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Les oligo-éléments
prévention des maladies humaines
Les oligo-éléments
et ouvrage est indispensable pour bien comprendre les
C mécanismes, les interactions et les multiples effets,
le cuivre,
le sélénium
dans la prévention des maladies humaines, de certains des
principaux oligo-éléments tels que le cuivre, le zinc, le fer
et le sélénium. Ces oligo-éléments interviennent de manière
directe ou indirecte sur le stress oxydatif, l’activité
et les sélénoprotéines,
immunitaire ou l’apoptose. Un apport de concentrations
adéquates de ces oligo-éléments aura un impact important
le zinc,
dans la prévention des maladies du système nerveux
les métallothionéines,
le fer
(encéphalopathies spongiformes, maladie d’Alzheimer), des
maladies inflammatoires et des cancers et influera également
sur les rythmes circadiens et le vieillissement.
Les
oligo-éléments
Prévention
des maladies humaines
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Science
et Biomédecine
Les
oligo-éléments
Prévention
des maladies humaines
Haim Tapiero
Éditions E.D.K.
10, villa d’Orléans
75014 PARIS
Tél. : 01 53 91 06 06
Fax : 01 53 91 06 07
edk@edk.fr
www.edk.fr
Remerciements
À Marie-Claude Feuillet, Mireille Tapiero et Jean-Marie Mutschler-Clor pour
leur aide et leurs conseils.
Avant-propos
Les oligo-éléments
Dans cette première série, nous avons choisi d’analyser l’effet des oligo-
éléments les plus importants, dont le cuivre, le fer, le sélénium et le zinc dans
la prévention de certaines pathologies de l’homme. Nous avons analysé leurs
distributions, absorptions, biodisponibilités, métabolismes et éliminations.
Nous avons mis un accent particulier sur les interactions que peuvent avoir
ces oligo-éléments entre eux et avec d’autres substances.
Rôle du cuivre (Cu) dans les syndromes humains
Le cuivre (Cu) est un oligo-élément essentiel que l’on trouve, sous forme
oxydée (Cu II) et réduite (Cu I), dans tous les organismes vivants. Il est indis-
pensable pour une meilleure assimilation du fer et, surtout, il joue le rôle de
cofacteur dans les réactions d’oxydo-réduction qui interviennent dans la crois-
sance et le développement [1]. La consommation moyenne de cuivre varie
entre 0,6 et 1,6 mg/jour et les sources principales sont les graines, les noix,
les haricots, les coquillages et le foie. La concentration d’ions de cuivre libres
dans le plasma humain est d’environ 10-13 M.
Le cuivre, comme le fer, peut produire de « l’oxygène réactif », ROS
(reactive oxygen species), à l’origine de la peroxydation lipidique responsable
des altérations de la membrane plasmique, de l’oxydation des protéines et des
cassures de l’ADN et des ARN (Tableau I). La conséquence de ces dégâts
est le développement de diverses pathologies comme le cancer, les maladies
du système nerveux ou le vieillissement [2, 3] et des mécanismes régulateurs
précis sont donc mis en place pour empêcher les ions du Cu d’atteindre des
niveaux toxiques. Le cuivre peut aussi être indirectement toxique en déplaçant
d’autres cofacteurs d’origine métallique de leurs ligands naturels, comme le
remplacement du Zn(II) par du Cu(II) et rendre défectueux le site d’attache-
ment des récepteurs d’œstrogènes humains [4]. Le cuivre ingéré est distribué
aux protéines, l’excrétion est le facteur principal qui contrôle l’homéostasie.
Bien que les carences en cuivre soient rares, elles peuvent survenir lors d’un
défaut génétique dans le fonctionnement d’un transporteur de cuivre (ATP7A).
Chez l’homme, la maladie de Menkes et la maladie de Wilson sont deux
maladies génétiques qui mettent en évidence l’importance du maintien de
l’homéostasie du cuivre [5].
2 Les oligo-éléments
Excrétion du cuivre
Hormis les tissus qui produisent des sécrétions (glandes salivaires, pan-
créas, épithéliums de l’estomac et de l’intestin), l’excrétion du cuivre est le
mécanisme principal de son homéostasie [22]. Pour être excrété, le cuivre
administré, transporté par la céruloplasmine, la transcupréine et l’albumine,
doit revenir au foie. L’excrétion du Cu se fait à raison de 1 mg/jour chez
l’adulte, principalement par la bile. L’importance de l’homéostasie du Cu
dans le foie est justifiée par la maladie de Wilson (WND), maladie génétique
autosomique récessive. Les protéines de Wilson et de Menkes sont des
ATPases de type P situées dans l’appareil de Golgi (TGN) où a lieu le char-
gement biosynthétique. Ces deux protéines fortement homologues contribuent
à la sortie directe du cuivre de la cellule. La protéine de Wilson est exprimée
Le cuivre 5
Cytochrome-c oxydase
Enzymes Fonctions
Cytochrome-c oxydase Transport d’électrons dans les mitochondries
Cu/Zn superoxyde dismutase Détoxification de radicaux libres
Métallothionéine Stockage des ions de Cu et d’autres ions
métalliques divalents en excès [mais pas le Fe(II)]
Donneur possible de Cu à certaines apoprotéines
Céruloplasmine (extracellulaire) Ferroxydase, promeut le transfert du Fe du foie
à la circulation sanguine. Élimine les ROS
(reactive oxygen species), réagissant lors de
phases aiguës. Transport du Cu
Protéine-lysine-6-oxydase Liaison croisée du collagène et de l’élastine
Tyrosinase (catéchol-oxydase) Formation de mélanine
Dopamine-β-mono-oxygénase Production de catécholamines
Enzyme α-amidaté Modifie la fraction C-terminale de l’hormone
hypothalamique se terminant par une glycine,
laissant le radical COOH du prochain acide aminé,
amidé (nécessaire à la maturation hormonale)
Diamine oxydase Inactivation de l’histamine et des polyamines ?
(cellulaire et extracellulaire)
Amine oxydase (extracellulaire) Inactivation de l’histamine, tyramine, dopamine,
sérotonine ?
Peptidylglycine Bioactivation des hormones
mono-oxygénase
Héphaestine Ferroxydase, dans le trans-Golgi de l’entérocyte ;
favorise l’absorption du fer. Homologie
avec la céruloplasmine
Cartilage de la matrice Ferroxydase/amine oxydase, homologie
glycoprotéine avec la céruloplasmine (chondrocytes
et épithélium ciliaire de l’œil)
β-amyloïde, précurseur Fonctions normales non encore établies
de protéines
Prion (PrPc) Les propriétés de la PrPC à fixer le cuivre
suggèrent qu’ils jouent un rôle dans la protection
contre le stress oxydatif ; possède une activité
similaire à la SOD
S-adénosylhomocystéine Métabolisme des acides aminés soufrés, hydrolase
Angiogénine Induit la formation de vaisseaux sanguins
Facteurs V et VIII de coagulation Agrégation des plaquettes sanguines
Le cuivre 7
Céruloplasmine
Héphaestine
10 Les oligo-éléments
La maladie d’Alzheimer
Conclusion
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Le zinc (Zn)
Parmi les oligo-éléments essentiels à l’homme, le zinc (Zn) est l’un des plus
abondants dans l’alimentation. Il est distribué dans tous les organes : 85 % dans
le muscle et l’os, 11 % dans la peau et le foie, le reste dans les autres organes.
Pratiquement la totalité du Zn est intracellulaire : 30 % à 40 % dans le noyau,
50 % dans le cytoplasme, les organites et les vésicules spécialisées (enzymes
digestives ou hormones) et le reste dans la membrane cellulaire. Les besoins de
l’organisme sont, chez l’homme, d’environ 15 mg/jour et entre 107 à 231 µmol/
jour sont incorporés, en fonction de l’origine. Le Zn intervient dans plus de
300 réactions enzymatiques aussi bien dans des réactions catalytiques que
structurelles. II est indispensable à la fonction non seulement de certaines
métalloprotéines, d’oxydo-réductase, d’hydrolase ligase et des lyases mais il est
aussi, avec le cuivre, indispensable comme co-activateur de l’activité de la
superoxyde dismutase ou de la phospholipase C. Les ions Zn2+ sont hydro-
philes, ils ne traversent donc pas la membrane plasmique par diffusion passive
et ne participent pas aux réactions redox. Le Zn participe à la transmission et à
l’expression de l’information génétique, au stockage, à la synthèse, à l’action
d’hormones et au maintien des structures de la chromatine et des biomembranes.
Homéostasie du zinc
protège l’interaction avec le fer, sert d’agent protecteur des groupements thiols
et agit contre la formation des radicaux libres. La carence en Zn altère le
métabolisme des androgènes, œstrogènes et progestérone. Elle augmente la
peroxydation des lipides des membranes mitochondriales et microsomales et la
fragilité osmotique des membranes des érythrocytes. La carence en Zn est aussi
responsable de la détérioration de l’agrégation des plaquettes sanguines, de la
diminution des cellules T et de la réponse des lymphocytes T aux phyto-
mitogènes. Elle se manifeste, chez l’homme, par des altérations de l’épiderme,
du système gastro-intestinal, du système nerveux central, de la reproduction,
de l’immunité et du squelette (réduction de l’activité ostéoblastique, du colla-
gène, de la synthèse du protéoglycane et de l’activité de la phosphatase alca-
line), des tendances aux saignements, de l’hypotension et hypothermie [11-14].
Les carences en Zn sont observées dans les populations soumises à un
régime pauvre en protéines et riche en phytate, chélateur puissant qui réduit
la biodisponibilité des éléments métalliques. Le syndrome de Prasad-Halstead
est associé à la consommation de grandes quantités de phytate que l’on trouve
dans les régimes riches en pain complet sans levain. Les femmes enceintes
sont particulièrement exposées à cette carence. Les individus carencés en Zn
souffrent d’acrodermatite entérohépatique, caractérisée par des lésions de la
peau, autour des orifices et des extrémités. Dans les pays en voie de déve-
loppement, les individus qui souffrent d’acrodermatite entérohépatique mani-
festent aussi des défauts du système immunitaire et plus particulièrement de
la fonction des cellules T avec une sensibilité accrue aux infections virales,
bactériennes et fongiques. D’autres mécanismes sous-jacents peuvent aussi
contribuer à la carence en Zn et aux maladies diarrhéiques. Les cytokines
comme l’interleukine-1 (IL-1) par exemple, contrôlent l’expression de
l’ARNm de la métallothionéine [15]. L’injection d’IL-1 provoque une diar-
rhée chez les rats carencés en Zn mais pas chez les animaux normalement
alimentés. Parmi les signes de carence en Zn, la tendance au saignement est
associée à l’altération de l’incorporation du Ca2+ et à l’échec d’agrégation des
plaquettes sanguines. La réduction des concentrations de Zn dans les mem-
branes des globules rouges est associée à la fragilité osmotique des érythro-
cytes. De plus, il a été démontré que la carence en Zn modifie la composition
des lipides et des protéines de la membrane.
Stress oxydatif
Régulation de l’apoptose
• Dihydro-orotase
• « Doigts » de Zn (ADN Zn-protéines)
• Tubuline
• Alanyl ARNt synthétase
• 5-énolpyruvylshikimate-3-phosphate synthétase
• ADN topo-isomérase I de E. coli
• Farnésyl transférase
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20 Les oligo-éléments
Figure 1. Fer et cuivre : métaux de transition actifs dans les réactions redox. Des
traces de fer ou de cuivre sont nécessaires pour catalyser la formation de OH à partir
de H2O2 et de O2• (réaction de Haber-Weiss). En présence d’agents réducteurs (AH2),
ces traces de fer ou de cuivre solubles peuvent catalyser la formation de radicaux
hydroxyles à partir de superoxydes via les métaux catalysés dans la réaction de Haber-
Weiss (réaction de Fenton).
Activité immunitaire
Inflammation
Maladie d’Alzheimer
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7KLVSDJHLQWHQWLRQDOO\OHIWEODQN
Les métallothionéines (MT)
distribution du zinc dans les tissus [4]. Chez l’homme, les MT jouent le rôle
physiologique de protection dans des cellules de la peau [5]. Le rapport MT/
apo-MT (thionéine) est le système de sauvegarde du zinc qui agit pour contrôler
sa disponibilité. Le rapport MT/T a au moins deux fonctions, isoler le zinc et
le libérer lors de signaux qui indiquent le besoin en zinc (Figure 1). Le soufre
de la cystéine qui sert de ligand est oxydé et réduit avec libération concomitante
de zinc (Figure 2). Le rapport glutathion oxydé/réduit (GSH/GSSG) module le
transfert de zinc dans une gamme de concentrations et de rapports redox compa-
tibles avec ce que l’on observe dans la cellule. Ainsi, le rôle protecteur des MT
serait semblable à celui du glutathion. La thionéine est particulièrement sensible
à la protéolyse mais le Zn et surtout le cadmium fixés sur la MT rendent celle-ci
résistante à la protéolyse. Ainsi, le turnover de la MT cellulaire et son accu-
mulation sont associés à la disponibilité du zinc intracellulaire. Il existe quatre
gènes fonctionnels de MT : MT-I, MT-II, MT-III et MT-IV.
Les protéines de MT-I se retrouvent chez tous les mammifères et chez cer-
tains invertébrés comme le homard, l’huître et la moule. Les protéines de MT-II
se retrouvent aussi chez les protistes, certains invertébrés comme la drosophile
et l’oursin, mais aussi chez les cyanobactéries, les levures et quelques plantes.
MT-I et MT-II, situées dans le foie, jouent un rôle fondamental dans la
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La biosynthèse des MT est contrôlée par les métaux. Elle est nécessaire
comme dispositif biologique dans le maintien des concentrations homéostati-
ques, par la chélation d’ions libres de métaux essentiels et non essentiels. L’oxy-
dation des MT par le glutathion oxydé ou des composés de sélénium analogues
libère le zinc de ligands spécifiques. Ainsi, une fonction de MT doit servir à
la conservation du zinc. Les isoformes des MT, et notamment la MT-III, MT
unique du cerveau, présente dans les neurones glutaminergiques contenant du
Zn dans leurs vésicules, servent aussi à conserver le zinc dans les terminaux
présynaptiques [11]. Les souris qui ne possèdent pas de gène MT-III ont de
faibles concentrations de zinc dans l’hippocampe et sont fortement susceptibles
à l’acide kaïnique (Figure 3) induite par des crises ou par lésions des neurones
post-synaptiques. À l’inverse, les souris qui possèdent un gène MT-III supplé-
mentaire sont résistantes aux crises et aux lésions de neurones post-synaptiques.
L’administration de zinc par voie orale augmente le MT de l’intestin en deux
semaines d’environ 5 fois pour revenir à la normale après 5 semaines. La surex-
f:\2000\image\86224\5
pression des MT peut être causée par la présence de zinc ou de cuivre et cette
induction servirait aussi à protéger les cellules contre les agents alkylants. Ces
effets s’expliquent par le rôle que jouent les métallothionéines comme anti-
oxydants, en éliminant les éléments électrophiles.
Les MT protègent l’ADN des dommages causés par les radicaux d’oxy-
gène actifs lors de stress oxydatif. Cette protection semble être due à la ché-
lation du métal et la prévention des réactions redox [12].
En conclusion
Références
Pendant la grossesse
Enfant et adolescent
Sources alimentaires
biodisponibilité est beaucoup plus faible. Elle varie selon les individus, la
concentration en Fe dans les organes, et la présence ou non dans la nourriture
d’éléments qui facilitent ou qui inhibent son absorption, entre 2 % et 20 %.
Les éléments qui facilitent l’absorption du Fe non-hème sont la viande et
l’acide ascorbique [16]. L’absorption du Zn est aussi facilitée par la viande,
alors que l’acide ascorbique n’a aucun effet sur son incorporation ni sur sa
rétention. D’une manière générale, les inhibiteurs qui inhibent l’absorption
du Fe non-hème, à l’exception du calcium, n’ont aucun effet sur l’absorption
du Fe-hème. Le calcium issu de l’alimentation ou d’un complément alimen-
taire inhibe aussi bien l’absorption du Fe-hème que celle du Fe non-hème,
indépendamment des autres facteurs alimentaires. Le complément de calcium
peut empêcher ou non l’absorption du Zn. L’absorption du Fe et du Zn est
aussi inhibée par les céréales, certains légumes, les noix et les phytates (5,6
phosphate inositol). L’effet inhibiteur des phytates ne peut être neutralisé chez
les humains [17]. Les polymères phénoliques, qui inhibent l’absorption du Fe
non-hème, n’ont que peu d’effet sur celle du Zn. D’autres ligands indigestes
représentés par certaines fibres alimentaires, comme les lignines, inhibent
aussi l’absorption du Fe non-hème et du Zn.
La concentration en Fe du lait maternel est relativement faible, entre 0,2
et 0,4 mg/l, mais son absorption est relativement élevée (environ 50 %). Ces
concentrations ne diminuent que très légèrement pendant la durée de la lac-
tation. L’alimentation exclusive en lait maternel est suffisante pour satisfaire
les besoins du nouveau-né pendant les six premiers mois de vie. Les besoins
changent entre 6 et 12 mois, et la réserve de Fe sera utilisée pour soutenir la
croissance, l’augmentation importante de la masse érythrocytaire et, dans une
moindre mesure, celle de la myoglobine. Les besoins en Zn chez l’enfant en
bas âge sont aussi importants. La concentration en Zn du lait maternel, deux
semaines après la naissance, est de 3 mg/l mais décline aussitôt après. Durant
les six premiers mois de la vie, les besoins en Zn sont généralement couverts
chez les enfants nés à terme par le lait maternel exclusivement. L’apport de
protéines, de Zn et de Fe non-hème sera associé plus tardivement à la consom-
mation de viande [18].
Peroxydation lipidique
Cancers
Conclusion
Références
40 Les oligo-éléments
Figure 1. Incorporation du sélénium dans les plantes, chez l’homme et chez l’animal.
Les plantes convertissent le sélénium en Se-méthionine (Se-Met). Elles incorporent le
Se-Met dans les protéines, le substituant à la méthionine (Met). La Se-Met peut repré-
senter plus de 50 % de l’ensemble du Se de la plante tandis que la sélénocystine
(Se-Cys), la méthyl-Se-Cys et la γ-glutamyl-Se-méthyle-Cys ne sont que peu incor-
porées dans les protéines des plantes. L’homme et l’animal sont incapables de syn-
thétiser la Se-Met.
dans les plantes se trouve sous forme de Se-Met, qui peut représenter plus de
50 % du Se total, et c’est sous cette forme que le Se sera incorporé dans les
protéines animales. Les autres formes, dont la sélénocystine (Se-Cys), la
méthyl-Se-Cys et la γ-glutamyl-Se-méthyl-Cys ne sont incorporées dans les
protéines des plantes qu’à faibles concentrations, quelle que soit la richesse
du sol en Se. La levure Saccharomyces cerevisiae incorpore de très fortes
quantités de Se (près de 3 mg de Se par gramme de levure) et plus des 90 %
incorporés sont sous la forme de L-Se-Met. Chez l’homme ou l’animal, l’uti-
lisation du Se dépend de sa biodisponibilité.
La biodisponibilité est définie comme la proportion d’une substance nutri-
tive ingérée et utilisée pour des fonctions physiologiques ou pour être stockée.
Le sélénium 41
Les sélénoprotéines
42 Les oligo-éléments
44 Les oligo-éléments
revanche, aucune augmentation n’est obtenue dans les Jurkat (cellules leucé-
miques du type T en culture) ou dans les HL-60 (cellules leucémiques myé-
loïdes en culture). En présence de Se, la stabilité de la TR augmente de
manière significative. La demi-vie est de 21 heures en présence de Se, tandis
qu’elle n’est que de 10 heures en l’absence de Se. En revanche, la stabilité
de la Trx reste inchangée en présence ou en l’absence de Se.
des articulations. La pollution des eaux de source par l’acide fulvique induit
chez le rat des malformations similaires. L’acide fulvique appartient à un
groupe hétérogène de polymères complexes caractérisés par de faibles concen-
trations en Se et localisés dans les os et le tissu cartilagineux. Il est la fraction
soluble des produits de dégradation microbienne et chimique des matières
végétales et animales surtout présents dans les eaux de puits des régions où
sévit la maladie de Kashin-Beck (Tableau I).
Dans le modèle animal, la protection des cancers induits par des cancé-
rigènes chimiques est obtenue par ajout de Se inorganique dans l’alimentation
[20]. Les sélénites et les sélénates interviennent dans l’inhibition de la crois-
sance des cellules tumorales par deux mécanismes différents. Les cellules
traitées par les sélénites sont bloquées dans la phase S du cycle cellulaire et
l’inhibition de la croissance est irréversible, tandis que les cellules traitées
par les sélénates sont bloquées dans la phase G2 du cycle cellulaire et l’inhi-
bition de la croissance est alors réversible [21]. L’effet protecteur du sélénite
ou de la Se-Met n’est pas spécifique d’organe mais dépend de la dose admi-
nistrée. La Se-Met inhibe les phases d’initiation et de post-initiation de la
cancérogenèse mammaire induite par des agents chimiques. Elle possède
aussi des propriétés radioprotectrices [22]. Chez l’homme, il existe une rela-
tion entre l’apport de Se et les processus qui interviennent dans la formation
des cellules cancéreuses [23-25]. Le taux de Se sérique est significativement
plus faible chez les individus qui souffrent de cancer que chez les individus
sains [26-28]. Il existe aussi une relation étroite entre la concentration de Se
et la formation de lésions précancéreuses du cerveau, de l’œsophage, du
poumon, de la tête et du cou, de la vessie, du pancréas, de la thyroïde, de
l’estomac, du mélanome, de la prostate et du côlon. Un faible taux de Se
48 Les oligo-éléments
dans le sang des individus est en relation avec un risque accru de cancer. Le
développement de la maladie peut être prévisible lorsqu’on observe une perte
de l’expression des sélénoenzymes impliquées comme antioxydants (gluta-
thion peroxidases) et du contrôle du système redox (thiorédoxine réductases).
L’activité anti-cancérigène de nombreux métabolites du Se a été étudiée
(Figure 5A). Le sélénodiglutathion (GSSeSG), instable dans des conditions
physiologiques, ne s’accumule probablement pas dans la cellule ; il se trans-
forme en glutathion sélénol (GSSeH) et en hydrogène sélénide (H2Se). La
Se-Met accroît les concentrations de Se dans les tissus, mais elle est relati-
vement inefficace dans la suppression de la carcinogenèse. Bien que le méca-
nisme d’inhibition de la carcinogenèse par le Se ne soit toujours pas élucidé,
il n’est pas exclu qu’il soit associé à la forme mono-méthylée de Se, qui peut
être métabolisée en méthylsélénol pour une meilleure protection contre les
cancers [29]. Une forte consommation de sélénite ou de Se-Met augmente
les concentrations de métabolites méthylés comme le méthylsélénol, le dimé-
thyl sélénide et le triméthylsélénonium. Les composés de Se méthylés peu-
vent modifier divers processus biologiques dont la suppression de l’angio-
genèse et la prévention des cancers.
Après trans-sulfuration, la SeMet est transformée en Se-Cys. La Se-
méthyl-sélénocystéine (SeMSC) que l’on trouve dans le brocoli peut, par
clivage du groupement Se-méthyl, se transformer en méthyl sélénol
(Figure 5B) [30]. La forme chimique de Se trouvée dans le brocoli est sem-
blable à celle trouvée dans l’ail [30, 31]. Dans les produits alimentaires, les
concentrations de Se varient considérablement y compris parmi les mêmes
produits, mais de marques différentes, qui reflètent des origines géographi-
ques ou des formes chimiques de Se différentes. La réduction du risque de
cancer dépend de la forme du Se dans ces plantes. Le Se de brocoli lui-même
enrichi en Se est plus efficace que les formes inorganiques, dans la prévention
du cancer mammaire. Le brocoli enrichi en Se protège la souris et le rat du
cancer de l’intestin, des cancers chimiquement induits mammaires et du
côlon. Le monométhyl sélénol (SeMSC) semble être le métabolite majeur
dans la protection contre certains types de cancers ; il n’affecte pas la crois-
sance des cellules normales de la glande mammaire et ne se manifeste que
sur des lésions prémalignes. Des composés synthétiques d’organo-Se ont été
conçus pour une chimio-prévention plus efficace et pour atténuer les effets
secondaires toxiques (Figure 6).
Le sélénium 49
50 Les oligo-éléments
Conclusion
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