naturelle du marché qui lui permet de jouer son rôle de « main invisible ». Une régulation publique intervenant en amont est
indispensable en contrepartie de cette forme de garantie de non faillite donnée aux établissements financiers. Faute de quoi, ces
acteurs peuvent adopter des comportements opportunistes plus risqués (phénomène dit de l’ alea moral ).

Une quatrième raison tient au fonctionnement spécifique des marchés financiers et du crédit. Contrairement aux autres marchés dans
lesquels le jeu de l’offre et de la demande tend vers l’équilibre, l’instabilité est intrinsèque au fonctionnement des marchés financiers
comme l’atteste non seulement l’actuelle crise financière et économique mais aussi l’ histoire répétitive des cycles et des crises
financières.

La régulation financière actuelle


La régulation financière est organisée à l’échelle nationale, européenne et internationale.

La régulation publique des liquidités et du crédit est assurée principalement par la politique monétaire Banques Centrales et par
les règles prudentielles imposées aux banques qui font l'objet d'une supervision permanente. Des réglementations spécifiques visent
à protéger les consommateurs (protection contre la fausse monnaie, obligations d’information du consommateur, taux d’usure,
garantie sur les dépôts bancaires, ...).

La régulation des marchés financiers vise à garantir l’intégrité de leur fonctionnement contre les manipulations et les asymétries
d’informations des acteurs. La réglementation concerne tout particulièrement, l’organisation du fonctionnement des marchés,
l’information et la transparence, la protection des épargnants. Des autorités administratives participent à la réglementation et exercent
un pouvoir de contrôle, de supervision des intervenants, d’enquête et de sanction.

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