Nous désirons offrir à l'étudiant ou au curieux qui pénètre sur le chemin de la Magie Cérémonielle quelques clés
relatives aux Mots de Pouvoir qu'il peut rencontrer dans les divers Rituels qu'il aura à étudier et à pratiquer. Certains
mots peuvent sembler insensés ou mystérieux, alors qu'un examen préliminaire permet d'ouvrir la compréhension de
leur signification réelle et le pourquoi de leur utilisation dans les rituels. Ce qui suit est plus un plan qu'une étude
exhaustive. Pour ce présent travail, nous nous sommes basés sur les oeuvres de Israël Regardie ainsi que sur le «
Dogme et Rituel » de P. Pissier et de M. Léon.
AGLA
Dans le Rituel de Bannissement du Pentagramme, on utilise le Mot de Pouvoir AGLA ÐÒÜÐ. Ce Mot est en réalité un
Notariqon de la phrase « Atah Guibor Leolam Adonaï » (A Toi la Puissance pour toujours, Seigneur !). Il est étonnant
d'apprendre dès lors que les Wiccan utilisent ce mot de pouvoir dans leurs évocations ! Adonaï est implicitement
invoqué. Cependant, comme nous le verrons plus loin dans cet article, le symbolisme d'Adonaï peut se révéler
différent de celui qu'on lui attribue habituellement dans le cadre religieux.
ARARITA
Un autre mot de Pouvoir souvent utilisé est celui d'ARARITA ÐèÐèÙêÐque l'on trouve plus particulièrement dans le
Rituel de l'Hexagramme, que l'on vibre aux quatre angles lors du traçage des hexagrammes que l'on associe aux
forces des sept planètes. ARARITA est également un Notariqon de 7 lettres de la phrase « Achad raysheethoh ;
achad resh yechidatoth temourathoh achod » (« Un est son commencement ; une est son individualité ; sa
permutation est une »). Le mot achad (Ð×Ó) signifie « un » ; Raysheet (èÐéÁÙê) signifie « commencement », rosh (
èéÁ) signifie « tête » ou « début » ; yeshidah (Ù×ÙÓÔ) fait référence à l'âme humaine supérieure qui est associée à
Kether ; temourah (êÞÕèÔ) signifie « permutation ».
Dans la tradition de la Magick de Théléma, ARARITA est une formule liée au macrocosme, puissante dans certaines
Opérations de la Magick de la Lumière Intime ou intérieure (Voir à ce sujet le « Liber 813 »).
Notons enfin que ARARITA (ÐèÐèÙêÐ) a pour valeur numérique 813 qui est identique à la numération de Genèse I:3
: « Vayomer Elohim Yehi Aur, Vihi Aur » (Et Dieu dit que la lumière soit et la lumière fut).
Un autre mot de pouvoir souvent rencontré dans la Magie Cérémonielle est ABRACADABRA. On ne trouve pas ce
nom dans les livres des mystères kabbalistiques, par contre, le Sépher Raziel fait allusion à l'Abraxas, qui est un nom
dérivé d'Abracadabra. Dans sa section 37b, le Raziel substitue Abraxas par le nom "Abragag" (ÐÑèÒÒ), en lui
donnant le sens de "divin" et en nommant de cette manière le nez du corps divin. Mais il l'utilise dans sa forme
normale comme nom à invoquer pour faire apparaître une lueur dans les ténèbres, de cette manière : « Yeir Abraksas
» (ÙÐÙè ÐÑèéÁÛá), ce qui veut dire "Il éclaire divinement". Les noms magiques sont obtenus par des associations,
des dénaturations, des abréviations ou des combinaisons, selon des règles établies (vol l' "Kabbale Extatique",
chap.8).
Selon M-A Ouaknin, Abracadabra est né de la confusion entre le dibour et la amira. Abracadabra signifie littéralement,
selon lui, « il a créé comme il a parlé » (hou bara kémo chedibère), et c’est donc l’expression de la
Kabbale chrétienne qui assimile la création par la parole au terme de dibour et non au terme de amira. Car, Dieu créé
par la AMIRA comme il est écrit « vayomèr Elohim » dix fois dans la Genèse. Il est donc probable que Abracadabra ne
soit que l’expression d’une dérive occulteuse de la Kabbale chrétienne et non l’expression de la
véritable Kabbale, fût-elle pratique. Son étude n’en reste pas moins utile dans l’émergence du mot de la
loi de l’Eon d’Horus, Kabbale thélémite cette fois, Abrahadabra.
Abrahadabra signifie “Je bénis les morts”, qui est un des trois mots utilises pour bénir une épée, et ce mot semble
dériver de l’hébreu “ha brachah dabarah” or “Parle la bénédiction”.
Il existe une relation entre Abracadabra et la déité gnostique Abrasax, ou dieu suprême inconnu, source des 365
émanations de la théologie perse. Dans ce contexte, Abrasax est le médiateur entre la création et la divinité. La
version de Crowley a une valeur numérique de 418 en guématria ou de 22 si l’on utilise la Kabbale des Neuf
Chambres.
Selon Stavich, « en tant que médiateur, Abrahadabra suggère que puisque l’humanité est une Divinité
incarnée, ‘Il n’y a pas d’autre Dieu que l’homme, et l’Homme est le Fils de Dieu,
Dieu est Homme’, nous pouvons expérimenter cet état selon des étapes progressives ou selon des degrés
d’expansion de la conscience. Nous pouvons être divin, mais le fossé entre la conscience mondaine du monde
terrestre et la conscience cosmique de Kether est radical. C’est pourquoi nous progressons lentement et avec
l’aide de différents médiateurs afin de nous assister. »
A cette fin, nous pouvons utiliser ce mot, Abrahadabra, comme mantra, en le vibrant comme un mot sacré chargé de
puissance, nous pouvons replacer son énergie dans sa puissance originelle, comme expression divine. Lorsque nous
vibrons ce mot, nous devons ressentir et imaginer que les mondes inférieurs et supérieurs sont unis en nous, que
nous sommes le centre du monde et de l’univers, expression de Tifereth…
Dans son Liber IV, Aleister Crowley écrit au sujet d'ABRAHADABRA : « ABRAHADABRA est un mot à étudier in
Equinox I, "The Temple of Solomon the King". Il symbolise le Grand Oeuvre achevé, et il est donc un archétype de
toutes les opérations magiques mineures. Il est dans un sens trop parfait pour être appliqué par avance à quelqu'une
d'entre elles. Mais un exemple d'une telle opération peut être étudié in Equinox I, "The Temple of Solomon the King",
où une invocation d'Horus basée sur cette formule est donnée en entier. Notez la réverbération des idées les unes
contre les autres. La formule d'Horus n'a pas encore été suffisamment travaillée dans tous ses détails pour justifier un
traité sur sa théorie et sa pratique exotériques ; mais l'on peut dire qu'elle est à la formule d'Osiris ce qu'est la turbine
au moteur alternatif ».
INRI
Analysons maintenant le Mot Sacré I.N.R.I. Qui est l'acrostiche de la phrase latine qui fut placée sur la croix de la
I - Ù - Vierge
N - à - Scorpion
R - è - Soleil
I - Ù – Vierge
Le Signe de la Vierge représente la nature virginale. Le Scorpion est le signe de la Mort et de la Transformation. Le
Soleil est la source de la lumière et de la vie sur terre, il est le centre de notre système solaire. Toutes les
résurrections divines au cours des âges sont reliées au Soleil, qui lui-même est censé mourir en hiver pour renaître à
chaque printemps.
Dans le Liber 777 d'Aleister Crowley, qui codifie la majeure partie de la connaissance de base du système de la
Golden Dawn, nous trouvons à la Colonne « Dieux Egyptiens » les informations suivantes :
Voilà qui nous éclaire quelque peu sur la nature du mot INRI : l'état virginal du Jardin d'Eden (et donc la jeunesse de
l'humanité) est brisé par l'intervention de la connaissance du bien et du mal, par l'apparition de la sexualité qui est
introduite par Apophis, le Serpent, Lucifer, qui cause un changement d'état. La Chute que l'on peut symboliser par
l'hiver est alors suivie par la résurrection d'Osiris qui s'exclame « voici mon corps que je détruis afin qu'il soit
renouvelé ». Il est l'archétype de l'Homme Solaire parfait qui souffrit au travers de l'expérience terrestre, fut glorifié par
le jugement, qui fut trahi et assassiné afin de se relever de la mort et de régénérer toutes choses sur terre.
Ici, nous découvrons également la formule IAO par les noms des trois dieux cités : Isis, Apophis et Osiris. Notons tout
d'abord qu'IAO est le dieu suprême des gnostiques. Au-delà, et puisque le Soleil est le pourvoyeur de lumière et de
vie, la formule doit donc se référer à la lumière en tant que qu'agent rédempteur. Lors de la cérémonie de Néophyte,
le postulant entend la phrase suivante : « Khabs am Phekht Konx om Pax. Lumière en Extension ». En d'autres mots,
« reçois la bénédiction de la lumière, et entreprend l'expérience mystique, le but de notre oeuvre ». Le mot lumière
peut se traduire par le mot latin LVX. Et l'officiant au sein de l'Aube Dorée doit exécuter les signes du Grade suivant :
L'adepte élève son bras droit en l'air tout en étendant son bras gauche vers le bas. C'est le signe faisant référence à la
lettre « L ». Ensuite, il élève ses deux bras vers le ciel au-dessus de sa tête signifiant ainsi la lettre « V ». Et, enfin, il
croise ses deux bras sur sa poitrine symbolisant ainsi la lettre « X ». LVX est ainsi associé à la Lumière de la Croix par
le symbolisme du mot INRI qui se trouvait sur la Croix de la crucifixion.
Au sujet de Seth (Apophis), notons qu'en hébreu ce nom s'écrit éÁØ et Crowley dans le Liber V vel Reguli établi la
correspondance de Seth avec la numération 31 ou AL (ÐÜ), Shin est la Feu tandis que Teth est la Force. Shin est le
Saint Esprit, lettre triple associée à la Lame XX du Tarot de Thot.
Seth peut également s'écrire Shin Tav (éÁê) dont la numération est 700 qui est la valeur de « paroketh » ou Voile du
Tabernacle placé devant le Saint des saints.
Nous voyons donc ici que par l'utilisation de procédés kabbalistiques simples, nous pouvons apercevoir le symbolisme
caché d'un mot. Ainsi, l'adepte pratiquant le Rituel impliquant le mot de pouvoir INRI, essaye-t-il d'atteindre à
l'illumination que ce mot suggère. Au-delà d'une simple théatralisation rituelle, nous sommes devant un rite sacré
dont le but est lui-même tout aussi sacré, revivre le mystère des dieux afin d'en reproduire le mécanisme
cosmogonique.
Si nous traduisons le mot LVX en valeur numérique, nous obtenons alors 65 qui en hébreu est la valeur du mot
Adonaï (ÐÓàÙ) qui signifie « Seigneur » et de Has (Ôá) qui signifie « Silence », ce qui fait référence au Grade du
Néophyte et à son obligation de silence. L'Adeptus Minor doit donc chercher à s'élever afin d'être plus qu'humain, à
s'unir à son âme supérieure qui est symbolisée par Adonaï.
Crowley donne une vision étendue de ce symbolisme dans son Liber LXV, ou Liber 65 « Liber Cordis Cincti Serpente
» qui s'ouvre par ces mots : « Je suis le Cœur ; et le Serpent est lové ». Bien sûr, par son nombre, le Liber 65 fait
référence à Adonaï mais aussi aux émotion (« je suis le coeur ») intimes de l'être humain. Le Serpent représente la
force sexuelle qui précipita la Chute du couple primordial mais, par ce fait, sublima et transmuta également la
sexualité par l'éveil qu'il produit. Le Serpent lové fait sans doute référence à la Kundalini qui est lové dans l'épine
dorsale et peut être réveillé par les rites appropriés.
Ainsi, on peut comprendre qu'Adonaï entoure l'homme de toutes parts. Adonaï est le centre spirituel intérieur sans
limite, la Lumière Infinie.
Enfin, 65 peut être obtenu en multipliant 13 par 5, en multipliant la valeur du mot echad (Ð×Ó) par celle du
pentagramme ou de la lettre Hé (Ô). Soixante-cinq est également la valeur du mot hébreu hekhal (ÔÙÛÜ) qui signifie
« temple » ou « palais », et selon le Zohar, Adonaï est le palais de ÙÔÕÔ, et de gam yechad ÒÞ Ù×Ó qui signifie «
ensemble dans l'unité ».
La numération totale est de 358, et si nous jetons un coup d'oeil (et comme nous l'avons déjà écrit ailleurs), ce
nombre est également celui de Mashia'h (messie) que nous pouvons analyser de la manière suivante :
Il y a donc, et la Kabbale nous confirme ce fait, une identité entre le Messie (dans le christianisme Jésus Christ) et le
Serpent de la Genèse. Le Serpent transmute le feu de l'esprit, l'Adepte se transformant en son propre Messie ou
rédempteur de son monde intérieur. Chaque homme peut alors obtenir sa propre libération. Le Serpent (Noun à)
transforme l'Adepte en un Chariot (Merkabah de la Kabbale symbolisé par le 'Heth ×) qui se dirige vers la Lumière
Infinie de l'Esprit Saint (éÁ), et donc vers l'Illumination.
IAO
IAO est un Nom de Pouvoir gnostique dont les Oracles Chaldéens nous disent : « ne changez pas les noms barbares
de l'évocation car ils possèdent une puissance ineffable dans les rites sacrés ». En analysant ce Nom, nous
découvrirons quelle est la puissance intrinsèque qu'il recèle :
La valeur totale étant alors de 81 qui est le nombre mystique de la Lune attribuée à la Sephirah Yessod, le
Fondement.
« Cette formule est la principale et la plus caractéristique d'Osiris, de la Rédemption de l'Humanité. I est Isis, la
Nature, ruinée par A, Apophis le Destructeur, et ramenée à la vie par Osiris le Rédempteur (1). La même idée est
exprimée par la formule Rosicrucienne de la Trinité :
In Jesu morimur.
Cela est également identique au Mot Lux, L.V.X., qui est formé par les bras d'une croix. C'est cette formule qui est
impliquée dans ces monuments antiques et modernes où le phallus est adoré comme le Sauveur du Monde.
La doctrine de la résurrection, telle qu'elle est communément comprise, est absurde et erronée. Elle n'est même pas
"Scripturale". Saint Paul n'identifie pas le corps glorieux par lequel s'opère la résurrection avec le corps mortel qui
périt. Au contraire, il insiste de manière répétée sur cette distinction.
La même chose est vraie d'une cérémonie magique. Le Magicien qui est détruit par l'absorption dans la Divinité est
réellement détruit. Le misérable automate mortel reste dans le Cercle. C'est sans plus de conséquences pour Lui que
la poussière sur le plancher. »
Plus loin, nous lisons : « Le MAÎTRE THERION, en la Dix-Septième année de l'Eon, reconstruisit le Mot IAO afin de
satisfaire aux nouvelles conditions de la Magick imposées par le progrès. Le Mot de la Loi étant Thelema dont le
nombre est 93, ce nombre devait être le canon d'une Messe correspondante. En conséquence, Il a élargi IAO en
traitant le O comme un ayin, puis en ajoutant vau comme préfixe et suffixe. Le mot en entier donne donc : ÕÙÐâÕ
dont le nombre est 93. Nous pouvons analyser en détail ce nouveau Mot et démontrer qu'il s'agit là d'un hiéroglyphe
propre au Rituel d'Auto-Initiation de cet Eon d'Horus ».
Amen apparaît dans nombre de prières religieuses mais également dans certaines invocations magiques. Ce mot est
souvent interprété comme signifiant « Ainsi soit-il ! » mais la Kabbale peut nous offrir une interprétation quelque peu
différente.
Ce qui signifie donc « Seigneur, Roi fidèle », imprécation qui a un caractère d'invocation divine indéniable.
91 est la valeur de ÙÔÕÔ ÐÓàÙ = YHVH Adonai ainsi que la somme des treize premiers nombres.
91 est également la valeur de ÞÜÛÐ = Malkah = Fille ou Fiancée qui fait référence à la Sephirah Malkhut.