Vous êtes sur la page 1sur 8

GUSTAVE FLAUBERT

(1821- 1880)

Principales œuvres : Madame Bovary, 1857 ; Salammbô, 1862 ; L’Education


sentimentale, 1869 ; La Tentation de Saint Antoine, 1874 ; Trois Contes ( Un
cœur simple, La Légende de Saint Julien l’hospitalier, Hérodias), 1877 ;
Bouvard et Pécuchet, inachevé, posth.1831 ; Correspondance, posth., 1909-
1912

G. Flaubert illustre, d’après Albères, le réalisme documentaire. Son réalisme,


il le définit au moment où il compose Madame Bovary : « Je voudrais écrire
tout ce que je vois, non tel qu’il est, mais transfiguré. »

La littérature pour lui devient une libération car transfigurer la réalité est une
façon de la nier. Le sujet de la plupart des œuvres est tire de la réalité
ignoble qui exerce sur lui, comme sur Baudelaire, une étrange fascination.

Madame Bovary

- S’inspire d’un fait divers


C’est l’histoire d’un médecin de Ry, Eugène Delamare, qui meurt de chagrin
après l’empoisonnement de sa femme. Flaubert reprend cette histoire qu’il
place dans le décore banal d’un bourg de province.

L’héroïne, Emma Bovary, lectrice passionnée des romans sentimentaux et


douée d’une sensibilité vive, se cherche des évasions dans les rêves.
Elle transfigure la réalité, tout prend dans son imagination des proportions
exagérées. Cette puissance d’illusion devient le vrai sujet du livre. (le
bovarysme)

- cette fusion du réel et de l’imaginaire rend Emma pathétique.


- une succession de tableaux et de scènes suggérait l’écoulement d’une
durée
- la construction en spirale procédait par la reprise des thèmes plus
amplement développés
Le style indirect libre permet à Flaubert de s’insinuer dans la conscience de
son héroïne. L’auteur qui se veut impassible, mai qui affirme « Madame
Bovary c’est moi » se dissimule derrière la lutte avec les mots et derrière
l’ironie. Le style devient l’instrument de parodie et de caricature.

L’ironie qui transforme le lecteur « en complice de sa destinée » devient


tragique.

Si l’entourage d’Emma accepte la médiocrité, elle seule, par son refus,


connait le gout de l’absolu.

Salammbô

- c’est la rêverie voluptueuse, c’est le goût de l’Orient barbare


- ressuscite un monde artificiel, repose toujours sur la documentation
- le sujet est tiré d’un fait réel
- ce roman d’un monde fastueux est à l’opposé du banal qui faisait la
matière de Madame Bovary.
- à la limite du roman historique et du roman personnel, Salammbô
c’est le désire de la solitude, le désir de sortir du monde moderne.
- la réalité semble fixée dans un présent éternel et le paysage se pétrifie

L’éducation sentimentale

Le roman de l’échec, L’éducation sentimentale n’est pas seulement le roman


d’un temps, c’est celui d’une vie. Flaubert suit de près le paysage de
l’adolescence à la maturité, jusqu’aux résignations de la cinquantaine.
L’autobiographie y tient une large place.

Son roman se retrace les espoirs et les déboires d’une vie ; il est fait du tissu
ordinaire des jours, il ne fait pas la pyramide.

On assiste à une lente désagrégation d’une vie.

La succession des scènes rend sensible l’émiettement de la vie en une


poussière de menues circonstances.

Les démarches succèdent aux démarches, les visites aux visites, les
conversations aux conversations.

Le roman de Flaubert donne l’impression de ce qui se passe dans la vie, ou il


ne se passe rien, ou c’est la vie qui passe.

Flaubert écrit avec « L’Education sentimentale » le roman d’un temps


désemparé : les hommes ont cessé de déterminer l’Histoire, ils sont marqués
par elle.

Flaubert a une vue lucide, dès le début, de ce qu’il voulait faire, ou plutôt de
la seule chose qui restait à faire dans l’époque qui était la sienne.
« Je veux, écriva-t-il, faire l’histoire morale des hommes de ma génération ;
« sentimentale » serait plus vrai. C’est un livre d’amour, de passion, mais
passion telle qu’elle peut exister maintenant, c’est-à-dire inactive. »

L’éducation sentimentale a passé longtemps pour être un roman dépourvu de


composition : les épisodes se succèdent sans cette « fausseté de
perspective » par laquelle l’artiste, disait Flaubert, donne ordinairement un
sommet à son œuvre, lui fait « faire la pyramide ».

L’intrigue tourne autour d’une rencontre qui est celle du jeune Flaubert et de
Mme Schlésinguer.

L’art de Flaubert devient moins impersonnel pour faire revivre des souvenirs
d’enfance et des personnages qu’il avait réellement connus.

C’est le roman de l’expérience qui évoque l’adolescence et la maturité de


toute une génération.

- réalise une véritable fresque historique


- du roman personnel il arrive au roman des mœurs
- met sur le premier plan les personnages secondaires de la vie
historique
- a une valeur documentaire
- Fréderic Moreau est un velléitaire, un héros désemparé, dépourvu
d’énergie, tout à l’opposé des personnages stendhaliens
- incarne une génération en déroute, un monde qui se désagrège
- le thème de l’échec, le thème « des illusions perdues » était repris et
amplifié;
- l’amour pour une femme mariée c’est un rêve impossible dans ce
décor de la banalité.
- La technique romanesque est faite d’une succession de scènes.
L’intrigue réduite au minimum annonce l’esthétique naturaliste

Bouvard et Pécuchet

- Œuvre posthume, est l’aboutissement de ce drame de l’échec


- Le domaine envisage est celui de la science
- Les deux personnages, arrives à l’aisance vers la cinquantaine,
s’établissent à la campagne et décident de tout connaître, depuis
l’agriculture jusqu’à la philosophie. Leur effort comprend d’habitude
deux phases :
I. documentaire, théorique
II. pratique
- la distance narrative diminue
- le dernier chapitre, suggère le retour des héros à l’automatisme
d’autrefois
- avec ce roman débute la crise du genre romanesque
- L’énumération des sciences remplaçait la progression de l’action
C’est la fin du roman d’analyse, la fin du personnage et la démolition du
langage.

- Le trajet circulaire, les deux héros revenant au point de départ, est


révélateur d’un échec qui ferme sur lui-même.

L’esthétique de Gustave Flaubert

Nature impétueuse et romantique, Flaubert est attiré, dans sa jeunesse par


Goethe et V. Hugo.
- doué d’une imagination ardente, épris du monumental et du
fantastique ;
- il s’impose la discipline la plus rigoureuse. Sa méthode est celle des
sciences biologiques.
- une documentation sérieuse précède la rédaction du roman.
- Le roman ne devra pas révéler la vie intime de l’écrivain : « Je
n’aime pas intéresser le public avec ma personne. » Mais cette
objectivité n’exclut pas l’utilisation des éléments personnels. C’est
que l’auteur doit se faire entendre sans se faire voir.
- l’originalité de Flaubert est du à son style. « Etant à lui seul une
manière absolue de voir les choses » le style devient dans le contexte
flaubertien, rythme et musique.
- le langage littéraire sera celui de la précision et de la vigueur
- l’idéal parnassien de la beauté formelle conduit Flaubert aux « offres
du style »- cette lutte de tous les jours avec les structures et les mots

Les structures narratives

- le roman flaubertien se déroule comme dans la vie sans


bouleversements spectaculaires. La succession des scènes où
l’élément dramatique n’est pas prédominant fait avancer une action
d’habitude banale.
- Les structures statiques occupent, en échange, une place de choix
- Les descriptions abondent, mais elles ne répondent pas, comme chez
Balzac, à une exigence d’ordre dramatique, mais uniquement à la
passion de contempler. C’est une description gratuite qui suspend
l’action et ne l’explique pas. La tension dramatique est gênée par ces
interruptions descriptives.
Le personnage

- Est envahi par ce monde extérieur et la sensation devient toute


puissante
- le héros de Flaubert est l’adepte de la frénésie et de l’expérience totale
(Jean pierre Richard)
- le désir de destruction et de cruauté- Salammbô est la meilleure
illustration
- l’échec est à la mesure de l’entreprise, c’est l’échec total, celui de
Bouvard et Pécuchet
- « nature nerveuse et féminine » Flaubert fait preuve d’une sensibilité
extrême
- un idéaliste pour lequel les limites du réel et de l’imaginaire sont bien
fragiles
Composition symphonique

- Flaubert a inventé dans Madame Bovary, le principe du récit éclate


- L’art lui est apparu comme le seul monde de connaissance
- la nature de Flaubert est complexe : romantique par goût et formation
et classique par raison
Cette double tendance se manifeste par l’alternance des sujets qu’il
traite : M. Bovary/ Salammbô

- quel que soit le sujet, la méthode reste la même : impersonnalité,


observation et documentation minutieuse, forme à la fois éclatante et
sobre
Place de Flaubert entre le romantisme et le réalisme.
Ses goûts sont caractéristiques : il aime Victor Hugo et Boileau,
Montesquieu et Chateaubriand

- il est romantique et classique à la fois


- il tenait au romantisme par son éducation
- il avait hérité du romantisme : la haine du bourgeois, la soif de
l’étrange, de l’énorme, de l’exotique

Vous aimerez peut-être aussi