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3305 | Création de monnaie en Suisse (1) | Objet | Le Parlement suisse Page 1 of 2

L'Assemblée fédérale — Le Parlement suisse 01.02.2018

12.3305 INTERPELLATION

Création de monnaie en Suisse (1)


Déposé par: MÜLLER GERI

Parti écologiste suisse


Date de dépôt: 16.03.2012
Déposé au Conseil national
Etat des délibérations: Liquidé

TEXTE DÉPOSÉ
Face à la crise de l'euro et de la dette, je prie le Conseil fédéral de prendre position sur la question de la création de
monnaie en Suisse. Selon la théorie économique qui prévaut, la plus grande part de la masse monétaire M1 est créée par
l'accroissement de la somme des bilans des banques commerciales et non par la Banque nationale suisse (BNS), ce que
confirme d'ailleurs le lexique de cette dernière: "Les banques créent de la monnaie en accordant des crédits; cf. lexique de
la BNS".
Partant de ce constat, je prie le Conseil fédéral de répondre aux questions suivantes:
1. Aux termes de l'article 2 de la loi fédérale sur l'unité monétaire et les moyens de paiement (LUMMP), seuls sont
considérés comme moyens de paiement, les espèces métalliques, les billets de banque et les avoirs à vue auprès de la BNS.
Sur quelle base légale se fonde la pratique générale (suivie également par les autorités) de considérer les avoirs à vue
auprès des banques comme des moyens de paiement légaux, alors qu'ils ne constituent qu'une créance sur ceux-ci, qui sera
honorée ou non par les banques selon leur solvabilité?
2. La création de monnaie scripturale des banques commerciales est-elle conforme au droit régalien de la Confédération,
selon l'article 99 de la Constitution, qui dispose que "la monnaie relève de la compétence de la Confédération"?
3. Comme le Conseil fédéral l'a relevé dans son message du 26 mai 1999 concernant la LUMMP, "Les avoirs à vue auprès
d'une grande banque, d'une banque cantonale ou régionale, ou encore d'une organisation de cartes de crédit, ne sont
effectivement pas la même chose que ceux déposés à la BNS, qui est le seul établissement du pays ... à pouvoir créer de
l'argent à son gré". L'Etat ne peut donc déclarer la monnaie scripturale des banques comme moyen de paiement légal (
99.051 ). Or vu qu'elle est considérée dans les faits comme telle, le Conseil fédéral ne pense-t-il pas qu'il serait
nécessaire de préciser cette distinction dans la loi parce que la majorité de la population continue de penser que la mise en
circulation de moyens de paiement libellés en francs est exclusivement du ressort de la BNS et par conséquent garantie?
4. Comment le Conseil fédéral légitime-t-il ce droit des banques commerciales de créer de la monnaie, sans qu'elle soit
entièrement garantie par un capital, en accordant des crédits, qui augmentent la somme de leur bilan, alors que les
particuliers ne peuvent consentir des prêts que s'ils disposent de l'argent?

AVIS DU CONSEIL FÉDÉRAL DU 25.04.2012


1. Les moyens de paiement légaux et ceux considérés dans les faits comme tels sont loin d'être sur pied d'égalité. Les
moyens de paiement ayant cours légal font l'objet d'une énumération exhaustive à l'article 2 de la loi fédérale sur l'unité
monétaire et les moyens de paiement (LUMMP). Etant donné les différences de solvabilité des établissements gérant des
comptes, les avoirs à vue auprès des banques ne jouissent pas des caractéristiques des dépôts auprès de la banque
centrale: la standardisation et la fongibilité.
Contrairement aux moyens de paiement légaux, nul n'est tenu d'accepter la monnaie scripturale des banques, à moins
qu'un tel moyen de paiement ait été convenu par contrat, ou que les circonstances (l'usage) ou une disposition légale
particulière l'exigent.
2. La fixation de l'unité monétaire et la désignation des moyens de paiement ayant cours légal font partie des compétences
conférées par le monopole de la Confédération en matière d'émission du numéraire (art. 99 al. 1 de la Constitution).
L'article 2 LUMMP précise que les moyens de paiement légaux sont les espèces métalliques, les billets de banque et les
avoirs à vue auprès de la Banque nationale suisse (BNS). L'argent au sens du droit constitutionnel ne comprend pas la
monnaie scripturale des banques qui, contrairement aux avoirs à vue auprès de la BNS, connaît un risque d'insolvabilité. La
croissance des substituts monétaires est laissée à la libre appréciation des marchés, conformément à la conception du
secteur privé ancrée dans la Constitution. La Confédération a toutefois la possibilité, dans le cadre de sa compétence
législative, d'intervenir contre les développements qui échappent au contrôle du processus de création monétaire exercé
par la BNS, ou qui sont susceptibles de miner d'une autre manière la confiance placée dans le numéraire émis par l'Etat. Le
législateur a limité les possibilités des banques de créer de la monnaie scripturale, par le biais de dispositions légales
régissant les réserves minimales, ainsi que par les prescriptions relatives aux fonds propres et aux liquidités inscrites dans
la loi sur les banques.

https://www.parlament.ch/fr/ratsbetrieb/suche-curia-vista/geschaeft?AffairId=20123305 2018/02/01
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3. Voir les chiffres 1 et 2. L'article 2 LUMMP indique clairement quels sont les moyens de paiement légaux. Comme l'ont
montré les débats sur la garantie des dépôts menés dans le sillage de la crise financière, la population est consciente que
les avoirs à vue en francs déposés auprès de banques ne sont pas garantis par la BNS.
4. Conformément à la conception du secteur privé ancrée dans la Constitution, la croissance des substituts monétaires est
laissée à la libre appréciation des marchés. En acceptant les dépôts du public et en octroyant des crédits, les banques
remplissent leur fonction principale et essentielle pour l'économie d'intermédiaires entre épargnants et emprunteurs. En
vertu de sa compétence législative, la Confédération peut toutefois limiter et réglementer la création de monnaie par les
banques (voir ch. 2). Le législateur a ainsi édicté diverses prescriptions détaillées (par ex. sur les fonds propres, les
liquidités ainsi que les réserves minimales).

CHRONOLOGIE
15.06.2012 CONSEIL NATIONAL La discussion est reportée.

21.03.2014 En suspens depuis plus de deux ans; classement.


COMPÉTENCES

AUTORITÉ COMPÉTENTE
DÉPARTEMENT DES FINANCES (DFF) (HTTPS://WWW.EFD.ADMIN.CH/EFD/FR/HOME.HTML)

INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

CONSEIL PRIORITAIRE
Conseil national

COSIGNATAIRES (10)
GILLI YVONNE GIROD BASTIEN LEUENBERGER UELI REIMANN LUKAS REIMANN MAXIMILIAN RYTZ REGULA STAMM LUZI VISCHER DANIEL
VON GRAFFENRIED ALEC WERMUTH CÉDRIC

DOMAINES (1)
Finances

INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES

BULLETIN OFFICIEL

https://www.parlament.ch/fr/ratsbetrieb/suche-curia-vista/geschaeft?AffairId=20123305 2018/02/01

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