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FIGURES DE STYLE

Ce travail est une compilation personnelle, pour le plaisir, de quelques dictionnaires (Grand
Larousse, Littré, Petit Robert) et du "Bon Usage" de Grevisse. © Frédéric Wronecki.

NB : Quand ces ouvrages donnent des définitions discordantes d'un même terme, les différentes
définitions sont indiquées.

1. Métaplasmes : altérations dans le matériel d'un mot autorisées par l'usage :

1.1. Génération de phonèmes :

1.1.1. L'épenthèse (n.f.) :

Étymologie : grec "epenthesis" : "action de surajouter".

Définition : Apparition à l'intérieur d'un mot d'un phonème que l'étymologie ne justifie pas. Elle se
produit pour adoucir des articulations inhabituelles.

Exemples :

 Épenthèse du r dans "chanvre" qui vient de "cannabis",


 Épenthèse du b dans "chambre" qui vient de "camera",
 Épenthèse du d dans "gendre" qui vient de "generum".

1.1.2. L'anaptyxe (n.f.) :

Étymologie : grec anaptuxis : "développement".

Vieilli, aujourd'hui inusité

Définition : Sorte d'épenthèse : Développement d'une voyelle parasitaire qui facilite l'articulation
d'un mot.

1.1.3. La paremptose :

Vieilli, aujourd'hui inusité

Définition : Littré : Insertion dans un mot d'une consonne qui ne forme pas de syllabe.

1.1.4. La paragoge :

Vieilli, aujourd'hui inusité

Définition : Littré : Addition à la fin d'un mot : dans "jusques", le s est une paragoge qu'on se
permet quand l'euphonie ou la mesure le demande, par exemple dans ce vers :

Exemple :

 Sion jusques au ciel élevée autrefois. (Racine, Esther)

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1.1.5. La prosthèse :

Vieilli, aujourd'hui inusité

Définition : Littré : Addition d'une lettre ou d'une syllabe au commencement d'un mot, sans en
changer la valeur.

Exemple :

 Latin sperare => français espérer

1.1.6. La gémination :

Définition : GL : Redoublement, dans l'émission ou l'écriture, d'une voyelle, d'une consonne ou


d'une syllabe.

Exemple (de syllabes uniquement) :

 Un bonbon,
 Le langage familier, les surnoms, utilisent abondamment la gémination : bébête pour bête,
Gégène pour Eugène, Titine pour Martine, etc.

1.2. Déplacement de phonèmes :

1.2.1. L'anticipation :

Étymologie : latin anticipatio.

Définition : GL : Changement de position d'un phonème dans un mot, par suite d'une difficulté
d'articulation de ce phonème à sa place première, l'amenant ainsi à être prononcé avant le ou les
phonèmes qui le précédaient.

Exemple :

 Ancien français cercher -> français moderne chercher.

1.2.2. La métathèse :

Étymologie : grec metathesis : "déplacement".

Définition 1 : PR : Altération d'un mot ou d'un groupe de mots par déplacement, interversion d'un
phonème, d'une syllabe, à l'intérieur de ce mot ou de ce groupe.

Définition 2 : Littré : Transposition d'une lettre.

Définition 3 : GL : Déplacement des phonèmes (voyelle, consonne) à l'intérieur d'un mot, dû à une
difficulté d'articulation (le phonème quitte sa place originaire pour en prendre une autre, soit à
l'intérieur de la même syllabe, soit dans une syllabe différente.)

Exemple :

 "Formage" est devenu "fromage".


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1.3. Disparition de phonèmes :

1.3.1. L'aphérèse (n.f.) :

Étymologie : grec aphaeresis.

Définition : Chute d'un phonème ou d'un groupe de phonèmes au début d'un mot.

Exemples :

 Pitaine pour Capitaine,


 Cipal pour Garde municipal,
 Colas pour Nicolas.

1.3.2. La syncope :

Étymologie : grec sugkopê : "défaillance".

Définition : Suppression d'une lettre ou d'une syllabe à l'intérieur d'un mot.

Exemples :

 Dénoûment (pour "dénouement"),


 Latin "periculum" : syncope de l'u -> periclum -> français "péril",
 Dans la langue parlée, syncope des syllabes muettes.

1.3.3. L'apocope (n.f.) :

Étymologie : grec apokopa, de apokopein : "retrancher".

Définition : Chute d'un phonème ou d'une syllabe à la fin d'un mot.

Exemples :

 Télé pour télévision,


 Prof pour professeur,
 Pneu pour pneumatique,
 Micro pour microphone ou micro-ordinateur,
 Sous-off pour sous-officier,
 Dactylo pour dactylographe,
 Cocon pour co-conscrit (= élève de l'école militaire, les élèves sont "conscrits" ensemble),
 Séropo pour séropositif,
 etc.

1.3.4. La synérèse :

Étymologie : grec sunairesis : "rapprochement".

Définition : PR : Prononciation groupant en une seule syllabe deux voyelles contiguës d'un même
mot.

Exemple :
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 Violon prononcé [vjo] au lieu de [vijo.]

(La synérèse conserve le son des lettres. La crase donne un son tout autre.)

Le phénomène contraire est la diérèse.

1.3.5. La crase :

Définition : Littré : Contraction de syllabes où le son des éléments disparaît.

Exemple :

 La figure qu'on appelle crase se fait lorsque, deux voyelles se confondant ensemble, il en
résulte un nouveau son, par exemple lorsqu'au lieu de dire à la ou de le, nous disons au ou
du.

1.3.6. La synalèphe :

Étymologie : grec sunaloiphê.

Définition : Fusion de deux ou de plusieurs syllabes en une seule, par élision, synérèse ou
contraction.

Exemples :

 Margis pour Maréchal des logis.

A noter que la langue anglaise a créé de nombreux néologismes de cette façon ("portfolio words") :
 Motel (pour motorcar hotel)
 Telethon (pour television marathon)
 Edutainment (pour education and entertainment)

2. Figures de construction :

2.1. L'anacoluthe (n.f.) :

Étymologie : grec anacoluthon : "absence de suite".

Définition : Rupture ou discontinuité dans la construction d'une phrase.

Exemples :

 "Et pleurés du vieillard, il grava sur leur marbre". (La Fontaine)


 Je t'aimais inconstant, qu'aurais-je fait fidèle. (Racine) !

Définition 2 : Littré : Tournure dans laquelle, commençant par une construction, on finit par une
autre.

Exemple :

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 Toutes les dignités que tu m'as demandées, Je te les ai sur l'heure et sans peine accordées.
(Corneille, Cinna)

L'anacoluthe donne parfois plus de vigueur à la pensée, comme dans cette phrase de Pascal :
 Le nez de Cléopâtre, s'il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé.

Définition 3 : Littré : Ellipse qui consiste à employer un relatif sans son antécédent.

2.2. L'ellipse (n.f.) :

Étymologie : grec elleipsis : "manque".

Définition : Omission syntaxique ou stylistique de un ou plusieurs mots que l'esprit supplée de


façon plus ou moins spontanée.

Exemples :

Ellipse du sujet :

 Grand bien vous fasse (que cela vous fasse...),


 [Cela] Soit dit entre nous,
 [Nous] Arriverons demain (style "télégraphique".)

Ellipse de l'agent dans une locution :


 La [fête de] Saint-Jean,
 Entrer en [classe de] cinquième,
 Il prit sur lui [la responsabilité] d'attaquer.

Ellipse du verbe :
 Je pense comme vous [pensez],
 A père avare, fils prodigue,
 Aux grands hommes la patrie [est] reconnaissante,
 Honneur [soit rendu] aux braves !
 Chacun [doit agir à] son tour,
 Je t'aimais [quand tu étais] inconstant, qu'aurais-je fait [si tu avais été] fidèle (Racine) !
 [J'ai] compris !
 [Me voilà] enfin libre !

L'ellipse permet d'éviter la répétition lorsqu'on répond à une question, lorsqu'on coordonne ou
compare deux termes.

2.3. La brachylogie :

Étymologie : grec brachus : "court" et logos : "discours".

Définition : GL : Emploi d'une expression elliptique.

Définition : Grevisse : Variété d'ellipse consistant, au sens large, à s'exprimer de façon concise, avec
le moins de mots possible.

Exemple :
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 [Quand on est] Loin des yeux, [on est] loin du coeur.

En un sens plus spécial, elle consiste à ne pas répéter un élément précédemment exprimé.

Définition 2 : Littré : Vice d'élocution, qui consiste dans une brièveté excessive, et poussée assez
loin pour rendre le style obscur.

Exemple :

 Donner cent francs, c'est une générosité ; [donner] mille [francs], c'est une largesse.

2.4. La tmèse :

Étymologie : grec tmêsis : "coupure".

Définition : GL : Disjonction, séparation de deux éléments phoniques habituellement liés dans un


mot.

Définition 2 : Grevisse : Intercalation d'un ou de plusieurs mots dans l'assemblage qui constitue une
locution conjonctive.

Exemples :

 Avant donc que d'écrire,


 Pendant donc que toute la troupe s'installait,
 Les hommes parlent de manière, sur ce qui les regarde, qu'ils n'avouent d'eux-mêmes que de
petits défauts. (La Bruyère)

2.5. Le zeugma :

Étymologie : grec zeugma : "lien".

Définition : PR : Construction qui consiste à ne pas énoncer de nouveau, quand l'esprit peut les
rétablir aisément, un mot ou un groupe de mots déjà exprimés dans une proposition immédiatement
voisine.

Définition : GL : Construction qui consiste à rattacher grammaticalement deux ou plusieurs noms à


un adjectif ou à un verbe qui, logiquement, ne se rapporte qu'à l'un des noms ou qui est pris dans
des sens différents.

Exemple :

 L'air était plein d'encens et les prés [pleins] de verdure. (Victor Hugo)

Définition 3 : Littré : Figure d'élocution plus connue sous le nom d'adjonction. Le zeugma a lieu
quand un mot, déjà exprimé dans une proposition, est sous-entendu dans une autre proposition
analogue à la première et attachée à celle-ci.

Exemples :

Le zeugma est simple quand le mot sous-entendu est exactement celui qui a été exprimé :

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 Je renonce à la Grèce, [je renonce] à Sparte, [je renonce] à mon empire, [je renonce] à ma
famille. (Racine, Andromaque)

Le zeugma est composé si le mot sous-entendu n'est pas absolument celui qu'on a déjà vu :
 Vous régnez, Londres est libre et vos lois [sont] florissantes. (Voltaire, Henriade)

Le zeugma peut être utilisé pour créer des effets comiques :


 Hier, j'ai sauté la bonne et le repas, (P. Desproges)
 ... Pourquoi ne faites-vous pas un saut en haut, chez moi ? J'ai des verres en papier et
l'après-midi libre, (U. Eco, Le Pendule de Foucault)
 Buvons à nos femmes, à nos chevaux, et à ceux qui les montent..., (tradition de la cavalerie)
 Tout nu dans la serviette qui me servait de pagne, J'avais le rouge au front et l'savon à la
main, (Jacques Brel, "Au suivant !")
 Il tira son épée et des plans sur la comète.

2.6. L'asyndète (n.f.) :

Étymologie : grec asyndeton.

Définition : Absence de liaison (par une conjonction, etc.) entre deux termes ou groupes de termes
en rapport étroit.

Exemples :

 Bon gré, mal gré,


 Donnant donnant,
 Bon an mal an.

Synonyme de disjonction.

Définition 2 : Littré : Sorte d'ellipse par laquelle on retranche les conjonctions simplement
copulatives qui doivent unir les parties d'une phrase.

Exemple :

 Français, Anglais, Lorrains, que la fureur rassemble,


Avançaient, combattaient, frappaient, mouraient ensemble. (Voltaire, Henri VI)

L'effet contraire est la polysyndète.

2.7. La syllepse :

Étymologie : grec sullepsis : "action de prendre ensemble".

Définition : Accord selon le sens et non selon les règles grammaticales.

Définition 2 : Littré : Figure de grammaire qui règle l'accord des mots, non d'après les règles
grammaticales, mais d'après les vues particulières de l'esprit.

Exemples :

Syllepse de nombre :
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 Minuit sonnèrent,
 Jamais il n'eût tourmenté un chat : il les respectait,
 Entre le pauvre et vous, vous prendrez Dieu pour juge,
Vous souvenant, mon fils, que caché sous ce lin,
Comme eux vous fûtes pauvre, ... (Racine)
 La plupart se sentent écœurés.

Syllepse de genre :
 C'est la sentinelle qui le premier s'inquiète.

Syllepse de personne :
 Est-ce que j'aime les gâteaux ? (pour "est-ce que tu aimes ?")
 A t'on été sage ? (pour "as-tu été sage ?")
 "Nous" de majesté,
 Personne de politesse : Votre Altesse veut-elle ...

Définition 3 : GL et Littré donnent un deuxième sens : Procédé par lequel on prend le même mot à
la fois au propre et au figuré.

Exemple :

 Galatée est pour Corydon plus douce que le miel du mont Hybla.

2.8. L'aposiopèse (n.f.) :

Étymologie : grec aposiopesis : "silence brusque".

Vieilli, aujourd'hui inusité

Définition : Interruption brusque d'une construction, traduisant une émotion, une hésitation, une
menace.

Exemple :

 Je pourrais vous dire encore... Mais à quoi bon insister ?

2.9. L'anastrophe (n.f.) :

Étymologie : grec anastrophè : "renversement".

Définition : GL : Renversement de l'ordre habituel des mots dans une phrase.

Exemple :

 Restait cette redoutable infanterie de l'armée d'Espagne.(Bossuet)

2.10. La polysyndète :

Étymologie : grec polusundeton : "liaison multiple".

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Définition : GL : Coordination multiple, réalisée par des conjonctions qui joignent des termes d'une
même phrase

Exemple :

 Soit moi, soit lui, soit même toute autre personne,

L'effet contraire est l'asyndète.

2.11. L'épanalepse (n.f.) :

Étymologie : grec epanalepsis, "reprise".

Définition : GL : Reprise d'un nom par un pronom dans la même proposition.

Exemple :

 Pierre, je l'ai rencontré hier.

2.12. L'hendiadys (n.m.) :

Étymologie : grec hen dia duoin, "une chose par deux noms".

Définition : GL : Procédé qui consiste à remplacer un nom accompagné d'un adjectif ou d'un
complément par deux noms unis au moyen d'une conjonction.

Exemple :

 Boire dans des patères et de l'or au lieu de boire dans des patères d'or.

2.13. L'hyperbate (n.f.) :

Étymologie : grec hyperbaton.

Définition : GL : Procédé par lequel on renverse l'ordre habituel des mots.

Exemple :

 Là coule un clair ruisseau au lieu de Un clair ruisseau coule là.

Synonyme d'inversion.

3. Figures de mots (tropes) : extension ou détournement du sens propre des


mots :

3.1. La catachrèse :

Étymologie : grec katachrêsis : "abus".

Définition : Figure de rhétorique qui consiste à détourner un mot de son sens propre.

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Exemples :

 Aller à cheval sur un bâton,


 Les bras d'un fauteuil, les ailes d'un moulin, la chevelure d'une comète, ...
 Une grille d'analyse,
 Un barème, souvenir de M. Barrême)
 Une poubelle, (souvenir du préfet Poubelle)

Définition 2 : Littré : Trope par lequel un mot détourné de son sens propre est accepté dans le
langage commun pour signifier une autre chose qui a quelque analogie avec l'objet qu'il exprimait
d'abord :

Exemples :

 Une langue (parce que la langue est le principal organe de la parole),


 Une glace (miroir : parce qu'elle est plane et luisante comme la glace d'un bassin.)

Le langage technique est un réservoir de catachrèses :


 Culotte (terme de chaudronnerie : goulotte en forme de culotte),
 Guillotine (terme de chaudronnerie : machine pour couper les tôles),
 Grue (machine de levage ressemblant à l'oiseau),
 Sauterelle (transporteur à bande qui adopte la position de l'insecte. L'un est en extension
sur ses longues pattes, l'autre sur ses vérins de relevage),
 Souris (d'ordinateur),
 Manchon (cylindre protecteur autour d'un joint de câble),
 Jarretière (longueur de fil reliant deux équipements.)

L'oubli de la raison d'être initiale de la catachrèse peut conduire à des juxtapositions insolites :
 Du rouge à lèvre rose,
 Un plat creux,
 Un frigidaire Arthur Martin,
 Un fil de fer en cuivre,
 Un verre en carton.

A noter que ces exemples sont au départ des synecdoques (la couleur, la matière, la marque, ...,
désignent un objet précis), puis des extensions (le mot vient à désigner tout objet remplissant la
même fonction), et deviennent des catachrèses quand elles s'incrustent dans la pratique courante.

3.2. L'extension :

Étymologie : latin extensio, de extendere : "étendre".

Définition : Action de donner à quelque chose une portée plus générale, la possibilité d'englober un
plus grand nombre de choses. Pour un mot : le fait de s'appliquer à plus d'objets.

Exemples :

Panier :

 corbeille à pain,
 corbeille quelconque,
 contenu de la corbeille : le prix du panier de la ménagère,

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 ensemble d'objets : l'Euro est constitué d'un panier de monnaies.

Bureau :
 tissu (sorte de bure),
 table de travail recouverte de ce tissu,
 pièce contenant une table de travail.

3.3. La restriction :

Ce qui restreint le développement, la portée de quelque chose.

3.4. La métonymie :

Étymologie : grec metonumia : "changement de nom".

Définition : PR : Figure de rhétorique par laquelle on exprime un concept au moyen d'un terme
désignant un autre concept qui lui est uni par une relation nécessaire :

 la cause pour l'effet


 le contenant pour le contenu
 le signe pour la chose signifiée

Définition 2 : Littré : Figure de rhétorique par laquelle on met un mot à la place d'un autre dont il
fait entendre la signification. En ce sens général la métonymie serait un nom commun à tous les
tropes, mais on la restreint aux usages suivants :
 la cause pour l'effet (ou l'inverse),
 le contenant pour le contenu,
 le nom du lieu où une chose se fait pour la chose elle-même,
 le signe pour la chose signifiée,
 le nom abstrait pour le concret,
 les parties du corps regardées comme le siège des sentiments ou des passions, pour ces
passions et ces sentiments,
 le nom du maître de la maison pour la maison même,
 l'antécédent pour le conséquent.

Définition 2 : BC : Figure qui consiste à désigner un objet par le nom d'un autre objet lié au premier
par la logique ou la pratique.

Exemples :

 Boire un verre, (le contenu d'un verre)


 Ameuter la ville, (les habitants de la ville)
 Avoir une belle main, (écriture)
 L'aigle. (l'Allemagne)

3.5. La synecdoque :

Étymologie : grec sunekdokhê : "compréhension simultanée".

Définition : PR : Figure de rhétorique qui consiste à prendre le plus pour le moins, la matière pour
l'objet, l'espèce pour le genre, la partie pour le tout, le singulier pour le pluriel ou inversement.

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Exemples :

 Les mortels, (pour "les hommes")


 Un fer (pour "une épée") : matière pour l'objet,
 Une voile (pour "un navire") : partie pour le tout.

Définition 2 : GL : Procédé qui donne à un terme un sens plus étendu que ne le comporte son
emploi ordinaire.

Littré : la synecdoque est une espèce de métonymie. Dans la métonymie on prend un nom pour un
autre, dans la synecdoque on prend le plus pour le moins ou le moins pour le plus.

3.6. L'hypallage (n.f.) :

Étymologie : grec hupallagê : "échange, interversion".

Définition : Figure de style/de grammaire qui consiste à attribuer à certains mots d'une phrase ce qui
convient à d'autres mots (de la même phrase).

Exemples :

 Ce marchand accoudé sur son comptoir avide, (V. Hugo)


 Rendre quelqu'un à la vie (pour "rendre la vie à quelqu'un".)

Définition 3 : Littré : Figure par laquelle on paraît attribuer à certains mots d'une phrase ce qui
appartient à d'autres mots de cette phrase, sans qu'il soit possible de se méprendre au sens :

Exemple :

 Enfoncer son chapeau dans sa tête.

Une hypallage est vicieuse quand l'attribution ne peut se faire que de façon indirecte :
 Blessés crâniens (c'est la blessure, et non la personne blessée, qui est "crânienne"),
 Aliéné mental (c'est l'aliénation, et non la personne aliénée, qui est "mentale"),
 Médaillé militaire (c'est la médaille, et non celui qui la reçoit, qui est "militaire".)

3.7. L'antonomase :

Étymologie : grec antonomasia.

Définition : PR : Figure de rhétorique consistant à remplacer un nom par l'énoncé d'une qualité
propre à l'objet ou à l'être qu'il désigne.

Exemples :

 Le Docteur angélique (Saint Thomas d'Aquin.)

Définition 2 : GL : Emploi d'un nom propre pour un nom commun ou réciproquement.

Exemples :

 L'Empereur des Français (pour "Napoléon".)


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Définition 3 : Grevisse : Figure de langage désignant un personnage par le caractère dont il est le
type, ou un individu qui a un certain caractère, par le personnage qui en est le type.

Définition 3 : Littré : Sorte de synecdoque qui consiste à prendre un nom commun pour un nom
propre, ou l'inverse.

Exemples :

 L'Orateur romain, (Cicéron)


 La Vierge, (Marie)
 C'est un vrai tartufe,
 Quel harpagon !
 Un zoïle (un critique.)

Nota : une expression comme "l'auteur des Géorgiques" (Virgile) n'est pas une antonomase, mais
une périphrase.

3.8. La paronomase :

Étymologie : grec para, "à côté" et onoma, "nom".

Définition : GL : Procédé de style qui consiste à employer à côté l'un de l'autre des mots dont le son
est à peu près semblable, mais dont le sens est différent.

Exemples :

 Traduttore, tradittore,
 Qui vivra verra,
 Qui se ressemble s'assemble.

4. Figures de pensée : présentation de la pensée sous une forme plus vive :

4.1. L'hypotypose :

Étymologie : grec hupotupôsis.

Vieilli, aujourd'hui inusité

Définition : Littré : Description animée, vive et frappante, qui met pour ainsi dire la chose sous les
yeux.

4.2. La périphrase :

Etymologie : grec periphrazein : "parler autour".

Définition : Figure qui consiste à exprimer une notion, qu'un seul mot pourrait désigner, par un
groupe de plusieurs mots.

Définition 2 : Littré : Figure de style par laquelle, au lieu d'un seul mot, on en met plusieurs qui
forment le même sens. Périphrase est littéraire et relatif seulement à la forme du discours, au lieu
que circonlocution est de la langue commune et se rapporte au sens, aux idées. On se sert de

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périphrases pour embellir le discours, et de circonlocutions pour adoucir ce qui blesserait, pour
écarter des idées désagréables, basses ou peu honnêtes. La périphrase ne fait que tenir la place d'un
mot ou d'une expression ; au fond, elle ne dit pas davantage ; au lieu que la paraphrase ajoute
d'autres pensées, elle explique, elle développe.

Exemples :

 La Ville-Lumière, (pour "Paris")


 La Ville Éternelle, (pour "Rome")
 L'oiseau de Jupiter, de Junon. (pour "l'aigle", "le paon")

On peut user de périphrases pour toucher à un sujet délicat : voir euphémisme.

4.3. La circonlocution :

Étymologie : latin circumlocutio : "parler autour".

Définition : Manière d'exprimer sa pensée d'une façon indirecte (GL : et imprécise.)

Voir ambage, périphrase.

4.4. L'apostrophe (n.f.) :

Étymologie : grec apostrophê.

Définition : PR : Figure de rhétorique par laquelle un orateur interpelle tout à coup une personne ou
même une chose qu'il personnifie.

Définition 2 : GL : Procédé par lequel on s'interrompt pour adresser la parole à des personnes
présentes, absentes ou mortes, à des objets inanimés.

Exemples :

 Ô Mort, éloigne-toi !
 Ô Temps, suspend ton vol ! (Chateaubriant)
 Soleil, je te viens voir pour la dernière fois. (J. Racine, Phèdre)

4.5. La prosopopée :

Étymologie : grec prosopopeia, de prosopon : "personne".

Définition : Figure par laquelle on fait parler et agir une personne que l'on évoque, un absent, un
mort, un animal, une chose personnifiée.

Définition 2 : Littré : Figure de rhétorique qui prête de l'action et du mouvement aux choses
insensibles, qui fait parler les personnes soit absentes, soit présentes, les choses inanimées, et
quelquefois même, les morts.

Exemples :

Je vis cette faucheuse, elle était dans son champ, (V. Hugo)

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 La camarde (..) me poursuit d'un zèle imbécile. (G. Brassens, Supplique pour être enterré
sur la plage de Sète)

4.6. L'interrogation :

Étymologie : latin interrogatio.

Définition : PR : Type de phrase logiquement incomplète qui a pour objet de poser une question ou
qui implique un doute.

Définition 2 : Grevisse : Interrogation oratoire : figure de rhétorique par laquelle on donne à


entendre qu'il faut admettre comme évidente la proposition contradictoire à celle qu'on exprime
fictivement sous la forme interrogative.

Exemples :

 Est-il possible qu'il ait fait une telle faute ? (= Il n'est pas possible...)
 Ne vous avais-je pas averti ? (= Je vous avais averti)

Définition 2 : Littré : Figure de rhétorique par laquelle l'orateur adresse à son adversaire ou au
public une ou plusieurs questions auxquelles il sait bien qu'on ne répondra pas.

4.7. L'interjection :

Littré : Figure de rhétorique qui consiste à interrompre le sens pour placer une exclamation, une
réflexion plus ou moins prolongée.

4.8. L'exclamation :

Étymologie : latin exclamatio.

Définition : PR : Cri, paroles brusques exprimant de manière spontanée une émotion, un sentiment.

Définition 2 : GL : Mot interjectif ou phrase réduite dans lesquels l'intonation exprime une émotion
violente ou un jugement teinté d'affectivité.

Définition 3 : Littré : Figure de rhétorique qui consiste à se livrer tout à coup dans le discours aux
élans impétueux de la passion.

Exemple :

 Quelle erreur !

Définition 2 : Grevisse distingue trois variétés :


 La proposition exclamative proprement dite traduit, avec la force d'un cri, la joie, la
douleur, l'admiration, la surprise, l'indignation, la pitié, la crainte, l'ironie, ou quelque autre
sentiment du sujet parlant.
 La proposition optative exprime un souhait, un désir :
o Que Dieu vous entende !
 La proposition impérative exprime un ordre, un conseil, une prière :
o Partez !

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 Enfin, la proposition exclamative peut se présenter sous une forme interrogative :
o Moi, Seigneur, que je fuie ! (Racine)

4.9. L'ironie :

Étymologie : grec eironeia : "action d'interroger en feignant l'ignorance".

Définition : Manière de se moquer (de quelqu'un ou de quelque chose) en disant le contraire de ce


qu'on veut faire entendre.

4.10. Le charientisme :

Vieilli, aujourd'hui inusité

Définition : Littré : Espèce de trope consistant dans une ironie où on laisse entendre, plutôt qu'on ne
l'exprime, ce qu'il y a de piquant dans la pensée.

4.11. L'anticipation :

Étymologie : latin anticipatio.

Définition : Mouvement de la pensée qui imagine ou vit d'avance un événement.

Définition 2 : Littré : Réfutation anticipée d'objections prévues.

Synonyme de prolepse.

Exemple :

 J'aurai, le revendant, de l'argent bel et bon. (La Fontaine, Perrette et le pot au lait)

4.12. La prolepse :

Étymologie : grec prolêpsis : "anticipation".

Définition : PR : Figure de rhétorique par laquelle on prévient une objection, en la réfutant


d'avance.

Définition 2 : GL : Procédé qui consiste à employer une épithète marquant un événement qui
précède celui qui est indiqué par le substantif ou à placer un mot dans la proposition qui précède
celle où il devrait être.

Exemple :

 Le malheureux enfant, il ne sait pas ce qui l'attend.

4.13. La concession :

Etymologie : latin concessio.

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Définition : Littré : Figure de rhétorique par laquelle on accorde à son adversaire ce qu'on pouvait
lui disputer.

Définition 2 : L'Académie française donne un sens plus restrictif : figure par laquelle on feint
d'accorder à son adversaire ce qu'en réalité on lui refuse.

Exemple :

 Vous prétendez que vos intentions étaient honnêtes. Admettons ! Il n'en reste pas moins
que...

4.14. La réfutation :

Étymologie : latin refutatio, de refutare : "repousser".

Définition : Partie du discours dans laquelle on répond aux objections exprimées ou prévues.

4.15. La métastase :

Vieilli, aujourd'hui inusité

Définition : Littré : Figure de rhétorique consistant à rejeter sur le compte d'autrui les choses que
l'orateur est forcé d'avouer.

4.16. L'épiphonème (n.m.) :

Étymologie : grec epi, "sur", et phônêma, "voix".

Définition : GL : Exclamation sentencieuse par laquelle on termine un récit, un discours.

Exemple :

 Tant de fiel entre-t-il dans l'âme des dévôts ! (Boileau, Le Lutrin)

4.17. La métalepse :

Étymologie : grec metalêpsis, "transposition".

Définition : GL : Figure de rhétorique par laquelle on fait entendre l'antécédent par le conséquent,
ou l'inverse.

Exemples :

 Antécédent par le conséquent : Hélas ! nous le pleurons au lieu de Hélas ! il est mort,
 Conséquent par l'antécédent : Ils ont vécu au lieu de Ils sont morts.

5. Figures de comparaison :

5.1. La comparaison :

Définition : Rapport établi entre un objet et un autre terme.

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Définition 2 : Littré : Figure de rhétorique par laquelle, pour éclaircir une idée ou pour orner le
discours, on applique à un objet des traits de ressemblance empruntés à un objet différent.

Synonyme de similitude.

Exemple :

 Sa barbe était d'argent comme un ruisseau d'avril. (V. Hugo, Booz endormi)

5.2. Le cliché :

PR : Idée ou expression trop souvent utilisée.

5.3. Le poncif :

Expression littéraire dénuée d'originalité

5.4. Le lieu commun :

Fait de style qu'un emploi trop fréquent a affadi.

Exemples :

 Notre souverain (...) qui dirige à la fois d'une main si ferme et si sage le char de l'Etat
parmi les périls incessants d'une mer orageuse... (Flaubert, Madame Bovary)
 Le blanc manteau de la neige.

5.5. La métaphore :

Étymologie : grec metaphora : "transposition".

Définition : PR : Figure de rhétorique qui consiste dans un transfert de sens (terme concret dans un
contexte abstrait) par substitution analogique.

Définition 2 : GL : Figure de rhétorique qui consiste à "transporter" un mot de l'objet qu'il désigne
d'ordinaire à un autre objet auquel il ne convient que par une comparaison sous-entendue.

Définition 3 : BC : Figure qui établit entre deux termes une relation d'analogie ou d'équivalence,
tout en échappant à l'épreuve de vérité.

Définition 4 : Littré : Figure de rhétorique par laquelle la signification naturelle d'un mot est
changée en une autre. La métaphore est une figure par laquelle on transporte, pour ainsi dire, la
signification propre d'un nom à une autre signification qui ne lui convient qu'en vertu d'une
comparaison qui est dans l'esprit.

Exemples :

 La racine du mal, ("racine" exprime l'idée abstraite de point d'attache)


 Une source de chagrins, ("source" exprime l'idée abstraite d'origine)
 La lumière de l'esprit, (pour "l'intelligence" : périphrase dans laquelle lumière est utilisée
métaphoriquement)

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 L'hiver de la vie, (pour "la vieillesse" : périphrase dans laquelle hiver est utilisé
métaphoriquement)
 Tête de Turc, (objet sur lequel on frappe => personne sur laquelle on s'acharne)
 Bouc émissaire. (animal chargé des péchés d'Israël => personne rendue responsable d'une
situation)

Expression :
 Filer une métaphore : la développer longuement, progressivement.

Une métaphore est incohérente quand ses termes ne peuvent pas s'accorder :
 Un torrent qui s'allume,
 Le char de l'Etat navigue sur un volcan,
 Gloire à ceux qui ont forgé silencieusement mais efficacement le fier levain qui demain ou
après-demain au plus tard, fera germer le grain fécond du ciment victorieux, au sein
duquel, enfin, sera ficelée, entre les deux mamelles de l'harmonie universelle, la
prestigieuse clé de voûte qui ouvrira à deux battants, la porte cochère d'un avenir meilleur
sur le péristyle d'un monde nouveau...(Pierre Dac)

5.6. L'antimétathèse :

Vieilli, aujourd'hui inusité

Définition : Littré : Figure de grammaire par laquelle deux ou plusieurs lettres d'un mot se mettent
l'une à la place de l'autre, comme utile et tuile.

Définition 2 : Littré : Figure de mot par laquelle deux phrases font pour ainsi dire entre elles
l'échange des mots qui les composent, de manière que chacun se trouve à son tour à la même place
et dans le même rapport où était l'autre.

Exemple :

 Courbe la tête, fier Sicambre, adore ce que tu as brûlé et brûle ce que tu as adoré. (Saint
Rémy, avant de baptiser Clovis)

Synonymes : renversement, antimétabole, antimétalyse.

5.7. L'analogie :

Étymologie : latin analogia.

Définition : PR : Ressemblance établie par l'imagination (souvent consacrée dans le langage par les
diverses acceptions d'un même mot) entre deux ou plusieurs objets de pensée essentiellement
différents.

Définition : BC : Rapport de ressemblance fondé sur une proportion à quatre termes : a est à b ce
que c est à d.

Exemple :

 La justice militaire est à la justice ce que la musique militaire est à la musique.


(Clemenceau)

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5.8. L'apologue (n.m.) :

Littré : Exposé d'une vérité morale sous une forme allégorique, et dans lequel l'enseignement est
presque toujours donné par une assimilation de l'espèce humaine aux êtres que l'on fait parler ou
agir.

Synonymes : fable, parabole

5.9. L'allégorie :

Étymologie : grec allegoria.

Définition : PR : Suite d'éléments descriptifs ou narratifs dont chacun correspond aux divers détails
de l'idée qu'ils prétendent exprimer. Peinture dont chaque élément évoque minutieusement les
aspects d'une idée.

Définition 2 : GL : Expression d'une idée par une image, un tableau, un être vivant, etc. Oeuvre
littéraire ou artistique utilisant cette forme d'expression.

Définition 3 : BC : Mode de pensée et d'expression consistant à employer des personnifications à la


place de notions abstraites, dans une structure narrative qui les fait agir et surtout parler.

Définition 4 : Littré : Sorte de métaphore continuée, espèce de discours qui s'est d'abord présenté
sous un sens propre, et qui ne sert que de comparaison pour donner l'intelligence d'un autre sens,
qu'on n'exprime point.

5.10. La parabole :

Étymologie : grec parabolê, "comparaison".

Définition : GL : Comparaison développée dans un récit, servant de voile à une vérité, à un


enseignement. La parabole était une comparaison utilisée par le Christ dans sa prédication pour
initier à son enseignement.

6. Figures d'opposition :

6.1. L'antinomie :

Étymologie : grec anti : "contre" et nomos : "loi".

Définition : GL : Contradiction entre deux dispositions d'un même texte. Littré : contradiction entre
deux lois.

6.2. L'antithèse :

Étymologie : grec antithesis : "opposition".

Définition : Figure de rhétorique : opposition de deux pensées, de deux expressions que l'on
rapproche dans le discours pour en faire mieux ressortir le contraste.

Exemples :

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 Car le jeune homme est beau, mais le vieillard est grand, (V. Hugo)
 Puisqu'on ne peut être universel en sachant tout ce qui se peut savoir sur tout, il faut savoir
un peu de tout, (Pascal, Pensées)
 On appelle ce jargon beauté poétique (...) qui consiste à dire de petites choses avec de
grands mots. (Pascal, Pensées)

Une rupture dans la logique de pensée peut créer un effet comique dans l'antithèse :
 Ces messieurs hauts de forme et bas de plafond, ces messieurs parlent raison (Prévert,
Grand bal du printemps / A Paris...).

6.3. L'antiphrase :

Étymologie : grec antiphrasis.

Définition : Trope : Manière d'employer un mot, une locution dans un sens contraire au sens
véritable, par ironie ou euphémisme.

Définition : Littré : Emploi d'un mot ou d'une proposition dans un sens contraire à son véritable
sens. Une antiphrase est une contre-vérité réduite à un seul mot, à une seule dénomination.

Exemples :

 Le nom de "boeuf" que le roitelet porte dans plusieurs provinces, lui est donné par
antiphrase à cause de son extrême petitesse, (Buffon)
 Celui-là chez eux [les courtisans] est sobre est modéré, qui ne s'enivre que de vin. (La
Bruyère, Les caractères)

6.4. Le paradoxe :

Étymologie : grec paradoxos : "contraire à l'opinion commune".

Définition : PR : Opinion qui va à l'encontre de l'opinion communément admise.

Exemple :

 Se moquer de la philosophie, c'est vraiment philosopher. (Pascal)

6.5. L'oxymore :

Définition : BC : Figure de mots : alliance de mots de sens opposés.

Exemples :

 Heureux mal,
 Cette obscure clarté qui tombe des étoiles. (Corneille, Le Cid)

6.6. Le chiasme :

Étymologie : grec chiasmos, "disposition en forme de croix"

Définition : GL : Procédé qui consiste en une double antithèse dont les termes sont inversés.

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Exemple :

 Un roi chantait en bas, en haut mourait un dieu.

Définition : PR : Figure de rhétorique formée d'un croisement des termes (là où le parallélisme
serait normal.)

Exemple :

 Il faut manger pour vivre, et non pas vivre pour manger. (Molière, L'Avare)

7. Figures de répétition :

7.1. L'antanaclase (n.f.) :

Vieilli, aujourd'hui inusité

Définition : Littré : Figure de rhétorique, répétition d'un même mot en des sens différents.

Exemple :

 Le coeur a ses raisons, que la raison ne connaît point. (B. Pascal, Pensées)

7.2. L'antanagoge (n.f.) :

Vieilli, aujourd'hui inusité

Définition : Littré : Récrimination, reproche qu'on oppose à un autre reproche, figure par laquelle on
rétorque une accusation.

7.3. L'antapodose (n.f.) :

Vieilli, aujourd'hui inusité

Définition : Littré : Seconde partie d'une similitude qui répond exactement à la première.

7.4. L'antilogie :

Vieilli, aujourd'hui inusité

Définition : Littré : Contradiction de langage.

7.5. L'antiparastase (n.f.) :

Vieilli, aujourd'hui inusité

Définition : Littré : Figure de rhétorique qui consiste en ce qu'un accusé maintient qu'il devrait être
loué plutôt que blâmé, s'il avait fait ce qu'on lui impute.

7.6. L'allitération :

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Étymologie : anglais alliteration, du latin littera : "lettre".

Définition : Répétition des mêmes sonorités produisant un effet harmonieux ou pittoresque.

Définition 2 : Littré : Figure de diction qui consiste à répéter ou opposer plusieurs fois la même ou
les mêmes lettres.

Synonyme : paragrammatisme.

Exemples :

 Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala, (V. Hugo)


 Tout m'afflige et me nuit et conspire à me nuire, (Racine)
 Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes, (Racine)
 Le riz tenta le rat, le rat tenté tâta le riz.

7.7. L'anaphore (n.f.) :

Étymologie : grec anaphora : "reprise".

Définition : Figure de rhétorique : répétition d'un mot en tête de plusieurs membres de phrase, pour
obtenir un effet de renforcement ou de symétrie.

Exemple :

Mon bras qu'avec respect toute l'Espagne admire, Mon bras qui tant de fois a sauvé cet Empire...
(Corneille)

7.8. La symploque :

Littré : Répétition consistant à commencer plusieurs membres de phrases ou à les finir par le même
mot.

7.9. L'anadiplose (n. f.) :

Littré : Espèce de répétition qui consiste à placer deux fois de suite le même mot à la fin de la
phrase qui finit et au commencement de celle qui commence, pour donner plus de force à
l'expression.

Exemple :

Et les princes et les peuples gémissaient en vain ; en vain Monsieur, en vain le Roi lui-même
tenaient Madame serrée ... (Bossuet, Oraison funèbre pour la Duchesse d'Orléans).

7.10. Le pléonasme :

Étymologie : grec pleonasmos.

Définition : Terme ou expression qui ne fait qu'ajouter une répétition à ce qui vient d'être énoncé.

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Définition 2 : Grevisse : Abondance d'expressions non exigée par l'énoncé strict de la pensée. Il peut
servir à donner plus de force et de relief à tel ou tel élément de la proposition.

Définition : Littré : Surabondance de termes, donnant plus de force à l'expression. Figure de syntaxe
par laquelle on ajoute à une phrase des mots qui paraissent superflus par rapport à l'intégrité
grammaticale, mais qui servent pourtant à y ajouter des idées accessoires, surabondantes, soit pour
y jeter de la clarté, soit pour en augmenter l'énergie.

Exemple :

 Je l'ai vu de mes yeux.

Le pléonasme est vicieux lorsqu'il n'ajoute rien à la force de l'expression :


 Reculer en arrière.

7.10b. La périssologie :

Étymologie : grec perissologia, "redondance", "superfluité".

Définition : PR : pléonasme fautif - Procédé d'insistance par répétition.

7.11. La tautologie :

Étymologie : grec tautologia.

Définition : PR : Vice logique consistant à présenter, comme ayant un sens, une proposition dont le
prédicat ne dit rien de plus que le sujet.

Définition : GL : Négligence de style consistant à présenter comme des idées différentes ce qui, en
réalité, n'est que la même idée sous plusieurs formes.

7.12. La battologie :

Vieilli, aujourd'hui inusité

Définition : Littré : Répétition oiseuse, fastidieuse des mêmes pensées sous les mêmes termes.

7.13. Le paréchème :

Définition : Littré : Défaut de langage par lequel on place à côté l'une de l'autre des syllabes de
même son.

Exemple :

Il faut qu'entre nous nous nous nourrissions.

7.14. L'accumulation :

Définition : Figure de rhétorique : action de mettre ensemble en grand nombre (des idées, des
preuves, etc.)

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Définition 2 : GL : Procédé stylistique qui consiste à accumuler les mots pour rendre l'idée plus
frappante.

7.15. L'énumération :

Définition : Énumération des parties : figure de rhétorique.

7.16. L'imprécation :

Étymologie : latin imprecatio, de precari : "prier".

Définition : Figure de rhétorique : souhait de malheur contre quelqu'un.

Définition : Littré : L'imprécation est une prière, la malédiction est une sentence prononcée au nom
d'un sentiment religieux par une personne qui a le droit de la prononcer. L'anathème est une
réprobation, un blâme solennel.

Expressions :

 Proférer des imprécations.


 Se répandre en imprécations contre quelqu'un.

8. Figures d'amplification ou d'atténuation :

8.1. L'hyperbole :

Étymologie : grec huper et ballein : "lancer".

Définition : Figure de style qui consiste à mettre en relief une idée au moyen d'une expression qui la
dépasse.

Définition : Littré : Figure de rhétorique qui consiste à augmenter ou à diminuer excessivement la


vérité des choses pour qu'elle produise plus d'impression.

Exemple :

 Un géant. (pour "un homme de haute taille")

Le contraire de l'hyperbole est la litote.

8.2. La gradation :

Étymologie : latin gradatio, de gradus : "degré".

Définition : PR : Figure de rhétorique qui consiste à disposer plusieurs mots ou expressions selon
une progression de sens croissante et décroissante.

Définition 2 : GL : Disposition des termes d'une énumération dans un ordre de valeur croissant ou
décroissant.

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Définition 3 : Littré : Figure par laquelle on accumule plusieurs termes ou plusieurs idées qui
enchérissent l'une sur l'autre.

Exemples :

 C'est un roc !... c'est un pic !... c'est un cap! Que dis-je, c'est un cap ? C'est une péninsule !
(Ed. Rostand, Cyrano de Bergerac)
 J'aime, que dis-je aimer ? J'idolâtre Junie (Racine, Britannicus)

8.3. La litote :

Étymologie : grec litotes : "simplicité".

Définition : Figure de rhétorique qui consiste à atténuer l'expression de sa pensée pour faire
entendre le plus en disant le moins. On se sert d'une litote quand on suggère une idée par la négation
de son contraire.

Exemples :

 Ce n'est pas mauvais, (pour "c'est très bon")


 Va, je ne te hais point. (Corneille)

Le contraire de la litote est l'hyperbole.

8.4. L'euphémisme (n.m.) :

Etymologie : grec eu : "bien" et phêmê : "parole".

Définition : Figure de rhétorique : expression atténuée d'une notion dont l'expression directe aurait
quelque chose de déplaisant.

Exemples :

 Disparu, (pour "mort")


 Il n'est plus jeune. (pour "il est vieux")

8.5. La prétérition :

Étymologie : latin praeteritio : "omission".

Définition : PR : Figure par laquelle on attire l'attention sur une chose en déclarant n'en pas parler.

Définition 2 : GL : Procédé de style par lequel on déclare passer sous silence une chose dont on
parle néanmoins par ce moyen indirect.

Définition 3 : Littré : Figure de rhétorique par laquelle on feint d'omettre des circonstances sur
lesquelles on insiste avec beaucoup de force.

Synonymes : prétermission, paralipse.

Exemples :

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 Je ne dirai rien de son dévouement, qui ...
 Dupont, pour ne pas le nommer,
 Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe, ni les voiles au loin descendant vers Harfleur. (V.
Hugo, A Villequier)

8.6. L'allusion :

Étymologie : latin allusio.

Définition : Manière d'éveiller l'idée d'une personne ou d'une chose sans en faire expressément
mention.

Définition 2 : Littré : Figure de rhétorique consistant à dire une chose qui fait penser à une autre.

Expressions :

 Faire allusion à un événement.


 L'allusion m'échappe.

8.7. La réticence :

Étymologie : latin reticentia : "silence obstiné".

Définition : Voir interruption, silence.

Définition 2 : PR : Figure par laquelle on interrompt brusquement la phrase, en laissant entendre ce


qui suit.

Définition 3 : Littré : Sorte de prétérition où, commençant l'expression de sa pensée, on s'arrête


avant de l'avoir achevée. La réticence consiste à passer sous silence des pensées que l'on fait mieux
connaître par ce silence, que si on parlait ouvertement.

Exemples :

 Je devrais sur l'autel où ta main sacrifie,


Te... mais du prix qu'on m'offre il faut me contenter (Racine, Athalie)

9. La déprécation :

Étymologie : latin deprecatio.

Définition : PR : Prière faite avec soumission, pour détourner un malheur, pour obtenir le pardon
d'une faute.

Définition 2 : GL : Prière instante adressée à la divinité, à une puissance quelconque, à un homme


même, afin d'obtenir une protection ou une faveur spéciale, l'éloignement d'un danger.

Définition 3 : Littré : Figure par laquelle on s'interrompt au milieu d'un discours pour demander aux
dieux d'écarter un malheur ou un danger.

Exemples :

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 Qu'on appelle mon fils, qu'il vienne se défendre,
Qu'il vienne me parler, je suis prêt de l'entendre,
Ne précipite pas tes funestes bienfaits,
Neptune... (Racine, Phèdre)

10. La pointe :

BC : Trait brillant et surprenant amené à la fin de certaines formes poétiques, en particulier


l'épigramme.

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