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la reconnaissance
Des revendications collectives
à l’estime de soi
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les individus que les groupes. Au travail, elle concerne toutes les
organisations, privées ou publiques, et toutes les professions, du
bas en haut de la hiérarchie et prend la forme de revendications
de salaires, de statuts, mais aussi d’une demande plus générale et
plus difuse qui porte sur la personne elle-même, le « respect » et
la dignité que chacun estime dus.
Mais de quelle reconnaissance parle-t-on ? Ne s’agit-il pas
d’un concept fourre-tout ? Nombreux sont ceux qui se sont
interrogés, d’hier à aujourd’hui, sur le besoin de considération
collective ou individuelle, sur ce qui se joue « sous le regard de
l’autre ».
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La reconnaissance
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Les philosophes de la reconnaissance
les philosophes
de la reconnaissance
Les philosophes de l’Antiquité, Aristote, Platon, et après eux les grands
moralistes de l’époque classique, comme Montaigne ou La Rochefoucauld,
n’ignorent pas le caractère social de l’être humain. Mais ils le considèrent
généralement comme une faiblesse. La recherche d’approbation des autres
humains est une coupable vanité ; le sage doit atteindre l’autosuisance.
Il faut attendre le milieu du xviiie siècle, avec le relux des privilèges et
l’émergence de la notion de dignité de l’individu, pour que des philosophes
airment le besoin inné de reconnaissance de l’humain.
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Penser la reconnaissance
HEGEL (1770-1831) :
L’« ANERKENNUNG » OU LA RECONNAISSANCE
Hegel, peut-être parce qu’il est le premier à utiliser ce terme, est sou-
vent considéré comme le principal philosophe de la reconnaissance. Il
s’était en efet donné comme projet de reconstituer à l’aide du concept de
reconnaissance l’histoire de l’évolution de la moralité humaine. Selon lui,
ce qui diférencie l’animal de l’homme, c’est que le premier n’obéit qu’à son
instinct de conservation, alors que le second, en plus de ce désir biologique
de la vie, aspire à la reconnaissance de sa valeur par autrui. L’homme pour-
rait alors aller jusqu’à la mort pour obtenir les honneurs.
Hegel considère que la lutte pour la reconnaissance, « lutte à mort de
pur prestige », est à l’origine des progrès dans la moralité. Le progrès moral
s’accomplirait par une succession de paliers, trois modèles de reconnais-
sance de plus en plus ambitieux, que les sujets cherchent à atteindre : la
reconnaissance juridique, déinissant la sphère de la liberté individuelle, la
reconnaissance dans l’amour, ofrant la sécurité afective, et la reconnais-
sance dans l’État, qui permet à chacun de contribuer à la reproduction de
l’ordre social dans le respect de lui-même.
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Les philosophes de la reconnaissance
CHARLES TAYLOR :
PAS D’INDIVIDU SANS AUTRUI
AXEL HONNETH :
JUSTICE SOCIALE ET RECONNAISSANCE
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AXEL HONNETH
ET LA LUTTE POUR LA RECONNAISSANCE
De Hegel à Honneth
On doit au philosophe allemand Axel Honneth d’avoir repris
la question de la reconnaissance avec rigueur pour en faire le
pivot d’une nouvelle théorie de la société. Le concept n’est pas
neuf. Hegel dans la Phénoménologie de l’esprit mettait en scène
la lutte engagée par deux individus pour faire reconnaître l’un à
l’autre leur liberté. Ce conlit prenait la forme d’un afrontement
marquant le besoin qu’a chacun du regard de l’autre pour recon-
naître sa propre valeur. C’est donc sur une lecture de Hegel que
A. Honneth, le dernier héritier de l’école de Francfort, va asseoir
sa théorie critique de la société, et non sur Karl Marx comme
l’avaient fait ses prédécesseurs. La lutte pour la reconnaissance
produit une tension qui pousse la société à approfondir toujours
plus ses principes de justice. Elle joue un rôle moteur dans l’his-
toire qui conduit par exemple dans la sphère politique à étendre
le droit de vote d’une petite élite à tous les hommes, puis aux
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Axel Honneth et la lutte pour la reconnaissance
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Penser la reconnaissance
tant sa contribution.
• Le principe de l’égalité dans la sphère des relations juridiques. Chacun
doit pouvoir sentir avoir les mêmes droits que les autres individus pour
développer ainsi le sentiment de respect de soi.
Pour A. Honneth, ce sont ces trois principes de reconnaissance qui
déterminent les attentes légitimes de chacun.
Catherine Halpern
1- P. Ricœur, Parcours de la reconnaissance. Trois études, Stock, coll. « Les Essais », 2004.
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Parcours de la reconnaissance
Catherine Halpern
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SOUS LE REGARD
DES AUTRES
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Sous le regard des autres
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Penser la reconnaissance
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Sous le regard des autres
reconnaissance de conformité
et reconnaissance de distinction
Il faut maintenant séparer deux formes de reconnais-
sance auxquelles nous aspirons tous, mais dans des proportions
très diverses. On pourrait parler à leur propos d’une reconnais-
sance de conformité et d’une reconnaissance de distinction. Ces
deux catégories s’opposent l’une à l’autre : ou bien je veux être
perçu comme diférent des autres, ou bien comme leur sem-
blable. Celui qui espère se montrer le meilleur, le plus fort, le
plus beau, le plus brillant veut évidemment être distingué parmi
tous ; c’est une attitude particulièrement fréquente pendant la
jeunesse. Mais il existe aussi un tout autre type de reconnais-
sance qui est, lui, caractéristique plutôt de l’enfance et, plus tard,
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Sous le regard des autres
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Penser la reconnaissance
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Penser la reconnaissance
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Sous le regard des autres
vivre. Il n’est pas certain qu’il retrouve tout cela dans le loisir :
personne n’y a besoin de lui, les rapports humains qui s’y nouent
sont dépourvus de toute nécessité. Le repos physique peut être le
bienvenu, mais l’absence de reconnaissance engendre l’angoisse.
Donner sens et agrément au travail lui-même est sans aucun
doute plus utile que de multiplier les loisirs.
Quelles que soient les formes de la reconnaissance, une de ses
caractéristiques premières ne doit pas être oubliée : la demande
étant par nature inépuisable, sa satisfaction ne peut jamais être
complète ou déinitive. Avec la meilleure volonté du monde, les
parents ne peuvent occuper tout le temps de veille du nourris-
son : d’autres êtres les sollicitent, à côté de lui, et puis eux-mêmes
ont besoin d’autres sortes de reconnaissance, et non pas seule-
ment de celle que leur accorde, indirectement, leur bébé. Du
reste, celui-ci élargit rapidement le rayon de son avidité : il n’y a
pas que les parents qui doivent lui accorder toute leur attention,
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Tzvetan Todorov
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La reconnaissance au cœur du social
1- P. Ricœur, Parcours de la reconnaissance. Trois études, Stock, coll. « Les Essais », 2004.
2- F. Fischbach, Fichte et Hegel, la reconnaissance, Puf, 1999.
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Penser la reconnaissance
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La reconnaissance au cœur du social
le déni de reconnaissance
On doit à Christophe Dejours d’avoir souligné toute l’impor-
tance de la reconnaissance interindividuelle dans l’activité pro-
fessionnelle. Tout travail étant générateur de soufrance, celui-ci
ne peut remplir une fonction psychique positive pour l’individu
qu’à condition qu’il parvienne à transformer cette soufrance en
plaisir. La reconnaissance par les collègues et la hiérarchie joue
un rôle non négligeable à cette in. Mais la reconnaissance de la
réalité et de l’utilité du travail conditionne également la coordi-
nation des diférentes activités ; la dimension coopérative du tra-
vail dépend donc aussi de la reconnaissance. Si les composantes
psychologiques et sociologiques de l’activité de travail font inter-
venir une problématique de reconnaissance, C. Dejours montre
également que le sentiment d’injustice est souvent référé par les
salariés à un manque de reconnaissance8. à l’heure où le nou-
veau management utilise la promesse de reconnaissance comme
une technique de gestion du personnel, voire de domination,
la question de la reconnaissance devient brûlante, et exige sans
7- E. Renault, Mépris social. Éthique et politique de la reconnaissance, Éditions du Passant,
2000.
8- C. Dejours, Le Facteur humain, 4e éd., Puf, coll. « Que sais-je ? », 2005, et Travail,
usure mentale, nouv. éd., Bayard, 2000.
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Penser la reconnaissance
Emmanuel Renault
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11- Ibid.
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Penser la reconnaissance
ou de disqualiication.
Selon Charles Taylor, la position libérale s’avère insuisante au vu
même de ses objectifs. Tout d’abord, elle semble incapable de protéger
la liberté qu’elle croit garantir. En efet, celle-ci n’est pas seulement mise
en danger par les violations explicites des droits universels, mais aussi par
l’oppression dont sont victimes tous ceux qui s’identiient à des valeurs
socialement méprisées ou disqualiiées. La position libérale ne peut pas non
plus garantir ce qu’elle présente comme un autre de ses buts principaux :
la constitution de l’espace politique comme une instance de neutralisation
de l’afrontement des options morales et religieuses divergentes. C’est en
efet un fait peu contestable que chaque société donne une interprétation
particulière des principes universels dont elle se réclame. Une telle interpré-
tation relète toujours la culture du groupe social dominant, et implique
donc toujours une certaine forme de dévalorisation, voire d’exclusion, des
individus dont les croyances appartiennent à d’autres ensembles culturels :
« Par conséquent, la société prétendument généreuse et aveugle aux dif-
férences est non seulement inhumaine (parce qu’elle supprime les identi-
tés), mais hautement discriminatoire par elle-même, d’une façon subtile
et inconsciente. » (C. Taylor, Multiculturalisme. Diférence et démocratie,
Aubier, 1994)
E.R.